Exposition
sur l'histoire et l'actualité de
la dévotion au Sacré-Coeur de Jésus



Panorama des thèmes présentés dans cette exposition

Jusqu’au XVIIe siècle - XVIIe siècle - XVIIIe siècle - XIXe siècle - XXe siècle - Thèmes généraux

  • Les apôtres du Sacré-Cœur : St L.-M. Grignion de Montfort, Anne-Madeleine Remuzat, Bx Bernardo Francisco Hoyos...
  • Bibliophilie : P. Croiset, P. Froment, P. Gallifet, P. Languet... frontispices et gravures
  • Confréries : Associations et Confréries du Sacré-Coeur
  • La peste de Marseille (1720) : Anne-Madeleine Rémuzat et Mgr de Belsunce
  • Les guerres de Vendée (1793) : insignes d’époque, décrets, gravures, …
  • Les sauvegardes : Anne-M. Rémusat à Marseille, Marie-Anne Galipaud à Nantes, …

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Au XVIIIe siècle :
de St L.-M. Grignion de Montfort à Madame Elisabeth

Saint Louis-Marie Grignion de Montfort (1673-1716)



L.J. Biton Ed., St Laurent sur Sèvre



Portrait du XVIIIe siècle
Conservé à la clinique des
Filles de la Sagesse à Rennes


Louis-Marie Grignion de Montfort (1673-1716) et Marie-Louise Trichet (1684-1759) ont fondé en 1703 à Poitiers les Filles de la Sagesse, de spiritualité missionnaire apostolique et mariale.
Ordonné prêtre en 1700, le Père de Montfort répand tout au long de son ministère dans l'ouest de la France, en Bretagne, en Poitou et en Vendée, la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus à laquelle il joint celle au Saint-Cœur de Marie. Il a en particulier composé six Cantiques au Sacré-Cœur, d'une trentaine de strophes chacun, qu'il a dédiés aux religieuses de la Visitation.

« Oh ! que Jésus est libéral
A sa Mère très pure !
Il met dans son sein virginal
Sa grâce sans mesure ;
Son Cœur est son trône royal
Et sa demeure sûre.

Tandis qu'il est tout attaché
A son sein sans partage,
Dans lequel le moindre péché
N'a fait aucun ravage,
Il y peint, sans être empêché,
Sa véritable image.

Leurs Cœurs unis très fortement,
Par des liens intimes,
S'offrent tous deux conjointement
Pour être deux victimes,
Pour arrêter le châtiment
Que méritent nos crimes.

Dans ce mystère, les élus
Ont reçu leur naissance ;
Marie, unie avec Jésus,
Les ont pris par avance,
Pour avoir part à leurs vertus,
Leur gloire et leur puissance.

Que ce mystère est merveilleux !
Quels transports admirables !
Quels ravissements bienheureux
De ces deux Cœurs aimables !
Nous ne verrons que dans les cieux
Ces secrets ineffables.

Ils semblent tous deux confondus :
Que l'alliance est belle !
Marie est toute dans Jésus,
Son amant très fidèle ;
Ou pour mieux dire, elle n'est plus,
Mais Jésus seul en elle.

Allons tous entre ces deux Cœurs
Faire fondre nos glaces,
Participer à leurs ardeurs,
Leurs vertus et leurs grâces ;
Allons ! Ils aiment les pécheurs :
Nous y trouverons places. »

« Jésus vivant en Marie dans l'Incarnation », extrait, in La Mission providentielle du Bienheureux Louis-Marie Grignion de Montfort dans l'enseignement et la propagation de la parfaite dévotion à la Sainte Vierge, comme préparation au grand règne de Jésus et de Marie dans le monde, Abbé J.-M. Quérard, Sherbrooke, Séminaire Saint Charles Borromée, 1898.
Louis-Marie Grignion de Montfort (1673-1716) fonde en 1705 la Compagnie de Marie, dite des Pères monfortains, missionnaires. Il en existe aujourd'hui plus de 1.000 membres établis dans 35 pays.
il a été canonisé le 20 juillet 1947 par Pie XII, et Marie-Louise Trichet béatifiée en 1993 par Jean-Paul II.




