Les premiers articles de la revue "L'Ange Gardien"
1894
L'Ange de la prière
Une des vérités le plus souvent exprimées dans les saints Livres, c'est la nécessité de la prière pour le salut d'une âme, et sa puissance sur le Cœur de Dieu. " Demandez et il vous sera donné ; cherchez et vous trouverez ; frappez et on vous ouvrira. Quiconque demande, reçoit ; qui cherche, trouve ; et l'on ouvre à celui qui frappe. " (Saint Matthieu, chap.VII, verset 7).
Nous devons donc prier, et prier chaque jour, pour remercier le Seigneur de ses bienfaits, lui demander les secours dont nous avons besoin, et solliciter de sa miséricorde le pardon de nos fautes.
Mais comment offrir nos prières à notre Souverain Maître, nous, accablés du poids de notre indignité et couverts de la lèpre du péché ? Ne faut-il pas une voix plus pure que la nôtre pour parler au Roi du ciel et de la terre, pour lui faire agréer nos supplications comme un parfum d'agréable odeur ? Quel est notre puissant intercesseur ? C'est notre Ange gardien, esprit bienheureux à qui Dieu a donné mission de nous distribuer les bienfaits divins, et de reporter au pied de son trône nos actions de grâces, nos prières et nos bonnes œuvres.
L'Ecriture sainte prouve cette vérité par de nombreux exemples. Le patriarche Jacob vit des Anges monter et descendre une échelle mystérieuse dont le faite atteignait les cieux. Ils montaient pour porter à Dieu les prières, les désirs, les adorations des hommes, et descendaient chargés pour eux des grâces divines. L'ange Raphaël assura au vieux Tobie qu'il avait recueilli ces prières et les avait offertes au Très-haut. Le prophète Zacharie aperçut un Ange à la droite de l'autel de l'encens, ayant pour fonction de présenter à Dieu les vœux et les supplications des fidèles. Saint Jean dit, dans l'Apocalypse, qu'un Ange tenait à la main un encensoir d'or rempli de parfums, symbole des prières des saints, s'élevant en odeur de suavité jusqu'au trône de l'Eternel. " Vos Anges, ô mon Dieu, ajoute saint Augustin, pleins de sollicitude pour notre salut, vous présentent nos soupirs et nos gémissements, afin que nous obtenions plus facilement votre miséricorde, et ils nous apportent ensuite vos bénédictions et vos grâces. "
Non seulement notre aimable gardien présente nos prières à Dieu, mais il nous aide à bien prier, et il prie lui-même pour nous. Il connaît l'instabilité de notre volonté, notre dissipation d'esprit, et il joint ses supplications à nos faibles prières ; il nous prête ses ailes pour les élever, sa force pour les soutenir, sa ferveur pour les animer.
Oh ! qu'il est doux et consolant de savoir que nous avons un si puissant médiateur auprès de Dieu, pour plaider notre cause avec l'affection la plus tendre et le dévouement le plus vrai !
Demandons à notre bon Ange, quand nous nous disposons à la prière, de nous assister de ses saintes ardeurs, d'arrêter les égarements de notre imagination, de jeter dans notre âme une étincelle du feu sacré qui le consume, et de nous inspirer les sentiments de foi, d'humilité, de confiance et d'amour qui seuls peuvent rendre notre prière agréable au Seigneur.
L'Ange Gardien n°9, janvier 1894 (pp.292-293)
Vision de saint Bernard
Saint Bernard étant au chœur avec sa communauté, vit l'Ange gardien de chaque religieux se tenir respectueusement à ses côtés, pendant la récitation de l'office. D'autres Anges circulaient dans l'église, écrivaient et remontaient au ciel.
Intrigué, le saint regarda le livre mystérieux, et il y vit que les Anges chargés de porter leurs prières au pied du trône de Dieu, les inscrivaient avec des diamants étincelants, ou avec de l'or, ou avec de l'encre, ou bien avec de l'eau, selon la ferveur de chaque religieux ; il y avait même des Anges qui n'écrivaient rien du tout, à cause des nombreuses distractions volontaires qui avaient paralysé le fruit de la prière.
Après l'office, saint Bernard raconta cette vision à ses religieux, pour les exciter à devenir de plus en plus fervents.
L'Ange Gardien n°9, janvier 1894 (pp.293-294)
Causerie : Le Bouquet de Satan
Elle va donc rejoindre les vieilles lunes cette année 1893, dont le chiffre était bien fait pour nous épouvanter.
Elle fut bonne et très mauvaise -
chair et poisson - l'année mourante !
Les lois antichrétiennes ont été confirmées (*), avec plus d'acharnement que jamais, par les représentants de la franc-maçonnerie toute puissante. Satan est toujours le maître… en apparence.
Pour nous consoler de ces maux, un peuple ardent et fier est venu nous tendre la main et nous donner de solides garanties de paix. En assistant aux solennelles funérailles du maréchal de Mac-Mahon, ce preux qui, lui aussi, fut sans reproche et sans peur, les Russes nous ont fraternellement interdit de rechercher désormais de quel côté se jeta jadis la victoire.
A nos lecteurs, aux fidèles de l'Ange Gardien, aux âmes dévouées et ferventes qui, toujours plus nombreuses viennent à nous, salut et bonheur ! Se grouper autour des publications chrétiennes, c'est faire une guerre efficace et redoutable aux ennemis de Dieu : notre arme préférée c'est la prière, et ici nous prions sans cesse. Nous avons mieux que l'alliance Russe : - Les Anges sont nos capitaines et saint Michel, notre grand maréchal.
