ANGE DE DIEU
Vous êtes ici, près de moi ; mieux que cela, vous êtes en moi, en tant qu'agissant sur moi, Ange de Dieu, Phanuel béni, c'est-à-dire qui voyez Dieu, ainsi que Jésus disait dans l'Evangile des Anges, Evangile des petits enfants (1).
Je crois que vous agissez sur moi, surtout à cette heure où le Dieu du ciel et de la terre est descendu dans le réduit de mon cœur.
Ce que vous faites là, en moi, je ne le sais, je ne le vois pas : il me suffit de croire que mon Ange, Ange de mon Dieu et qui le voit, est ici présent en moi.
Et cette pensée de foi me ravit. Rien qu'à me le rappeler, mon âme se sent comme envahie par votre splendeur et réchauffée du feu qui vous brûle, en la vision de mon Dieu.
Un ange de Dieu m'a été donné et pour toujours ; il vit avec moi ce grand mystère de la connaissance et de l'amour de Dieu, synthèse de toute la vie intérieure et chrétienne ; lui, dans le face à face, moi dans la foi. Mais, dans le fond, c'est tout pareil.
Un Ange est en moi. Et, sans cesse, tandis que je m'agite, il regarde vers la Face de Dieu, il s'y plonge, il s'y abîme.
Et c'est des profondeurs divines qu'il fait arriver à mon âme la splendeur qui l'illumine et le feu qui la dévore !...
(1) Matth., XVIII, 10
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VOUS ÊTES MON GARDIEN
C'est là, Ange de mon Dieu, mon Ange à moi comme à nul autre, c'est là votre rôle par excellence.
Envoyé d'en-haut par la bonté miséricordieuse et prévoyante du Seigneur, vous consentez à exercer, près de la chétive créature que je suis, ce ministère qui m'honore à l'excès.
Il faut croire que cette créature, si misérable soit-elle, destinée à participer un jour, et pour l'éternité, à la vision du face à face qui fait toute votre béatitude ; il faut croire et reconnaître, en effet, qu'elle est par ailleurs et malgré elle quelque chose de bien grand, puisque la Sagesse infinie a député pour l'initier à cette béatitude un Ange, qui voit Dieu...
Vous êtes mon gardien, Phanuel de la Gloire. Est-ce possible ?
Et vous l'êtes depuis que je fus conçu aux entrailles de ma mère.
Vous ne m'avez pas abandonné, jamais. J'ai traversé les plus grands périls pour mon âme et pour mon corps ; et vous fûtes là. Vous avez détourné de moi les ruses et embûches infernales, la malignité et la perversité des hommes ; vous m'avez défendu aux heures critiques et décisives de l'existence !... Que vous me fûtes bon ! Oh ! rappelez-vous !
Ange de Dieu, restez toujours mon Gardien.
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C'EST A VOUS QUE LA BONTÉ DIVINE M'A CONFIÉ
Ange de Dieu, je suis votre bien, ne l'oubliez jamais. Pourriez-vous l'oublier, vous, dont la présence m'est aussi continuelle que je suis présent à moi-même !
Je suis votre possession, à tous les titres, à ceux qu'implique votre mission auprès de moi. Oh ! s'il y a des possédés de Satan, votre implacable ennemi, je veux bien être celui de mon Ange. Car, vous, vous ne me posséderez que pour que je sois toujours davantage la possession de Dieu.
Permettez que je vous donne le doux nom d'ami, d'ami céleste, sur l'affection de qui je puis compter, sans mesure ; à qui je puis la rendre, sans craindre ni déception, ni regret. Je sais par expérience que jamais, oh ! non jamais, elle ne m'a manqué.
Et c'est là ma consolation si véritable et qui m'assure une paix que je ne puis dire : savoir que vous m'aimez, que vous ne pouvez vouloir que mon bien, au plus haut degré, et le vouloir jusqu'à l'éternité ! Quelle amitié que celle-là ! Puis-je en comparer une seule ici-bas où tout est si fragile, si lassant, si temporaire ?
Que Dieu me fut donc bon, en me confiant à votre amitié et sous votre aile si réchauffante !
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ÉCLAIREZ-MOI
Vous êtes toute lumière, Ange de Dieu, mon Gardien, mon ami ! Vous êtes esprit, intelligence très pure, très chaste, très ouverte, vous qui contemplez, sans vous lasser jamais depuis que vous êtes, l'essence même de Dieu, dans cette vision du face à face qui vous béatifie.
Cette pensée que, tandis que vous m'accompagnez et me gardez, votre esprit plonge dans l'infini de la connaissance du Père, engendrant son Fils dans l'étreinte mutuelle de leur Amour adorable ; oui, la pensée que cette lumière éternelle de la Trinité se réverbère sur votre être pour le pénétrer, et mieux que le plus pur cristal, des richesses insondables de la Divinité ; cette pensée me remplit d'une sainte crainte, d'un respect que je ne saurais exprimer et qui me tient moi-même, et par vous, en la présence de ce même Dieu.
