Cantiques des XIX° et XX° siècles (2)
Les Cantiques ci-dessous sont extraits du "Recueil de Cantiques à l'usage des élèves du Sacré-Cœur de Jésus" (Lyon, J.-B. Pélagaud et Cie, 1851).
Gloire et Bonheur des Anges
O vous qui contemplez l'Eternel sur son trône !
Sublimes Chérubins, Séraphins glorieux,
Purs Esprits que l'éclat de la gloire environne,
J'honore vos grandeurs, je vous offre mes vœux.
Publiez qu'il est saint, qu'il est grand, qu'il est sage
Célébrez ses bienfaits en tout temps, en tous lieux ;
Et présentez pour nous le plus parfait hommage
A ce Dieu tout-puissant qui règne dans les cieux.
Que ne puis-je imiter votre reconnaissance !
Que ne puis-je éprouver l'ardeur de votre amour !
Que ne puis-je égaler la prompte obéissance
Que vous rendez à Dieu au céleste séjour !
Inspirez-nous l'horreur et la fuite des vices,
Obtenez à nos vœux un favorable accès ;
Secondez nos efforts, et soyez-nous propices :
Nous mettons en vos mains nos travaux, nos succès.
Ah ! nous vous en prions, soyez notre lumière,
Faites-nous éviter les pièges de l'erreur,
Et soutenez nos pas dans la sainte carrière
Qui doit se terminer à l'éternel bonheur.
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Aux Saints Anges
Que vers les cieux s'élèvent nos cantiques
Pour célébrer les neuf chœurs immortels,
Quand, avec vous, ces Vertus angéliques,
Le front dans la poussière, entourent nos autels.
Elu de Dieu, Archange plein de gloire,
Qui combattis les combats du Seigneur,
Etends ta main, donne-nous la victoire
Contre un monde pervers et l'ange séducteur.
O Raphaël, aimable et tendre guide !
Marche avec nous, soutiens nos pas tremblants ;
Des passions que le voile perfide
Abandonne des yeux obscurcis trop longtemps.
Ange de grâce, envoyé par Marie,
Nous unissons nos accents à ta voix
Pour répéter à la Vierge bénie :
Oui, nous vous saluons, Mère du Roi des rois !
Anges de Dieu, nos protecteurs fidèles,
De vos enfants agréez l'humble amour ;
Et puissions-nous, sous l'ombre de vos ailes,
Nous mêler à vos chœurs au céleste séjour !
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A l'Ange gardien (1)
Ange gardien, je vous salue ;
Je vous crois présent en ce lieu :
Ne souffrez pas qu'à votre vue
J'ose jamais offenser Dieu.
Je vous honore et vous révère
Comme un prince du paradis,
En qui je trouve un tendre père
Et le plus tendre des amis.
Jour et nuit vous veillez sans cesse
A garder mon âme et mon corps ;
Quand la tentation me presse,
Vous redoublez tous vos efforts.
De combien d'accidents funestes
Ne m'avez-vous pas préservé ?
Sans toutes ces faveurs célestes,
Ne serais-je pas réprouvé ?
Assistez-moi de vos prières,
Mon bon Ange, éclairez mes pas ;
Soulagez-moi dans mes misères,
Soutenez-moi dans mes combats ;
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A l'Ange gardien (2)
Dans le désert de la vie,
L'ancien, le cruel serpent,
Plein de fureur et d'envie,
Me poursuis à tout instant :
Mais l'Ange de la lumière,
Député du Dieu d'amour,
A mes côtés sur la terre,
Veille sur moi nuit et jour.
Dès l'instant de ma naissance
Mon Dieu m'a remis à lui ;
Mon soutien dans mon enfance,
Il l'est encore aujourd'hui :
La nuit je dors sous son aile,
Le jour il guide mes pas ;
La vive ardeur de son zèle
Me suivra jusqu'au trépas.
Resserré dans les entraves
Du plus cruel des tyrans,
Au nombre de ses esclaves
Je souffrais depuis longtemps :
Mais au cri de ma misère,
Mon Ange a fondu sur lui ;
Le monstre a vu la lumière,
Et soudain il s'est enfui.
Délivré de sa malice,
Je vis libre et sans effroi ;
Ami tendre, Ange propice,
Je veux me donner à toi.
Le noir esprit fut mon maître,
Deviens-le donc à ton tour ;
Après mon Dieu, tu dois l'être
Dès l'instant et sans retour.
Du dragon pendant ma vie
Rends vain l'immortel courroux,
Et dans ma triste agonie
Défends-moi contre ses coups :
C'est dans cet affreux passage
Que redouble sa fureur ;
Sois mon espoir, mon courage,
Ma défense et mon vainqueur.
Toi qui, depuis mon baptême,
Es ma force en mes combats,
Au jour du péril extrême
Soutiens-moi jusqu'au trépas :
Qu'à ma dernière parole,
Au doux nom de mon Jésus,
Mon âme avec toi s'envole
Au beau séjour des élus.
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A l'Ange gardien (3)
O toi, guide secret de ma course mortelle,
Invisible témoin de mes iniquités !
Comment es-tu toujours si constant, si fidèle,
Malgré mes infidélités ?
