· Pour toute la période qui précède l'an 1000, et notamment les textes fondateurs des Pères de l'Eglise, nous renvoyons le lecteur au chapitre précédent.
· Les noms en gras renvoient à un complément d'informations au chapitre des biographies.
· Certains événements ont été mentionnés dans cette chronologie - essentiellement sur les XIX° et XX° siècles - dont l'authenticité n'a pas été, à ce jour, reconnue par l'Eglise. Ils sont mentionnés par une * en regard de l'année correspondante. En tout état de cause, et concernant l'ensemble de ces événements, nous nous soumettons aux réserves prescrites par Urbain VIII et aux décisions futures de l'Eglise.
· Les événements qui ne concernent pas directement la dévotion au Sacré-Cœur, et notamment les repères relatifs à l'histoire de France , sont imprimés en petits caractères.
· La liste des ouvrages consacrés au Sacré-Cœur est immense. Nous ne citerons ici que les plus anciens, à la date de leur première parution, invitant le lecteur qui serait intéressé par cette question à parcourir la bibliographie située en fin de volume, où il trouvera une sélection d'ouvrages édités plus récemment.
1. L'aube de la dévotion médiévale : de l'an 1000 jusque vers 1250
973-977 : Pour répondre à la demande de Mayeul (Maiolus, v.906-994), IV° abbé de Cluny, Lambert (*), comte de Chalon (†988), fonde un monastère Bénédictin sur les hauteurs du coteau d'Orval (Aurea Vallis = Val d'Or), qui domine aujourd'hui Paray-le-Monial. L'église bâtie sur la colline est consacrée en grande pompe en 977 sous le vocable de Saint-Sauveur, de la Vierge Marie et de Saint Jean-Baptiste, en présence du fondateur et de sa famille, de trois évêques (Rodolphe de Chalon, Jean de Mâcon et Isard) et d'une multitude de clercs, moines et laïcs, et reçoit les reliques de saint Grat, évêque de Chalon. Il ne reste rien de ce bâtiment aujourd'hui.
(*) : Lambert était fils de Robert, vicomte d'Autun et d'Ingeltrude. Il devint le premier comte héréditaire de Chalon-sur-Saône en 968, à la mort de Robert de Vermandois dont il avait épousé la fille unique Adélaïde. (cf. sur la fondation de Paray l'étude d'Ulysse Chevalier : Paray-le-Monial Son fondateur, Lyon, E. Vitte, 1890).
999 : En mai, ce premier monastère est offert par le fils du fondateur, Hugues 1°, compte de Chalon et chanoine d'Autun (sacré évêque d'Auxerre le 5 mars de cette même année), à l'abbaye de Cluny dont Odilon (v.962-1049) est devenu le V° abbé.
« Nous, Hugues, comte de Chalon, évêque d'Auxerre, […] il nous a plu insérer dans ce testament qu'à ce jour, mai 999, ce lieu soit soumis à aucune puissance terrestre, mais que ceux qui l'habitent aient pour roi et gouverneur Notre-Seigneur Jésus-Christ à travers les siècles futurs et les générations des générations. »
Extrait du testament de Hugues, comte de Chalon, figurant au cartulaire de Paray, cité in Atlantis n°248, sept.-oct. 1968.
Quelques terres sont alors données aux moines qui s'installent sur les bords de la Bourbince, où ils en bâtissent un second, ainsi qu'une nouvelle église, qui est consacrée le 9 décembre 1004 en l'honneur de saint Gervais et de saint Grat. On peut encore admirer aujourd'hui de cette église le narthex et le clocher (tour droite de la basilique actuelle, la plus austère). Ce qu'il reste du mur de ce second prieuré forme la clôture d'une propriété privée. Hugues aura pour successeur dans le comté de Chalon, en 1039, son neveu Thibaud de Semur, qui continuera de favoriser l'établissement fondé par son aïeul.
993 : Jean XV prononce la première canonisation papale solennelle, celle d'Ulrich (ou Ubric, v.890-973), Bénédictin nommé évêque d'Augsbourg en 923.
996-1031 : Règne de Robert II le Pieux (v.972-1031), fils et successeur d'Hugues Capet. Malgré sa piété, il sera excommunié pour avoir répudié sa femme Rozala et épousé sa cousine Berthe, veuve du comte Eudes I° de Blois.