Donc, courage et persévérance. Dieu a toujours le dernier mot.
Il Lui plaît d'éprouver son Eglise, mais il ne l'abandonne pas. Le crochet des serpents n'a jamais entamé l'acier dont elle est faite.
Car on ne peut se passer de l'Eglise. Elle est la protectrice des âmes et des corps, le guide et le précurseur de toute science divine et humaine.
Voyez son action dans les combinaisons astronomiques d'où est sortie la mesure de l'année.
Le temps, mal divisé par la science humaine, a été enfin réglé par les papes et par les moines.
Le calendrier est l'œuvre du catholicisme. Le concile de Nicée, en 365, en fit la première ébauche ; au VIII° siècle, le vénérable Bède, et cinq siècles plus tard le moine Roger Bacon, inventeur de la poudre, poursuivent l'œuvre commencée.
Au concile de Constance, le P. d'Ailly et le cardinal de Cusa se rendent illustres par leurs travaux ; enfin Ludovic Lilio, Clavius et Chacon, sous la direction du pape Grégoire XIII, nous donnèrent, en 1582, ce calendrier grégorien qui fut le dernier mot de la science.
La succession des jours et des nuits, celle des phases lunaires, le retour des saisons, l'évolution sidérale, tout y est merveilleusement compris et réglé.
N'est-ce point une réponse aux impies qui refusent à l'Eglise toute compétence en matière scientifique ? Et surtout à ceux qui prétendent qu'elle place la lumière sous le boisseau ?…
Le diable, c'est-à-dire la fausse science, a toujours le dessous.
Il est rare que ses calculs soient exacts.
La
soustraction, je ne dis pas !…
- Tenez, c'est vrai pain bénit de voir parfois le ciel se jouer des entreprises de l'enfer ! J'en vais fournir un exemple.
Voici une petite histoire authentique, dont les acteurs sont sous mes yeux.
L'année dernière, la veille du jour de l'an, dans une grosse ville du sud-ouest, arriva de Nice… un merveilleux bouquet de fleurs rares. C'est une maîtresse d'hôtel qui le reçut. Elle en ignorait absolument la provenance, et ce présent royal ne laissa pas de la surprendre.
Toute la ville admira le bouquet et finalement la bonne dame ne sachant qu'en faire, le porta, dès le matin du 1° janvier, à la chapelle de Notre-Dame de Lourdes, à la cathédrale.
Cet acte pieux surprit tout le monde, l'hôtelière n'étant point suspecte d'un excès de dévotion ; et les gens chuchotaient déjà que les vieux diables se font parfois ermites.
Vers six heures du soir, un omnibus de la gare déposé à l'hôtel un très élégant voyageur qui s'écria :
" - Madame, j'ai pris la liberté de faire expédier de Nice, à votre adresse, un colis précieux. L'avez-vous reçu ? Il me le faut tout de suite ! "
Les homards de l'étalage étaient moins pourpres que les joues de l'hôtelières !…
On finit par tout avouer.
" - Ce bouquet valait… cent vingt francs ! " hurla le Monsieur.
Et je vous prie de croire qu'il n'était pas le moins du monde destiné à parer la chapelle de la sainte Vierge !
Oh ! certes, non !
" - Qu'on me conduise à la cathédrale ", fit le voyageur irrité.
A la vue de son bouquet, il fit un geste, comme pour se précipiter vers l'objet regretté…
Mais, tout à coup, changeant d'allure : " C'est bien, dit-il au garçon qui l'accompagnait, vous pouvez vous retirer. "
Et, se prosternant aux pieds de la Madone, il pria, le front incliné, jusqu'au moment où on vint l'arracher à sa méditation et le prévenir qu'on allait fermer l'église.
Le lendemain, "l'homme au bouquet" recevait à la sainte Table de la chapelle le Pain des Anges, qu'il avait longtemps délaissé.
Ce n'est pas tout. Quinze jours après, à la première messe, un jeune homme et une charmante jeune femme vêtue de deuil recevaient, de la main de l'archiprêtre, le sacrement de mariage.
Depuis un an, deux familles jouissent en paix de la joie pure de leurs enfants, que la sainte Vierge a réhabilités et ramenés à son divin Jésus.
Cette fois, un nouveau bouquet arrivera de Nice. Mais soyez assurés qu'il ne se trompera point d'adresse !
Albert Lafosse.
(*) : sur les lois antichrétiennes de cette fin de XIX° siècle, voir les annexes à notre dossier sur
la dévotion au Sacré Cœur de Jésus.
L'Ange Gardien n°10, février 1894 (pp.310-313)
Bienfaits des Anges
Extraits de quelques lettres :
Angoulême. - Je viens payer une dette de reconnaissance envers les saints Anges gardiens. Mon mari a fait une chute de cheval, ces jours-ci ; elle aurait pu être très grave, mais heureusement il n'y a eu aucune suite, et je reconnais avec bonheur que, dans ce cas, nous avons été bien protégés par nos bons Anges. Recevez donc notre petite offrande, en échange de vos bonnes prières.
Roubaix. - Je tiens à remercier les saints Anges de leur protection si évidente à l'égard de mes enfants, et surtout pour mon jeune fils. Ayant imploré leur assistance dans une série de compositions et d'examens, il a obtenu un plein succès.
