Juillet-Août 2005
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La vérité sur les Anges
Selon le Credo professé par l'Eglise à la lumière de la Révélation, des êtres purement spirituels appartiennent à la création invisible. Ils ne font pas partie de l'univers visible, bien qu'ils y soient présents et agissants. Ils constituent un monde spécifique.
Aujourd'hui, comme aux temps passés, on discute avec une sagesse plus ou moins grande, sur ces êtres spirituels. Il faut reconnaître que parfois la confusion est grande, avec en conséquence le risque de faire passer à ce sujet comme foi de l'Eglise ce qui n'appartient pas à la foi, ou vice versa, négliger des aspects de la vérité révélée. L'existence des êtres spirituels, que l'Ecriture Sainte nomme habituellement anges, était déjà niée au temps du Christ par les Saducéens. Les matérialistes et les rationalistes de tous les temps la nient aussi. Cependant, comme l'observe avec pénétration un théologien moderne : "Si l'on voulait se libérer des anges, il faudrait revoir de façon radicale l'Ecriture Sainte elle-même, et avec elle toute l'histoire du salut". Toute la tradition est unanime sur cette question. Le Credo de l'Eglise est au fond un écho de ce que Paul écrivait aux Colossiens : "C'est en lui (le Christ) qu'ont été créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles : trônes, seigneuries, principautés, puissances ; tout a été créé par Lui et pour Lui". C'est-à-dire : le Christ qui, en tant que Fils, Verbe éternel et consubstantiel au Père, est "Premier-né de toute créature" ; Il est au centre de l'univers, comme cause et soutien de toute la création (…).
La référence au primat du Christ nous aide à comprendre que la vérité sur l'existence et l'action des anges (bons ou mauvais) ne constitue pas le contenu central de la Parole de Dieu. Dans la Révélation, Dieu parle tout d'abord "aux hommes (…) et s'entretient avec eux, pour les inviter et les admettre à la communion avec Lui". Ainsi "la vérité profonde (…) aussi bien sur Dieu que sur le salut de l'homme" est le contenu central de la Révélation qui resplendit plus pleinement dans la personne du Christ.
La vérité sur les anges est en un certain sens collatérale, cependant inséparable de la Révélation, qui est l'existence, la majesté et la gloire du Créateur lesquelles resplendissent dans toute la création visible et invisible et dans l'action salvifique de Dieu dans l'histoire de l'homme.
Jean-Paul II, Audience générale du 9 juillet 1986.
Extrait de la revue "L'Ange Gardien", juillet-août 2005.
Jésus nous le dit
Il est, dans le saint Evangile, une page touchante entre toutes, que nous allons méditer.
Ô Seigneur, puissions-nous bien profiter de cette méditation.
C'était peu après la Transfiguration. Notre Seigneur se trouvait dans la petite ville de Capharnaüm, sur le bord du lac de Génésareth. Il venait sans doute d'entrer sous le toit hospitalier d'une famille amie. Ses apôtres l'accompagnaient. Parmi eux, une vive discussion venait d'avoir lieu. Ils s'étaient demandés lequel devait être le plus grand dans le royaume de Dieu. Pour les ramener aux sentiments d'une vraie humilité, le divin Maître appela un petit enfant et, le plaçant au milieu d'eux, le leur proposa comme modèle.
Quelle scène délicieuse que celle-là ! Représentons-nous les apôtres… Ils sont étonnés… Contemplons ce petit enfant qui sourit gracieusement à Jésus… Voyons Jésus Lui-même reposant avec amour son regard sur ce cœur pur que le péché n'a pas souillé et dont les aspirations montent si naturellement vers le Ciel… Tout à coup, le visage du Sauveur s'assombrit… Sa pensée se porte sur ceux qui scandalisent et font tomber dans le mal les petits enfants… Il affirme qu'il vaudrait mieux pour eux qu'on leur attachât au cou une meule de moulin et qu'on les précipitât au fond de la mer… Puis, de ses lèvres divines, Il laissa tomber ces paroles : Prenez garde de mépriser un seul de ces petits. – Pourquoi donc, Seigneur ? – Ecoutons la réponse : Parce que, dit-Il, je vous le déclare, leurs Anges voient sans cesse dans le Ciel la face de mon Père qui est dans les Cieux (Mt 18, 10).
Au témoignage de celui qui a dit de Lui-même : "Je suis la Voie, la Vérité et la Vie" (Jn 14, 6), les petits enfants ont donc leurs Anges. (…) Pourquoi n'aurions-nous pas le nôtre ?
Ô Jésus, c'est avec reconnaissance et amour que nous recueillons sur tes lèvres ce consolant témoignage. Sois béni de nous l'avoir donné. Oui, chacun de nous peut dire : je crois à la présence de mon Ange gardien.
Abbé P. Feige, L'ange gardien, Pierre Téqui, 1910.
Extrait de la revue "L'Ange Gardien", juillet-août 2005.
L'ange de la miséricorde
Miséricordieux est celui dont le cœur est ouvert aux pauvres, aux orphelins, aux esseulés : à tous ceux qui appellent la pitié. C'est le sens même du mot latin misericordia. Mais avant d'ouvrir notre cœur aux pauvres, il nous faut d'abord l'ouvrir au pauvre, au malheureux que nous portons en nous-mêmes. Ce que nous devons apprendre en premier lieu, c'est à user de miséricorde envers lui. Quand les Juifs parlent de miséricorde, ils pensent au sein maternel : un Dieu miséricordieux nous porte avec amour dans son sein, comme une mère ; Il sait attendre que peu à peu, nous nous développions jusqu'à devenir conformes à l'image qu'Il s'est faite de nous. Quand la Bible évoque la pitié de Jésus envers les hommes, elle use souvent du mot grec splanchnizomai qui signifie "être saisi aux entrailles". Pour les grecs, les entrailles étaient le siège de la sensibilité vulnérable. La Bible connaît encore un autre mot pour désigner la miséricorde : éléos, la tendresse, la compassion.
User de miséricorde envers soi-même, c'est dons se témoigner une certaine tendresse, se traiter sans brutalité, sans colère, sans exigences excessives ; s'accepter en son cœur tel que l'on est devenu, un faible, un orphelin. Or bien souvent nous sommes très impitoyables envers nous-mêmes. Nous nous condamnons quand nous commettons une faute ; nous nous injurions quand une de nos affaires tourne mal. Nous portons en nous un juge sans pitié, un surmoi au cœur dur qui évalue toutes nos pensées, tous nos sentiments, et qui nous punit quand nous ne satisfaisons pas à ses exigences. Souvent, nous ne parvenons pas à nous imposer en face de ce juge trop sévère. Alors, nous avons besoin d'entendre Jésus nous parler d'un Père miséricordieux qui ne rejette pas le fils prodigue, mais fête au contraire le retour de celui qui s'était égaré et a retrouvé le chemin, qui était mort et a été rappelé à la vie. Nous avons besoin d'un ange de la miséricorde qui ôte son pouvoir au juge en nous et remplisse notre cœur d'un amour compatissant. Il ne suffit pas de décider par l'entendement et la volonté que nous allons être compatissants ; le surmoi tapi dans l'inconscient ne désarme pas. Pour le réduire à l'impuissance, il nous faut être habités par l'ange de la miséricorde.
Anselm Grün, o.s.b., 50 anges, Petit traité de spiritualité au quotidien, Albin Michel.
Extrait de la revue "L'Ange Gardien", juillet-août 2005.
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