999 : Election de Sylvestre II (Gerbert d'Aurillac), premier pape français.
1009 : Romuald (v.950-1027) fonde l'abbaye de Camaldoli, près d'Arezzo en Italie, berceau de l'Ordre des Camaldules qui sera confirmé par Alexandre II en 1072.
1021 : Création de l'école épiscopale de Notre-Dame à Paris. L'archidiacre Albert (†1040) en est le premier Maître.
1031-1060 : Règne de Henri I° (v.1008-1060), fils de Robert II.
1051 : Le Concile de Paris condamne les thèses de Bérenger de Tours, qui nie que le pain et le vin consacrés soient le corps et le sang du Christ.
1054 : Suite à l'excommunication réciproque du patriarche de Constantinople et du souverain pontife romain, séparation entre l'Eglise d'Orient et l'Eglise d'Occident. Le dialogue sera renoué en 1964, avec la rencontre du pape Paul VI et du patriarche Athénagoras, et la levée des excommunications l'année suivante.
1060-1108 : Règne de Philippe I° (v.1053-1108), fils d'Henri I° et d'Anne de Kiev.
1066 : Conquête de l'Angleterre par Guillaume, duc de Normandie.
1078 : Anselme est nommé archevêque de Canterbury.
« Jésus a été doux quand il inclina la tête et rendit le dernier soupir ; doux, quand il étendit les bras ; doux, quand son côté fut ouvert par la lance ; doux, quand ses deux pieds furent percés d'un clou.
[…] Doux, quand il étendit les bras. En étendant les bras, il nous montre qu'il désire ardemment nous serrer contre son Cœur, et je crois l'entendre nous dire : O vous ! qui êtes fatigués et qui portez le poids du jour, venez réparer, sur ma poitrine et au sein de mes embrassements, vos forces épuisées. Regardez, je suis prêt : mes bras peuvent vous contenir tous. Venez donc sans exception, et que personne ne craigne d'être repoussé. Je ne veux pas la mort du pécheur, mais plutôt qu'il se convertisse et qu'il vive ; mes délices les plus chères sont d'habiter avec les enfants des hommes.
Doux, quand son côté fut ouvert par la lance. Cette blessure ne nous a-t-elle pas révélé les trésors infinis de sa bonté, c'est-à-dire toute la charité de son Cœur pour nous ?
O Jésus débonnaire ! Maître si humble, Maître si compatissant, vous êtes doux à notre cœur, doux à notre bouche, doux à notre oreille. Votre suavité surpasse toute mesure et toute expression...»
Saint Anselme, Méditation X sur la Passion du Christ (Migne, Patrol. Lat., t. CLVIII).
« Examinez, je vous prie, quel est le disciple qui repose sur son Cœur et penche la tête sur sa glorieuse poitrine. Ah ! quel qu'il soit, que son sort est digne d'envie ! mais voilà que je l'ai reconnu. Jean est son nom. O Jean ! quelle douceur, quelle grâce, quelle lumière et quelle dévotion vous puisez à cette source ineffable ! Là, certes, sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science divines. Là, coule la source de la miséricorde infinie ; là est le tabernacle de la tendresse sans bornes ; là est le rayon de la suavité éternelle.»
Saint Anselme, Méditations, XV (Migne, Patrol. Lat., t. CLVIII).
1084 : Bruno (v.1030-1101) fonde l'Ordre des Chartreux (dans le massif de la Grande Chartreuse, en Savoie). Il est canonisé sans procès par Léon X en 1514.
1090 : Trouvant l'église consacrée en 1004 trop petite, Hugues (1024-1109, canonisé en 1120), VI° abbé de Cluny, commence les travaux de la "priorale", la basilique actuelle de Paray-le-Monial. Le gros œuvre est achevé vers 1100-1110. Ouverte au culte public en 1794, elle sera restaurée en 1856 par l'architecte Millet. Un troisième prieuré sera construit au XVIII° siècle, qui abrite aujourd'hui l'école communale. C'est juste à ses côtés que se trouve aujourd'hui la maison des Chapelains de la basilique.
1095 : Urbain II et Pierre l'Ermite prêchent la première croisade à Clermont.
Philippe I° est excommunié pour avoir répudié sa femme Berthe de Hollande et enlevé Bertrade de Montfort, épouse du comte d'Anjou.
