La dévotion au Sacré-Coeur de Jésus

Chronologie détaillée et textes essentiels




7. Nouvelle expansion - La dévotion au XX° siècle : 1870 à nos jours

1870-1875 - 1876-1893 - 1894-1914 - 1914-1919

1920-1939 - 1939-1967 - 1968-2008

1894 : Le 18 mars, un décret du cardinal Richard, nouvel archevêque de Paris, sépare de l'Archiconfrérie du Vœu national l'Association du Sacré-Cœur de Jésus Pénitent pour nous d'Edith Royer. Celle-ci reprend alors le nom révélé en 1873 par le Seigneur : Association de Prière et de Pénitence en union avec le Sacré-Cœur de Jésus. Les statuts modifiés par le P. Lemius, l'Association est élevée le 18 avril par un bref pontifical de Léon XIII à la dignité d'Archiconfrérie Universelle, qui comptera vingt ans plus tard 750.000 adhérents. En 1940, ils seront 1.800.000 répartis à travers le monde. (A cette occasion, dans une nouvelle lettre adressée à Mgr Richard, le Saint Père redit tout l'intérêt qu'il porte à l'Œuvre du Vœu national et à l'achèvement de la Basilique de Montmartre. Ce courrier est accompagné d'un calice prélevé sur le Trésor pontifical et d'un don de vingt cinq mille francs.) Le 14 août, le cardinal Richard en approuve les nouveaux règlements, qui définissent ainsi le triple but de l'Association :

« 1° Réparer par la prière et par la pénitence, unies aux prières et aux souffrances du Cœur de Jésus, les crimes des hommes, tous les outrages commis contre la Religion, les droits de l'Eglise et du Saint-Siège, et contre la personne sacrée du Vicaire de Jésus-Christ ;
2° Obtenir le triomphe de l'Eglise, la délivrance du Souverain Pontife, le salut de la Société ;
3° Demander que l'union de tous les cœurs s'établisse dans la charité de Jésus-Christ pour la défense et le développement du règne de Dieu dans les nations. »
Extrait du Règlement de l'Association de Prière et de Pénitence.

Le Père Jean-Baptiste Lemius, troisième Supérieur des chapelains de la basilique, réforme l'Archiconfrérie, devenue universelle. Les Dames Adoratrices sont pourvues d'un comité, et l'Adoration nocturne est restructurée, avec construction de dortoirs, création d'une association en 1896, etc..

« Acte d'offrande de l'Heure d'Adoration.
Cœur adorable de Jésus, en union avec les adorateurs du Sacré-Cœur de Montmartre, nous vous offrons au nom de l'Eglise et de la France, cette heure d'adoration que nous allons passer devant vous. Indignes de cet honneur et de vos grâces, nous venons, sous la protection de la Très Sainte Vierge, de saint Joseph, de saint Michel et de toute la cour céleste, vous offrir nos adorations, nos actions de grâces, nos réparations et nos prières.
Vous ne dédaignerez pas nos efforts, ô Cœur divin ! mais vous regarderez avec amour vos humbles serviteurs et vous leur accorderez pour cette heure de garde votre précieuse bénédiction.
Ainsi soit-il. »
Livre des Heures d'Adoration en Union avec le Sanctuaire du Sacré-Cœur de Montmartre, Paris, Bureaux de la basilique, 1897.

Du 30 juin au 2 juillet est célébré à Paray-le-Monial un Triduum solennel pour les noces d'or de l'Apostolat de la Prière et pour le quarantième anniversaire de la Communion réparatrice.
Le 31 octobre, révélation de l'affaire Dreyfus.

1895 : Première séance de cinéma organisée par les frères Lumière à Paris.
Le 20 novembre, une cloche de 19 tonnes (la plus grosse de France) fondue en 1891 à Annecy et offerte par la Savoie à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre est baptisée par Mgr Richard sous le nom de Françoise-Marguerite-Marie du Sacré-Cœur de Jésus. Le Père Jacques Monsabré (1827-1890) déclare à cette occasion : "Puisse-t-elle bientôt sonner le pardon de Dieu, le réveil de la France et les gloires du Sacré-Cœur !". La Savoyarde - ainsi nommée - prendra possession le 13 mars 1907 de l'emplacement qui lui était réservé au bas du campanile, juste au-dessus de la coupole de la chapelle de la Sainte Vierge.

1896 : A l'occasion du XIV° centenaire du baptême de Clovis, le cardinal Benoît Langénieux (1824-1904), archevêque de Reims, lance une formule empruntée au comte de Chambord qui deviendra célèbre : la France est la "fille aînée de l'Eglise".
Marie de la Rousselière (1840-1924) qui a rejoint la famille de sa sœur au Canada, fonde à Pointe-aux-Trembles sur l'île de Montréal au Québec le Sanctuaire de "La Réparation", y faisant construire à ses frais la première chapelle. Le Sanctuaire devient rapidement un lieu de pèlerinage dédié au Sacré-Cœur, où sont particulièrement vénérés la Sainte Face et la Vierge de Pellevoisin. Marie reviendra en France en 1901, et entrera au Carmel d'Angers l'année suivante sous le nom de Marie-Clémentine de Jésus-Hostie.

1897 : Le 17 janvier, célébration à la basilique du XXV° anniversaire du Vœu National.
Le 21 janvier, Gustave Rouanet, député du XVIII° arrondissement de Paris, demande à la Chambre la désaffectation du Sacré-Cœur. Albert de Mun (1841-1914), fondateur en 1871 des Cercles catholiques d'ouvriers et en 1886 de l'Association Catholique de la Jeunesse de France, prend la défense du sanctuaire, rappelle l'argument financier avancé par le cardinal Guibert en 1882, et insiste sur le chômage qu'encourraient alors les ouvriers employés aux travaux de la basilique. Par 332 voix contre 196, l'urgence demandée pour le projet de loi est repoussée par la Chambre, et le projet définitivement abandonné.
En juin, Adèle Garnier (1838-1924) s'installe avec trois compagnes rue du Mont-Cenis, près de la basilique en construction, et fonde la Société des Sœurs du Sacré-Cœur de Montmartre. Cette Congrégation de religieuses adoratrices du Sacré-Cœur sera érigée canoniquement le 4 mars de l'année suivante par le cardinal Richard. Adèle Garnier prend en religion le nom de Mère Saint-Pierre. Leur nombre augmentant, elles s'installent bientôt, grâce à une aide financière des Pères Chartreux, rue du Chevalier-de-la-Barre, où elles resteront jusqu'à ce que les lois de 1901 contre les congrégations religieuses ne les chassent de Montmartre et de France. Elles se réfugient alors en Angleterre. La congrégation deviendra de droit pontifical en 1930. Elle compte aujourd'hui deux prieurés en Angleterre, un en Belgique et un en Australie, la résidence de la Supérieure générale et le Noviciat demeurant en France.
Le 5 août, le cardinal Perraud procède par privilège accordé par Léon XIII au couronnement pontifical de la statue de la Vierge à l'Enfant située en la chapelle Notre-Dame de Romay, à Paray-le-Monial.
Un décret du Saint-Siège autorise le renvoi au dimanche de la solennité de la fête du Sacré-Cœur.
Du 20 au 24 septembre, le X° Congrès Eucharistique se réunit à Paray-le-Monial. En clôture de ces journées, le Père Lemius, supérieur des Chapelains de Montmartre, prononce une consécration répétée avec ardeur par la foule.

« O Jésus, notre Sauveur et notre Roi ! rien n'a été fait que par vous, en vous et pour vous ! C'est vous qui êtes la fin et la raison dernière, non seulement des choses qui vivent dans l'éternité, mais encore de celles qui se meuvent dans le temps, préparateur de l'éternité. - Vous avez dit un jour, en prophétisant le grand sacrifice, rénovateur du monde : "Quand je serai élevé de terre, j'attirerai tout à moi." - Tout : c'est-à-dire non seulement tout l'amour d'un cœur fidèle, mais tous les cœurs, tous les front, tous les regards, tous les amours, toutes les puissances, tous les honneurs, toutes les génuflexions de l'humanité, à tous les degrés d'être et sous toutes les formes de sa vie : les foyers, comme les autels, les lois publiques, comme les mœurs privées, l'hommage des nations et celui des groupes sociaux qui la composent aussi bien que le culte d'une simple famille et la prière du plus petit enfant.
C'est pour obéir à ce commandement de Votre Volonté adorable, qui est la grande loi de la création en même temps que sa force et son suprême honneur, que nous venons aujourd'hui, au nom de la profession à laquelle nous appartenons et des nations que nous représentons, vous rendre l'adoration et l'amour qui vous sont dus et que vous avez réclamés Vous-Même sur cette terre bénie de Paray-le-Monial.
D'abord, nous vous reconnaissons, ô Jésus, comme le Maître, le Roi des rois, le seul Seigneur à qui nous devons tout, puisque c'est de Vous que nous avons tout reçu ; et nous déclarons hautement, avec toute l'énergie dont nous sommes capables, que vous avez sur nous et sur le monde entier des droits inaliénables, auxquels personne ne peut se soustraire, ni les peuples, ni les rois.
En second lieu, prosternés aux pieds de vos Tabernacles, nous vous faisons très humblement Amende honorable de toutes les fautes qui peuvent avoir été commises dans le corps social dont nous faisons partie, soit en commun, soit en particulier, soit par nous-mêmes, soit par d'autres, soit par des actes contraires à Votre sainte Loi, soit par simple oubli de la reconnaissance de Votre Royauté ; et nous nous écrions du plus profond de nos cœurs, avec l'accent du plus sincère repentir : Pardon, Seigneur, pardon ! (Ter).
En troisième lieu, à la vue et à cause même des outrages sans nombre auxquels vous êtes en butte dans ces temps malheureux, nous protestons de notre fidélité entière et nous nous engageons à opposer toujours aux insultes et aux blasphèmes, pour les condamner et les réparer, le cri toujours croissant de notre foi et de notre amour.
Enfin, pour imiter votre exemple et ne point mettre de bornes à notre dévouement, tandis que le Vôtre a été sans mesure, nous vous faisons la donation entière, irrévocable de tout ce qui nous appartient et de tout ce que nous sommes. Nous vous offrons, sans réserve et sans retour, notre cœur avec toutes ses affections, notre esprit avec toutes ses pensées, notre corps avec tous ses sens, toute notre personne et toute notre vie, que nous dédions et consacrons à Votre Majesté souveraine.
Puissiez-vous ainsi, ô Jésus, régner à tout jamais sur nous, sur nos familles, sur nos professions, sur nos cités, sur nos patries, quelle que soit la forme particulière de leur gouvernement, et sur la société toute entière ! Que partout votre vie abonde : dans nos maximes, dans nos mœurs, dans nos lois ! Votre vie, dans sa plénitude, avec la vérité qui est sa splendeur, avec la force qui est son apanage ! Votre vie divine, la seule vie féconde qui, après avoir rempli le temps de ses merveilles, malgré les défaillances de l'humanité, aura le privilège de se perpétuer au milieu de toutes sortes de biens et de joies pendant la durée interminable de l'Eternité. Ainsi soit-il ! Ainsi soit-il ! Ainsi soit-il ! »
Amende honorable et Consécration à Notre Seigneur Jésus-Christ du P. Lemius, in Le Messager du Cœur de Jésus, nov. 1897, tome LXXII, p.586-589.

