Un peu d'histoire...
En 1871, l'Abbé Adrien Sylvain (1826-1914) qui publie depuis 1868 à Avignon - sous le couvert de l'anonymat - ses Paillettes d'or qui feront le tour du monde, rédige une paillette toute dédiée à l'invocation au Sacré-Cœur de Jésus.
« Arrête ! Le Cœur de Jésus est là !
C'est la devise gravée tout autour d'une image du Sacré-Cœur de Jésus sur le drapeau et sur la poitrine des Zouaves Pontificaux et des soldats Bretons.
Qui donc inspira cette parole qui laisse tant de fermeté sur le front et sur le visage tant de sérénité ?
On dit que c'est une mère.
Elle bénissait son fils, qui agenouillé devant elle, allait partir pour défendre Pie IX, et, courageuse mais émue, elle lui disait le dernier adieu, en passant à son cou une médaille du Sacré Cœur ; tout à coup elle s'arrête tremblante… une vision de sang passe peut-être devant ses yeux… puis, elle s'écrie avec un accent inspiré : Arrête ! le Cœur de Jésus est là !
Et son visage reprend son calme ; elle embrasse son fils : Pars, lui dit-elle, je suis rassurée !
Arrête ! Le Cœur de Jésus est là !
Elle sera ma devise à moi aussi soldat de J.-C. cette éloquente parole et je la graverai sur ma table de travail et dans la salle où s'accomplit mon labeur de chaque jour ; et si la nonchalance, l'oisiveté, l'amour-propre ou la révolte venaient s'asseoir près de moi, mes lèvres murmureraient comme un appel à la vigilance et au courage !
Arrête ! Le Cœur de Jésus est là !
Je la graverai cette devise sur le prie-Dieu où je m'agenouille le matin et le soir, pour faire ma prière et aux heures où je sens mon courage faiblir ; et si le démon venait m'entourer d'ennui, s'il essayait d'envelopper ma foi d'un nuage en glissant dans mon âme une pensée de défiance, il reculerait en la lisant près de l'image de mon Crucifix.
Arrête ! Le Cœur de Jésus est là !
Je la graverai cette devise sur mes vêtements et je la placerai tout près de mon cœur ; et si la sensualité, si l'égoïsme, la haine ou la vengeance voulaient pénétrer dans ce sanctuaire où Jésus seul est le maître, ces vices fuiraient épouvantés et confus.
Arrête ! Le Cœur de Jésus est là !
Je la graverai cette devise sur la porte de la chambre où je repose la nuit ; et si à la faveur des ténèbres, le démon glissait près de ma couche, elle brillerait foudroyante, comme autrefois brillait le nom de Dieu que présentait aux regards de ce révolté, l'archange S. Michel !
Oh ! comme elle repose en paix, comme elle marche calme, paisible, comme elle combat forte et invincible, comme elle souffre courageuse et méritante l'âme qui se sent protégée par le Cœur de Jésus !
Le Cœur de Jésus c'est l'amour qui veille – c'est l'amour qui défend – c'est l'amour qui donne – c'est l'amour qui guérit ! »
Paillettes d'or, Deuxième série, Avignon, Aubanel frères, 1871.
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