Les premiers articles de la revue "L'Ange Gardien"
1894 (suite)
L'Ange de la Persévérance
Inséparable de l'âme qui lui est confiée, l'Ange gardien traverse avec elle toutes les phases de la vie, lui prodiguant son zèle et son amour pour la préserver du mal, pour la maintenir dans le sentier de la vertu.
Il sait, ce guide fidèle, quels rudes assauts notre âme aura à soutenir contre le démon, lion rugissant qui rôde toujours autour d'elle pour la dévorer ; il sait que les passions croissent dans notre cœur, comme dans un champ fertile en mauvaises herbes ; mais il sait aussi quelles armes peuvent nous donner la victoire, et il s'efforce de nous apprendre à nous en servir. Ces armes spirituelles sont : la défiance de soi-même, la confiance en Dieu et la prière.
La défiance de soi-même rend humble ; elle nous met en garde contre les illusions de notre propre jugement, contre la violente inclination de notre nature au péché, et contre les redoutables ennemis qui nous tendent partout des pièges sur la voie du ciel ; elle nous empêche de fuir le combat après une ou plusieurs blessures ; elle nous jette dans les bras de Dieu de qui nous devons attendre le triomphe. Le ciel est fait pour les humbles, et l'enfer a été créé pour punir l'orgueil des mauvais anges.
Imitons les saints si défiants d'eux-mêmes, par rapport à leurs talents, à leurs vertus et à leurs œuvres. " Je suis comme une grappe de raisin dont tous les grains sont gâtés, s'écriait saint Philippe de Néri. Mon Dieu, défiez-vous de moi ! Si vous ne venez à mon secours, il est certain que je vous trahirai. "
Un second moyen de persévérer dans la vertu, c'est de mettre son espérance en Dieu. " Qui espère dans le Seigneur, dit l'Ecriture, ne sera pas confondu. " Ce bon Pasteur qui, pendant trente trois ans, ne cessa de courir, par des chemins escarpés et plein d'épines, après la brebis égarée, refuserait-il de jeter sur elle un regard de miséricorde, et de prêter l'oreille à ses cris ?
Et quels autres motifs de confiance ? Ecoutons notre Ange gardien nous dire au fond du cœur : " Ayez bon courage ! Jésus, notre divin capitaine, est près de vous avec les troupes de l'armée céleste, pour vous défendre contre vos ennemis ; il ne permettra jamais qu'ils vous réduisent sous leur puissance, ni par la force, ni par l'adresse. Faites-vous violence ; criez au Seigneur du plus profond de votre âme ; invoquez Jésus et Marie, appelez-moi à votre secours, et, après cela, ne doutez pas de remporter la victoire. "
Mais pour persévérer, il faut le vouloir ; il faut écouter aussi notre bon Ange, quand il se plaint de nos infidélités, de notre indifférence pour le salut ; quand il nous presse de nous donner à Dieu, de rompre avec nos mauvaises habitudes, et de fuir les compagnies dangereuses ; quand il nous appelle à la prière, au tribunal de la pénitence et à la sainte Table.
Un homme dans l'anxiété, dit l'Imitation de Jésus-Christ, flottait souvent entre la crainte et l'espérance. Un jour, dans une église et prosterné devant un autel, il redisait en lui-même : " Oh ! si je savais que je dusse persévérer ? " Aussitôt, il entendit intérieurement cette divine réponse : " Si vous le saviez, que voudriez-vous faire ? Faites maintenant ce que vous feriez alors, et vous n'aurez rien à craindre. " A l'instant, consolé et fortifié, il s'abandonna sans réserve à la volonté de Dieu, et ses agitations cessèrent.
Un troisième moyen de persévérance, le plus puissant et le plus nécessaire, celui qui nous donne tous les autres, c'est la prière.
La prière ! c'est une chaîne en or qui unit la terre au ciel ; c'est la clé des trésors de Dieu ; c'est une ambassadrice fidèle qui a droit de pénétrer jusqu'auprès du roi Jésus et, par ses importunités, d'en obtenir toutes les grâces. Dans l'ordre du salut, rien sans elle, tout avec elle. Dieu ne nous doit pas la grâce de la persévérance, mais il la promet à la prière persévérante. Il permet la tentation, mais il n'abandonne pas celui qui implore son secours.
" Père, disait un jeune homme à son guide spirituel, je suis obsédé par les tentations ; il me semble, à chaque instant, que je vais offenser Dieu, que dois-je faire ? " Le saint prêtre remit au jeune homme un cachet sur lequel était gravé ces mots : " Veillez et priez " lui disant : " Mon cher enfant, je n'ai qu'un conseil à vous donner. Portez constamment sur vous ce cachet. Si vous observez bien ce qui s'y trouve marqué, vous garderez intacte votre innocence, au milieu même des plus grands périls. "
" Veillez et priez " nous dit aussi notre bon Ange : car il sait que la vigilance et surtout la prière sont la respiration de l'âme, comme l'Eucharistie est le pain dont elle se nourrit.