Un catholique du Havre, M. V. Franque, se fait le promoteur de l'Hommage au Sacré-Cœur. Il lance un Appel aux Hommes de France dans un tract où il expose la nature de la Royauté du Sacré-Cœur et de cet hommage qui doit lui être rendu. Sous l'impulsion du P. Lemius, Montmartre devient à Paris le foyer de cette dévotion. Le 8 novembre 1898, au cours d'une audience accordée à Mgr l'évêque de Moulins, Pie X accordera "la bénédiction apostolique, avec joie et de grand cœur, à tous les hommes de foi qui s'occupent de cette oeuvre et travaillent ainsi à promouvoir le règne social de Notre-Seigneur".

« O Christ Jésus, Fils du Dieu vivant, vrai Dieu et vrai homme, véritablement présent dans l'Hostie sainte, moi, citoyen français, en mon nom et au nom de ma famille, en union avec toute la France catholique, je vous reconnais librement et solennellement comme souverain Seigneur et Maître, et comme chef suprême de la Patrie française.
A ce titre, je jure fidélité à votre Sacré-Cœur, fidélité inviolable, mettant à votre service ce que je suis, ce que je possède, et ma vie même, s'il vous plaît d'en disposer.
Dans la mesure de mes forces et de ce que vous me donnerez d'influence et de liberté, je vous promets de travailler à rétablir, par votre Sacré-Cœur, votre règne social sur la France.
Je confie ce serment au Cœur Immaculé de Marie, Mère de Dieu et Mère des hommes, Reine de l'univers et spécialement Reine de France.
Cœur Sacré de Jésus, régnez sur la France !
Cœur Immaculé de Marie, régnez, vous aussi, sur la France ! »
Hommage au Sacré Cœur de Jésus, in Abbé S. Coubé, La Royauté du Sacré-Cœur, Paris, Bureau de la Ligue Eucharistique, 1906.


1898 : Le 13 janvier, la lettre ouverte d'Emile Zola au Président de la République paraît dans le journal l'Aurore : "J'accuse", qui défend l'innocence d'Alfred Dreyfus. Dans l'ouvrage intitulé Paris paru la même année, il entreprend une charge violente contre le Vœu national, qui est interprété comme une expiation de la Révolution, du libre examen et de la raison. L'affiche du journal Républicain anticlérical La Lanterne (signée Eugène Ogé) représentant le cardinal Richard en vampire, accroché par ses griffes au Sacré-Cœur avec la légende "Voilà l'ennemi !", date de la même époque.
Mère Marie du Divin Cœur, Supérieure de la Congrégation du Bon Pasteur de Porto - fondée par Jean Eudes - reçoit du Seigneur la mission d’obtenir du pape "la consécration du monde entier à son Divin Cœur, pour placer les nations sous la protection de Jésus-Christ". Elle écrit une première fois le 10 juin à Léon XIII en ce sens.
Le Père Lemius, Supérieur des chapelains de Montmartre, fonde l'association des
Groupes d'Hommes de France voués au Sacré-Cœur, groupes paroissiaux qui sont agrégés à l'Archiconfrérie catholique et sociale du Sacré-Cœur de Montmartre. Les statuts précisent que les associés "prient pour l'Eglise et la France ; ils professent hautement leur foi dans les processions et les pèlerinages, sous l'étendard du Sacré-Cœur ; ils préparent ainsi la consécration nationale, officielle de la France au Sacré-Cœur de Jésus". Les groupes se multiplient à Paris et en province, pour atteindre fin 1900 le chiffre de 43 dans la capitale, 40 à Valenciennes, 110 dans le diocèse d'Orléans… En 1914, l'association comptera 40.000 membres.
Du 25 mai au 2 juin, Ostension du Saint Suaire à Turin. A cette occasion, un avocat romain, le chevalier Secondo Pia, est autorisé par la Maison de Savoie (alors propriétaire de la Toile sacrée) à la photographier pour la première fois. Sur les négatifs des clichés qu'il a réalisés, il constate contre toute attente que l'image du Linceul apparaît en positif, autrement dit que la silhouette humaine sur le linge est en vérité un négatif naturel. De nouveaux clichés seront réalisés par le photographe Giuseppe Enrie lors de l'Ostension organisée en mai 1931, dont l'impressionnante photographie de la Sainte Face, grandeur nature, qui sera largement diffusée jusqu'à nos jours.
Le 16 décembre, bénédiction et pose de la clef de voûte du grand dôme de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre.

1899 : Le 6 janvier, n'ayant pas obtenu de réponse à son premier envoi, Mère Marie du Divin Cœur écrit de nouveau à Léon XIII, "sur l'ordre de Notre-Seigneur [du 7 décembre] et avec le consentement de son confesseur". Celui-ci, touché par ce courrier qui lui parvient le 15 janvier, fait examiner la question par le cardinal Camille Mazzella, théologien Jésuite, préfet de la Sacrée Congrégation des Rites, qui rend bientôt un avis favorable.

« Lorsque, l'été dernier, Votre Sainteté souffrait d'une indisposition, qui, vu votre âge avancé, remplit de soucis les cœurs de vos enfants, Notre-Seigneur me donna la douce consolation qu'il prolongerait les jours de Votre Sainteté, afin de réaliser la consécration du monde entier à son divin Cœur. […] La veille de l'Immaculée-Conception, Notre-Seigneur me fit connaître que par ce nouvel élan que doit prendre le culte de son divin Cœur, il ferait briller une lumière nouvelle sur le monde entier… Il me semblait voir (intérieurement) cette lumière, le Cœur de Jésus, ce soleil adorable, qui faisait descendre ses rayons sur la terre, d'abord plus étroitement, puis s'élargissant, et enfin illuminant le monde entier. Je reconnus l'ardent désir qu'Il a de voir son Cœur adorable de plus en plus glorifié et connu, et de répandre ses dons et ses bénédictions sur le monde entier. Et il dit : "De l'éclat de cette lumière, les peuples et les nations seront éclairés, et de son ardeur ils seront réchauffés". […]
On pourrait trouver étrange que Notre-Seigneur demande cette consécration du monde entier et ne se contente pas de l'Eglise catholique. Mais son désir de régner, d'être aimé et glorifié et d'embraser tous les cœurs de son amour et de sa miséricorde est si ardent qu'il veut que Votre Sainteté lui offre les cœurs de tous ceux qui, par le saint baptême, lui appartiennent pour leur faciliter le retour à la vraie Eglise, et les cœurs de ceux qui n'ont pas encore reçu la vie spirituelle par le saint baptême, mais pour lesquels il a donné sa vie et son sang, et qui sont appelés également à être un jour les fils de la sainte Eglise, pour hâter par ce moyen leur naissance spirituelle. »
Sœur Marie du Divin Cœur, Droste zu Vischering, extraits de la Lettre du 6 janvier 1899.

Le 2 avril, un décret de la Sacrée Congrégation des Rites signé du cardinal Mazzella, Préfet de la S. Congrégation - autorise l'usage public des Litanies du Sacré-Cœur pour l'Eglise universelle. Ces Litanies sont celles composées en 1718 par Anne-Madeleine Remuzat (reprises du Manuel de l'Adoration au Sacré-Cœur, approuvé par Mgr de Belsunce), augmentées de six autres (extraites du livre du P. Croiset, les mêmes se trouvant également dans le livre de Moulins) pour en porter le nombre à trente-trois. Elles ont été approuvées par Léon XIII, par décret des 27 juin 1898 (pour les diocèses de Moulins et d'Autun et pour les monastères de la Visitation) et 12 novembre suivant (pour Montmartre, les sanctuaires affiliés à son Archiconfrérie et les diocèses de Paris), et chantées pour la première fois dans le temple du Vœu national le 4 décembre 1898, à la clôture du Congrès national catholique.

