Exposition
sur l'histoire et l'actualité de
la dévotion au Sacré-Coeur de Jésus



Panorama des thèmes présentés dans cette exposition

Jusqu’au XVIIe siècle - XVIIe siècle - XVIIIe siècle - XIXe siècle - XXe siècle - Thèmes généraux


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Les premières manifestations :
Ste Lutgarde, Ste Mechtilde, Ste Gertrude

Sainte Lutgarde de Saint-Trond (1182-1246)



Edition



Gravure anversoise
Cornelius Galle (1576-1650)



Jobard éditeur, Dijon


En 1199, le Christ apparaît à Lutgarde de Saint-Trond. C'est la première apparition médiévale du Sacré-Cœur qui nous ait été transmise par la Tradition. Les Acta Sanctorum décrivent l'échange des cœurs dont elle reçut la faveur :

« "Que m'importe à moi, rustique et sans lettres, moniale et non dans les ordres, de savoir les secrets de l'Ecriture ?" Et Dieu de lui dire : "Que veux-tu donc ?" "Ce que je veux, dit-elle, c'est votre Cœur". Et le Seigneur : "Bien plutôt, c'est moi qui veux ton cœur". Elle lui répondit : "Qu'il en soit ainsi, Seigneur, de telle façon cependant que vous accordiez à mon cœur l'amour de votre Cœur et qu'en vous je possède mon cœur, bien à l'abri et pour toujours sous votre garde". Alors eut lieu l'échange des cœurs. »
Acta Sanctorum, Iun. IV (1707), 193. Trad. Debongnie, 156.




Sainte Mechtilde de Hackeborn (1241-1298)








En 1248, Mechtilde de Hackeborn entre au monastère d'Helfta, en Saxe. Les grâces et révélations divines dont elle sera favorisée pendant plus de trente ans seront relatées par Gertrude la Grande, à laquelle elle se confiera à partir de 1290. Le Liber specialis gratiae, Livre de la grâce spéciale, contient également de nombreuses prières adressées au Cœur de Jésus.

« Un jour le Seigneur dit à Mechtilde : « Le matin de ton lever, salue le Cœur tendre et fort de ton très doux amant car c'est de lui que tout bien, toute joie, toute félicité ont découlé, découlent et découleront sans fin au ciel et sur la terre. Emploie toutes tes forces à verser ton propre cœur dans ce Cœur divin en lui disant : "Louange, bénédiction, gloire et salut au très doux et bienveillant Cœur de Jésus-Christ, mon très fidèle amant ! Je te rends grâce pour la garde fidèle dont tu m'as entourée, pendant cette nuit où tu n'as cessé d'offrir à Dieu le Père les actions de grâces et les hommages que je lui devais. Et maintenant, O mon unique amour, je t'offre mon cœur comme une rose fraîchement épanouie dont le charme attire les yeux tout le jour et dont le parfum réjouit ton divin cœur. Je t'offre aussi mon cœur comme une coupe qui te servira à t'abreuver de ta propre douceur et des opérations que tu daigneras opérer en moi aujourd'hui. Je t'offre mon cœur comme une grenade d'un goût exquis digne de paraître à ton royal festin, afin que tu l'absorbes si bien en toi-même qu'il se sente désormais heureux au-dedans de ton cœur divin. Je te prie de diriger aujourd'hui toutes mes pensées, mes paroles, mes actions et mon bon vouloir selon le bon plaisir de Ta volonté. Amen". »
Sainte Mechtilde, Livre de la grâce spéciale, Mame, Tours, 1921.
« Une fois encore, remplie de tristesse elle gémissait de se voir inutile, parce que la maladie l'empêchait de garder l'observance. Alors elle entendit le Seigneur lui dire : "Ah ! Viens à mon secours, laisse-moi rafraîchir en toi l'ardeur de mon Cœur divin". Par cette parole, elle comprit que toute personne qui supporte volontiers les peines et les tristesses en union avec l'amour qui fit supporter à Jésus-Christ sur la terre tant d'afflictions et une mort ignominieuse, offre au Seigneur de rafraîchir en elle l'ardeur de son Cœur divin. N'est-il pas toujours à la recherche du salut de l'homme ? En effet, comme le Seigneur ne peut plus maintenant souffrir lui-même, il se fait suppléer par ses amis, par ceux qui adhèrent à lui dans la fidélité. Et lorsque l'âme, qui aura été sur la terre le rafraîchissement du Cœur divin, entrera dans le ciel, elle volera droit vers le Cœur de Dieu, et elle ira, dans les flammes de ce Cœur embrasé, se consumer tout entière avec ce qu'elle aura supporté pour le Christ. »
Sainte Mechtilde, Livre de la grâce spéciale, Mame, Tours, 1921.




Ste Gertrude la Grande (1256-1301)



Edition



Gravure anversoise
Isabella Hertsens (v.1750)



Guéneux éditeur, Nantes


En 1261, Gertrude la Grande entre au monastère d'Helfta, en Saxe. Nous lui devons le récit des premières apparitions du Sacré Cœur relatées dans l'histoire de la mystique chrétienne. Favorisée de nombreuses grâces divines, elle fera le récit de sa vie et des révélations reçues dans un ouvrage qui sera édité par le Chartreux Lansperge (1489-1539), et sera lu dans bien des monastères d'occident : le Legatus amoris divini, traduit en français sous le titre de Héraut de l'Amour divin.

