Novembre-Décembre 2008
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« Il donne mission à ses anges de te garder sur tous tes chemins » (Ps 90,11)
Quel n'est pas le respect que cette parole doit susciter en toi, la ferveur qu'elle doit faire naître, la confiance qu'elle doit t'inspirer ! Le respect à cause de leur présence, la ferveur à cause de leur bienveillance, la confiance à cause de leur vigilance... Ils sont donc là, à tes côtés, non seulement avec toi, mais pour toi. Ils sont présents pour te protéger, pour te secourir. Que rendrais-tu au Seigneur pour tout ce qu'il t'a donné ? (Ps 115,3). C'est à lui seul qu'on doit rendre gloire et honneur pour ce secours ; c'est lui qui leur en a donné l'ordre. « Tout don parfait » (Jc 1,17) ne peut venir que de lui. Mais on ne peut pour autant manquer de reconnaissance à l'égard des anges, en raison de la si grande charité avec laquelle ils obéissent et du besoin si grand que nous avons de leur aide.
Soyons donc pleins de respect et de reconnaissance pour une telle vigilance de leur part ; aimons-les en retour et honorons-les autant que nous le pouvons, autant que nous le devons... En Dieu aimons ses anges, dans la conscience qu'ils seront un jour nos cohéritiers et que d'ici là le Père dispose et ordonne qu'ils soient pour nous des guides et des éducateurs. Car « dès maintenant nous sommes enfants de Dieu » bien que cela ne paraisse pas encore clairement (1Jn 3,2), puisque nous sommes encore des enfants soumis à des intendants et à des éducateurs, et nous semblons pour le moment ne différer en rien de serviteurs.
Pourtant si petits que nous soyons et si longue et dangereuse que soit la route qui nous reste à parcourir, qu'aurions-nous à craindre sous une si bonne garde ?... Les anges sont fidèles, ils sont sages, ils sont puissants ; qu'aurions-nous à craindre ? Suivons-les seulement, attachons-nous à eux, et nous demeurerons sous la protection du Dieu du ciel.
Saint Bernard (1091-1153), 12e sermon sur le Psaume 90.
Nouvelles parutions (voir également notre page Bibliographie)
- 1. Ecrits sur les Anges - Hélène Guerra. 96 p., 18x11 cm. (br.) : 7 €
(L'auteur est la fondatrice des Oblates du Saint-Esprit, à l'origine des textes pontificaux du pape Léon XIII sur le Saint-Esprit, et béatifiée le 26 avril 1959)
Traduction et présentation de Vincent Klee.
- 2. Le Dévot de l'Ange gardien - Jean Bosco. 94 p., 18x11 cm. (br.) : 7 €
(L'original italien, composé par saint apôtre de Turin en 1845, est ici enfin traduit en français)
Traduction, présentation et appendice de Vincent Klee.
- 3. Un Emule des Anges : Antoine de Padoue. 281 p., 18x11 cm (br.) : 12 €
Jean Mélis, un franciscain, expose comment le saint Docteur, par sa vie eminemment évangélique, fut étroitement uni aux différents choeurs des Anges.
Commandes à adresser par courrier à
TRIFOLIUM - 5 rue Sainte Odile, 67000 Strasbourg
Frais de port (pour la France Métropolitaine) pour 1 ex. (n°1 ou n°2) : 1 € - pour 1 ex. (n°3) : 2 €
Dans la supplication et l'action de grâce, joignons nos prières à celles des correspondants de l'Association.
Nous devons imiter notre ange gardien dans son amour pour Dieu
Soyons bien persuadés que le meilleur moyen de plaire à notre ange gardien et de mériter sa protection, c'est d'imiter les vertus dont il est pour nous le modèle. "Si nous nous rendons semblables aux bons anges en cette vie par l'imitation de leurs vertus, dit saint François de Sales, nous ferons une chose fort agréable à Dieu, et nous nous rendrons dignes de parvenir à la gloire éternelle."
Ce qui apparaît tout d'abord dans ce fidèle compagnons de notre vie, c'est son ardent amour de Dieu. En parlant de Dieu, l'apôtre bien-aimé, saint Jean, disait : Dieu est amour (I Jn 4,16). Admis à l'honneur de voir Dieu face à face, de jouir de sa gloire et de son bonheur, de contempler à loisir ses infinies perfections, comment ne l'aimerait-il pas ? Oui, il l'aime, et sa vie toute entière est un acte d'amour ininterrompu.
Mais, nous le savons, la charité, comme le feu, ne cherche qu'à se répandre, à se communiquer. Notre-Seigneur disait : Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu'il soit déjà allumé ! (Lc 12,49). S'il se montrait à nous, notre ange gardien nous parlerait de même. Il sait que le commandement de l'amour de Dieu, le premier, le plus grand de tous les commandements, est, pour employer une comparaison du saint évêque de Genève, "comme un soleil qui donne le lustre et la dignité à toutes les lois sacrées, à toutes les saintes Ecritures". Il sait que "tout est fait pour ce céleste amour, tout s'y rapporte." Il sait enfin que "de l'arbre sacré de ce commandement dépendent tous les conseils, les exhortations, inspirations et les autres commandements comme ses fleurs et la vie éternelle comme son fruit." Et voilà pourquoi, tout rempli d'amour pour nous, il désire d'un si grand désir nous le voir pratiquer.
