Exposition
sur l'histoire et l'actualité de
la dévotion au Sacré-Coeur de Jésus



Panorama des thèmes présentés dans cette exposition

Jusqu’au XVIIe siècle - XVIIIe siècle - XIXe siècle - XXe siècle - Thèmes généraux


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Paray de 1860 à 1900 - Images pieuses - Objets souvenirs - Livres et journaux


Photographies sur papier albuminé

Le papier albuminé, inventé en 1847 par Louis Désiré Blanquart-Evrard (1802-1872), fut le premier procédé commercialement exploitable pour réaliser des tirages photographiques positifs papier à partir d'un négatif au départ sur support en verre appelé plaque.
Ce procédé de tirage argentique utilise l'albumine que l'on trouve dans le blanc d'œuf afin de fixer les éléments chimiques photographiques sur du papier. Il devint le principal procédé d'obtention de positifs de 1855 jusqu'au tournant du siècle avec un apogée d'usage entre 1860 et 1890. Vers la deuxième moitié du XIXe siècle, la production de photo carte de visite en était le principal usage.
(wikipedia)

Basilique du Sacré-Cœur



Sereni, Mâcon
verso



Robardet, Besançon




1873

Le 19 janvier, le Père Victor Drevon (1820-1880) lance un vibrant appel aux catholiques qu'il invite à se rassembler à Paray-le-Monial :

« … En réfléchissant sur ce fait qui nous a révélé chez ces pieux pèlerins de tout rang, de tout âge, de tout pays, une même tendance, une même disposition à se tourner vers le Cœur adorable de Jésus-Christ ; en considérant les autres preuves du progrès que son culte a fait récemment parmi nous : l'étendard du Sacré-Cœur arboré sur le champ de bataille par les enfants de la France ; le Vœu national d'élever à Paris un temple splendide à la gloire de ce divin Cœur ; la consécration que tous NN. SS. les Evêques lui ont faite successivement et à plusieurs reprises dans leurs diocèses respectifs ; enfin le mouvement général qui se produit et porte de plus en plus les fidèles à accueillir et à pratiquer cette dévotion ; en considérant, dis-je, tous ces signes constants, on se sent fortement pressé d'accepter, avec une conviction encore plus intime, la bonne nouvelle de cette parole répétée souvent : C'est le Cœur de Jésus qui nous sauvera.
Eh bien, laissez-moi vous le demander : Ne vous semble-t-il pas, Messieurs, que pour hâter le jour des grandes miséricordes que nous attendons, c'est au berceau de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, c'est à Paray-le-Monial que les fidèles doivent aller prier ensemble. Les principaux sanctuaires de Marie, les lieux de pèlerinage les plus célèbres ont été visités, mais ce lieu mille fois béni que Notre-Seigneur a choisi lui-même pour nous manifester les richesses de son divin Cœur, ne l'a pas été et pourrait-on convenablement le laisser dans l'oubli ? Non, non, il ne faut pas qu'il en soit ainsi.
»
Le Pèlerinage du Sacré-Cœur en 1873, Histoire et documents, Moulins, Desrosiers – Paris, Aubanel.

Le 20 mars, suite à l'appel du P. Drevon, l'évêque d'Autun Mgr de Leséleuc de Kerouara (1814-1873) publie une Lettre pastorale « Au sujet du pèlerinage qui doit avoir lieu au sanctuaire de Paray-le-Monial, en l'honneur du Sacré-Cœur de Jésus, pendant le mois de juin 1873 ». Extraits :

