La dévotion au Sacré-Coeur de Jésus

Chronologie détaillée et textes essentiels




7. Nouvelle expansion - La dévotion au XX° siècle : 1870 à nos jours

1870-1875 - 1876-1893 - 1894-1914 - 1914-1919

1920-1939 - 1939-1967 - 1968-2008

1920 : Le 2 janvier, suite au Vœu de l'Univers catholique formulé le 1° janvier 1917 à Toulouse, pose solennelle de la première pierre de la basilique dédiée au Sacré-Cœur sur le Mont des Oliviers à Jérusalem, par l'archevêque de Rouen Mgr Dubois, en présence de Mgr de Llobet évêque de Gap et de Mgr Grente évêque du Mans, avec l'autorisation du Patriarche de Jérusalem Mgr Barlassina. La basilique est bâtie toute proche du couvent carmélite du Pater et du monastère des Bénédictines de Notre-Dame du Calvaire fondé en 1896. La crypte sera bénie par Mgr Barlassina le 28 septembre 1927, et la première messe célébrée par M. le Chanoine Trilhe, trésorier général de l'Œuvre, en présence de plusieurs dignitaires ecclésiastiques, du consul général de France à Jérusalem et de plusieurs autres notabilités civiles et militaires.
Le 13 mai, Benoît XV canonise Marguerite-Marie Alacoque, et le 16 mai Jeanne d'Arc.
Le 18 mai à Rome, bénédiction de la première pierre de l'église érigée sur l'ancien Champ de Mars, dédiée à la royauté universelle du Sacré-Cœur. Benoît XV a fait un don de 200.000 francs.
Publication de Vers le Roi d'Amour par les Visitandines de Lyon, recueil de prédications du Père Mateo. Repris et complété par celui-ci, l'ouvrage reparaîtra en 1927 sous le titre Jésus Roi d'amour.
Le 16 juillet, Sœur
Josefa Menéndez prend l'habit aux Feuillants, maison de la Société du Sacré-Cœur à Poitiers. Durant trois ans, jusqu'à sa mort le 29 décembre 1923, elle est favorisée de visions et d'un dialogue quotidien avec le Christ, qui la fait participer aux douleurs de sa Passion. Les révélations qu'elle reçoit concernant la Miséricorde divine annoncent celles que sera chargée de propager Sœur Faustine, religieuse polonaise, en 1931.