« Notre Saint-Père le Pape Léon XIII, par décret de la Sacré Congrégation des Rites du 27 juin de l'année passée, a approuvé les Litanies du Sacré-Cœur de Jésus, et il a, par faveur, permis que ces Litanies soient publiquement récitées ou chantées dans les églises et oratoires des diocèses de Marseille et d'Autun, ainsi que dans les oratoires de l'Ordre de la Visitation de la Très Sainte Vierge Marie. Depuis lors, il est arrivé au Saint-Siège un si grand nombre de requêtes de la part des évêques, des communautés religieuses et des associations pies, qu'il est manifeste que c'est le désir commun des fidèles que l'usage des litanies approuvées soit rendu universel, et avec elles la louange et la plus grande gloire du Sacré-Cœur et l'accroissement de la piété qui en résultent ; de la même manière que le Très Saint Nom de Jésus reçoit dans tout l'univers catholique les hommages communs et publics des fidèles par la récitation des Litanies du Très Saint Nom de Jésus, insérées dans le Rituel romain. Il faut ajouter à cela, que Notre Saint-Père le Pape, animé d'une fervente dévotion envers le Sacré-Cœur, et désireux de porter remède aux maux qui nous accablent tous les jours davantage, a l'intention de consacrer l'univers entier au Sacré-Cœur de Jésus. Et pour que cette consécration se fasse avec plus de solennité, Sa Sainteté a décidé de faire célébrer un triduum, durant lequel ces Litanies soient récitées. C'est pourquoi Notre Saint-Père le Pape a bien voulu attacher une indulgence de trois cents jours à la récitation des Litanies du Sacré-Cœur déjà approuvées, et d'accorder qu'elles puissent être désormais récitées et chantées, soit en particulier, soit en public, dans tout l'univers. sans que quoi que ce soit puisse y mettre obstacle. »
Décret de la Sacrée Congrégation des Rites, 2 avril 1899.

Le 25 mai, dans l'Encyclique Annum Sacrum, Léon XIII ordonne la consécration du genre humain au Sacré-Cœur pour le 11 juin suivant.

« Ce témoignage général et solennel de respect et de piété est pleinement dû à Jésus-Christ, car il est le Roi et le Maître suprême. Son autorité, en effet, ne s'étend pas seulement aux peuples faisant profession de la foi catholique ou aux hommes qui, régulièrement baptisés, appartiennent en droit à l'Eglise, malgré les erreurs qui les en détournent ou les dissensions qui ont rompu le lien de la charité ; son empire embrasse aussi tous ceux qui sont privés de la foi chrétienne. Aussi, et en toute vérité, est-ce le genre humain tout entier qui relève du pouvoir de Jésus-Christ. (4) [… ]
Puisque le Sacré-Cœur est le symbole et l'image sensible de la charité infinie de Jésus-Christ, qui nous pousse elle-même à l'aimer en retour, il est tout naturel de se consacrer à ce Cœur Très Saint. Agir ainsi, n'est pas autre chose que se donner et se lier à Jésus-Christ, car tout honneur, tout hommage, toute marque de dévotion offerte au divin Cœur se rapporte vraiment et proprement au Christ lui-même. (10) […]
C'est pourquoi Nous engageons et Nous exhortons à accomplir avec ardeur cet acte de piété tous les fidèles qui connaissent et aiment le divin Cœur. Nous désirerions vivement qu'ils se livrassent à cette manifestation le même jour, afin que les sentiments et les vœux communs de tant de milliers de fidèles fussent portés en même temps au temple céleste. (11) […]
Dans ces derniers temps surtout, on s'est appliqué à dresser comme un mur entre l'Eglise et la société civile. Dans l'organisation et l'administration des Etats, on compte pour rien l'autorité du droit sacré et divin. On se propose par là de ne laisser s'établir aucun rapport entre la vie publique et la religion. Or, cela revient presque à faire disparaître la foi du Christ et, si c'était possible, à chasser Dieu de la terre. Les esprits ainsi gonflés de cet insolent orgueil, faut-il s'étonner que la plus grande partie du genre humain en soit venue à un degré de trouble et se trouve ballottée par les flots à un point qui ne permet à personne d'être à l'abri de la crainte et du danger ? (13) […]
A l'époque plus rapprochée de ses origines où l'Eglise subissait le joug des Césars, la croix apparue dans le ciel à un jeune empereur fut le signe et le principe d'une victoire complète. Voici que, de nos jours, se présente à nos regards un autre présage favorable et tout divin : c'est le Cœur Très Sacré de Jésus, surmonté d'une croix brillant au milieu des flammes. En lui se doivent placer toutes nos espérances. C'est à lui qu'il faut demander et de lui qu'il faut attendre le salut de l'humanité. (15) »
Léon XIII, extraits de l'Encyclique Annum Sacrum, 25 mai 1899.

Le jeudi 8 juin, aux premières vêpres de la fête du Sacré-Cœur, sa tâche accomplie, meurt à Porto Mère Marie du Divin Cœur.
Le dimanche 11 juin, au cours de la consécration solennelle du Monde au Cœur de Jésus, Léon XIII proclame que la dévotion au Sacré-Cœur sera le "
Labarum" des temps modernes.

« Très doux Jésus, Rédempteur du genre humain, jetez un regard sur nous qui sommes humblement prosternés devant votre autel. Nous sommes à vous, nous voulons être à vous, et afin de vous être plus fermement unis, voici que chacun d'entre nous se consacre spontanément à votre sacré Cœur.
Beaucoup ne vous ont jamais connu, beaucoup ont méprisé vos commandements et vous ont renié. Miséricordieux Jésus, ayez pitié des uns et des autres et ramenez-les tous à votre sacré Cœur.
Seigneur, soyez le roi, non seulement des fidèles qui ne se sont jamais éloignés de vous, mais aussi des enfants prodigues qui vous ont abandonné ; faites qu'ils rentrent bientôt dans la maison paternelle pour qu'ils ne périssent pas de misère et de faim.
Soyez le roi de ceux qui vivent dans l'erreur ou que la discorde a séparés de vous ; ramenez-les au port de la vérité et à l'unité de la foi, afin que bientôt il n'y ait plus qu'un seul troupeau et qu'un seul pasteur. Soyez le roi de tous ceux qui sont encore égarés dans les ténèbres de l'idolâtrie ou de l'islamisme, et ne refusez pas de les attirer tous à la lumière de votre royaume.
Regardez enfin avec miséricorde les enfants de ce peuple qui fut jadis votre préféré ; que sur eux aussi descende, mais aujourd'hui en baptême de vie et de Rédemption, le sang qu'autrefois ils appelaient sur leurs têtes.
Accordez, Seigneur, à votre Eglise une liberté sûre et sans entraves ; accordez à tous les peuples l'ordre et la paix. Faites que d'un pôle du monde à l'autre une seule voix retentisse : "Loué soit le divin Cœur qui nous a acquis le salut ! A lui, honneur et gloire dans tous les siècles des siècles !" Amen. »
Léon XIII, Acte de Consécration du genre humain au Sacré-Cœur.

Le 14 juin, dans le quotidien La Croix, début de la souscription pour le dôme du Sacré-Cœur de Montmartre.
Le 21 juillet, le cardinal Mazzella adresse à tous les évêques, au nom de Léon XIII, une pressante invitation à développer le culte du Sacré-Cœur par les confréries, le mois du Sacré-Cœur, et les exercices du premier vendredi.

« Pour que cette espérance que nous avons conçue se fortifie de jour en jour, pour que cette bonne semence produise des germes abondants et une plus ample moissons, il est nécessaire que ces sentiments de piété envers le Cœur très sacré du divin Rédempteur, déjà excités dans les âmes, soient stables et durables, et qu'ils soient pour ainsi dire sans cesse alimentés. Cette constance, cette persévérance dans les prières sera, si je puis m'exprimer ainsi, une nouvelle violence au Cœur très doux de Jésus, pour qu'il ouvre de nouveau la source de ces grâces, que lui-même désire ardemment élargir, comme il l'a fait entendre plus d'une fois à la Bienheureuse Marguerite-Marie, sa fille très aimante. […]
Notre Saint Père le pape recommande surtout cette pratique, déjà en usage dans plusieurs églises, qui consiste à offrir publiquement, pendant le mois de juin tout entier, divers témoignages de piété au divin Cœur... Sa Sainteté désire aussi grandement que l'exercice hautement recommandé et déjà en usage dans bien des pays et qui consiste à honorer par quelques actes de piété le Sacré-Cœur, chaque premier vendredi du mois, prenne désormais une plus grande extension, exercice dans lequel on récitera en public les Litanies que Sa Sainteté a naguère approuvées, et l'on redira la formule de consécration qu'Elle a publiée. […]
En outre, le Saint Père souhaite très vivement que les jeunes gens, ceux-là surtout qui étudient les lettres et les sciences, fassent partie de ces sociétés qu'on appelle les pieuses associations ou confréries du Sacré-Cœur de Jésus… Des groupements de même nature pourront ainsi se former pour les adultes dans ce qu'on appelle les "Associations catholiques". […]
Le Souverain Pontife a donné lui-même l'exemple à tous. Dans son palais du Vatican, en la chapelle Pauline, faisant les prières qu'il avait lui-même déterminées, il a offert et voué l'univers entier au divin Cœur de Jésus. »
Lettre du Cardinal Mazzella aux évêques, 21 juillet 1899, extraits, in Paul Galtier, Le Sacré-Cœur, Paris, Desclée, 1936.

Le 1° octobre, Mgr Amette (1850-1920), évêque de Bayeux, établit officiellement l'Œuvre du Cœur Agonisant de Jésus, fondée par Sœur du Sacré-Cœur de Jésus (Justine Bonnel, 1852-1904) au sein de la Communauté de la Miséricorde de Caen, pour le soin des malades pauvres.
Le 17 octobre, pose et bénédiction de la Croix du grand dôme de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre par Mgr Richard.
Le Père Hubert Linckens (1861-1922) fonde en Allemagne les
Sœurs Missionnaires du Sacré-Cœur, rattachées à la Société des MSC de Jules Chevalier, et destinées dans un premier temps à l'évangélisation des îles de la Papouasie Nouvelle Guinée, récemment acquises par le gouvernement allemand.
Instauration à Lyon de la Croisade du chapelet pour la France.