Oh ! prenez-moi par la main ; conduisez-moi sans cesse à cette Lumière perpétuelle, par celle qui vous inonde et vous fait resplendir de tant de feux !
Ange de Dieu, éclairez-moi, par là-même dans toutes mes voies ; dissipez mes ténèbres ; soyez le flambeau allumé à l'éternelle Flamme d'en-haut et qui me guide dans mon jour qui baisse.
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GARDEZ-MOI
Si vous êtes lumière, vous êtes, nécessairement aussi, amour, lumière empruntée au Verbe-Lumière, qui vous fit étincelle de sa Gloire ; amour participant à la Charité infinie qui unit le Père et le Fils dans l'embrassement et l'étreinte, qui est leur Esprit-Saint.
Vous êtes ma lumière, Ange de Dieu ; soyez aussi mon amour. De même que Dieu vous a confié mon esprit, ainsi vous a-t-il confié mon cœur.
Gardez-moi, Ami céleste ; gardez mon cœur, gardez-le pour Dieu seul !
En ce moment, il se fond d'amour dans l'Amour de Jésus-Hostie, qui l'embrase : mais tout à l'heure, qui sait, il se refroidira quelque peu. Le monde, la chair, Satan s'acharnent toujours à lui nuire, à lui mendier quelque chose de lui-même, pour le diviser au moins et l'empêcher d'être à Dieu seul.
Gardez mon cœur ; brûlez-moi de la flamme qui vous dévore éternellement, au ciel et sur terre, en la présence de ce même Dieu qui vit aux entrailles de mon âme.
Arrachez-moi à toute séduction terrestre ; détournez mes yeux de toute beauté qui disputerait à mon cœur le seul désir de la Beauté infinie.
Ange de Dieu, en qui triomphe mon amour, gardez-moi !
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DIRIGEZ-MOI
Il n'y a que deux seules voies, que puisse suivre ici-bas l'homme laissé à sa liberté : celle du bien qui conduit à la vie ; celle du mal qui conduit à la mort.
La Vie c'est le Christ Jésus ; la mort c'est Satan, l'homicide éternel.
Jésus, c'est la béatitude ; Satan, c'est le malheur sans fin.
Or, je dois suivre, librement, la voie qui fait aboutir à ma destinée, à mon bonheur, à mon repos, à Dieu, le seul repos où mon âme trouvera sa paix.
Mais, les côtés de cette voie sont souvent des abîmes affreux où ma perversité native, nourrie de concupiscence et excitée par celle-ci, veut m'entraîner et me précipiter.
Saint Ange de mon Dieu, vous que sa bonté m'envoya pour faire le chemin, dirigez-moi ! Dirigez mon âme dans la vérité, mon cœur dans la charité ; mon corps dans la chasteté. Préservez-moi des affreux abîmes du doute, des attaches et des chutes qui blessent et qui dégradent.
Marchez devant moi, Conducteur de mon être rivé à votre conseil et accroché à vos pas. Vous avez horreur du mensonge ; je suis certain que là où vous m'entraînez, c'est la Vérité, la Vie.
Dirigez-moi dans toutes mes voies.
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ET GOUVERNEZ-MOI. AINSI SOIT-IL
Vous êtes le meilleur de tous les directeurs d'âmes. Qui a plus de lumière, de bonté, de conseil, de prudence et d'énergie que vous, dans un ministère si délicat où à peine trouve-t-on quelques hommes qui excellent ?
Je me range, saint Ange de Dieu, sous votre direction si raisonnable à la fois et si sûre. Je m'abandonne à votre expérience incomparable.
De si haut, en effet, où vous êtes placé, de la hauteur même de Dieu en qui vous vivez, vous discernez d'un coup d'œil tous les besoins de cette âme, sur qui vous agissez si sagement.
Gouvernez-moi ; gouvernez tous les rouages de mon organisme spirituel ; faites tout converger au seul but de la vie présente et éternelle, qui n'est que Dieu. Le reste est pure fantaisie, triste déception, horrible mensonge, par lequel je me mentirais à moi-même.
Soyez au gouvernail de ma nacelle, battue par tant de flots, si souvent irrités. Préservez-moi des orages qui amènent les catastrophes et surtout la dernière, qui serait un ensevelissement dans l'abîme éternel, où a été relégué à jamais l'ange réprouvé, Satan.
Ainsi soit-il ! Oui, il en sera ainsi, si je vois et me rappelle sans cesse qui vous êtes et ce que vous faites près de moi, lorsque vous contemplez la Face de votre Dieu qui est aussi le mien. Amen.
Dom Eugène Vandeur,
Pour aider à faire oraison, Editions Ch. Beyaert, Bruges, 1953.