« - J'irai ainsi consumant ta petitesse et ta misère. J'agirai en toi, Je parlerai par toi, Je Me ferai connaître par toi. Que d'âmes trouveront la vie dans mes Paroles ! Combien reprendront courage en comprenant le fruit de leurs efforts ! Un petit acte de générosité, de patience, de pauvreté… peut devenir un trésor et gagner à mon Cœur un grand nombre d'âmes… Toi, Josefa, tu disparaîtras bientôt, mais mes Paroles demeureront. » (7 août 1922)
« - Mon Cœur n'est pas seulement un Abîme d'Amour : Il est encore un Abîme de Miséricorde. Et connaissant toutes les misères humaines dont les âmes les plus aimées ne sont pas exemptes, J'ai voulu que leurs actions, si petites soient-elles, puissent se revêtir, par Moi, d'une valeur infinie pour le bien de celles qui ont besoin de secours et pour le salut des pécheurs.
Toutes ne peuvent prêcher, ni évangéliser au loin les peuples sauvages, mais toutes, oui toutes, peuvent faire connaître et aimer mon Cœur… toutes peuvent s'aider mutuellement à accroître le nombre des élus en empêchant la perte éternelle de beaucoup d'âmes… et cela, par un effet de mon Amour et de la Miséricorde.
Je dirai à mes Ames comment mon Cœur va plus loin encore : non seulement Il se sert de leur vie ordinaire et de leurs moindres actions, mais Il veut utiliser aussi, pour le bien des âmes, leurs misères... leurs faiblesses… leurs chutes mêmes.
Oui, l'Amour transforme et divinise tout, et la Miséricorde pardonne tout ! » (5 décembre 1922)
« Au cours des siècles, J'ai révélé, de différentes manières, mon Amour pour les hommes : je leur ai montré combien le désir de leur salut Me consume. Je leur ai fait connaître mon Cœur. Cette dévotion a été comme une lumière répandue sur le monde. Elle est aujourd'hui le moyen dont se servent, pour toucher les coeurs, la plupart de ceux qui travaillent à étendre mon Règne.
Je veux maintenant quelque chose de plus, car si Je demande l'amour pour répondre à celui qui Me consume, ce n'est pas le seul retour que Je désire des âmes : Je désire qu'elles croient en ma Miséricorde, qu'elles attendent tout de ma Bonté, qu'elles ne doutent jamais de mon Pardon.
Je suis Dieu, mais Dieu d'Amour ! Je suis Père, mais un Père qui aime avec tendresse et non avec sévérité. Mon Cœur est infiniment saint, mais aussi infiniment sage et, connaissant la misère et la fragilité humaines, Il s'incline vers les pauvres pécheurs avec une Miséricorde infinie.
J'aime les âmes après qu'elles ont commis leur premier péché, si elles viennent Me demander humblement pardon .... Je les aime encore, quand elles ont pleuré leur second péché et, si cela se répète, Je ne dis pas un milliard de fois, mais des millions de milliards, Je les aime et leur pardonne toujours, et Je lave, dans le même sang, le dernier comme le premier péché !
Je ne Me lasse pas des âmes et mon Coeur attend sans cesse qu'elles viennent se réfugier en Lui, et cela d'autant plus, qu'elles sont plus misérables ! Un père n'a t il pas plus de soin de l'enfant malade que de ceux qui se portent bien ? Pour lui, sa sollicitude et ses délicatesses ne sont elles pas plus grandes ? Ainsi, mon Cœur répand Il sur les pécheurs, avec plus de largesse encore que sur les justes, sa Compassion et sa Tendresse.
Voilà ce que Je désire expliquer aux âmes : J'enseignerai aux pécheurs que la Miséricorde de mon Cœur est inépuisable ; aux âmes froides et indifférentes, que mon Cœur est un Feu qui veut les embraser, parce qu'Il les aime ; aux âmes pieuses et bonnes, que mon Cœur est le Chemin pour avancer vers la perfection et arriver en sécurité au terme bienheureux. Enfin, aux âmes qui Me sont consacrées, aux prêtres, aux religieux, à mes Ames choisies et préférées, Je demanderai, une fois de plus, qu'elles Me donnent leur amour et ne doutent pas du Mien, mais surtout qu'elles Me donnent leur confiance et ne doutent pas de ma Miséricorde ! Il est si facile d'attendre tout de mon Coeur. » (11 juin 1923)
« - Je veux pardonner. Je veux régner. Je veux pardonner aux âmes et aux nations. Je veux régner sur les âmes, sur les nations et sur le monde entier. Je veux répandre ma Paix jusqu'aux extrémités du monde, mais d'une manière spéciale, sur cette terre bénie, berceau de la dévotion à mon Cœur. Oui, Je veux être sa Paix, sa Vie, son Roi ! Je suis la Sagesse et le Bonheur, Je suis l'Amour et la Miséricorde, Je suis la Paix, Je régnerai ! Pour effacer son ingratitude, Je répandrai un torrent de Miséricorde. Pour réparer ses offenses, Je prendrai des victimes qui obtiendront le pardon.... Oui, il y a dans le monde beaucoup d'âmes qui désirent Me plaire.... Il y a encore des âmes généreuses qui Me donneront tout ce qu'elles ont, afin que Je Me serve d'elles selon mes Désirs et ma Volonté. Pour régner, Je commencerai par faire Miséricorde, car mon Règne est de Paix et d'Amour : Voilà la fin que Je veux réaliser, voilà mon Œuvre d'Amour! » (12 juin 1923)
« - Aide-Moi, Josefa, aide-Moi à découvrir mon Cœur aux hommes ! Voici que Je viens leur dire qu'en vain cherchent-ils le bonheur en dehors de Moi, ils ne le trouveront pas… Souffre et aime, car nous avons à conquérir des âmes ! » (13 juin 1923)
Sœur Josefa Menéndez, Un appel à l'Amour, Toulouse, Apostolat de la Prière, 1944.


Le 24 octobre, Mgr Larocque bénit la petite chapelle dédiée au Sacré-Cœur bâtie selon les désirs de l'Abbé Joseph-Arthur Laporte (1857-1921), prêtre de la communauté des Clercs de Saint-Viateur, qui a acquis à cette intention des terrains sur la colline de Beauvoir au diocèse de Sherbrooke (province du Québec, au Canada) dès 1915. Une statue du Sacré-Cœur, construite en 1916, a précédé l'érection de la chapelle, attirant les premiers pèlerins. Géré par le clergé séculier de Sherbrooke, puis par les Filles de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus, le Sanctuaire s'agrandira en 1945 d'une nouvelle église, destinée à accueillir les pèlerins de plus en plus nombreux. Le Sanctuaire du Sacré-Cœur de Beauvoir sera confié aux religieux Assomptionnistes de 1948 à 1996, sous la direction du Père Pierre-Célestin Therrien, premier Supérieur. De nombreux travaux seront mis en œuvre au cours de cette période. Depuis l'automne 1996, le Sanctuaire est pris en charge par les Pères Maristes, sous la direction du Père Gilles Chabot, et accueille toujours des milliers de pèlerins chaque année.

1921 : En juin, sur l'impulsion donnée par le Père Félix Anizan (1878-1944) O.M.I., première parution de la revue Regnabit, Revue universelle du Sacré-Cœur, à laquelle vont collaborer jusqu'en 1929 Louis Charbonneau-Lassay (1871-1946), G. de Noaillat, secrétaire du centre de Paray-le-Monial, le Père Augustin Hamon S.J. (1860-1939), dom Demaret (1864-1955) de l'abbaye de Solesmes, le Père Emile Hoffet (1873-1946), le Chanoine Léon Cristiani (1879-1971), etc..

« O Cœur ! qui êtes le centre de l'Univers, le foyer de l'Infini, et notre Rédempteur, ayez pitié de la poussière d'atomes que nous sommes, soyez notre Lumière et notre Vie maintenant et à l'heure où nous entrerons dans la vraie Vie par la porte enténébrée de la Mort. »
Charbonneau-Lassay, cit. in Stefano Salzani et Pier Luigi Zoccatelli, Hermétisme et Emblématique du Christ dans la vie et dans l'œuvre de Louis Charbonneau-Lassay (1871-1946), Milan, Archè, 1996.

