La dévotion au Sacré-Coeur de Jésus

Chronologie détaillée et textes essentiels




7. Nouvelle expansion - La dévotion au XX° siècle : 1870 à nos jours

1870-1875 - 1876-1893 - 1894-1914 - 1914-1919

1920-1939 - 1939-1967 - 1968-2008

1968 : Paul VI approuve les statuts rénovés de l'Apostolat de la Prière.
* Le 14 mars à Milan en Italie, Maman Carmela (1910-1978), née Carmelina Agnese Negri - qui a épousé en 1935 Giuseppe Carabelli (†1959) dont elle a eu 11 enfants - écrit sous inspiration divine les premières pages des cahiers dont elle poursuivra la rédaction jusqu'à sa mort. Jésus Miséricordieux et Marie y renouvellent leurs appels à la charité, à la réconciliation et au pardon, engageant les hommes à redécouvrir la Parole de l'Evangile et à s'ouvrir à l'action rédemptrice du Christ. En cette même année 1968, elle réunit autour de sa famille un premier "Groupe de prière", affilié à ceux voulus par le Padre Pio (1887-1968), qu'elle avait rencontré pour la première fois en septembre 1950. Ces Groupes de prières s'étendront rapidement dans les années qui suivent en Italie, et sont aujourd'hui présents dans plusieurs pays d'Europe et du monde.

« Ma fille bien-aimée, Je te parlerai de Mon Cœur ardent d'amour pour tous les hommes, et désireux seulement d'être payé de retour, de Mon Cœur de chair, Cœur humain, centre de la vie de tout homme.
Je voudrais te faire connaître la suavité, la douceur, l'humilité, la sensibilité, l'ardeur, la bonté et les désirs de Mon Cœur.
Je voudrais te faire pénétrer jusqu'en Son tréfonds, te faire goûter combien il est suave d'y demeurer.
Vous avez l'habitude de dire d'une personne bonne qu'elle a bon cœur, et c'est le plus bel honneur que tu puisses lui faire en parlant ainsi. La bonté de son cœur, elle la manifeste dans ses paroles, qui sont la traduction de pensées bonnes, et dans ses bonnes œuvres, qui sont la conséquence tangible de la bonté.
La personne bonne nourrit des pensées de paix envers tout le monde, elle ne favorise pas la discorde, elle ne sème pas les querelles. Elle déplore le mal luimême, mais elle ne juge pas celui qui le commet.
La personne bonne est soucieuse de faire du bien à tout le monde pour voir tout le monde heureux. Un cœur bon est compatissant envers toutes les misères : il souffre avec celui qui souffre, il pleure avec celui qui pleure, il n'envie personne, mais il se réjouit du bien des autres.
Tout cela, tu le trouves dans Mon Cœur. Mon Cœur est humble, bon et aimant, Il est très doux, compatissant et sincère. En Lui, tu trouves toujours compréhension, paix, joie. Plonge-toi en Lui et tu seras heureuse. »
« Ma fille bien-aimée, écoute-Moi ; Je veux te parler d'un sujet qui Me tient très à cœur.
L'autre jour, Je t'ai parlé de Mon Cœur humain, centre de la vie humaine, qui donne à la personne humaine la caractéristique de la bonté si le cœur est bon, et celle de la méchanceté si le cœur est mauvais.
Toutefois, Je vais te parler de Mon Cœur divin, le Cœur de Dieu, puisqu'en Moi réside la Personne divine du Fils de Dieu.
Toutes les qualités de ce Cœur résident en Moi à un degré infini. C'est pourquoi, tant que tu seras sur cette terre, tu ne pourras certainement pas comprendre les dimensions et les vertus de ce Cœur.
Par une grâce spéciale, Saint Paul a pu connaître, bien que de manière imparfaite, la longueur, la hauteur, la profondeur de Mon Cœur, c'estàdire de Mon Amour. En effet, comment l'homme pourraitil mesurer un amour sans mesure ?
Mes enfants, si vous saviez combien est grand l'Amour de Dieu pour vous, votre vie serait totalement différente. Vous haïriez le péché qui L'offense et vous combattriez le mal sous quelque forme qu'il se présente à vous.
Vous vous réjouiriez de tout, comme se réjouit le bon fils de faire ce que son Père désire. Bien plus, votre unique souci serait précisément celuici : découvrir les désirs du Cœur de ce Père et y correspondre dans les moindres détails.
Dans Mon Cœur divin, sache que peuvent y prendre demeure tous les hommes et que tous, chacun en particulier, peuvent jouir de Mes tendresses infinies.
Une maman, aussi tendre et bon que soit son cœur, ne peut pas, bien qu'elle le veuille, faire tout ce qu'elle désire en faveur de ses enfants, mais Moi, Je peux tout.
Ce n'est pas pour rien que Je vous ai dit : « Venez à Moi, vous tous qui êtes las et ployez sous le fardeau, et Je referai vos forces. »
Tous, venez tous à Mon Cœur, immense en Sa bonté, infini dans Sa grandeur et Sa tendresse.
Que viennent à Moi les petits enfants, délices de Mon Cœur, à cause de leur innocence, et Moi, Je les préserverai du mal. Consacrez-Moi les petits enfants, placezles entre Mes Mains. L'ennemi se tient aux aguets, il veut les éloigner de Moi.
Quelle tristesse éprouve Mon Cœur lorsque ces innocents commettent leur premier péché mortel. Oh ! si leurs mamans songeaient à Me les confier jour après jour, comme leur tâche serait plus facile
J'appelle à Mon Cœur les jeunes qui sont l'espérance de Mon Eglise. Combien Je désire qu'ils se consacrent à Moi et qu'ils approfondissent cette consécration. S'ils répondent à Mon appel, Je les attire à Moi, Je les introduis dans Mon Cœur et Je leur fais comprendre et découvrir Mes secrets.
Mon Cœur est toujours jeune, car Dieu ne vieillit jamais. Si les jeunes M'approchaient et M'étudiaient davantage, comme leur idéal serait plus grand, leur vie plus sereine, leur donation plus généreuse.
Les jeunes Me méprisent ; ils ne Me comprennent pas, ils demeurent loin de Moi ; ils se laissent prendre par le respect humain, par l'amour du divertissement... ils ne savent pas et ne veulent pas Me comprendre.
Et les prêtres, les consacrés ? Oh ! s'ils approfondissaient les qualités de Mon Cœur, combien fructueux serait leur apostolat ! Ils pourraient Me reproduire et tout le monde Me reconnaîtrait en eux.
Mes enfants bien-aimés, consacrez-vous à Mon Cœur, efforcez-vous de Me ressembler, apportez-Moi les âmes. Faites-Moi connaître. Je vous aiderai dans votre apostolat et dans votre vie privée. Je le sais : il vous est demandé de l'héroïsme pour être fidèles à votre vocation, mais Moi qui vous ai appelés, Je ne vous abandonnerai jamais si vous venez à Moi, Je serai votre secours... Ayez foi, venez, c'est Moi qui vous donnerai la persévérance et la force.
Votre combat est dur, Je le sais, mais si vous Me donnez votre volonté désireuse de bien, si vous restez près de Moi par la prière, si vous vous aguerrissez contre les tentations par la mortification, vous conduirez à bonne fin votre mission ; mais Je vous en prie, plongez-vous dans Mon Cœur et tout sera plus facile.
Et les pécheurs, les malades, les souffrants de toute espèce, amenez-les Moi. Je suis le Médecin. Si Je ne veux pas guérir les corps, car, à travers la maladie, l'âme se purifie et le Paradis s'acquiert, Je saurai transformer les souffrances, de sorte qu'ils n'en sentiront plus le poids. Je leur donnerai la joie, dans la douleur.
Amenez-Moi les pécheurs. Ils ont été et ils sont le grand souci de Mon Cœur. Je les aime, ils sont malades dans leur esprit, qu'ils viennent à Moi. Vous, les bons, parlezMoi d'eux dans vos Communions, apportezles Moi dans vos prières, consacrez-les Moi. Je soupire après leur retour. Les Anges et les Saints, dans le Ciel, font grande fête quand un pécheur revient dans le sein du Père ! Apportez-les Moi, Je vous en prie.
Et vous, Mes enfants, dévots et affectionnés qui, déjà dans Mon Cœur, avez placé votre résidence et ne pensez qu'à M'aimer et à répondre à Mes désirs, vivez tranquilles. Vous êtes Mes petits enfants, Mes petites brebis, Mes gemmes les plus précieuses.
Quand le monde Me répudie, c'est vous que Je regarde et Je Me console. Je découvre en vous Ma Maman, vous êtes Mes frères, Mes amis les plus chers.
Merci, Mes enfants, soyez sûrs de Moi ; dussé-Je donner de nouveau Ma vie sur la Croix pour vous, Moi, Je ne vous abandonnerai jamais. Les dévots de Mon Cœur ne périront jamais et dans le Ciel, ils formeront Ma couronne. »
Communications des 11 et 14 juin 1968, in Pensées et Réflexions, t. I, Association Fidelitas, B.P. 149, 74101 Annemasse, 1980.

Le 22 mars, premiers troubles à l'université de Nanterre. Le 3 mai, la police intervient à la Sorbonne. C'est le début de la révolution estudiantine de mai 68.
Fondation des JPMU, Jeunes et Juniors pour un Monde Uni, branche des Focolari de Chiara Lubich destinée spécifiquement aux jeunes de 12 à 30 ans du monde entier. Leur défi : aimer chaque personne comme soi-même et le pays de l'autre comme le sien. Ils sont environ 500.000 aujourd'hui répartis dans le monde.

1969 : Le 28 avril, le général de Gaulle démissionne, suite à son échec au référendum. Le 15 juin, Georges Pompidou est élu Président.

1970 : Le 1° janvier, promulgation en France du nouvel ordo missae de Paul VI.
La Fraternité sacerdotale saint Pie X fondée le 1° novembre de l'année précéente à Fribourg par Mgr Marcel Lefebvre (1905-1991) est reconnue par Mgr Charrière, évêque de la ville. Le 24 novembre 1974, Mgr Lefebvre publiera un manifeste attaquant Vatican II. Condamné une première fois en 1975 par Paul VI et déclaré "suspens a divinis" le 24 juillet 1976, il poursuit ses attaques contre les décisions de l'Eglise romaine ; suite à de nouvelles ordinations de prêtres et au sacre de quatre évêques, il sera excommunié en 1988 par Jean-Paul II.

1971 : Le 27 janvier, au cours d'une audience générale, Paul VI réaffirme :

« Une compréhension mystique naquit pour Le contempler dans son Cœur. Elle a fait de la dévotion au Sacré-Cœur la fournaise ardente et le symbole de la dévotion chrétienne et elle a allumé le zèle en nous, modernes qui sommes toujours orientés vers la métaphysique de l'amour. »

Le 15 août, en la fête de Notre-Dame de l'Assomption, l'abbé Pierre Gendron fonde au Québec la Famille du Sacré Cœur de Jésus. Le but de ce mouvement - association de laïcs - est de faire monter l'adoration et la réparation perpétuelles à Dieu par l'ensemble de ses membres. La Famille du Cœur de Jésus de France compte aujourd'hui 12.000 membres, répartis dans tous les diocèses.

« Vous, de la Famille, je vous souhaite de ne jamais oublier cette vérité: "Voilà ce Coeur qui a tant aimé le monde". Jésus nous aime, Jésus aime le monde, Jésus veut le monde, Jésus veut que vous regardiez vers son Cœur ouvert d'où coulent des flots de grâces de toute sorte pour le monde. Ne cessez jamais de regarder vers le Cœur de Jésus. Il vous a choisis, le monde a tant besoin d'amour divin, de lumière et de pardon ! [...]
La prière perpétuelle qui a débuté le 7 août 1971 par neuf jours de prière - puisque notre livret de prières contient neuf jours ou une neuvaine de prière - se voulait en préparation de la fête de Notre Dame de l'Assomption. Mon désir était de fêter la Vierge Marie, elle était la femme de mon cœur, je l'aimais et je l'aime toujours.
Indépendamment de mes sentiments et de mon peu de connaissance théologique à l'époque, je crois que Dieu a voulu que Marie soit la mère de notre famille spirituelle. Dieu a voulu qu'ensemble nous disions que Marie est bienheureuse. Elle est notre bienheureuse mère remplie de délicatesse, de tendresse, de consolation et d'intercession.
Marie, Notre Dame de l'Assomption, Notre Dame de l'espérance en la vie éternelle, a voulu prier avec nous et prier pour nous. Marie intercède auprès du Cœur de Jésus pour l'Eglise, pour le monde, pour nous tous. Marie veut notre prière. Marie est avec nous et veut obtenir tant de grâces pour le salut du monde. "A la fin, mon Cœur immaculé triomphera". […]
Chantons avec Marie au Cœur immaculé : "Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur."
Mon Sauveur a le Cœur ouvert et est source d'Eau vive, de Joie et de Paix. Puissions-nous toujours regarder vers Lui par la Vierge Marie. »
Pierre Gendron, 28 août 1991.