« Voici que j'offre aux regards de ton âme mon Cœur sacré, instrument mélodieux dont les accents suaves charment toujours l'infinie Trinité. Prie-le de réparer tes fautes, les faiblesses de ta vie ; tes œuvres deviendront alors devant mes yeux parfaites et agréables… En n'importe quel temps, il peut réparer tes négligences… Mon Cœur sacré attend, avec une soif dévorante, que tu l'invites, soit par tes paroles, soit par un signe, que tu le presses d'achever, de perfectionner les actes de ta vie, chose que tu es incapable de réaliser de ton propre chef. »
Sainte Gertrude, Le Héraut de l'Amour divin.
« J'étais depuis peu entrée dans ma vingt-sixième année, lorsque le lundi qui précède la Purification, après l'office des Complies, profitant de l'heure si douce du crépuscule, vous avez daigné, ô véritable Lumière qui brillez au milieu des ténèbres, mettre un terme à ce jour de ma vanité puérile, tout obscurci par les nuages épais de mon ignorance. […] Parmi les faveurs sans nombre dont vous m'avez comblée, il en est deux que je place au-dessus de toutes les autres. D'abord vous avez imprimé sur mon cœur les joyaux splendides de vos plaies sacrées. Vous m'avez encore fait une blessure d'amour si profonde et si efficace. Ne m'auriez-vous jamais octroyé d'autre consolation intérieure ou extérieure, dans ces deux seuls bienfaits vous m'avez accordé tant de bonheur que, devrais-je vivre mille ans, je trouverais toujours en eux une source intarissable de joie, de lumière, de béatitude et de reconnaissance.
A ces grâces, vous avez encore ajouté un autre privilège non moins précieux : vous m'avez enrichie de l'incomparable douceur de votre amitié ; vous m'avez, pour que j'y prenne mes délices, livré l'arche sainte de votre divinité, votre Sacré Cœur. Tantôt vous me le donniez gratuitement, tantôt vous le changiez contre le mien, afin de me fournir un nouveau gage de votre dilection. Par lui vous m'avez manifesté les intimes secrets de vos jugements ; vous m'avez révélé vos charmes infinis ; tant de fois vous avez enivré mon âme des témoignages exquis de votre tendresse…
»
Sainte Gertrude, Le Héraut de l'Amour divin.



Gravure sur bois de L. Hallez
Em. Berthiault éditeur, Tours



Ch. Letaille éditeur, Paris



Edition


« Comme elle était, selon sa coutume, toute entière à sa prière, le disciple que Jésus aimait si bien, et qui pour cela doit être aimé de tous, lui apparut… Celle-ci lui dit : "Et quelle grâce pourrai-je obtenir, moi chétive, en ce jour de votre fête ?" Il répondit : "Viens avec moi ; tu es l'élue de mon Seigneur ; reposons ensemble sur sa poitrine dans laquelle sont cachés tous les trésors de toute béatitude !"
Et, la prenant avec lui, il la conduisit auprès de notre tendre Sauveur, la plaça à droite et se retira pour se placer à gauche. Et comme ils reposaient ainsi tous deux avec suavité sur la poitrine du Seigneur Jésus, le bienheureux Jean, touchant du doigt avec une respectueuse tendresse la poitrine du Seigneur, dit : "Voici le Saint des saints qui attire à soi tout le bien du ciel et de la terre"… Et il ajouta : "Je t'ai placée à l'ouverture du Cœur divin, afin que tu puisses en tirer aisément la douceur et la consolation que, dans son bouillonnement perpétuel, l'amour divin répand avec impétuosité sur tous ceux qui le désirent".
Comme elle éprouvait une jouissance ineffable aux pulsations très saintes qui faisaient battre le Cœur divin sans interruption, elle dit à saint Jean : "Est-ce que vous n'avez pas, bien-aimé de Dieu, senti le charme de ces suaves pulsations, qui ont pour moi, en ce moment, tant de douceur, lorsque vous reposiez, à la Cène, sur cette poitrine bénie ?" Il répondit : "J'avoue que je l'ai senti et ressenti et la suavité en a pénétré mon âme, ainsi que le doux hydromel imprègne de sa douceur une bouchée de pain frais ; de plus, mon âme en a été aussi échauffée que le devient une chaudière bouillante au-dessus d'un feu ardent". Elle reprit : "Pourquoi donc avez-vous gardé là-dessus un silence si absolu que vous n'avez jamais rien écrit, si peu que ce fut, qui le donnât à entendre, au moins pour le profit de nos âmes ?" Il répondit : "Ma mission était de présenter à l'Eglise, dans son premier âge, sur le Verbe incréé de Dieu le Père, une simple parole qui suffirait jusqu'à la fin du monde à satisfaire l'intelligence de la race humaine toute entière, sans toutefois que personne parvint jamais à la pleinement comprendre. Mais de dire la suavité de ces pulsations a été réservé pour les temps actuels afin que, en entendant ces choses, se réchauffe le monde vieillissant dont l'amour s'alanguit".
»
Sainte Gertrude, Le Héraut de l'Amour divin.


Suite : les apôtres du Sacré-Cœur du XIVe au XVIIe siècle




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Le Sacré-Coeur de Jésus - Deux mille ans de Miséricorde
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« Les personnes qui propageront cette dévotion, auront leur nom inscrit dans mon Cœur, et il ne sera jamais effacé. »
(11ème promesse du Sacré-Coeur à sainte Marguerite-Marie)


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