Le 7 septembre à Dublin en Irlande, naît autour de Frank Duff la Légion de Marie, mouvement d'apostolat laïc et d'évangélisation qui s'implantera en France en 1940.
Le 9 novembre, Benoît XV accorde par décret la fête et l'Office propres en l'honneur du Cœur Eucharistique de Jésus, à célébrer le vendredi après l'Octave du "Corpus Domini".

« Par ce moyen, l'Eglise veut exciter davantage les fidèles à s'approcher de ce très saint mystère avec confiance, et consumer toujours plus les cœurs des flammes de la charité divine dont brûlait le Sacré-Cœur lorsque, en son amour infini, il institua la sainte Eucharistie où ce même divin Cœur les garde et les aime, en vivant et en demeurant avec eux comme ils vivent et demeurent en Lui : car, dans ce sacrement de la très sainte Eucharistie, Il s'offre et se donne à nous comme victime, comme compagnon, comme viatique et comme gage de la gloire future. »
Benoît XV, Extrait du Décret du 9 novembre 1921.


Le 7 décembre, inauguration de l'Université du Sacré-Cœur à Milan, en présence du cardinal A. Ratti, archevêque de Milan et légat pontifical (futur Pie XI). Cette Université catholique a pu voir le jour grâce à la persévérance et la foi du Père Agostini Gemelli O.F.M., mais aussi grâce à Mgr Fr. Olgiati et à Armida Barelli.

« Le Sacré-Cœur est le véritable Chef de l'Université catholique, c'est à Lui que tous les efforts et toutes les réalités sont consacrés. »
Prospectus de l'Université, in Communità viva, février 1966.

1922 : Le 17 août, alors qu'elle se trouve en convalescence chez les Chanoinesses Augustines Hospitalières de Malestroit, Yvonne-Aimée de Jésus (1901-1951) reçoit du Seigneur l'invocation qui sera adoptée dès le 28 août suivant par l'ensemble de la Communauté :

« Fais et dis-leur de faire beaucoup d'actes d'Amour. Dis soir et matin cette prière : "O Jésus, Roi d'Amour, j'ai confiance en Votre miséricordieuse Bonté". »

Cette invocation sera enrichie d'indulgences par Pie XI le 15 décembre 1933, et adoptée dans de nombreux diocèses. En 1940, Yvonne-Aimée - devenue religieuse de ce monastère en 1927 - crée une image destinée à la répandre et la faire aimer :

« Nous avons représenté Jésus, Enfant et Roi, pour attirer plus facilement les âmes et leur donner confiance et espoir.
Nous avons voulu aussi rappeler que c'est par Son divin Cœur, plein de Miséricorde et d'Amour pour l'humanité, que nous obtiendrons la paix du monde. »
Au service de Jésus Roi d'Amour, Mère Marie Yvonne-Aimée de Jésus, Monastère de Malestroit, 1955.


Mère Yvonne-Aimée vivra à Malestroit jusqu'à sa mort le 3 février 1951 en étroite union avec Jésus, dans une vie de souffrance et d'abandon à Sa volonté, rayonnant pour tous la paix et la joie qui habitent son âme.
Le 3 décembre, comme son prédécesseur Benoît XV le 22 juin 1919, Pie XI, sitôt élu, encourage les Directeurs de l'Apostolat de la Prière dans la mission qu'ils se sont fixés par l'instauration de
L'Œuvre de la Consécration des familles :

« L'Apostolat de la Prière veut faire de la famille un sanctuaire, d'où monte le parfum de la pureté chrétienne, une famille, formée sur le modèle de la famille de Jésus, Marie et Joseph. […]
Quoi de plus encourageant que de voir que l'Apostolat de la Prière a pris comme tâche de consacrer la famille au Sacré-Cœur, pour en faire un petit royaume, qui s'étendra et englobera l'humanité entière ? »

1923 : A la Pentecôte, inauguration de la mosaïque du Christ en Gloire qui orne le chœur de la basilique Montmartre. Le programme de la décoration, commencé en 1911, a été confié à Henri-Marcel Magne, sous la direction de Luc-Olivier Merson (†1920), professeur aux Beaux-Arts, membre de l'Institut et prix de Rome, auquel a succédé son élève Marcel Imbs. La mosaïque de 475 mètres carrés offre une vue d’ensemble de l’histoire de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus en France 