Anne-Madeleine Remuzat (1696-1730)


Anne-Madeleine Remuzat est une religieuse visitandine, qui a prononcé ses vœux définitifs au premier monastère de la Visitation de Marseille le 23 janvier 1713. Le 17 octobre suivant – au jour anniversaire de la mort de sainte Marguerite-Marie – le Christ lui donne mission de travailler à la gloire de son Cœur divin. Commence pour elle une période de souffrances et de prières. Trois ans plus tard, elle est favorisée d'une vision de la Sainte Trinité, au cours de laquelle le Christ confirme sa mission relative à son Cœur divin :

« Un jour, après l'office de none, j'eus un sentiment de présence de Dieu si fort que, ne pouvant le soutenir, je fus contrainte de me mettre à genoux pour adorer cette divine présence. Je fus en même temps investie de la gloire qui environne le trône de la majesté de Dieu. Cette vue m'ayant comme enlevée à moi-même, et fait perdre le sentiment, je me trouvai par cette espèce de mort extérieure disposée à recevoir avec moins d'obstacles de ma part les biens qui m'étaient destinés. Il me fut dit alors que les trois Personnes de l'adorable Trinité désiraient ardemment de contracter avec moi une union que rien au monde ne serait capable de rompre, et qu'elles me demandaient pour cela mon consentement. A ce mot d'union je sentis que tout mon être se fondait pour ainsi dire, et s'allait perdre dans cet Etre immense qui voulait se rendre mon tout. L'accablement et la confusion ne me permettant pas de parler, je consentis à tout par mon silence ; mais je le rompis enfin pour prier ces trois adorables Personnes de faire en sorte que mon indignité ne mît point obstacle aux richesses dont elle voulait me remplir. Je m'occupai ensuite à adorer les abaissements d'un Dieu dans mon âme criminelle. Les connaissances que je reçus de l'unité de ces trois Personnes adorables dans une même essence, m'abîmèrent de respect et m'anéantirent. C'étaient des connaissances si profondes et si secrètes, qu'il n'a pas été possible d'en dire quelque chose. Après avoir joui deux heures de ces sacrées communications, connaissant que ces trois Personnes adorables allaient s'éloigner, je les priai instamment de me bénir. Je n'eus pas plutôt achevé ma prière que l'adorable Personne du Père me fit connaître que la bénédiction qu'il me donnait, était qu'il ferait en sorte que je ne le perdisse jamais de vue. L'adorable Personne du Fils me fit connaître que, m'ayant choisie pour être victime de son Cœur, la bénédiction qu'il me donnait était de m'ouvrir les trésors qu'il renferme. La bénédiction que je reçus du Saint-Esprit fut de me promettre que je ferais un progrès continuel dans son amour, et que sa grâce ne serait jamais oisive en moi. Après cela, Jésus-Christ, élevant sa main adorable, me bénit avec ces paroles : Je te bénis au nom de mon Père, en mon nom et au nom du Saint-Esprit. Je répondis : Amen. Après quoi la vision disparut et, étant revenue à moi-même, je me trouvai comme une nouvelle créature. »
Anne-Madeleine Remuzat, Retraite de 1716, in La Vie de la très honorée sœur Anne-Madeleine de Remuzat, sans mention d'auteur, Marseille, 1760.
En 1720, alors que la peste sévit à Marseille, sous l'impulsion d'Anne-Madeleine Remusat, de petites images du Sacré-Cœur – appelées sauvegardes – seront répandues par milliers : il s'agit de petites pièces de drap rouge, sur lesquelles le divin Cœur est imprimé en noir sur une pièce d'étoffe blanche cousue sur la première. Il y est parfois écrit : O Cœur de Jésus, abîme d'amour et de miséricorde, je mets en vous toute ma confiance et j'espère tout de votre bonté.




Bx Bernardo Francisco Hoyos (1711-1735)








Bernardo Francisco de Hoyos entre au juvénat de Valladolid à 14 ans, en 1725, où il se donne tout entier à la prière. Il est dès lors gratifié de nombreuses faveurs célestes.
Le 12 juillet 1728, tandis qu’il prononce ses premiers vœux, le Christ lui apparaît, accompagné de Notre-Dame et des saintes carmélites Thérèse d’Avila et Marie-Madeleine de Pazzi, qui lui promettent de veiller sur lui comme ses patronnes.
Le 3 mai 1733, il se sent appelé à une vocation particulière : faire connaître au monde le Cœur aimant de Jésus-Christ. Le livre du P. Joseph Gallifet De cultu sacratissimi Cordis Dei Iesu suscite un profond mouvement spirituel intérieur (« j'allai à l’instant devant le Seigneur dans le Saint Sacrement m'offrir à son Cœur pour coopérer autant que je pouvais à la diffusion de son culte ») et un grand enthousiasme apostolique.
Le 10 mai, il est favorisé de la vision de l'Archange Saint Michel, qui lui indique « comment étendre le culte du Cœur de Jésus à travers toute l'Espagne, et plus universellement dans toute l'Eglise ». Le Christ lui apparaît le 14 mai, jour de l'Ascension, et lui transmet la grande promesse pour l'Espagne :