1972 : Pierre Goursat (1914-1991) et Martine Laffitte fondent à Paris la Communauté de l'Emmanuel, communauté de Renouveau charismatique reconnue par Mgr Delarue, évêque de Nanterre, en juin 1982. Le 8 décembre 1992, la Communauté est reconnue à Rome par le Conseil Pontifical pour les laïcs ad experimentum pour 5 ans, et ses Statuts définitivement approuvés par le Saint-Siège le 8 décembre 1998. La Communauté jouera dès 1975 un rôle essentiel dans le renouveau de la dévotion au Sacré-Cœur, notamment par le nouvel élan donné aux pèlerinages qu'elle organise à Paray-le-Monial. Dans la revue Il est Vivant ! Cahiers du Renouveau qu'elle publie dès 1974, de nombreux articles sont consacrés à l'histoire et à la théologie de cette dévotion. La Communauté compte aujourd'hui 6.000 membres (3.000 en France) dont 150 consacré(e)s, 140 prêtres (tous incardinés dans les diocèses) et 110 séminaristes ; elle est présente dans 50 pays.
Le 27 avril, le P. Pedro Arrupe (1907-1991), Général de la Compagnie de Jésus depuis 1965, adresse une lettre à l'ensemble des Jésuites, en laquelle il annonce que le 9 juin suivant sera renouvelée à Rome la consécration de la Compagnie au Cœur de Jésus faite un siècle auparavant par le Père Beckx. Il rappelle dans cette lettre la mission demandée aux pères concernant la diffusion du culte au Cœur du Christ, les invitant à en étudier l'essence pour la présenter au monde d'aujourd'hui.

« Dépassant les obstacles d'ordre psychologique que les formes extérieures de ce culte peuvent présenter, le jésuite doit le revitaliser par la spiritualité christocentrique solide et virile des Exercices, lesquels par leur christocentrisme intégral et en débouchant sur l'offrande totale de soi, nous préparent à "sentir" l'amour du Cœur du Christ comme point d'unité de tout l'évangile. La vie du jésuite est parfaitement unifiée dans la réponse à l'appel du Roi éternel dans ce "Prenez, Seigneur, et recevez", de la Contemplation pour obtenir l'amour qui couronne les Exercices. Vivre cette réponse et cette offrande sera pour chacun de nous et pour toute la Compagnie la vraie réalisation de l'esprit de la consécration au Cœur du Christ, à la manière ignatienne.
C'est en vivant intensément l'esprit des Exercices que surgit, comme urgence apostolique inévitable, l'engagement à vivre et à offrir notre prière et notre travail en union au Cœur du Christ et à réaliser ainsi une existence intimement centrée sur le Christ et sur l'Eglise. L'Apostolat de la prière a vivifié et continue à vivifier ainsi la perspective sacerdotale de tant d'existences chrétiennes, en les faisant s'accomplir dans l'offrande eucharistique du Christ et dans la consécration du monde à Dieu (LG 34). Ce moyen de l'Apostolat de la prière, qui a tellement aidé le peuple de Dieu, peut aujourd'hui, valablement renouvelé et adapté, rendre un service nouveau et accru, alors qu'on perçoit tellement la nécessité de créer des groupes apostoliques de prière et d'engagement spirituel sérieux. »

1973 : Au mois de mai prennent naissance deux nouvelles Communauté issues de l'expérience du Renouveau charismatique :
Le 25 mai, le Frère Ephraïm aidé de Josette Croissant fonde à Montpellier la Communauté du Lion de Juda et de l'Agneau immolé. En 1991, la Communauté prendra le nom de Communauté des Béatitudes, du nom des maisons qu'elle ouvre aux pauvres à partir de 1987, et sera reconnue de droit pontifical le 8 décembre 2002. Elle compte aujourd'hui près de 1500 membres (laïcs, religieux et prêtres), qui vient dans 70 maisons réparties dans 26 pays.
Ce même mois, à Hyères, naît le projet de la Communauté du Chemin Neuf, fondée par le Père Laurent Fabre et Jacqueline Coutellier. La Communauté s'installera dans une première maison à Lyon, sur la colline de Fourvière, Montée du Chemin Neuf, d'où son nom. Communauté catholique apostolique, elle compte aujourd'hui plus de 800 membres dans 18 pays, et travaille en mission dans plus de trente pays.

1974 : Le 2 avril, décès de Georges Pompidou. Le 19 mai, Valéry Giscard d'Estaing est élu à la Présidence de la République.
Le 4 mai, le Général de la Compagnie de Jésus le Père Arrupe (1907-1991) demande aux secrétaires nationaux de l'Apostolat de la Prière de persévérer dans l'étude théologique et pastorale et dans l'exposé de la dévotion au Cœur de Jésus. Il rappelle à cette occasion la valeur du sacrifice et du don de soi dans l'œuvre de transformation du monde :

« L'esprit chrétien de sacrifice en arrive à être finalement un lieu d'amour dans lequel l'homme crie (pour emprunter les mots très forts et presque durs du Père Teilhard) : "Seigneur, enferme-moi dans le plus profond de ton Cœur, et quand je m'y trouve, brûle-moi, purifie-moi, enflamme-moi, sublime-moi, jusqu'à la satisfaction parfaite de tes goûts, jusqu'au plus complet anéantissement de moi-même." »

En juillet, la Communauté de l'Emmanuel organise à Vézelay le premier rassemblement du Renouveau charismatique catholique français.
Les 30 et 31 août, 50.000 jeunes se rassemblent à Taizé pour un "concile des jeunes".

1975 : Première publication de la TOB : Traduction Œcuménique de la Bible.
Le Père Marie-Dominique Philippe (né en 1912) rassemble à Fribourg les premiers frères de la Communauté Saint-Jean. Ils viendront s'installer en France en 1982, près de Chalon-sur-Saône, puis l'année suivante à Saint-Jodard près de Roanne. Ils ont été reconnus le 16 juillet 1986 comme congrégation religieuse autonome, dépendante de l'évêché d'Autun.
En mai, Paul VI ratifie les nouveaux statuts de la Fraternité du Sacré-Cœur de Montmartre, nouveau nom donné à l'Archiconfrérie du Sacré-Cœur de Montmartre.

« Montmartre est un lieu de prière. Telle est sa vocation. Une prière d'adoration, de contemplation, de louange devant les richesses du Cœur du Christ, par lesquelles le fardeau de la vie quotidienne, accepté avec toutes ses exigences, mais relié à la Croix, peut se transformer en offrande et devenir plus léger. Une prière eucharistique, devant la présence réelle du Seigneur, rappel, s'il le faut, du témoignage suprême d'amour qu'il nous a donné et qu'il nous donne encore. Une prière aussi aux intentions de l'Eglise et de son premier responsable - Nous savons que vous avez un souci spécial pour Notre humble personne et pour Notre grand devoir - premier responsable, Nous disions - dont Nous bénéficions chaque jour et avec quelle gratitude de Notre part. Sachez-le, Nous vous en remercions, vous qui priez jour et nuit pour Nous et pour l'Eglise. Que le bon Dieu récompense votre piété et votre bonté ! »

A l'occasion du troisième centenaire de la grande apparition du Cœur du Christ à Marguerite-Marie, la Communauté de l'Emmanuel organise le deuxième rassemblement du Renouveau charismatique catholique français à Paray-le-Monial. Pierre Goursat, fondateur de la Communauté, s'est ainsi exprimé à l'un de ses frères : "Tu comprends, l'an dernier, nous sommes allés à Vézelay, comme des pécheurs, pour nous mettre avec Marie-Madelaine aux pieds du Seigneur. Maintenant, Jésus nous appelle à son Cœur". Paul VI déclare à cette occasion que "le Renouveau est une chance pour l'Eglise".
Cette première session d'été organisée à Paray rassemble 800 personnes, la seconde en réunira 5.000 l'été suivant. Ce sont aujourd'hui plus de vingt mille fidèles qui participent à ces sessions d'été, et plus de 300.000 pèlerins qui se réunissent chaque année à Paray, accueillis par les chapelains de la Communauté à laquelle Mgr Le Bourgeois, évêque du diocèse d’Autun, a confié la responsabilité du sanctuaire en 1985.
A l'issu de ce rassemblement, Mgr Gaidon est nommé évêque auxiliaire d'Autun, en résidence à Paray, et supérieur des chapelains.

1976 : Le Père Pierre-Marie Delfieux fonde en l'église Saint-Gervais à Paris la première Communauté de Jérusalem, fraternité monastique où frères et sœurs (laïcs et consacrés) vivent au cœur de la ville. Les Fraternités seront érigées en instituts religieux par le cardinal Lustiger en 1996.

1977 : Le 27 février, des catholiques traditionalistes occupent l'église Saint-Nicolas du Chardonneret à Paris.

1978 : Le 26 août, le Cardinal Albino Luciani devient Jean-Paul I°. Il meurt 34 jours plus tard, le 29 septembre.

« Celui qui a une véritable dévotion au Sacré Cœur doit spécialement faire attention aux états d'âme de Jésus et les vivre - autant que possible - de la même manière dans les diverses situations de sa propre vie. »
Cardinal Albino Luciani, 1977.

Le 16 octobre, jour de la fête de sainte Marguerite-Marie, le cardinal polonais Karol Wojtyla est élu pour lui succéder, et prend le nom de Jean-Paul II. Il est le premier pape non italien depuis 1522.

1979 : Le 4 mars, publication de l'Encyclique Redemptor Hominis sur la Rédemption de l'homme par le Verbe fait chair (Jean 1, 1), première Encyclique publiée par Jean-Paul II, en laquelle le Souverain Pontife définit le mystère de l'homme en référence au Cœur du Christ.

« Le Christ, Rédempteur du monde, est celui qui a pénétré, d'une manière unique et absolument singulière, dans le mystère de l'homme, et qui est entré dans son «cœur». C'est donc à juste titre que le Concile Vatican II enseigne ceci: « En réalité, le mystère de l'homme ne s'éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné. Adam, en effet, le premier homme, était la figure de celui qui devait venir (cf. Rom 5, 14), le Christ Seigneur. Nouvel Adam, le Christ, dans la révélation même du mystère du Père et de son amour, manifeste pleinement l'homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation ». Et encore: « "Image du Dieu invisible" (Col 1, 15) il est l'Homme parfait qui a restauré dans la descendance d'Adam la ressemblance divine, altérée dès le premier péché. Parce qu'en lui la nature humaine a été assumée, non absorbée, par le fait même cette nature a été élevée en nous aussi à une dignité sans égale. Car, par son Incarnation, le Fils de Dieu s'est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. Il a travaillé avec des mains d'homme, il a pensé avec une intelligence d'homme, il a agi avec une volonté d'homme, il a aimé avec un cœur d'homme. Né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l'un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché ». Il est le Rédempteur de l'homme ! (8) […]
La Rédemption du monde « mystère redoutable de l'amour, dans lequel la création est renouvelée » (*) est, dans ses racines les plus profondes, la plénitude de la justice dans un Cœur humain, dans le Cœur du Fils premier-né, afin qu'elle puisse devenir la justice des cœurs de beaucoup d'hommes, qui, dans ce Fils premier-né, ont été prédestinés de toute éternité à devenir fils de Dieu (cf. Rom. 8,29-30; Eph. 1,8) et appelés à la grâce, appelés à l'amour. » (9)
(*) : Cf. Concile Vatican II : Constitution "Gaudium et Spes", 37: AAS 58 (1966) 1054-1055 et Constitution "Lumen Gentium", 4 8: AAS 57 (1965) 53-54.
Jean-Paul II, extraits de l'Encyclique Redemptor Hominis, 4 mars 1979.

Le 23 juin, Jean-Paul II s'adresse au Chapitre Général de la Congrégation des Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus fondée par le Père Léon Dehon au siècle dernier :

« L'esprit de la Congrégation, écrivait le Père Dehon à ses fils dans une lettre Circulaire, est un amour ardent envers le Sacré-Cœur, une fidèle imitation de ses vertus, principalement de l'humilité, du zèle, de la douceur, de l'esprit d'immolation, et une ardeur inlassable pour lui susciter des amis et des réparateurs qui le consolent par leur amour. […] Ces paroles synthétisent admirablement tout le programme de votre Institut, et gardent intactes toute leur force et leur parfaite actualité".

