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1914 1er août : mobilisation générale en Allemagne et en France. 3 août : l'Allemagne déclare la guerre à la France. Ne sont mentionnés ci-dessous que les événements et dates en lien avec la dévotion au Sacré-Cœur. La chronologie détaillée de la Grande Guerre peut être aisément consultée sur internet, par exemple : Herodote.net - Historial de la Grande Guerre - Histoire pour tous Livre de référence : Alain Denizot, Le Sacré Cœur et la Grande Guerre, Nouvelles Editions Latines, 1994. |
Le 8 septembre, par l'Exhortation apostolique Ubi primum, Benoît XV lance un appel à la paix entre les belligérants. « Lettre de S. S. Benoît XV en faveur de la paixTraduction française du Journal La Croix n°9665, 16 septembre 1914. - Texte intégral original italien. |
Dès les premiers jours, on voit apparaître tant au front qu'à l'arrière, des images, insignes, et scapulaires, que les combattants mettent à leurs capotes, à leurs képis ou sur leurs bérets. Répondant à l'appel de l'archevêque de Lyon, le Cardinal Hector Irénée Sevin (1852-1916), la Ligue des Femmes Françaises lance dès l'automne un programme de soutien matériel et spirituel destiné aux soldats du front et aux réfugiés, femmes et enfants, en provenance des provinces du Nord envahi par les armées allemandes. Les ligueuses joignent l'action à la prière, et confectionnent des « Petits Paquets » de vêtements et nourriture, distribués à tous les nécessiteux. Elles distribuent aussi largement le scapulaire du Sacré-Cœur aux soldats en partance pour le front : « A ces hommes qui marchent au-devant des plus durs sacrifices, nous remettons l'emblème qui relève les courages, qui sanctifie la souffrance, qui appelle sur eux et sur la France la protection divine. [...] La ligueuse qui dirige notre permanence de la gare à la sainte ambition de munir tous les militaires qui traversent Perrache de ce pieux insigne. Elle a mis à contribution les couvents, les ouvrières et les ouvroirs. On a confectionné et distribué plus de 30.000 scapulaires. Ceux-ci sont presque toujours reçus avec empressement. Quelques soldats en réclament pour leurs camarades oubliés dans la distribution. Et bien souvent nos scapulaires sont arborés sur le képi ou sur la poitrine. « Donnez, Madame, nous disait un sergent en montrant sa décoration, c'est auprès de ma médaille que je veux l'épingler. » Puisse le Divin Cœur, placé sur la poitrine de nos soldats, les garder et les protéger. » |
La mobilisation a interropmpu la parution des différents titres de la Maison de la Bonne Presse, dont l'hebdomadaire Le Pèlerin, la majorité du personnel étant partie sous les drapeaux (Cf. Le Pèlerin dans la guerre). Ce journal ne reparaît qu'à la Toussaint, le 1er novembre, et un article intitulé Le réveil de la foi chez nos soldats assure la distribution en trois mois de pas moins « de trois millions de ces insignes [carré d'étoffe blanche portant, imprimé en rouge, l'emblème du Cœur de Jésus] », et que « les médailles ont été enlevées en plus grands nombre encore peut-être. » |
Le 27 décembre, les évêques allemands adressent à tous les catholiques une lettre pastorale, les invitant à se consacrer au Sacré Cœur de Jésus. Face au châtiment de la guerre, ils appellent les fidèles à se repentir « en particulier pour nos propres péchés, pour notre négligence au service de Dieu, pour notre faiblesse et notre lâcheté, pour notre tiédeur et notre demi-mesure ; puis pour la culpabilité du peuple tout entier, pour tant de blasphèmes et de déni de la vérité éternelle, pour une transgression si honteuse des commandements éternels de Dieu, pour tant de mépris de la grâce, pour tant d'ingratitude envers l'amour rédempteur infini du