Exposition
sur l'histoire et l'actualité de
la dévotion au Sacré-Coeur de Jésus



Panorama des thèmes présentés dans cette exposition

Jusqu’au XVIIe siècle - XVIIe siècle - XVIIIe siècle - XIXe siècle - XXe siècle - Thèmes généraux


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1939/1945 - Le Sacré-Cœur durant la seconde guerre mondiale

1939

Le 1er septembre, la mobilisation générale est décrétée. La guerre est déclarée conjointement par la France et l'Angleterre à l'Allemagne le 3.



Bar-le-Duc, septembre 1939
(pages interieures - verso)



Mazamet, octobre 1939
(pages intérieures : 1 - 2 - 3)



Lyon, octobre 1939
(verso)




Carnet de prières, octobre 1939



Page de garde : bénédiction du cardinal Verdier



Page du mobilisé


1939

Le 20 octobre, publication de l'Encyclique Summi Pontificatus de Pie XII.

« La diffusion et l'approfondissement du culte rendu au divin Cœur du Rédempteur, culte qui trouva son splendide couronnement non seulement dans la consécration de l'humanité, au déclin du siècle dernier, mais aussi dans l'introduction de la fête de la Royauté du Christ par Notre immédiat prédécesseur, ont été une source d'indicibles bienfaits pour des âmes sans nombre, un "fleuve qui réjouit de ses courants la Cité de Dieu" (Ps., XLV, 5). Quelle époque eut jamais plus grand besoin que la nôtre de ces bienfaits ? Quelle époque fut plus que la nôtre tourmentée de vide spirituel et de profonde indigence intérieure, en dépit de tous les progrès d'ordre technique et purement civil ? Ne peut-on pas lui appliquer la parole révélatrice de l'Apocalypse : "Tu dis : je suis riche et dans l'abondance et je n'ai besoin de rien ; et tu ne sais pas que tu es un malheureux, un misérable, pauvre, aveugle et nu" (Apoc., III, 17) ?
Vénérables Frères, peut-il y avoir un devoir plus grand et plus urgent que "d'annoncer les insondables richesses du Christ" (Eph., III, 8) aux hommes de notre temps ? Et peut-il y avoir chose plus noble que de déployer les Etendards du Roi - Vexilla Regis - devant ceux qui ont suivi et suivent des emblèmes trompeurs, et de regagner au drapeau victorieux de la Croix ceux qui l'ont abandonné ? Quel cœur ne devrait pas brûler de prêter son aide, à la vue de tant de frères et de sœurs qui, à la suite d'erreurs, de passions, d'excitations et de préjugés, se sont éloignés de la foi au vrai Dieu et se sont détachés du joyeux message sauveur de Jésus-Christ ? […]
Et vous, candides légions d'enfants, vous, les bien-aimés et les privilégiés de Jésus, quand vous communiez au Pain de vie, élevez vers Dieu vos naïves et innocentes prières et unissez-les à celles de toute l'Eglise. Le Cœur de Jésus, qui vous aime, ne résiste pas à l'innocence suppliante : priez tous, priez sans relâche : sine intermissione orate (I Thess., V, 17).
De cette façon vous mettrez en pratique le sublime précepte du Divin Maître, le testament le plus sacré de son Cœur : qu'ils ne soient tous qu'un (Jean, XVII, 21) : qu'ils vivent tous dans cette unité de foi et d'amour à laquelle le monde reconnaisse la puissance et l'efficacité de la mission du Christ et de l'œuvre de son Eglise.
»
Pie XII, extraits de l'Encyclique Summi Pontificatus du 20 octobre 1939.