1900 : L'Abbé Coubé, directeur de la Ligue Eucharistique et de la revue O Salutaris Hostia, demande à tous les chrétiens de France, dans des discours prononcés tant à Paray-le-Monial qu'à Paris, d'offrir leurs communions des Premiers Vendredis de l'année 1900 au Sacré-Cœur pour le salut de la France. La baronne de Saint-Trivier s'en fait l'écho en répandant l'idée par des lettres et des brochures. En 1901, l'Abbé Coubé se tournera de nouveau vers les fidèles pour leur demander de s'engager à faire dire une ou plusieurs messes en l'honneur du Sacré-Cœur, toujours dans le même but.
En mars, le P. Jules Lecerf, religieux Mariste, retrouve dans les documents laissés par le P. Nicolet qui vient de décéder à Rome, un petit feuillet sans date ni signature d'une autre écriture que celle de son confrère. Ce Message du Sacré-Cœur sera publié dès l'année suivante avec l'imprimatur du Maître du Sacré-Palais, et diffusé à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires.

« J'ai froid ! J'ai froid ! J'ai faim ! … Dis à mes bons prêtres de me réchauffer de leur amour ! de me donner des âmes ! des âmes ! des âmes ! … Ne suis-je pas mort pour elles ?
Tous les trésors de mon Cœur sont ouverts !
Plus les nations s'éloignent de moi, me repoussent, plus ma douce Mère me presse d'ouvrir les trésors d'amour, de miséricorde, de sanctification de mon Cœur.
Certes, la dévotion à mon Cœur Sacré est bien répandue : elle me console et me donne une quantité d'âmes, à moi le Sauveur des âmes ! Mais partout, qu'on est loin de comprendre les trésors infinis de mon Cœur ! …
Ma Mère me presse, mon amour me presse de répandre ces trésors, d'inviter les bonnes âmes à venir se plonger, se perdre dans cet Océan de miséricorde et d'amour …
Oh ! porte l'appel de mon Cœur aux extrémités de la terre : porte-le surtout à mon prêtre que j'aime tant ! Mon prêtre, mon autre moi-même, mon alter-ego ! … Ah ! s'ils comprenaient le désir intense que j'ai de m'unir intimement à chacun d'eux ! Bien rares sont ceux qui arrivent à cette union autant que mon Cœur la leur a préparée sur la terre ! …
Et que faut-il pour cela ? …
Recueillir, ramasser en quelque sorte toutes ses affections, et les concentrer sur moi, qui suis là, au plus intime de leur âme ! Ah ! Crie-leur à tous, à ceux qui peinent pour moi dans les glaces du Nord ; à ceux qui brûlent sous les feux du midi ; aux vaillants lutteurs qui combattent pour mon étendard ; à ceux qui s'épuisent jour et nuit au service des âmes, qui sont accablés de persécutions, de travaux, de contradictions et d'ennuis à mon service ; à tous enfin, crie-leur combien je les aime : supplie-les d'entendre l'appel si amoureux et si pressant de mon Cœur, ma tendre invitation à descendre dans le fond de leur âme, à s'unir, là, à Celui qui ne les quitte jamais ; à s'identifier à moi, en quelque sorte… et alors quelles bénédictions je leur promets ! … »
Message du Sacré-Cœur, in P. Edm. Thiriet O.M.I., Le Prêtre-Apôtre du Sacré-Cœur, Paris, Arthur Savaète Ed., 1922.

Le 5 avril, suite au rachat de la Bonne Presse par Paul Féron-Vrau (1864-1955) le 25 mars, parution du dernier article des Assomptionnistes dans le journal La Croix, intitulé "Transformation", et signé Les Moines.
Le 21 juin, l'archevêque de Mexico procède au couronnement solennel d'une statue du Sacré-Cœur en sa ville. Agiront de même l'évêque de Bayeux Mgr Amette à Caen (25 juin 1903), puis l'archevêque de Malines le cardinal Goossens dans la basilique de Berchem à Anvers (30 août 1903), par délégation spéciale de Léon XIII qui a approuvé ce couronnement dans un Bref daté du 28 avril.

« Nous savons que dans votre diocèse de Malines, c'est-à-dire dans le faubourg d'Anvers appelé Berchem, il existe une insigne église dédiée au Sacré-Cœur de Jésus, qui a été élevée par le Siège apostolique au rang de basilique mineure et qui est desservie par la pieuse Congrégation des Filles du Cœur de Jésus, et que le peuple chrétien y accourt en foule. Comme le vingt-cinquième anniversaire de ce temple approche, et que Vous, Notre cher Fils, vous avez demandé en cette occasion la faculté de couronner dans ce sanctuaire la statue du Sacré-Cœur, comme nous désirons, ainsi que Vous, que ce culte salutaire se répande de jour en jour, Nous avons trouvé bon d'acquiescer à ce pieux désir. […] Nous vous déléguons afin que vous puissiez en Notre nom et par Notre autorité, couronner, avec toutes les cérémonies d'usage en ce cas, la statue précitée du Sacré-Cœur de Jésus, dans le dit temple du faubourg d'Anvers, le jour à votre choix. »
Extrait du Bref de Léon XIII, 28 avril 1903, in Abbé S. Coubé, La Royauté du Sacré-Cœur, Paris, Bureau de la Ligue Eucharistique, 1906.

C'est le P. Lemerre, dominicain français du couvent dispersé du Havre, qui expose après la messe pontificale le sens de cette cérémonie :

« La question qui, de nos jours, est débattue avec le plus d'acharnement, à l'endroit du Christ-Jésus, ce n'est plus une question d'existence, mais une question de couronne. Il s'agit de savoir si le Christ peut s'appeler le Roi des nations ; si de ce fait cet empire spirituel lui appartient, ou s'il n'est plus que l'un des Sages qui ont servi dans le passé à guider la marche vacillante de l'humanité. Mais le Maître n'a-t-il pas affirmé lui-même à Pilate qu'il était Roi ? Et le Souverain-Pontife Léon XIII ne l'a-t-il pas hautement proclamé ? Une reconnaissance officielle de cette royauté devait nécessairement avoir lieu un jour ou l'autre dans la suite des siècles. C'est la raison d'être du couronnement de la statue du Sacré-Cœur. A l'heure actuelle, et dans tout le monde chrétien, il se trouve des hommes qui travaillent avec une rage satanique à entraver l'extension du règne du Christ-Jésus. Ne fallait-il pas à ces attentats de lèse-majesté contre notre Divin Roi une solennelle protestation ? La cérémonie du couronnement en est une éclatante. Elle est une affirmation formelle de l'éternelle royauté de notre Maître adoré, en même temps que la preuve indéniable des sentiments d'amour dont il est animé à l'endroit de ses sujets, même rebelles, puisqu'il va être procédé au couronnement d'une statue de Jésus-Christ, sans doute, mais de Jésus-Christ montrant au monde son Cœur sacré, symbole sensible de sa charité infinie envers les hommes. »
Extrait du discours du R.P. Lemerre, 30 août 1903, in Abbé S. Coubé, La Royauté du Sacré-Cœur, Paris, Bureau de la Ligue Eucharistique, 1906.


Nombreux sont les évêques qui suivront cet exemple ou en encourageront la pratique, en France et à l'étranger, tels M. le chanoine Labutte (délégué par Mgr Amette) à Condé sur Noireau (15 mars 1905), Mgr Cabrières, évêque de Montpellier, dans plusieurs églises de Béziers (juin et nov. 1904, mars et juin 1905), le cardinal Richelmy, archevêque de Turin, dans sa ville (7 juillet 1905), Mgr Lazaire, dans sa paroisse d'Agde (7 juillet 1905), M. l'Abbé Béray, curé de St Martin du Bosc, dans sa paroisse (13 nov. 1905), Mgr Laborde, évêque de Blois, dans sa cathédrale (12 décembre 1905), etc.
Pie X, qui succède à Léon XIII le 4 août 1903, sans rejeter l'idée de la royauté du Sacré-Cœur, désapprouvera ces cérémonies de couronnement telles qu'elles sont pratiquées. En 1915 dans un courrier adressé au Père
Mateo, le cardinal Billot donnera quelques explications à ce sujet :

« S'il ne nous appartient pas de couronner Jésus-Christ, qui n'est pas roi par notre grâce ou par notre volonté, mais bien par droit de naissance, par droit de filiation divine, par droit aussi de conquête et de rachat, il nous appartiendra du moins, j'imagine, de reconnaître sa royauté, de l'affirmer hautement devant les hommes, de la défendre contre ceux qui la nient. »
Cardinal Billot, lettre au Père Mateo, 26 avril 1915.

Le 22 juin, à Paray-le-Monial, jour de la fête du Sacré-Cœur, le Cardinal Perraud, évêque d'Autun, préside une solennité internationale "La Journée des Nations" en l'honneur du divin Cœur, et y renouvelle au nom du Souverain Pontife l'acte de consécration du genre humain du mois de juin 1899.
Le 23 juin, inauguration du dôme de la basilique du Sacré-Cœur.
Louise-Marguerite Claret de La Touche fait de l'Amour infini l'objet principal de ses contemplations.

« Hier, après la sainte communion, intimement unie à Jésus, je voyais dans son Cœur sacré ses désirs de Dieu : il veut que l'Amour se répande, qu'il embrase le monde et qu'il le renouvelle. Ce n'est plus par les eaux d'un nouveau déluge que Dieu veut purifier et régénérer la terre, mais par le feu. Les esprits et les volontés se sont dévoyés ; le monde qui doit être purifié, c'est surtout celui des intelligences et des âmes ; c'est pourquoi le feu que Dieu veut employer est un feu tout spirituel. Il faut que l'Amour et la Miséricorde soient prêchées à toute créature, car le Cœur de Dieu a un immense désir de pardonner ; pour peu qu'il voit d'amour dans un cœur pour répondre au sien, il pardonne… Dieu est Charité : ses œuvres ne sont qu'amour et sa Miséricorde est éternelle et infinie. Un jour, prosternée au pieds de Jésus, je l'appelais l'unique Bien de mon âme, le souverain amour de mon cœur, le trésor infini de toutes les richesses ; et je finis par lui dire : "Mon Jésus, comment voulez-vous que je vous appelle ?" Et il m'a répondu : "Appelle-moi la Miséricorde". »
Louise-Marguerite Claret de La Touche, 13 août 1900, Autobiographie.