« Que représente-t-elle ?
C’est le Sacré-Cœur de Jésus, glorifié par l’hommage de l’Eglise catholique et de la France.
Au centre, debout, surhumain, bras largement étendus, vêtements drapés à l’antique, le Christ en gloire, d’inspiration byzantine, mais sans dureté ni raideur. Dans un vigoureux relief, on voit sur sa poitrine "ce Cœur qui a tant aimé les hommes".
Tous les personnages gravitent autour de lui. Ils sont de taille différente selon la technique byzantine et suivant la place qu'ils occupent dans la hiérarchie céleste.
A la droite du Sacré-Cœur, la très Sainte Vierge. A gauche, la France en vêtements blancs offre la couronne, entourée de ses anges gardiens : saint Michel et sainte Jeanne d'Arc.
L'hommage de l'Eglise catholique sur la terre se déroule en trois scènes encadrées sous des architectures d'or, aux baies fermées par des tentures. Partant de l'arc triomphal et du côté de l'Evangile, c'est d'abord le pape Clément XIII qui institue la fête du Sacré-Cœur (1765) ; puis c'est Pie IX qui l'étend à l'Eglise universelle (1856) ; enfin, c'est Léon XIII consacrant le genre humain au Sacré-Cœur (1899). Il tend le globe et il est suivi par des personnages symbolisant les cinq parties du monde.
C'est aussi l'hommage de l'Eglise catholique représentée par les saints du ciel. Dominant les coupoles d'or, une ligne décorative bordée de nuages, isole le ciel de la terre. Au-dessous, l'on voit le cortège des bienheureux, qui, dès avant les apparitions de Paray, connurent les tendresses du Sacré-Cœur et se donnèrent sans réserve à ses irrésistibles séductions. C'est, en images, l'exposé historique des origines de la dévotion à travers l'Ecriture et la tradition ; des apôtres : saint Pierre, saint Jean, saint Paul ; des martyrs : saint Ignace d'Antioche avec son lion, sainte Agnès avec son agneau ; saint Augustin, qui représente les docteurs de l'Eglise ; les grands fondateurs d'Ordres : saint Dominique, saint François d'Assise, saint Ignace de Loyola ; les grandes mystiques : sainte Gertrude, sainte Catherine de Sienne, sainte Rose de Lima, sainte Thérèse.
L'hommage de la France catholique occupe toute la voûte du côté de l'Epître. Sous les mêmes compartiments d'or qui les séparent et les équilibrent, trois scènes d'histoire nationale : le vœu de Marseille avec le cardinal Belsunce, durant la peste (1720) ; le vœu du Temple, avec Louis XVI et la famille royale (1792) ; le Vœu national (1871) avec les généraux de Sonis et de Charette portant la bannière du Sacré-Cœur ; les initiateurs du vœu : M. Legentil et M. Rohault de Fleury ; le rapporteur du projet de loi devant l'Assemblée nationale : M. Keller ; les cardinaux de Paris qui ont collaboré à la construction et à l'embellissement de la Basilique.
Au-dessus des scènes terrestres nos "litanies nationales". En tête de ce défilé, les amis de Jésus abordant en France : saint Lazare, sainte Marie-Madeleine avec son vase de parfum, sainte Marthe avec la tarasque enchaînée. Saint Denis, saint Martin, sainte Geneviève, nos ancêtres dans la foi, qui ont baptisé notre nation et l'ont rendue chrétienne. Le moyen âge y est représenté par saint Bernard, qui en fut l'âme et le verbe enflammé, et par saint Louis, le roi chevalier. Saint François de Sales y porte le blason aux armes du Sacré-Cœur qu'il donnait comme armoiries à ses Visitandines. Saint Vincent de Paul y représente les miracles d'une charité qui s'allume toujours au foyer sacré. Sainte Marguerite-Marie, c'est la confidente, c'est l'évangéliste, c'est l'apôtre ! Saint Jean Eudes, qui fit chanter pour la première fois à Montmartre l'office du Sacré-Cœur. La bienheureuse Sophie Barat, qui a tant fait au XIX° siècle pour le rayonnement de la chère dévotion.
Reliant le Sacré-Cœur au grand arc de la voûte, le Père éternel et le saint Esprit, représenté par la colombe symbolique. Au-dessous, courant sur la frise, l'inscription dédicatoire en grandes lettres latines : "Au Sacré-Cœur de Jésus, la France pénitente et consacrée" - la victoire qui a terminé la guerre a fait un devoir d'ajouter : "et reconnaissante".
Le grand arc triomphal en avant de la voûte, très décoré lui aussi, représente en son centre le monogramme du Christ, et des médaillons symboliques de l'Ancien Testament (arche d'alliance, autel des pains de proposition, colombes et cerfs) reliés entre eux par des grappes et des épis eucharistiques.
Une belle image et un grand dogme. C'est l'impression qui se dégage de cette mosaïque. »
Abbé P. Laligant, Montmartre - La Basilique du Vœu national au Sacré-Cœur, Grenoble, Arthaud, 1933.

En octobre, lancement du "Bulletin de la Croisade Eucharistique" des Enfants, mouvement de l'Apostolat de la Prière créé en 1917, avec à sa direction l'Abbé Boudon, prêtre du diocèse de Sées, dans l'Orne. La Croisade Eucharistique groupe alors 1.6000.000 jeunes croisés, de 7 à 14 ans.

1924 : Fondation du journal La Vie catholique par Francisque Gay (1885-1963), qui sera en 1944 l'un des fondateurs du Mouvement Républicain Populaire, regroupant les démocrates-chrétiens au sortir de la deuxième guerre mondiale.
Le 20 octobre, publication d'un décret du gouvernement italien qui reconnaît l'Université du Sacré-Cœur de Milan comme Université libre. Les diplômes qu'elle délivre sont désormais reconnus légaux.

