7. Nouvelle expansion - La dévotion au XX° siècle : 1870 à nos jours
1870 : Le 24 avril, adoption de la Constitution Dei Filius par Vatican I.
Sur ces années 1870-1873 : l'Œuvre du Vœu national
Le 28 avril, le P. Beckx, général de la Compagnie de Jésus, obtient que la fête du Sacré-Cœur soit célébrée par toute la Compagnie, sous le rite double de première classe avec octave.
Le 27 juin, les missionnaires présents en Chine consacrent la presqu'île de Haimen au Sacré-Cœur. L'année suivante, Mgr Languillat place le diocèse de Kiang-Nan sous le même patronage.
Le 18 juillet, le concile œcuménique adopte la constitution Pastor Aeternus, qui proclame que le souverain pontife est infaillible "lorsqu'il parle ex cathedra, c'est-à-dire lorsque, remplissant sa charge de pasteur et de docteur de tous les chrétiens, il définit, en vertu de l'autorité de sa suprême autorité apostolique, qu'une doctrine, en matière de foi ou de morale, doit être admise par toute l'Eglise".
Le 19 juillet, la France déclare la guerre à la Prusse. Premières défaites de l'armée française à Wissembourg, Reichshoffen et Froeschwiller, et Forbach, les 4, 6 et 9 août 1870.
Le 2 septembre, désastre de Sedan.
Le 4 septembre est prononcée la déchéance de Napoléon III. Un gouvernement provisoire est formé par le général Trochu (1815-1896), gouverneur militaire de Paris. Proclamation de la République.
1870-1940 : Troisième République.
Le 28 août, le P. Beckx, général de la Compagnie de Jésus, exhorte les Pères à s'approcher du Cœur de Jésus ouvert, Cor Jesu patet nobis, ajoutant : "Allons à cette fontaine inépuisable d'amour, approchons-nous avec grande confiance, et, d'une voix suppliante, écrions-nous : Seigneur, sauvez-nous, nous périssons. Aidez-nous, parce que nous sommes à vous ; vous nous avez rassemblés sous l'ombre de votre nom, pour vous suivre, obéir à vos ordres, achever votre oeuvre…".
Au mois de septembre, le Père Henri Ramière S.J., directeur de l'Apostolat de la Prière, appelle dans un article du Messager du Cœur de Jésus les associés à se tourner en confiance vers le Cœur du Sauveur :
« A tous les Associés de l'Apostolat de la Prière, - Les catastrophes, dont nous venons d'être les témoins, absorbent en ce moment toutes les préoccupations… L'Apostolat de la Prière est donc, plus que jamais, l'Œuvre du temps présent… Ne nous laissons pas abattre par nos revers… Dieu aime la France.
Toute notre histoire, depuis quatorze siècles, prouve que, dans le Cœur du Souverain Seigneur de l'univers, l'amour de la France n'a jamais été séparé de l'amour de l'Eglise, qui est sa passion dominante.
Ayons donc confiance et, quand les malheurs de la France s'aggraveraient encore, ne nous laissons pas ébranler dans notre espoir. Quand elle semblerait enfermée dans un tombeau, soyons certains qu'elle ressuscitera, à la seule condition qu'elle se tournera vers Celui auquel elle est redevable de son existence et de toutes ses gloires.
Unissons, nous aussi, dans notre cœur, l'amour de la France et l'amour de l'Eglise ; ne séparons jamais, dans nos prières, les intérêts de ces deux patries.
Mais ne gardons pas notre confiance pour nous ; communiquons-la à tous ceux dont le courage serait exposé à faiblir. Apprenons à ceux de nos frères qui vont combattre pour la France, à élever les yeux vers le Cœur de Jésus, à compter sur son appui plus que sur les armes les plus puissantes, à lui offrir leurs travaux et leur sang et à puiser dans sa grâce un courage qu'aucun revers ne puisse abattre.
Et nous, qui ne pouvons combattre avec le glaive matériel, saisissons l'arme de la prière. Demeurons sur la montagne avec Moïse, ou plutôt avec Celui dont Moïse était l'image, avec le vrai chef du peuple de Dieu "qui vit toujours pour intercéder en notre faveur". Joignons notre intercession à la sienne, et ne laissons pas tomber nos bras jusqu'à ce que les joies de la paix aient succédé à l'horreur des batailles. »
P. Henri Ramière, in Le Messager du Cœur de Jésus, septembre 1870.
Par ailleurs, le Père Ramière publie dans cette même revue sous le titre Le Cœur de Jésus, unique salut de la France, deux articles inédits du Père Louis de Bussy S.J. (1788-1822) auteur de L'unique Sauveur de la France - écrits entre 1820 et 1822, dont l'opportunité du contenu est alors soulignée, prémices de ce qui allait devenir le Vœu national.
« Réparation, Consécration au Cœur de Jésus, et la France est sauvée.
Ames fidèles, vous dont les prières nous ont déjà obtenu des prodiges de miséricorde, commencez le cantique du repentir et toute la France suivra. Prosternés au pied des autels, vous mettant au nombre ou même à la place des coupables, vous vous dévouerez au Cœur de Jésus, et vous vous offrirez comme victimes à la justice miséricordieuse du Seigneur.
Et vous, Pères de familles, vous, Instituteurs de l'enfance, vous gémissez sur l'inutilité ou le peu de fruit de vos travaux… Voulez-vous que le rosée céleste les féconde au nom de vos enfants, faites amende honorable au Cœur de Jésus ; prenez part au deuil général et à la grande réparation.
Et vous, jeunesse française, précieux espoir de notre patrie, venez retremper vos cœurs à la source de vie ; quand même les doctrines d'impiété auraient flétri et desséché votre cœur, il revivra, au contact du Cœur de Jésus-Christ… C'est pour vous surtout que nous écrivons ces pages, ô génération naissante, peuple nouveau créé pour aimer le Seigneur Jésus.
Et vous, ne viendrez-vous pas, braves soldats, intrépides défenseurs de la France ? Et qui donc embrasserait la religion du cœur avec un zèle plus ardent que le vôtre, cœurs nobles et magnanimes, cœurs vraiment français ?… Vous brûlez de signaler votre courage pour le salut de la patrie : croyez que vous ne la servirez utilement, qu'autant que vous aurez dévoué vos cœurs et vos épées au Cœur de celui qui fait gagner les batailles. Les héros de la Vendée portaient sur leur poitrine l'image du Cœur de Jésus…
Vous aussi, défenseurs pacifiques de la France, Administrateurs et Magistrats, venez ; la France a besoin de votre aide… Imitez un grand exemple… Les immortels consuls de Marseille ont trouvé récemment d'illustres imitateurs de leur foi et de leur sagesse…
Et maintenant, c'est à vous que s'adressent les volontés du ciel, Ministres du Seigneur : Et nunc ad vos mandatum hoc, ô sacerdotes !… A Dieu ne plaise que nous prétendions instruire ceux qui sont nos maîtres ou même nos pères dans la foi… Mais qu'il soit permis d'en appeler à votre douloureuse expérience… Ne gémissez-vous pas de voir des terres arrosées de tant de sueurs, frappées cependant de stérilité et de mort ?… Nous répondrons à vos gémissements par ces paroles d'une âme sainte, de celle même que Jésus a chargée de propager le culte de son Cœur : "Mon divin Sauveur, dit-elle, m'a fait entendre que ceux qui travaillent au salut des âmes auront l'art de toucher les cœurs les plus endurcis, et travailleront avec un succès merveilleux, s'ils sont pénétrés d'une tendre dévotion envers son divin Cœur…" C'est donc à vous, prêtres de Jésus-Christ, de faire aimer et connaître le Cœur de Jésus, et de lui élever partout des autels.
Mais c'est vous que ce soin regarde d'abord, Chefs de la milice sacrée… Quel a été le vœu de vos cœurs en acceptant la houlette pastorale, devenue maintenant si pesante ? N'est-ce pas de voir la tribu sacerdotale se multiplier en proportion des besoins toujours croissants, vos peuples répondre aux efforts de votre zèle, et la France entière, abjurant ses erreurs, revenir à la foi et aux mœurs de nos pères ? Achevez l'ouvrage de vos illustres prédécesseurs, et tous vos vœux s'accompliront. Dans une assemblée mémorable ils ont approuvé, d'une voix unanime, le culte du Cœur de Jésus ; mais il nous est réservé de l'établir solennellement, de le faire régner partout, et de lui consacrer vos vastes diocèses. »
P. Louis de Bussy, in le Messager du Cœur de Jésus, Septembre 1870.
prélude à la construction de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
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Le 19 septembre, défaite de Châtillon et début du siège de Paris.
Le 20 septembre, prise de Rome par les troupes de Garibaldi. Les biens ecclésiastiques sont confisqués, et l'Etat s'approprie les couvents. Fin des Etats de l'Eglise, le Vatican étant reconnu comme résidence papale. Pie IX suspend le concile Vatican I le 20 octobre, et se considérant comme prisonnier au Vatican, dénonce ces mesures prises par le roi Victor-Emmanuel, qui est excommunié. Les accords de Latran signés en 1929 mettront fin à cette tension.
Fin septembre, l'Abbé Victor de Musy fait exécuter à ses frais par les religieuses de Paray-le-Monial un drapeau du Sacré-Cœur portant l'invocation : "Cœur de Jésus, sauvez la France". Celles-ci le font suivre à sa demande au "saint homme de Tours", M. Dupont (1797-1876, cf. 1849), qui - devant l'impossibilité de le faire parvenir au général Jules Trochu (1815-1896), gouverneur de Paris l'offrira au baron Athanase de Charette (1833-1911), nommé début octobre commandant de la légion des Volontaires de l'Ouest.