1980 : Le 1° juin, à l'occasion de son premier voyage en France (30 mai - 2 juin), Jean-Paul II se rend à la basilique du Sacré-Cœur à Montmartre. Après un temps d'adoration devant le Saint-Sacrement, et avant de bénir Paris, il s'adresse à la foule rassemblée sur la butte :

« Nous venons ici à la rencontre du Cœur transpercé pour nous, d'où jaillissent l'eau et le sang. C'est l'amour rédempteur, qui est à l'origine du salut, de notre salut, qui est à l'origine de l'Eglise.
Nous venons ici contempler l'amour du Seigneur Jésus : sa bonté compatissante pour tous durant sa vie terrestre, son amour de prédilection pour les petits, les malades, les affligés. Contemplons son Cœur brûlant d'amour pour son Père, dans la plénitude du Saint-Esprit. Contemplons son amour infini, celui du Fils éternel, qui nous conduit jusqu'au mystère même de Dieu. […]
Chers Frères et Sœurs, ma joie est grande de pouvoir finir cette journée dans ce haut lieu de la prière eucharistique, au milieu de vous, réunis par l'amour envers le divin Cœur. Priez-le. Vivez ce message qui, de l'Evangile de saint Jean à Paray-le-Monial, nous appelle à entrer dans son mystère. Puissions-nous tous "puiser avec joie aux sources du salut" (Is. 12, 3), celles qui découlent de l'amour du Seigneur, mort et ressuscité pour nous. »
Jean-Paul II à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, 1° juin 1980, in Gérard Dufour, A l'école du Cœur de Jésus avec Jean-Paul II, Paris, Ed. Renouveau-Service, 1990.

Le 30 novembre, publication de l'Encyclique Dives in misericordiae de Jean-Paul II, sur la miséricorde divine.

« L'Eglise professe la miséricorde de Dieu, l'Eglise en vit dans sa vaste expérience de foi et aussi dans son enseignement en contemplant constamment le Christ, en se concentrant sur Lui, sur sa vie et son Evangile, sur sa croix et sa résurrection, sur son mystère tout entier. Tout ce qui forme la "vision" du Christ dans la foi vive et dans l'enseignement de l'Eglise nous rapproche de la "vision" du Père dans la sainteté de sa miséricorde. L'Eglise semble professer et vénérer d'une manière particulière la miséricorde de Dieu quand elle s'adresse au Cœur de Christ. Nous approcher du Christ dans le mystère de son Cœur nous permet de nous arrêter sur ce point point central en un certain sens, et en même temps le plus accessible au plan humain - de la révélation de l'amour miséricordieux du Père : révélation qui a constitué le contenu central de la mission du Fils de l'Homme. »
Jean-Paul II, extrait de l'Encyclique Dives in misericordiae.

1981 : Le 10 mai, François Mitterand est élu Président de la République.
Le 9 octobre, promulgation de la loi abolissant la peine de mort.

1982 : Fondation de la Fraternité Missionnaire du Cœur de Jésus, branche sacerdotale autonome de la Communauté de l'Emmanuel composée de laïcs consacrés au Christ, "à Jésus présent dans l'Eucharistie dans la grâce du Cœur de Jésus, selon la tradition de Paray-le-Monial", et désireux de s'engager pour l'évangélisation du monde et le service de l'Eglise, en témoignant de l'action de l'Esprit-Saint dans leur vie.

« La consécration dans la Fraternité de Jésus est un renouvellement volontaire de la consécration des baptisés (LG10) comme don de soi en vue d'un engagement de disponibilité vis-à-vis du Seigneur, de son Eglise, de l'évangélisation. Elle exprime la volonté de se laisser brûler par l'amour de Dieu. Elle se vit d'abord dans l'approfondissement des grâces de la Communauté de l'Emmanuel : dans l'adoration de Jésus-Eucharistie d'où naît la compassion pour tous les hommes qui meurent de faim matériellement et spirituellement, et la soif d'évangéliser le monde entier, particulièrement les plus pauvres. »
Statuts de la Communauté de l'Emmanuel et de la Fraternité de Jésus, 8 décembre 1992, Préambule, II, d.


1984 : Le 18 février, un nouveau Concordat remplace les accords du Latran signés en 1929 (séparation de fait entre l'Eglise et l'Etat italien).
Le 25 mars, Jean-Paul II célèbre la consécration du Monde au Cœur Immaculé de Marie.

1985 : Le 26 janvier, Coluche (1944-1986) fonde les Restaurants du Cœur.
Mgr Le Bourgeois, évêque d'Autun, confie à la Communauté de l'Emmanuel la charge des chapelains des sanctuaires de Paray-le-Monial et la responsabilité des pèlerinages.

1986 : Le 17 février, fondation de la Communauté du Verbe de Vie, dans le sillage du Renouveau charismatique. Communauté contemplative et missionnaire, dont chaque membre se met à l'école du Christ, au service de l'Eglise et de l'évangélisation.
Création de Fleurus Presse, qui succède à l'UOCF (Union des Œuvres Catholiques de France).
Mère Teresa (1910-1997, béatifiée le 17 octobre 2003) se rend en pèlerinage à Paray à l'occasion de la session d'été organisée par la Communauté de l'Emmanuel pour les familles. Elle y exhorte chacun à mettre sa vie à la lumière de l'Amour du Cœur du Christ, et par la pratique du message délivré à Marguerite-Marie, aider à bâtir une civilisation de paix et d'amour.

« Bien des gens à travers le monde seraient heureux d'être ici comme vous l'êtes à Paray-le-Monial, si proche du lieu où Jésus a proclamé son amour plein de tendresse pour nous ! […]
L'une des promesses merveilleuses que Jésus a faites à sainte Marguerite-Marie est qu'il protégera les familles où son image sera présente et vénérée. C'est pourquoi il est très important que vous consacriez vos familles au Sacré-Cœur. Dites souvent dans la journée : "Cœur Sacré de Jésus, j'ai confiance en vous… Cœur Sacré de Jésus, je vous aime… gardez ma famille dans votre Cœur". Alors vous serez un seul cœur plein d'amour et rien ni personne ne vous séparera les uns des autres. Cette unité sera comme celle de la famille de Nazareth. […]
Qui va vous aider à ouvrir votre cœur comme le Cœur de Jésus ? C'est Jésus lui-même dans le Saint Sacrement. Il est là pour nous aimer maintenant. Allez le voir en adoration, recevez-le dans la communion et portez-le en hâte comme Marie aux autres ; vous verrez la paix, la joie, l'amour qui régnera en vos cœurs et vous serez la réalité vivante de l'amour de Dieu pour chacun de nous. »
Mère Teresa à Paray, juillet 1986, in Il est Vivant n°153, juin 1999.

Le 5 octobre, environ 130.000 personnes se rassemblent à Paray-le-Monial, à l'invitation de la Communauté de l'Emmanuel, autour de Jean-Paul II venu y célébrer l'Eucharistie. A cette occasion, celui-ci confirme les Jésuites dans leur mission de diffusion de la spiritualité du Cœur de Jésus : "Restez fidèles à cette grande mission, le monde a besoin, plus que jamais, du Cœur de Jésus".

« Je sais avec quelle générosité la Compagnie de Jésus a accueilli cette admirable mission et avec quelle ardeur elle a cherché à la remplir le mieux possible au cours de ces trois derniers siècles ; mais je désire, en cette occasion solennelle, exhorter tous les membres de la Compagnie à promouvoir avec plus de zèle encore cette dévotion qui correspond plus que jamais aux attentes de notre temps. En effet, si le Seigneur a voulu dans sa Providence qu'au seuil des temps modernes, au XVII° siècle, parte de Paray-le-Monial un élan puissant en faveur de la dévotion au Cœur du Christ, sous les formes indiquées dans les révélations reçues par sainte Marguerite-Marie, les éléments essentiels de cette dévotion appartiennent aussi de façon permanente à la spiritualité de l'Eglise au long de son histoire ; car, dès le début, l'Eglise a porté son regard vers le Cœur du Christ transpercé sur la croix dont il sortit du sang et de l'eau, symboles des sacrements qui constituent l'Eglise ; et, dans le Cœur du Verbe incarné, les Pères de l'Orient et de l'Occident chrétiens ont vu le commencement de toute l'œuvre de notre salut, fruit de l'amour du divin Rédempteur dont ce Cœur transpercé est le symbole particulièrement expressif.
Le désir de "connaître intimement le Seigneur" et de "faire un colloque" avec lui, cœur à cœur, est caractéristique, grâce aux Exercices spirituels, du dynamisme spirituel et apostolique ignatien, tout entier au service de l'amour du Cœur de Dieu.
Le Concile Vatican II, tandis qu'il nous rappelle que le Christ, Verbe incarné, nous "a aimés avec un cœur d'homme", nous assure que "son message, loin de diminuer l'homme, sert à son progrès en répandant lumière, vie et liberté, et, en dehors de lui, rien ne peut combler le cœur humain" (cf. Gaudium et Spes, 21-22). Auprès du Cœur du Christ, le cœur de l'homme apprend à connaître le sens véritable et unique de sa vie et de son destin, à comprendre la valeur d'une vie authentiquement chrétienne, à se garder de certaines perversions du cœur humain, à joindre l'amour filial envers Dieu à l'amour du prochain. Ainsi - et c'est la véritable réparation demandée par le Cœur du Sauveur -, sur les ruines accumulées par la haine et la violence, pourra être établie la civilisation de l'amour tant désirée, le règne du Cœur du Christ.
Pour ces motifs, je désire vivement que vous poursuiviez par une action persévérante la diffusion du véritable culte du Cœur du Christ, et que vous soyez prêts à apporter une aide efficace à mes frères dans l'épiscopat afin de promouvoir ce culte partout, en prenant soin de trouver les moyens les plus adaptés de le présenter et de le pratiquer, afin que l'homme d'aujourd'hui, avec sa mentalité et sa sensibilité propres, y découvre la vraie réponse à ses interrogations et à ses attentes.
De même que l'an dernier, à l'occasion du congrès de l'Apostolat de la prière, je vous avais particulièrement confié cette œuvre étroitement liée à la dévotion au Sacré-Cœur, aujourd'hui également, au cours de mon pèlerinage à Paray-le-Monial, je vous demande de déployer tous les efforts possibles pour accomplir toujours mieux la mission que le Christ lui-même vous a confiée, la diffusion du culte de son Cœur divin. »
Jean-Paul II, Lettre remise au R.P. Peter Hans Kolvenbach, Préposé général de la Compagnie
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Au cours de son homélie, il rappelle aux fidèles présents l'actualité du message reçu à Paray par
Marguerite-Marie :

« Je vous donnerai un cœur nouveau…" (Ez. 36, 26). Nous nous trouvons en un lieu où les paroles du prophète Ezéchiel retentissent avec force. Elles ont été confirmées ici par une servante pauvre et cachée du Cœur divin de Notre Seigneur : sainte Marguerite-Marie. Bien des fois au cours de l’histoire, la vérité de cette promesse a été confirmée par la Révélation, dans l’Eglise, à travers l’expérience des saints, des mystiques, des âmes consacrées à Dieu. Toute l'histoire de la spiritualité chrétienne en témoigne : la vie de l’homme croyant en Dieu, tendu vers l’avenir par l'espérance, appelé à la communion de l’amour, cette vie est celle du cœur, de l’homme “intérieur”. Elle est illuminée par la vérité admirable du Cœur de Jésus, qui s’offre lui-même pour le monde.
Pourquoi la vérité du Cœur de Jésus nous a-t-elle été confirmée singulièrement ici, au XVII° siècle, comme au seuil des temps modernes ? […]
Frères et Sœurs, que chacun d'entre nous se laisse purifier et convertir par l'Esprit du Seigneur ! Que chacun d'entre nous trouve en lui une inspiration pour sa vie, une lumière pour son avenir, une clarté pour purifier ses désirs ! […]
Aujourd'hui, nous nous trouvons en ce lieu de Paray-le-Monial pour renouveler en nous-mêmes cette certitude : "Je vous donnerai un cœur nouveau…".
Devant le Cœur ouvert du Christ, nous cherchons à puiser l'amour vrai dont nos familles ont besoin. La cellule familiale est fondamentale pour édifier la civilisation de l'amour.
Partout, dans la société, dans nos villages, dans nos quartiers, dans nos usines et nos bureaux, dans nos rencontres entre peuples et races, le "cœur de pierre", le cœur desséché, doit se changer en "cœur de chair", ouvert aux frères, ouvert à Dieu. Il y va de la paix. Il y va de la survie de l'humanité. Cela dépasse nos forces. C'est un don de Dieu. Un don de son amour. Nous avons la certitude de son Amour ! »
Jean-Paul II, extraits de l'homélie de la Messe du 5 octobre 1986, Paray-le-Monial.

1987 : Le 17 décembre, les statuts de fondation du CECEF (Conseil d'Eglises Chrétiennes en France) sont adoptés par les Eglises anglicane, arménienne apostolique, catholique, orthodoxe et protestante qui sont en France. Le CECEF se donne pour but "de faciliter une réflexion et éventuellement des initiatives communes dans le triple domaine de la présence chrétienne à la société, du service, du témoignage".