1925 : Le 13 janvier, Mademoiselle Alice Blondiau (1874-1939), qui deviendra en religion Mère Christiane-Marie de la Très Sainte Trinité, arrive à Amiens chez les Religieuses des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie pour y fonder la première communauté de son Œuvre, le Carmel-Zélateur du Sacré-Cœur, qui a vu le jour à Tournai en septembre 1921. De nouvelles religieuses la rejoindront bientôt, dont une ancienne compagne de Sœur Josefa Menéndez, ainsi que de la Sœur Ignace du Divin Cœur (†1947), future Maîtresse des Novices, qui rédigera les Constitutions et composera le Directoire Spirituel. L'Institut sera érigé canoniquement dans le diocèse le 16 mars 1928 par Mgr Lecomte, évêque d'Amiens, et agrégé à l'Ordre des Carmes Déchaussés de Notre-Dame du Mont-Carmel le 15 juillet suivant, avant d'être transféré - à la demande de la fondatrice - à Waterloo, en Belgique, en 1930.

« Chérissez la devise que l'on met en tête de vos Constitutions : "IL FAUT QU'IL REGNE". Il faut que le Sauveur règne d'abord entièrement sur vos cœurs ; que sur vous, du moins, Il exerce tous ses droits ; que de vous Il reçoive ses plus douces consolations ! […]
Appliquez-vous de tout cœur, à vivre unies à Lui, à vous revêtir de Lui, à continuer sa divine louange, et le but secondaire de votre vie religieuse se fera pour ainsi dire tout seul. Naturellement et sans effort, vous embraserez alors les âmes qui travailleront ensuite avec vous au Règne Social du Sacré-Cœur. Vous avez ces pensées écrites en toutes lettres dans l'exposé de la notice que déjà vous avez souvent médité. Nous y lisons :
"Leur apostolat ne sera que l'écoulement de la vie du dedans, le débordement à l'extérieur de la plénitude intérieure que ne peut manquer de donner une vie religieuse telle que la leur, par l'union directe, intense et profonde avec Dieu."
"En un mot", y lisons-nous encore, "elles vivront per Ipsum, cum Ipso, et in Ipso, à la gloire de Dieu pour le salut du monde et au salut du monde pour la gloire de Dieu. Car tout s'enchaîne dans la vie du Christ et dans la leur qui n'en est que le prolongement".
Et enfin : "leur vie doit être un tout parfaitement homogène, débordant d'onction, de recueillement, d'esprit surnaturel, de doctrine et de liturgie, le but principal et le but spécial ne faisant qu'un et se résumant en ces mots : "La gloire de Dieu par l'union au Sacré-Cœur".
Ma Révérende Mère et mes biens chères Sœurs : que le divin Maître, que la Vierge de la Salette qui vous a souri au début de l'œuvre, que tous les saints de l'Ordre du Carmel, que Votre bénédiction, Monseigneur, fassent descendre en abondance les faveurs célestes sur le nouveau Carmel, pour qu'il prospère et grandisse et réalise son but de faire triompher le Sacré-Cœur, car, "IL FAUT QU'IL REGNE" ! »
Profession de la Mère Fondatrice, 3 janvier 1928, in Victor Hostachy, Les Heures d'une Vie prodigieuse - Mademoiselle Blondiau, Fondatrice du Carmel-Zélateur du Sacré-Cœur, Walhain-Saint-Paul, Monastère du Carmel-Zélateur du S.-C., 1950.

Le 22 janvier, première réunion de la Société fondée par les principaux collaborateurs de la revue Regnabit (cf. juin 1921) : la Société du Rayonnement Intellectuel du Sacré-Cœur.

« La Société du Rayonnement Intellectuel du Sacré-Cœur ne veut pas être une œuvre de piété. Elle veut être un organe de conquête. [...] Après Bossuet qui voyait dans le Cœur du Christ "l'abrégé de tous les mystères du christianisme" [...] nous pensons que la Révélation du Sacré-Cœur est toute l'idée chrétienne manifestée en son point essentiel, et sous l'aspect qui est le plus capable de saisir la pensée humaine. [...] Cette Révélation s'adresse à l'esprit, pour le mettre ou pour le remettre dans le sens de l'Evangile. Puisque le symbole est essentiellement une aide à la pensée - puisqu'il la fixe et puisqu'il l'entraîne - c'est à la pensée que s'adresse le Christ en se montrant dans un symbole réel qui, même aux peuples antiques, est apparu comme une source d'inspiration, comme un foyer de lumière. »
Regnabit n°8, janvier 1926, "Aux écrivains et aux artistes", extraits, pp. 102-104.

Le 21 mai, Pie XI canonise Thérèse de Lisieux, et le 31 mai, Jean-Marie Vianney, curé d'Ars, et Jean Eudes, dont la Bulle de canonisation reconnaît le rôle primordial dans l'extension de la dévotion au divin Cœur de Jésus.

