Les saints Anges gardiens

Nouveautés 2001


« Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux. »
(Mt 18, 10)





  Avril 2001

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Le 24 février dernier, nous avons mis en place sur ce site un court sondage pour nous permettre de mieux connaître d'une part vos préférences de navigation, et d'autre part les rubriques qui retiennent habituellement votre attention. Les réponses obtenues à ce jour permettent de dégager certaines préférences, mais sont-elles représentatives de l'ensemble des visiteurs de ce site, sachant qu'elles ne représentent qu'un pour cent des visites ? Pour les confirmer - ou les infirmer, une solution, une seule : participez, vous aussi, à ce sondage !
Un point semble acquis : vous êtes très attentifs à nos nouveautés mensuelles. Voici donc par le détail ce que nous vous proposons ce mois-ci...


  Premiers numéros de la revue

Cette rubrique s'enrichit peu à peu de nouveaux textes : nous vous proposons ce mois-ci des extraits des numéros de novembre et décembre 1891 : "L'Ange des Vocations" et "L'Ange de l'Ecole".


  Textes de référence

Voici les deux textes annoncés le mois dernier :
- Un extrait du "Mois des Saints Anges" du P. Enfantin (Lyon - Paris, Librairie catholique Emmanuel Vitte, 1905)
- Un extrait de "L'Ange et l'Homme intimes" du P. Ch. Sauvé (Paris, Vic et Amat, 1901)


  Sollicitude des Anges pour procurer le salut des élus

Sunt administratorii spiritus, in ministerium missi propter eos, qui hoereditatem copiunt salutis. Heb. 1,14.
Ils sont des esprits administrateurs, envoyés en mission en faveur de ceux qui sont appelés à l'héritage du salut.
Il n'y a point d'ami si désireux du bien de son ami que ne le sont les anges pour le salut des hommes. On dirait qu'ils sont tout yeux, tout cœur et toutes mains pour les secourir ; La conversion du Mexique nous en fournit des preuves fort remarquables. J'en rapporterai ici deux, dont l'une est extraite des chroniques de l'ordre de Saint-Dominique et l'autre de l'histoire de la Compagnie de Jésus.

Un père Dominicain fut conduit par son bon ange dans une localité du Mexique, qu'on nomme Cunen. Il y répandit les premières semences de l'Evangile avec beaucoup de succès. Dociles à la voix de Dieu, les habitants se montrèrent fort zélés pour s'instruire et empressés à demander le saint baptême. Un des principaux qui donna le branle à toute la population, fut un vieillard de soixante ans, qui avait toujours mené une vie intègre et conforme aux lumières de la droite raison.

Le missionnaire se mit donc à les instruire ; il leur découvrit la vanité exécrable des idoles et leur fit voir que Dieu seul était digne de leurs hommages. Sa prédication terminée, il voulut les interroger, et s'adressant d'abord au bon vieillard, il lui demanda s'il était bien résolu de ne plus adorer désormais les idoles. A cette question, le vieillard, témoignant sa surprise, éclata en un rire qui marquait je ne sais quel sentiment de dégoût. Le père lui en demanda la signification : Comment, dit-il, ne pas rire de votre demande, moi qui n'ai jamais adoré une idole de ma vie ? et vous craignez que j'en vienne là au moment où je me fais chrétien ? quand même vous m'ordonneriez cet acte sacrilège, je n'y consentirais pas. - Surpris et émerveillé d'une réponse si nette, le missionnaire reprit : Comment se fait-il que vous n'ayez jamais été adorateur des idoles, tandis que tous vos compatriotes et vos parents n'ont pas d'autres cultes ? par amour ou par force, vous avez certainement été conduit au temple des faux dieux. - Cela est vrai, répliqua le vieillard ; ils ont employé à mon égard prières et menaces et même ils m'ont accablé de mauvais traitements pour me contraindre ; mais toujours j'ai résisté fort et ferme, bien résolu de perdre plutôt la vie, que de fléchir le genou devant une idole. - L'étonnement du père était à son comble. Il pensa avec raison que ce vieillard avait été favorisé d'une grâce spéciale du Ciel. Il lui demanda par quel motif il avait pu résister si généreusement. Alors le vieillard lui raconta son histoire en ces termes :