« Au Nord en même temps qu'au Midi, à Lille et à Marseille ; sur les bords désolés et encore sanglants du Rhin en même temps que sur les rives de l'Océan, à Strasbourg et à Brest ; à Paris aussi, à Paris surtout, où les entrailles si chrétiennes du pays de Clovis et de Geneviève ont été plus cruellement déchirées, un cri unanime et simultané d'espérance sort de toutes les poitrines à l'heure même où nous écrivons : Allons au Sacré-Cœur de Jésus ! Allons à Paray-le-Monial !
[...] La France veut venir prier là ; son armée apprenait à Patay ce que vaut l'étendard du Sacré-Cœur. La France longtemps oublieuse et sceptique, ne se prosterne plus seulement, elle s'élance au Sacré-Cœur de Jésus. Le temple qu'elle a promis d'élever aux lieux mêmes où trôna la Commune ne lui suffit plus ; elle veut, à travers toutes les distances, venir s'agenouiller et demander miséricorde dans le sanctuaire obscur où Marguerite-Marie a reçu, pour les transmettre au monde épouvanté, les promesses de la miséricorde.
[...]
L'Eglise et la France traversent en ce moment l'une des périodes les plus douloureuses de leur histoire. Les deux cents millions d'âmes qui sont la sainte Eglise Catholique, sont aujourd'hui plus que jamais, N.T.C.F., réunies dans un même sentiment et dans une seule pensée ; et ce sentiment est celui d'une immense douleur ; cette pensée, c'est que le remède à tous nos maux est exclusivement entre les mains de Dieu seul. Pour ne parler ici que d'une de nos angoisses, véritable cause, après tout, et résumé de toutes les autres, Pie IX est captif dans sa propre maison ; le Pape n'est déjà plus qu'un étranger dans Rome (1). Ah ! Dieu nous garde de désirer qu'une seule goutte de sang soit répandue dans le monde pour le rétablissement de la première, de la plus essentielle condition de l'ordre moral ! Mais ne pouvons-nous pas, ne devons-nous pas nous tourner vers Celui qui tient dans sa main et change quand il lui plaît le coeur des peuples et des rois ? Notre tour n'est-il pas venu de lui dire avec le Prophète : « O Dieu ! les étrangers se sont rués sur votre héritage, ils ont profané votre temple, ils ont fait de Jérusalem un monceau de ruine (Ps. 78). » Oui, c'est à Jésus-Christ tout seul, c'est à sa miséricorde, c'est à son Cœur que tous les chrétiens confient leur cause ; c'est au Sauveur qu'ils demandent de sauver encore une fois le monde en sauvant le Pape et la papauté.
La France aussi, trop injustement alarmée de voir s'aggraver chaque jour la cause de ses humiliations et de son épuisement, la France demande qu'un nouveau sang chrétien soit infusé dans ses veines. Mais à qui le demandera-t-elle, ce sang généreux qui seul donne la vie ou la restitue ?
[...]
Que te manque-t-il donc, ô pays des grands courages et des grandes fidélités ? Que te manque-t-il pour redevenir ce que tu étais hier, un peuple fort contre le mal et capable de tous les héroïsmes ? Chère France, il ne te manque que du sang chrétien ; et tu as raison, tu as cent fois raison, c'est au Sacré-Cœur de Jésus, c'est à lui seul qu'il faut que tu le demandes.
Tout nous annonce, N.T.C.F., que cette grande résolution est prise, et que le pèlerinage national s'avancera dès les premiers jours de juin vers vos heureuses contrées. Il nous reste un seul mot à dire, et c'est à ce mot que devait aboutir notre lettre. Quand vos frères de tous les points de la France, et peut-être des pays que des catholiques ne sauraient appeler étrangers, viendront demander pour leur foi l'hospitalité de la vôtre, soyez pleinement dignes d'eux. Vous aviez autrefois, pour attirer les grands chrétiens chez vous, les gloires de vos admirables abbayes, vous aviez Citeaux et Cluny, ces dépôts de la grande science et de la grande sainteté. Rendez grâce à ceux qui viennent vous dire qu'à Paray-le-Monial vous avez encore la source du salut. Soyez dignes d'eux, en les accueillant avec une reconnaissance fraternelle, et en vous unissant pieusement à leur prière. Soyez aussi dignes de vous, dignes de votre passé si catholique, dignes des richesses intellectuelles et morales de votre présent, dignes, N.T.C.F., des bénédictions et des grâces que le divin Cœur de Jésus semble vous réserver et vous promettre pour l'avenir.
Ainsi soit-il.
»
(1) : les troupes italiennes se sont emparées de Rome le 20 septembre 1870. Le Pape a demandé au général Hermann Kanzler, commandant de l'armée pontificale, de cesser le feu dès les premiers coups de canon, et a ordonné aux zouaves de n'opposer qu'une résistance symbolique. La "loi des Garanties sur les prérogatives du Souverain pontife et du Saint-Siège et sur les relations de l'État avec l'Église" votée le 13 mai 1871 est refusée par Pie IX (encyclique Ubi nos du 15 mai), qui se considère désormais « prisonnier au Vatican ».
Revue Le Pèlerin de Paray-le-Monial, Echo mensuel des sanctuaires du Sacré-Cœur, 2e année N°7, 15 janvier 1879, et Le Pèlerinage du Sacré-Cœur en 1873, Histoire et documents, Moulins, Desrosiers – Paris, Aubanel.