Les religieux Bénédictins de Saint-Martin des Champs établissent au sommet de la colline de Montmartre à Paris un prieuré de leur Ordre.
1096-1099 : Première croisade. Prise d'Antioche (1098) et de Jérusalem (1099). Godefroy de Bouillon (v.1061-1100) devient baron du Saint-Sépulcre.
1098 : Robert (v.1029-1111), abbé de Molesmes, fonde le monastère de Citeaux (Cistercium, en Côte-d'Or), berceau de l'Ordre Cistercien. L'Ordre est reconnu par Pascal II en 1100. L'Abbé Etienne Harding (1065-1134) en rédige la règle en 1119, restée célèbre sous le nom de "Charte de charité".
1101 : Robert d'Arbrissel (v.1047-1117) fonde l'abbaye de Fontevrault (Maine-et-Loire).
1103 : Au Concile de Paris, Pascal II absous Philippe I° qui avait été excommunié pour bigamie.
1108-1137 : Règne de Louis VI le Gros (v.1080-1137), fils de Philippe I° et de Berthe de Hollande.
1112 : Louis VI privilégie Saint-Denis par rapport à Saint-Benoit sur Loire. Paris s'impose comme la capitale des rois capétiens au détriment d'Orléans.
1113 : Le 13 février, Pascal II approuve l'Ordre des Hospitaliers fondé à Jérusalem.
1115 : Bernard, moine de Citeaux, fonde l'abbaye de Clairvaux.
« Puisque nous sommes une fois parvenus au Cœur très doux de Jésus et qu'il nous est bon d'être là, ne nous laissons pas facilement séparer de Celui dont il est écrit : Ceux qui s'éloignent de vous seront écrits sur la terre. Et ceux qui s'approchent, quel sera leur sort ? Vous-même vous nous l'apprenez, en disant à ceux qui s'approchent de vous : Vos noms sont écrits dans le ciel. Approchons-nous donc de lui, et nous tressaillirons et nous nous réjouirons en lui, au souvenir de son Cœur. Oh ! qu'il est bon, qu'il est doux d'habiter dans ce Cœur ! Trésor précieux que votre Cœur, ô très miséricordieux Jésus ! Perle incomparable trouvée en fouillant le champ de votre corps ! Qui voudrait rejeter cette perle ? Je donnerai tout plutôt, j'échangerai toutes les pensées et affections de mon âme pour l'acheter ; je fixerai tous mes désirs dans le Cœur de mon Seigneur Jésus ; et sans aucun doute il me nourrira de son amour. Dans ce Temple, dans ce Saint des saints, dans cette Arche du Testament, j'adorerai, je louerai le nom du Seigneur, disant avec David : J'ai trouvé mon cœur pour prier mon Dieu. Et moi aussi, j'ai trouvé le Cœur de mon roi, de mon frère, de mon tendre ami Jésus : ne prierai-je donc pas ? Oui, très doux Jésus, ayant trouvé votre Cœur et mon cœur, je vous prierai, vous mon Dieu. Ouvrez seulement à ma prière le sanctuaire de vos intimes audiences ; ou plutôt attirez-moi tout entier dans votre Cœur. O Jésus ! le plus beau des enfants des hommes, lavez-moi toujours davantage de mon iniquité, effacez mieux encore mon péché, afin que, purifié par vous, je mérite d'approcher de vous, pureté infinie, d'habiter dans votre Cœur tous les jours de ma vie, et qu'il me soit donné de voir et de faire ainsi votre sainte volonté.
Si, en effet, votre côté a été percé, n'est-ce pas pour que l'entrée nous en demeure ouverte ? Oui, votre Cœur a été blessé, afin que, nous dérobant aux agitations extérieures, nous puissions habiter en lui, en vous-même. Il a été blessé encore afin que cette blessure visible nous manifestât l'invisible blessure de votre amour. Pouviez-vous mieux révéler votre ardente charité qu'en permettant que non seulement votre corps, mais votre Cœur lui-même fût blessé de la lance ? Blessure charnelle qui laisse voir la blessure spirituelle ! Qui n'aimerait un Cœur blessé de la sorte ? Qui ne lui rendrait amour pour amour ? Qui se refuserait à ses chastes embrassements ? Nous donc, encore renfermés dans ce corps périssable, aimons de toutes nos forces, payons de quelque retour, embrassons avec tendresse notre divin Blessé, dont des bourreaux impies ont percé les mains, les pieds, le côté, le Cœur ; et demandons avec instance qu'il daigne étreindre du lien et blesser du trait de son amour notre cœur dur encore et impénitent. »
Saint Bernard, Traité sur la Passion du Seigneur, chap. III, 18 (Migne, Patrol. Lat., t. CLXXXIV, p.643).