J'étais un enfant de six ou sept ans. Un jour deux jeunes étrangers vinrent m'accoster ; L'un d'eux, qui se tenait à ma gauche, avait un visage si noir et si affreux, que je ne pouvais le regarder sans horreur et sans effroi ; l'autre qui se plaça à ma droite avait un aspect si beau et si gracieux que sa seule vue me ravissait hors de moi. Le premier m'inspirait des malices abominables et m'engageait à adorer les dieux de ma patrie ; mais l'horreur qu'il m'inspirait, m'empêcha de prêter l'oreille à ses suggestions ; Le second ne m'entretint que des amabilités de la vertu ; il m'avertit de ne point vénérer les idoles, parce qu'elles sont les images du démon, ennemi du genre humain et auteur de tout mal. J'obéis sans difficulté aux conseils de ce dernier, parce que je l'aimais beaucoup ; Je m'efforçais d'accomplir toutes ses recommandations, d'autant plus qu'il me témoignait une extrême bienveillance, et que dans mes peines, il me donnait de la consolation et de la joie. Mes parents me menaçaient et me battaient pour me forcer à adorer les dieux ; lui au contraire, m'apparaissant avec un air de compassion, m'encourageait en me disant : souffre de bon cœur cette peine jusqu'à ce qu'il vienne dans ton pays des prêtres, vêtus de blanc, qui te feront connaître le vrai Dieu et la vraie religion. Tu ajouteras une créance entière à leurs discours, et tu garderas leurs enseignements, si tu veux venir avec moi au ciel, pour jouir de l'éternelle béatitude. Voilà ce qu'il avait coutume de me dire ; A votre arrivée dans ce pays, il s'est éloigné de moi, et m'a laissé entre vos mains. Maintenant, voyez si je voudrais adorer les idoles, après avoir reçu le saint baptême, moi qui les ai toujours abhorrées et détestées.

Mes lecteurs ont déjà compris que ce personnage hideux était l'ange des ténèbres, tandis que le gracieux jeune homme était l'ange de lumière. Ce dernier n'abandonna son protégé, que lorsqu'il l'eut mis dans la voie véritable du salut. Remarquons aussi avec quelle fidélité ce bon gardien observa la recommandation que fit le Seigneur à son peuple dans l'exode : Voici que je vous enverrai un ange, pour vous précéder et vous garder dans le chemin, et pour vous introduire dans la terre que je vous ai promise ; respectez-le, et écoutez sa voix : Ecce ego mittam angelum meum, qui proecedat te, et custodiat in via, et introducat in locum, quem paravi : Observa eum, et audi vocem ejus. (Cap. 23,2).