Le 1er mai, le Pape Pie IX envoie en retour à l'évêque d'Autun un bref encourageant vivement ce pèlerinage :

« Nous Nous réjouissons, Vénérable Frère, de voir tous les jours se développer davantage en France cette pieuse dévotion envers le Cœur très-sacré de Jésus. Aussi, est-ce avec une grande joie que Nous avons reçu la nouvelle du grand pèlerinage que, de tous côtés, l'on se prépare à faire dans la ville de Paray-le-Monial, où a pris naissance l'exercice de ce culte particulier.
C'est pourquoi, désirant favoriser ce pieux dessein, non seulement Nous bénissons tous ceux qui s'associent à ce pèlerinage, mais Nous leur accordons l'indulgence plénière, qui pourra être convertie en suffrage pour les âmes qui ont encore à expier par le feu, pourvu que, s'étant convenablement confessés et s'étant nourris de la sainte communion, ils prient dévotement au jour fixé, et selon Nos intentions, pour l'exaltation de notre mère la sainte Eglise et pour l'extirpation des hérésies.
Plaise à Dieu qu'il entende ces supplications et ces vœux et qu'il rende enfin la liberté à l'Eglise, au monde la tranquillité et à votre patrie la prospérité…
»
Pie IX, extrait du Bref du 1er mai 1873 adressé à l'évêque d'Autun, in Pèlerinage de Paray-le-Monial, Le Sacré-Cœur de Jésus – Manuel de dévotion et du pèlerinage à ce divin Cœur, Lyon – Paris, Josserand – Enault et Mas, 1873.

Chapelle de la Visitation



Millot, Beaune
verso




A. Tillion, Clermont-Ferrand
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Entrée de la chapelle
"Cœur de Jésus, Protégez Pie IX !"



Entrée de la chapelle


Suite à l'appel du Père Drevon, les mois de juin et juillet 1873 voient se succéder sans interruption de multiples pèlerinages à Paray-le-Monial, qui rassembleront jusqu'à deux cent mille personnes. Les pèlerins viennent essentiellement de France, mais également d'Angleterre, de Hollande, de Belgique. Américains, Polonais et Irlandais envoient drapeaux et étendards pour les représenter. Les Visitandines écrivent alors :

« Des centaines de bannières, de cœurs, d'ex-voto, de lettres nous sont adressées de tous les coins de la France. Toutes les paroisses, toutes les communautés, tous les établissements tant soit peu religieux de la capitale envoient leurs souvenirs… C'est un renouvellement inouï… Nous avions cru pouvoir prendre note des ex-voto, mais au bout de trois jours nous comprenions que ce compte était impossible. Notre grille du chœur ne suffisait pas pour les suspendre, et on en trouvait partout. Toutes ces manifestations peuvent se résumer par ces mots inscrits des milliers de fois sur les ex-voto : La France au Sacré-Cœur de Jésus. »
Circulaire du Monastère de Paray-le-Monial sur le pèlerinage de 1873. Cité in A. Hamon, Histoire de la dévotion au Sacré-Cœur, Paris, Beauchesne, t.V, 1940.




Millot Fils, Paray-le-Monial
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Millot Fils, Paray-le-Monial
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C. Bretagne & Cie, Levallois-Paris
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Photographie "stéréo"
Robardet, Besançon

Nombreuses photos cdv et images pieuses représentant les apparitions sur cette page




Millot Fils et Gaude
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C. Bretagne & David, Levallois-Paris



C. Bretagne & David, Levallois-Paris


Le vendredi 20 juin, 2.000 ecclésiastiques et 25.000 pèlerins se rassemblent autour de Mgr de Léseleuc, de Mgr de Marguerye (son prédécesseur sur le siège d'Autun), de Mgr de Ségur, de Mgr Langénieux (aumônier du Comité du Vœu national, évêque de Tarbes), et du R.P. Abbé de la Pierre-qui-Vire. Consécration et Amende honorable sont récitées devant le Saint-Sacrement exposé sur l'autel des apparitions. Les cantiques Pitié, mon Dieu et Nous voulons Dieu sont repris par la foule avec le Miserere. 300 zouaves groupés autour des généraux de Sonis et de Charette se rassemblent sous la bannière de Patay, tandis que Mgr de Ségur (1820-1881) bénit chapelets et insignes religieux amenés par les pèlerins.