« Je viens de recevoir des religieuses de Paray-le-Monial un étendard avec les insignes du Cœur de Jésus. Elles me demandent de le faire parvenir à Paris au général Trochu, et, si cela est impossible, de le remettre soit au général Cathelineau, soit à un des commandants des forces de l'Ouest. Colonel, votre nomination, le hasard qui m'amène ici en ce moment sont providentiels. C'est à vous que revient de droit le drapeau du Sacré-Cœur. »
M. Dupont au colonel de Charette, in Jacques de la Faye, Le général de Charette, Paris, Bloud et Gay, 1918.
Le 6 octobre, Mgr Pie, évêque de Poitiers, s'exclame en chaire :
« Moi, Pasteur de tous, je vais vous consacrer tous à l'évêque de nos âmes. Ce n'est pas assez. Nous sommes les citoyens de la France ; la France a commis un crime national, social, faisons donc au Cœur de Jésus une consécration qui soit une réparation nationale, publique, et faisons-le régner dans cette terre de France qui ne serait plus la France, le jour où elle ne serait plus la nation chrétienne. »
Partis de Rome en septembre, les 300 zouaves pontificaux qui ont rejoint Tours le 8 octobre y retrouvent le colonel de Charette, qui leur fait part de leur nouvelle dénomination de Volontaires de l'Ouest. Leur effectif s'augmente rapidement de nouveaux engagés venus de toute la France, et atteint bientôt le nombre de 1.200. A partir du 14 octobre, les Volontaires répètent chaque vendredi avec le Père de Boylesve S.J. (1813-1892), directeur de l'Apostolat de la Prière du Mans, la Consécration au Cœur de Jésus que celui-ci a composé et inséré dans son opuscule Le Triomphe de la France par le Cœur de Jésus (cf. au chapitre des Prières et Litanies). Le feuillet est tiré à trois cent trente mille exemplaires, et reproduit intégralement par le Père Ramière dans Le Messager du Cœur de Jésus. Le Père de Boylesve y rappelle les révélations du Christ faites à Marguerite-Marie Alacoque en 1689 et à la sœur Marie de Jésus en 1823, révélations qui appelaient à la consécration de la France à son divin Cœur, ainsi qu'à l'érection d'un édifice en son honneur.
L'Abbé Julio (Julien Ernest Houssaye, 1844-1912) s'engage parmi les Volontaires de l'Ouest commandés par le colonel de Charette. L'Abbé Julio créera dans les années 80 plusieurs journaux de tendance gallicane (La Tribune du Clergé, La Tribune Populaire), et à la suite de sa rencontre avec le guérisseur Jean Sempé, travaillera à faire connaître le pouvoir de guérison de la prière de Foi. Il sera consacré évêque de l'Eglise catholique libre de France (Eglise gallicane) le 4 décembre 1904.
Le 27 octobre, reddition du maréchal Bazaine à Metz.
Le 24 novembre, le général Gaston de Sonis (1825-1887) est nommé à la tête du 17° corps d'armée, dont font partie les Volontaires de l'Ouest.
Le 2 décembre 1870, bataille de Loigny. Partis de Patay, le général Gaston de Sonis et le colonel de Charette à la tête des Volontaires de l'Ouest, portent la bannière du Sacré-Cœur au cœur des combats, aux cris de "Vive Pie IX ! Vive la France !". Les soldats portent nombreux sur leurs vêtements militaires de petits scapulaires du Sacré-Cœur que leur a distribués le Père de Boylesve.
« Tous les soirs à Notre-Dame de Sainte-Croix, je donnais la bénédiction du Saint-Sacrement aux zouaves pontificaux, volontaires de l'Ouest. Après une courte allocution, je leur distribuais de petits Sacrés-Cœurs en laine, qu'ils cousaient à leur vêtement militaire et qu'officiers et soldats portaient ostensiblement sur leur poitrine.
La veille de leur départ pour Patay-Loigny, la distribution fut interminable. Chacun en voulait deux, trois, pour les coudre sur tous les vêtements intérieurs et extérieurs. La veille du jour où le 1° bataillon des volontaires de l'Ouest repartit pour le plateau d'Avours, la distribution fut aussi abondante que lors du départ pour Patay. »
Lettre du P. de Boylesve au Messager du Cœur de Jésus, in Le Messager, septembre 1891, t. LX.
Le 4 décembre, défaite d'Orléans.
Le 8 décembre, par le décret Quemadmodum Deus, Pie IX déclare le Bienheureux Joseph patron de l'Eglise universelle.
Le 13 décembre, le Père Ramière rédige une formule du Vœu national qui paraît aussitôt dans Le Messager - et bientôt sous la forme de feuilles volantes fournies par l'Apostolat de la Prière - en laquelle il demande la libération de la France et la délivrance du Souverain Pontife.
Fin décembre, Alexandre Félix Legentil (1821-1889), membre du Conseil général de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, réfugié à Poitiers du fait de la guerre, rédige une autre formule de Vœu au Sacré-Cœur, qui a en vue la délivrance de Paris.
1871 : Le 5 janvier, début du bombardement de Paris.
Le 11 janvier, défaite du Mans, au cours de laquelle de nombreux Volontaires de l'Ouest sont tués en couvrant la retraite du général Antoine Chanzy (1823-1883).
Le 17 janvier, apparition de la Vierge aux enfants de Pontmain, en Mayenne.
Le 28 janvier, capitulation de Paris et signature de l'armistice avec la Prusse.
Le 16 février, élection de Jules Ferry (1832-1893) à la présidence de l'Assemblée, et le 17, élection d'Adolphe Thiers (1797-1877) comme chef du pouvoir exécutif du gouvernement provisoire de la République.
Le 26 février, au cours d'une audience avec le Père Jandel (†1874), Maître général des Dominicains, Pie IX approuve le Vœu national en l'honneur du Cœur du Christ, et en bénit le texte, hors des protestations qui le précèdent sur la formule du Père Ramière. Du 18 mars au 28 mai, Commune de Paris.
Le 5 avril, arrestation de 74 otages, parmi lesquels Mgr Darboy (1813-1871), archevêque de Paris depuis 1863, qui sera fusillé le 24 mai suivant à la prison de la Roquette. Mgr Guibert (1802-1886), archevêque de Tours, sera nommé à sa succession après la Commune, le 19 juillet 1871.
Le 10 mai, le Traité de Francfort met fin à la guerre entre la France et le II° Reich.
Encouragé par le P. Victor Drevon (1820-1880), Pierre Marie Edouard Cazenaves de Pradines (1838-1896) ancien volontaire de l'Ouest et héros de Patay en décembre 1870, proche du comte de Chambord fait voter par l'Assemblée Nationale des prières publiques au Cœur de Jésus, pour "obtenir de Dieu la cessation de nos maux et la fin de nos discordes civiles".
Le 21 mai, les Versaillais entrent à Paris. Le 22, début de la "semaine sanglante".
Le 27 mai, les communards sont exécutés en masse par les Versaillais devant le mur des Fédérés. Le 28 mai, fin de la "semaine sanglante".
Le 28 mai, veille de la Pentecôte, les zouaves pontificaux rescapés du conflit franco-prussien et Athanase de Charette général depuis le 17 janvier - se réunissent une dernière fois dans la chapelle du grand séminaire de Rennes. Au cours de la célébration eucharistique, devant l'étendard du Sacré-Cœur qui a accompagné leurs combats, Mgr Daniel, aumônier en chef, prononce en leur nom l'acte de consécration qu'a rédigé à cette intention le général Gaston de Sonis, commandant du 17° corps d'armée.
« 0 Jésus, vrai Fils de Dieu, notre roi et notre frère, rassemblés tous ici aux pieds de vos autels, nous venons nous donner pleinement à vous et nous consacrer à votre divin Cœur. Vous le savez, Seigneur, nos bras se sont armés pour la défense de la plus sainte des causes ; de la vôtre, Seigneur, puisque nous sommes les soldats de votre Vicaire. Vous avez permis que nous fussions associés aux douleurs de Pie IX, et qu'après avoir partagé ses humiliations, nous fussions violemment séparés de notre Père. Mais, Seigneur, après avoir été chassés de cette terre romaine, où nous montions la garde au tombeau des saints Apôtres, vous nous prépariez d'autres devoirs, et vous permettiez que les soldats du Pape devinssent les soldats de la France. Nous avons paru sur les champs de bataille armés pour le combat. Votre Cœur adorable, représenté sur notre drapeau, abritait nos bataillons. Seigneur, la terre de France a bu notre sang, et vous savez si nous avons bien fait à la patrie le sacrifice de notre vie. Beaucoup de nos frères sont morts. Vous les avez rappelés à vous, parce qu'ils étaient mûrs pour le ciel. Mais nous, nous restons, et nous ignorons le sort que vous nous réservez. Faites, mon Dieu, que la vie que vous nous avez laissée soit tout entière consacrée à votre service ; nous portons tous, sur notre poitrine, l'image de votre Sacré-Cœur, faites que tous nos cœurs en soient l'image encore plus vraie. Rendez-nous dignes du nom de soldats chrétiens. Faites que nous soyons soumis à nos chefs, charitables pour le prochain, sévères pour nous-mêmes, dévoués à nos devoirs et prêts à tous les sacrifices. Faites que nous soyons purs de corps et d'âme ; qu'ardents dans le combat, nous devenions tendres et compatissants pour les blessés. 0 Jésus, dans les dangers et dans les souffrances, c'est de votre divin Cœur que nous attendons notre plus puissant secours. Il sera notre refuge lorsque tous les appuis humains nous manqueront, et notre dernier soupir sera notre dernier acte d'espérance dans sa miséricorde infinie.