Sauveur, pour tant de dommage au royaume de Dieu... » « En ce début d'année 1915, nous voulons consacrer une fois de plus nos cœurs, nos familles, nos communautés et nos diocèses au Sacré-Cœur de Jésus. Le sérieux et la nécessité des temps nous y obligent. Un acte de réparation pour de si nombreux et graves péchés dans la vie du peuple, le mariage, la famille, précèdera la consécration. Celle-ci sera accomplie le 10 janvier 1915, jour de l'Epiphanie, dans toutes les églises catholiques, selon la formule de Léon XIII consacrant le monde entier au Cœur de Jésus le 11 juin 1899. »La journée de consécration du 10 janvier 1915 est précédée d'un Triduum de prières, du 7 au 9 janvier, dans tout le pays. Le 100e anniversaire de cette consécration sera célébré en l'Allemagne le 11 janvier 2015 par un dimanche dédié au Cœur de Jésus. |
1915 Benoît XV rédige une prière pour la Paix, qui est largement diffusée en France par les journaux catholiques, les bulletins paroissiaux, sur les images pieuses... « Attristés par les horreurs d’une guerre qui entraîne dans son tourbillon les nations et les peuples, nous nous réfugions, ô Jésus, dans Votre Cœur très aimant comme dans un suprême asile ; de Vous, Dieu des Miséricordes, nos gémissements implorent la cessation de l’épouvantable fléau ; de Vous, Roi pacifique, nos vœux sollicitent le retour si désiré de la paix. |
Le 11 juin, l'Episcopat français consacre à son tour la France au Sacré-Cœur. A cette occasion est lue dans toutes les églises de France une formule portant pour titre Amende honorable et consécration de la France au Sacré-Cœur de Jésus. |
L'Œuvre des Insignes du Sacré-Cœur (19 quai de Tilsitt à Lyon) se charge désormais de faire distribuer pour la population et les soldats du front insignes et drapeaux. Au printemps 1915, le P. Mateo est venu à Lyon prêcher l'Intronisation du Sacré-Cœur dans les familles. L'archevêque de Lyon en a confié la propagande à la Ligue des Femmes Françaises pour son diocèse, avec le P. Perroy à sa direction. Les ligueuses sont bientôt appelées « les apôtres du Sacré-Cœur », et cet apostolat se manifeste aussi par l'adhésion à l'archiconfrérie de prière et de pénitence de Montmartre et la distribution de l'insigne du Sacré-Cœur « Espoir et salut de la France », diffusé par l'Œuvre du Sacré-Cœur du quai Tilsitt. L'insigne est désormais joint aux « Petits Paquets » envoyés au soldats. « Il semble que l'heure présente soit propice aux grands actes de foi auxquels Dieu répondra, n'en doutons pas, par de grandes miséricordes. Il n'a pas suffi à la piété française d'adorer le Sacré-Cœur dans ses temples et de lui adresser un trône au sanctuaire familial. Elle a voulu lui donner droit de cité et lui conquérir la voie publique. Qui aurait osé espérer, il y a quelques années, que nous verrions dans nos rues, des milliers d'hommes, de femmes, de jeunes filles portant sans respect humain, bien plus avec fierté l'insigne du Sacré-Cœur « Espoir et salut de la France ». C'est cependant le spectacle qu'il nous a été donné de contempler. Ce moivement lancé à Lyon il y a un an par le Comité des Petites Relations d'Orient (1), avec quel succès vous le savez, a eu aussitôt toutes nos sympathies.Pour la totalité du conflit, ces distributions représenteront douze millions d'insignes, plus d'un million cinq cent mille fanions, trois cent soixante quinze mille scapulaires et plus de trente deux mille drapeaux. |
Début juillet, le ministre de l’Intérieur envoie un télégramme à tous les préfets de France, leur demandant de prendre un arrêté visant à interdire l’apposition d’emblèmes sur le drapeau national, au nom du maintien de l’ordre public : « Considérant qu'il est essentiel de maintenir au drapeau de la France son caractère national ; |
