Janvier-Février 2010
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Prions les uns pour les autres
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Recours à l'ange gardien de notre prochain
On raconte de saint François de Sales que, lorsqu'il était en chaire, après avoir récité l'Ave Maria, il faisait une longue pause et promenait ses regards sur tout l'auditoire. Un jour, un prêtre lui en demanda la raison. Il répondit : « Je salue les anges gardiens de tous mes auditeurs, et je prie chacun d'eux de préparer à mes paroles le cœur de celui dont il a la garde. » Et il ajouta : « J'ai reçu de très grandes faveurs par cette pratique. » Il avait également l'habitude d'invoquer l'ange gardien du diocèse où il se trouvait, des paroisses qu'il traversait.
Lorsque nous abordons une âme, que nous entrons en conversation, en rapport avec elle, pourquoi, à l'exemple du saint évêque de Genève, ne commencerions-nous pas par saluer et invoquer son bon ange ? Car enfin, si nous avons un ange toujours présent à nos côtés, cette âme aussi en a un qui ne la quitte jamais, et que la foi nous dit être doué, comme le nôtre, de perfections admirables. « Aimez et révérez, nous dit lui-même le même saint, les anges des personnes avec lesquelles vous vivez. »
Oh ! que d'avantages il y aurait pour nous dans la fidélité à cette pieuse pratique !
Tout d'abord ne voyons-nous pas qu'elle contribuerait puissamment à entretenir et à développer en notre âme un grand esprit de foi ? Cet esprit de foi est si nécessaire pour donner à notre vie une orientation toujours bien chrétienne, et la rendre méritoire devant Dieu !
De plus, elle nous aiderait à éviter tout ce qui pourrait porter atteinte au respect et à l'amour surnaturel que nous devons à notre prochain, en même temps qu'elle aplanirait les difficultés que nous rencontrons si souvent dans nos rapports avec nos frères...
Enfin, l'ange ainsi salué et invoqué, touché de cet hommage et de cette marque de confiance, nous sourirait avec amour, et il userait de son crédit auprès de Dieu pour nous obtenir les grâces dont nous avons besoin.
Ô mon saint ange gardien, rends-moi cette pratique familière et fais que j'en retire tous les avantages qui y sont attachés.
D'après l'abbé P. Feige, Adapté de L'Ange gardien, Pierre Téqui, 1910.
Extrait de la revue "L'Ange Gardien", janvier-février 2010.
Le foyer
Rarement la terre offre au ciel un spectacle plus beau que celui d'une famille innocente et pieuse.
Celle-ci était un Eden que nous, anges gardiens, avions mission de protéger contre l'esprit du mal, et notre zèle était l'épée de feu qui en défendait l'entrée.
Les époux se portaient mutuellement au bien. On les voyait ensemble à l'église, au tribunal de la pénitence, à la table eucharistique. Dans la joie et la douleur, durant le travail et le repos, un même esprit les animait. En eux la force et la grâce, la vertu et la piété se donnaient la main.
Le paradis qu'ils habitaient allait produire de magnifiques fleurs d'innocence.
À l'apparition d'un nouvel enfant, je voyais recommencer les scènes dont j'avais été autrefois le témoin et auxquelles j'avais pris une si douce part. La jeune âme nous était présentée par son ange. Il était heureux de se joindre lui-même à nous et d'entrer dans la famille. Famille nombreuse, anges nombreux.
Nous n'étions point des étrangers au foyer. On nous y apercevait par la foi. On semblait nous reconnaître et l'on s'entretenait avec nous. Nous étions souvent bénis, consultés, remerciés.
La familiarité de nos rapports était pleine d'avantages pour nos amis et sans inconvénients pour nous. Nous pouvions leur donner nos vertus sans aucun danger de contacter leurs défauts. Heureuse une telle amitié !
Leur société eut bientôt le caractère qui distingue celle des anges. Tout y reposait sur l'affection.
Par la charité le frère jetait sur les imperfections de ses frères un voile d'or à travers lequel n'apparaissait que le bien.
Le père et la mère mettaient leur bonheur dans leur dévouement, et leur amour ressemblait au nôtre ; ce qu'ils aimaient avant tout dans leurs enfants, c'était leur âme.
D'après Mgr G. Chardon, Mémoires d'un ange gardien, Librairie Catholique, Clermont-Ferrand, 1873.
Extrait de la revue "L'Ange Gardien", janvier-février 2010.