1901 : Le 29 septembre, création de la Ligue des Femmes françaises par la Société du Cœur de Marie, consacrée l'année suivante à Montmartre au Cœur de Jésus. La Ligue est composée "de toutes les femmes chrétiennes qui veulent travailler au relèvement religieux et social de la France", et "se place uniquement sur le terrain de défense religieuse, au-dessus de toute question de parti, indépendante de tout groupe politique". Le nombre de ligueuses passe en 5 ans de 100.000 à 600.000. En 1954, la Ligue devient internationale, et s'intitule désormais l'A.C.G.F. : Action catholique générale féminine.
Le 17 octobre, le Père Alfred Yenveux fonde, avec les encouragements et les bénédictions du cardinal Richard, l'Œuvre des Prêtres-Apôtres du Sacré-Cœur. Quelques mois après sa création, l'Œuvre comptera déjà environ 600 membres recrutés parmi les prêtres séculiers et des religieux de différents ordres. Charles de Foucauld rejoindra cette Association le 16 avril 1902.

« De même qu'il n'y a qu'un seul prêtre, il n'y a qu'un seul esprit sacerdotal, c'est l'esprit du Père éternel.
Mais qui nous dira ce qu'est cet esprit ? Vous le trouverez dans toute sa plénitude en son Sacré-Cœur. Là, vous apprendrez à connaître Dieu. A cette école vous acquerrez la vraie science. Il deviendra lui-même l'objet de vos pensées, parce que son amour fascinera votre cœur ; le centre de vos affections, parce que le cœur vit de l'esprit. Corde creditur… Et nos credidimus caritati. Plongé dans la fournaise très ardente du divin Cœur, votre cœur s'embrasera de plus en plus, et l'esprit sacerdotal, sous cette influence, se développera en pleine lumière, avec une ardeur toujours nouvelle. […]
La Source du véritable esprit sacerdotal n'est autre que le Sacré-Cœur. Bibebant de spiritali consequente eos petra : Petra autem erat Christus (1). Des flancs du divin Rocher, entr'ouvert par la lance du soldat Longin, la source a jailli intarissable. Par les canaux qui pénètrent en ses profondeurs il y a de quoi rafraîchir le monde et l'inonder des flots de la divine grâce. O prêtre, vous êtes ce canal béni, adhérez fortement à la source, restez unis étroitement au Cœur de Jésus… La vie divine, l'esprit de votre vocation vous feront grandir en sainteté tout en vous permettant d'abreuver des multitudes… »
(1): I Cor. X,4
P. Edm. Thiriet O.M.I., Le Prêtre-Apôtre du Sacré-Cœur, Paris, Arthur Savaète Ed., 1922.

Le 28 octobre, Charles de Foucauld s'installe à Béni-Abbès, où il fonde un ermitage, en lequel il accueille tous ceux qui viennent à lui : esclaves, caïds, Berbères, Français, Arabes, officiers et soldats. Il y fonde les Ermites du Sacré-Cœur de Jésus, qui prendront plus tard le nom de Petits Frères du Sacré-Cœur de Jésus et Petites Sœurs du Sacré-Cœur de Jésus.

« A la vérité, nous ne coopérons pas à la glorification de Dieu, à l'œuvre de Notre-Seigneur, au salut des âmes, par la prédication de l'Evangile, mais nous y coopérons cependant avec efficacité en portant au milieu des peuples Jésus présent dans la Sainte Eucharistie, Jésus offert dans le Saint Sacrifice, les vertus évangéliques et la charité du Cœur de Jésus que nous nous efforçons de pratiquer. N'ayant pas reçu de Dieu la vocation de la parole, nous sanctifions et prêchons les peuples en silence, comme la Très Sainte Vierge sanctifia en prêchant en silence la maison de saint Jean en y portant Notre-Seigneur et en y pratiquant ses vertus. »
Charles de Foucauld, Règlement des petits frères du Sacré-Cœur de Jésus, Nazareth, 1899.

« Imitateurs du Cœur de Jésus, les frères et sœurs seront charitables, paisibles, humbles, courageux. "Vous avez un seul Père qui est dans les cieux." "Dieu créa l'homme à son image." "Tout ce que vous ferez à un de ces petits, vous me le faites." Ces trois paroles suffisent à montrer aux frères et sœurs leur devoir d'immense et universelle charité envers les hommes, tous "enfants de Dieu", "images de Dieu", "membres de Jésus". Ils porteront tous les hommes dans leurs cœurs, comme Jésus mort pour tous les hommes sans exception. »
Charles de Foucauld, Conseils, art. 21.

Elisabeth Catez (1880-1906) entre au Carmel de Dijon, où elle prend le nom d'Elisabeth de la Trinité. Elle a été béatifiée par Jean-Paul II en 1984.

1902 : Le 7 juin, Louise-Marguerite Claret de La Touche, en prière devant le Saint-Sacrement, reçoit du Christ une mission de propagation de la dévotion au Sacré-Cœur auprès des prêtres.

« Le moment est venu de découvrir à tous les prêtres la manifestation spéciale que leur divin Maître leur a faite en son Cœur. Marguerite-Marie a montré mon Cœur au monde ; toi, montre-le à mes prêtres, attire-les tous à mon Cœur… Pour qu'ils puissent répandre l'amour, il faut qu'ils en soient remplis, et c'est dans mon Cœur qu'ils doivent l'aller puiser. Mon Cœur est le calice de mon sang ; si quelqu'un a le droit et le devoir d'y boire, n'est-ce pas mon prêtre qui, chaque jour, porte à ses lèvres le calice de l'autel ? Qu'il vienne à mon Cœur et qu'il boive. […]
Il me semble que Notre-Seigneur veut que je dise ceci : le prêtre ne doit pas se contenter de recevoir la dévotion au Cœur de Jésus, de la professer lui-même et de la communiquer aux âmes. Cela, c'est bien sans doute ; mais cela n'est pas le but du divin Maître quand il fait de son Cœur une donation spéciale à ses prêtres. Jésus veut autre chose. Le prêtre doit entrer par ce Cœur sacré dans la connaissance intime de Jésus-Christ ; c'est comme une porte par laquelle le prêtre doit passer pour pénétrer dans l'intérieur du Christ et, s'étant tout baigné et tout imprégné de lui, devenir un miroir brillant dans lequel l'Amour infini puisse se réfléchir… La réflexion de ses rayons dans ce miroir éclairera le monde et le réchauffera. »
Louise-Marguerite Claret de La Touche, Au Service de Jésus-Prêtre, 7 juin 1902, t. II.

« Mon prêtre est un autre Moi-même ; je l'aime mais il faut qu'il soit saint. Il y a dix-neuf siècles, douze hommes ont changé le monde ; ce n'étaient pas des hommes seulement, c'étaient des prêtres. Maintenant encore, douze prêtres pourraient changer le monde. »
Le Christ à Louise-Marguerite Claret de La Touche, in Le Don du Sacré-Cœur à ses Prêtres, Extrait des œuvres de Mère Louise-Marguerite Claret de La Touche, Saint-Jean-le-Blanc - Paris, 1948.

Publication de Les Cordicoles de Gustave Téry, qui attaque la basilique en assimilant l'Eglise et la contre-révolution, et mélangeant religion et politique. "Le christianisme, c'est Dieu fait Homme, le socialisme, c'est l'Homme fait Dieu, Cordicole ou socialiste, il faut choisir !" écrit-il, en proposant de transformer la basilique en Palais du Peuple.

1903 : L'enseignement est interdit à tous les Ordres religieux. Les écoles religieuses doivent être supprimées dans les dix ans.
Le 30 mars, jour du Vendredi Saint, suite à la loi sur les congrégations, les Oblats de Marie Immaculée quitte le sanctuaire de Montmartre.
Léon XIII constitue une Archiconfrérie du Cœur eucharistique en l'église Saint-Joachim de Rome, dont le service est confié aux Pères Rédemptoristes.

1904 : Le 30 mai, la proposition de Victor Dejeante, député de Belleville, est adoptée par 306 voix contre 231 : "La loi du 31 juillet 1873 consacrant comme œuvre nationale la France au Sacré-Cœur est abrogée". Cette décision ne remet pas en cause la construction de la basilique, en voie d'achèvement.
Fondation de l'Association des Ames Victimes en union des Cœurs Sacrés de Jésus et de Marie, qui permet aux personnes vivant dans le monde de s'unir par un acte spécial d'oblation aux Filles du Cœur de Jésus, fondées en 1875 par Mère Marie de Jésus. Pie X inscrira son nom au registre de l'Association le 22 janvier 1909.
Au mois d'octobre, le Père Georges Van Peteghem S.J. (1862-1930) fait la connaissance de Marie Merveille (†1923) qui va se dévouer à ses côtés à la propagation de la dévotion au Sacré-Cœur, par le biais de la diffusion d'une invocation chère au Père et qui se répandra à des millions d'exemplaires :
"Cœur Sacré de Jésus, j'ai confiance en Vous". Indulgenciée à deux reprises par Pie X (27 mai 1905 et 27 juin 1906), l'invocation sera enrichie d'un commentaire de son initiateur (reprenant les Promesses du Christ à Marguerite-Marie), et Mlle Merveille fondera la Petite Œuvre, tout entière vouée à la diffusion de la courte prière. Elle rassemblera également pendant la guerre de 1914 de nombreuses pensées relatives à la confiance collectées dans des ouvrages de piété, qui seront publiées en 1920 sous la forme d'un recueil ayant pour titre Ayez confiance !, qui connaîtra plusieurs rééditions.