Et vous, ô divine Marie, que nous avons choisie pour notre mère, à vous aussi nous avons rendu témoignage. Les champs de bataille ont vu le long cortège des mères, des épouses et des sœurs en deuil ; et lorsque de pieuses mains remuaient la terre qui recouvre les morts, on savait reconnaître les nôtres à votre Scapulaire. Soyez donc notre protectrice et obtenez-nous la grâce de nous tenir étroitement unis à vous dans le Sacré-Cœur de Jésus, durant la vie et à l'heure de la mort, pour le temps et pour l'éternité. Ainsi soit-il. »
Et le général de Charette prononce à son tour la consécration ci-dessous.
« A l'ombre de ce drapeau, teint du sang de nos plus chères victimes, moi, général baron de Charette, qui ai l'insigne honneur de vous commander, je consacre la légion des Volontaires de l'Ouest, les zouaves pontificaux, au Sacré-Cœur de Jésus ; et avec ma foi de soldat, je dis de toute mon âme, et vous demande de le dire tous avec moi : "Cœur de Jésus, sauvez la France !" »
Consécrations au Sacré-Cœur du 28 mai 1871, in R.P. X. de Franciosi, La Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus et au Saint-Cœur de Marie, Nancy, Le Chevallier Frères, 1885.
Le 31 août, vote de la loi Rivet, qui donne au chef du pouvoir exécutif le titre de Président de la République. Adolphe Thiers devient le premier président de la III° République.
En décembre, le T.R.P. Beckx (1795-1887), Général des Jésuites, consacre la Compagnie au Sacré-Cœur de Jésus. Le Père Paul Ginhac (1824-1895), instructeur à Castres, lui écrit :
« Mille actions de grâces soient rendues à Notre-Seigneur Jésus-Christ, pour la salutaire résolution qu'il a inspirée à Votre Paternité de consacrer solennellement la Compagnie tout entière à son très Sacré Cœur. Jamais il n'y eut plus d'opportunité. En effet, ce n'est pas seulement un secours et un refuge que nous devons trouver dans le Cœur de notre divin Roi, au milieu des calamités qui pèsent sur la Compagnie notre Mère et des dangers qui la menacent de toutes parts ; mais c'est surtout l'esprit, la charité, le courage, absolument nécessaires pour nous, en face des besoins actuels, que nous devons puiser à cette source infinie de tous les biens. Aujourd'hui, plus qu'en aucun autre temps peut-être, il faut à l'Eglise et à la Compagnie des hommes de cœur ; or, il n'est pas possible d'être homme de cœur, si le modèle et le roi de tous les cœurs ne se communique à nous, et ne devient, en une certaine manière, notre cœur. La consécration que nous allons faire, tout en nous rappelant ce précieux enseignement, nous vaudra, en même temps, à tous, la grâce de vouloir être entièrement conformes au divin Cœur de notre Chef et maître souverain. »
Lettre du P. Paul Ginhac au T.R.P. Beckx, in A. Calvet, le Père Paul Ginhac de la Compagnie de Jésus, Toulouse, Bureaux du Messager du Cœur de Jésus, 1901.
Le P. Paul Ginhac prendra possession de la maison du troisième an de Paray-le-Monial, où il se montrera plus que jamais l'apôtre dévoué du Sacré-Cœur.
« Deux fleuves immenses de miséricorde et de grâce s'échappent pour inonder toute la terre, afin de purifier les âmes et les féconder. J'ai prié longtemps, demandant au Seigneur que mon cœur enfin s'ouvrît et à Dieu et aux âmes. Il me faut la vérité, l'amour, la puissance du Cœur de Notre-Seigneur ; il me faut le Cœur même de Notre-Seigneur. C'est lui qui doit être l'instructeur de ces Pères venus de partout ; c'est lui qui doit les embraser, les remplir de lui-même, afin que ces Pères, à leur tour, aillent répandre partout le feu sacré. Prenez donc mon cœur, changez-le au vôtre, Seigneur Jésus. C'est la maison du Sacré-Cœur. Je ne suis rien. Il faut, ô divin Roi, que votre Cœur gouverne cette maison. Je vous confie tout !… »
Extrait du carnet de retraite du P. Ginhac, op. cit..
Dans la nuit de Noël, Albert de Mun (1841-1914) fonde à Paris les Cercles catholiques d'ouvriers, avec le marquis René de La Tour du Pin Chambly (1834-1924) et Maurice Maignen (1822-1890), qui avait créé le Cercle des jeunes ouvriers en 1864. En 1880, ils regrouperont près de 20.000 ouvriers.
1872 : Le 18 janvier, Mgr Guibert donne son approbation officielle au Vœu national.
Le texte du Vœu tel qu'il fut finalement formulé et adopté est le suivant :
« En présence des malheurs qui désolent la France, et des malheurs plus grands peut-être qui la menacent encore ;
En présence des attentats sacrilèges commis à Rome contre les droits de l'Eglise et du Saint-Siège, et contre la personne sacrée du Vicaire de Jésus-Christ ;
Nous nous humilions devant Dieu, et, réunissant dans notre amour l'Eglise et notre Patrie, nous reconnaissons que nous avons été coupables et justement châtiés.
Et pour faire amende honorable de nos péchés et obtenir de l'infinie miséricorde du Sacré Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ le pardon de nos fautes, ainsi que les secours extraordinaires qui peuvent seuls délivrer le Souverain Pontife de sa captivité et faire cesser les malheurs de la France, nous promettons de contribuer à l'érection à Paris d'un sanctuaire dédié au Sacré-Cœur de Jésus. »
Texte du Vœu National, tel qu'on peut aussi le lire aujourd'hui en la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre.
Le 24 janvier, Mère Marie-Eugénie de Jésus (1817-1898, béatifiée le 9 février 1975), avec la participation des Pères Assomptionnistes François Picard (1831-1903) et Vincent de Paul Bailly (1832-1912), fonde l'Association de Notre-Dame de Salut. Le bulletin de l'Œuvre nouvelle paraît pour la première fois le 12 juillet de l'année suivante, avec pour titre Le Pèlerin. Le Père Vincent de Paul Bailly en renouvellera la formule pour en faire un organe de presse hebdomadaire et bon marché en 1877.
« Notre-Dame de Salut, ayant mis en avant des prières, des messes et communion pour la délivrance de la France, devait attirer les pèlerinages. C'est ce qui arrive. Voici les faits : Un prêtre et quelques âmes pieuses ont déjà préparé un pèlerinage à Ars et à la Salette. Pour moi, j'aimerais mieux Lourdes, mais on a choisi la Salette, et les premières démarches ont été faites. »
Lettre du Père Picard au Père d'Alzon, Paris, 13 mai 1872.
En mars, Adèle Garnier (1838-1924), institutrice des environs de Laval, qui vient de prendre connaissance d'un article de l'Univers sur le projet de construction à Paris d'un sanctuaire dédié au Sacré-Cœur, entend une voix intérieure lui dire "C'est là que je te veux". Une vision très nette accompagne cette voix : "je vis un autel très élevé et étincelant de lumière dominé par le Saint Sacrement exposé". Cette vision l'accompagne au quotidien dix-huit mois durant, jusqu'à ce qu'elle confie ce qui lui arrive au Père Chambellan, son nouveau confesseur. L'année suivante, elle voit dans une nouvelle vision l'église du Sacré-Cœur achevée, "comme étant sur le chemin de la Jérusalem céleste". Ce n'est que le 7 décembre 1874 qu'elle s'en ouvrira à Mgr Guibert.
Le 7 juin, fête du Sacré-Cœur, l'ensemble des "Réunions" de la Société du Sacré-Cœur de Marie en France se consacrent au Sacré-Cœur de Jésus, et leurs supérieures portent à Paray-le-Monial deux cœurs d'or, écrins où sont enfermés leurs noms.
Le 14 juillet, l'Œuvre des cercles catholiques d'ouvriers, formée depuis quelques mois, se réunit dans une chapelle et se consacre au Sacré-Cœur. Le drapeau de l'Œuvre porte une croix et la devise "In hoc signo vinces". Léon XIII l'encouragera, la déclarant "digne de toute louange".
« Seigneur Jésus, divin ouvrier de Nazareth, nous venons consacrer à votre Cœur adorable l'Œuvre des cercles catholiques d'ouvriers, dont nous sommes les serviteurs indignes et dont vous êtes le maître.
Laissez-nous puiser dans les trésors infinis de ce Cœur si plein de tendresse pour la classe ouvrière, au milieu de la quelle vous avez voulu vivre, et que vous aimez d'autant plus que vous avez connu ses misères et ressenti ses peines.
Vous lui réservez, vous lui promettez encore de belles destinées ! L'atelier, s'il était chrétien, goûterait une paix profonde et serait revêtu d'une splendeur céleste : le passé, sur ce point, répond de l'avenir, et les gloires antiques du travail appellent de nouvelles gloires… Mais quand donc luira ce jour ? Quand donc le type défiguré retrouvera-t-il son intégrité première?
Ah ! Seigneur, aidez-nous à reproduire cet idéal effacé, à restaurer cette grandeur détruite, à rendre aux ouvriers nos frères le véritable honneur, qui est la pratique des vertus chrétiennes, et la vraie liberté, qui est celle des enfants de Dieu.
Humblement prosternés à vos pieds, pénétrés de reconnaissance pour tous les bienfaits dont vous avez comblé notre œuvre, nous nous consacrons tous à votre divin Cœur, et avec nous ces chers ouvriers dont l'amitié nous rend au centuple le peu que nous pouvons leur donner.
Elargissez, mon Dieu, le champ de nos entreprises et consolidez en même temps les bases des cercles déjà fondés. Accordez-nous d'unir à l'enthousiasme qui enflamme la prudence qui modère, la volonté qui mûrit et la persévérance qui achève ; ou plutôt, Seigneur, faites que nous soyons entre vos mains des instruments dociles pour la sanctification de la classe ouvrière et pour le salut de la France !