« En plusieurs endroits furent institués par lui des Confréries des S.S. Cœurs, que Clément X, notre prédécesseur d'illustre mémoire, enrichit d'indulgences. De plus, il fonda beaucoup d'autres œuvres de piété et de charité, par lesquelles il acquit une grande estime des évêques et du peuple. De même, il écrivit excellemment plusieurs livres sur la vie chrétienne et sacerdotale et traita fort bien des questions liturgiques. Mais son zèle extraordinaire brilla en ce qu'il propagea la dévotion salutaire aux S.S. Cœurs de jésus et de marie, dont il songea le premier de tous à établir le culte liturgique, non sans quelqu'inspiration divine ; car, après avoir institué une Société de prêtres séculiers, à savoir la Congrégation de Jésus et Marie, il lui découvrit son intention de célébrer solennellement chaque année une double fête de ces Cœurs sacrés. A cette fin, il écrivit un Office et une Messe en l'honneur du saint Cœur de la Mère de Dieu et, le 8 février 1648, Jean accomplit pour la première cette cérémonie sacrée, au cours d'une mission, dans l'église de la cathédrale d'Autun, avec l'approbation de l'évêque. Or, en composant l'Office dont il s'agit, il ne visa pas seulement les louanges du Cœur de la Vierge Marie, mais aussi celles du sacré Cœur de Jésus, à tel point que cette fête pourrait être appelée la fête de l'un et l'autre Cœur. L'évêque d'Autun introduisit aussitôt cette fête dans son diocèse et plusieurs Prélats de France suivirent son exemple avec allégresse ; même le Cardinal de Vendôme, légat a latere de notre prédécesseur d'illustre mémoire Clément IX, confirma cette dévotion de son autorité. Le zèle de Jean pour ces Sacrés Cœurs atteignit son apogée lorsqu'en 1670, après avoir fait une mission et fondé un séminaire dans la ville de Rennes, il put célébrer dans ce séminaire la première fête du Sacré-Cœur de Jésus, avec l'approbation de l'évêque diocésain ; beaucoup d'évêques voulurent bien donner pareille approbation ; et, deux ans plus tard, le pieux législateur ordonna expressément que dans toutes les maisons de sa Congrégation la fête qu'on vient de rappeler fût célébrée comme patronale. Aussi Pie IX, notre prédécesseur d'illustre mémoire, sanctionna de son autorité les deux fêtes célébrées dans la famille eudiste aux jours convenus, à savoir le 8 février pour la fête du Très saint Cœur de Marie et le 20 octobre pour la commémoration du Divin Cœur de Jésus. Ce qui fut ainsi fait pour l'extension d'un tel culte par un si grand Père, Docteur et Apôtre, excita de la part des jansénistes une animosité implacable, dont il subit de multiples afflictions, qu'il endura avec un invincible courage pour l'amour de Dieu et le salut des âmes. »
Extrait de la Bulle de canonisation de Pie XI, in Regnabit n°12, 7° année, mai 1928.

Le 14 juin, béatification de Bernadette Soubirous.
Sur l'instigation du Père Marie-Clément Staub A.A. (†1936), un Sanctuaire dédié au Sacré-Cœur est érigé à Sillery, au Québec (Canada). Lié au "Montmartre" fondé par les Augustins de l'Assomption en 1917, le Sanctuaire devient le centre de l'Archiconfrérie de Prière et de Pénitence au Canada. Le Montmartre Canadien est un lieu de pèlerinage et un lieu d'adoration, affilié au Montmartre de Paris depuis 1953. Une revue, L'Appel du Sacré-Cœur, est éditée depuis 1948.
Le 11 décembre, publication de l'Encyclique
Quas Primas de Pie XI, qui institue la fête du Christ-Roi. Il demande que le renouvellement de la consécration du genre humain au Sacré-Cœur soit effectué également en ce même jour.

« En vertu de notre autorité apostolique, nous instituons la fête du Christ-Roi. Et nous ordonnons qu'elle soit célébrée le dernier dimanche d'octobre, dimanche qui précède immédiatement la fête de tous les saints. Nous ordonnons également que soit renouvelée chaque année et ce même jour de la fête du Christ-Roi la consécration du genre humain au Sacré-Cœur, dont notre prédécesseur de sainte mémoire Pie X avait déjà ordonné le renouvellement annuel. Cette année, et cette année seulement, la consécration susdite sera faite le trente et un décembre. Nous-même célébrerons, ce jour-là, pontificalement, en l'honneur de la royauté du Christ, et la consécration du genre humain au Sacré-Cœur sera lue en notre présence. Nous avons pensé que nous ne pourrions jamais mieux terminer plus heureusement l'Année Sainte ni exprimer plus éloquemment notre reconnaissance au Christ, Roi immortel des siècles ; et dans ces actions de grâces, nous voulons interpréter aussi toute la reconnaissance du monde catholique pour les bienfaits qui ont été accordés durant cette année de grâce et à nous-même, et à l'Eglise et à tous les fidèles. »
Pie XI, extrait de l'Encyclique Quas Primas, 11 décembre 1925.

1926 : Du 20 au 23 mai, le 1° Congrès National de la Royauté de Jésus-Christ se tient à Milan (Italie).
Le 20 décembre, Pie XI condamne l'Action française, mouvement nationaliste et royaliste né en France en 1905 autour de Charles Maurras (1868-1952).