« Ils ont percé ses mains et ses pieds, la lance s'est enfoncée dans la poitrine ; par ces ouvertures, je puis sucer le miel sorti de la pierre, l'huile qui coule du très dur rocher, je puis goûter et voir combien le Seigneur est bon. Sa pensée était une pensée de paix, et je ne le savais pas. Qui donc peut connaître les desseins du Seigneur et lui donner des conseils ! Les clous qui percent, les clous qui s'enfoncent me découvrent la volonté du Seigneur. Pourquoi ne pas regarder par l'ouverture ? Le clou parle, la plaie parle ; ils disent que Dieu est bien dans le Christ faisant la paix avec le monde. Le fer a transpercé son âme ; il a touché son Cœur, ainsi a-t-il appris à compatir à nos infirmités. Je vois le secret du Cœur par la blessure du corps, je vois le grand mystère de la bonté, la profondeur des miséricordes divines, qui nous ont valu la visite de celui qui est descendu des hauteurs du ciel. »
Saint Bernard, Sermon LXI sur le Cantique des Cantiques.
1119 : Fondation de l'Ordre des Templiers à Jérusalem, "pauvres chevaliers du Christ" qui ont fait vœu de défendre les pèlerins se rendant en Terre Sainte. L'Ordre sera agréé par Honorius II en 1127.
1120 : Norbert (v.1080-1134) fonde l'abbaye de Prémontré, près de Laon (dans l'Aisne), berceau de l'Ordre des Chanoines réguliers prémontrés. Il est canonisé par Grégoire XIII en 1582.
1123 : I° concile de Latran, qui approuve l'accord de Worms sur les investitures.
1131 : Achèvement de la construction de l'église abbatiale de Cluny.
1132 : Début de la construction de la Basilique de Saint-Denis.
1134 : Une communauté de religieuses Bénédictines remplace les religieux de Saint-Martin des Champs sur la colline de Montmartre à Paris, sous le patronage de Louis VI et de sa femme Adélaïde de Savoie. L'abbaye est bientôt dotée par le roi de nombreuses propriétés et d'importants revenus, et son église est consacrée en 1147 par Eugène III, assisté de saint Bernard et de saint Pierre le vénérable. Il en reste des traces dans l'actuelle église Saint-Pierre de Montmartre.
1137-1180 : Règne de Louis VII le Jeune (1120-1180), fils de Louis VI le Gros.
1139 : 2° concile de Latran. Condamnation de la simonie et de l'usure. Prêche la continence des clercs.
1144 : Le 11 juin, consécration de la Basilique Saint-Denis, un des premiers monuments de l'architecture gothique.
1146 : Bernard prêche la deuxième croisade à Vézelay. Louis VII y participera de 1147 à 1149.
1147 : Hildegarde (1098-1179), abbesse Bénédictine allemande, fonde une communauté à Rupertsberg près de Bingen, puis une seconde à Eibingen. Sa renommée de sainteté est telle que trois papes, deux empereurs, de nombreux évêques et abbés viendront solliciter ses conseils. Par obéissance, elle a consigné les visions dont elle a été gratifiée depuis l'enfance dans un ouvrage intitulé Scivias. A noter qu'Hildegarde n'a pas été officiellement canonisée, mais que son nom a été introduit au martyrologe romain au XV° siècle.
1156 : Berthold de Calabre (†v.1195) s'installe avec dix compagnons dans un monastère en Palestine, situé autour d'une chapelle consacrée à la Vierge qui prend le nom de Notre-Dame du Mont-Carmel. Les religieux y sont désormais appelés "frères de Notre-Dame". C'est le point de départ du Carmel, Ordre mendiant, dont la règle, écrite en 1209 par Albert de Vercelli (1141-1215), patriarche latin de Jérusalem, est approuvée par Honorius III en 1226.
1162 : Richard de Saint-Victor devient prieur chez les Chanoines réguliers augustins à Paris. Thomas Becket est nommé archevêque de Canterbury. Il sera reçu par Richard de Saint-Victor à Paris en 1170.