Ainsi soit-il ! »
Acte de consécration de l'Œuvre des cercles catholiques d'ouvriers, in V. Alet, La France et le Sacré-Cœur, Paris, Lethielleux, 1889.
Le 31 juillet, Pie IX, dans une lettre adressée aux membres du Conseil de l'Œuvre du Vœu national, approuve et bénit l'entreprise.
Au cours du mois d'octobre, alors qu'il gravit aux côtés de l'Abbé Langénieux (1824-1904) les pentes de la butte Montmartre, l'archevêque de Paris Mgr Guibert découvre la beauté du lieu et le retient en préférence aux hauteurs du Trocadéro et de Belleville - comme lieu d'érection du sanctuaire dédié au Sacré-Cœur de Jésus.
« Un jour, étant à ses côtés, je gravissais les pentes de Montmartre ; c'était un matin d'octobre. Le brouillard, s'étendant sur Paris, nous cachait l'horizon ; rien ne se découvrait à nos regards. Mgr Guibert méditait, pensif, sur les motifs de choisir cette montagne. Tout à coup, le soleil chassant les nuages découvre Paris tout entier aux yeux émerveillés du cardinal, qui n'avait jamais vu ce spectacle. Le grand cœur de notre bien-aimé pontife comprend que son choix doit se fixer sur Montmartre : "C'est ici, s'écria-t-il, c'est ici que sont les martyrs, c'est ici que le Sacré-Cœur doit régner, afin d'attirer tout à Lui : Cum exaltatus fuero, omnia traham ad meipsum : et moi, élevé de terre, j'attirerai tous les hommes à moi". »
Abbé Langénieux, in P. Aligant, Montmartre - La Basilique du Vœu national au Sacré-Cœur, Grenoble, Arthaud, 1933.
Le 17 octobre, à l'occasion du pèlerinage d'Issoudun, l'archevêque de Bourges Mgr de la Tour d'Auvergne (†1878) consacre solennellement la France à Notre-Dame du Sacré-Cœur, au nom de soixante-trois évêques.
1873 : Le 19 janvier, le Père Victor Drevon qui constate que de tous les lieux de pèlerinage en France s'élève le cantique Pitié mon Dieu ("Dieu de clémence, O Dieu vainqueur, Sauvez Rome et la France, Au nom du Sacré-Cœur") lance un vibrant appel aux catholiques qu'il invite à se rassembler à Paray-le-Monial.
« … En réfléchissant sur ce fait qui nous a révélé chez ces pieux pèlerins de tout rang, de tout âge, de tout pays, une même tendance, une même disposition à se tourner vers le Cœur adorable de Jésus-Christ ; en considérant les autres preuves du progrès que son culte a fait récemment parmi nous : l'étendard du Sacré-Cœur arboré sur le champ de bataille par les enfants de la France ; le Vœu national d'élever à Paris un temple splendide à la gloire de ce divin Cœur ; la consécration que tous NN. SS. les Evêques lui ont faite successivement et à plusieurs reprises dans leurs diocèses respectifs ; enfin le mouvement général qui se produit et porte de plus en plus les fidèles à accueillir et à pratiquer cette dévotion ; en considérant, dis-je, tous ces signes constants, on se sent fortement pressé d'accepter, avec une conviction encore plus intime, la bonne nouvelle de cette parole répétée souvent : C'est le Cœur de Jésus qui nous sauvera.
Eh bien, laissez-moi vous le demander : Ne vous semble-t-il pas, Messieurs, que pour hâter le jour des grandes miséricordes que nous attendons, c'est au berceau de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, c'est à Paray-le-Monial que les fidèles doivent aller prier ensemble. Les principaux sanctuaires de Marie, les lieux de pèlerinage les plus célèbres ont été visités, mais ce lieu mille fois béni que Notre-Seigneur a choisi lui-même pour nous manifester les richesses de son divin Cœur, ne l'a pas été et pourrait-on convenablement le laisser dans l'oubli ? Non, non, il ne faut pas qu'il en soit ainsi. »
Le Pèlerinage du Sacré-Cœur en 1873, Histoire et documents, Moulins, Desrosiers Paris, Aubanel.
Le 20 mars, suite à l'appel du P. Drevon, l'évêque d'Autun Mgr de Léseleuc publie une lettre pastorale intitulée Au sujet du pèlerinage qui doit avoir lieu au sanctuaire de Paray-le-Monial, en l'honneur du Sacré-Cœur de Jésus, pendant le mois de juin 1873.
« Au Nord, en même temps qu'au Midi, à Lille et à Marseille, sur les bords désolés et encore sanglants du Rhin en même temps que sur les rives de l'Océan, à Strasbourg et à Brest, à Paris aussi, à Paris surtout… un cri unanime et simultané d'espérance sort de toutes les poitrines à l'heure même où nous écrivons. Allons au Sacré-Cœur ! Allons à Paray-le-Monial… La France veut venir prier là… La France oublieuse et sceptique ne se prosterne plus, elle s'élance au Sacré-Cœur de Jésus. Le temple qu'elle a promis d'élever aux lieux mêmes où trôna la Commune, ne lui suffit plus ; elle veut à travers toutes les distances, venir s'agenouiller et demander miséricorde dans le sanctuaire obscur où Marguerite-Marie a reçu, pour les transmettre au monde épouvanté, les promesses de la miséricorde. »
Le Pèlerinage du Sacré-Cœur en 1873, Histoire et documents, Moulins, Desrosiers - Paris, Aubanel.
Le 24 mai, chute de Thiers et élection de Mac-Mahon à la présidence de la République.
Les Pères Assomptionnistes Emmanuel d'Alzon (1810-1880) et Vincent de Paul Bailly (1832-1912) fondent une presse populaire qui deviendra une puissante centrale d'opinion : la Bonne Presse (depuis 1969 : Bayard Presse). Elle sera achetée le 25 mars 1900 par Paul Féron-Vrau (1864-1955), industriel lillois, après le retentissant "Procès des douze" qui amènera Léon XIII à demander aux Assomptionnistes de se retirer du journal La Croix, et de céder leur journal à des laïcs.
Suite à l'appel du Père Victor Drevon, les mois de juin et juillet voient se succéder sans interruption de multiples pèlerinages à Paray-le-Monial, qui rassembleront jusqu'à deux cent mille personnes. Les pèlerins viennent essentiellement de France, mais également d'Angleterre, de Hollande, de Belgique. Américains, Polonais et Irlandais envoient drapeaux et étendards pour les représenter. Les Visitandines écrivent alors :
« Des centaines de bannières, de cœurs, d'ex-voto, de lettres nous sont adressées de tous les coins de la France. Toutes les paroisses, toutes les communautés, tous les établissements tant soit peu religieux de la capitale envoient leurs souvenirs… C'est un renouvellement inouï… Nous avions cru pouvoir prendre note des ex-voto, mais au bout de trois jours nous comprenions que ce compte était impossible. Notre grille du chœur ne suffisait pas pour les suspendre, et on en trouvait partout. Toutes ces manifestations peuvent se résumer par ces mots inscrits des milliers de fois sur les ex-voto : La France au Sacré-Cœur de Jésus. »
Circulaire du Monastère de Paray-le-Monial sur le pèlerinage de 1873. Cité in A. Hamon, Histoire de la dévotion au Sacré-Cœur, Paris, Beauchesne, t.V, 1940.
Le 10 juin, à l'occasion de l'un de ces pèlerinages à Paray-le-Monial qui réunit cinq à six mille personnes, Edith Royer reçoit, dans la chapelle des religieuses de la Visitation, une vision où lui apparaissent le Christ et Marguerite-Marie. Celle-ci lui montre l'importance de la réparation, par la prière et la pénitence, qui doit être le cœur et le but de l'association qu'elle est appelée à créer. Ce sera l'Association de Prière et de Pénitence en union avec le Sacré Cœur pour le triomphe de l'Eglise et le salut des nations. L'association sera agréée en 1878, et érigée canoniquement le 23 février 1879.
Le 13 juin, consécration de l'Institut des Frères des Ecoles chrétiennes au Sacré-Cœur de Jésus, prononcée par le T.H. Frère Philippe, Supérieur Général, à l'issue du 23° Chapitre Général qui se tient à la maison mère, rue Oudinot à Paris.
« O Cœur Sacré de Jésus, source de toute grâce, océan de bonté, nous, membres de l'Institut des Frères des Ecoles chrétiennes, pressés par le désir de vous témoigner notre amour, notre reconnaissance, notre dévouement, nous venons, tous et chacun, nous consacrer à vous pour toujours : nous vous consacrons donc nos personnes, nos maisons et spécialement nos noviciats, nos familles, nos élèves, nos amis et nos bienfaiteurs ; nous vous offrons nos joies et nos peines, nos pensées et nos affections, nos œuvres et nos travaux, notre âme et notre corps, notre vie tout entière et notre dernier soupir ; nous voulons désormais ne vivre que pour vous, et vous dédommager par notre amour, des ingratitudes des hommes, envers votre auguste sacrement, de celles dont nous nous sommes nous-mêmes rendus coupables.
Puis donc que nous sommes maintenant tout à vous, ô Cœur Sacré de Jésus, couvrez-nous de votre spéciale protection ; soyez notre refuge assuré dans les dangers qui nous menacent, et défendez-nous contre nos ennemis visibles et invisibles.
