Louis Querbes, prêtre du diocèse de Lyon, fut curé de Vourles (Rhône), une petite paroisse rurale, de 1822 à 1859. Là, il voulu créer une Société dont les membres soutiendraient les prêtres isolés comme lui, pour la catéchèse aux enfants et la préparation de la liturgie. Ces catéchistes laïcs seraient placés sous le patronage d'un Lecteur de l'Eglise de Lyon du IV° siècle, saint Viateur. Ce sera l'Institut des Clercs de Saint-Viateur.
L'approbation de la Société par l'administration civile et par l'autorité ecclésiastique amènera Louis Querbes à Lyon, à Paris, à Rome… et là où il n'avait pas prévu d'aller, à la fondation d'une congrégation religieuse. Née sur les bords du Rhône, la Congrégation s'est développée en France, au Canada, aux Etats-Unis, en Espagne, en Belgique, au Chili, en Colombie, en Côte d'Ivoire, en Haïti, au Japon, au Pérou, à Taïwan, au Honduras.
En 1978, lors de la révision de leur règle, les Clercs de Saint-Viateur ont redécouvert l'une des intuitions de leur fondateur : associer des religieux et des laïcs à une mission commune.
C'est à Vourles qu'est né l'Ange-Gardien. Vourles est une bourgade tranquille de la banlieue lyonnaise : quelques centaines d'habitants - aujourd'hui (1950) près de 3.000 - tout occupés de leurs vignes, de leurs cerisiers, de leurs pêchers dont ils exportent les fruits en quantité considérable. C'est aussi un lieu de villégiature, des maisons, des champs, parcs, jardins, vergers entourés de hautes murailles qui les défendent des regards indiscrets.
C'est dans ce village que vint s'installer, en 1822, un jeune prêtre, l'abbé Querbes. C'était un lyonnais, né en pleine Terreur, au moment où la Convention victorieuse exerçait contre les royalistes de terribles représailles et changeait même le nom de la vieille cité. Lyon devenait "Ville Affranchie". Le mensonge de la liberté est vieux comme le monde !
L'abbé Querbes était un prêtre de haute valeur : une âme de feu, une intelligence supérieure, une vaste culture, un zèle d'apôtre. Il avait refusé, peu auparavant, la direction des Missionnaires diocésains de Tours, qui fut donnée à son ami l'abbé Donnet, plus tard cardinal-archevêque de Bordeaux. Dans la suite, il déclina encore des offres fort avantageuses, le séminaire de Saint-Jodard, celui de l'Argentière, le doyenné de Bourg-Argental. Il avait choisi l'humble ministère d'une paroisse rurale. La Providence le voulait là ; il resta près de 40 ans à Vourles et il y mourut.
De bonne heure, l'abbé Querbes s'était penché sur le problème de la formation chrétienne de l'enfance. On sait ce qu'était l'enseignement au sortir de la Révolution : les écoles fermées pour la plupart, des maîtres ignorants, la majorité des gens, dans les campagnes surtout, complètement illettrée. Au point de vue religieux : préjugés grossiers, indifférence, hostilité.