1927 : En janvier, publication de Primauté du spirituel de Jacques Maritain (1882-1973), dans lequel l'auteur critique l'idéal de la Cité païenne.
L'Abbé Georges Guérin (1891-1972) crée en France la JOC, Jeunesse Ouvrière Chrétienne. Le mouvement a été initié en Belgique en 1925 par l'Abbé Joseph Cardijn (1882-1967), il compte aujourd'hui 20.000 militants.
Le 8 mars, Charles Lindbergh réalise la première liaison aérienne New-York Paris sur le Spirit of Saint-Louis.
Pie XI proclame sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus (1873-1897, canonisée en 1925) "Patronne des Missions", à l'égal de saint François-Xavier. Dans les lettres qu'elle adressait à ses deux frères missionnaires, le Père Adolphe Roulland et l'Abbé Bellière, sainte Thérèse parle à plusieurs reprise de l'infinie miséricorde du Christ.

« Vous aimez saint Augustin, sainte Madeleine, ces âmes auxquelles "Beaucoup de péchés ont été remis parce qu'elles ont beaucoup aimé". Moi aussi je les aime, j'aime leur repentir, et surtout… leur amoureuse audace ! Lorsque je vois Madeleine s'avancer devant les nombreux convives, arroser de ses larmes les pieds de son Maître adoré, qu'elle touche pour la première fois, je sens que son cœur a compris les abîmes d'amour et de miséricorde du Cœur de Jésus, et que toute pécheresse qu'elle est, ce Cœur d'amour est non seulement disposé à lui pardonner, mais encore à lui prodiguer les bienfaits de son intimité divine, à l'élever jusqu'aux plus hauts sommets de la contemplation.
Ah ! mon cher petit Frère, depuis qu'il m'a été donné de comprendre aussi l'amour du Cœur de Jésus, je vous avoue qu'il a chassé de mon cœur toute crainte. Le souvenir de mes fautes m'humilie, me porte à ne jamais m'appuyer sur ma force qui n'est que faiblesse, mais plus encore ce souvenir me parle de miséricorde et d'amour.
Comment lorsqu'on jette ses fautes avec une confiance toute filiale dans le brasier dévorant de l'Amour, comment ne seraient-elles pas consumées sans retour ? »
Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, extrait d'une Lettre à l'Abbé Bellière, 21 juin 1897 (LT 247).

En mars, le Père Mateo, pour introduire dans les familles la pratique de l'adoration perpétuelle qui est assurée par les membres de la Congrégation des Sacrés-Cœurs, propose aux participants de l'Heure Sainte de se partager en famille, une fois par mois, les heures de la nuit, pour prendre la garde devant l'image du Sacré-Cœur : c'est l'Adoration nocturne au foyer. Les adhésions affluent par milliers.

« Est-ce trop exiger en demandant une heure d'adoration nocturne par mois et sans sortir du foyer, quand des milliers et des milliers de personnes passent des nuits entières, perdent leur conscience et leur santé dans des exagérations mondaines, la plupart du temps dangereuses, coupables même. Le péché aurait droit acquis et non la réparation d'amour ? Judas peut veiller pour trahir et il trouve des complices qui veilleront avec lui, et les apôtres et les amis seront-ils toujours accablés de sommeil ?
Je lance l'idée comme un dard de feu qui a jailli, non pas de mon pauvre cœur, mais de celui du Roi lui-même. Et maintenant Lui et moi nous attendons, chères Béthanies, votre réponse. »
Père Mateo, mars 1927, in P. Marcel Bocquet, Père Mateo apôtre mondial du Sacré-Cœur, Paris, Téqui, 1963.

En octobre, il propose à ces mêmes familles d'assurer l'adoration non plus seulement une nuit par mois, mais toutes les nuits du mois. En un an, il recueille 24.000 adhésions. Trois ans après, ce nombre est monté à 125.000, dans seize pays. Dès 1959, les adorateurs approcheront le million : 300.000 aux Etats-Unis, 189.000 en Inde, 135.000 en Irlande, 60.000 en Italie, 49.000 en Espagne… Ils sont aujourd'hui environ 700.000 répartis à travers le monde.

« Voilà une belle œuvre qui réalise ma pensée, c'est la réalisation de mon Encyclique.»
Pie XI au Père Mateo, 20 décembre 1928, cité in G. de Becker, Lexique du Sacré Cœur, Paris, Téqui, 1975.

1928 : Le 8 mai, publication de l'Encyclique Miserentissimus Redemptor de Pie XI, qui insiste sur les devoirs de réparation envers le Sacré-Cœur. Il joint à l'Encyclique un Acte de Réparation, que nous reproduisons au chapitre des Prières et Litanies.