A son exemple, et pour répondre à son désir, aimons donc Dieu. Aimons-le de tout notre coeur, de toute notre âme, de tout notre esprit, de toutes nos forces... Si nous sommes encore au printemps de la vie, aimons-le ardemment pendant ces années de la jeunesse qui doivent nous paraître belles comme l'espérance...
D'après l'abbé P. Feige, adapté de L'Ange gardien, Pierre Téqui, 1910.
Extrait de la revue "L'Ange Gardien", novembre-décembre 2008.
Le dépit de l'usurpateur
Le cantique des anges excita le dépit de Satan. L'envie qui, depuis l'exaltation de l'homme, déchire ses entrailles, se réveilla plus terrible et lui fit pousser des cris de fureur.
S'il souffre à la vue d'une âme qu'il convoite et dont il ne peut s'emparer, combien sa douleur est plus cuisante quand il perd une proie qu'il avait sous la main !
Au coup qui venait de l'atteindre, il ne put contenir les transports de sa rage.
"Pourquoi me chasser de la demeure où je vivais en paix ? Pourquoi me priver du plaisir que j'avais à nuire ? Ne pouvais-je espérer en jouir quelques temps encore ? M'empêcher de perdre l'homme, c'est centupler mon enfer.
En quoi d'ailleurs cette âme mérite-elle de m'être préférée ? Quel titre peut-elle avoir aux prévenances de la miséricorde, quand je suis livré aux rigueurs de la justice ? Est-elle plus digne que moi du pardon ? Avait-elle péché moins souvent ou moins gravement ? Que l'on compte les fautes de Lucifer et qu'on les pèse. Que l'on rapproche des iniquités humaines ce léger mouvement d'orgueil !...
L'homme se rendra mille et mille fois coupable : toujours il obtiendra la grâce ; après une seule faute, Lucifer sera puni sans retour ! Où est l'équité ?"
A ce mot, les voix des esprits bienheureux et des âmes glorifiées s'unissent en une seule voix et, avec des éclats pareils à ceux de la foudre, répondent :
"Quand donc Satan s'est-il repenti ? Quant fit-il pénitence?" Confondu par ce reproche, Satan avait disparu.
Et, depuis sa glorieuse réhabilitation, j'aimai mon frère, celui dont je suis l'ange gardien, plus tendrement qu'avant sa chute.
D'après l'abbé G. Chardon, Mémoires d'un ange gardien, Librairie Catholique, Clermont-Ferrand, 1873.
Extrait de la revue "L'Ange Gardien", novembre-décembre 2008.
L'ange de l'abandon (3)
Le détachement serein est autre chose (...) que la maîtrise de soi. Celui qui y est parvenu n'a pas à garder sa contenance, car il occupe une position différente ; il n'est pas atteint tout au fond de lui-même par les mauvaises nouvelles. Comme il a renoncé à lui-même et à l'idée que sa vie devrait suivre tel ou tel cours, rien ne peut aussi facilement le déstabiliser. L'ange de l'abandon l'aide à considérer à distance d'ange tous les messages qui lui parviennent. Cela lui donne liberté intérieure et largeur de vue.
Certains s'acharnent dans des discussions orageuses ; ils pensent devoir en conscience défendre la vérité. Dans de telles discussions, ami lecteur, l'ange de l'abandon te montrera que la vérité ne réside pas dans les mots justes et les bons arguments, mais se situe sur un autre plan. Est vrai ce qui est exact, conforme à la réalité. Ce que nous tenons pour la vérité absolue ne fait souvent qu'exprimer nos propres projections. Nous nous faisons des images de la vérité, des images de Dieu. En elle-même, la vérité est insaisissable ; on ne peut la définir. Qui a compris ce qu'est au fond la vérité s'engage avec sérénité dans la discussion, non pas parce qu'il baisserait les bras, puisque nous ne pouvons pas la connaître, la vérité, mais parce qu'il sait que la connaissance que nous en avons est toujours relative, qu'il peut toujours y avoir plusieurs points de vue sur elle et qu'elle pourrait bien se trouver quelque part entre les parties antagonistes.
A la pensée calculatrice et qui veut toujours avoir raison, le philosophe Martin Heidegger a opposé le détachement serein face aux choses et l'ouverture au mystère : "L'un et l'autre ne peuvent procéder que d'une pensée née du cœur."
Je souhaite, ami lecteur, que l'ange de l'abandon dans la sérénité t'aide à ne pas concentrer toute ta pensée dans ta tête seule, et à écouter aussi ce que te dit ton cœur.