Quand nous prions, il se tient respectueusement à nos côtés, s'efforçant de ranimer notre ferveur et d'exciter notre confiance. Il nous accompagne au tribunal de la pénitence, dans nos visites au saint Sacrement, à la Table eucharistique, suppléant à la tiédeur de nos prières, par l'ardeur des ses adorations, et demandant à Dieu les grâces dont nous avons besoin pour travailler sérieusement au salut de notre âme.
Au ciel seulement, au jour de la manifestation des consciences, nous reconnaîtrons bien les pieux offices des saints Anges. Nous verrons alors qu'ils furent les inspirateurs de nos bonnes pensées et de nos actes méritoires ; que, par eux, nous avons souvent évité le mal, commis de moindres fautes, quitté promptement le péché et obtenu de Dieu de mourir en état de grâce.
O saints Anges nos célestes gardiens, apprenez-nous à prier, et obtenez-nous la persévérance finale !
L'Ange Gardien n°3, juillet 1894 (pp.75-78)
Témoignages
Lettre de la petite Angéline
Alger, le 8 juin 1894
Monsieur le Directeur,
Je viens vous prier d'insérer dans L'Ange Gardien une protection toute particulière de mon bon Ange.
Jeudi, 31 mai, pendant la procession de la Fête-Dieu, j'ai eu l'honneur de jeter des fleurs au Très-Saint-Sacrement, avec plusieurs de mes petites compagnes.
Le soir de cette belle journée, je perds l'équilibre dans un escalier, et je tombe durement sur le sol.
Une de mes maîtresses me croyait morte ; mais grâce à mon Ange gardien, que j'invoque tous les jours, j'ai pu me relever toute seule, sans éprouver le moindre mal.
Je vous serais très reconnaissante, Monsieur le Directeur, si vous vouliez m'aider à remercier les saints Anges qui m'ont si bien protégée.
Ci-joint une petite offrande, pour l'œuvre de notre chère association.
Veuillez, etc.
Angéline Fournier
Reconnaissance aux saints Anges
Monsieur le Directeur,
Je me reproche, chaque jour, de ne pas vous avoir encore communiqué le récit de plusieurs faits qui m'ont valu des grâces extraordinaires, certainement par l'entremise de mon Ange gardien dont j'ai ressenti, pendant tout le cours de ma vie déjà longue, les effets de la puissante protection.
Elevée par une tante très pieuse, j'ai appris, dès mon enfance, à prier mon bon Ange et saint Michel, protecteur particulier de ma famille depuis des siècles. Lorsque je voyage, en arrivant dans une ville, je me recommande aux anges de cette ville, et lorsque j'entre dans une maison pour y demeurer, je salue les anges de cette maison. Je ne pourrais dire de combien de dangers j'ai été préservée dans mes longs voyages, soit sur mer, soit sur terre.
A Paris, le 2 octobre 1889, jour de la fête des saints Anges, j'étais emportée par un cheval fougueux, dans l'avenue Gabriel ; je récitais mon rosaire.
Au moment où le cheval allait s'abattre contre la muraille de l'Elysée, je sentis comme un bras invisible m'entourer, et ne main me tenir au fond de la voiture. Le cocher était jeté à dix pas, et le cheval massacré.
Tout le poste de l'Elysée sortit au fracas de cette chute, et la foule ameutée criait : " Il y a une dame dans la voiture ; elle est tuée. " On démonta la capote de la voiture qui était comme roulée autour de moi, et on me trouva retenue, blottie au fond, mais sans aucun mal, pas même une égratignure.
L'année dernière, j'avais beaucoup donné pour une grande œuvre de Terre-Sainte, œuvre qui, sans aucun doute, est très agréable à Dieu. Cela m'avait mise en retard pour payer mes contributions sur lesquelles je devais encore 2.000 francs. A la fin d'octobre, j'envoyai tout ce que j'avais d'économies pour régler mes contributions, ce qui m'était une grande gêne. Le receveur me renvoya mon argent, avec ces mots : " Vos contributions ont été entièrement soldées, le 28 octobre ; vous ne devez donc rien. "
Qui a payé pour moi ? Quelqu'un sans doute, mais n'est-ce pas sous l'inspiration de l'Ange de Dieu ? Dans tous les cas, il m'est doux de répéter " Qui donne aux pauvres, qui donne aux œuvres, prête à Dieu, et Dieu rend au centuple. "
Daignez agréer, Monsieur le Directeur, l'assurance de mon respect.
Une abonnée.
L'Ange Gardien n°3, juillet 1894 (pp.80-82)
L'Ange de la Charité
La charité est une si belle, si précieuse vertu, que Notre-Seigneur en a fait un des caractères essentiels de la société chrétienne. " On vous reconnaîtra, disait-il à ses disciples, à la charité que vous aurez les uns pour les autres. "
Dans la grande famille de l'Eglise militante, il devrait donc y avoir comme un puissant reflet de la paix inaltérable, de la parfaite harmonie qui règne dans la société des esprits angéliques. Là, ni égoïsme, ni envie, ni orgueil, sources de tant de discordes et de luttes. Unis par la charité, tous les Anges participent aux mêmes joies, au même bonheur.
