Juillet-Août 2006
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Sermon du Saint curé d'Ars pour la fête des Saints Anges Gardiens
L'édition des sermons du Saint Curé d'Ars en 4 volumes parue au début du XX° siècle n'a pas été rééditée. C'est bien dommage, car ces sermons sont autant de trésors à méditer, sur tous les thèmes abordés au long de l'année liturgique. Sur ce site figuraient déjà les sermons du Saint Curé sur la
Miséricorde Divine : il était tout naturel que celui qu'il dédia aux Saints Anges Gardiens, pour la fête du 2 octobre, figura ici.
Plusieurs entrées ce mois-ci :
- Une belle
lithographie : L'Ange Gardien, d'après un tableau de Henri De Caisne (1799-1852)
- De nombreuses photographies des
sculptures d'Anges du Calvaire de Pontchâteau
- Une
image d'Epinal : chanson dédiée à l'Ange Gardien
- Une
fresque de l'ensemble conventuel des Jacobins, à Toulouse : Ange musicien
Nouvelle occasion de vous remercier de tout coeur pour vos envois, qui permettent régulièrement l'enrichissement de cette rubrique !
Cette saison d'été est pour beaucoup une période de vacances : temps libre pour le repos, pour les promenades et les jeux en famille, pour la lecture... Temps libre aussi pour la prière ! Profitons-en pour y consacrer un peu plus de temps, et nous unir à celles et ceux qui ont envoyé à l'Association une intention particulière ou une action de grâces !
Le caractère des anges
Si nous voulions bien nous donner la peine de faire (...) le relevé complet de toutes les angélophanies (= manifestations, apparitions d'un ou de plusieurs anges) des Écritures, nous en recueillerions facilement une impression conforme au sentiment chrétien traditionnel en ce qui concerne les anges. (...) Leur caractère est clairement marqué dès le début et il ne change pas ; leur empressement à accomplir les ordres de Dieu égale leur pouvoir pour les mener à bien ; rien ne résiste à leur volonté et jamais ils ne faillissent. On parle toujours d'eux comme étant le bien de Dieu, et jamais leur avenir n'inspire la moindre crainte. Ils exécutent les commandements divins avec une fermeté implacable ; sans merci, lorsqu'ils sont envoyés comme ministres de la justice divine, et rien ne peut les détourner du cours de leur apparente sévérité. Ils se tiennent dans le rayonnement de la face de Dieu, mais en même temps la plus humble des choses de la terre est l'objet de leur sollicitude, par exemple lorsque Raphaël alla à la ville des Mèdes y trouver Gabäel pour lui remettre la reconnaissance de sa dette et en recevoir la somme due à Tobit (Tb 9). Jamais on ne dépeint les anges en lutte avec le démon : celui-ci est toujours vaincu par la force de leur seule présence. L'Écriture nous apprend encore qu'ils ne sont jamais ni tentés ni souffrants. Les étudier nous transporte dans un monde entièrement différent du nôtre, monde où la norme est une splendide richesse spirituelle, et où la déchéance morale ou mentale est inconnue. Cependant, chaque manifestation angélique rapportée dans la Bible ne nous apprend pas quelque chose de personnel sur l'un ou l'autre ange. Il existe à vrai dire une grande variété de ces êtres spirituels dans l'Écriture Sainte : il en est de plus importants, ou qui remplissent des missions dont les autres sont exclus. On ne saurait pourtant dire que nous apprenons beaucoup sur ces acteurs célestes de la scène de ce monde, tandis que nous apprenons à aimer, à admirer, à souffrir avec les acteurs humains tels que Moïse, Élie ou Paul, ou, par-dessus tout, le Christ lui-même. L'ange le plus voisin des sentiments humains est celui qui réconforta le Seigneur au cours de son agonie au Jardin des Oliviers : "Alors lui apparut du ciel un ange qui le fortifiait. Et se trouvant en agonie il priait plus instamment." (Lc, 22, 43)...
dom Anschaire Vonier, o.s.b., Les Anges, Éditions SPES, Paris.
Extrait de la revue "L'Ange Gardien", juillet-août 2006.
Préservation du mal moral
Le mal moral dont il est ici question, c'est le péché, c'est-à-dire l'offense faite à Dieu par nos désobéissances à sa volonté.
À vrai dire, le péché est le seul mal redoutable... C'est le péché qui creuse l'enfer... C'est le péché qui a renversé les plans de Dieu au jour de la création de l'homme... C'est le péché qui a été cause des souffrances et de la mort du Fils de Dieu... C'est le péché qui explique l'existence du purgatoire... C'est le péché mortel, qui rend ceux qui le commettent ennemis de Dieu, esclaves de Satan, dignes de l'enfer, sujets à toutes sortes de malédictions... "Ô mon Dieu ! s'écrie saint François de Sales, comment peut-il être qu'une âme raisonnable, qui a une fois savouré une si grande douceur comme est celle de l'amour divin, puisse jamais volontairement avaler les eaux de l'offense ?"