J'attribue cette protection aux saints Anges et, pour leur prouver ma reconnaissance, je vous prie de faire célébrer deux messes pour la délivrance des âmes les plus délaissées du purgatoire. De plus, veuillez insérer cette lettre dans le bulletin l'Ange Gardien.
Plancher-Bas. - Vive reconnaissance à mon Ange gardien, qui m'a miraculeusement protégée hier au soir.
Jeanne Guérand.
Le Bourget. - Je viens avec bonheur m'acquitter d'une dette de reconnaissance envers les saints Anges. Il y a quinze jours, un enfant de six ans qui fréquente notre école maternelle, fut atteint d'une angine. En quelques heures, la maladie avait fait tant de progrès que notre cher petit Paul était près de la mort. Le médecin ne laissait plus d'espoir.
L'année dernière, Paul fut inscrit dans la confrérie des Saints-Anges-Gardiens. Ne doutant nullement du puissant crédit de ces chers protecteurs, je leur confiai le petit malade, promettant que s'il guérissait, je ferais inscrire cette grâce dans le bulletin de l'Ange Gardien.
A partir de ce moment, le mal déclina rapidement et aujourd'hui Paul est hors de danger.
Amour et reconnaissance aux saints Anges, qui ont conservé un enfant à de bons parents. Veuillez, monsieur le Directeur, faire insérer ce fait dans votre pieux bulletin.
Sœur Thérèse.
L'Ange Gardien n°10, février 1894 (pp.331-332)
Un Ange qui s'envole au ciel
On nous écrivait dernièrement de Capdenac, diocèse de Rodez :
L'Ange de la mort vient de cueillir dans notre chère confrérie de Capdenac, une fleur d'une fraîcheur exquise, fleur trop belle pour la terre et digne d'orner les parvis du ciel.
Le jeune Arthur Marty était un des bons élèves de notre école congréganiste. A une intelligence remarquable, il joignait un esprit si enjoué, un caractère si souple et si aimable, de si précieuses qualités d'esprit et de cœur, qu'il avait l'affection non seulement de ses maîtres, mais de tous ses condisciples. C'était un enfant dont l'âme belle et pure attirait invinciblement et gagnait tous les cœurs.
Maintenant, nous pleurons tous la mort de ce pieux associé de douze ou treize ans, de cet écolier modèle, de cet enfant, unique espérance de parents dont la douleur serait encore plus cruelle si elle n'était pas chrétienne.
Qu'il était beau, le jeune Arthur Marty, sur sa couche funèbre ! Un léger sourire, que le dernier souffle en partant avait laissé sur ses lèvres, illuminait ses traits et lui donnait une attitude céleste. Volontiers, on répétait en le regardant :
Enfant du ciel, porte à Jésus
Ton beau lis d'innocence ;
Va recevoir de tes vertus
La douce récompense.
Dans ces derniers jours, avec quelle affection il s'efforçait de consoler sa tendre mère encore souffrante de la terrible maladie qui avait failli la conduire elle-même au tombeau, et qui emportait brusquement son fils chéri.
"Oh ! je suis bien content ; ne pleurez donc pas !" lui disait-il après avoir reçu le sacrement de l'Extrême-Onction, avec une piété admirable.
Une amie de la famille, Madame E., craignant de fatiguer le malade, dit : "Cher Arthur, veux-tu que je me retire ?" - "Oh ! non, non, Madame ; restez pour prier le bon Dieu avec moi. Vous me porterez le bon Dieu ?" ajouta-t-il, en s'adressant à son confesseur.
Il du se contenter cette fois de la communion de désir, de fréquents vomissements ne permettant pas d'administrer le Saint-Viatique ; mais, quelques instants après, Dieu reçut la belle âme de cet enfant, plus haut que le soleil, plus haut que les étoiles, au pied de son trône où les saints chantent sans cesse l'
Alleluia d'un bonheur sans fin, et le
Te Deum d'une éternelle reconnaissance.
Le ciel comptait un ange de plus.
Dieu avait peut-être exaucé, dans sa miséricorde, le vœu sublime de la pieuse mère d'Arthur. "Mon Dieu, disait-elle près du lit de son fils bien malade, vous savez si je l'aime, cet enfant, mon unique consolation ici-bas ; toutefois, prenez-le, s'il doit jamais abandonner le chemin de la vertu !"
Les funérailles de cet enfant ont ressemblé à une marche triomphale, tant le cortège était nombreux et magnifique. En tête, la bannière de la Confrérie des Saints-Anges-Gardiens entourée d'un long crêpe noir ; ensuite, beaucoup de fleurs, de couronnes, d'emblèmes, un corbillard bien orné, tout ce qui pouvait symboliser les vertus de l'ange qui venait de s'envoler au paradis. A l'église surtout, l'effet était imposant et salutaire. C'est devant ce jeune cercueil, aux sons graves de l'orgue, au chant des prières liturgiques pour les morts, que la foule attendrie pouvait se dire : "Heureux qui passe sur la terre comme cet enfant ; heureux celui dont le dernier jour voit briller la radieuse aurore du ciel !"
O cher Arthur, n'oublie pas, auprès de Dieu, tes parents affligés, tes maîtres, tes amis ! Ton souvenir restera dans nos cœurs, et sur ta tombe ornée de fleurs, nous redirons encore, comme au jour de ta sépulture : "Ici repose le corps d'un ange qui au ciel prie pour nous !"