En est-il ainsi dans la société humaine ? Vivons-nous comme des enfants de Dieu, des cohéritiers du ciel, des frères n'ayant qu'un cœur et qu'une âme ? Hélas ! beaucoup méprisent l'Evangile et, transfuges de la bannière du Christ, ils combattent dans le camp de Satan, père de la haine, comme Dieu est père de l'amour.
L'impiété contemporaine a dit, par ses ténébreuses associations, par la voix des riches, des puissants, de ceux qui devraient être les messagers humains de la Providence : Plus de Dieu ! dans l'enseignement, dans les lois, dans la justice, dans la conduite de la vie !
Plus de Dieu ! plus de maîtres ! ont répondu les faibles, les malheureux, disciples aussi de cette impiété ; et le cœur plein de haine, ils ont armé leurs bras pour les luttes fratricides. Oh ! quels coups épouvantables frappe cette haine folle, sauvage, engendrée par l'enfer et fomentée par les pernicieuses doctrines qui enseignent à oublier Dieu, à le méconnaître, et à le nier !
On ne gouverne pas sans Dieu, base première de toute société : de la société des hommes, comme de celle des Anges. Hier encore, la France en faisait une bien douloureuse et cruelle expérience. Son premier magistrat tombait mortellement frappé d'un coup de poignard, au cri satanique de : Vive l'anarchie ! au milieu d'une foule immense, sous les arcs de triomphe et les trophées lumineux. Quelle leçon de la Providence !
Les saints Anges ont horreur de ces dissensions sociales, de ces crimes si préjudiciables au règne de Dieu dans les âmes, et ils invitent ardemment tous les hommes à s'unir par les liens de la charité chrétienne. Oh ! pourquoi n'écoute-t-on pas ces divins messagers de paix et d'amour !
Les Anges ont une prédilection spéciale pour les cœurs miséricordieux. " Ils nous reconnaissent pour disciples de Jésus-Christ, dit saint Bernard, si nous nous aimons les uns les autres ; mais si l'absence de charité leur découvre que nous ne sommes point ses disciples, comment eux-mêmes nous aimeraient-ils ? "
Ne nous exposons point, par notre égoïsme, à ne plus être aimé des Anges ; n'obligeons point surtout notre Ange gardien à se refroidir à notre égard, à nous témoigner moins d'amour et de dévouement.
La charité a fait naître Jésus dans l'étable de Bethléem, et l'a fait mourir sur la croix du Calvaire ; elle a suscité les apôtres, les martyrs, les confesseurs et les vierges ; elle a embrasé le cœur de saint François-Xavier, de saint Vincent de Paul, de don Bosco ; comme elle enflamme encore tant d'âmes généreuses dont la sublime vocation est l'honneur de l'humanité et la gloire de la religion. Il suffit de nommer les missionnaires, les sœurs de Charité, les religieux et les religieuses qui se dévouent à l'éducation chrétienne de la jeunesse, ou aux autres œuvres spirituelles et corporelles de miséricorde.
Soyons nous-mêmes charitables ; devenons les anges de nos frères ; aimons Dieu dans nos semblables ; ne privons aucune souffrance du soulagement qu'il est en notre pouvoir de lui apporter. Nous nous rendrons agréables à Dieu, nous éprouverons la douce satisfaction qui accompagne toujours un acte de bienfaisance, et nous mériterons d'entendre notre Ange gardien nous répéter cette consolante parole de la sainte Ecriture : " Heureux l'homme qui est rempli de sollicitude pour le pauvre, le Seigneur le délivrera au jour de l'épreuve. "
Faisons l'aumône de notre bourse, selon nos moyens ; mais surtout faisons l'aumône de notre cœur. Soyons bienveillants, affables envers le prochain ; cherchons à lui procurer les biens du corps et de l'âme ; sachons compatir à ses misères, à ses infirmités ; enfin, plaçons sur ses peines, sur ses souffrances, autant que nous le pourrons, le baume si salutaire de la charité chrétienne.
Une seule parole donnée avec foi, avec simplicité, avec grâce, avec bienveillance, et tombant dans une âme qui souffre peut entr'ouvrir le chemin du ciel, et faire descendre Dieu dans cette âme. Telle est la puissance de la charité.
" Devant la charité, dit saint Chrysostome, s'ouvrent avec une entière sécurité, les portes du royaume des cieux. "
Prions notre saint Ange gardien de nous faire aimer la charité, et de nous aider dans la pratique des bonnes œuvres qui, à l'heure de notre mort, nous faciliteront l'entrée dans la céleste patrie.
L'Ange Gardien n°4, août 1894 (pp.111-113)
Le catéchisme à la foire
Oui, le catéchisme de l'école chrétienne et de l'église, fait par une sainte fille, ange visible de charité.
Si vous parcourez, à Paris, les fêtes foraines, vous rencontrerez dans la région la moins bruyante, une baraque que n'enlumine aucun tableau-réclame, et où n'attire aucun orchestre, aucun boniment.
Cette baraque fait cependant partie intégrante de la ville en toile, du campement nomade qui se transporte autour de Paris, d'une place à l'autre, avec ses roulottes, ses cuisines en plein vent et ses phénomènes. Elle voyage comme les autres baraques, suivant pied à pied leurs étapes, se dressant à leur côté, et décampant avec elles.