« Après la communion, j'eus la même vision du Cœur, mais cette fois entouré de la couronne d'épines et surmonté d'une croix, exactement tel que le représente le P. de Gallifet. Je vis aussi la blessure, d'où émanaient les effluves les plus purs de ce sang qui a racheté le monde. Jésus, mon divin amour, invitait mon cœur à pénétrer dans le sien par cette blessure, assurant que son Cœur serait ma demeure, ma forteresse et mon rempart dans tous les combats. Et comme mon cœur acceptait, le Seigneur dit : "Ne vois-tu donc pas qu'il est entouré d'épines et qu'elles te blesseront ?" ce qui ne fit qu'attiser plus encore mon amour ; et comme cet amour pénétrait au plus intime de moi-même, je m'aperçus que les épines étaient des roses.
Je remarquai qu'en plus de la grande blessure, il y avait dans le Cœur de Jésus trois autres blessures plus petites. Je Lui demandai s'Il savait qui les Lui avait faites. Il me remit alors en mémoire cette faveur où Il s'était montré blessé de trois flèches par notre amour. Tandis que mon âme était toute recueillie en cette demeure céleste, Jésus disait : "Voici le lieu de mon repos pour toujours ; Je demeurerai en lui, car Je l'ai choisi."
Il me fit comprendre qu'Il ne me faisait pas goûter les richesses de son Cœur pour moi seul, mais pour que d'autres les goûtent à travers moi. Je demandai aux trois Personnes de la Sainte Trinité la réalisation de nos désirs. Et, comme je demandai en particulier pour l'Espagne cette fête qui ne semble être présente dans aucune mémoire, Jésus me dit : "Je régnerai en Espagne, et même J'y serai plus vénéré qu'en d'autres lieux".
»
Máximo Pérez S.J., El poder de los debiles, Madrid, Epador, p.144-145 (14 mai 1735), traduit par Francisco Cerro Chaves, in Le Cœur du Christ pour un monde nouveau, Actes du Congrès de Paray-le-Monial - 13 au 15 octobre 1995, Paris, Ed. de l'Emmanuel, 1998.
Il se consacre au Cœur de Jésus le 12 juin suivant, adoptant la formule écrite par le P. Claude de la Colombière une cinquantaine d’années auparavant.
Avec un groupe d'amis jésuites il se met à l'œuvre et écrit un ouvrage sur l'« essence et la solidité du culte au Sacré-Cœur ». L'opuscule est publié en octobre 1734. Par la suite Hoyos diffuse des textes et images saintes, fonde des confraternités en l'honneur du Sacré-Cœur, adresse des demandes aux évêques et au roi pour promouvoir l'instauration d’une fête liturgique spéciale.
Hoyos est ordonné prêtre à Valladolid le 2 janvier 1735, à l'âge exceptionnellement jeune de 24 ans. Il célèbre sa première messe le 6 janvier. Quelques mois plus tard il commence son troisième an, qu'il ne terminera pas... Il meurt du typhus le 29 novembre 1735.
Il a été béatifié le 18 avril 2010.

Biographie détaillée chez les Jésuites et sur Aleteia.




Maria Cecilia Baij (1694-1766)



verso

Le 13 mai 1738, la Mère Marie-Cécile Baij (Cécile Félicité Baij, 1694-1766), Bénédictine de l'abbaye Saint-Pierre de Montefiascone en Italie, prophétise l'institution prochaine de la fête du Sacré-Cœur par l'autorité compétente.