L'Ange Gardien n°10, février 1894 (pp.334-336)
Un empoisonnement (témoignage)
Révérend Père,
Je veux vous raconter comment j'ai dernièrement échappé à une mort certaine, et cela grâce à la protection de mon bon Ange gardien. C'est ma conviction et celle des personnes qui connaissent le fait.
Depuis trois mois, je vais deux fois par semaine chez un spécialiste de Bordeaux, pour essayer de guérir d'un bourdonnement d'oreilles. Ce docteur, qui me soigne avec beaucoup de patience et d'habileté, emploie la cocaïne, poison des plus violents. Par un tube recourbé qu'il introduit dans les narines, il envoie le dangereux liquide dans l'oreille souffrante, en me recommandant instamment de ne point avaler ce poison.
Le 26 octobre dernier, j'avalai par mégarde deux ou trois gouttes de cocaïne mélangées à la salive. A peine dans la rue, une sueur froide m'inonde et me glace, des tournoiements de tête me saisissent, mes oreilles sifflent avec une extrême violence, et de fréquents frissons parcourent tout mon corps. Bientôt mes idées s'obscurcissent, et ma raison se trouble…
En cet état, me voilà dans Bordeaux, allant à l'aventure, heurtant parfois et malgré moi les passants. Sur la place des Quinconces est un magnifique jet d'eau. Il me faut et je veux l'éviter, et cependant je me dirige vers lui. On dirait qu'il me fascine. J'allais peut-être m'y noyer !
Mais non ! mon Ange gardien est là ! Arrivé au mince rebord de pierre qui entoure le bassin, j'appuie instinctivement, ou plutôt providentiellement, mon parapluie contre ce rebord et, de toute la force qui me reste, je me rejette en arrière. La précision avec laquelle j'ai conjuré le danger est incompréhensible.
Exténué de fatigue, ruisselant de sueur, le corps glacé, j'arrive au Jardin public, où je m'assieds sur un banc.
Bientôt surviennent d'affreux tiraillements d'entrailles. "Je vais mourir là, pensais-je, sans prêtre, sans sacrements, sans parents, sans consolations ! Je vais mourir sans avoir reçu de mon Dieu un dernier gage de pardon, de miséricorde ; sans avoir reçu des miens une dernière marque d'affection ! O mon saint Ange gardien, venez à mon secours, sauvez-moi !"
Tout à coup, je commence à vomir le terrible poison. J'étais sauvé !… sauvé malgré la cocaïne, sans antidote d'aucune sorte, et malgré une froide atmosphère qui rendait plus critique encore ma triste situation ! J'étais sauvé, alors que tout était désespéré, que mon corps torturé par la douleur allait rouler sur le sol, que tout semblait conjurer contre moi. Oui, j'étais sauvé par mon bon Ange !
Une demi-heure après, j'arrivai chez moi, où, grâce aux bons soins qui me furent prodigués, j'achevai de vomir les restes du poison.
Vous devez comprendre, révérend Père, combien je remercie mon bon Ange gardien !
Un associé de Bordeaux.
L'Ange Gardien n°11, mars 1894 (pp.368-370)
Une sainte inspiration
Le directeur du pensionnat Saint-Louis, à Camarès, une des écoles chrétiennes si florissantes du diocèse de Rodez, a eu la sainte inspiration de placer la petite retraite annuelle des élèves sous le vocable tout particulier des Saints Anges. Et les Saints Anges ont merveilleusement récompensé sa confiance.
Ils ont si bien béni cette retraite, si bien inspiré les prédicateurs, les deux vicaires de la paroisse ayant au cœur le zèle de la gloire de Dieu et l'amour de l'enfance, que ce directeur nous écrit :
"Comme c'était édifiant de voir nos jeunes retraitants, dans les moments libres, à genoux au pied de l'autel de notre petite chapelle, priant comme les Anges, leurs frères du ciel, et formant avec eux une charmante couronne à Jésus-Hostie ! Oui, nos élèves nous ont donné de bien douces consolations : à nous, aux zélés prédicateurs, et à notre vénéré et saint curé qui, retenu chez lui par ses infirmités, priait dans son oratoire pour le succès de cette retraite. Les Anges ont apporté ses prières au ciel, et les ont changées en faveurs divines pour nos enfants.
Le jour de la clôture, pendant la messe de communion générale, tous les cœurs étaient émus, surtout au moment où les Anges conduisaient sous leurs blanches ailes, les enfants au banquet eucharistique. Le chant très mélodieux d'un duo : l'Ange et l'Ame, traduisait admirablement notre foi, notre piété, et semblait peupler notre chapelle d'Anges visibles, recevant avec bonheur l'expression de nos désirs, de notre confiance et de nos saintes résolutions."
On n'avait jamais vu fête si édifiante, si gracieuse à Camrès, et les élèves sont sortis tout transformés de ces quelques jours de prière.
Reconnaissance aux Saints Anges ! Ils protègent si bien notre école qu'elle compte presque tous les enfants catholiques de la ville, malgré les faveurs gouvernementales accordées à l'école laïque.
L'Ange Gardien n°11, mars 1894 (pp.371-372)
L'Ange de la conversion
A l'exemple de leur divin Roi, doux et miséricordieux Sauveur, qui a donné son sang pour nous racheter de l'enfer, les Anges sont remplis de mansuétude pour le malheureux pécheur. Ils savent, ces esprits bienheureux, que son âme est enchaînée dans un corps, qu'elle est en butte à de violentes tentations, à la haine d'un puissant ennemi, et ils l'entourent d'une ineffable tendresse.