Pénétrez dans sa petite enceinte. Sur des bancs, une quarantaine de bambins, garçons ou fillettes, présidés et surveillés par une brave femme. Ce sont les petits forains des baraques voisines, les enfants de ces familles errantes qui vivent des plaisirs populaires.
La maîtresse est une sainte fille, dévouée, modeste qui s'est consacrée à cette œuvre aussi admirable que singulière. Vagabonde comme ses petits, elle plante sa tente là où ils vont, pour la leur ouvrir et les recevoir, lorsque les représentations ou les répétitions ne les retiennent pas dans leurs baraques respectives.
Comble de luxe ! lorsque la foire s'étend en longueur sur une surface considérable, une modeste voiture circule d'une extrémité à l'autre, recueillant sur tout son parcours les petits forains, et les amenant à la charitable maîtresse qui les garde, les intéresse et les instruit. Elle n'en fait pas des bacheliers, oh non ! mais elle leur inspire des sentiments honnêtes ; elle leur parle du bon Dieu ; elle leur apprend tout simplement le catéchisme. Et c'est chose touchante, émouvante, que de la voir s'appliquer patiemment, chrétiennement, à l'instruction morale de ces apprentis baladins.
Les humbles leçons de l'évangélique maîtresse ne demeurent pas sans fruit. Beaucoup de ces petits forains, à l'intelligence éveillée, au cœur droit, retiennent fort bien le catéchisme, et en pratiquent les enseignements, avec l'approbation très empressée de leur famille. Dernièrement, après une édifiante préparation, les aînés de la petite école, très convenablement endimanchés, les filles en blanc avec voiles et couronnes de communiantes, ont fait ensemble leurs Pâques, dans une chapelle particulière, entourés pieusement de leurs parents et amis de la foire !
Aussi, en quittant l'école où les petits forains apprennent le Credo, on se dit avec joie que le bien se glisse partout ; qu'il combat le mal pied à pied sur tous les terrains, grâce à des initiatives qu'on ne saurait assez louer et encourager ; que partout la foi et la charité suscitent des dévouements héroïques, des vocations qui réjouissent les Anges, et qui méritent une glorieuse, une éternelle couronne.
L'Ange Gardien n°4, août 1894 (pp.113-114)
L'Ange des vacances
A vous tous, enfants des écoles catholiques, chers petits associés, nous dédions particulièrement ces lignes. Vos bons Anges gardiens nous les dictent par amour pour vous, et parce que Dieu leur a dit de vous garder, de vous défendre de tout mal.
Chers enfants, vous voilà en vacances ! Le mot ne vous déplaît pas et la chose encore moins. Il fait si bon, n'est-ce pas, de ne plus entendre la cloche de l'école, se reposer après le sérieux travail de l'année scolaire, avoir une plus grande liberté dans ses mouvements et ses actions, jouir des agréments de la campagne, voir enfin se réaliser ce rêve d'or de tous les écoliers : les charmants et nombreux projets de vacances !
Eh bien ! chers enfants, il est un moyen de passer délicieusement les vacances : c'est de vous efforcer de complaire à votre bon Ange qui reste toujours avec vous, au milieu de vos amusements, dans vos longues promenades, dans toutes les circonstances où vous vous trouvez.
Vous contristeriez certainement ce divin compagnon, si vous ne veilliez sur votre conduite, car le beau temps des vacances est aussi pour vous le plus périlleux de l'année. Fuyez l'oisiveté, les mauvaises compagnies, les mauvaises lectures, les divertissements coupables, les occasions dangereuses, tout ce qui, sous des apparences séduisantes, peut ternir la candeur de votre âme. Oh ! prenez garde !… Le serpent se cache parfois sous les fleurs ; mais son venin n'est pas moins mortel !
Pour vous prémunir contre les dangers des vacances, écoutez donc votre bon Ange ; mettez toujours au-dessus de tout, le bonheur d'être en état de grâce et de ne rien faire contre votre conscience.
Soyez fidèles à vos exercices de piété ; ayez une tendre dévotion envers la sainte Vierge, votre bonne Mère du ciel, et envers votre saint Ange gardien ; invoquez souvent leur assistance ; priez-les de protéger votre fragile vertu contre les attaques du démon, contre les séductions du monde, le respect humain et la sensualité. Alors, sous l'œil de Dieu, vous passerez d'agréables, d'heureuses, de saintes vacances ; rien n'empoisonnera les charmes, et le trouble, le remords n'entreront point dans votre cœur.
L'Ange Gardien n°5, septembre 1894 (pp.147-148)
Deux Anges sur la terre
La mère vient de mourir.
Trente ans à peine, bonne, tendre, choyée de ce petit groupe aimé qui forme la famille, la vraie famille. Le père serre dans ses bras deux charmantes petites filles habillées de noir, Marie et Gabrielle dont les yeux sont bien gros et encore brûlants de larmes. On vient d'embrasser le portrait de petite mère.
Le père câline doucement les fillettes, car maintenant il n'est plus père seulement, il est aussi un peu mère.
- Et elle ne reviendra plus ? Jamais plus ? Jamais plus ? dit marie.