Au déplorable aspect d'une âme corrompue,
Pourquoi n'as-tu pas fui plein de honte et d'effroi ?
Tu pleurais mes péchés en détournant la vue ?
Mais tu restais auprès de moi.
Ta bonté m'a vaincu ; pour prix de ta victoire,
Tu dois un jour au ciel voir ma félicité,
Et mon bonheur sera ton triomphe et ta gloire
Pendant toute une éternité.
Mais il faut, je le sais, remplir toute justice ;
Quand le crime est commis, il faut que, sans milieu,
Ou de ses propres mains le pécheur se punisse,
Ou qu'il soit puni de son Dieu.
Oui, c'est de tout mon cœur que je veux, ô saint Ange !
De la peine ici-bas subir le triste sort ;
Et si Dieu, de mes mains, consent que je le venge,
Qu'il m'épargne au moins à la mort.
Divin Ange de paix, prête-moi la tristesse
Dont te navraient jadis mes honteuses erreurs ;
Hélas ! pour expier mon indigne allégresse
J'aurai besoin de tous tes pleurs.
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A l'Ange gardien (4)
Dès que la naissante aurore
A mes regards fait éclore
Les premiers rayons du jour,
Ange puissant qui me guides,
Eclaire mes pas timides
Dans ce ténébreux séjour.
C'est en tes soins que j'espère ;
Offre à mon Juge, à mon Père
Mes désirs et mes regrets ;
Daigne implorer sa clémence
Et suspendre sa vengeance
Prête à punir mes forfaits.
Que mes malheurs t'intéressent ;
Aux maux divers qui me pressent
Oppose ton bras vainqueur :
Si ma volonté chancelle,
Que ta voix toujours fidèle
Fixe le vœu de ton cœur.
Je sens un poids qui m'accable ;
Prête un secours favorable
A mon esprit abattu :
Loin du vice qui m'entraîne,
Que ta bonté me ramène
Sous le joug de la vertu.
Le démon cherche à me nuire ;
Le monde, pour me séduire,
M'offre ses charmes pervers :
Il tente mes sens rebelles ;
Mais que craindre, sous tes ailes,
Et du monde et des enfers ?
Excite mon indolence,
Ranime ma vigilance
Dans la carrière où je cours ;
Que, dans sa courte durée,
Je songe à l'heure ignorée
Qui doit terminer mes jours.
Que, par ton bras invincible,
Vainqueur d'un combat terrible,
Je triomphe après ma mort ;
Qu'au ciel mon âme ravie,
Dans une immortelle vie,
Partage ton heureux sort.
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A l'Ange gardien (5)
O vous qui, nuit et jour,
Céleste Intelligence,
Dans ce mortel séjour,
Veillez à ma défense,
Qui portez mes soupirs, mes vœux
Aux pieds du Monarque des cieux !
Ange de paix, par quel retour
Paierai-je tant d'amour ?
L'enfer veut me ravir
A vos mains paternelles ;
Mais je ne puis périr
A l'ombre de vos ailes.
Satan s'est armé contre moi,
Mais peut-il m'inspirer l'effroi ?
Soyez mon guide, mon soutien,
Et je ne crains plus rien.
Mais, ô combien de fois
Mon cœur léger, volage,
Fut sourd à votre voix,
A votre doux langage !
Je repoussais un tendre ami,
Pour suivre un cruel ennemi :
Ah ! désormais, vous obéir
Fera tout mon plaisir.
Expirer dans les bras
De Jésus, de Marie,
O bienheureux trépas
Qui nous donne la vie !
Dans ce moment, saint Protecteur,
Vous pouvez tout pour mon bonheur ;
Répétez-moi les noms chéris
De la Mère et du Fils.
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A l'Ange gardien (6)
O pure intelligence,
Confident de mon Dieu,
Chargé de ma défense
En tout temps, en tout lieu !
Le zèle qui te presse
Pour mon bien nuit et jour,
Réveille ma tendresse
Par un juste retour.
Dans ce monde visible,
Où je suis étranger,
Mon cœur tendre est sensible
Au don le plus léger ;
Mais ton amour immense
M'offre un trésor divin :
Non, ma reconnaissance
N'aura jamais de fin.
Hélas ! combien d'alarmes,
O saint Ange de paix,
De soupirs et de larmes
T'ont coûtés mes excès !
Si le céleste Père
M'a remis mon péché ;
De ma douleur amère
Seras-tu moins touché ?
Ta longue patience,
Ton aimable douceur,
Malgré ma résistance,
Ont enchanté mon cœur :
Je cède la victoire
Dans ce jour décisif,
Et ma plus douce gloire
Est d'être ton captif.
Dans ce désert aride,
Où la foi me conduit,
Ta lumière est mon guide
Dans l'horreur de la nuit :
A l'ombre de tes ailes,
Pendant l'ardeur du jour,
Conduis mes pas fidèles
Au céleste séjour.
O toi, de tous les Anges
Le plus cher à mon cœur !
Prête-moi tes louanges
Pour bénir mon Sauveur :
Non, la reconnaissance
N'a pas assez doux chants ;
Aide mon impuissance
Par tes tendres accents.
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