Paris, novembre 1939
(pages intérieures - verso)



Arras, décembre 1939
(pages intérieures : 1 - 2 - 3)



Autun, décembre 1939
(pages intérieures - verso)




Arras, décembre 1939
(verso)



Bar-le-Duc, 1939
(pages intérieures : 1 - 2 - 3)



Bar-le-Duc, 1939
(verso)


1940

Le 1er juin, répondant à la demande du gouvernement, le cardinal Emmanuel Suhard (1874-1949), nouvel archevêque de la capitale, consacre en la basilique Montmartre Paris et la France aux Sacrés Cœurs de Jésus et Marie. Parmi les 50.000 fidèles présents, se trouvent plusieurs généraux et ministres, mais Raymond Poincaré et le maréchal Pétain, vice-président du conseil, choisissent la neutralité et s'abstiennent de se rendre à la cérémonie.

Dans le numéro de septembre-octobre du Messager du Cœur de Jésus, le Père Parra, directeur de l'Apostolat de la Prière, engage les chrétiens à se tourner plus que jamais vers le Sacré-Cœur.

« Que chacun de nous soit vraiment chrétien dans sa pensée, dans sa vie entière. Non pas chrétien du vendredi ou du dimanche, mais chrétien toujours et partout. […]
Que, pour habituer nos yeux au drapeau du Sacré-Cœur, les chrétiens le portent sur eux ; l'installent dans leurs maisons. Que le drapeau du Sacré-Cœur soit solennellement installé dans nos églises, comme un acte de foi et de confiance au Cœur divin.
Que la dévotion au Sacré-Cœur devienne réelle dans les familles vraiment chrétiennes par une consécration vécue.
C'est tout cela, tout ce grand et long travail de réalisation de ferveur chrétienne et d'apostolat qui nous mènera, à l'heure qu'il connaît, à l'affirmation publique de la royauté du Sacré-Cœur sur la France par l'insertion de son image sur nos couleurs.
A l'œuvre donc !
Nos désastres de 1870 ont fait Montmartre.
Nos désastres d'aujourd'hui, dont la cause morale est l'abandon du Christ, nous ramèneront à Lui.
C'est l'heure du Christ. C'est la nôtre aussi. Le Cœur de Jésus ne sauvera pas notre patrie tout seul. Il y faut notre collaboration.
» Père Parra, Le Messager du Cœur de Jésus, septembre-octobre 1940.



Lisieux, 1940
(recto - verso)



Nice, juillet 1940



Nancy, décembre 1940
(pages intérieures - verso)


1942

Le dimanche 31 octobre, Pie XII consacre le genre humain au Cœur Immaculé de Marie.