« Jésus, vous qui avez un Cœur si bon, si compatissant et si miséricordieux, vous qui êtes là dans le Tabernacle, qui me voyez et qui m'aimez…, vous qui n'avez jamais repoussé personne…, vous qui ne pouvez voir une douleur sans être porté aussitôt à la soulager…, je mets toute ma confiance en Vous. Je suis sûr que vous ne m'abandonnerez jamais, et que je serai toujours exaucé au-delà de mes espérances. Toutes promesses se réaliseront pour moi : vous me donnerez toutes les grâces nécessaires dans mon état, vous mettrez la paix dans ma famille, vous me bénirez dans toutes mes entreprises, vous me consolerez dans toutes mes peines. Vous serez mon refuge assuré pendant ma vie et à l'heure de ma mort. Si je suis pécheur, je trouverai dans votre Cœur la source et l'océan infini de la miséricorde ; si je suis fervent, par vous je monterai à une haute perfection. Vous me donnerez le don de toucher les cœurs les plus endurcis. Je propagerai la dévotion à votre Sacré Cœur ; aussi mon nom sera-t-il inscrit dans votre Cœur adorable, et il n'en sera jamais effacé. Vous bénirez ma demeure puisque l'image de votre Sacré Cœur y est exposée et honorée. O Jésus, je suis sûr de vous. »
Père Georges Van Peteghem, Commentaire de l'invocation, in Un Apôtre du Sacré-Cœur, Le P. Van Peteghem, Toulouse, Apostolat de la Prière, 1935.

1905 : Loi de séparation entre l'Eglise et l'Etat. Au cours des débats parlementaires préparatoires, le député Maurice Sibille déclare (le 4 avril) : "Nous républicains, nous n'avons pas à favoriser telle ou telle religion ; nous n'avons qu'à garantir la liberté de tous les concitoyens, quelles que soient leurs croyances".
Le 7 mai, le Père Luigi Variara (1875-1923), prêtre salésien vivant en Colombie auprès des lépreux, fonde une petite communauté religieuse ouverte aux jeunes femmes atteintes par la maladie, qui se dévouent dans une vie de consécration totale à Dieu au service des malades et des jeunes. En 1908, la communauté prend le nom de Congrégation des filles des saints Cœurs de Jésus et Marie. La Congrégation compte aujourd'hui plus de 400 membres, répartis dans 65 communautés, réparties dans 10 pays. Luigi Variara a été béatifié par Jean-Paul II le 14 avril 2002.

« Vivons en ne faisant qu'un seul cœur avec Jésus : il nous fera vivre toujours davantage des flammes de son amour. Quand nous le possédons, rien ne nous manque. »

Le 30 juin à N.-D. de Romay, près de Paray-le-Monial, se rassemble le pèlerinage de la Ligue de la Communion hebdomadaire. L'Abbé Coubé rend hommage à cette occasion au Christ, Roi de gloire :

« C'est toujours avec la même joie et la même fierté que vous voyez s'avancer au milieu de vos processions les deux incomparables bannières de notre Ligue. Chaque année leurs fines broderies et leurs pierres précieuses vous apparaissent plus éclatantes, et plus touchants les symboles de l'Eucharistie et du Sacré-Cœur qui se détachent sur l'or et la pourpre de leurs plis. Aussi, après les avoir admirées hier et ce matin dans les rues et les sanctuaires de Paray-le-Monial, regretteriez-vous qu'elles ne vous aient point accompagnés jusqu'à Notre-Dame de Romay, si vous ne compreniez que nous ne pouvions exposer leur richesse et leur beauté à la menace de la pluie.
Mais il est une autre bannière que vous voyez paraître pour la première fois à ce pèlerinage et dont la vue doit vous consoler de l'absence de ses deux sœurs aînées. Plus modeste, plus légère, plus facile à protéger contre les sévices de l'orage, elle a bravé avec vous l'incertitude du temps pour venir affirmer ici la vérité la plus nécessaire de nos jours, la royauté du Sacré-Cœur. Elle représente en effet le Cœur de Jésus se détachant sur le manteau d'hermine et de pourpre royale, surmonté de la couronne royale, entouré de tous les attributs de la dignité royale.
En la voyant tout à l'heure flotter au-dessus de vos têtes, je pensais à ce vers de l'hymne de Fortunat :
Vexilla Regis prodeunt : voici l'étendard du Roi qui s'avance ; et il me semblait qu'elle criait avec vos cœurs par tous les frémissements de ses plis : Tu Rex gloriae, Christe : ô Christ, vous êtes le Roi de gloire ! Aussi, si vous le voulez bien, dans les humbles annales de la Ligue, ce pèlerinage restera cher et illustre pour nos cœurs sous le nom de pèlerinage de la Royauté du Sacré-Cœur. »
Extrait de l'allocution prononcée par l'Abbé Coubé le 30 juin 1905, in Salutaris Hostia, août 1905, et in La Royauté du Sacré-Cœur, Paris, Bureau de la Ligue Eucharistique, 1906.

Le 12 octobre, faisant suite à la consécration de la Belgique au Sacré-Cœur par Mgr Deschamps, Léopold II, roi des Belges, pose la première pierre de la basilique du Sacré-Cœur qui doit être construite selon les plans de l'architecte P. Langerock sur le plateau de Koekelberg au-dessus de Bruxelles. Faute de moyens financiers suffisants, le projet initial sera revu par l'architecte Albert Van Nuffel en 1935, et la consécration de la grande nef pourra enfin se faire en 1951. Inaugurée à la fin des années soixante, la basilique nationale du Sacré-Cœur de Koekelberg est aujourd'hui la cinquième plus grande église du monde.

1906 : Le 11 février, publication de l'Encyclique Vehementer nos de Pie X, qui condamne la loi de séparation. La France compte à cette époque 36 millions de catholiques sur 39 millions d'habitants.
Le 25 mars, Concepción Cabrera de Armida (dite Conchita, 1862-1937), laïque mexicaine mère de neuf enfants, reçoit du Seigneur la grâce exceptionnelle de "l'incarnation mystique". Elle vit dès lors la présence réelle, les grâces et la mission extraordinaire qui lui sont confiées restant jusqu'à sa mort cachées sous le voile d'une extrême simplicité. Elle fonde deux instituts religieux, dont un sacerdotal : L'Alliance de l'Amour et la Ligue Apostolique et les Missionnaires de l'Esprit-Saint, reposant sur l'Apostolat de la Croix, et sera la promotrice de la consécration de la nation mexicaine à l'Esprit-Saint en 1924. Elle a rédigé plus de 65.000 pages manuscrites (66 tomes), relatant les grâces et les douleurs de sa vie mystique, toute entière vouée à "sauver des âmes". Son dernier directeur spirituel fut le cardinal Luis Maria Martinez, futur archevêque de Mexico. La cause de la béatification de Conchita a été introduite à Rome le 19 septembre 1959.

« L'Apostolat de la Croix est le travail qui continue et complète celui de mon Cœur révélé à sainte Marguerite-Marie. Je te précise qu'il ne faut pas voir en ma Croix extérieure le seul instrument divin de Rédemption. Cette Croix est présentée au monde pour amener les âmes vers mon Cœur, transpercé sur cette Croix. L'essentiel de cette œuvre consiste à faire connaître les douleurs intérieures de mon Cœur, auxquelles on n'est pas attentif et qui constituèrent pour moi une Passion plus douloureuse que celle que mon corps a soufferte sur le Calvaire, à cause de son intensité et de sa durée, perpétuée mystiquement dans l'Eucharistie. Dis-le : jusqu'à ce jour, le monde a connu l'amour de mon Cœur manifesté à Marguerite-Marie, mais il était réservé aux temps actuels de faire connaître sa souffrance dont j'avais seulement montré les symboles et d'une manière extérieure. Répète-le : on doit pénétrer à l'intérieur de cet océan sans limite d'amertume et le faire connaître au monde entier, afin d'obtenir que la souffrance des fidèles s'unisse à l'immensité des douleurs de mon Cœur, car cette souffrance se perd en sa plus grande partie. »
Jésus à Conchita, Lettre adressée à José Alzola, provincial des Jésuites, 4 novembre 1899, in M.-M. Philipon, Conchita - Journal spirituel d'une mère de famille, Paris, Desclée de Brouwer, 1974.

Le premier vendredi de juin, les évêques de France réunis en Assemblée Générale montent ensemble à Montmartre, et y prononcent "la consécration renouvelée de tous les diocèses, par conséquent de la France catholique tout entière, à ce Cœur du Christ qui aime les Francs", comme l'explique Mgr Amette, coadjuteur de Paris.
Le 22 août, Pie X ordonne par décret que la Consécration du genre humain soit renouvelée chaque année, en la fête du Sacré-Cœur. Pie XI en modifiera légèrement le texte par décret du 17 octobre 1925, et en fixera le renouvellement annuel au dernier dimanche d'octobre, fête du Christ-Roi, dans l'Encyclique
Quas Primas du 11 décembre suivant.

1907 : Le 24 août, à Paray-le-Monial, le Père Mateo Crawley-Boevey fonde l'Intronisation du Sacré-Cœur dans les familles, qui lui est inspirée au cours d'une nuit d'adoration. A Rome où il a été reçu en audience privée la même année, Pie X l'a encouragé dans cet apostolat, et lui a demandé d'y consacrer sa vie. Il s'agit d'introduire le Sacré-Cœur dans chaque famille, "de sorte que son image étant installée dans l'endroit le plus noble de la maison, comme sur un trône, Jésus-Christ Notre Seigneur règne visiblement dans les foyers catholiques".
Le 8 septembre, publication de l'Encyclique Pascendi dominici gregis de Pie X, qui condamne le modernisme, et le chef de ce mouvement l'Abbé Alfred Loisy (1857-1940), qui sera excommunié le 7 mars de l'année suivante.