Frères aînés de la grande famille des élus, ils voient la place au ciel de cette âme, et ils ont l'ardent désir de la voir, un jour, chanter avec eux les hymnes de l'éternel bonheur. Aussi, ni la laideur du péché, ni l'ingratitude de cette âme ne les rebutent ; ils la poursuivent de leur zèle affectueux et de leur fraternel amour. Heureux sont-ils, s'ils la retirent des eaux bourbeuses du monde, pour la placer dans le chemin de la vérité et de la vertu.
C'est surtout l'Ange gardien qui remplit ce ministère de céleste charité. Que d'appels, de pressantes invitations au pécheur pour le ramener à Dieu ! Il réveille dans son cœur de touchants souvenirs : douces années de son enfance, joies si pures de sa première communion, pieuses exhortations d'une tendre mère. Il répand l'amertume sur ses plaisirs coupables ; il excite dans son âme de cuisants remords, de salutaires terreurs ; il profite d'un accident, d'une maladie, d'une mort subite, pour lui rappeler la brièveté de la vie, la pensée de l'éternité, les jugements de Dieu et les châtiments qui attendent le pécheur impénitent.
Comme saint Ignace de Loyola à saint François Xavier, l'Ange gardien répète souvent au pécheur la terrible question : Et après ?… L'après, pour le pécheur rebelle à la voix de l'Ange, c'est l'enfer avec ses supplices, c'est l'éternité des maudits. L'après pour l'âme fidèle ou sincèrement repentante, c'est la récompense, c'est le ciel.
" Que je sois belle, jeune, pleine de santé, riche, et après ?… Que je sois aimée, que j'aie beaucoup de gens à mon service, et après ?… Sers Dieu seul, et tu auras tout après ", se disait la vénérable Marie-Christine de Savoie.
Nous aussi, à chaque tentation du démon, écoutons notre guide divin nous dire : Et après ?… Nous transformerons en un gage de victoire ce qui risquait de nous perdre ; nous déjouerons toutes les ruses de notre infernal ennemi.
A l'âme coupable, mais susceptible d'amour et de reconnaissance, l'Ange gardien rappelle les miséricordes du Seigneur. Il lui montre en Dieu, non un juge sévère prêt à punir, mais un Père qui attend impatiemment le prodigue pour lui pardonner et lui rendre, avec la paix et l'innocence, ses droits au céleste héritage.
Il choisit le moment favorable où cette âme, fatiguée de vains plaisirs, est disposée à entendre de salutaires inspirations. Il la conduit alors à l'étable de Bethléem, près de la colonne du prétoire, sur la voie douloureuse du Golgotha et, par les tableaux des souffrances du Sauveur, il la prépare au repentir de ses fautes.
Et quand l'âme égarée s'écrie, comme le prodigue : " Je me lèverai et j'irai à mon Père ", l'Ange gardien tressaille d'une sainte allégresse ; il soutient et anime son courage, il lui aplanit les difficultés du retour, il l'aide à triompher des efforts de l'enfer, à se purifier de ses fautes, à revêtir la robe d'innocence, à se réconcilier avec Dieu. Il redouble aussi de zèle pour préserver cette âme d'une rechute, et pour éloigner d'elle les dangers qui pourraient de nouveau l'entraîner dans l'abîme du péché.
O saints Anges gardiens, donnez-nous un peu de votre ardeur pour la gloire de Dieu et le salut des âmes ! Inspirez-nous de tendre une main secourable à nos frères qui se sont laissés tomber dans la fange du vice ; apprenez-nous à les conduire au bain qui purifie, au tribunal qui pardonne, à la grâce qui rend la paix, à la conversion qui ouvre le ciel, au Dieu qui reçoit dans ses bras le cœur réconcilié.
L'Ange Gardien n°12, avril 1894 (pp.399-402)
Lettre d'une religieuse
Pensionnat Sainte-Marie du Sacré-Cœur, Bordeaux
Monsieur le Directeur,
Je viens vous prier, au nom de nos chères petites congréganistes des Saints-Anges, et pour accomplir la promesse qu'elles ont faite, elles-mêmes avec moi, de vouloir bien insérer dans le bulletin la miraculeuse guérison d'une de leurs compagnes.
La petite Thérèse Tizné, âgée de sept ans, par suite d'une rougeole rentrée, fut atteinte d'une fièvre typhoïde. Le mardi 16 janvier, l'enfant avait perdu la connaissance, était complètement sourde et dans un état désespéré. Au moment où les parents nous firent prévenir, les enfants de la Congrégation se rendaient à la chapelle pour réciter, selon la coutume, l'office des SS. Anges. Aussitôt, avec foi et confiance, nous promettons aux saints Anges que, si l'enfant guérit : 1° elle sera reçue congréganiste, malgré son jeune âge, et sans passer par les degrés préparatoires ; 2° que nous ferons dire une messe à Vourles, aux frais de la Congrégation ; 3° que la guérison sera insérée dans le Bulletin pour la gloire de Dieu, de Marie, reine des Anges, et des saints Anges, nos bien-aimés patrons. Pendant ce temps, on mettait au cou de la pauvre petite malade, notre médaille de la Confrérie de Vourles, et de plus une gravure de l'Ange gardien, sous son oreiller.