Un ange excita de même Jean Carera, coadjuteur de la Compagnie de Jésus, au Mexique, non pas précisément à refuser ses hommages aux idoles, mais à les rendre avec ferveur au Dieu véritable. Ce bon frère était éveillé chaque matin, au moment convenable, par son ange gardien qui, lui apparaissant sous la figure d'un beau jeune homme, l'appelait par son nom, afin qu'il se levât promptement pour faire oraison et adorer la divine Majesté. Aussi obéissait-il sans le moindre retard, et alors, entrant dans les sentiments du prophète, il disait à Dieu : Seigneur, je vous chanterai en présence des anges, je vous adorerai dans votre saint temple, et rendrai gloire à votre nom. In conspectu angelorum psallam tibi : adorabo ad templum sanctum tuum, et confitebor nomini tuo (Psal. 137,2). Une fois pourtant, il céda quelque peu à l'inclination de la nature, et négligea de se lever aussitôt qu'il fut appelé, si bien qu'un reste de sommeil le surpris, et il se rendormit. Cette paresse déplut à son vigilant gardien, parce que c'était enlever à Dieu les prémices du jour. Il l'en punit donc rigoureusement, selon cette loi, qu'on doit être châtié par là où l'on a péché. Per quaepeccat quis, per haec et torquetur (Sap. 11,17). En effet, pendant quelques jours, il cessa de l'éveiller selon la coutume, en sorte que le sommeil devint la punition du sommeil même. Le bon frère reconnut son tort, et comprit que les esprits célestes, qui sont si vigilants et si prompts à exécuter les ordres de Dieu, demandent de nous une vigilance et une promptitude semblables. Vivement repentant de sa faute, il s'efforça par d'humbles prières et des austérités redoublées, de fléchir la juste indignation de son ange, et de mériter qu'il lui continuât par pitié ses bons offices. Enfin il fut exaucé. Son ange revint, plein de sérénité et d'affabilité, le réveiller comme auparavant. Il lui témoigna même une tendresse et une familiarité si grandes, qu'ils semblaient être deux amis. Cette bonté engagea le frère à communiquer tous ses doutes à son ange, et à lui demander conseil dans les rencontres difficiles, par exemple, pour savoir quels moyens il devait prendre pour ramener les Indiens à la vertu. Son ange daignait lui répondre à tout ; il lui apprenait quand il devait user de douceur, et quand il devait recourir à la sévérité. En résumé, comme remarque l'historien à qui nous empruntons ce récit, l'ange gardien du frère Jean était tout à la fois son excitateur, son avocat, son conseiller, et son maître : Angelo utebatur tamquam excitatore, advocato, consultore et magistro.

P. Dominicus Maria Marchesius, in Diar. Dominicano, 31 jul., In Vita V. Pat. Et Ep. Bartholomoei Casovi. - P. Jo. Rho. S.J., Par. Virt. Hist., l.3 de Rel., c.4.

P.G. Rossignoli - Extrait de Les Merveilles divines dans les Saints des temps modernes, Paris - Leipzig, Casterman - Tournai, 1867.


  La foi de l'Eglise

La foi de l'Eglise sur les saints anges remonte à son berceau ; elle l'a reçue des apôtres qui croyaient sur ces intelligences célestes ce que nous croyons aujourd'hui. Pour nous en convaincre, nous n'aurions qu'à ouvrir les Actes des apôtres, le livre de l'Apocalypse, les épîtres de saint Pierre et de saint Paul.
Ce dernier, revenu du troisième Ciel, nous révèle en quelques mots le plan divin de la création. " Dieu donc, nous dit l'Apôtre inspiré, a créé deux mondes : l'un céleste et invisible, l'autre terrestre et visible ; et ces deux mondes ont chacun leurs habitants. Les habitants invisibles des cieux sont les Trônes, les Dominations, les Principautés, les Puissances, c'est-à-dire les esprits angéliques. "
Aussi l'Eglise, qui a reçu de son divin fondateur et des apôtres, ses premiers pasteurs, le dépôt sacré de la doctrine pour l'enseigner à tout homme venant en ce monde, a dû proclamer la vérité sur la question des anges comme elle l'a fait pour toutes les autres questions de la foi. Le quatrième concile de Latran a dit que " Dieu, par sa toute-puissante vertu, a créé de rien, au commencement des temps, l'une et l'autre créature, la spirituelle et la corporelle, c'est à dire l'angélique, et l'humaine ensuite " ; et le Catéchisme du concile de Trente dit : " Dieu créa de rien la nature spirituelle, et des anges sans nombre pour lui servir de ministres et assister devant lui ".
La croyance de l'Eglise sur la multitude des anges se fonde sur ce qu'en rapporte la sainte Ecriture. Le prophète Daniel, dans une vision où Dieu lui laissa entrevoir sa divine majesté, vit mille milliers de ces esprits célestes qui servaient le Seigneur... Saint Jean dans l'Apocalypse, nous dit qu'il entendit la voix d'une multitude d'anges.