« Reine du Très Saint Rosaire, secours des chrétiens, refuge du genre humain, victorieuse de toutes les batailles de Dieu, nous voici prosternés, suppliants au pied de votre trône, assurés d’obtenir miséricorde et de recevoir les grâces, l’aide opportune et la protection dans les calamités présentes, non en vertu de nos mérites dont nous ne saurions nous prévaloir, mais uniquement par l’effet de l’immense bonté de votre Cœur maternel.
C’est à vous, c’est à votre Cœur Immaculé qu’en cette heure tragique de l’histoire humaine, nous nous confions et nous nous consacrons, non seulement en union avec la Sainte Église, Corps mystique de votre Fils Jésus, qui souffre et verse son sang en tant de lieux, est en proie aux tribulations de tant de manières, mais aussi en union avec le monde entier, déchiré par de farouches discordes, embrasé d’un incendie de haine et victime de sa propre iniquité.
Laissez-vous toucher par tant de ruines matérielles et morales ; par tant de douleurs, tant d’angoisses de pères et de mères, d’époux, de frères, d’enfants innocents ; par tant de vies fauchées dans la fleur de l’âge ; par tant de corps déchiquetés dans l’horrible carnage ; par tant d’âmes torturées et agonisantes, par tant d’autres en péril de se perdre éternellement !
Ô Mère de Miséricorde, obtenez-nous de Dieu la paix ! et surtout les grâces qui peuvent en un instant convertir le cœur des hommes, ces grâces qui préparent, concilient, assurent la paix ! Reine de la paix, priez pour nous et donnez au monde en guerre la paix après laquelle les peuples soupirent, la paix dans la vérité, dans la justice, dans la charité du Christ. Donnez-lui la paix des armes et la paix des âmes, afin que dans la tranquillité de l’ordre s’étende le règne de Dieu.
Accordez votre protection aux infidèles et à tous ceux qui gisent encore dans les ombres de la mort ; donnez-leur la paix et faites que se lève pour eux le Soleil de la Vérité et qu’ils puissent avec nous, devant l’unique Sauveur du monde, répéter : Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ! (Luc II, 14)
Aux peuples séparés par l’erreur ou par la discorde, et particulièrement à ceux qui professent pour vous une singulière dévotion et chez lesquels il n’y a pas de maison qui n’honorât votre vénérable icône (peut-être aujourd’hui cachée et réservée pour des jours meilleurs), donnez la paix et reconduisez-les à l’unique bercail du Christ, sous l’unique et vrai Pasteur.
Obtenez à la Sainte Église de Dieu une paix et une liberté complètes ; arrêtez les débordements du déluge néopaïen ; développez dans le cœur des fidèles l’amour de la pureté, la pratique de la vie chrétienne et le zèle apostolique, afin que le peuple des serviteurs de Dieu augmente en mérites et en nombre.
Enfin, de même qu’au Cœur de votre Fils Jésus furent consacrés l’Église et le genre humain tout entier, afin que, toutes leurs espérances étant placées en lui, Il devînt pour eux signe et gage de victoire et de salut, ainsi et pour toujours nous nous consacrons à vous, à votre Cœur Immaculé, ô notre Mère et Reine du monde ; pour que votre amour et votre protection hâtent le triomphe du Règne de Dieu et que toutes les nations, en paix entre elles et avec Dieu, vous proclament bienheureuse, et entonnent avec vous d’une extrémité du monde à l’autre, l’éternel Magnificat de gloire, d’amour, de reconnaissance au Cœur de Jésus, en qui seul elles peuvent trouver la Vérité, la Vie et la Paix.
»
Pie XII, Prière pour la Consécration de l’Eglise et du genre humain au Cœur Immaculé de Marie, dimanche 31 octobre 1942.



Toulouse, janvier 1942
(verso)



décembre 1942
(verso)



Bruxelles, Noël 1942
(pages intérieures - verso)




Calendrier 1943

1943

Le 28 janvier, une délégation de catholiques de l'Aude conduite par l'Abbé Paul Merme, directeur de l'œuvre de Jésus Ouvrier à Carcassonne, est reçue en audience publique par le Maréchal Pétain à Vichy. L'Abbé Merme lui remet un fanion du Sacré-Cœur spécialement réalisé à son intention, béni le dimanche 10 précédent par Mgr Pays, évêque de Carcassonne. « Monsieur l'abbé, dit le Maréchal, je suis très heureux et vraiment touché de votre démarche. J'ai toujours admis ces forces spirituelles dont vous parlez, et je tiens à ce qu'on y ait recours sous mon gouvernement… […] J'accepte avec bonheur ce fanion que vous m'offrez. Il sera mon drapeau. » Le 29 juin, l'Abbé Merme reprend contact avec le Maréchal Pétain, sollicitant de lui la réalisation de la troisième demande du Sacré-Cœur à Marguerite-Marie : la Consécration officielle de la France. Les démarches entreprises auprès de l'épiscopat français n'aboutiront pas.

« Monsieur l'Abbé,
M. le Maréchal a reçu la lettre du 29 juin par laquelle vous lui demandez de façon pressante, de vouloir bien au cours d'une cérémonie officielle, consacrer la France au Sacré-Cœur de Jésus. Le Maréchal a été sensible aux sentiments d'affectueux attachement que vous lui avez exprimés à cette occasion et il vous en remercie.
Votre projet est très louable et le Maréchal s'en est entretenu avec plusieurs hautes personnalités de l'Episcopat Français. Si sa réalisation ne semble pas actuellement opportune, cela ne veut pas dire qu'elle soit écartée.
Je vous prie d'agréer, Monsieur l'Abbé, l'expression de mes sentiments déférents et dévoués. »
Lettre du secrétaire particulier du Maréchal à l'Abbé Merme, 12 juillet 1943, in Pierre Salgas, Le Message de 1689 du Sacré-Cœur à la France, Montsurs, Résiac, 4° éd., 1987.