1988 : Le 8 mai, François Mitterrand est réélu à la Présidence de la République.
Le 2 juillet, le Père Peter-Hans Kolvenbach, Supérieur général de la Compagnie de Jésus, célèbre à Paray-le-Monial au milieu de 300 de ses compagnons l'anniversaire de l'apparition du Seigneur à Marguerite-Marie qui appela les Pères Jésuites à "faire voir et connaître l'utilité et la valeur" du divin Cœur.

« Une spiritualité renouvelée du Cœur de Jésus, concentrée sur la réponse du cœur humain à l'amour du Christ, pourrait être reconnue comme une forme significative de la "nouvelle évangélisation" à accomplir, voire comme la seule forme vraiment significative. »
Peter-Hans Kolvenbach, Une mission agréable, Ed. spéciale de Prier et Servir, in E. Glotin, Le Cœur de Jésus - Approches anciennes et nouvelles, C.D.R.R., coll. Vie consacrée n°16, 1997.

1990 : Le 22 juin, en la fête du Sacré-Cœur et à l'occasion du tricentenaire de la mort de Marguerite-Marie Alacoque, Jean-Paul II adresse une lettre à Mgr Raymond Séguy, évêque d'Autun, Chalon et Mâcon, en laquelle il rappelle toute l'actualité de la dévotion au Cœur du Sauveur :

« Pour donner au culte du Sacré Cœur la place qui lui revient dans l'Eglise, il nous faut reprendre l'exhortation de saint Paul : "Ayez en vous les sentiments qui furent dans le Christ Jésus" (Ph 2,5). Tous les récits évangéliques sont à relire dans cette perspective : chaque verset, médité avec amour, révélera un aspect du "mystère caché depuis les siècles et désormais manifesté à nos yeux" (Col 1,26). Le Fils unique de Dieu, en s'incarnant, prend un cœur humain. Au long des années qu'il passe au milieu des hommes, "doux et humble de cœur", il dévoile les richesses de sa vie intérieure par chacun de ses gestes, de ses regards, de ses paroles, de ses silences. Dans le Christ Jésus s'accomplit en plénitude le commandement de l'Ancien Testament : "Tu aimeras le Seigneur de tout ton cœur" (Dt 6,5). Seul, en effet, le Cœur du Christ a aimé le Père d'un amour sans partage.
Et voici que nous sommes appelés à avoir part à cet amour et à recevoir par l'Esprit Saint cette extraordinaire capacité d'aimer. Après la rencontre du Ressuscité sur le chemin d'Emmaüs, les disciples s'émerveillent : "Notre cœur n'était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Ecritures ?" (Lc 24,32). Oui, le cœur de l'homme devient brûlant au contact du Cœur du Christ, car il découvre avec quel amour du Père le Seigneur ressuscité a accompli "ce qu'ont annoncé les prophètes" (Lc 24,25).
Ainsi, l'humanité du Seigneur Jésus mort et ressuscité se révèle à nous par la contemplation de son Cœur. Nourrie par la méditation de la Parole de Dieu, la prière d'adoration nous met dans un rapport plus étroit, plus intime, avec "ce Cœur qui a tant aimé les hommes". Ainsi comprise, la dévotion au Sacré Cœur favorise la participation active des fidèles aux temps de grâce de l'Eucharistie et du sacrement de pénitence ; ils puisent aussi dans le lien étroit avec l'humanité du Christ donnée pour le salut du monde le désir d'être solidaires avec tous ceux qui souffrent et le courage d'être témoins de la Bonne Nouvelle. »
Jean-Paul II, extrait de la Lettre du 22 juin 1990 à Mgr R. Séguy.

1992 : Le 1° juin, Jean-Paul II canonise Claude de La Colombière.

« Aujourd'hui encore, saint Claude de La Colombière […] nous enseigne que seul le Christ Jésus conduit au vrai Dieu ; que seul l'Amour - symbolisé bibliquement par le Cœur, expression de toute la Personne et de toute la mission de Jésus - nous fait pénétrer dans les mystères de Dieu, créateur, rédempteur et rémunérateur !
Par le Cœur de Jésus, en effet, Dieu montre qu'il veut être compris dans sa volonté absolue d'aimer, de pardonner et de sauver ; par le Cœur de Jésus, Dieu enseigne que l'Eglise, par son ministère et par son magistère, doit être sans cesse aimante et sensible, jamais agressive et oppressive, tout en devant toujours condamner le mal et corriger l'erreur ; par le Cœur de Jésus, Dieu nous fait comprendre qu'il est nécessaire de participer à l'œuvre de salut par l'«apostolat de la prière» et par le «devoir de réparation».
C'est donc à juste titre que le Mouvement de l'«Apostolat de la Prière» a ces trois idéaux et finalités : l'annonce et le témoignage des richesses infinies du Cœur de Jésus, qui veut seulement aimer ses créatures et être aimé d'elles ; le sens constant de la présence réelle de Jésus dans l'Eucharistie, en maintenant vivace et profonde la dévotion eucharistique grâce à la Sainte Messe, à la Communion et à l'adoration au Très Saint Sacrement de l'Autel ; le devoir de réparation, comme l'a voulu Jésus lui-même selon son message à Marguerite-Marie, également par le sacrifice et la souffrance.
La conversion, le salut et la sanctification des âmes sont le vrai contenu de la dévotion au Cœur de Jésus et du message impérissable de saint Claude de La Colombière. »
Jean-Paul II, Audience aux fidèles pour la canonisation de Claude de La Colombière, 1° juin 1992, L'Osservatore Romano, n°40.064, 2 juin 1992, p.5.


Publication d'une nouvelle édition du Catéchisme de l'Eglise Catholique, totalement refondue, aux éditions Mame - Plon à Paris. L'édition révisée et définitive sortira en octobre 1998.

« Le Cœur du Verbe incarné :
478 - Jésus nous a tous et chacun connus et aimés durant sa vie, son agonie et sa passion et il s’est livré pour chacun de nous "Le Fils de Dieu m’a aimé et s’est livré pour moi" (Ga 2, 20). Il nous a tous aimés d’un cœur humain. Pour cette raison, le Cœur sacré de Jésus, transpercé par nos péchés et pour notre salut (cf. Jn 19, 34), "est considéré comme le signe et le symbole éminents... de cet amour que le divin Rédempteur porte sans cesse au père éternel et à tous les hommes sans exception" (Pie XII, Enc. Haurietis aquas DS 3924 ; cf. DS 3812). »
Catéchisme de l'Eglise Catholique, Paris, Mame - Plon, 1992.


1993 : Fondation par la ville de Paris du SAMU Social, service d'aide médicale d'urgence.

1995 : Le 7 mai, Jacques Chirac est élu à la Présidence de la République.
Inauguration de la cathédrale d'Evry, en Essonne.
Du 13 au 15 octobre, est organisé à Paray-le-Monial un colloque ayant pour thème : "Le Cœur du Christ pour un monde nouveau", sous la responsabilité de la Communauté de l'Emmanuel et des chapelains de Paray, avec la participation du diocèse d'Autun.

« Nous avons voulu ce colloque parce que le culte du Cœur du Christ revit un peu partout, et qu'il nous ouvre à des questions essentielles. Nos échanges… ont largement montré l'intensité de cette vie, l'opportunité de ce culte pour l'avenir. En effet, nous avons besoin d'un nouveau contact entre Dieu et les hommes, un contact qui soit vrai et dont l'amour partagé soit le centre. Le culte du Cœur du Christ permet, de manière très profonde, ce contact. C'est une voie royale pour la vie spirituelle. Ses formes historiques, à condition d'être repensées et bien présentées, sont plus intéressantes et opportunes qu'on ne l'a cru pendant toute une période. Nous avons là donc une clef pour ouvrir le monde de demain. »
Bernard Peyrous, Le Cœur du Christ pour un monde nouveau, Actes du Congrès, Introduction, Paris, Ed. de l'Emmanuel, 1998.

1996 : Du 19 au 22 septembre, 5° voyage de Jean-Paul II en France, à l'occasion des cérémonies célébrant le 1500° anniversaire du baptême de Clovis.
Le 13 octobre à Paray-le-Monial, en la fête de Sainte Marguerite-Marie, inauguration de la Chapelle St Jean par Mgr Tagliaferri, Nonce Apostolique et par Mgr Séguy, évêque d'Autun. Cette Chapelle, située près du Centre des pèlerinages, est destinée à l'Adoration Eucharistique quotidienne. La première messe y sera célébrée le 27 décembre de la même année.
Le 13 décembre, Jean-Paul II reçoit le Catholicos Karekin 1°, Patriarche de tous les Arméniens. Leur déclaration commune met fin à une querelle théologique datant du Concile de Chalcédoine en 451 : "Le Verbe fait chair, Dieu parfait quant à sa divinité, homme parfait quant à son humanité, dans une union réelle, parfaite, sans confusion, sans altération, sans division, sans aucune forme de séparation."
Le 27 décembre à Paray-le-Monial, Mgr de Monléon, évêque de Pamiers, consacre au nom de Mgr Séguy la nouvelle Chapelle St Jean, inaugurée au mois d'octobre.

1997 : Du 19 au 24 août se déroulent à Paris les XII° Journées Mondiales de la Jeunesse. Plusieurs centaines de milliers de jeunes venus du monde entier se rassemblent autour de Jean-Paul II.
Le 19 octobre (dimanche des missions), Jean-Paul II proclame sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus Docteur de l'Eglise.

1998 : Le 11 janvier, renouvelant la consécration effectuée par Garcia Moreno en 1874, le président de la République de l'Equateur consacre publiquement son pays au Sacré-Cœur, en la cathédrale de Quito, en présence de l'ensemble des évêques du pays.

1999 : Le 6 juin, à l'occasion de son voyage apostolique en Pologne, Jean-Paul II invite en son homélie à Elblag les hommes à se tourner vers le Cœur de Jésus, source de vie et de sainteté :

« "Nous rendons honneur à ton Cœur, ô notre Jésus, ô Jésus...".
Je rends grâce à la Divine Providence de pouvoir, avec vous qui êtes ici présents, rendre louange et gloire au Sacré-Cœur de Jésus, dans lequel s'est manifesté de la façon la plus complète l'amour paternel de Dieu. Je me réjouis, de ce que la pieuse pratique de réciter ou de chanter, chaque jour du mois de juin, les Litanies au Sacré-Cœur de Jésus est si vivante en Pologne et se poursuit toujours. […]
"Cœur de Jésus, source de vie et de sainteté, aie pitié de nous".
Ainsi l'évoquons-nous dans les Litanies. Tout ce que Dieu voulait nous dire à propos de sa personne et de son amour, il l'a déposé dans le cœur de Jésus et, à travers ce cœur, il l'a exprimé. Nous nous trouvons face à un mystère insondable. A travers le Cœur de Jésus, nous lisons l'éternel dessein divin du salut du monde. Et il s'agit d'un projet d'amour. Les litanies que nous avons chantées de façon admirable contiennent toute cette vérité.
Nous sommes venus ici aujourd'hui, pour contempler l'amour du Seigneur Jésus, sa bonté qui embrasse chaque homme ; pour contempler son Cœur ardent d'amour pour le Père, dans la plénitude de l'Esprit Saint. Le Christ qui nous aime, nous montre son Cœur comme source de vie et de sainteté, comme source de notre rédemption. Pour comprendre de façon plus approfondie cette invocation, il faut peut-être revenir à la rencontre de Jésus avec la Samaritaine, dans la petite ville de Sychar, près du puits, qui se trouvait là depuis l'époque du patriarche Jacob. Elle était venue puiser de l'eau. Alors Jésus lui dit : "Donne-moi à boire", et elle lui répondit : "Comment ! toi qui es juif, tu me demandes à boire à moi qui suis une femme samaritaine ?". L'évangéliste ajoute alors que les juifs ne s'entendaient pas avec les Samaritains. Elle reçut alors la réponse de Jésus: "Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, c'est toi qui l'aurais prié et il t'aurait donné de l'eau vive [...] l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source d'eau jaillissant en vie éternelle" (cf. Jn 4, 1-14). Ce sont là des paroles mystérieuses.
Jésus est une source ; c'est de lui que jaillit la vie divine de l'homme. Il suffit de s'approcher de lui, de demeurer en lui, pour obtenir cette vie. Et qu'est-ce que cette vie, sinon le début de la sainteté de l'homme ? De la sainteté qui est en Dieu et que l'homme peut atteindre avec l'aide de la grâce ? Nous désirons tous boire au cœur divin, qui est source de vie et de sainteté. […]

