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Le 19 juillet 1870, l’Empire français de Napoléon III déclare la guerre au royaume de Prusse du chancelier Bismarck. Les troupes françaises, mal préparées et en infériorité numérique, subissent plusieures défaites dès le mois d'août sur le front est. Napoléon III, encerclé et capturé à Sedan, capitule le 2 septembre. |
Le 4 septembre, alors que la foule a envahi le palais Bourbon, Léon Gambetta (1838-1882) annonce la chute de l'Empire, et part à l'Hôtel de ville proclamer le retour de la République. Le gouvernement de la Défense nationale aussitôt formé, sous la présidence du général Trochu (1815-1896), décide de poursuivre la guerre. Léon Gambetta accapare le ministère de l'Intérieur. |
Le 19 septembre, l'armée prusienne met le siège devant Paris et ses premières troupes arrivent à Versailles. Le 7 octobre, Gambetta quitte la capitale en ballon, afin d'organiser la résistance en province. |
La bannière du Sacré-Cœur Les zouaves pontificaux français ont du quitter l'Italie après la chute de Rome le 20 septembre. Décidés de rentrer pour « servir la France », ils arrivent à Toulon le 27, commandés par le lieutenant-colonel Athanase de Charette (1832-1911). Celui-ci parvient à rejoindre Tours le 30 septembre, où il reçoit l'autorisation de former un corps franc avec les zouaves pontificaux, rattachés à l'armée régulière. On leur impose alors le nom de « Volontaires de l'Ouest ». Pendant ce temps, l'Abbé Victor de Musy (1827-1897) et le vicomte Louis de Montagu ont fait exécuter fin septembre, à leurs frais, par les religieuses de la Visitation de Paray-le-Monial, une bannière frappée du Sacré Cœur portant l'invocation : « Cœur de Jésus, sauvez la France ». Celles-ci l'ont déposée sur le tombeau de la Bse Marguerite Marie, et l'ont adressée au "saint homme de Tours", M. Léon Papin Dupont (1797-1876). Le 7 octobre, Athanase de Charette vient retrouver sa belle-mère, la duchesse de Fitz-James (*) - qui est venue le rejoindre à Tours avec ses deux jeunes enfants - pour lui annoncer la nouvelle de sa nomination à la tête des Volontaires de l'Ouest. Léon Papin Dupont est présent à l'hôtel lors de ces retrouvailles, et s'adresse aussitôt à lui : « Je viens de recevoir des religieuses de Paray-le-Monial un étendard avec les insignes du Cœur de Jésus. Elles me demandent de le faire parvenir à Paris au général Trochu, et, si cela est impossible, de le remettre soit au général Cathelineau, soit à un des commandants des forces de l'Ouest. Colonel, votre nomination, le hasard qui m'amène ici en ce moment, sont providentiels. C'est à vous que revient de droit le drapeau du Sacré-Cœur. »Charette accepte avec enthousiasme. Le lendemain, il se rend en famille à l'oratoire de M. Dupont, qui lui dévoile la bannière. Les Carmélites de Tours brodent au revers l'invocation « Saint Martin, Protégez la France », et la bannière est portée sur la tombe de Saint Martin où elle reste toute la nuit. Charette l'emporte avec lui le lendemain, 8 octobre, jour de l'arrivée des 300 zouaves à Tours. Source : Jacques de la Faye, Le général de Charette, Paris, Bloud et Gay, 1918 (pp.254-261). (*) : Athanase de Charette de La Contrie était marié en première noces (1862) à Antoinette Marie Fitz-James Stuart (1837-1865), dont il eut deux enfants, Henriette (1863-1889) et Athanase (1865-1885). En seconde noces il épousa en 1877 Antoinette Van Leer Polk. |
Le 24 novembre, Gambetta nomme le général Gaston de Sonis (1825-1887) à la tête du 17ème corps d'armée. A ce corps d'armée sont rattachés les « Volontaires de l'Ouest », commandés par le colonel Athanase de Charette. Au sud d'Orléans, l'Armée de la Loire a été créée par Gambetta. Remontant vers Paris, elle fait halte le soir du 1er décembre 1870 au nord d'Orléans, à 15 km de Patay (où les troupes du roi Charles VII, accompagnées par Jeanne d'Arc, furent victorieuses des armées anglaises le 18 juin 1429), au village de Loigny. Le front s'étend alors sur 10 km, autour de Loigny - Lumeau - Poupry, Tanon (Tillay-le-Péneux) et Baigneaux, le château de Goury et Terminiers. Vont s'y affronter dès le matin du 2 décembre quelques 40.000 Français et 35.000 Allemands. |