Photo de L'Illustration n°5224, 24 avril 1943



Reproduction du drapeau (recto)



Reproduction du drapeau (verso)


1943

Le 28 mars, les évêques de France consacrent les paroisses françaises au Cœur Immaculé de Marie, et lancent le "Grand retour" de Notre-Dame de Boulogne (l'une des 4 Vierges à la barque présentes à Boulogne avait été emmenée à Lourdes le 8 septembre 1942). La prodigieuse randonnée de Notre-Dame du Grand Retour ne s'achèvera que 5 ans plus tard, en 1947, après la visite de 16.000 paroisses dans 88 diocèses. Les fruits de cette formidable mission populaire ont été innombrables ; partout on vit des foules inouïes, priantes, et dans une liesse générale des conversions, des miracles… Les témoins de cet étonnant pèlerinage en resteront profondément marqués.



Livret pour le Grand Retour



Page intérieure



Pages intérieures


1943

Le 29 juin, publication de l'Encyclique Mystici Corporis de Pie XII, sur le Corps mystique de Jésus-Christ et notre union en Lui avec le Christ, qui annonce l'Encyclique sur le Sacré-Cœur qui verra le jour en 1956.

Le jour de la fête du Christ Roi, le cardinal Suhard rappelle dans une homélie donnée à Montmartre toute l'actualité de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus :

« Jamais peut-être la dévotion au Sacré-Cœur ne s'impose avec plus d'urgence et jamais le monde n'eut un tel besoin de l'aide de Dieu qui nous vient par son Cœur. Car c'est par la manifestation de son Amour que le Christ entend conquérir et régner. Il règnera dans la mesure où nous comprendrons que dans son Cœur Sacré réside notre salut personnel et la pacification de l'humanité…
C'est pourquoi il faut qu'ici soit entretenu et développé le mouvement de reconnaissance, d'adoration, de pénitence et d 'amour inauguré par ceux qui, il y a plus d'un demi-siècle, conçurent le projet du "Vœu national au Cœur de Jésus"…
Il faut que […] le Cœur de Jésus soit mieux connu. C'est dire que, grâce à des prédications ou publications substantielles et approfondies, mais accessibles au grand public, - grâce à un enseignement qui porte à aimer et à agir – soient révélées aux foules les richesses de ce divin Cœur…
Il faut que […] notre Action Catholique soit vivifiée, rajeunie, renforcée ; que notre action de conquête, de conquête missionnaire, reçoive impulsion et vie. Le Cœur de Jésus n'est-il pas la source de tout apostolat ?
»
Cardinal Suhard, in Semaine religieuse de Paris, 14 novembre 1943, cité par André Dérumaux, Le Cœur, Desclée de Brouwer, Etudes Carmélitaines, 1950.



Paris, mars 1943
(verso)



Paris, mars 1943
(verso)



Montpellier, septembre 1943
(verso)




Toulouse, juin 1944


1945

Le 7 mai, l'Allemagne capitule sans condition à Reims.

Le 17 juin, les délégués de tous les diocèses consacrent à Montmartre, en présence des cardinaux, archevêques et évêques de France, un million de familles françaises au Sacré-Cœur. Un message de Pie XII qui leur est destiné est lu au cours de cette cérémonie.