1908 : Le cardinal Amette succède au cardinal Richard au siège épiscopal de Paris, et inaugure la célébration de l'Eucharistie chaque premier vendredi du mois.
A Valparaiso, alors qu'il multiplie les conférences et les retraites, le Père Mateo inaugure la prédication de l'Heure Sainte, sur les bases de l'œuvre fondée en 1829 par le Père Debrosse à Paray. C'est un appel à une heure d'adoration publique, pour chacun, devant le Sacré-Cœur. Il publiera en 1914 Douze exercices pour l'Heure Sainte, traduit en français en 1919. L'Archiconfrérie de l'Heure Sainte, affiliée à Paray-le-Monial, est érigée en l'église des Sacrés-Cœurs de Valparaiso, et il en est nommé directeur.

« Qu'ai-je, Seigneur Jésus, que Vous ne m'ayez donné ?…
Que sais-je, que Vous ne m'ayez appris ?
Que puis-je, si Vous ne m'aidez ?…
Et que suis-je sans Vous être uni ?…
Pardonnez… Oh ! pardonnez mes fautes qui Vous ont tant blessé !…
Vous m'avez créé sans que je ne l'espère,
Vous m'avez racheté sans que j'y coopère…
Vous avez beaucoup fait en me créant
Et plus encore en me rachetant…
Seriez-Vous moins puissant
Ou moins généreux en me pardonnant ?…
Car tout le sang que Vous avez versé,
Et la mort cruelle que Vous avez endurée,
Ne sont pas au profit des Anges qui Vous adorent,
Mais à mon profit… et à celui des pécheurs qui Vous implorent !
Si je Vous ai renié, laissez-moi Vous louer !
Si je Vous ai outragé, laissez-moi Vous aimer !
Si je Vous ai offensé, laissez-moi Vous servir !
Car vivre sans Vous aimer
Et Vous aimer sans souffrir…
O Jésus,… c'est mourir !… »
Père Mateo, L'Heure Sainte de janvier, 1914.

Le 25 septembre, incidents franco-allemands à Casablanca.

1909 : Le 9 février, signature d'une Convention entre la France et l'Allemagne au sujet du Maroc.
Du 18 au 26 mars, Dom Columba Marmion (1858-1923), moine de l'abbaye de Maredsous en Belgique (dont il deviendra Abbé 6 mois plus tard) accompagne dans sa retraite à Paray-le-Monial le Cardinal Mercier, nouvel archevêque de Malines, dont il est le confesseur et le conseiller spirituel. Les conférences spirituelles de Dom Columba Marmion ont été réunies en trois ouvrages, centrés sur la "filiation divine", qui connaîtront un immense succès : Le Christ vie de l'âme (1918), Le Christ dans ses mystères (1919), et Le Christ idéal du moine (1922). Dans le second volume, il consacre un chapitre entier à la fête du Sacré-Cœur et à la dévotion au Cœur de Jésus, qu'il recommande aussi chaleureusement dans nombre de ses lettres : "Veillez sur vous tout spécialement par rapport à la charité, et soyez sûrs que chaque fois que vous êtes dur en pensée ou en paroles pour le prochain, votre cœur n'est pas inspiré par le Sacré-Cœur de Jésus, qui est un océan de compassion pour nos misères et qui aime particulièrement les âmes qui ne se permettent jamais de juger durement le prochain". Dom Columba Marmion, considéré par un très grand nombre de théologiens comme un maître de la vie spirituelle, a été béatifié le 3 septembre 2000, en même temps que Pie IX et Jean XXIII.

« L'Eglise, à la suite des révélations de Notre-Seigneur à sainte Marguerite-Marie, clôt pour ainsi dire, par cette fête (du Sacré-Cœur), le cycle annuel des solennités du Sauveur ; comme si, arrivée au terme de la contemplation des mystères de son Epoux, il ne lui restait plus qu'à célébrer l'Amour même qui les a tous inspirés. […] La dévotion au cœur sacré de Jésus est de celles qui doivent nous être le plus chères. Et pourquoi ? Parce qu'elle honore le Christ Jésus non plus dans un de ses états ou de ses mystères particuliers, mais dans la généralité et dans la totalité de son Amour, de cet Amour où tous les mystères trouvent leur explication la plus profonde. Bien qu'elle soit spéciale et nettement caractérisée, cette dévotion revêt donc quelque chose d'universel : en honorant le cœur du Christ, ce n'est plus à Jésus enfant, adolescent ou victime que s'arrêtent nos hommages, mais à la personne de Jésus dans la plénitude de son amour.
De plus, la pratique générale de cette dévotion tend, en dernière analyse, à rendre à Notre-Seigneur amour pour amour ; à saisir toute notre activité pour la pénétrer d'amour afin de plaire au Christ Jésus ; les exercices particuliers ne sont que des moyens d'exprimer à notre divin Maître cette réciprocité d'amour. »
Dom Columba Marmion, Le Christ dans ses mystères, ch. XIX, Paris, Desclée de Brouwer, 1919.

Le 19 mars, Mgr Livinhac, Supérieur Général des Pères Blancs, bénit la Confrérie qu'a fondée Charles de Foucauld quelques années plus tôt : l'Union des Frères et Sœurs du Sacré-Cœur de Jésus.
Le 18 avril, Pie X béatifie Jeanne d'Arc. A cette occasion, il embrasse le drapeau français du Sacré-Cœur dans la Basilique Saint-Pierre de Rome.
Le 25 avril,
Pie X béatifie Jean Eudes, «Père, Apôtre et Docteur du culte liturgique des Saints Cœurs de Jésus et de Marie».

« Ce qui mit le comble aux services que Jean Eudes rendit à l'Eglise, c'est que brûlant lui-même d'un amour extraordinaire pour les Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie, il pensa le premier, non sans une inspiration divine, à leur rendre un culte liturgique. De ce culte si suave ont doit donc le regarder comme le Père, car, dès l'institution de sa Congrégation de prêtres, il eut soin de faire célébrer par ses fils la solennité de ces Sacrés Cœurs ; comme le Docteur, car il composa en leur honneur des offices et une messe propre ; enfin comme l'Apôtre, car il fit tous ses efforts pour répandre en tous lieux un culte si salutaire.»
Pie X, extrait du Bref de béatification.

En la fête de Noël, Berthe Petit (1870-1943), tertiaire franciscaine, reçoit la première communication de ce que sera sa mission : elle voit le Divin Cœur de Jésus blessé et, y adhérant, le Cœur de Marie transpercé d'un glaive, et elle entend : "Faites aimer le Cœur de ma mère transpercé des douleurs qui déchirèrent le mien". Cette vision et ces paroles se renouvelleront le 31 décembre 1909 et le 30 janvier 1910. Le 7 février 1910, elle voit les deux Cœurs unis l'un à l'autre surmontés d'une colombe [image], et elle entend :

« Je veux que l'image pour laquelle j'ai guidé ta main soit répandue en même temps que l'invocation [Cœur Sacré de Jésus j'ai confiance en Vous – Cœur Douloureux et Immaculé de Marie priez pour nous]. Partout où on la vénérera, ma miséricorde et mon amour se manifesteront et la vue de notre Cœur blessé d'une même blessure touchera des âmes tièdes ou faibles, les ramenant au devoir. Adopter cette dévotion et la répandre c'est accomplir ma volonté et répondre à l'attente de mon Cœur. Car par la prière et la consécration faite à ce Cœur, des grâces de lumière seront obtenues. Elles mèneront graduellement les âmes à la pleine connaissance de nos Cœurs unis, qui ont été blessés d'une même blessure, source inépuisable de tout bien pour l'humanité, et dont la gloire fait et fera le bonheur des Elus pour l'Eternité. »

« Il faut penser au Cœur de ma mère comme tu penses au mien, vivre dans ce Cœur comme tu veux vivre dans le Mien, te donner à ce Cœur comme tu te donnes au Mien ; il faut répandre l'amour de ce Cœur tout unifié au Mien. »
Berthe Petit – La dévotion au Cœur Douloureux et Immaculé de Marie, R.P.I. Duffner, Dillen & Cie éditeurs, Issoudun, 1950.

Quelques jours plus tard, il lui est révélé clairement sa mission : la Consécration du monde au Cœur Douloureux et Immaculé de Marie (cf. 8 septembre 1911).

1910 : En janvier-février, graves inondations à Paris.
Pie X encourage la communion fréquente.
En mai, publication de Le Sacré-Cœur et le Sacerdoce, présenté par le P. Charrier S.J., sans nom d'auteur. Ce n'est qu'en 1930 qu'une nouvelle édition en mentionnera le nom : Mère Claret de La Touche.