Daignez, Cœur immaculé de Marie, et vous aussi glorieux saint Joseph, prier le Cœur Sacré de Jésus d'accepter notre consécration et les protestations de notre fidélité ; ne permettez pas qu'après lui avoir voué tout notre être, un seul de nous ait jamais le malheur de lui retirer son offrande ; faites que nous l'aimions comme vous l'avez aimé ; obtenez-nous enfin qu'ici-bas et dans l'éternité nous soyons toujours inséparablement unis à ce Cœur béni, à qui soient louange, honneur et gloire, dans les siècles des siècles.
Ainsi soit-il. »
T.H. Frère Philippe, Supérieur Général, in Regnabit n°1, 8° année, juin 1928.
Le vendredi 20 juin, en la fête du Sacré-Cœur, Mgr Van den Berghe célèbre la première messe en la petite chapelle de Berchem-lez-Anvers en Belgique, devant Marie Deluil-Martiny devenue la veille Mère Marie de Jésus et trois autres religieuses. La Société des Filles du Cœur de Jésus est fondée. En 1880, la propriété de la famille Deluil-Martiny sise à La Servianne près de Marseille sera transformée à son tour, par autorisation de l'évêque du lieu, en monastère. Marie de Jésus a été béatifiée par Jean-Paul II le 22 octobre 1989.
« Ne faisons qu'un seul cœur dans le Cœur de Jésus.
Unies dans le Cœur de Jésus, apprenons-y et puisons-y le dévouement sans bornes à la cause de Dieu et de l'Eglise, l'amour sans mesure pour Celui qui nous a tant aimées ; et ces vertus de suave douceur, d'humilité et de charité délicate, qui, avec l'obéissance et le sacrifice, forment les bases de notre petit Institut. »
Marie de Jésus, 31 décembre 1881, in Monastère de la Servianne, Congrégation des Filles du Cœur de Jésus, Marseille, s.d..
Ce même vendredi à Paray-le-Monial, deux mille ecclésiastiques et 25.000 pèlerins se rassemblent autour de Mgr de Léseleuc, de Mgr de Marguerye (son prédécesseur sur le siège d'Autun), de Mgr de Ségur, de Mgr Langénieux (aumônier du Comité du Vœu national, évêque de Tarbes), et du R.P. Abbé de la Pierre-qui-Vire. La Consécration et l'amende honorable sont récitées devant le Saint-Sacrement exposé sur l'autel des apparitions. Les cantiques Pitié, mon Dieu (cf. chapitre correspondant) et Nous voulons Dieu sont repris par la foule avec le Miserere. 300 zouaves groupés autour des généraux de Sonis et de Charette se rassemblent sous la bannière de Patay, tandis que Mgr de Ségur (1820-1881) bénit chapelets et insignes religieux amenés par les pèlerins.
Le 29 juin, une délégation de 50 députés de l'Assemblée Nationale conduite par M. Gabriel de Belcastel (1821-1890), député de la Haute-Garonne, se rend à son tour à Paray-le-Monial, brandissant une bannière portant l'inscription "Sacratissimo Cordi Jesu è Legatis ad nationalem Galliae coetum CL voverunt", et arborant le symbole du Sacré-Cœur sur la poitrine. A la demande de l'un des députés (M. Combier) qui lui demande de les consacrer tous, et, dans la mesure où ils la représente, de consacrer la France au Cœur Sacré de Jésus, M. de Belcastel déclare :
« Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.
Très Sacré Cœur de Jésus, nous venons nous consacrer à vous, nous et nos collègues qui nous sont unis de sentiment.
Nous vous demandons de nous pardonner tout le mal que nous avons commis, et de pardonner aussi à tous ceux qui vivent séparés de vous.
Pour la part que nous pouvons y prendre et dans la mesure qui nous appartient, nous vous consacrons aussi, de toute la force de nos désirs, la France notre patrie bien-aimée, avec toutes ses provinces, avec ses œuvres de foi et de charité. Nous vous demandons de régner sur elle par la toute-puissance de votre grâce et de votre saint amour. Et nous-mêmes, pèlerins de votre Sacré-Cœur, adorateurs et convives de votre grand sacrement, disciples très fidèles du Siège infaillible de saint Pierre dont nous sommes heureux aujourd'hui de célébrer la fête, nous nous consacrons à votre service, ô Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, vous demandant humblement la grâce d'être tout à vous, en ce monde et dans l'éternité. Ainsi soit-il.
Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il. »
Acte de consécration lu par M. de Belcastel à Paray-le-Monial le 29 juin 1873, in R.P. Xavier de Franciosi, La Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus et au Saint-Cœur de Marie, Nancy, Le Chevallier Frères, 1885.
Le déroulement de ce pèlerinage sera relaté dans deux ouvrages qui paraîtront la même année : Le Salut de la France par le Sacré-Cœur Pèlerinage de Paray-le-Monial édité à Lyon, oeuvre du Père François-Xavier Gautrelet (fondateur de l'Apostolat de la Prière, 1807-1886), et Le Pèlerinage du Sacré-Cœur en 1873 - Histoire et Documents édité à Moulins, oeuvre d'un Jésuite signant A.M.D.G. (Ad Majorem Dei Gloriam), celui-ci décrivant par le détail l'ensemble des manifestations organisées à travers la France en l'honneur du Sacré-Cœur de Jésus tout au long de ce mois de juin.
Le 24 juillet, Pie IX adresse un Bref d'encouragement aux députés de l'Assemblée nationale :
« … Il y a vraiment un spectacle digne des anges et des hommes dans ces légions pressées de chrétiens et de chrétiennes qui, sans nulle incitation de l'autorité ecclésiastique, mais uniquement à sa grande joie et sous son action modératrice, affluent spontanément dans les sanctuaires pour demander pardon de s'être tenues si longtemps éloignées de Dieu, et lui présenter ce cœur contrit et humilié, qui ne connaît pas de refus.
Lorsque Nous Nous rappelons que l'origine de tous les maux est venue de ceux qui, à la fin du siècle dernier, s'étant emparés du pouvoir suprême, importèrent les horreurs d'un nouveau droit et propagèrent les fictions d'une doctrine insensée ; lorsque Nous Nous rappelons qu'elle est venue aussi d'un emploi pervers de la puissance et des armées, s'où sont sorties, avec le bouleversement complet de l'ordre politique en Europe, toutes ces semences de désordre qui chaque jour se répandent plus au loin, ont peu à peu conduit le monde à cet état de commotion qui ne cesse pas : Nous éprouvons une joie extrême en voyant que le retour de la France à Dieu commence avec éclat et par ceux qui ont été députés pour s'occuper des affaires du peuple, pour porter des lois et gouverner la chose publique, et par ceux qui, placés à la tête des armées de terre et de mer, refont la force de la nation… »
Extrait du Bref de Pie IX, 24 juillet 1873, in Le Pèlerinage du Sacré-Cœur en 1873, A.M.D.G., Moulins, C. Desrosiers et Paris, Albanel, 1873.
Le même jour, après des débats houleux et des explications tendant à dépolitiser le projet, et écarter toute idée de subvention de l'Etat, l'Assemblée Nationale proclame d'utilité publique la construction d'une église consacrée au Sacré-Cœur sur la butte Montmartre, en réparation pour toutes les fautes nationales : "Gallia poenitens et devota". Le texte est voté par 382 voix contre 138.
« Article premier. - Est déclarée d'utilité publique la construction d'une église sur la colline de Montmartre, conformément à la demande qui en a été faite par l'archevêque de Paris dans sa lettre du 5 mars 1873 adressée au Ministre des Cultes. Cette église, qui sera construite exclusivement avec des fonds provenant de souscriptions, sera à perpétuité affectée à l'exercice public du culte catholique.
Article 2. - L'emplacement de cet édifice sera déterminé par l'archevêque de Paris, de concert avec le préfet de la Seine, avant l'enquête prescrite par le titre II de la loi du 3 mai 1841.
Article 3. - L'archevêque de Paris, tant en son nom qu'au nom de ses successeurs, est substitué aux droits et obligations de l'administration, conformément à l'article 63 de la loi du 3 mai 1841, et autorisé à acquérir le terrain nécessaire à la construction de l'église et à ses dépendances, soit à l'amiable, soit, s'il y a lieu, par la voie de l'expropriation… »
Texte de loi voté le 24 juillet 1873 et paru le lendemain au Journal Officiel.
Le 31 juillet, publication d'un Bref de Pie IX, qui approuve de nouveau l'Œuvre et la construction prochaine du sanctuaire. Le Saint Père apporte en cette occasion une offrande personnelle de 20.000 francs pour la construction de l'église.
Gabriel García Moreno (1821-1875), Président de la République de l'Equateur, consacre son pays au Cœur Sacré de Jésus. Il sera assassiné deux ans plus tard, au sortir de la cathédrale où il venait de faire son adoration coutumière.
« Le Sénat et la Chambre des députés de l'Equateur réunis en congrès :
Considérant 1° que le troisième concile provincial de Quito, par un décret spécial, a consacré la République de l'Equateur au Sacré-Cœur de Jésus et l'a placée sous sa protection, et sauvegarde : 2° qu'il appartient au pouvoir législatif de coopérer au nom de la nation à un acte qui est très conforme à ses sentiments d'éminent catholicisme, et qui est aussi le moyen le plus efficace de conserver la foi et d'obtenir le progrès et le bien-être de l'Etat, décrètent :
Article premier. - La République de l'Equateur est consacrée au très saint Cœur de Jésus, qui en est proclamé le patron et le protecteur.
Article 2. - Est déclarée fête nationale de première classe, la fête du très saint Cœur de Jésus. Cette fête sera célébrée dans toutes les églises cathédrales de la République par les prélats diocésains, avec toute la pompe possible.
Article 3. - Il sera érigé dans toutes les cathédrales un autel dédié au Cœur de Jésus, et à cette intention le gouvernement fera appel au zèle et à la piété des évêques.