Le 28 juillet, le Pape Benoît XV exhorte les peuples belligérants à la paix. « Au nom du Dieu très saint, au nom de notre Père céleste et Seigneur, par le Sang précieux de Jésus, qui a racheté l’humanité, Nous vous conjurons, ô Vous que la divine Providence a préposés au gouvernement des nations belligérantes, de mettre finalement un terme à cette horrible boucherie qui, depuis une année, déshonore l’Europe. »Texte intégral de l'Exhortation Apostolique du Pape Benoît XV. |
1917 Le 26 mars, les drapeaux alliés (France, Angleterre, Belgique, Italie, Russie, Serbie, Roumanie, Pologne, Japon), écussonnés du Sacré-Cœur, sont bénis solennellement à Paray-le-Monial : voir la page des pèlerinages à Paray. L'offensive du Chemin des Dames est lancée le 16 avril. Dans les semaines qui suivent, des refus collectifs d'obéissance ont lieu dans l'armée française, et ces mutineries connaissent un pic d'intensité entre le 20 mai et le 10 juin. Plusieurs dizaines de soldats sont fusillés pour l'exemple. A partir du 1er juin, les préfets interdisent progressivement l'apposition de tout emblème sur le drapeau national, et menacent de poursuite les contrevenants (circulaire du ministre de l'Intérieur Malvy). A Lyon la police saisit, à la librairie catholique de Mme Veuve Paquet, les insignes du Sacré-Coeur exposés dans le magasin avec défense d’en exposer d’autres en étalage. Le 7 juin, le ministre de la Guerre, Paul Painlevé (1863-1933), interdit par circulaire la consécration des soldats au Sacré-Coeur. La plupart des soldats vont désormais porter leurs insignes du Sacré-Cœur cachés dans leurs vêtements. Ceux qui refusent d'obtempérer sont mis aux arrêts. Un aumônier militaire, l'Abbé Fontaine, brancardier au 97e RI s’interroge : « Figurez-vous qu’une décision vient de nous interdire le port de la cocarde du Sacré-Cœur… Oh ! Ce n’est pas ce qui amoindrira la foi profonde et le dévouement de nos soldats. Mais c’est tout de même curieux qu’en pleine guerre on vienne ainsi taquiner ceux qui ont donné à la France et au monde le spectacle le plus grandiose par leur abnégation et leur bravoure… » (Source) Par décisions ministérielles en date des 18 et 21 juillet, au nom de la liberté de conscience et de la neutralité religieuse de l'Etat français, le gouvernement interdit la consécration des soldats au Sacré-Cœur et le port, aux armées, de fanions et étendards du Sacré-Cœur. |
Le 1er août, Benoît XV lance aux nations en guerre un nouvel appel à la paix et propose sa médiation. Les alliés la considère trop favorable à l'Allemagne, et seuls Washington et Berlin y répondront positivement. « Dans une situation si angoissante, en présence d'une menace aussi grave, Nous qui n'avons aucune visée politique particulière, qui n'écoutons les suggestions ou les intérêts d'aucune des parties belligérantes, mais uniquement poussé par le sentiment de Notre devoir suprême de Père commun des fidèles, par les sollicitations de Nos enfants qui implorent Notre intervention et Notre parole pacificatrice, par la voix même de l'humilité et de la raison, Nous jetons de nouveau un cri de paix et Nous renouvelons un pressant appel à ceux qui tiennent entre leurs mains les destinées des nations. »Texte intégral de la Lettre du Pape Benoît XV. L’Episcopat français prescrit aux fidèles une prière, à réciter devant le Saint Sacrement, pour un retour à la paix. Ô Jésus, présent dans cette sainte Hostie, nous voici prosternés à vos pieds, pour implorer la miséricorde de votre Sacré Cœur en faveur de la France notre patrie. |
En cette année 1917, d'autres prières sont ordonnées dans quelques diocèses particuliers, comme à Paris, Autun et Bordeaux (voir ci-dessous). |