« Nous sommes de cœur au milieu de vous, familles de France qui venez renouveler votre consécration au Cœur de Jésus qui aime les Francs : quelle splendeur, quelle puissance ! Quelle responsabilité aussi, car les destinées de votre patrie sont entre vos mains, mais à la double condition que, fiers de votre appartenance au Christ et conscients de la force qu'elle vous confère, vous vous montriez imperturbablement fidèles à cette appartenance et que vous usiez vaillamment de cette force.
La valeur et la prospérité d'un peuple résident, non pas dans l'action aveugle d'une multitude confuse, mais dans l'organisation normale des familles saines et nombreuses, sous l'autorité respectée du père, sous la sage et vigilante providence de la mère, dans l'union intime et coopérante des enfants.
Chaque famille s'étend, se dilate dans la parenté qu'unissent les liens du sang. Et les alliances entre familles viennent encore, par leurs harmonieux enchevêtrements, constituer de maille en maille tout un réseau dont la souplesse et la solidité assurent l'unité vitale d'une nation, grande famille au grand foyer qu'est la patrie.
Réseau tellement parfait et délicat que chaque maille qui viendrait à se rompre ou à se relâcher risquerait de compromettre, avec l'intégrité du réseau, tout l'organisme de la société. Or, cette rupture ou ce relâchement, cet affaiblissement ou cette dégénérescence de la famille se produisent avec leurs funestes conséquences toutes les fois qu'une atteinte est portée à la sainteté ou à l'indissolubilité du mariage, à la fidélité ou à la fécondité conjugale, toutes les fois que l'autorité paternelle, par abdication des parents ou par insubordination des enfants, se trouve mise en échec.
Des fragments de familles brisées ou désagrégées ne sont guère plus propres à constituer une société saine et stable que le conglomérat amorphe d'individus dont Nous parlions récemment. Grande certes, et noble et pure, est la félicité d'un foyer patriarcal, intact dans son intégrité comme dans sa dignité. Mais - qui oserait le nier ? - cette félicité est le prix de l'attachement à des devoirs austères, de la victoire sur des obstacles ou des attraits, sur les passions déréglées ou les tentations de la chair ou du cœur. Or, il y faut du courage, un courage généreux et, surtout, permanent, continu, à longueur d'année, à longueur de vie.
A moins d'ignorer étrangement la faiblesse humaine, de fermer obstinément les yeux devant l'évidence, force est de reconnaître qu'un tel courage ne peut surgir, moins encore se soutenir par le seul effet des arguments de la simple et froide raison. La doctrine pure, la morale sublime, les espérances éternelles de la foi chrétienne contribuent grandement à l'engendrer, mais ce n'est pas surtout son action extérieure qui donne à la religion du Christ cette salutaire influence, cette vertu merveilleuse de sauvegarder la pureté, la sainteté du mariage et de la famille au milieu d'une fausse civilisation corrompue et corruptrice. Le Christ agit dans les âmes par l'infusion de sa grâce plus encore que par ses enseignements, ses exhortations, ses promesses ; surtout Il est par son Eucharistie, la "source de la vie et de la sainteté". Quel temple auguste devient le foyer où le père, la mère, les enfants, vivent, nourris et abreuvés de la chair et du sang de Dieu !
Quand une famille vit ainsi du Christ, que par sa consécration au Cœur du Christ elle a ratifié son union avec Celui qui a vaincu le monde et s'est vouée à l'amour, au service, au règne de ce Cœur divin, qu'elle a fait de son règne l'idéal qui la fascine et auquel visent toutes ses aspirations ; quand plusieurs familles, animées du même esprit, tendues vers le même idéal, sont unies dans la compacte intégrité du corps mystique de l'Homme-Dieu, quand ces familles sont des milliers, des centaines de milliers, quand un million de pères, de mères, des millions et des millions d'enfants consacrent avec une ardeur passionnée toutes leurs énergies à promouvoir la cause et le règne de Jésus, qui mesurera la puissance d'une telle armée sous un tel chef ?