« Si nous considérons le Cœur de Jésus-Christ, rien n'est plus doux, rien n'est plus miséricordieux. Jamais créature ne lui fut, ne lui sera comparable en douceur. Quoi de plus suave que ce Cœur que nulle malice n'émeut, qui n'eut et ne put jamais avoir ni fiel ni amertume ?… Il y avait en ce Cœur une égale plénitude de douceur et de bonté. Jugez, si vous le pouvez, combien cette douceur fut grande, puisqu'elle ne put être en rien diminuée ni altérée par de si amères douleurs ! Pendant qu'il souffrait, il avait plus de compassion pour ses ennemis que pour ses propres membres. Entre tous les hommes, le divin Emmanuel eut un Cœur tendre à la pitié, et jamais personne ne sut comme lui répondre aux affections du cœur. »
Richard de Saint-Victor, Traité De l'Emmanuel, L. II, chap. IV, 21 (Migne, Patrol. Lat., t. CXCVI, col.655).
1162 : Début de la construction de Notre-Dame de Paris, dont Alexandre III bénit la première pierre. Les travaux seront achevés en 1245.
1179 : 3° concile de Latran, qui condamne les cathares, Albigeois et Vaudois.
1180-1215 : Création de l’Université de Paris - reconnue par Innocent III en 1210 - qui devient le centre intellectuel de l’Europe (70% des enseignants sont étrangers).
1181-1223 : Règne de Philippe II (1165-1223), dit Philippe Auguste, fils de Louis VII et d'Adèle de Champagne.
1187 : Achèvement de la nef de Notre-Dame de Paris.
1187-1193 : Troisième croisade, suite à la prise de Jérusalem par le sultan Saladin.
1190 : Philippe Auguste part pour la 3° croisade, avec Richard Cœur de Lion et l'Empereur Frédéric Barberousse. Saint-Jean d'Acre est pris par les croisés en 1191.
1194 : Début de la construction de la cathédrale de Chartres, qui sera achevée en 1260.
1198 : Jean de Matha (1160-1213, canonisé en 1679) et Félix de Valois (1127-1212) fondent l'Ordre de la Sainte-Trinité (les Trinitaires), pour le rachat des chrétiens prisonniers de guerre. L'Ordre sera approuvé en 1209 par Innocent III. Les Trinitaires sont aujourd'hui voués aux missions.
1199 : Apparition du Christ à Lutgarde de Saint-Trond. C'est la première apparition médiévale du Sacré-Cœur qui nous ait été transmise par la Tradition. Les Acta Sanctorum décrivent l'échange des cœurs dont elle reçut la faveur :
« Que m'importe à moi, rustique et sans lettres, moniale et non dans les ordres, de savoir les secrets de l'Ecriture ?" Et Dieu de lui dire : "Que veux-tu donc ?" "Ce que je veux, dit-elle, c'est votre Cœur". Et le Seigneur : "Bien plutôt, c'est moi qui veux ton cœur". Elle lui répondit : "Qu'il en soit ainsi, Seigneur, de telle façon cependant que vous accordiez à mon cœur l'amour de votre Cœur et qu'en vous je possède mon cœur, bien à l'abri et pour toujours sous votre garde". Alors eut lieu l'échange des cœurs. »
Acta Sanctorum, Iun. IV (1707), 193. Trad. Debongnie, 156.
1202-1204 : Quatrième croisade, détournée de son but par Venise. Prise de Constantinople par les féodaux qui y fondent un empire latin.
1208 : François d'Assise (v.1182-1226) fonde en Italie l'Ordre des Frères mineurs (Franciscains), approuvé par Innocent III en 1209, dont la règle définitive est approuvée par Honorius III le 29 novembre 1223. Il est canonisé par Grégoire IX le 16 juillet 1228.
1209-1229 : Guerre contre les Albigeois (les cathares, hérétiques du sud de la France, principalement autour d'Albi, d'où leur nom). Le dernier bastion de la résistance cathare, le château de Montségur, sera pris en 1244.
1211 : Début de la construction de la cathédrale de Reims, qui sera achevée un siècle plus tard.
1212 : Claire (1193-1253, canonisée en 1255) fonde à Saint-Damien l'Ordre des Sœurs pauvres (les Clarisses), sous le direction de François d'Assise.