Le curé de Vourles fit appel, pour les jeunes filles de sa paroisse, aux Sœurs de Saint-Charles. Elles acceptèrent d'ouvrir une école. Pour les garçons, il chercha vainement une communauté. Sa résolution fut bientôt prise : il en fonderait une lui-même. Ainsi prit naissance l'
Institut des Clercs de St-Viateur. […] Quand le curé de Vourles mourut, en 1859, à 63 ans, sa congrégation s'étendait en France, dans 30 diocèses. Elle s'était implantée au Canada français. Elle avait essaimé aux Etats Unis et jusque dans les Indes. […]
Vourles était devenue une paroisse modèle. Eglise rebâtie, presbytère restauré, écoles florissantes, ferveur […]. Les femmes étaient enrôlées dans la Congrégation du Rosaire, les jeunes filles dans la congrégation des Enfants de Marie. Il y avait pour les plus jeunes,
l'Association des Saints-Anges. […] Le Père Querbes avait toujours beaucoup aimé les Anges. Il leur avait dédié une des deux chapelles de son église. Dans les règlements qu'il laissa à ses religieux, il leur recommandait de se faire les propagateurs de cette dévotion : "Vous vous empresserez de faire fleurir la congrégation des Saints Anges ou d'en procurer l'érection… Les jours de fête de Notre Seigneur, de la Sainte Vierge, des Saints Anges, vous conduirez vos élèves à la messe"… Les fils du P. Querbes se montrèrent fidèles à ses recommandations. En
1884,
le P. Célestin Souques, supérieur de la jeune province de Rodez, érigeait canoniquement une
Confrérie des saints Anges, dans la chapelle du pensionnat Saint-Louis de Camonil (Rodez). En 1890, elle comptait déjà plus de 50.000 associés. Nommé vicaire général de l'Institut des Clercs de Saint-Viateur, le Père établit une
nouvelle Confrérie à Vourles, dans la maison-mère (
1891) et la fit affilier à l'Archiconfrérie romaine. Bientôt, il lui donna un organe, le lien nécessaire entre les associés, notre "Ange-Gardien".
Quelques années plus tard, en 1896, la Direction du bulletin s'installait aux portes même de Lyon, au confluent de la Saône et du Rhône, à Oullins. Elle était là dans une belle vieille maison du XVIII° siècle, tout à côté du noviciat de la Province. La confrérie avait augmenté de plus de 60.000 associés. La revue comptait déjà 8.000 abonnés. Puis vinrent les jours sombres, la persécutions religieuse (1903). L'Ange-Gardien dut interrompre sa publication. Un procès lui fut intenté. La Communauté eut gain de cause, et grâce à l'intervention d'un de ses grands amis - industriel et catholique influent de Tourcoing - la revue put reparaître, installée à paris. Elle atteignit son plus haut point de prospérité entre les deux guerres ; elle eut jusqu'à 100.000 lecteurs.
1940 marque une chute verticale. La France est divisée en deux zones qui ne communiquent pas entre elles, un grand nombre d'abonnés ne peuvent plus être atteints, beaucoup disparaissent. Puis ce sont les difficultés financières, les chiches attributions de papier, les menaces de suppression… les Anges, malgré tout, ont gardé leur œuvre !
P. Jules Blanchard, 1950
(directeur de la revue de 1949 à 1961)
Extrait de la revue "L'Ange Gardien", 1950
Le premier soin du P. Querbes nommé curé de Vourles avait été de pourvoir à l'éducation chrétienne des enfants, et il avait commencé par les filles. C'est par elles qu'il finit. La congrégation des enfants de Marie lui sembla demander un complément ou plutôt une préparation, car elle ne s'adressait qu'aux adultes. Cette pensée, communiquée au P. Favre et à la supérieure des Sœurs aboutit à une Association des saints Anges. Celle-ci se donnait pour but "de mettre les jeunes associées sous la protection des saints Anges, de les prémunir par là contre les dangers qui les attendent après leur première communion, d'assurer leur persévérance dans le bien en les préparant à entrer dans la congrégation des enfants de Marie, et d'édifier leurs familles et la paroisse par l'exemple de leur modestie et d'une fidélité scrupuleuse à tous les devoirs". Elle leur proposait pour devise la belle formule : "Tout pour Jésus, tout par Marie, en union avec nos saints Anges", formule qu'elles devaient ajouter chaque jour à leur prière du matin et du soir et réciter à l'ouverture et à la fin de leurs réunions. Jeune vicaire de Saint-Nizier, l'abbé Querbes parlait souvent à ses élèves de la manécanterie des saints Anges, leurs modèles ; non content d'avoir dédié aux saints Anges une chapelle de son église, le vieux curé de Vourles voulut mettre sous leur spéciale protection la partie la plus chère de son troupeau. De là cette Association des saints Anges, dernier acte important de son ministère paroissial, qui porte, écrite de sa main, la date du 2 février 1859.
P. Pierre Robert, c.s.v.
Depuis 1891, la revue "L'Ange Gardien" créée et dirigée par les Clercs de Saint-Viateur, fait connaître et aimer tous les saints Anges.
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