Anselm Grün, o. s. b., 50 anges..., Petit traité de spiritualité au quotidien, Albin Michel.
Extrait de la revue "L'Ange Gardien", novembre-décembre 2008.
La compagnie
Dans mon oratoire, j'ai ménagé une petite guérite pour mon ange gardien. La liturgie a une fête solennelle des anges gardiens ; dans mon siècle, nous étions habitués, dès l'enfance, à aimer et à prier notre petit ange gardien personnel.
On me dit que cette dévotion, comme beaucoup d'autres, est dévaluée et que les enfants, vers la septième année, perdent leur ange et ne le trouve plus ; si bien qu'ils haussent les épaules quand on leur en parle, ce qui fait qu'on ne leur en parle plus ; voyez-vous un aumônier de jeunesse spécialisée, dans l'industrie ou dans le sport, donnant à ses garçons des nouvelles de leur ange gardien ? Cependant, s'ils en ont un, même malgré eux, le silence ne l'escamote pas.
Quoi qu'il en soit, je tiens au mien. J'avoue que je l'avais longtemps traité comme de vieux amis dont on est sûr et que l'on néglige un peu, parce qu'ils se tiennent discrètement à leur place.
C'est une aventure fortuite qui l'a remis au premier rang de ma pensée et dans ma prière. Je me promenais dans un chemin creux et ombreux de ma campagne, quand j'ai rencontré, derrière un fourré et trois brebis, une vieille pliée en deux sur son bâton. Comme je dois reconnaître tout le monde, je lui ai dit :
- Bonjour, Catinelle.
Elle s'est redressée à moitié et m'a répondu :
- Bonjour, monsieur le Curé et la compagnie.
- Comment, grand-mère ? Je suis tout seul, où voyez-vous la compagnie ?
Elle s'est redressée entièrement, et j'ai vu son visage creusé de rides et ses yeux clairs encore beaux. Elle m'a dit gravement :
- Et l'ange gardien, qu'en faites-vous ?
- Mère, pardon. J'allais oublier l'ange gardien ; je vous remercie de me l'avoir rappelé.
J'avais reçu une fière leçon. Le peuple chrétien garde les traditions que les intellectuels abandonnent. Les sources ne se perdent pas, comme on le croit parfois ; elles descendent d'un étage dans le sous-sol.
Mgr Jean Calvet, Une fière leçon, La lumière de Complies.
Extrait de la revue "L'Ange Gardien", novembre-décembre 2008.
Des êtres pour la louange
Dès cette vie, nous nous rendons compte que le fond de l'être est fait d'amour et de désir de communion parce que le Dieu-Créateur et Rédempteur est une unité en Trois Personnes qui s'aiment infiniment.
Lorsque les "cieux nouveaux et la terre nouvelle" auront vu se dissoudre toutes les contradictions, les tentations, les chutes, les douleurs, les angoisses, la mort, comme des vapeurs dans le soleil du matin éternel, lorsque Satan sera défait pour toujours, nous serons finalement cette humanité déifiée qui "tel un flambeau de verre rayonnera comme un nuage frangé de l'or trisolaire" (P. Evdokimov).
Sur le versant de notre façon d'exister, l'Epoux vivra en nous et nous dans l'Epoux, dans une extase d'amour sans fin. Les noces seront finalement un accomplissement et une plénitude pour toujours.
Alors, en Dieu, nous connaîtrons aussi que les anges sont des créatures différentes de nous par nature, mais amoureuses comme nous de l'amour, que ce sont des êtres liturgiques, des êtres pour la louange. Nous rayonnerons les uns les autres de la splendeur de la gloire de Dieu et la puissance de la louange sera une énergie de joie sans fin. Nous avons soif de cela aujourd'hui. Dans l'épilogue de l'Apocalypse qui clôt l'entière Parole de la Révélation, nous lisons : "L'Esprit et l'Epouse disent : "Viens !" Que celui qui entend dise : "Viens !" et que l'homme assoiffé s'approche" (Ap 22, 17).
Face au Seigneur qui vient, au royaume qui se manifestera, à la joie qui explosera, il importe aujourd'hui d'être des assoiffés. Avoir soif de Dieu et l'aimer. Avoir soif de Dieu et le servir dans les frères. Avoir soif de Dieu et expérimenter la puissance de sa louange sur la terre, pour atteindre, demain, la plénitude de l'amour en louange éternelle.
C'est peut-être cela qui est le ministère le plus secret et le plus important des anges, qui sont nos frères de pur amour : nous aider à avoir soif, à canaliser notre soif, à lui donner un nom : "J'ai soif de Dieu, du Dieu vivant" (Ps 42,3 ; 62).
Maria-Pia Giudici, Qui sont les anges ? - Le ministère le plus important des anges, Nouvelle Cité.
Extrait de la revue "L'Ange Gardien", novembre-décembre 2008.
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