Le 6 août, une Note aux Armées signée du ministre de la guerre montre l'ampleur des emblèmes religieux au front : « Grand Quartier Général des Armées du Nord et du Nord-Est, Etat Major 1er Bureau N° 5796 (Confidentiel).Eclaboussé par le scandale du "Bonnet Rouge" journal vendu à l’Allemagne, Malvy démissionne le 31 août. Le 10 août, le Conseil d'Etat adoucit l'arrêté ministériel du 1er juin, annulant l'interdiction de l'adjonction d'un emblème sur le drapeau tricolore dans les édifices et emplacements ouverts au public. Texte intégral de l'arrêt Baldy. |
1918 Le 8 juillet, l'Abbé Paul Noyer, curé de Bombon (village de Seine-et-Marne, à l'est de Melun), écrit une lettre au général Foch, qui lui est remise le jour même. « Mon Généralissime, avant de quitter bientôt peut-être ma paroisse, veuillez, je vous prie, agenouillé devant une statue du Sacré-Cœur de Jésus, Roi de France, lui consacrer toutes vos armées françaises. Demandez-lui avec supplication une prochaine et décisive victoire et que la France reste triomphante tant et surtout par ses Traités que par ses glorieux succès. Veuillez agréer, mon Généralissime, les très humbles sentiments de votre serviteur entièrement dévoué, Paul Noyer, Curé de Bombon. »Le 9 juillet, le général Foch consacre les armées alliées au Sacré-Cœur dans l'église de ce petit village de Bombon, et commence lui-même une neuvaine au Sacré-Cœur. Le 16 juillet, il rendra visite à l'Abbé Noyer : « Monsieur le Curé, je viens vous remercier, j'ai fait tout ce que vous m'avez demandé et même plus. » L'offensive allemande déclenchée le 15 juillet en vue de prendre Paris échoue, et le succès de la contre-offensive du 18 juillet, avec les chars du général Mangin lancés à l'attaque dans la forêt de Villers-Cotterêts, marque la deuxième victoire de la Marne. « Hommage de reconnaissance au célèbre Maréchal Foch qui, pendant les cinq mois et demi qu'il est resté à Bombon, a fortement édifié les habitants de cette paroisse, autant par la vivacité de sa foi que par la simplicité de sa piété. |
Le 11 novembre 1918, signature de l’armistice. |
Le 17 novembre suivant, du haut de la chaire de la cathédrale de Saint-Vincent de Chalon, le Père Perroy, Jésuite de l'Œuvre de l'Insigne du Sacré-Cœur, révélera : « A genoux devant le Sacré-Cœur, le général Foch a demandé au Sacré-Cœur, en lui consacrant les armées dont il avait la charge : premièrement une victoire prompte et définitive, deuxièmement une paix glorieuse pour la France. » « Si je devais faire l'historique de ce qu'ils furent, ces soldats, ce sont des pages d'épopée que vous entendriez. Ils ont dépassé toutes les limites de l'endurance, de la valeur, de la bonne volonté, Dieu sait en quelles épreuves terribles, par la durée et la violence. Les actes accomplis par les évêques, les fidèles et l'armée, pour réaliser le Message du Sacré-Cœur, en particulier le déploiement fréquent du drapeau du Sacré-Cœur sur le champ de bataille, joints aux prières, aux sacrifices et aux réparations de toute la France, lui ont attiré la protection du Christ. Ne nous lassons pas de l'en remercier. » |
Le Sacré-Coeur de Jésus Deux mille ans de Miséricorde Le recueil qui est reproduit dans les pages du dossier ci-dessous avait trouvé un éditeur, Téqui, en juin 2008. Une version considérablement enrichie, et actualisée jusqu'en juin 2019, est désormais disponible à la vente chez le même éditeur depuis le 4 décembre 2019, en ligne sur son site internet ICI. Merci de faire connaître autour de vous la nouvelle version de ce travail, augmentée de plus de 200 pages par rapport à la première édition. « Les personnes qui propageront cette dévotion, auront leur nom inscrit dans mon Cœur, et il ne sera jamais effacé. » (11ème promesse du Sacré-Coeur à sainte Marguerite-Marie) |