Les scapulaires du Sacré-Cœur Les zouaves des « Volontaires de l'Ouest » portent nombreux sur leurs vêtements militaires de petits scapulaires du Sacré-Cœur que leur a distribués le Père Marin de Boylesve (1813-1892). « Tous les soirs à Notre-Dame de Sainte-Croix, je donnais la bénédiction du Saint-Sacrement aux zouaves pontificaux, volontaires de l'Ouest. Après une courte allocution, je leur distribuais de petits Sacrés-Cœurs en laine, qu'ils cousaient à leur vêtement militaire et qu'officiers et soldats portaient ostensiblement sur leur poitrine. |
Ce n'est qu'au cours de l'après-midi, alors que Loigny a été incendié par les troupes prussiennes, et que le 37ème Régiment de Marche est encerclé dans le cimetière, que le 17ème Corps du général de Sonis apparaît sur le champ de bataille. L'artillerie ennemie a décimé les rangs français, et nombreux sont les soldats qui fuient les combats. Le général de Sonis lance alors la charge à la tête de 800 hommes, dont 300 Volontaires de l’Ouest, le colonel de Charette à leur tête. Henri de Verthamon (1833-1870) tient haut la bannière du Sacré Cœur, et les Zouaves s’élancent au cri de : « Vive la France ! Vive le Sacré-Cœur ! » |
Ces deux grands tableaux de Lionel Royer se trouvent exposés dans l'église de Loigny-la-Bataille. « Avant la Bataille », Chapelle latérale, côté de l'Epître : « La Communion suprême des Zouaves à Saint-Péravy-la-Colombe », et « Après la Bataille », Chapelle latérale, côté de l'Evangile : « Sonis étendu dans la neige, la tête sur la selle de son cheval, protégé et consolé par la Vierge ». Saint-Péravy-la-Colombe est un village du Loiret, situé à 16 km au sud de Loigny. |
Les troupes prussiennes sont un temps bousculées, ce qui permet au reste de l’armée de se retirer sans pertes, mais la charge est vouée à l'échec. Henri de Verthamon est mortellement blessé (il décèdera le 7 octobre), et la bannière va passer successivement entre les mains du sergent-major Jules de Traversay, du Comte Fernand de Bouillé, de son fils Jacques, de son gendre le caporal Edouard Cazenove de Pradines, de Le Parmentier... chacun à leur tour tombant sous les balles ennemies. Elle sera finalement récupérée sur le champ de bataille par le sergent Landeau, qui la rapportera à Loigny. On peut la voir aujourd'hui au Musée de la Guerre 1870 de Loigny-la-Bataille. |
Le général de Sonis et le colonel de Charette ont été tour à tour blessés, et au soir de la bataille, près de 9000 tués ou blessés gisent à terre. Partis 300, les zouaves Pontificaux laissent sur le champ de bataille 198 des leurs, tués ou blessés, dont 10 officiers sur 14. |
Le bois qui fut le théâtre de ces combats sanglants porte aujourd'hui le nom de « Bois des Zouaves », au milieu duquel s’élève le monument du Sacré-Cœur. |
Le 18 janvier 1871, l’Empire Allemand est proclamée dans la galerie des glaces de Versailles, où 600 officiers et tous les princes allemands sont réunis (sauf Louis II). Le 28 janvier, un armistice de vingt-et-un jours est signée. Gambetta, qui souhaite contre l'avis du gouvernement poursuivre les combats, démissionne le 6 février. Le 28 février, les préliminaires de paix sont adoptés, et le 10 mai, le traité de Francfort règle la fin du conflit : l’Alsace et la Moselle sont annexées et la France doit régler une amende de 5 milliards de Francs-or. Sur ce sujet : Le conflit Franco-Prussien 1870-1871 - L'Armée de la Loire |