Nous nous trouvons face à la réalité du péché. Celui-ci constitue une offense à Dieu, il constitue une désobéissance à Dieu, à sa loi, à la norme morale, que Dieu donna à l'homme, en l'inscrivant dans le cœur humain, en la confirmant et la perfectionnant à travers la Révélation. Le péché s'oppose à l'amour de Dieu pour nous et détourne nos cœurs de Lui. Le péché est "l'amour de soi porté jusqu'au mépris de Dieu", comme le dit saint Augustin (De Civitate Dei, 14, 28). Le péché est un mal profond, dans toutes ses dimensions. A commencer par le péché originel, et en passant par tous les péchés personnels de chaque homme, par les péchés sociaux, les péchés qui pèsent sur toute l'histoire de l'humanité.
Nous devons constamment être conscients de ce grand mal, nous devons constamment acquérir une sensibilité subtile et une claire connaissance du germe de mort contenu dans le péché. Il s'agit ici de ce que l'on a l'habitude d'appeler le sens du péché. Il puise sa source à la conscience morale de l'homme, il est lié à la connaissance de Dieu, au sens de l'union avec le Créateur, Seigneur et Père. Plus cette conscience de l'union avec Dieu est profonde, renforcée par la vie sacramentelle de l'homme, et par la prière sincère, plus le sens du péché est clair. La réalité de Dieu révèle et illumine le mystère de l'homme. Faisons tous ce qui est en notre pouvoir pour rendre nos consciences sensibles et les sauvegarder de la déformation ou de l'insensibilité. […]

Très chers frères et sœurs, nous contemplons le Sacré-Cœur de Jésus, qui est source de vie, car à travers lui s'est accomplie la victoire sur la mort. Il est également source de sainteté, car en lui est vaincu le péché, qui est l'ennemi de la sainteté, l'ennemi du développement spirituel de l'homme. Du Cœur du Seigneur Jésus, commence la sainteté de chacun de nous. Apprenons de ce Cœur l'amour pour Dieu et la compréhension du mystère du péché - mysterium iniquitatis.
Accomplissons des actes de réparation au Divin Cœur pour les péchés commis par nous et par nos proches. Réparons le refus de la bonté et de l'amour de Dieu.
Approchons-nous chaque jour de cette source d'où jaillissent les sources d'eau vive. Avec la Samaritaine, demandons : "Donne-nous cette eau", car elle donne la vie éternelle.
Cœur de Jésus, foyer ardent de charité,
Cœur de Jésus, source de vie et de sainteté,
Cœur de Jésus, propitiation pour nos péchés
- aie pitié de nous. Amen. »
Jean-Paul II, extraits de l'homélie prononcée à Elblag le 6 juin 1999.


Du 11 au 13 juin, célébration à Paray-le-Monial du centenaire de la Consécration du genre humain au Sacré-Cœur par Léon XIII (11 juin 1899), en présence du cardinal Etchegaray, président du comité de l'an 2000 à Rome. La Messe de la fête du Sacré-Cœur est célébrée le 11 juin par Mgr Raymond Séguy, évêque d'Autun, Chalon et Mâcon.

« L'Eglise ne cesse de contempler l'amour de Dieu, manifesté de manière sublime et particulière sur le Calvaire, lors de la Passion du Christ, sacrifice qui est rendu sacramentellement présent à chaque Eucharistie. "Du Cœur très aimant de Jésus procèdent tous les sacrements, mais surtout le plus grand de tous, le sacrement d'amour, par lequel Jésus voulut être le compagnon de notre vie, la nourriture de nos âmes, sacrifice d'une valeur infinie" (Saint Alphonse de Liguori, Deuxième Méditation sur le Cœur aimant de Jésus à l'occasion de la neuvaine préparatoire à la fête du Sacré-Cœur).
Le Christ est un foyer brûlant d'amour qui appelle et qui apaise : "Venez à moi, (…) car je suis doux et humble de cœur" (Mt 11, 28-29).
Le Cœur du Verbe incarné est le signe de l'amour par excellence ; aussi ai-je personnellement souligné l'importance pour les fidèles de pénétrer le mystère de ce Cœur débordant d'amour pour les hommes, qui contient un message d'une extraordinaire actualité (cf. encyclique Redemptor Hominis n°8). "Voici le Cœur qui a tant aimé les hommes qu'Il n'a rien épargné, jusqu'à s'épuiser et à se consumer afin de leur témoigner son amour" (grande apparition de Jésus à sainte Marguerite-Marie).
A l'approche du troisième millénaire, "L'amour du Christ nous presse" (2 Co 5,14), pour que nous fassions connaître et aimer le sauveur, qui a versé son sang pour les hommes. "Pour eux, je me consacre moi-même, afin qu'ils soient, eux aussi, consacrés dans la Vérité" (Jn 17,19).
J'encourage donc vivement les fidèles à adorer le Christ, présent dans le Saint-Sacrement de l'autel, le laissant guérir nos consciences, nous purifier, nous illuminer et nous unifier. Dans la rencontre avec Lui, les chrétiens puiseront la force pour leur vie spirituelle et pour leur mission dans le monde. […]
J'invite tous les fidèles à poursuivre avec piété leur dévotion au culte du Sacré-Cœur de Jésus, en l'adaptant à notre temps, pour qu'ils ne cessent d'accueillir ses insondables richesses, qu'ils y répondent avec joie en aimant Dieu et leurs frères, trouvant ainsi la paix, entrant dans une démarche de réconciliation et affermissant leur espérance de vivre un jour en plénitude auprès de Dieu, dans la compagnie de tous les saints (cf. Litanies du Sacré-Cœur). »
Jean-Paul II, extraits de la Lettre adressée aux pèlerins de Paray-le-Monial et envoyée aux évêques de France, 4 juin 1999.

Le 1° octobre, à l'ouverture du Synode pour l'Europe, Jean-Paul II proclame trois nouvelles saintes "Patronnes de l'Europe" : Brigitte de Suède (1303-1373, canonisée en 1391, fondatrice du monastère de Wastein et de l'Ordre du Très-Saint-Sauveur, pèlerine de l'unité dans l'Europe du XIV° siècle), Catherine de Sienne (1347-1380, canonisée en 1461, tertiaire Dominicaine et mystique, à l'origine du retour de Grégoire XI d'Avignon à Rome en 1377, proclamée docteur de l'Eglise en 1970), et Edith Stein (en religion Thérèse-Bénédicte de la Croix, 1891-1942, canonisée le 11 octobre 1998, juive convertie, philosophe et Carmélite, morte en déportation à Auschwitz). Elles rejoignent ainsi les saints : Benoît (v.480-550), fondateur de l'abbaye du Mont-Cassin et père du monachisme occidental, proclamé "Patron de l'Europe" par Paul VI en 1964, et les frères Cyrille (†869) et Méthode (†885), tous deux évangélisateurs des Slaves au IX° siècle, proclamés "Patrons de l'Europe" par Jean-Paul II en 1980.
Le 31 octobre, à Augsbourg en Bavière, catholiques et luthériens mettent fin à leur contentieux vieux de quatre siècles en signant une "Déclaration sur la doctrine de la justification" :
"Par la foi dans le Christ sauveur et non en raison d'un quelconque mérite de notre part, nous sommes acceptés par Dieu et recevons l'Esprit-Saint".
La nuit de Noël, l'ouverture de la Porte Sainte de la basilique Saint-Pierre par Jean-Paul II inaugure le Grand Jubilé de l'an 2000. La clôture du Jubilé aura lieu le 6 janvier 2001, en la fête de l'Epiphanie.

2000 : Le 12 mars, au cours de la célébration du premier dimanche du temps de Carême à Rome, Jean-Paul II accompagné de sept hauts prélats de la Curie romaine demande pardon à Dieu pour les fautes commises par l'Eglise depuis deux mille ans.
Le 30 avril, Jean-Paul II canonise Sœur Faustine Kowalska, "don de la terre de Pologne à toute l'Eglise", et institue le deuxième Dimanche de Pâques, pour toute l'Eglise, le "Dimanche de la Miséricorde divine".

« A travers le cœur du Christ crucifié, la miséricorde divine atteint les hommes: "Ma Fille, dis que je suis l'Amour et la Miséricorde en personne", demandera Jésus à Sœur Faustine (Journal, 374). Cette miséricorde, le Christ la diffuse sur l'humanité à travers l'envoi de l'Esprit qui, dans la Trinité, est la Personne-Amour. Et la miséricorde n'est-elle pas le "second nom" de l'amour (cf. Dives in misericordia, n. 7), saisi dans son aspect le plus profond et le plus tendre, dans son aptitude à se charger de chaque besoin, en particulier dans son immense capacité de pardon ? […]
Que nous apporteront les années qui s'ouvrent à nous ? Quel sera l'avenir de l'homme sur la terre ? Nous ne pouvons pas le savoir. Il est toutefois certain qu'à côté de nouveaux progrès ne manqueront pas, malheureusement, les expériences douloureuses. Mais la lumière de la miséricorde divine, que le Seigneur a presque voulu remettre au monde à travers le charisme de Sœur Faustine, illuminera le chemin des hommes du troisième millénaire. […]
Il est alors important que nous recevions entièrement le message qui provient de la Parole de Dieu en ce deuxième Dimanche de Pâques, qui dorénavant, dans toute l'Eglise, prendra le nom de "Dimanche de la Miséricorde divine". […]
Et toi, Faustine, don de Dieu à notre temps, don de la terre de Pologne à toute l'Eglise, obtiens-nous de percevoir la profondeur de la miséricorde divine, aide-nous à en faire l'expérience vivante et à en témoigner à nos frères. Que ton message de lumière et d'espérance se diffuse dans le monde entier, pousse les pécheurs à la conversion, dissipe les rivalités et les haines, incite les hommes et les nations à la pratique de la fraternité. Aujourd'hui, en tournant le regard avec toi vers le visage du Christ ressuscité, nous faisons nôtre ta prière d'abandon confiant et nous disons avec une ferme espérance : Jésus, j'ai confiance en Toi ! »
Jean-Paul II, extraits de l'Homélie du 30 avril 2000.

Du 29 juin au 2 juillet, fêtes du Cœur de Jésus à Paray-le-Monial.
Les JMJ 2000 se déroulent à Rome, du 15 au 20 août, sur le thème : "Le Verbe s'est fait chair et a habité parmi nous".

2001 : Le 5 janvier, A l'occasion du XIV° Chapitre général de la Congrégation des Servantes du Sacré-Cœur de Jésus Agonisant fondée à la fin du XIX° siècle par Mgr Marco Morelli et Mère Margherita Ricci Curbastro, Jean-Paul II rappelle une fois encore toute l'actualité de cette dévotion.

« L'homme contemporain a plus que jamais besoin de puiser aux sources du Très Sacré Cœur du Christ. Ce n'est qu'en lui qu'il peut trouver la paix dans les moments d'angoisse, que l'époque actuelle du sécularisme rend toujours moins supportables. La pauvreté spirituelle est aujourd'hui très diffuse, au point de devenir parfois misère spirituelle. C'est pourquoi le véritable remède est la redécouverte de la prière chrétienne. Celle-ci n'est pas une évasion de la réalité et de ses épreuves, mais bien une preuve de vigilance de l'esprit et une union confiante à la volonté divine, avec la certitude que celle-ci est toujours, et quoiqu'il en soit, une volonté d'amour, visant à donner à l'homme la plénitude de la vie éternelle.
Quel meilleur témoignage cet abandon confiant peut-il trouver que celui d'une vie entièrement consacrée au service de Dieu, connu et aimé dans le Cœur de son Fils Jésus-Christ, qui "est en agonie jusqu'à la fin du monde" (Blaise Pascal) ? Et comment s'exprimera cette consécration si ce n'est dans un service généreux et fidèle aux frères, en particulier les plus indigents, pour l'amour duquel le Christ a accepté de boire la coupe amère de la Passion ?
Je recommande donc à toutes les religieuses de votre Congrégation, qui m'est chère, que toute l'activité apostolique soit vivifiée et sans cesse guidée par un intense engagement de prière vigilante. Chers sœurs, que la Bienheureuse Vierge Marie, Reine des vierges, soit un modèle pour vous. Si la Très Sainte Vierge représente pour chaque baptisé l'archétype de l'adhésion humble et docile à la volonté de Dieu, elle doit l'être encore davantage pour les religieuses. Chaque Servante pourra être fidèle à sa propre vocation, si elle cherche à ressembler en tout, dans son cœur et dans son action, à Marie, parfaite "Servante du Seigneur". »
Extrait du discours de Jean-Paul II aux participants au Chapitre Général de la Congrégation.