1214 : Dominique de Guzmán (v.1170-1221) fonde à Toulouse (Aude) l'Ordre des Frères prêcheurs (Dominicains). La règle de l'Ordre est approuvée par Honorius III en 1216. Il est canonisé par Grégoire IX en 1234.
Victoire de Philippe Auguste à Bouvines.
1215 : 4° concile de Latran. Définition de la transsubstantiation, et nouvelle condamnation des cathares et des Vaudois.
1218-1222 : Cinquième croisade, menée contre les Sarrasins d'Egypte.
1220 : Début de la construction de la cathédrale d'Amiens, qui sera achevée en 1288.
1223-1226 : Règne de Louis VIII le Lion (1187-1226), fils de Philippe Auguste et d'Isabelle de Hainaut.
1226-1270 : Règne de Louis IX (1214-1270), fils de Louis VIII et de Blanche de Castille, qui sera canonisé en 1297 (régence de sa mère Blanche de Castille jusqu'en 1234). Grégoire IX lui rappelle en 1230 dans une lettre demeurée célèbre le rôle de la France, fille aînée de l'Eglise :
« Dieu, auquel obéissent les légions célestes, ayant établi, ici-bas, des royaumes différents suivant la diversité des langues et des climats, a conféré à un grand nombre de gouvernements des missions spéciales pour l'accomplissement de ses desseins. Et comme autrefois il préféra la tribu de Juda à celle des autres fils de Jacob, et comme il la gratifia de bénédictions spéciales, ainsi il choisit la France de préférence à toutes les autres nations de la terre pour la protection de la foi catholique et pour la défense de la liberté religieuse. Pour ce motif […] la France est le royaume de Dieu même, les ennemis de la France sont les ennemis du Christ. Pour ce motif, Dieu aime la France parce qu'il aime l'Eglise qui traverse les siècles et recrute les légions pour l'éternité. Dieu aime la France, qu'aucun effort n'a jamais pu détacher entièrement de la cause de Dieu. Dieu aime la France où en aucun temps la foi n'a perdu de sa vigueur, où les rois et les soldats n'ont jamais hésité à affronter les périls et à donner leur sang pour la conservation de la foi et de la liberté religieuse. »
1228-1229 : Sixième croisade. Achèvement de la construction du Mont Saint-Michel.
1233 : Grégoire IX organise l'Inquisition, qu'il confie aux Dominicains.
1245 : Achèvement de la façade de Notre-Dame de Paris.
1° concile de Lyon, contre Frédéric II.
1246-1248 : Louis IX fait élever la Sainte Chapelle sur l'île de la Cité à Paris.
1247 : La fête liturgique du Saint-Sacrement est célébrée pour la première fois à Liège en Belgique par Mgr Robert de Torote, à la suite des révélations reçues par Julienne (1192-1258, béatifiée en 1869), prieure du Mont-Cornillon. Urbain IV, par la Bulle Transiturus de hoc mundo Salvator du 11 août 1264, instituera la fête pour l'ensemble de l'Eglise. Elle deviendra obligatoire en 1311, lorsque Clément V confirmera la Bulle d'Urbain IV, et prendra alors le nom de Festum Corporis Domini, Fête du Corps de Notre-Seigneur, désignée en France sous le nom de Fête-Dieu. Cinq ans plus tard, Jean XXII ordonnera de porter publiquement le Très Saint-Sacrement en dehors des églises.
1248-1254 : Septième croisade, suite à la prise de Jérusalem par les Turcs (1244). Louis IX y sera fait prisonnier (1250), puis relâché il rejoindra Saint-Jean d'Acre.
Le Sacré-Coeur de Jésus Deux mille ans de Miséricorde Le recueil qui est reproduit dans les pages de ce dossier avait trouvé un éditeur, Téqui, en juin 2008. Une version considérablement enrichie, et actualisée jusqu'en juin 2019, est disponible à la vente chez le même éditeur depuis le 4 décembre 2019, en ligne sur son site internet ICI. Merci de faire connaître autour de vous la nouvelle version de ce travail, augmentée de plus de 200 pages par rapport à la première édition. « Les personnes qui propageront cette dévotion, auront leur nom inscrit dans mon Cœur, et il ne sera jamais effacé. » (11ème promesse du Sacré-Coeur à sainte Marguerite-Marie) |