Le 28 mai 1871, veille de la Pentecôte, les zouaves pontificaux rescapés du conflit franco-prussien et Athanase de Charette – général depuis le 17 janvier - se réunissent une dernière fois dans la chapelle du grand séminaire de Rennes. Au cours de la célébration eucharistique, devant l'étendard du Sacré-Cœur qui a accompagné leurs combats, Mgr Daniel, aumônier en chef, prononce en leur nom l'acte de consécration qu'a rédigé à cette intention le général Gaston de Sonis. « Ô Jésus, vrai Fils de Dieu, notre roi et notre frère, rassemblés tous ici aux pieds de vos autels, nous venons nous donner pleinement à vous et nous consacrer à votre divin Cœur. Vous le savez, Seigneur, nos bras se sont armés pour la défense de la plus sainte des causes ; de la vôtre, Seigneur, puisque nous sommes les soldats de votre Vicaire. Vous avez permis que nous fussions associés aux douleurs de Pie IX, et qu'après avoir partagé ses humiliations, nous fussions violemment séparés de notre Père. Mais, Seigneur, après avoir été chassés de cette terre romaine, où nous montions la garde au tombeau des saints Apôtres, vous nous prépariez d'autres devoirs, et vous permettiez que les soldats du Pape devinssent les soldats de la France. Nous avons paru sur les champs de bataille armés pour le combat. Votre Cœur adorable, représenté sur notre drapeau, abritait nos bataillons. Seigneur, la terre de France a bu notre sang, et vous savez si nous avons bien fait à la patrie le sacrifice de notre vie. Beaucoup de nos frères sont morts. Vous les avez rappelés à vous, parce qu'ils étaient mûrs pour le ciel. Mais nous, nous restons, et nous ignorons le sort que vous nous réservez. Faites, mon Dieu, que la vie que vous nous avez laissée soit tout entière consacrée à votre service ; nous portons tous, sur notre poitrine, l'image de votre Sacré-Cœur, faites que tous nos cœurs en soient l'image encore plus vraie. Rendez-nous dignes du nom de soldats chrétiens. Faites que nous soyons soumis à nos chefs, charitables pour le prochain, sévères pour nous-mêmes, dévoués à nos devoirs et prêts à tous les sacrifices. Faites que nous soyons purs de corps et d'âme ; qu'ardents dans le combat, nous devenions tendres et compatissants pour les blessés. 0 Jésus, dans les dangers et dans les souffrances, c'est de votre divin Cœur que nous attendons notre plus puissant secours. Il sera notre refuge lorsque tous les appuis humains nous manqueront, et notre dernier soupir sera notre dernier acte d'espérance dans sa miséricorde infinie.Et le général de Charette prononce à son tour la consécration ci-dessous : « A l'ombre de ce drapeau, teint du sang de nos plus chères victimes, moi, général baron de Charette, qui ai l'insigne honneur de vous commander, je consacre la légion des Volontaires de l'Ouest, les zouaves pontificaux, au Sacré-Cœur de Jésus ; et avec ma foi de soldat, je dis de toute mon âme, et vous demande de le dire tous avec moi : "Cœur de Jésus, sauvez la France !" »Consécrations au Sacré-Cœur du 28 mai 1871, in R.P. X. de Franciosi, La Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus et au Saint-Cœur de Marie, Nancy, Le Chevallier Frères, 1885. |
On reverra encore la bannière du Sacré-Cœur lors du pèlerinage des zouaves à la basilique Montmartre à Paris le 17 juin 1889. En ce même temps, une vaste association de prières organisée pour le salut de la France, la Ligue de l'Ave Maria, aura adopté comme emblème le drapeau de Loigny (ci-dessus à gauche). Cet épisode de la guerre de 1870 sera repris dans de nombreux dessins publiés jusqu'au début du XXe siècle. |
Le Sacré-Coeur de Jésus Deux mille ans de Miséricorde Le recueil qui est reproduit dans les pages du dossier ci-dessous avait trouvé un éditeur, Téqui, en juin 2008. Une version considérablement enrichie, et actualisée jusqu'en juin 2019, est désormais disponible à la vente chez le même éditeur depuis le 4 décembre 2019, en ligne sur son site internet ICI. Merci de faire connaître autour de vous la nouvelle version de ce travail, augmentée de plus de 200 pages par rapport à la première édition. « Les personnes qui propageront cette dévotion, auront leur nom inscrit dans mon Cœur, et il ne sera jamais effacé. » (11ème promesse du Sacré-Coeur à sainte Marguerite-Marie) |