L'ange qui barre la route (1)
Dans le Livre des Nombres on lit l'histoire grotesque de Balaam, le devin, et de son ânesse. Balaq, le roi de Moab, prie le prophète Balaam de bénir son peuple et de maudire Israël, son ennemi, et lui promet une riche récompense. Balaam se met en route, mais apparemment sans avoir d'abord consulté Dieu. C'est alors que l'ange du Seigneur lui barre le passage, dans une intention hostile. L'ânesse voit l'ange en travers de sa route, brandissant son glaive, et elle s'écarte à travers champs. Balaam, lui, le prophète fameux, ne voit pas l'ange (...). Deux autres fois encore l'ange se met en travers de son chemin. La première fois, en essayant de l'éviter, l'ânesse rase un mur et y frotte le pied de Balaam ; la seconde fois, elle se couche ; chaque fois elle est brutalement battue par son maître. Alors le Seigneur ouvre la bouche de l'ânesse, qui dit à Balaam : « Que t'ai-je fait pour que tu m'aies ainsi battue par trois fois ? » (Nb 22, 28). Balaam ne semble nullement étonné que l'ânesse se mette à parler ; il accepte le dialogue et lui fait des reproches. C'est alors que le Seigneur ouvre les yeux de Balaam, qui voit « l'Ange de Yahvé posté sur la route, son épée nue à la main » (22, 31). Et l'Ange lui dit : « Pourquoi as-tu battu ainsi ton ânesse par trois fois ? C'est moi qui était venu te barrer le passage ; car moi présent, la route n'aboutit pas. » (22, 32).
Cet ange-là n'est pas amical et charmant ; il est de ceux qui suscitent l'effroi, qui se mettent en travers de notre chemin. Balaam, le grand devin, le prophète, ne reconnaît pas sa présence alors même que son ânesse, elle, le voit. L'intelligence ne voit pas l'ange qui nous barre la route pour nous protéger d'un malheur. L'ânesse, c'est l'instinctivité ; elle sait flairer l'ange. L'intelligence pense que nous devons absolument continuer d'avancer sur la voie que nous avons prise : être encore plus efficaces, planifier et organiser davantage ; mais le corps freine, il se met en grève. Certains alors se fâchent et le battent, au lieu de lui demander pourquoi il fait de l'opposition. Il faut à ce moment-là que Dieu lui-même donne la parole à notre corps pour que celui-ci puisse tenir un discours compréhensible. Le langage du corps, il n'est pas possible d'y rester sourd ; et plus nous contraignons notre corps, plus il se rebellera...
Anselm Grün, o. s. b., Chacun cherche son ange, Albin Michel.
Extrait de la revue "L'Ange Gardien", janvier-février 2010.
Notre ange gardien : comment s'appelle-t-il ?
Pourquoi désirez-vous tant connaître le nom de votre ange gardien ? Pensez-vous qu'il vous sera ainsi plus facile de vous adresser à lui ? Ou de l'entendre ? Ou encore d'être mieux exaucée de vos demandes ? Permettez-moi de répondre avec simplicité à ces questions : c'est totalement inutile.
Si l'Église nous a mis en garde depuis des siècles à ce sujet, ce n'est pas sans raison. Cette vaine curiosité ne peut en effet que nous amener sur un chemin dangereux, qui nous éloigne de la simplicité de la foi et de la confiance demandée par Notre Seigneur. N'a-t-il pas montré des enfants en exemple à ses disciples, en leur disant : « Si vous ne devenez pas comme des enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume des Cieux » ? Or que fait un enfant, lorsqu'il a une demande à faire à sa mère ou à son père ? Connaît-il leur prénom ? Non, bien sûr ! Il les appelle simplement « papa » et « maman », comme tous les enfants du monde appellent leurs parents...
Appliquons cet exemple à nos bons anges gardiens : appelons-les simplement « mon bon Ange », ou « mon doux Gardien », comme vous le voulez, de même qu'un petit enfant appelle ses parents « mon gentil papa » ou « ma tendre maman », sans connaître leur nom. Il se sait aimé, guidé par eux, protégé, et c'est bien la seule chose qui lui importe, n'est-ce pas ?
Faisons de même avec notre bon ange gardien, qui est là, toujours auprès de nous, pour nous guider, nous protéger, et nous mener par des chemins sûrs vers le Père qui l'a envoyé pour nous garder.
Appliquons donc ce précepte enseigné par Jésus, et ne nous en éloignons pas. Car il ne s'agit pas là d'un simple conseil, mais bien d'un avertissement, à prendre au sérieux.
Si nous nous attachons à ce chemin d'enfance spirituelle, de confiance simple en l'enseignement de Jésus, alors nous pourrons redire ces si belles et si sages paroles du Psaume 130 :
« ...Je tiens mon âme égale et silencieuse ; mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère...»
Jean-Claude Prieto, de la réponse à une correspondante demandant comment identifier son ange gardien.
Extrait de la revue "L'Ange Gardien", janvier-février 2010.
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