« Ce matin après la communion, j'ai vu le Cœur de Jésus s'avancer en triomphe à travers les célestes parvis, et tous les chœurs angéliques le suivaient avec des transports de joie. Mais le Cœur était seul, très élevé, beaucoup plus que les esprits angéliques. Et pendant ce temps l'Epoux m'a dit : "Regarde, Marie, de qui tu es l'épouse et quelle magnifique demeure est la tienne." Puis il m'a donné l'intelligence de ce qu'il me faisait voir, c'est-à-dire que viendra un jour où le Cœur de Jésus marchera aussi en triomphe dans l'Eglise militante, grâce à la fête qu'on y fera avec célébration de l'office du Cœur de Jésus. »
Marie-Cécile Baij, Vie intérieure de Jésus-Christ, in Dom Ursmer Berlière, La Dévotion au Sacré-Cœur dans l'Ordre de Saint Benoît, Paris, Lethielleux et Desclée, De Brouwer, Abbaye de Maredsous, 1923.




Madame Elisabeth (1764-1794), sœur du Roi Louis XVI


1786 : Madame Elisabeth supplie Louis XVI, son frère, de consacrer son royaume au Sacré-Cœur. Elle prépare le texte de la consécration, mais Louis XVI se dérobe à l'invite.

« O Jésus-Christ, tous les cœurs de ce royaume, depuis celui de notre auguste monarque jusqu'à celui du plus pauvre de ses sujets, nous les réunissons par l'ardeur de la charité pour Vous les offrir tous ensemble. Oui, Cœur de Jésus, nous vous offrons notre patrie toute entière et les cœurs de tous vos enfants. O Vierge Sainte, ils sont maintenant entre vos mains : nous vous les avons remis en nous consacrant à vous comme à notre protectrice et notre mère. Aujourd'hui, nous vous en supplions, offrez-les au Cœur de Jésus. Présentés par Vous, il les recevra, il leur pardonnera, il les bénira, il les sanctifiera ; il sauvera la France toute entière et y fera revivre la sainte religion. »
Acte de consécration de la France au Sacré Cœur de Jésus, document retrouvé au Temple, signé de Marie-Antoinette et d'Elisabeth-Marie, cité in V. Alet, La France et le Sacré-Cœur, Paris, Lethielleux, 1889.
1789 : Au mois de mars, elle invite sa dame de compagnie, Mme de Saisseval (1764-1850) à prier une neuvaine au Sacré-Cœur (1). Au mois de juillet, elle donne à son amie Mme de Raigecourt (1758-1832) une prière au Sacré Cœur de Jésus qu'elle a elle-même composée :

« Cœur adorable de Jésus, sanctuaire de cet amour qui a porté un Dieu à se faire homme, à sacrifier sa vie pour notre salut et à faire de son corps la nourriture de nos âmes, en reconnaissance de cette charité infinie, je vous donne mon cœur et avec lui tout ce que je possède au monde, tout ce que je suis, tout ce que je ferai, tout ce que je souffrirai. Mais enfin, mon Dieu, que ce cœur, je vous en supplie, ne soit plus indigne de vous ; rendez-le semblable à vous-même, entourez-le de vos épines pour en fermer l'entrée à toutes les affections déréglées ; établissez-y votre croix ; qu'il en sente le prix, qu'il en prenne le goût ; embrasez-le de vos divines flammes. Qu'il se consume pour votre gloire, qu'il soit à vous après que vous avez voulu être tout à lui. Vous êtes sa consolation dans ses peines, le remède à ses maux, sa force et son refuge dans les tentations, son espérance pendant la vie, son asile à la mort. Je vous demande, ô cœur tant aimable, cette grâce pour mes associés (2). »
Lettre de Mme Elisabeth à Mme de Raigecourt, in De Beauchesne, Vie de Mme Elisabeth, autographe à la Bibliothèque Nationale.
1 : En 1790, Mme de Saisseval recevra le vœu de Madame Élisabeth pour la conservation de la foi en France. Tenant sa promesse, elle lancera une grande souscription qui permettra de sauver de nombreux prêtres assermentés menacés de mort, et fera le vœu de s'occuper des pauvres et des délaissés. (Claude Auberive, L'héritière du vœu de madame Élisabeth, Charlotte-Hélène de Lastic, comtesse de Saisseval, 1946).
2 : les membres de la Confrérie du Sacré-Cœur.


Suite : les apôtres du Sacré-Cœur au XIXe siècle




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Le Sacré-Coeur de Jésus - Deux mille ans de Miséricorde
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« Les personnes qui propageront cette dévotion, auront leur nom inscrit dans mon Cœur, et il ne sera jamais effacé. »
(11ème promesse du Sacré-Coeur à sainte Marguerite-Marie)


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