L'enfant, qui semblait absolument sans connaissance, prit entre ses mains, la médaille qu'on venait de lui passer au cou, balbutia quelques mots qu'on ne comprit pas et baisa la médaille !… Un changement subit sembla se produire en cette enfant, véritable sœur des Anges, et le lendemain, quand j'allai la voir, elle était beaucoup mieux !
Bénie soit Marie Immaculée, la reine des Anges, bénis soient nos saints Anges gardiens !
Sœur Annonciade
L'Ange Gardien n°12, avril 1894 (pp.405-406)
Les joies angéliques
Au ciel il y a grande joie parmi les Anges quand, malgré les obstacles, une âme persévère dans la fidélité à la grâce et embaume la terre de ses vertus ; mais il y a une plus grande joie encore, quand une âme s'arrache au démon, revient de ses égarements et se donne définitivement à Dieu.
Ainsi faut-il entendre la touchante parabole du bon Pasteur qui laisse sur la montagne les quatre-vingt-dix-neuf brebis fidèles, pour courir après l'imprudente qui s'est égarée. Avec quel bonheur il la retrouve, la charge sur ses épaules, la rapporte au bercail et dit à ses amis : " Réjouissez-vous avec moi, ma brebis était perdue, et je l'ai retrouvée ! "
Ce bon Pasteur, c'est Jésus lui-même ; cette brebis perdue, c'est l'âme morte à la vie de la grâce par le péché. " En vérité, dit Notre-Seigneur dans l'Evangile, il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui fait pénitence, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'en ont pas besoin. "
" Les larmes des pénitents, ajoute saint Bernard, voilà le vin généreux qui réjouit le cœur des Anges. " Elles sont plus puissantes que l'enfer dont elles brisent les chaînes, plus belles dans les yeux du pécheur qu'un reflet du ciel dans les yeux du juste. En elles brillent le sang du Rédempteur, les trésors de la grâce, les merveilles de l'éternité. Versées dans l'exil, elles provoquent dans la patrie une divine allégresse.
Le ciel, dit Bossuet, retentit de l'admirable cantique par lequel les Anges glorifient Dieu dans la conversion du pécheur. " Enfin, chantent-ils, ce rebelle endurci a rendu les armes, cette tête superbe s'est humiliée, cet aveugle a ouvert les yeux et déploré les fautes de sa vie passée ; il a rompu les liens du péché qui tenaient son âme captive. Larmes bénies de la pénitence, vous êtes notre joie, car le ciel compte un habitant de plus, une place vide de moins ! "
Aux chants d'allégresse et de triomphe des esprits bienheureux, Satan répond, du fond de l'abîme, par un cri de rage et de fureur. " Cette âme a été en mon pouvoir, rugit-il ; j'ai régné sur elle ; elle va prendre Là-Haut la place d'où je fus exclu ! Le ciel va, chaque jour, se peuplant des échappés de ma puissance. Miséricorde, tu es mon plus cruel ennemi ; ton regard sur une âme me perce le cœur ! La justice est terrible pour Satan ; la miséricorde est plus terrible encore ! "
" Il semble même, dit Lacordaire, que Dieu ait commandé à ses Anges de réserver aux âmes pénitentes, leurs faveurs les plus signalées. Marie-Madeleine remplit, pendant trente ans, la sainte Baume de ses gémissements ; elle expie, dans les larmes et le jeûne, les joies criminelles de sa jeunesse ; aux festins d'autrefois, elle fait succéder les racines et les herbes sauvages. Mais Dieu veut que, dès ce monde, elle passe de la pénitence à la gloire. Maintes fois, les Anges l'enlèvent de la grotte où elle a fixé sa demeure, et la portent au sommet des rochers qu'on montre encore. Là, ils font entendre les plus mélodieux concerts, jusqu'au jour où ils reçoivent son âme purifiée et la déposent aux pieds de Celui qui lui a beaucoup pardonné, parce qu'elle a beaucoup aimé. "
Si le retour d'une âme à la grâce est accueilli par les transports de joie des célestes phalanges, qui comprendra l'allégresse de l'Ange gardien, de cet Ange que la miséricorde divine avait particulièrement chargé de cette œuvre de régénération. Il redit à l'envi les difficultés vaincues par la grâce, les ruses du démon déjouées, les sentiments de componction, les sacrifices, les bonnes œuvres qui ont préparé l'âme coupable à sortir de l'abîme du péché, et à revêtir de nouveau la robe de son baptême.
Mais ce n'est point assez pour lui de chanter le triomphe. Par ses supplications auprès de Dieu, il appelle sur cette âme une plus abondante effusion de grâces, afin de pouvoir lui inspirer, de plus en plus, l'horreur du vice, le regret des fautes commises, le mépris des plaisirs du monde, et le goût des joies saintes, de l'innocence de l'âme et de la sérénité du cœur.
L'Ange Gardien n°1, mai 1894 (pp.3-5)
Vision de sainte Eudoxie
Lorsque Eudoxie d'Héliopolis (*) résolut d'abandonner la vie païenne et très désordonnée qu'elle avait menée jusqu'alors, les saints Anges, pleins de joie, furent envoyés par Dieu pour la confirmer dans ce pieux dessein.
Dans la chambre où elle s'était enfermée pour vivre dans le silence, la prière et le jeûne, elle vit soudain une brillante lumière et, au milieu de cette lumière, un jeune homme revêtu d'un habit plus éclatant de blancheur que la neige fraîchement tombée sur les montagnes. Il se saisit d'Eudoxie effrayée, l'emporta à travers les airs en l'enveloppant d'un nuage, et la conduisit jusque dans le ciel.