La timidité, l'hésitation, la défiance abattant vos courages et brisant votre élan, stériliseraient tous vos efforts. Et c'est pourquoi Nous vous indiquions la fierté de votre appartenance au Christ, la conscience de votre force, pour restaurer tout en lui sous sa conduite et dans son règne, comme condition essentielle pour la voir produire ses effets merveilleux.
Courage donc, familles chrétiennes, familles françaises du Sacré-Cœur ! Votre phalange est assez considérable, assez forte pour marcher en assurance. Et pourtant, regardez ! Ne voyez-vous pas autour de vous d'autres familles en nombre bien plus imposant que le vôtre, fixer les yeux sur vous et n'attendre pour marcher avec vous que de recevoir de vous le branle ?
Votre consécration au Cœur de Jésus scelle un pacte entre Lui et vos familles. Il en a pris l'initiative par sa promesse : "Je les bénirai," disait-Il à sainte Marguerite-Marie.
De votre côté, avec toute la solennité que vos moyens vous permettaient, sous la bénédiction du prêtre. son représentant, vous avez mis son image à la place d'honneur de votre foyer dont vous le proclamiez le souverain, vous engageant officiellement à le regarder et à le traiter comme tel. Lui, ne manquera jamais à sa parole : Il est le Dieu fidèle. Ne manquez pas à la vôtre. Faites-le régner chez vous et autour de vous.
Consacrée, votre demeure est donc, par définition, une demeure désormais sacrée : rien n'y doit offenser les yeux, les oreilles, le Cœur de Jésus. Il en est le Roi : Il doit y recevoir de votre fidélité un hommage permanent de respect, de dévotion. d'amour. Chef très aimant de votre foyer, il est associé intimement à toute sa vie et l'on n'y conçoit aucune peine, aucune joie, aucune inquiétude, aucune espérance, à laquelle vous Le laisseriez étranger. C'est le royaume du Christ : il est sacré !
Il n'y aurait qu'une vaine et stérile complaisance d'amour-propre, ou plutôt qu'une humiliante contradiction à prendre conscience de votre force si vous n'en deviez user pour le maintien, la défense, la conquête des droits du Cœur de Jésus qui sont aussi vos droits, les droits de votre famille et de votre patrie. Pères de familles chrétiennes, qui sont l'honneur et la vitalité de la France, il vous appartient et vous avez le devoir de parler et d'agir au nom de vos familles, au nom de la France, de cette France qui, au lendemain de douloureux désastres, a gravé sur le fronton de votre basilique de Montmartre l'émouvante humilité de son repentir, l'ardeur de son amour et de sa dévotion Poenitens et devota !
Au nom donc de vos familles et de la France, défendez la sainteté du mariage et l'unité du foyer, ravagées par le divorce ; défendez l'autorité des parents et leur liberté d'élever chrétiennement leurs enfants sans dommage ; défendez l'enfance et l'adolescence contre les propagandes impies et déshonnêtes, contre la séduction des spectacles scandaleux, contre les licences pernicieuses d'une presse et d'une radio sans contrôle.
Au nom de vos familles et de la France, revendiquez pour vos cités la décence, la dignité des rues et des places publiques, le droit pour tous vos concitoyens de pratiquer ouvertement leur religion, pour votre clergé, vos religieuses, celui de faire du bien aux petits, aux ignorants, aux pauvres, aux malades, aux mourants.
Au nom de vos familles et de la France, préparez et procurez l'avènement du règne de Dieu et du Cœur de Jésus dans votre patrie, la reconnaissance de sa divine majesté, dans la sanctification du dimanche et des fêtes, dans l'exercice du culte public, dans la pratique de la justice, de la charité sociales, de la réconciliation mutuelle, dans le calme et dans l'ordre, en un mot, dans la paix.
Vous venez de proclamer une fois de plus que vous croyez à la vocation chrétienne de la France. Il est fidèle l'auteur de cette sublime vocation : "Fidelis Deus, per quem vocati estis". Que par vous, familles chrétiennes consacrées au Cœur de Jésus, la France, de son côté, soit fidèle à y répondre.
»
Pie XII, Message au Familles de France, 17 juin 1945.




Cambrai, août 1945




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« Les personnes qui propageront cette dévotion, auront leur nom inscrit dans mon Cœur, et il ne sera jamais effacé. »
(11ème promesse du Sacré-Coeur à sainte Marguerite-Marie)


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