Pour nous préserver de ce grand mal qu'est le péché, que ne fait pas notre ange gardien ? Sans doute, à l'exemple de Dieu, il ne force point notre liberté. Si nous n'étions pas libres, quel mérite aurions-nous à éviter le mal et à faire le bien ? Et le tigre est-il coupable quand il dévore cruellement sa proie ?... Mais, tout en nous laissant libres, quels moyens notre ange gardien n'emploie-t-il pas pour éloigner de nous le péché ? Inspirations plus fortes, grâces plus nombreuses, occasions mauvaises écartées... Il ne néglige rien pour nous maintenir dans l'amitié de Dieu. N'est-ce pas là le sens de ces paroles de nos saints Livres : Ils te porteront dans leurs mains de peur que ton pied ne heurte contre la pierre (Ps 90, 12). Et si, rebelles à sa voix, nous commettons quand même le péché, oh ! qui nous dira le zèle qu'il déploie pour nous aider à sortir de l'abîme dans lequel nous sommes tombés ? Réussit-il ? Grande et profonde est sa joie. Comment pourrait-il en être autrement, puisque au témoignage de Notre Seigneur, il y a plus de bonheur au ciel, parmi les anges de Dieu (Lc 15, 10) pour un pécheur faisant pénitence que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de pénitence ?
d'après l'abbé P. Feige, adapté de L'Ange gardien, Pierre Téqui, 1910.
Extrait de la revue "L'Ange Gardien", juillet-août 2006.
Le lion infernal
Jour et nuit j'entendais le lion rugir et je le voyais rôder autour de nous avec une rage que rien ne pouvait apaiser. Il flairait une proie dont la présence ne cessait de rallumer en lui la soif du sang.
Les anges de Daniel et de plusieurs saints donnèrent aux bêtes fauves la douceur de l'agneau. Seule la bête infernale ne déposa jamais sa férocité.
Blessée par le chasseur, la panthère se retourne, l'oeil sanglant, et cherche son ennemi. Si elle ne peut le saisir, elle s'élance vers tout objet qui lui en offre la grossière image, et le déchire avec fureur.
Ainsi fait le démon...
Vivantes images de Dieu, âmes égarées sur la terre, tremblez !
Le démon savoure comme s'il était fait à Dieu le mal causé à l'homme. En détrônant Dieu d'un cœur, il lui semble qu'il le bannit du ciel.
Pour obtenir l'âme qu'il poursuivait, volontiers Satan eût abandonné une foule d'autres victimes. Il lui semblait que celle-ci lui en eût amené un plus grand nombre encore. Le vice eût trouvé, dans les charmes d'un bon naturel, un puissant moyen de se propager...
À son approche, je sentais la main du jeune homme serrer plus fortement la mienne, et je l'entendais me répéter : "Sauve-moi, je péris !".
Il ne périssait pas, car il craignait d'offenser Dieu. Cette crainte, mêlée de confiance, le retenait sous mes ailes et faisait son salut.
d'après l'abbé G. Chardon, Mémoires d'un ange gardien, Librairie Catholique, Clermont-Ferrand, 1873.
Extrait de la revue "L'Ange Gardien", juillet-août 2006.
L'ange des ténèbres
Si je te souhaite, ami lecteur, la compagnie de l'ange des ténèbres, ce n'est pas que je veuille que les ténèbres se fassent autour de toi, ni en toi. Ce que je souhaite, c'est qu'un ange te visite et t'accompagne quand tu es déjà dans les ténèbres. Il arrive que les ténèbres s'abattent sur nous contre notre volonté. Notre climat intérieur tout à coup s'obscurcit ; souvent, nous ne savons même pas d'où nous viennent des sentiments aussi sombres. Pensant à l'avenir, nous ne voyons plus qu'obscurité, que ténèbres ; nous ne savons plus où peut aller notre chemin. Face à notre amitié, à notre mariage, nous sommes comme devant un nuage noir. Tout nous semble gros de menaces. Nous avons peur de ne plus parvenir à sortir de ces ténèbres. Et si pour nous la foi était jusqu'alors une lumière qui éclairait le chemin, il peut se faire qu'elle aussi, même elle, s'obscurcisse, et que Dieu se dissimule derrière les ténèbres de notre cœur.
Bien des gens souffrent d'humeurs dépressives. La dépression répand les ténèbres sur toutes choses. On sent glisser entre ses mains tout ce qui faisait la joie de vivre ; on a l'impression d'être au fond d'un trou obscur, d'où l'on ne peut plus sortir. Dans ce trou, on perd jusqu'au contact avec sa propre existence. Il n'y a plus de sentiments, plus de sens, il ne reste que les ténèbres. La lumière de l'amour humain ne parvient plus jusqu'à nous. Les paroles les mieux intentionnées passent sur nous sans nous atteindre ; les mots de l'amour même s'affadissent. Les conseils que l'on voudrait nous donner restent sans effet. Toutes ces paroles, nous les entendons, mais nous ne les comprenons plus, elles ne nous disent plus rien, elles glissent sur nous. Souvent, ceux qui voudraient bien arracher l'autre à son trou ténébreux constatent qu'ils ne peuvent parvenir à aucun résultat. Il ne faut alors pas moins que l'intervention d'un ange, descendu du ciel vers ces ténèbres pour tendre la main à celui qui est plongé dans la nuit. (...).
Je souhaite, ami lecteur, que l'ange de la nuit te visite et t'indique les prochains pas que tu auras à faire pour sortir des ténèbres et avancer sur la voie de la liberté et de l'amour.
Anselm Grün, o.s.b., 50 anges..., Petit traité de spiritualité au quotidien, Albin Michel.
Extrait de la revue "L'Ange Gardien", juillet-août 2006.
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