- C'est nous qui irons la rejoindre, mignonne. Son Ange gardien, malgré nos pleurs, l'a emportée auprès de la sainte Vierge Marie qu'elle aimait tant. Et le petit Jésus lui a donné un beau manteau d'or et une belle couronne blanche.
- Et si nous sommes sages, notre Ange gardien nous conduira aussi auprès de Jésus et près de mère ?
- Certainement ma chérie, dit le père en essuyant furtivement une grosse larme.
Le soir, après sa prière faite au pied de son lit, Marie regarde doucement si Gabrielle et la bonne ne l'écoutent pas, et elle ajoute bien vite :
Mon bon Ange gardien, conduisez-moi auprès du petit Jésus, conduisez-moi près de mère !
Deux hommes sont là, dans la petite chambre, penchés sur le bord du petit lit d'enfant.
- La vérité, docteur, dit anxieusement le père dont la figure bouleversée montre toutes les angoisses du cœur.
- Fièvre… fièvre cérébrale…, murmure la praticien.
- Pensez-vous la sauver ? demande le père en tremblant.
Mais le docteur penché sur l'enfant ne répond pas.
Belle comme une fleur qui s'épanouit, la petite Marie est là étendue sur son petit lit blanc et bleu.
Une petite croix d'or, attachée par un ruban autour du cou, fait ressortir sa chair blanche comme du lait.
Et le docteur, prescrivant une potion calmante, est parti avec quelques mots banals en guise de consolation.
La petite marie n'avait pas dormi. Agitée, oppressée, elle se débat doucement contre l'étreinte du mal, et sa petite main semble vouloir écarter de son front une vision pénible ou un poids qui l'accable.
Oh ! mon Dieu ! ce sont des siècles que ces jours passés au chevet d'un enfant qui souffre ! On voudrait effacer, sous les baisers et sous les caresses, les souffrances de cet être si cher ; on voudrait prendre pour soi-même toutes ces atroces douleurs, et les ajouter aux tortures encore plus atroces de l'âme.
Oh ! mon Dieu ! qu'a fait cette pauvre innocente pour supporter un tel martyre ? Expierait-elle pour d'autres ?
Les membres se tordent, les bras se débattent dans le vide, comme pour repousser un bourreau invisible.
Elle parle… On peut saisir, entre les mots entrecoupés et à peine articulés, les noms de maman.. mon bon Ange !…
- Tu souffres, ma chérie ? demande le père en raffermissant sa voix, as-tu beaucoup de mal ?
Pour toute réponse, l'enfant entr'ouvre les yeux, essaie de sourire, et lève péniblement sa petite main, pour donner une caresse à ce père tant aimé.
Mais ce n'est qu'une lueur… Le délire revient…
- Je veux bien venir avec toi, mon bon Ange, murmure l'enfant comme en extase, je vais mettre ma belle robe rose et mon chapeau blanc… Je veux voir Jésus… Je veux voir maman… Père ! Gabrielle ! Entendez-vous les beaux Anges qui arrivent… Ils vont me conduire au ciel !… Maman m'appelle, je reconnais sa douce voix !… Oh ! les beaux Anges !… Les voyez-vous ? Leurs robes brillent comme des étoiles !…
Et doucement, sans l'éveiller, les Anges ont pris l'enfant dans leurs bras. Ils franchissent l'espace d'un coup d'aile… Ils entrent au ciel avec un nouvel Ange.
Penché sur le petit lit, un homme pleure amèrement. C'est le père ! Une femme adorée, une fille si aimée, enlevées en quelques jours !
Ah ! les forces humaines ont des limites.
- Ah ! mon Dieu ! mon Dieu ! s'écrie enfin ce cœur brisé, comment pouvez-vous séparer ainsi des êtres que vous aviez si intimement unis ?
- Petit père ! petit père ! dit une voix bien douce, tu pleures encore !
Et Gabrielle passe doucement ses petits bras autour du cou de son père.
- Ah ! chérie ! tu n'as plus de petite sœur ! Vois, marie ne bouge plus… Sa petite âme est partie rejoindre sa mère.
Deux longs sanglots sortirent de ces deux cœurs, et le père serrait étroitement l'enfant dans ses bras, comme pour mieux sentir la possession de son dernier trésor.
- C'est son bon Ange qui l'a emmenée ? demanda doucement Gabrielle.
- Oui, son bon Ange est venu la chercher.
- Alors, son bon Ange l'a entendue ?
- Que veux-tu dire ?
- Ah ! père ! tous les soirs dans sa prière, Marie disait bien bas : " Mon bon Ange gardien, conduisez-moi auprès de Jésus, conduisez-moi auprès de ma mère. "
- Et toi ? Que disais-tu ?
- Moi, je disais à mon bon Ange : Si Marie va revoir mère au ciel, moi, je voudrais bien rester sur la terre avec père… Marie sera heureuse avec mère ; moi, je veux consoler père… C'est juste, n'est-ce pas, père ?
Une longue étreinte fut la seule réponse que reçut la petite Gabrielle.