Le 6 janvier, lors de la messe de clôture de l'Année Sainte, Jean-Paul II déclare dans son homélie : « Tandis qu'aujourd'hui se ferme avec la Porte Sainte, "un symbole du Christ", le Cœur du Christ demeure plus que jamais ouvert. Il continue à dire à l'humanité, qui a besoin d'espérance et de sens : "Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous procurerai le repos" (Mat 11, 28). »

Le 22 avril, célébration du premier "Dimanche de la miséricorde". Jean-Paul II avait institué cette célébration de la miséricorde lors de la canonisation de la mystique polonaise, sœur Faustine Kowalska, le 30 avril 2000.

« … Nous célébrons le deuxième Dimanche de Pâques, qui depuis l'année dernière, année du grand Jubilé, est également appelé "Dimanche de la Miséricorde divine". C'est pour moi une grande joie de pouvoir me joindre à vous tous, chers pèlerins et fidèles venus de divers pays pour commémorer, après un an, la canonisation de sœur Faustyna Kowalska, témoin et messagère de l'amour miséricordieux du Seigneur. L'élévation aux honneurs des autels de cette humble religieuse, fille de ma terre, ne représente pas seulement un don pour la Pologne, mais aussi pour toute l'humanité. Le message dont elle a été la détentrice constitue la réponse adéquate et incisive que Dieu a voulu offrir aux hommes de notre temps, marqué par d'immenses tragédies. Jésus dit un jour à sœur Faustyna: "L'humanité ne trouvera pas la paix, tant qu'elle ne s'adressera pas avec confiance à la Miséricorde divine" (Petit journal, p. 132). La Miséricorde divine ! Voilà le don pascal que l'Eglise reçoit du Christ ressuscité et qu'il offre à l'humanité, à l'aube du troisième millénaire.
[…] A travers le mystère de ce cœur blessé, le flux restaurateur de l'amour miséricordieux de Dieu ne cesse de se répandre également sur les hommes et sur les femmes de notre temps. Ce n'est que là que celui qui aspire au bonheur authentique et durable peut en trouver le secret.
"Jésus, j'ai confiance en Toi". Cette prière, chère à tant de fidèles, exprime bien l'attitude avec laquelle nous voulons nous aussi nous abandonner avec confiance entre tes mains, ô Seigneur, notre unique Sauveur.
Tu brûles du désir d'être aimé, et celui qui se met en harmonie avec les sentiments de ton Cœur apprend à être le constructeur de la nouvelle civilisation de l'amour. Un simple acte de confiance suffit à briser la barrière de l'obscurité et de la tristesse, du doute et du désespoir. Les rayons de ta miséricorde divine redonnent l'espérance de façon particulière à celui qui se sent écrasé par le poids du péché.
Marie, Mère de la Miséricorde, fais en sorte que nous conservions toujours vivante cette confiance dans ton Fils, notre Rédempteur. Assiste-nous, toi aussi, sainte Faustyna, que nous rappelons aujourd'hui avec une affection particulière. Avec toi nous voulons répéter, en fixant notre humble regard sur le visage du divin Sauveur : "Jésus, j'ai confiance en Toi". Aujourd'hui et à jamais. Amen. »
Extrait de l'homélie de Jean-Paul II, trad. française publiée par L'Osservatore Romano le 24 avril 2001.

Le 29 avril, béatification par Jean-Paul II de Caterina Volpicelli (1839-1894), fondatrice à Naples en 1874 des Servantes du Sacré-Cœur, Institut approuvé par le Saint-Siège en 1890.
Le 10 juin, en la fête de la Sainte-Trinité, canonisation par Jean-Paul II de Thérèse Eustochium Verzeri (1801-1852), vierge, fondatrice en Italie de l'
Institut des Filles du Sacré-Cœur de Jésus.
Du 21 au 24 juin, les fêtes du Cœur de Jésus sont célébrées à Paray-le-Monial sous la présidence du Cardinal Frédéric Etsou, archevêque de Kinshasa. Le thème retenu de ces journées est "Jésus, Lumière du monde".
Le 22 juin, répondant à l'invitation de leur curé le P. Bernard de Villanfray, l'ensemble des fidèles de la paroisse de Saint Giniez à Marseille se consacrent au Sacré-Cœur. Rappelons que Marseille fut la première ville du monde consacrée au Cœur du Christ, par Mgr de Belsunce le 1° novembre 1720.

2002 : Le 9 avril, publication à Rome par la Congrégation pour le culte divin du Directoire sur la piété populaire et la Liturgie. Ce document fait bien sûr mention de la dévotion au Sacré-Cœur, rappelant son importance et sa justification tant dans son ancrage dans l'Ecriture que dans la tradition de l'Eglise. Voici les paragraphes qui concernent cette dévotion :

« 166. Le vendredi qui suit le deuxième dimanche après la Pentecôte, l'Église célèbre la solennité du Sacré-Cœur de Jésus. De nombreuses expressions de piété, qui s'ajoutent à la célébration liturgique, s'adressent au Cœur du Christ. Il ne fait aucun doute, en effet, que, parmi les expressions de la piété ecclésiale, la dévotion au Cœur du Sauveur a été et demeure l'une des plus répandues et des plus estimées.
L'expression "Cœur de Jésus", entendue dans le sens contenu dans la divine Écriture, désigne le mystère même du Christ, c'est-à-dire la totalité de son être, ou le centre intime et essentiel de sa personne: Fils de Dieu, sagesse incréée; Amour infini, principe du salut et de sanctification pour toute l'humanité. Le "Cœur du Christ" s'identifie au Christ lui-même, Verbe incarné et rédempteur; dans l'Esprit Saint, le Cœur de Jésus est orienté, par nature, avec un amour infini à la fois divin et humain, vers le Père et vers les hommes, ses frères.

167. La dévotion au Cœur du Christ a des fondements solides dans la Sainte Écriture, ainsi que les Pontifes Romains l'ont souvent rappelé.
Jésus, qui ne fait qu'un avec le Père (cf. Jn 10, 30), invite ses disciples à vivre en communion intime avec lui, à accueillir sa personne et ses paroles comme des références normatives qui doivent inspirer leurs propres comportements, et il se révèle comme un maître "doux et humble de cœur" (Mt 11, 29). Il est possible d'affirmer que, en un certain sens, la dévotion au Cœur du Christ est l'expression cultuelle de ce regard que, selon la parole prophétique et évangélique, toutes les générations chrétiennes portent vers Celui qui a été transpercé (cf. Jn 19, 37 ; Za 12, 10), c'est-à-dire vers le Cœur du Christ, transpercé par la lance, d'où jaillirent le sang et l'eau (cf. Jn 19, 34), qui sont les signes de "l'admirable Sacrement de toute l'Église".
De même, le texte johannique, qui narre la scène où le Christ montre ses mains et son côté à ses disciples (cf. Jn 20, 20), et celle qui présente la demande, que Thomas adresse au Christ, de pouvoir étendre sa main pour la placer dans son côté (cf. Jn 20, 27), a exercé une influence importante sur l'origine et le développement de la piété envers le Sacré-Cœur de la part des fidèles de l'Église.

168. Ces textes et d'autres encore, qui présentent le Christ comme l'Agneau pascal, certes immolé, mais aussi victorieux (cf. Ap 5, 6), ont fait l'objet d'une méditation assidue de la part des Saints Pères, qui en dévoilèrent les richesses doctrinales, et qui, dès lors, invitèrent les fidèles à approfondir le mystère du Christ en entrant par la porte ouverte de son Cœur. Ainsi, saint Augustin déclare: "l'entrée est accessible grâce au Christ qui en est la porte. Celle-ci s'est ouverte pour toi aussi, quand son Cœur fut ouvert par la lance. Souviens-toi de ce qui en jaillit, et choisis donc par où tu peux entrer. Du côté du Seigneur qui mourait sur la croix, le sang et l'eau jaillirent, au moment où son Cœur fut ouvert par la lance. L'eau te procure la purification et le sang la rédemption".

169. Le Moyen Âge a été une époque particulièrement féconde pour le développement de la dévotion envers le Sacré-Cœur du Sauveur. Des hommes célèbres pour leur sainteté et leur doctrine, comme saint Bernard († 1153) et saint Bonaventure († 1274), et des mystiques comme sainte Lutgarde († 1246), sainte Mathilde de Magdebourg († 1282), les saintes religieuses Mathilde († 1299) et Gertrude († 1302) du monastère de Helfte, Ludolphe de Saxe († 1378), sainte Catherine de Sienne († 1380) approfondirent le mystère du Cœur du Christ, en qui ils virent un "refuge", auprès duquel il est possible de refaire ses forces, le foyer de la miséricorde, le lieu de la rencontre avec Jésus, le Sauveur, la source de l'amour infini du Seigneur, la fontaine d'où surgit l'eau vive du Saint-Esprit, la vraie terre promise et le véritable paradis.

170. À l'époque moderne, le culte rendu au Cœur du Sauveur connut de nouveaux développements. En un temps marqué par le jansénisme, qui insistait sur les rigueurs de la justice divine, la dévotion au Cœur du Christ constitua une antidote efficace, qui contribua à susciter chez les fidèles l'amour du Seigneur et la confiance dans son infinie miséricorde, dont le Cœur est à la fois le gage et le symbole. Parmi les nombreux saints et saintes qui ont été des apôtres insignes de la dévotion du Sacré-Cœur, il convient de citer : saint François de Sales († 1622), qui adopta comme norme de vie et d'apostolat l'attitude fondamentale, qui est celle du Cœur du Christ, caractérisée par l'humilité, la mansuétude (cf. Mt 11, 29), l'amour tendre et miséricordieux ; sainte Marguerite-Marie Alacoque († 1690), à qui le Seigneur dévoila à plusieurs reprises les richesses de son Cœur ; saint Jean Eudes († 1680), qui promut le culte liturgique du Sacré-Cœur ; saint Claude la Colombière († 1682) et saint Jean Bosco († 1888).

171. Les formes de dévotions au Cœur du Sauveur sont très nombreuses ; certaines ont été explicitement approuvées et fréquemment recommandées par le Siège Apostolique. Parmi ces dernières, on peut citer :
- la
consécration personnelle, qui, selon Pie XI, "parmi toutes les pratiques se référant au culte du Sacré-Cœur, est sans conteste la principale d'entre elles" ;
- la
consécration de la famille, qui permet au foyer familial, tout en étant déjà associé au mystère d'unité et d'amour entre le Christ et l'Église en vertu du sacrement de mariage, de s'offrir sans partage au Seigneur afin qu'il puisse régner dans le cœur de chacun de ses membres ;
- les
Litanies du Cœur de Jésus, approuvées en 1891 pour toute l'Église, dont l'inspiration est éminemment biblique, et qui ont été enrichies par l'octroi d'indulgences.
- l'
acte de réparation est une prière formulée par le fidèle, qui, en se souvenant de la bonté infinie du Christ, désire implorer sa miséricorde et réparer les nombreuses et diverses offenses qui blessent son Cœur rempli de douceur.
- La pratique des
neuf premiers vendredis du mois, qui a pour origine la "grande promesse" faite par Jésus à sainte Marguerite-Marie Alacoque. À une époque où la communion sacramentelle des fidèles était très rare, la pratique des neuf premiers vendredis du mois contribua d'une manière significative à la reprise de la pratique plus fréquente des sacrements de la Pénitence et de l'Eucharistie. À notre époque, la dévotion des neuf premiers vendredis du mois, si elle est pratiquée d'une manière adéquate sur le plan pastoral, peut encore apporter des fruits spirituels indéniables. Il reste qu'il est nécessaire que les fidèles soient convenablement instruits sur les points suivants: tout d'abord, il convient de ne pas pratiquer cette dévotion avec une confiance qui ressemblerait plutôt à de la vaine crédulité, car, dans l'ordre du salut, une telle attitude a pour effet de supprimer les exigences incontournables, qui dérivent d'une foi vivante, et de détourner l'attention du fidèle de l'obligation de mener une vie conforme à l'Évangile; ensuite, il faut réaffirmer la place absolument prédominante du dimanche, le "jour de fête primordial", qui doit être marqué par la pleine participation des fidèles à la célébration eucharistique.

172. La dévotion à l'égard du Sacré-Cœur constitue, dans l'histoire, une expression majeure de la piété de l'Église envers le Christ Jésus, son Époux et son Seigneur; elle comporte une attitude fondamentale constituée par la conversion et la réparation, l'amour et la gratitude, l'engagement apostolique et la consécration au Christ et à son œuvre de salut. C'est pourquoi le Siège Apostolique et les Évêques la recommandent et en promeuvent le renouveau dans ses expressions linguistiques et iconographiques, dans la prise de conscience de ses racines bibliques et de sa relation avec les principales vérités de la foi, et dans l'affirmation du primat de l'amour envers Dieu et le prochain, en tant que contenu essentiel de la dévotion elle-même.