« Le Cœur de Jésus est le sanctuaire divin où résident toutes les vertus. Il les possède toutes à un éminent degré. Il est le foyer toujours ardent d'où rayonnent toutes les beautés morales, tous les dons naturels, surnaturels et divins que nos pauvres intelligences pourraient rêver. Parmi toutes les vertus qui demeurent en ce Sacré-Cœur comme dans leur temple particulier, il en est une cependant qui semble être plus spécialement la sienne, sa vertu, son inclination propre : c'est la miséricorde. Oui, la miséricorde est vraiment l'attribut du Cœur de Jésus. […]
Toutes les paroles, tous les actes, tous les divins gestes de cet Amour humanisé, de ce Jésus, portent le cachet de la miséricorde. Elle sort de lui tout naturellement, comme l'eau sort de sa source, comme la chaleur s'échappe du foyer ardent : "Je veux la miséricorde et non les rigueurs de la justice", dit-Il. Son vouloir, c'est d'être miséricordieux. "Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu." Il est venu apporter à la créature déchue des grâces de relèvement et de célestes pardons. C'est pour sauver et non pour juger qu'Il a été envoyé dans le monde. Aussi l'entendons-nous dire à ses apôtres, prompts à demander justice : "Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes !" […]
Oh ! Comme il faut peu pour toucher le Cœur de Jésus et provoquer sa miséricorde ! Une parole de confiance, un appel du pauvre larron crucifié à ses côtés, c'en est assez pour qu'aussitôt Il lui pardonne et lui ouvre le ciel ! En vérité, l'esprit de Jésus, Jésus lui-même, c'est la miséricorde !
La grande mission du prêtre est de révéler aux âmes la miséricorde divine. Toutes, elles ont plus ou moins péché. Toutes, elles sentent, entre la sainteté infinie de Dieu et leur propre misère, un abîme qui leur semble infranchissable, et dont la vue les épouvante. Il y a au fond de toute âme humaine, même lorsque les ténèbres la remplissent, un vestige de vérité qui lui montre l'Etre suprême infiniment saint et souverainement pur. C'est pourquoi, lorsqu'elle se croit criminelle, elle cherche à s'éloigner de Dieu, elle s'efforce de l'oublier, et, impuissante, à anéantir en effet cet Etre divin qui la condamnera, elle veut au moins l'effacer de son propre souvenir et le détruire dans sa pensée. Alors, elle va toujours plus loin dans le mal, et descend dans les abîmes.
Mais quand le miséricordieux amour de son Dieu lui est montré, pour peu qu'elle ait de sincérité, la crainte disparaissant, le repentir prend sa place et la grâce de la réconciliation achève ce que la miséricorde avait commencé. […]
Qu'il est heureux, le prêtre, d'être le ministre d'un Dieu de miséricorde ! Son cœur devrait fondre dans sa poitrine, par les ardeurs d'un inexprimable amour, lorsqu'il se sent le pouvoir de dire, au nom de Jésus, à l'âme pécheresse, ces mots divins : Je t'absous ! Jamais Dieu n'est plus grand que dans ses divins pardons. Jamais le prêtre n'est plus élevé, jamais il n'est plus revêtu de Dieu et plus vraiment Jésus, que lorsqu'il pardonne et qu'il absout. »
Mère Claret de La Touche, Le Sacré-Cœur et le Sacerdoce, 2° Partie, chap. VIII.

« Ce que Jésus attend de ses prêtres, ce n'est pas seulement qu'ils pratiquent et qu'ils propagent la dévotion à son divin Cœur. Certes, cela aussi, Jésus l'attend de ses prêtres. Mais il ne faut point que les prêtres pensent avoir intégralement répondu au désir de Jésus par le fait qu'ils auront pratiqué et prêché la très belle et très bienfaisante dévotion au Sacré-Cœur. "Il me semble, écrit la Mère Louise Marguerite, que Notre-Seigneur veut que je dise ceci : Le prêtre ne doit pas se contenter de recevoir la dévotion au Cœur de Jésus, de la professer lui-même et de la communiquer aux âmes. Cela, c'est bien sans doute, mais cela n'est pas le but du divin Maître, quand il fait de son Cœur une donation spéciale à ses prêtres. Jésus veut autre chose (1)".
Et quelle est cette "autre chose", cette chose autre que la dévotion, cette chose qui est d'une autre nature que la dévotion au Sacré-Cœur, et que Jésus attend de ses prêtres en réponse à la Manifestation de son Cœur ?
C'est qu'ils étudient, c'est qu'ils fassent rayonner, la doctrine de l'Amour infini, en s'aidant, pour scruter mieux cet amour infini, du cœur qu'il anime. Car "tous les mystères divins ne peuvent être expliqués que par l'Amour (2)". Il n'y a que la connaissance de l'Amour infini qui soit "capable de combattre les erreurs actuelles et d'en triompher (3)". D'autre part, cet amour infini, "c'est dans le Cœur de Jésus seulement que nous pourrons le comprendre" : "nul ne vient à la connaissance et à la possession de mon amour infini que par mon Cœur (4)". Bref, la volonté précise de Jésus, cette volonté qui porte sur "autre chose" que la dévotion, voici exactement ce qu'elle veut : "Le prêtre doit entrer par ce Cœur Sacré dans la connaissance intime de Jésus-Christ ; c'est comme une porte par laquelle le prêtre doit passer pour pénétrer dans l'intérieur du Christ, et s'étant tout baigné et tout imprégné de Lui, devenir comme un miroir brillant dans lequel l'amour infini puisse se réfléchir (5)".
(1) : Au service de Jésus prêtre, T. II, Les vouloirs de Dieu, ch. XVIII ad finem.
(2-3) : idem, ch. IV, n°19.
(4) : idem, ch. IV, n°18.
(5) : idem, ch. XVIII, ad finem.
Félix Anizan, Précis de Vérités Premières sur le Rayonnement du Sacré-Cœur dans la Pensée humaine, Paris, Lethielleux, 1928.

La même année, Mère Claret de La Touche compose également un Acte de Consécration à l'Amour infini.

« O Cœur Sacré de Jésus, Cœur du Verbe Incarné
Tabernacle vivant de l'amour infini,
Vous qui, avec une largesse sans pareille
Répandez les richesses de votre divine charité sur les prêtres,
Daignez accepter l'offrande et le sacrifice que je vous fais aujourd'hui.

Je me confie totalement
Et me consacre à Vous sans aucune réserve.
A vous je donne pour toujours
Mon corps, mon cœur, mon âme
Tout ce que j'ai et tout ce que je suis.

O Amour infini, je me donne à Vous
Par la très Sainte Vierge, Votre Mère immaculée,
Avec tous mes frères dans le sacerdoce.
Employez-moi à quelque chose que ce soit
Selon votre bon plaisir.
Je suis tout vôtre pour le temps et pour l'éternité.
Amen. »
Mère Claret de La Touche, Acte de Consécration.

Le 25 août, par la lettre aux évêques français Notre charge apostolique, Pie X condamne le "Sillon" créé par Marc Sangnier (1873-1950) en 1894, mouvement prônant un catholicisme social et démocratique.

1911 : Le 20 janvier, parution du premier numéro du Bulletin des professeurs catholiques de l'Université, revue lancée par Joseph Lotte (1875-1914), professeur au lycée de Coutances.
Le 30 mars, suite aux révélations reçues par Berthe Petit (1870-1943), le Cardinal Mercier (1851-1926), Archevêque de Malines, accorde une indulgence de 100 jours à l'invocation : « Cœur Douloureux et Immaculé de Marie, priez pour nous, qui avons recours à vous ».
Le 8 septembre, après la Sainte Communion, Bethe Petit reçoit une nouvelle communication du Sauveur :

« Le Cœur de ma Mère a droit au titre de Douloureux et Je le veux placé avant celui d’Immaculé parce qu’elle l’a acquis Elle-même. L’Eglise a reconnu en ma Mère ce que Je fis Moi-même : sa conception immaculée. Il faut maintenant, et Je veux, que soit compris et reconnu le droit qu’a ma Mère à un titre de justice, titre que lui ont valu son identification à toutes mes douleurs, ses souffrances, ses sacrifices, son immolation au Calvaire, acceptés dans une pleine correspondance à Ma Grâce et supportés pour le salut de toute l’humanité.
C’est dans cette corédemption que ma Mère fut surtout grande et c’est pourquoi Je demande que l’invocation, telle que Je l’ai dictée, soit approuvée et répandue dans toute l’Eglise, à l’égal de celle adressée à mon Cœur. Elle a déjà obtenu des grâces ; elle en obtiendra encore, en attendant que par la consécration au Cœur Douloureux et Immaculé de ma Mère, l’Eglise soit relevée et le monde renouvelé. »
Berthe Petit – La dévotion au Cœur Douloureux et Immaculé de Marie, R.P.I. Duffner, Dillen & Cie éditeurs, Issoudun, 1950.

Le Congrès Eucharistique international de Madrid approuve l'idée de faire du Temple de Tibidabo à Barcelone le monument national expiatoire de l'Espagne. La même année, la crypte du Temple est inaugurée.
* Début des apparitions du Sacré Cœur à Mgr Vachère de Grateloup, à Mirebeau en Poitou, avec manifestations sanglantes sur des images du Sacré-Cœur et sur des hosties consacrées, provoquant guérisons instantanées et conversions. Ces apparitions se poursuivent jusqu'en 1921, et sont accompagnées de prophéties concernant la guerre de 1914-18.

1912 : Le 6 avril, le campanile de la basilique du Sacré-Cœur étant achevé, a lieu la pose de la croix du lanternon de la flèche conique.

1913 : Fondation de l'hôpital de Lambaréné au Gabon par Albert Schweitzer (1875-1965), médecin et théologien protestant qui recevra le prix Nobel de la paix en 1952. L'hôpital assure aujourd'hui 35.000 consultations par an.
Le 22 décembre, érection par Mgr Gauthey, dans la chapelle des religieuses de N.D. de Charité de Besançon, de la Garde d'Honneur du Cœur Immaculé de Marie.

1914 : Le 23 juillet, Pie X propose sa médiation entre l'Autriche-Hongrie et la Serbie. Il ne pourra empêcher le déclanchement de la guerre.
Le 31 juillet, assassinat de Jean Jaurès par Raoul Villain au Café du Croissant. Le 1° août, l'ordre de mobilisation est lancé. Le 3 août, l'Allemagne déclare la guerre à la France.


Suite...


Le Sacré-Coeur de Jésus - Deux mille ans de Miséricorde
Le Sacré-Coeur de Jésus
Deux mille ans de Miséricorde


Le recueil qui est reproduit dans les pages de ce dossier avait trouvé un éditeur, Téqui, en juin 2008.

Une version considérablement enrichie, et actualisée jusqu'en juin 2019, est disponible à la vente chez le même éditeur depuis le 4 décembre 2019, en ligne sur son site internet ICI.

Merci de faire connaître autour de vous la nouvelle version de ce travail, augmentée de plus de 200 pages par rapport à la première édition.

« Les personnes qui propageront cette dévotion, auront leur nom inscrit dans mon Cœur, et il ne sera jamais effacé. »
(11ème promesse du Sacré-Coeur à sainte Marguerite-Marie)