Gabrielle sentit des larmes bien chaudes qui coulaient sur ses joues, et elle se dit au fond du cœur, que père pourrait peut-être se consoler un peu, car il venait de dire tout bas, tout bas :
- Merci, mon Dieu !
F.H.M.
L'Ange Gardien n°6, octobre 1894 (pp. 198-200)
L'Amour, vie des Anges
Les Anges invitent à être charitables envers le prochain, à nous regarder comme des frères d'une sainte famille, quel n'est pas leur zèle pour nous inspirer l'amour de Dieu, vraie grandeur de l'homme ici-bas, et marque du degré de gloire des bienheureux au ciel !
Cet amour est l'élément, la vie des Anges. Et ils aiment Dieu avec une puissance, une pureté, un désintéressement qui dépasse toutes nos conceptions. Jouissant de la vision intuitive de Dieu, ils voudraient s'anéantir, pour ainsi dire, dans les brûlantes extases de leur amour et de leur reconnaissance ; ils n'aspirent qu'à Dieu qui les attire sans cesse à lui par une irrésistible et divine attraction. Saint, saint, saint est le Seigneur, répètent-ils dans leurs célestes cantiques d'actions de grâces. L'éternité ne sera pas trop longue pour satisfaire le besoin qu'ils ont de le louer et de le bénir.
Dans cet ardent amour pour Dieu, les Anges puisent leur saint amour pour nous. Ils désirent tant voir tous les hommes glorifier leur souverain Maître du ciel et de la terre par la sainteté de leur vie, et nous associer à leur éternel bonheur.
" A quel signe peut-on reconnaître ici-bas les élus ? demandait un jour sainte Marguerite de Cortone à son Ange gardien.
- Ceux-là, répondit l'Ange, sont certainement élus qui réservent à Dieu tout leur cœur. "
Aussi que de saintes aspirations, quelle tendre sollicitude pour nos âmes, dans le but de nous faire comprendre combien le Seigneur est doux, combien il est aimable, combien nous devons le remercier de nous avoir donné un cœur capable de le servir et de l'aimer ! Oh ! s'il nous était permis de voir à nos côtés notre bon Ange étonné de nos froideurs pour Jésus, rougissant de notre ingratitude, redoublant ses protestations d'amour pour couvrir notre indifférence et la réparer !
Aimer Dieu, l'aimer réellement de toute son âme, c'est vivre de la vie des Anges, c'est avoir la science des sciences, c'est goûter, sur la terre, les joies du ciel. " Dans l'âme unie à Dieu, c'est le printemps ", disait le curé d'Ars. Oui, c'est le printemps du cœur, la floraison de l'âme, car l'amour de Jésus fait germer la grâce et épanouir les vertus. Alors l'âme est une fleur de la divinité, née de son souffle et embellie de ses parfums. Le souffle du mal ne la ternit point, et le reflet des divines beautés l'illumine constamment.
Ainsi l'ont compris les saints. Pleins de reconnaissance pour les bienfaits de Dieu, ravis d'admiration à la seule pensée de ses grandeurs, de ses miséricordes pour l'homme, ils ont exalté ses bontés et ses perfections infinies avec un amour qu'on peut comparer à celui des Anges dans le ciel. Ils ont loué le Seigneur jusque devant les tyrans et sous le fer des bourreaux. Leur âme en s'échappant d'un corps épuisé de sang, brisé par les supplices, allait continuer dans le ciel l'hymne d'amour commencé dans les larmes de l'exil.
Imitons-nous nos frères du ciel, les Anges et les saints ? Aimons-nous Dieu de tout notre cœur ? Pouvons-nous dire, comme saint François de Sales : " Si je connaissais dans mon cœur une fibre qui ne fût toute détrempée du divin amour, je l'en arracherais à l'instant. "
Hélas ! nos fautes fréquentes, notre peu de zèle pour la gloire de Dieu, notre manque de générosité à son service, notre affection pour les futilités de ce monde, nous montrent assez qu'absorbés dans les inquiétudes de la vie terrestre, nous ne comprenons pas ce que c'est qu'aimer Jésus, et se mépriser soi-même à cause de Jésus.
Demandons aux saints Anges et particulièrement à notre bon Ange gardien de réparer, autant qu'il est en leur pouvoir, notre ingratitude envers Dieu ; d'avoir pitié de notre misère, de notre impuissance, et supplions-les de laisser tomber dans nos cœurs une étincelle du feu divin qui les dévore, afin de nous obtenir la grâce de ne rien penser, de ne rien dire, de ne rien faire que sous l'inspiration du saint amour de Dieu.
L'Ange Gardien n°7, novembre 1894 (pp. 219-221)
Le bréviaire de sainte Véronique
Sainte Véronique, éprise de l'amour qui anime les esprits bienheureux dans le ciel, chantait nuit et jour les louanges du Seigneur. La vie des Anges semblait être devenue son partage sur la terre. Pendant plus de deux ans, le pain des Anges fut son unique nourriture.
Un jour, elle emprunta à sa sœur un bréviaire ; et quoiqu'elle n'eût aucune notion du chant et des rubriques, en peu de jours, elle fut en état de réciter les psaumes et même l'office canonique entier, tel que l'Eglise romaine le chante.