173. La piété populaire tend à identifier une dévotion avec sa représentation iconographique. Ce phénomène, qui est normal, a sans doute des aspects positifs, mais il peut aussi donner lieu à quelques inconvénients: un modèle iconographique, qui ne correspond plus au goût des fidèles, peut conduire à une dépréciation de l'objet même de la dévotion, indépendamment de son fondement théologique et des éléments qui constituent son contenu historico-salvifique.
Ce fait a pu être vérifié dans le domaine de la dévotion à l'égard du Sacré-Cœur: certaines images picturales, parfois mièvres, s'avèrent inadaptées pour exprimer la solidité du contenu théologique de cette dévotion, et elles n'encouragent donc pas les fidèles à s'approcher du mystère du Cœur du Sauveur.
À notre époque, la tendance à représenter le Sacré-Cœur au moment de la Crucifixion est bien accueillie, parce que cette image exprime au plus haut degré l'amour du Christ. Le Sacré-Cœur s'identifie au Christ crucifié, dont le côté, ouvert par la lance, laisse jaillir le sang et l'eau (cf. Jn 19, 34). »
Extraits du "Directoire sur la piété populaire et la Liturgie", publié par la Congrégation pour le culte divin, décembre 2001 - 9 avril 2002. Traduction de l'italien de M.T. Amadieu.


Le dimanche 02 juin, Jean-Paul II rappelle aux pèlerins présents place Saint-Pierre que le mois le juin est traditionnellement consacré au Cœur de Jésus :

« En saluant les pèlerins de langue italienne présents sur cette place, je rappelle que le mois de juin est traditionnellement consacré au Sacré Cœur de Jésus. Puisse chacun puiser à cette source inépuisable de grâce, aide constante pour progresser dans l'amour et dans le service généreux du prochain. »

Le dimanche 23 juin suivant, lors de la prière de l'Angélus, le Saint Père appelle une nouvelle fois les fidèles à se tourner vers le Sacré Cœur de Jésus, source de réconciliation.

« Combien l'humanité contemporaine a besoin du message qui jaillit de la contemplation du Cœur du Christ, unique source d'où elle peut extraire les réserves d'humilité et de pardon dont elle a besoin pour guérir les durs conflits qui l'ensanglantent !… Si le cœur humain représente un mystère insondable que Dieu seul connaît, combien plus insondable sera celui de Jésus, dans lequel bat la vie même du Verbe, et résident tous les trésors de la sagesse et de la science, et toute la plénitude de la divinité… Pour sauver l'homme, Dieu a voulu lui donner un cœur nouveau, le Cœur du Christ, chef d'œuvre de l'Esprit Saint, qui commença à battre dans le sein virginal de Marie et fut transpercé par la lance sur la croix, devenant ainsi source intarissable de vie éternelle... »

Le samedi 17 août, Jean-Paul II consacre le nouveau Sanctuaire de la Miséricorde à Lagiewniki, dans la banlieue de Cracovie en Pologne, Sanctuaire qu'il proclame "centre mondial du culte de Jésus Miséricordieux". A la fin de son homélie, il déclare :

« Je veux aujourd'hui, de manière solennelle, dans ce Sanctuaire, confier le monde à la Miséricorde Divine. Je le fais avec le désir ardent que le message de l'amour miséricordieux de Dieu, proclamé ici par l'intermédiaire de Sœur Faustine, parvienne à tous les habitants de la terre et remplisse les cœurs d'espérance. […] Nous avons particulièrement besoin de cette annonce aujourd'hui, à une époque où l'homme se trouve désemparé face aux multiples manifestations du mal. Il faut que l'invocation de la miséricorde de Dieu jaillisse du profond des cœurs remplis de souffrance, d'appréhension et d'incertitude, mais en même temps à la recherche d'une source infaillible d'espérance… […] Le monde d'aujourd'hui a tant besoin de la miséricorde de Dieu ! Là où dominent la haine et la soif de vengeance, là où la guerre apporte la douleur et la mort des innocents, on a besoin de la grâce de la miséricorde pour apaiser les esprits et les cœurs et faire naître la paix. Là où le respect pour la vie et la dignité de l'homme fait défaut, on a besoin de l'amour miséricordieux de Dieu à la lumière duquel se manifeste la valeur indicible de tout être humain. On a besoin de la miséricorde pour que toute injustice dans le monde prenne fin dans la splendeur de la vérité... »

Et le lendemain, à l'occasion de la messe de béatification de quatre religieux polonais, il ajoute :

« Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont Il nous a aimés - alors que nous étions morts par suite de nos fautes - nous a fait revivre avec le Christ [Eph 2, 4-5]. La plénitude de cet amour est révélée dans le sacrifice de la Croix. En effet : "Personne n'a de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis" [Jn 15, 13]. Voilà la mesure de l'amour de Dieu ! Voilà la mesure de la miséricorde de Dieu !
Lorsque nous sommes conscients de cette vérité, nous nous rendons compte que l'invitation du Christ à aimer les autres, comme Il nous a aimés, nous propose à tous cette même mesure. Nous nous sentons d'une certaine manière poussés à offrir jour après jour notre vie, en faisant preuve de miséricorde envers nos frères, en utilisant le don de l'amour miséricordieux de Dieu. Nous comprenons que Dieu, en nous accordant sa miséricorde, attend que nous soyons témoins de la miséricorde dans le monde d'aujourd'hui. […]
Aujourd'hui, de toutes mes forces, je prie les fils et les filles de l'Eglise et les hommes de bonne volonté de ne jamais séparer "la cause de l'homme" de l'amour de Dieu. Aidez l'homme moderne à faire l'expérience de l'amour miséricordieux de Dieu ! »

2004 : Par un décret en date du 6 mars, la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements approuve le choix de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus comme Patronne secondaire de l’Apostolat de la Prière. A cette occasion, le Père Hans Peter Kolvenbach, Directeur Général de l’Apostolat de la Prière, souligne que "Cette proclamation bénéficiera aux fidèles de l’Apostolat de la Prière, qui recevront les bénédictions abondantes du Seigneur pour pouvoir suivre, comme Sainte Thérèse de Lisieux, une voie faite de prière, de charité, d’humilité et de simplicité évangélique, en s’offrant chaque jour au cœur de l’Eglise pour la vie du monde".
Le 8 avril, Jeudi Saint, Jean-Paul II rappelle en son homélie à la basilique Saint-Pierre de Rome que l'Eucharistie et le Sacerdoce sont tous deux nés du Cœur du Christ, au cours de la dernière Cène :

« L’Eucharistie est donc un mémorial au sens plénier : le Pain et le Vin deviennent réellement, par l’action de l’Esprit Saint, le Corps et le Sang du Christ, qui se donne pour être la nourriture de l’homme dans son chemin sur la terre. A l’incarnation du Verbe dans le sein de Marie, et à sa présence dans l’Eucharistie préside la même logique de l’amour. C’est l’agapè, la caritas, l’amour au sens le plus beau et le plus pur. Jésus a demandé à ses disciples avec insistance de demeurer dans cet amour (cf. Jn 15,9).
Pour demeurer fidèles à cette consigne, pour demeurer en Lui comme les sarments sur la vigne, pour aimer comme Lui a aimé, il est nécessaire de se nourrir de son Corps et de son sang. En disant aux Apôtres : "Faites cela en mémoire de moi", le Seigneur a lié l’Eglise au mémorial vivant de sa Pâque. Tout en étant le seul Prêtre de la Nouvelle Alliance, il a voulu avoir besoin d’hommes qui, consacrés par l’Esprit saint, agissent en union intime avec sa Personne, en distribuant la nourriture de la vie.
C’est pour cela qu’en fixant notre regard sur le Christ qui institue l’Eucharistie, nous prenons à nouveau conscience de l’importance des prêtres dans l’Eglise et de leur lien avec le sacrement eucharistique. Dans la lettre que j’ai écrite aux prêtres pour ce jour saint j’ai voulu répéter que le sacrement de l’autel est "don et mystère", "don et mystère" le sacerdoce, tous deux étant nés du Cœur du Christ au cours de la Dernière Cène.
Seule une Eglise amoureuse de l’Eucharistie enfante à son tour des vocations sacerdotales saintes et nombreuses. Et elle le fait par la prière et un témoignage de sainteté offert de façon spéciale aux nouvelles générations.
A l’école de Marie, "femme eucharistique", adorons Jésus, vraiment présent dans les humbles signes du pain et du vin. Supplions-le de ne pas cesser d’appeler au service de l’autel des prêtres selon son cœur.
Demandons au Seigneur que ne manque jamais au Peuple de Dieu le Pain qui le soutient au long de son pèlerinage sur la terre. Que la Vierge sainte nous aide à redécouvrir avec stupeur que toute la vie chrétienne est liée au mysterium fidei, que nous célébrons solennellement ce soir. »

Le 18 juin, en la solennité du Cœur Sacré de Jésus, qui est aussi la Journée Mondiale pour la sanctification des prêtres, le cardinal Darío Castrillón Hoyos, préfet de la Congrégation pour le Clergé, écrit une lettre qui a pour thème "l'Eucharistie, source de sainteté dans le ministère sacerdotal" :

« Le Cœur très saint et miséricordieux de Jésus, transpercé par une lance sur la croix, comme signe de don total, est source inépuisable de la vraie paix ; il est la pleine manifestation de cet amour oblatif et salvifique avec lequel il nous "a aimés jusqu'au bout"…
Ne nous laissons pas effrayer par les difficultés. Ayons confiance en Lui! La vocation sacerdotale, placée avec efficacité par le Christ en vous, et que vous avez accueillie avec une humilité généreuse, comme une terre féconde, donnera sûrement des fruits abondants. Comme Pierre, sortons à la rencontre de Jésus sauveur, fixant notre regard sur son visage miséricordieux…
Seul le regard de Jésus crucifié et ressuscité, que nous contemplons dans la prière et la confession sacramentale, peut vaincre la force de gravité de notre petitesse, de nos limites et de nos péchés. La main de Dieu nous soutient et les eaux sombres, agitées par notre orgueil et par le démon perdront leur pouvoir...
Dieu vous demande, prêtres diocésains, missionnaires et religieux, de vous donner avec enthousiasme dans ce ministère sacré, de redécouvrir, surtout à travers l'Eucharistie, la beauté de votre vocation sacerdotale. »

En septembre, le M.E.J. (Mouvement Eucharistique des Jeunes) jusqu'alors réservé aux 9-19 ans, élargit ses portes aux 7-21 ans, répartis en 5 branches : Feu Nouveau (7-10 ans), Jeunes Témoins (10-12 ans), Témoins Aujourd'hui (12-15 ans), Equipes Espérance (15-18 ans), et Equipes Apostoliques (18-21 ans). Le projet éducatif vise désormais 3 objectifs : "faire équipe avec d'autres", "vivre ensemble avec un regard bienveillant", et "faire Eglise par des célébrations, partages et actions communes". Le cœur du projet demeure l'Eucharistie, en laquelle chaque membre est appelé à s'enraciner. Mgr Jean-Christophe Lagleize, évêque accompagnateur du Mouvement, rappelle : « En proposant de chercher et trouver Dieu en toute chose, le MEJ peut compter sur sa longue histoire et sur une tradition spirituelle qui a fait ses preuves. » Actuellement, le MEJ compte près de 60.000 membres en France.
En octobre, après la publication de l'Encyclique Ecclesia de Eucharistia (L'Eglise vit de l'Eucharistie) le 27 avril 2003, Jean-Paul II ouvre solennellement une "année de l'Eucharistie" avec la lettre apostolique Mane nobiscum Domine.