Article 4. - Sur le fronton de chacun des autels mentionnés dans l'article précédent, sera placée, aux frais de l'Etat, une table de marbre sur laquelle sera inscrit le présent décret.
Fait à Quito, capitale de la République, le 8 octobre 1873. »
Texte du décret présidentiel, in R.P. Xavier de Franciosi, La Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus et au Saint-Cœur de Marie, Nancy, Le Chevallier Frères, 1885.
Suivant l'exemple de l'Equateur, plusieurs pays d'Amérique Centrale et du Sud procéderont à cette Consécration nationale, au cours des années suivantes : ainsi la République de San Salvador (1874), le Venezuela (1900), la Colombie (1902), le Nicaragua (1920), Costa-Rica (1921), le Brésil (1922) et la Bolivie (1925). En Europe, où les populations sont profondément divisées au point de vue religieux, seules l'Irlande en cette année 1873, l'Espagne en 1919 et la Pologne en 1920 accompliront cette Consécration de la nation toute entière. Les prélats belges, nous l'avons vu, avaient le 8 décembre 1868 consacré leur pays au nom de la seule partie croyante de la population.
Le 22 septembre, l'archevêque de Paris Mgr Guibert est nommé cardinal, avec le titre de Saint-Jean devant la Porte Palatine.
Le 20 octobre, consécration de l'église de Vals, bâtie à partir de 1870 sur l'impulsion du Père Ramière, et dédiée au Cœur de Jésus.
Fin décembre, le montant des souscriptions pour la construction du sanctuaire atteint déjà près d'un million de francs.
1874 : Le 25 mars, inauguration de la Confrérie du Culte perpétuel d'honneur et de réparation envers le Sacré-Cœur de Jésus en la basilique d'Issoudun, qui consiste principalement pour chacun de ses membres à offrir chaque jour toutes ses actions, ses prières et ses peines, en esprit d'adoration et de réparation, au Sacré-Cœur de Jésus. La Confrérie, fondée par Jules Chevalier sur une idée du Père François Miniot MSC (1831-1903), sera érigée canoniquement dans l'église de Notre-Dame du Sacré-Cœur à Rome le 15 avril 1891, et érigée en Archiconfrérie par Léon XIII le 26 juin de la même année.
« Voici une fleur de plus dans le jardin de Notre-Dame du Sacré-Cœur, une nouvelle pratique dans son Association… Proposé le 25 mars de cette année aux âmes pieuses d'Issoudun, le Culte perpétuel s'est établi aussitôt, et le voilà qui se développe rapidement portant avec lui des trésors de grâce… »
Annales de Notre-Dame du Sacré-Cœur, juin 1874, p.122.
Le 3 juin, Pie IX approuve par décret les constitutions de l'Institut des Missionnaires du Sacré-Cœur de Jésus fondé par Jules Chevalier en 1854, et répondant favorablement à la demande de ce dernier, accepte le double titre de Fondateur et de Supérieur personnel de l'Institut.
Du 1° février au 30 juin, un concours public a été ouvert en vue d'élire le meilleur projet de construction de la basilique qui doit être érigée sur la butte Montmartre. Soixante-dix-huit projets sont ainsi déposés, et exposés aux Champs-Elysées, dans les salles du Palais de l'Industrie.
Le 28 juillet, après de longues délibérations, c'est le projet de Paul Abadie (1812-1884), l'architecte restaurateur de la cathédrale Saint-Front à Périgueux et de celle d'Angoulême, qui, dans un style romano-byzantin, retient finalement les suffrages.
« Le cardinal-archevêque de Paris m'a définitivement désigné pour la construction de l'église du Sacré-Cœur. Ce sera ma dernière, mais ma plus rude tâche. Je l'accepte sans joie, presque avec peur, mais j'obéirai ! Celui qui m'a inspiré, qui m'a poussé dans la voie du concours me soutiendra, me donnera la force nécessaire à l'accomplissement de sa volonté. J'y crois, j'y compte, et je le prie de ne pas m'abandonner. Je pleure en vous écrivant ces lignes, je pleure de reconnaissance, de crainte, et je ne sais quels sentiments se heurtent dans ma tête et gonflent mon cœur.
J'obéirai.
Vous serez surpris, Monseigneur, de trouver en moi de la tristesse et non de la joie. Votre cœur et votre raison vous expliqueront le mystère devant lequel je reste tout pensif, mais au fond bien heureux.
C'est le moment de répéter votre devise : "Sursum corda !". Je ne l'ai pas oubliée, et je ne l'oublierai pas. Elle me rappellera Dieu et vous. »
Lettre de Paul Abadie à l'évêque d'Angoulême, juillet 1874.
Organisation du premier pèlerinage Eucharistique, qui se déroule à Douai sous l'impulsion d'Emilie Tamisier (1834-1910) soutenue par Mgr de Ségur (1820-1881). En cette même année, et à la demande de Mlle Tamisier, Mgr de Ségur rédige une brochure intitulée La France au pied du Saint-Sacrement, où se trouvent répertoriés les lieux des miracles Eucharistiques. L'auteur y lance un appel aux mouvements catholiques pour qu'ils se rendent en pèlerinage dans ces sanctuaires. Nous retrouverons Emilie Tamisier et Mgr de Ségur à l'origine de la réunion du premier Congrès Eucharistique International de Lille en 1881 (voir à cette date).
Anna Michelotti (1843-1888, béatifiée en 1975), originaire d'Annecy en Haute-Savoie, fonde à Turin en Italie l'Institut des Petites Servantes du Sacré-Cœur de Jésus pour le service des malades pauvres, et y prend l'habit sous le nom de Jeanne Françoise de la Visitation de Sainte-Marie. L'Institut et sa Règle seront approuvés définitivement par Pie XII le 16 janvier 1940.
« Mon bon Jésus, votre Cœur est douceur et bonté. Ah ! faites couler un rayon de miel de votre Cœur dans le mien, afin qu'il soit changé au vôtre et qu'il ne soit plus, comme il l'est maintenant, un cœur dur, coléreux, plein d'amertume et de soucis, un cœur désagréable à lui et aux autres, un cœur replié sur lui et qui ne supporte pas les contradictions venant des autres… »
Anna Michelotti, in Luigi Castano, A plein cœur et à pleines mains - Bienheureuse Anna Michelotti, Paris, Téqui, 1983.
En juillet, approbation pontificale de la règle de l'Institut des Servantes du Sacré-Cœur fondé par Caterina Volpicelli (1839-1844, béatifiée le 29 avril 2001) à Naples, en Italie. Le 14 mai 1884, le cardinal Guglielmo Sanfelice, archevêque de la ville, consacre le sanctuaire dédié au Sacré-Cœur que Caterina a fait édifié au flanc de la maison mère. Ce nouvel Institut est approuvé par décret du Saint-Siège le 13 juin 1890, et s'investit dès l'année suivante dans l'organisation des manifestations du 1° Congrès Eucharistique National italien qui se déroulera à Naples.
Le 30 août, le Père Jules Chevalier fonde la Congrégation des Filles de Notre-Dame du Sacré-Cœur. Les débuts sont difficiles, et ce n'est qu'en 1882 qu'il reprendra cette fondation d'une façon durable avec l'appui de la Mère Marie-Louise Hartzer (†1908), entrée comme postulante le 25 mars. Les Constitutions recevront leur approbation définitive le 4 avril 1928.
« Dès les premiers jours où l'on donna à Marie le titre de Notre-Dame du Sacré-Cœur, on ne put se défendre de penser que cette divine Mère se formerait bientôt une cour d'honneur qui, à sa suite et sous sa protection, se consacrerait entièrement au service du Cœur de Notre-Seigneur. »
Père Chevalier, Notre-Dame du Sacré-Cœur, d'après l'Ecriture sainte, les Saints Pères et la théologie, 4° éd., p.485.
« Le Cœur du divin Maître est le centre où tout converge dans l'Ancien comme dans le Nouveau Testament, le pivot sur lequel tout roule dans le catholicisme, le soleil de l'Eglise, l'âme de nos âmes, la source de nos mystères, l'origine de nos sacrements, le gage de notre réconciliation, le salut du monde, le remède à tous nos maux et l'arsenal du chrétien. C'est ainsi que je comprends la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus ; elle embrasse tout, elle répond à tout. »
Lettre du Père Chevalier au Père Ramière, 9 décembre 1862.
« La dévotion au Sacré-Cœur est la dévotion des dévotions […]. En effet, l'objet spécial de chaque dévotion, ayant rapport à Notre Seigneur est la Charité divine, considérée dans une manifestation particulière, tandis que le culte du Sacré-Cœur est la Charité du Christ, prise dans tout son ensemble, dans toutes ses manifestations et dans chacune d'entre elles… »
Père Chevalier, Le Sacré-Cœur de Jésus, Paris, 1887.
Le 7 décembre, Adèle Garnier qui en a demandée permission à son confesseur rejoint Paris pour fait part au cardinal Guibert de ce qu'elle croit être le désir du Seigneur : "j'expliquai que je croyais obéir à une volonté de Notre-Seigneur en venant dire à l'archevêque de Paris que son désir était que, dans la future église du Vœu national, le Saint Sacrement fût exposé jour et nuit, et que le culte rendu dans cette église s'adressât tout spécialement à son Cœur eucharistique". Le cardinal l'écoute avec attention, tout en émettant des réserves sur la faisabilité de ce projet.
1875 : Le 6 janvier - en l'année du bicentenaire de la "grande apparition" à Marguerite-Marie - l'évêque d'Autun Mgr Perraud (†1923) demande à Pie IX que l'église romane Bénédictine de Paray-le-Monial (construite par saint Hugues et les moines de Cluny en 1090, et bien qu'il n'existe pas de lien direct avec les apparitions qui se sont déroulées dans la chapelle de la Visitation toute proche) devienne un sanctuaire de pèlerinage. A cette occasion, l'église est élevée au rang de basilique mineure et placée sous le vocable du Cœur de Jésus. Mgr Perraud procédera à sa consécration le 2 juin 1876.