Sa sœur étonnée lui demanda qui l'avait si vite et si bien formée à la psalmodie. Elle hésita pendant quelques temps à dévoiler son secret ; mais enfin elle avoua qu'un Ange, témoin de son désir et de son embarras, était descendu du ciel pour la mettre au courant de l'office, afin qu'elle pût unir sa voix au concert de louanges que l'Eglise célèbre par toute la terre à la gloire du Rédempteur.
Depuis, tous les jours, l'Esprit céleste revenait mettre des signets d'une grande beauté dans son bréviaire ; quelquefois même il le récitait avec elle. Elle disait un verset, l'Ange disait l'autre. A la fin de cette admirable psalmodie, ravie en extase, elle se sentait élevée jusqu'au ciel, et faisait des descriptions magnifiques des joies de la patrie et de la gloire des bienheureux.
L'Ange Gardien n°7, novembre 1894 (pp. 221-222)
Le bonheur des Anges
Une parole divine nous fait comprendre la véritable vie et le bonheur des Anges. " Les Anges, dit Notre-Seigneur dans l'Evangile, voient sans cesse la face de mon Père qui est dans les cieux. "
Voir la face de Dieu, c'est contempler ses perfections infinies ; c'est, dans une béatitude éternelle, jouir d'une vie de gloire, d'adoration et d'amour. Telle est l'occupation constante des Anges, telle est la coupe des célestes voluptés, des joies ineffables où ils s'enivrent de bonheur divin.
Louer le Seigneur, l'adorer, le bénir sans cesse, est la vie des purs esprits, comme l'eau est celle des poissons, comme l'air est celle des oiseaux ; rien ne peut interrompre leur acte perpétuel de louange. Ceux même qui sont chargés de veiller sur nous, ceux qui nous gardent avec tant de sollicitude, le font sans être détournés un seul instant de ce saint exercice. Ils voient tout en voyant Dieu ; ils ont tout en le possédant. Pour eux, le ciel est partout, parce que Dieu se manifeste partout à eux tel qu'il est.
Aussi, quel magnifique, quel admirable concert fait retentir les voûtes célestes autour du trône de l'Eternel ! Quel ravissant spectacle que ce nombre incalculable d'esprits bienheureux, vivant tous de la vie de Dieu même, jouissant de sa propre félicité, s'abreuvant aux sources de son éternelle lumière, et se plongeant avec d'inénarrables délices dans l'océan sans rivages et sans fond du divin amour ! Aucune langue ne saurait dépeindre ce bonheur et cette joie ; le cœur même ne peut les sentir ici-bas, car le ciel ne saurait être reproduit sur la terre et dans le temps. Ce bonheur est toujours le même et partout ; toujours nouveau, toujours familier et toujours inconnu.
Le prophète Daniel nous donne une faible idée de la magnificence de la cour du Roi de gloire, lorsqu'il dit que, s'étant approché du trône de l'Ancien des jours, il en vit sortir un fleuve de feu, et mille millions d'Anges le servaient et dix mille millions se tenaient en sa présence. Dans ses mystérieuses extases de l'île de Patmos, saint Jean l'Evangéliste entendit la mélodieuse harmonie des concerts angéliques. Autour du trône de Dieu, la voix des Anges chantait : " L'Agneau qui a été mis à mort mérite de recevoir la vertu, la divinité, la sagesse, la force, l'honneur, la bénédiction. "
Cet Agneau divin, c'est Jésus, monarque souverain des Anges et des hommes ; c'est le Fils de Dieu qui, voilant sa gloire, a pris un corps et une âme dans le chaste sein de Marie ; c'est Jésus, dont le premier palais sur la terre fut l'étable de Bethléem, dont le trône fut la croix du Calvaire, la couronne, un faisceau d'épines, et le sceptre, un fragile roseau.
Les Anges chantent, avec des transports de joie et de reconnaissance des hymnes de louanges à Jésus, Agneau divin qui s'est immolé pour le salut du monde ; ils chantent sa victoire sur la mort et l'enfer ; l'homme, devenu enfant de Dieu par cette immolation, pouvant désormais relever vers le ciel son front que le péché avait courbé vers la terre ; ils redisent à l'envi le cantique de triomphe et d'actions de grâces qu'entendirent les bergers de la Judée, la première nuit de Noël : Gloria in excelsis Deo, etc. Gloire à Dieu dans le ciel, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté.
Comme les Anges, nous devons louer Dieu, l'adorer, le bénir, au milieu des vicissitudes de l'exil, en attendant les joies de la bienheureuse patrie. Ne sommes-nous pas appelés à partager le même bonheur ? Dieu est-il pour nous moins bon, moins grand, moins puissant ? Il est vrai qu'ils possèdent, mais nous attendons ; ils contemplent, mais nous croyons.
Hélas ! que nous sommes loin d'imiter l'ardeur des Anges ! A l'exception d'un bien petit nombre d'âmes, qui pense à louer, à remercier ce Dieu si bon, si parfait ? Et ces louanges qu'on refuse à Dieu, on les prodigue souvent à des créatures, à de prétendus héros dont on exalte jusqu'aux vices. On témoigne une vive reconnaissance à l'homme qui ouvre sa bourse ou prête son crédit dans un moment difficile, et on n'a ni louanges, ni reconnaissance, pour le doux et divin Sauveur qui, au prix de son sang, a racheté nos âmes de la mort éternelle.