2005 : Le 2 avril, décès de Jean-Paul II. Le 19 avril, le cardinal allemand Joseph Ratzinger est appelé à lui succéder, et prend le nom de Benoît XVI.
« Après le grand Pape Jean Paul II, Messieurs les Cardinaux m'ont élu moi, un simple et humble travailleur dans la vigne du Seigneur. Le fait que le Seigneur sache travailler et agir également avec des instruments insuffisants me console et surtout, je me remets à vos prières, dans la joie du Christ ressuscité, confiant en Son aide constante. Nous allons de l'avant, le Seigneur nous aidera et Marie, Sa Très Sainte Mère, est de notre côté. Merci. »

Le mercredi 1° juin, lors de l'audience générale, Benoît XVI interpelle ses visiteurs sur la fête du Sacré-Cœur qui approche :

[En espagnol]
« Vendredi prochain, c’est la fête du Sacré-Cœur. Demandons-lui de nous aider à aimer nos frères comme lui nous a aimés. »
[En croate]
« Que le Seigneur Jésus vous donne l’amour et la sainteté qui jaillissent de son Cœur très saint ! »
[En tchèque]
« Demandons à Jésus qui est doux et humble de cœur, de transformer nos cœurs selon son Cœur. »
[En polonais]
« Nous commençons le mois dédié à la prière au Sacré-Cœur de Jésus. Que cette prière fasse grandir la foi, l’espérance et la charité dans vos familles. Que le Sacré-Cœur de Jésus vous bénisse. »
[Aux jeunes, aux malades et aux jeunes mariés]
« Nous commençons aujourd’hui le mois de juin, dédié au Sacré-Cœur de Jésus. Arrêtons-nous souvent pour contempler ce profond mystère de l’amour divin. Vous, chers jeunes, apprenez, à l’école du Cœur du Christ, à assumer avec sérieux les responsabilités qui vous attendent. Vous, chers malades, trouvez en cette source infinie de miséricorde courage et patience pour accomplir la volonté de Dieu en toute situation. Et vous, chers jeunes mariés, restez fidèles à l’amour de Dieu et soyez ses témoins par votre amour conjugal. »

Le dimanche suivant, 5 juin, dans son allocution avant l'Angélus, il rappelle les grandes lignes de la dévotion au Sacré-Cœur :

« Vendredi dernier nous avons célébré la solennité du Sacré Cœur de Jésus, dévotion profondément enracinée dans le peuple chrétien. Dans le langage biblique le « cœur » indique le centre de la personne, le siège de ses sentiments et de ses intentions. Dans le Cœur du Rédempteur nous adorons l’amour de Dieu pour l’humanité, sa volonté de salut universel, son infinie miséricorde. Rendre un culte au Sacré Cœur du Christ signifie par conséquent adorer ce Cœur qui, après nous avoir aimés jusqu’au bout, fut transpercé par une lance et duquel, du haut de la Croix jaillit du sang et de l’eau, source intarissable de vie nouvelle. […]
Le cœur qui ressemble le plus à celui du Christ est sans aucun doute le Cœur de Marie, sa Mère Immaculée, et c’est précisément pour cette raison que la liturgie les propose ensemble à notre vénération. Répondant à l’invitation de la Vierge de Fatima, confions à son Cœur Immaculé, que nous avons particulièrement contemplé hier, le monde entier, afin qu’il fasse l’expérience de l’amour miséricordieux de Dieu et qu’il connaisse la paix véritable.  »

Et le mercredi 8 juin, le pape confie les jeunes à la "richesse du Cœur du Christ", à la fin de sa catéchèse en différentes langues :

« Enfin, j’ai une pensée spéciale pour les jeunes, les malades et les jeunes mariés. Chers jeunes, que la richesse du Cœur du Christ et à la tendresse du Cœur immaculé de Marie vous soutiennent toujours. Qu’ils vous aident, chers malades, à vous remettre avec un généreux abandon entre les mains de la Providence divine. Qu’ils vous encouragent, chers jeunes mariés, à vivre votre union familiale avec une compréhension patiente et un dévouement réciproque. »

Le 13 novembre, béatification de Charles de Foucauld (1858-1916) : Frère Charles de Jésus, fondateur des Petits Frères et Petites Sœurs du Sacré-Cœur de Jésus.

2006 : Le 25 janvier, publication de la première Encyclique de Benoît XVI (en date du 25 décembre 2005), Deus caritas est : Dieu est amour. Elle est consacrée à la spécificité de l’amour chrétien, et vise à raviver cette « charité » qui vient de Dieu au cœur de l’Eglise.

« Jésus Christ, Dieu lui-même recherche la «brebis perdue», l’humanité souffrante et égarée. Quand Jésus, dans ses paraboles, parle du pasteur qui va à la recherche de la brebis perdue, de la femme qui cherche la drachme, du père qui va au devant du fils prodigue et qui l’embrasse, il ne s’agit pas là seulement de paroles, mais de l’explication de son être même et de son agir. Dans sa mort sur la croix s’accomplit le retournement de Dieu contre lui-même, dans lequel il se donne pour relever l’homme et le sauver – tel est l’amour dans sa forme la plus radicale. Le regard tourné vers le côté ouvert du Christ, dont parle Jean (cf. 19, 37), comprend ce qui a été le point de départ de cette Encyclique : «Dieu est amour» (1 Jn 4, 8). C’est là que cette vérité peut être contemplée. (12) »

Le 15 mai, à l’occasion du 50° anniversaire de l'encyclique de Pie XII Haurietis Aquas, Benoît XVI adresse une lettre au Père Peter Hans Kolvenbach, Préposé général de la Compagnie de Jésus. Il y encourage les Jésuites dans leur vocation à diffuser la dévotion au Cœur du Christ, tout en recommandant cette dévotion à tous.

« Contempler le côté transpercé par la lance, où s'exprime la volonté de salut sans limite de Dieu, ne saurait […] être une dévotion passagère. L'adoration de l'amour de Dieu, dont le Sacré-Cœur est le symbole et l'expression d'une dévotion historique, demeure indispensable pour une relation à Dieu vivante.
Les chrétiens ont le devoir de continuer à approfondir leur rapport au Cœur de Jésus, afin de raviver leur foi dans l'amour salvifique de Dieu. […]
Qui accepte en soi l'amour de Dieu en est rempli. Il est pleinement vécu comme un appel auquel l'homme se doit de répondre. […]
Les dons reçus du côté transpercé, d'où coulèrent du sang et de l’eau, font que notre existence est pour autrui également une source d'eau vive. L'expérience de l'amour qui se dégage du culte au côté transpercé du Rédempteur nous préserve du repli sur nous-mêmes, nous rend plus disponibles à une vie au service d’autrui. […]
La réponse au commandement de l'amour n'est possible qu'en comprenant que cet amour nous a déjà été offert par Dieu. Cet amour, manifesté dans le mystère de la Croix, proposé à nouveau lors de chaque Eucharistie, est donc la condition pour que nous soyons capables d'aimer et donner. »
Benoît XVI, extraits de la Lettre au P. Kolvenbach, 15 mai 2006.

Le 25 juin, dimanche suivant la fête du Sacré-Cœur de Jésus, Benoît XVI revient sur l'actualité de cette dévotion au Cœur de Jésus :

« Vendredi dernier, nous avons célébré le Sacré Cœur de Jésus, fête qui unit heureusement la dévotion populaire et la profondeur théologique. Il était traditionnel – et c'est encore le cas dans certains pays – de consacrer les familles au Sacré Cœur et d'en conserver une image dans les maisons. Les racines de cette dévotion plongent dans le mystère de l’Incarnation. C'est justement par le Cœur de Jésus que, de façon sublime, s'est manifesté l'Amour de Dieu envers l’humanité. C'est pourquoi l'authentique culte du Sacré Cœur conserve toute sa validité et attire spécialement les âmes assoiffées de la miséricorde de Dieu qui y trouvent la source inépuisable où puiser l'eau de la Vie, capable d’irriguer les déserts de l'âme et de faire refleurir l'espérance. »
Benoît XVI, avant la prière de l'Angélus, 25 juin 2006.


2007 : Le 23 mars, après le Chemin de Croix qu’il a présidé en ce vendredi saint au Colisée, à Rome, Benoît XVI rappelle dans sa méditation offerte aux fidèles que Dieu n'est pas un Dieu lointain : il a un cœur, un cœur de chair :

« Chers frères et sœurs,
En suivant Jésus sur le chemin de sa Passion, nous voyons non seulement la Passion de Jésus, mais nous voyons tous ceux qui souffrent dans monde. Et c’est la profonde intention de la prière du Chemin de Croix : ouvrir nos cœurs, nous aider à voir avec le cœur. Les Pères de l’Eglise considéraient que le plus grand péché du monde païen était son insensibilité, sa dureté de cœur, et ils aimaient la prophétie du prophète Ezéchiel : « J’ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair » (Ez 36, 26). Se convertir au Christ, devenir chrétien signifiait recevoir un cœur de chair, un cœur sensible à la passion et à la souffrance des autres. Notre Dieu n’est pas un Dieu lointain, intouchable dans sa béatitude. Notre Dieu a un cœur, il a même un cœur de chair. Il s’est fait chair précisément pour pouvoir souffrir avec nous et être avec nous dans nos souffrances. Il s’est fait homme pour nous donner un cœur de chair et pour réveiller en nous l’amour pour ceux qui souffrent, pour les personnes dans le besoin.
Prions en cette heure le Seigneur pour toutes les personnes qui souffrent dans le monde, prions le Seigneur afin qu’il nous donne vraiment un cœur de chair, qu’il fasse de nous des messagers de son amour non seulement par les paroles mais par toute notre vie. Amen. »
Benoît XVI, méditation du 23 mars 2007, après le Chemin de Croix.

Le 16 septembre, lors de l'Angélus prononcé à Castelgandolfo, Benoît XVI commente l'Evangile du jour : la parabole de l'enfant prodigue.

« Aujourd'hui, la liturgie nous propose de méditer à nouveau sur le chapitre 15 de l'Evangile de Luc, l'une des pages les plus importantes et les plus émouvantes de toute l'Ecriture Sainte. Il est beau de penser que dans le monde entier, partout où la communauté chrétienne se rassemble pour célébrer l'Eucharistie du dimanche, retentit en ce jour cette Bonne Nouvelle de vérité et de salut : Dieu est amour miséricordieux. […]
Jésus raconta les trois paraboles de la miséricorde parce que les Pharisiens et les scribes le critiquaient, voyant qu'il se laissait approcher par les pécheurs et qu'il mangeait même avec eux (cf. Lc 15, 1-3). Alors, Il expliqua, avec son langage typique, que Dieu ne veut pas que même un seul de ses enfants se perde et que son âme déborde de joie lorsqu'un pécheur se convertit. La véritable religion consiste alors à entrer en harmonie avec ce Cœur "riche de miséricorde", qui nous demande d'aimer chacun, même ceux qui sont éloignés et nos ennemis, à l'image du Père céleste qui respecte la liberté de chacun et attire tous à lui à travers la force invincible de sa fidélité. Telle est la voie que Jésus montre à ceux qui veulent être ses disciples : "Ne jugez pas... Ne condamnez pas... remettez et il vous sera remis ; donnez et l'on vous donnera... Montrez-vous compatissants, comme votre Père est compatissant" (Lc 6, 36-38). Nous trouvons dans ces paroles des indications très concrètes pour notre comportement quotidien de croyants.
A notre époque, l'humanité a besoin que soit proclamée et témoignée avec force la miséricorde de Dieu. Le bien-aimé Jean-Paul II, qui fut un grand Apôtre de la Miséricorde, perçut cette urgence pastorale de façon prophétique. Il consacra sa deuxième Encyclique au Père miséricordieux et tout au long de son Pontificat, il se fit missionnaire de l'amour de Dieu auprès de toutes les nations. Après les tragiques événements du 11 septembre 2001, qui obscurcissent l'aube du troisième millénaire, il invita les chrétiens et les hommes de bonne volonté à croire que la Miséricorde de Dieu est plus forte que tout mal, et que ce n'est que dans la Croix du Christ que se trouve le salut du monde. Que la Vierge Marie, Mère de Miséricorde, que nous avons contemplée hier dans la Vierge des Douleurs au pied de la Croix, nous obtienne le don de placer toujours notre confiance dans l'amour de Dieu et qu'elle nous aide à être miséricordieux comme notre Père qui est aux cieux. »
Benoît XVI, Angélus, dimanche 16 septembre 2007.


2008 : Du 2 au 6 avril à Rome, premier Congrès international sur la Miséricorde Divine. Celui-ci s'ouvrira à la date du 3e anniversaire de la mort de Jean-Paul II, et sera présidé par le Cardinal Christoph Schönborn, op, archevêque de Vienne, en Autriche. D'autres congrès sont ensuite prévus dans le monde aux niveaux continental (2009), national (2010) et diocésain (2011).







La dévotion au Sacré-Cœur poursuit sa route : il appartient à chacun de nous de devenir des apôtres du Divin Cœur de Jésus, de ce Cœur Miséricordieux transpercé pour chacun de nous sur la Croix :

« C'est à nous, disciples du Christ, que revient la tâche de proclamer et de vivre le profond mystère de la Miséricorde Divine qui régénère le monde ! » (Jean-Paul II, audience générale du 21 août 2002)



"Car là où est ton trésor,
là aussi sera ton cœur."

Mat. 6, 21


Le Sacré-Coeur de Jésus - Deux mille ans de Miséricorde
Le Sacré-Coeur de Jésus
Deux mille ans de Miséricorde


Le recueil qui est reproduit dans les pages de ce dossier avait trouvé un éditeur, Téqui, en juin 2008.

Une version considérablement enrichie, et actualisée jusqu'en juin 2019, est disponible à la vente chez le même éditeur depuis le 4 décembre 2019, en ligne sur son site internet ICI.

Merci de faire connaître autour de vous la nouvelle version de ce travail, augmentée de plus de 200 pages par rapport à la première édition.

« Les personnes qui propageront cette dévotion, auront leur nom inscrit dans mon Cœur, et il ne sera jamais effacé. »
(11ème promesse du Sacré-Coeur à sainte Marguerite-Marie)