" Là, dit-elle, je vis des foules innombrables d'hommes, vêtus de robes blanches, et, malgré leur nombre immense, je les enveloppai tous d'un seul regard. La joie rayonnait sur leurs visages ; ils se souriaient les uns aux autres en me voyant et paraissaient transportés de bonheur. Ils accouraient à l'envi pour me saluer, comme si j'avais été leur sœur.
" pendant qu'ils me conduisaient vers le foyer de la lumière merveilleuse et indescriptible qui remplissait ce séjour, je vis apparaître un spectre noir et hideux qui me réclama de loin, en termes insolents, des mains de mon Ange tutélaire. Celui-ci se contenta de lui jeter un regard de mépris et me sourit doucement. Au même instant, une voix sortit du milieu de cette lumière, et le bruit de sa parole remplit les cieux : " Michel ! dit-elle à mon guide, vous, le gardien de mon testament, ramenez-la où vous l'avez prise, afin qu'elle achève son combat ; ma grâce sera avec elle tous les jours de sa vie. "
" Aussitôt je fus reconduite en ce lieu. " Servante de Dieu, me dit l'Ange, que la paix soit avec vous ; prenez courage et fortifiez-vous. " Ces paroles m'inspirèrent une grande confiance. Mon Seigneur, lui dis-je, qui donc êtes-vous ? - Je suis le chef des Anges du vrai Dieu, me répondit-il ; je suis chargé d'accueillir les âmes qui se dévouent à la pénitence, car les chœurs des esprits célestes ressentent une vive joie toutes les fois qu'un pécheur quitte les voies de l'iniquité pour retourner à Dieu, à la vertu. "
L'Ange Gardien n°1, mai 1894 (pp.5-6)
(*) Sainte Eudoxie : native d'Héliopolis en Syrie, d'ascendance samaritaine, elle mena d'abord une vie déréglée, se convertit ensuite au christianisme et mourut comme pénitente. Elle fut décapitée sous Trajan (entre 98 et 117 après Jésus-Christ).
Source : 10.000 Saints, dictionnaire hagiographique, Belgique, Brepols, 1991.
Témoignage
Suspendu sur un précipice.
Un zélateur de la confrérie, le révérend Père L. de Bellama, nous écrit de Cornet-Chahouan (Syrie) la lettre suivante :
Révérend Père Directeur,
Je viens d'éprouver encore une fois, et dans un grand danger, les effets de la puissante protection de mon saint Ange gardien. Daignez donc me permettre, en insérant ma relation, de convier tous nos chers associés à ne jamais manquer de confiance envers ce céleste et si secourable ami que le bon Dieu nous a donné.
Je me fais gloire d'appartenir à la confrérie des Saints-Anges-Gardiens, à l'extension de laquelle je me consacre, et veux me consacrer de plus en plus dans notre pays du Liban. J'en suis bien récompensé, puisque mon bon Ange vient de me sauver la vie d'une manière bien visible. Voici dans quelle circonstance :
Le 2 mars dernier, j'étais en promenade avec un religieux Antonin, étudiant en théologie dans notre collège. C'était un beau jour, après un jour de pluie torrentielle.
Dans une forêt voisine du collège, j'ai vu, sur le haut d'un rocher, une belle plante grimpante. J'ai voulu la cueillir, afin d'en orner le tableau de l'Ange gardien que vous avez eu la bonté de m'envoyer. Mais à peine étais-je monté sur le roc, que mon pied glisse sur des feuilles mortes encore mouillées par la pluie de la veille, et je me vois entraîné, lancé même, dans le vide du précipice.
Dans cet imminent danger où je devais infailliblement mourir ou du moins être grièvement blessé, je me suis écrié : Ya melak el-haress ! c'est-à-dire : O mon bon Ange !
O prodige ! ma main saisit aussitôt au hasard une branche d'arbrisseau de chêne qui m'arrête dans ma chute, et mon compagnon étant venu à mon secours, je suis sorti sain et sauf de ce danger.
Amour et reconnaissance à mon saint Ange gardien !
Collège Saint-Joseph, Cornel-Chahouan, 18 mars 1894.
L. de Bellama
L'Ange Gardien n°1, mai 1894 (pp.7)
Le Journal de l'Ange gardien
Notre Ange gardien fait, sur nos actes quotidiens, un journal dont les pages contiendront, à l'heure du jugement, notre vie tout entière. Nous y lirons alors notre gloire ou notre condamnation.
L'Ange gardien est tantôt joyeux, tantôt triste, en écrivant ce journal. Il est joyeux, bien joyeux, quand il écrit pour le ciel ; mais il est triste, lorsque nous le forçons d'écrire pour l'enfer.
Pour le ciel, il note nos bonnes œuvres, nos prières et communions ferventes, la pureté du cœur et d'intention, les triomphes sur les passions, la persévérance dans la vertu, les bons exemples que nous donnons à ceux qui nous entourent, enfin, tous les actes dignes de notre beau titre d'enfants de Dieu. Pour l'enfer, il marque nos fautes graves, notre rébellion à la loi divine, nos mauvais exemples, nos actions coupables, tout ce qui détruit la céleste beauté de l'âme.
Sur ce journal, tout est consigné, le bien comme le mal, et cela, avec chaque circonstance aggravant ou atténuant nos fautes, augmentant ou diminuant le mérite de nos œuvres.