P.N. Josserand, éd., Méditations sur les saints Anges, 1867.
Extrait de la revue L'Ange Gardien de mars-avril 2001


  Fonction des Anges

Les Anges, purs esprits, intermédiaires entre l'Etre pur et la Création matérielle, répartis selon leur dignité en neuf ordres superposés et interdépendants, sont essentiellement des ministres, c'est-à-dire des serviteurs.
Je dis qu'ils sont essentiellement des serviteurs, car deux choses sont des obstacles au service - ou une difficulté extérieure, ou une ignorance intérieure qui ne peuvent être chez de purs esprits, et parfaits suivant leurs espèces, autrement que par une transgression de l'ordre propre auquel ils sont assignés. Satan le premier dit : Je ne servirai pas.
Quel est le service administré par les Anges ? Il est double : ils servent Dieu et ils servent aux autres créatures.
Dieu étant parfait et à lui-même suffisant n'a proprement besoin d'aucun service. Mais étant infini, pour produire un effet fini, il lui convient d'employer un moyen fini, une créature qui lui joue en quelque sorte la limite, qui lui serve en temps que limite et, en ce sens, de fin. C'est ainsi que le soleil n'a pas besoin de prisme pour être soleil, mais il en a besoin pour être couleur.
Servir Dieu en ce sens, c'est le fixer en soi, le conserver ("servare") en transformer la vertu du général au particulier : accepter pleinement ce qu'il donne suivant la disposition ou construction établie par la Providence, rendre pleinement ce qu'Il demande.

Paul Claudel, Présence et Prophétie, Ed. Université de Fribourg, 1942.
Extrait de la revue L'Ange Gardien de mars-avril 2001


  Veiller chacun sur une âme

Depuis le jour où il me fut donné que je serais ange gardien, je brûlais d'impatience. Il me tardait de partir et d'aller sur la terre exercer la miséricorde. Au ciel, je ne pouvais goûter ce bonheur. Toutes les larmes y sont essuyées, tous les périls évités, tous les travaux finis. La terre offrait à mon zèle un vaste champ. Les misères y abondent : c'est leur pays propre et leur lieu natal. Le Créateur nous avait donné l'exemple de la compassion, en visitant, après leur chute, les hommes pécheurs. Les Anges s'étaient précipités à sa suite et couraient dans la voie qu'il leur avait tracée. " Sauver une âme ! disaient-ils, rendre à jamais heureuse, une créature intelligente et sensible, donner à Dieu un adorateur de plus pour l'éternité, nous préparer pour la patrie, un ami fidèle et reconnaissant : quel privilège ! Notre félicité n'en sera-t-elle pas accrue, au sein même des infinis délices ? ".
L'Incarnation mit le comble à cette charité. En élevant les âmes à une dignité nouvelle, elle fit naître au cœur de leurs célestes gardiens un nouvel amour. Dieu avait, dès le commencement, distribué leurs rôles aux purs esprits : aux uns de procurer le bien général des hommes ; aux autres, de veiller chacun sur une âme. J'étais de ces derniers. A l'apparition d'une âme que Dieu seul voyait dans l'avenir devait commencer mon ministère. En quel temps, dans quel lieu, sous quels auspices allait-elle paraître ? Je l'ignorais. Sans la connaître, déjà je l'aimais, et mon affection ne cessait de grandir à mesure qu'approchait le terme désiré. Quand un enfant naissait sur la terre, j'accourais au trône de Dieu, et, comme chacun de mes frères, je m'empressais de lui dire : " Sera-ce moi, Seigneur, qui aurai l'honneur de le conduire en son pèlerinage ? ".

Abbé G. Chardon, Mémoires d'un Ange Gardien, Clermont-Ferrand, 1873.
Extrait de la revue "L'Ange Gardien" de mars-avril 2001.

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