C. Bretagne & David, Levallois-Paris



Robardet, Paray-le-Monial
verso



Robardet, Besançon




Alix Millot, Paray-le-Monial



Alix Millot, Paray-le-Monial



Robardet, Besançon




Le 29 juin, une délégation de 50 députés de l'Assemblée Nationale conduite par M. Gabriel de Belcastel (1821-1890), député de la Haute-Garonne, se rend à son tour à Paray-le-Monial, brandissant une bannière portant l'inscription « Sacratissimo Cordi Jesu è Legatis ad nationalem Galliae coetum CL voverunt », et arborant le symbole du Sacré-Cœur sur la poitrine. A la demande de l'un des députés (M. Combier) qui lui demande de les consacrer tous, et, dans la mesure où ils la représentent, de consacrer la France au Cœur Sacré de Jésus, M. de Belcastel déclare :

« Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.
Très Sacré Cœur de Jésus, nous venons nous consacrer à vous, nous et nos collègues qui nous sont unis de sentiment.
Nous vous demandons de nous pardonner tout le mal que nous avons commis, et de pardonner aussi à tous ceux qui vivent séparés de vous. Pour la part que nous pouvons y prendre et dans la mesure qui nous appartient, nous vous consacrons aussi, de toute la force de nos désirs, la France notre patrie bien-aimée, avec toutes ses provinces, avec ses œuvres de foi et de charité. Nous vous demandons de régner sur elle par la toute-puissance de votre grâce et de votre saint amour. Et nous-mêmes, pèlerins de votre Sacré-Cœur, adorateurs et convives de votre grand sacrement, disciples très fidèles du Siège infaillible de saint Pierre dont nous sommes heureux aujourd'hui de célébrer la fête, nous nous consacrons à votre service, ô Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, vous demandant humblement la grâce d'être tout à vous, en ce monde et dans l'éternité. Ainsi soit-il.
Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il. »
Acte de consécration lu par M. de Belcastel à Paray-le-Monial le 29 juin 1873, in R.P. Xavier de Franciosi, La Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus et au Saint-Cœur de Marie, Nancy, Le Chevallier Frères, 1885.


Cour et Jardin du Monastère



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Touché aux ossements de la Bienheureuse
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Touché aux ossements de la Bienheureuse
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Touché aux ossements de la Bienheureuse
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Le déroulement de ce pèlerinage sera relaté dans deux ouvrages qui paraîtront la même année : Le Salut de la France par le Sacré-Cœur – Pèlerinage de Paray-le-Monial édité à Lyon, du Père François-Xavier Gautrelet (fondateur de l'Apostolat de la Prière, 1807-1886), et Le Pèlerinage du Sacré-Cœur en 1873 – Histoire et Documents édité à Moulins, ce dernier décrivant par le détail l'ensemble des manifestations organisées à travers la France en l'honneur du Sacré-Cœur de Jésus tout au long de ce mois de juin. (voir Livres et journaux)


Photos-souvenirs des pèlerinages



Bannières d'Alsace et de Lorraine
Pèlerinage de juin 1873

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Bannière des diocèses de l'Est
Pèlerinage de juin 1873

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Bannière de Dijon
Pèlerinage de juin 1873

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Bannière des Russes catholiques
Pèlerinage du 4 septembre 1873



Bannière des Russes catholiques
Pèlerinage du 4 septembre 1873




A. Tillion, Clermont-Ferrand
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Bonnet, Lyon
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A. Tillion, Clermont-Ferrand
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Robardet, Besançon



D. Paillet, Lyon
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A. Tillion, Clermont-Ferrand
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Le Sacré-Coeur de Jésus - Deux mille ans de Miséricorde
Le Sacré-Coeur de Jésus
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« Les personnes qui propageront cette dévotion, auront leur nom inscrit dans mon Cœur, et il ne sera jamais effacé. »
(11ème promesse du Sacré-Coeur à sainte Marguerite-Marie)


  Notre dossier complet sur la dévotion au Sacré-Coeur de Jésus