Le 11 janvier, le Père Jules Chevalier est reçu en audience par Pie IX, et lui présente les trente volumes qui contiennent les trois millions de signatures et les cent soixante lettres de cardinaux, évêques et archevêques du monde entier, demandant la consécration solennelle de l'Eglise universelle au Sacré-Cœur de Jésus. Mgr Charles Amable de la Tour d'Auvergne, archevêque de Bourges, a écrit également une lettre personnelle au Saint-Père en ce sens, qui lui est remise ce même jour :
« … A tous ces vœux, Très Saint Père, qu'il nous soit permis d'ajouter les nôtres, afin que, touché par ce concert de supplications, Vous veuilliez bien accorder cette consécration. Cependant, nous tenons à faire cette prière, que si la formule proposée souffrait par hasard quelque difficulté, une autre meilleure lui soit substituée.
Que Votre Sainteté daigne donc, de la manière qui conviendra le mieux, consacrer solennellement au divin Cœur de Jésus la ville de Rome et le monde entier pour le bien de l'Eglise, la défense du Saint-Siège et la gloire de notre divin Sauveur lui-même.
Et alors, se répandra la grande nouvelle qui sera un sujet de joie pour tout le peuple, et, en ce jour, plus que jamais, il y aura une source ouverte pour toute la maison de David, et nous viendrons tous avec joie puiser les eaux de la grâce aux sources du Sauveur… »
Lettre de Mgr Charles Amable à Pie IX, 21 décembre 1874, in R.P. Jules Chevalier, Le Sacré Cœur de Jésus, Issoudun, 1900 (4° éd.).
Le 22 avril, la Sacré Congrégation des Rites rend un décret par lequel elle approuve l'acte de consécration au Sacré-Cœur qui a été présenté à Pie IX par le Père Henri Ramière, soutenu dans cette démarche par un nombre considérable de religieux et de laïcs (534 évêques, archevêques ou cardinaux, 23 supérieurs généraux d'Ordres religieux, etc.). Pie IX revêt l'acte de son approbation et charge le Père Ramière de le communiquer à tous les évêques du monde, avec invitation de le porter à la connaissance des fidèles. Il est proposé de le réciter, en union avec le Souverain Pontife, le 16 juin de cette même année, au jour du deux centième anniversaire de la principale apparition du Christ à Marguerite-Marie.
<« Après avoir pesé devant Dieu l'importance de cet acte, et voulant donner satisfaction aux très pieux désirs qui lui ont été manifestés, Sa Sainteté approuve l'acte de consécration joint à ce décret, et elle le propose à tous les fidèles désireux de se consacrer au très Sacré Cœur de Jésus. Tous les fidèles chrétiens, en se consacrant au divin Cœur de Jésus en la même forme, attesteront d'une manière plus frappante l'unité de l'Eglise. Ils trouveront dans ce divin Cœur un refuge inattaquable contre les dangers spirituels qui les environnent, la force d'âme dans les tribulations actuelles de l'Eglise, enfin la consolation et une espérance inébranlable au milieu de toutes leurs angoisses. »
Extrait du Décret du 22 avril 1875, in P. Nilles, De rationibus festorum Sacratissimi Cordis Jesu et purissimi Cordis Mariae, Paris, Lethielleux, t. I, p. 207.
« O Jésus ! mon Rédempteur et mon Dieu, malgré l'immense amour qui vous a porté à répandre tout votre sang précieux pour les hommes, ils ne vous refusent pas seulement leur amour, mais ils vous offensent, vous outragent, blasphèment votre nom et profanent les jours consacrés à votre culte. Ah ! puissé-je offrir quelque satisfaction à votre Cœur divin ! puissé-je réparer l'ingratitude dont vous êtes la victime de la part du plus grand nombre des hommes ! Je voudrais pouvoir vous prouver combien je désire, en présence de tous, honorer votre Cœur adorable, répondre par l'amour à son immense amour, et accroître de plus en plus votre gloire. Je voudrais pouvoir obtenir la conversion des pécheurs et secouer l'indifférence de tant de chrétiens qui, peu sensibles au bonheur d'être les enfants de l'Eglise votre épouse, n'ont à cœur ni ses intérêts, ni ceux de votre gloire. Je voudrais pouvoir désabuser ces catholiques qui, tout en se distinguant par les œuvres extérieures de charité, demeurent trop attachés à leurs opinions, répugnent à se soumettre aux décisions du Saint-Siège, ou nourrissent des sentiments peu conformes à son enseignement ; je voudrais qu'ils comprissent enfin que celui qui, en toutes choses, n'écoute pas l'Eglise, n'écoute pas Dieu toujours présent en elle.
Pour atteindre ces fins si pures et si hautes, pour obtenir le triomphe et la tranquillité stable de l'Eglise, votre épouse sans tache, la consolation et la prospérité de votre vicaire sur la terre, l'accomplissement de ses saintes intentions, la sanctification et la perfection toujours croissantes du clergé, la réalisation de vos desseins, ô mon Jésus, et la pleine satisfaction de votre divine volonté, la conversion des pécheurs et le progrès des justes ; pour assurer le salut de nos âmes, enfin pour plaire à votre très aimable Cœur, prosterné à vos pieds, en la présence de la très Sainte Vierge Marie et de toute la cour céleste, je reconnais solennellement que, par tous les titres de justice et de reconnaissance, je vous appartiens entièrement et uniquement, ô Jésus, mon Rédempteur, unique source de tout bonheur spirituel et temporel ; et m'unissant à l'intention du Souverain Pontife, je me consacre moi-même, avec tout ce qui m'appartient, à votre Cœur sacré, que je m'engage à aimer et à servir de toute mon âme, de tout mon cœur et de toutes mes forces, en m'appropriant vos volontés et conformant tous mes désirs aux vôtres.
Pour vous donner une marque publique de la sincérité de cette consécration, je déclare solennellement devant vous, ô mon Dieu, que je veux à l'avenir honorer votre divin Cœur en observant, suivant les règles de l'Eglise, les dimanches et les fêtes de précepte, et en usant de toute mon autorité pour en assurer autour de moi l'observance.
C'est à votre aimable Cœur, ô Jésus ! que je confie tous ces saints désirs et les résolutions que votre grâce m'a inspirées, dans l'espérance de pouvoir par là compenser, en quelque manière, les injures que vous recevez de l'ingratitude des hommes, et trouver pour mon âme et les âmes de tous les miens ma félicité et la leur dans cette vie et dans l'autre.
Ainsi soit-il. »
Texte authentique de l'Acte de consécration approuvé par Pie IX.
Au cours de la seconde quinzaine de mai, démolisseurs et terrassiers se mettent à l'œuvre sur le chantier de la basilique sur la butte Montmartre.
Le 30 mai, dans la lettre pastorale qui annonce la bénédiction et la pose de la première pierre de la basilique pour le 16 juin suivant, Mgr Guibert tente d'apaiser les querelles politiques et religieuses qui se raniment à la perspective de cette cérémonie :
« Nous ne pouvons nous dispenser de répondre en quelques mots aux fausses et malveillantes interprétations que certains organes de l'opinion donnaient naguère à la cérémonie projetée à Montmartre. Sans doute nous ne saurions nous étonner de l'hostilité que rencontre notre entreprise auprès des ennemis de la religion : cette opposition en démontre mieux que tout autre argument l'utilité et l'excellence. Mais ce que nous ne devons pas tolérer, c'est qu'on ose attribuer un caractère politique à une pensée toute de foi et de piété. La politique a été et sera toujours loin, bien loin de nos inspirations : l'œuvre est née au contraire de la conviction profonde que la politique est tout à fait impuissante à guérir les maux de notre pays. Les causes de ces maux sont morales et religieuses ; les remèdes doivent être pris dans le même ordre, et si nous invitions la France à porter auprès du Cœur de Jésus-Christ un suprême recours, c'est que nous ne voyons de salut pour elle dans aucun des moyens dont la sagesse humaine dispose.
Il y a un autre motif non moins décisif qui nous fait écarter de notre entreprise toute idée politique : c'est que la politique divise, tandis que notre œuvre a pour but : l'union. Le Cœur de Jésus est un rendez-vous pacifique, où nous convions tous nos frères à venir chercher avec nous la vérité dans la charité, veritatem facientes in caritate. Ce que nous demandons à ce Cœur adorable, c'est la conversion de la France, non la conversion à telles ou telles opinions, mais sa conversion, ou plutôt, son retour à la foi chrétienne, aux espérances éternelles, à l'amour de Dieu, qui embrasse et comprend aussi l'amour des hommes. Ainsi la pacification sociale est au terme de l'œuvre dont nous poursuivons la réalisation, et le temps viendra, nous en avons la ferme confiance, où ceux mêmes qui se montrent hostiles aujourd'hui, viendront se prosterner et prier dans le sanctuaire du Sacré-Cœur : là, ils pleureront avec nous sur les malheurs de notre patrie, avec nous ils imploreront pour elle la protection du Ciel et ils recevront la révélation de cette charité divine qui rapproche les cœurs, qui éteint les haines et guérit toutes les blessures. »
Mgr Guibert, lettre pastorale du 30 mai 1875, in Paul Lesourd, La Butte sacrée - Montmartre des origines au XX° siècle, Paris, Spes, 1937, Notes.