Faisons-nous une bonne action, aucun détail ne tombe dans l'oubli, car notre Ange est toujours là, sa plume d'or à la main. Mais si nous commettons le mal, si nous offensons le bon Dieu, notre péché subsistera et s'élèvera un jour contre nous, puisque l'Ange gardien l'inscrit lui-même, au nom de la justice divine. Que cette pensée nous éloigne du péché, et nous encourage dans la pratique de la vertu !
S'il nous était donné, comme à plusieurs saintes âmes, de voir, en ce moment, le journal de notre vie, que lirions-nous ? Serait-ce un gracieux poème chantant la pureté du cœur, les joies de l'innocence, le triomphe de la vertu sur les passions ? Ne verrions-nous pas des pages entières formant un long réquisitoire de nos ingratitudes envers Dieu, de nos fautes graves et peut-être même de nos scandales avec leurs horribles conséquences ?
Ne l'oublions pas, l'Ange enregistre non seulement nos actes personnels, mais aussi les actes des autres dont la cause remonte jusqu'à nous. Les suites de nos scandales et celles de nos bons exemples sont également recueillies et portées à notre compte. Quel effrayant tableau pour le pécheur impénitent, pour le scandaleux dont la mauvaise conduite a entraîné un grand nombre d'âmes innocentes dans l'abîme de la perdition !
Nous pouvons encore heureusement effacer les pages qui attristent notre Ange, et qu'ilo serait terrible d'entendre lire au tribunal de la justice de Dieu. Au tribunal de la miséricorde, pendant l'absolution du prêtre, l'Ange d'une âme sincèrement repentante efface jusqu'à la moindre ligne du mal, en ce journal qui la concerne. Les jours de conversion, de pénitence, de sanctification, sont des jours où disparaissent les taches qui déparaient le poème.
Sur son lit de mort, saint Anastase le Sinaïte disait aux religieux, ses frères : "Les Anges m'ont présenté un mémorial où étaient relatées toutes mes fautes, mais ils les ont effacées devant moi, parce que, depuis ma consécration, je ne me suis jamais permis de juger personne."
Saint Genez, d'abord célèbre comédien, simulait sur la scène le baptême des chrétiens. Quand on voulut verser sur lui l'eau du baptême, il leva les yeux et tout à coup, il vit, dans une grande splendeur, des Anges qui lisaient dans un livre tous les péchés de sa vie et qui lui dirent : "Vous serez purifié de ces péchés, si vous croyez en Jésus-Christ et le désirez de bon cœur." Il crut et il voulut ardemment. A mesure que l'eau coulait sur son front, il vit l'écriture du livre effacée sans qu'il en restât une seule lettre.
Les pages effacées le sont à jamais. Notre bon Ange a la douleur d'inscrire les nouvelles fautes, si nous en commettons, mais les premières ne reparaissent point. A la rechute, la miséricorde divine ne rappelle pas les fautes pardonnées, et à la conversion elle rend les mérites perdus. Quelle touchante condescendance pour le pécheur !
Voulons-nous fournir la matière de ravissantes pages pour ce journal de notre vie ? Ecoutons la voix de notre bon Ange qui nous incite continuellement à pratiquer la vertu, à rester fidèles à nos devoirs de chrétiens, à repousser les tentations du démon, les séductions du mauvais exemple, et les entraînements de nos passions déréglées.
Alors, le journal de notre Ange gardien sera pour nous le précieux mémorial de notre persévérance dans le bien, le tableau d'honneur de notre vie, et le diplôme de mérite pour notre entrée dans le Paradis.
Au lecteur ennemi de la fiction, même quand elle sert de symbole à la vérité, nous dirons : Nous avons employé le langage de la terre pour parler des choses du ciel ; mais il est certain que les Anges gardiens surveillent nos actions et en rendent à Dieu un compte rigoureux.
L'Ange Gardien n°2, juin 1894 (pp.39-41)
Un Ange compte les pas d'un anachorète
Un saint anachorète qui vivait dans un affreux désert, était obligé de parcourir une grande distance pour se procurer de l'eau. Un jour, fatigué par ce long trajet, il résolut de rapprocher sa cellule de la source. "Qu'ai-je besoin, se disait-il, de me donner tant de peine ? N'est-il pas plus simple, plus commode, d'aller demeurer tout à côté de l'endroit où je vais prendre de l'eau avec tant de fatigue ?" En ce moment, s'étant retourné, il aperçut un jeune homme qui le suivait, et qui comptait ses pas.
- Qui êtes-vous ? demanda-t-il.
- Je suis l'Ange du Seigneur, répondit l'inconnu. Chaque fois que vous allez à la source, je suis chargé de compter vos pas, pour que vous en receviez un jour la récompense.
Saisi d'admiration, de respect et de reconnaissance pour son bon Ange, le serviteur de Dieu, au lieu de rapprocher sa cellule de la source, l'éloigna encore, afin d'accroître son mérite.
Un Ange aussi compte nos bonnes oeuvres ; que son souvenir nous encourage à faire le bien !
L'Ange Gardien n°2, juin 1894 (pp.41-42)
Depuis 1891, la revue "L'Ange Gardien" créée et dirigée par les Clercs de Saint-Viateur, fait connaître et aimer tous les saints Anges.
Spécimen gratuit sur demande :
L'Ange Gardien - 21, Montée St-Laurent - 69005 Lyon - France
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