Prions notre Ange gardien de nous apprendre à louer, à remercier Dieu ; demandons-lui de nous prêter son amour pour Jésus, pour l'aimer, le louer, le bénir tous les jours de notre vie, dans la maladie comme dans la santé, dans la tristesse comme dans la joie, dans l'affliction comme dans la prospérité.
Auprès de la crèche de Noël, demandons ce bonheur à l'Enfant-Dieu, et supplions notre bon Ange de nous aider à l'obtenir.
L'Ange Gardien n°8, décembre 1894 (pp. 255-257)
Le monastère de Sainte Colette défendu par les Anges
Dieu récompensa, dès cette vie, Sainte Colette, réformatrice de l'ordre de Sainte Claire, de son zèle et de sa ferveur dans le service du Seigneur.
En présence de nombreux obstacles que les démons lui suscitaient, tantôt, par eux-mêmes, tantôt par le ministère des méchants, elle priait Dieu et l'appelait au secours. Ce secours ne lui manqua point.
Se trouvant une nuit en prières, elle vit, vers l'heure de minuit, une clarté toute céleste et, au milieu de cette lumière éblouissante, une foule d'Anges défendant son monastère contre les démons. Après la défaite des démons, elle vit se dessiner au-dessus de la maison une échelle d'or dont la sommité atteignait les cieux. Les Anges montaient sans cesse portant devant le trône de Dieu les prières de ses servantes, et descendaient, chargés pour ses âmes de célestes bienfaits.
Colette avertit aussitôt une de ses compagnes, qu'elle voulait rendre témoin d'une vision si capable de soutenir le zèle et stimuler la piété de sa communauté. Mais la merveille demeura d'abord cachée aux yeux de cette religieuse. Elle jouit enfin de ce spectacle qui la ravit jusqu'au ciel, et l'embrasa d'un amour séraphique.
En même temps qu'elle frappa leurs regards, cette vision fit comprendre intérieurement à Colette et à sa compagne, combien leur ferveur, leurs saintes prières et leurs bonnes œuvres étaient agréables à Dieu, et avec quelle miséricordieuse bonté il veillait sur ses pieuses servantes.
La même sainte fut visitée et soulagée par les Anges durant sa maladie, et ces esprits bienheureux accueillirent son âme au sortir de son corps, pour la conduire vers le trône de Dieu.
L'Ange Gardien n°8, décembre 1894 (pp. 257-258)
Sauvées d'un incendie
Une pieuse mère de famille, très dévouée aux saints Anges, nous a écrit la lettre suivante :
Mon révérend Père,
Voici la façon providentielle dont mes deux filles ont été sauvées du feu, au commencement de l'hiver dernier.
On avait l'habitude de placer une veilleuse sur la table de nuit, qu'on avait soin, chaque soir, d'éloigner du lit. Un soir, on ne prit probablement pas cette précaution, car, à six heures du matin, j'entendis ma fille aînée crier, avec un accent d'épouvante : "Mère ! mère ! mon oreiller brûle !"
J'accours dans la chambre, je prends l'oreiller et le mets sous le robinet du lavabo. Dans le trajet, les flammèches s'envolaient partout. L'oreiller était consumé, même la partie qui touche aux draps ; seule la place occupée par la tête de l'enfant n'avait pas pris feu ; pas un seul des cheveux de ma fille n'était atteint ! Et cependant l'oreiller était brûlé, et la chambre enfumée prouvait que le feu avait dû couver plusieurs heures.
Ma fille s'est aussitôt écriée : "C'est la sainte Vierge et mon bon Ange qui m'ont sauvée." Elle était associée à la confrérie des Saints-Anges-Gardiens, en portait la médaille, et elle avait au bras son chapelet qu'elle avait dit en s'endormant.
Nous avons tous tremblé en pensant aux conséquences qu'aurait pu avoir cet accident. Ma fille aînée, âgée de douze ans, ne pouvait-elle pas être absolument brûlée ? Sa petite sœur, âgée de cinq ans, et dont le lit est de l'autre côté du sien, ne pouvait-elle pas aussi être prise par le feu, avant qu'il nous fût possible d'arriver jusqu'à elle ?
En reconnaissance, j'ai offert une bannière de l'Ange gardien à la paroisse. Cette bannière est à toutes les processions, et elle est portée par ma fille si miraculeusement sauvée. La famille en a donné une autre pour les ouvrières de l'usine associées aussi à la confrérie des Saints-Anges-Gardiens.
Je vous prie donc de vouloir bien relater ce fait dans votre pieux bulletin, si vous croyez qu'il puisse augmenter la dévotion aux saints Anges. Daignez agréer, etc.
L'Ange Gardien n°8, décembre 1894 (pp. 262-264)
Depuis 1891, la revue "L'Ange Gardien" créée et dirigée par les Clercs de Saint-Viateur, fait connaître et aimer tous les saints Anges.
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