Le 4 juin, fête du Sacré-Cœur, Rafaela María Porras y Ayllón (1850-1925, canonisée en 1977) prend l'habit à Séville au sein de l'œuvre de Marie Réparatrice, fondée en 1859 par Mère Marie de Jésus, et y prend le nom de Marie de Notre-Dame du Sacré-Cœur. Elle sort de cette congrégation encore novice, pour fonder en 1877 les Esclaves du Sacré-Cœur de Jésus (qui prendront plus tard le nom d'Ancelles du Sacré-Cœur - du latin ancilla = servante), où elle s'appellera désormais Rafaela María del Sagrado Corazón. Nommée Supérieure générale de son Institut en 1887, elle résignera sa charge six ans plus tard et se retirera à Rome pour y mener une vie anonyme jusqu'à sa mort.
Le 16 juin, suite au décret rendu le 22 avril, Pie IX consacre la catholicité toute entière au Sacré-Cœur. La Consécration est célébrée avec grande solennité dans toutes les églises de l'univers catholique.
Le même jour, le cardinal Guibert pose et bénit la première pierre de la basilique du Sacré-Cœur, en présence de Mgr Meglia le nonce apostolique archevêque de Damas, Mgr Lavigerie archevêque d'Alger, Mgr Perché archevêque de la Nouvelle-Orléans, Mgr Dupanloup évêque d'Orléans, Mgr Regnauld évêque de Chartres, Mgr Freppel évêque d'Angers, Mgr Maret évêque de Sura et primicier du chapitre de Saint-Denis, Mgr de Marguerye ancien évêque d'Autun, Mgr l'évêque du Cap de Bonne-Espérance et Mgr Taliani auditeur de la Nonciature, ainsi que d'une foule estimée à 12.000 fidèles. A l'issue de la messe solennelle célébrée dans l'église Saint-Pierre, M. l'abbé d'Hulst lit l'Acte de consécration composée par Pie IX, approuvé par la Sacré Congrégation des Rites le 22 avril précédent (cf. au chapitre correspondant).
Les travaux, financés par une large souscription nationale, se poursuivront de 1876 à 1912. Les offrandes parviennent de tous les diocèses, Ordres, Congrégations, paroisses et associations, et les sommes recueillies jusqu'en 1920 atteindront un total de 46 millions de francs de l'époque (correspondant à plus de 500 millions de nos francs actuels) offerts par huit à dix millions de souscripteurs, pour un budget initialement prévu de… 7 millions.
Le 5 juillet, Mgr François Richard (†1908), évêque de Belley, est nommé coadjuteur de Paris, aux côtés du cardinal Guibert qui l'a appelé près de lui.
Le 22 juillet, le vote de la loi sur la liberté de l'enseignement supérieur permet la création d'Universités libres catholiques.
Adèle Garnier s'adresse de nouveau par courrier au cardinal Guibert, lui rappelant la demande du Seigneur concernant l'adoration perpétuelle du Saint Sacrement, et ajoutant qu'"il serait sans doute agréable à ce divin Maître de voir commencer, dans la retraite et le silence, l'œuvre de réparation nationale, par un sanctuaire vivant formé d'âmes consacrées dans la vie religieuse, spécialement et uniquement à ce culte de réparation envers son Cœur adorable continuellement offensé dans le Très Saint Sacrement". La congrégation souhaitée par Adèle Garnier verra le jour en 1897, et sera érigée canoniquement par Mgr Richard le 4 mars de l'année suivante.
« Votre Eminence peut-être se demandera qui je suis pour oser faire une pareille démarche auprès d'elle. Monseigneur, je suis la moindre et la plus indigne des créatures comblées des grâces de Dieu, mais je ne puis résister à cet esprit d'amour et de réparation qui s'est emparé de ma vie, depuis plusieurs années, et qui me pousse à m'adresser aujourd'hui, comme je le fais, à Votre Eminence. Ce fut le même esprit qui, l'an dernier, me conduisit à vos pieds, Monseigneur, pour vous demander de vouloir bien songer à établir un couvent de religieuses réparatrices à l'église du Sacré-Cœur. Si l'étrangeté apparente de ma démarche en a laissé quelque souvenir à Votre Eminence, qu'elle daigne me la pardonner en même temps que celle-ci… Et s'il vous semblait, Monseigneur, que le Cœur de Jésus dût être glorifié par la réalisation des vœux que j'exprime… que Votre Eminence daigne me faire venir et m'interroger pour s'assurer de la réalité d'un appel qui se fait entendre, depuis plus de trois ans, avec une persistance et une force toujours croissantes… »
Adèle Garnier, lettre au cardinal Guibert, 1875, in Paul Lesourd, La Butte sacrée - Montmartre des origines au XX° siècle, Paris, Spes, 1937.
Le 8 septembre, bénédiction et pose de la première pierre d'un sanctuaire dédié au Sacré-Cœur à Berchem-lez-Anvers, en Belgique, sous la présidence de Mgr Vincent Vannutelli, délégué par Pie IX qui a béni l'entreprise. L'église achevée sera érigée en basilique mineure par un Bref en date du 29 janvier 1878, et consacrée solennellement le 17 août de la même année. Quelques jours plus tard, le 22 août, Mère Marie de Jésus et les quatre premières professes de la Société des Filles du Cœur de Jésus y prononceront leurs vœux perpétuels.
« Afin qu'il demeurât un monument perpétuel de la consécration solennelle de la nation des Belges au très-saint Cœur de Jésus, célébrée, le 8 décembre 1868, par nos vénérables frères l'Archevêque de Malines et les Evêques, ses suffragants, on forma le dessein d'élever à Anvers un temple dédié au Sacré-Cœur. La piété si éprouvée, si connue, des catholiques belges […] pourvut magnifiquement à l'exécution de ce dessein, par un zèle extraordinaire et par des dons abondants. Aussi, ce sanctuaire belge, dont la première pierre, tirée des catacombes romaines de Saint-Callixte, a été solennellement posée en 1875 par notre cher fils Vincent Vannutelli, alors chargé d'affaires du Saint-Siège en Belgique, peut-il être considéré dès maintenant comme à peu près achevé et complété. On y a fondé, en l'annexant au sanctuaire, un monastère de vierges consacrées à Dieu, qui portent le nom de Filles du Cœur de Jésus. C'est à elles, comme il nous a été rapporté, qu'a été confié le service de ce temple, afin que, par ces mêmes vierges consacrées, de ferventes prières y soient offertes sans interruption au Seigneur, pour expier tant d'outrages faits en ces jours de deuil au Cœur très-saint de Jésus, et pour obtenir l'exaltation de notre Mère la sainte Eglise, ainsi que la conversion des pécheurs et le maintien de l'unité de la foi dans le royaume de Belgique. Or, on nous exprime le souhait ardent que ce monument de la foi et de la piété des Belges, commencé avec la bénédiction apostolique, soit pareillement couronné par la munificence du pouvoir apostolique ; et, à cet effet, notre cher fils Oswald-Marie van den Berghe, protonotaire apostolique surnuméraire ad instar participantium, nous supplie de vouloir bien décorer le dit temple du titre et des privilèges de Basilique mineure, et notre vénérable frère, l'Archevêque de Malines, nous recommande cette prière avec les plus vives instances. Nous donc, […] nous érigeons en Basilique mineure ledit temple dédié au Sacré Cœur de Jésus et récemment construit à Anvers, dans la région appelée Berchem, et nous lui accordons et conférons tous et chacun des privilèges, grâces, prééminences, exemptions et indults, dont les autres églises honorées de ce titre usent et jouissent, ou dont elles pourront user et jouir par la suite, et cela, de notre autorité apostolique, en vertu des présentes lettres, et pour les temps futurs à perpétuité… »
Pie IX, extrait du Bref Ut nationis Belgarum du 29 janvier 1878, in Mgr Van Den Berghe, La première Basilique du Sacré-Cœur à Berchem-lez-Anvers, Turnhout, 1913.
* Le 27 octobre, le Christ apparaît à Marie-Julie Jahenny, stigmatisée depuis 1873 et favorisée de nombreuses extases et visions tout au long de sa vie.
« De mon divin Cœur va sortir le triomphe de la France et le salut de l'Eglise… Depuis de longues années, j'avais promis le triomphe de la France par mon Sacré-Cœur. J'ai voulu soumettre le peuple français à la dévotion au Sacré-Cœur. La dévotion s'est répandue par toi (sainte Marguerite-Marie), même partout. C'est donc à mon tour de réaliser cette parole prophétique. Par cette promesse et l'amour de cette dévotion, plus répandue en France qu'ailleurs, je donne en récompense à telle époque (époque que Notre-Seigneur ne communique pas à Marie-Julie) le salut de la France et le triomphe de l'Eglise… La sainte Eglise brillera par sa foi, son amour et régnera. La France conservera toujours la foi. Elle y régnera depuis son triomphe jusqu'à la fin des temps. »
Vision de Marie-Julie Jahenny, in Marquis de la Franquerie, Marie-Julie Jahenny la stigmatisée bretonne, Ed. réservée, 1985.
Le 8 décembre, Mgr Comboni, provicaire apostolique de la mission d'Afrique Centrale, consacre son vicariat à Notre-Dame du Sacré-Cœur.
Le Sacré-Coeur de Jésus Deux mille ans de Miséricorde Le recueil qui est reproduit dans les pages de ce dossier avait trouvé un éditeur, Téqui, en juin 2008. Une version considérablement enrichie, et actualisée jusqu'en juin 2019, est disponible à la vente chez le même éditeur depuis le 4 décembre 2019, en ligne sur son site internet ICI. Merci de faire connaître autour de vous la nouvelle version de ce travail, augmentée de plus de 200 pages par rapport à la première édition. « Les personnes qui propageront cette dévotion, auront leur nom inscrit dans mon Cœur, et il ne sera jamais effacé. » (11ème promesse du Sacré-Coeur à sainte Marguerite-Marie) |