« Alors que se répandait sournoisement l'hérésie ruineuse entre toutes, ce Jansénisme qui, contraire à l'amour et à la piété envers Dieu, le représentait, non pas comme un Père à aimer, mais comme un juge implacable à redouter, le très bon Jésus montra son Cœur Sacré comme un emblème de paix et de charité offert au regard des nations. C'était présager une victoire certaine. (5) […]
Parmi toutes ces pratiques du culte du Sacré-Cœur, se remarque et mérite d'être signalée la pieuse consécration par laquelle, rendant ainsi à l'éternel amour de Dieu tout ce que nous avons reçu de lui, nous nous vouons, nous et tout ce qui nous appartient, au divin Cœur de Jésus. (8) […]
Si la consécration, en effet, a pour but premier et principal qu'à l'amour du Créateur réponde l'amour de la créature, un autre devoir s'ensuit de lui-même, qui est d'offrir à ce même amour incréé une compensation pour l'indifférence, les oublis, les offenses et les injures de tout genre qui peuvent lui être faites. Cette dette est ce qu'on appelle couramment le devoir de réparation. (11) […]
Toute âme aimant Dieu avec ferveur, quand elle jette un regard sur le passé, peut voir et contempler dans ses méditations le Christ travaillant pour l'homme, affligé, souffrant les plus dures épreuves, "propter nos homines et propter nostram salutem, pour nous autres hommes et pour notre salut", presque abattu par la tristesse, l'angoisse et les opprobres, bien plus, "attritum propter scelera nostra, broyé sous le poids de nos forfaits" (Is. LIII,5), mais nous guérissant par ses meurtrissures. Tout cela, les âmes pieuses ont d'autant plus de raison de le méditer que ce sont les péchés et les crimes des hommes commis en n'importe quel temps qui ont causé la mort du Fils de Dieu ; ces mêmes fautes, maintenant encore, sont de nature à causer la mort du Christ, dans les mêmes douleurs et les mêmes afflictions, puisque chacune d'elles est censée renouveler à sa manière la Passion du Seigneur : "Rursus crucifigentes sibimetipsis Filium Dei et ostentui habentes. Crucifiant de nouveau pour leur part le Fils de Dieu et le livrant à l'ignominie" (Hebr. VI,6.) Que si, à cause de nos péchés futurs, mais prévus, l'âme du Christ devint triste jusqu'à la mort, elle a, sans nul doute, recueilli quelques consolation, par prévision aussi, de nos actes de réparation alors "qu'un Ange venant du ciel lui apparut, apparuit illi Angelus de coelo" (Luc. XXII,43), pour consoler son cœur accablé de dégoût et d'angoisse. (25)
Ainsi donc, ce Cœur sacré incessamment blessé par les péchés des ingrats, nous pouvons maintenant et même nous devons le consoler d'une manière mystérieuse mais cependant réelle, d'autant que le Christ lui-même se plaint, par la bouche du Psalmiste, ainsi que la liturgie sacrée le rappelle, d'être abandonné de ses amis :"Mon cœur a supporté l'opprobre et la misère ; j'ai espéré que quelqu'un s'affligerait avec moi, et il n'est point venu ; que quelqu'un me consolerait, et je ne l'ai point trouvé. Improperium exspectavit Cor meum et miseriam, et sustinui qui simul contrisiaretur et non fuit, et qui consolaretur et non inveni". (Ps. LXIII,21.) (26) […]
Par ces motifs, Nous décrétons et ordonnons que chaque année, en la fête du Sacré-Cœur de Jésus, qu'à cette occasion Nous décidons d'élever au rang de double de première classe avec octave, dans toutes les églises du monde entier, soit solennellement récitée à notre si aimant Sauveur, dans les termes de la formule jointe à cette lettre, une même protestation ou amende honorable, où un parfait hommage sera rendu aux droits violés de notre Roi et de notre Seigneur très aimant. (34) […]
Notre souhait le plus vif et Notre espoir le plus ferme, c'est que la Justice de Dieu, qui eût, dans sa miséricorde, pardonné à Sodome pour dix justes, pardonne plus volontiers encore au genre humain, parce que la communauté chrétienne tout entière, de tout lieu et de toute race, aura offert ses instantes supplications et ses réparations efficaces, en union avec le Christ, son Médiateur et Chef. (35) »
Pie XI, extraits de l'Encyclique Miserentissimus Redemptor, 8 mai 1928.

Publication de Le Livre de l'Amour infini de Mère Claret de La Touche.

« Le Sacré-Cœur, c'est Dieu fait homme ; c'est Jésus-Christ humilié, livré, crucifié, expirant ; c'est Jésus-Christ Eucharistie, ineffable hostie d'amour, Jésus immolé sur l'autel, prisonnier du tabernacle… Dieu est tout entier expliqué par le mot Charitas, car l'amour explique tout, quoiqu'il soit lui-même inexplicable. Jésus, lui, est tout entier expliqué par ce nom : le Sacré-Cœur. Son dévouement sublime, sa bonté, sa miséricorde, toutes ses divines vertus, son sacrifice, sa mort, tout cela, son amour l'explique. Le Sacré-Cœur, c'est la Charité divine incarnée, l'Amour infini humanisé, c'est le Charitas de saint Jean passé dans un cœur de chair. »
Louise-Marguerite Claret de La Touche, in Ch. V. Héris, Dans la lumière de l'amour infini - Louise-Marguerite Claret de La Touche, Paris, Ed. du Cerf, 1964.

« O Christ-Amour ! vivifiez le cœur de vos prêtres par votre Cœur, réchauffez leur amour par le vôtre ! Qu'ils vivent entièrement de Vous : leur chair de votre Chair très pure, leur intelligence de votre Intelligence divine, leur cœur de votre Cœur très ardent et très doux. Jésus, le monde a tant besoin d'amour ! il a tant besoin de lumière ! Versez-lui la lumière, versez-lui l'amour par vos prêtres, et en eux vivez toujours plus. Vivez dans votre Sacerdoce ; parlez, agissez, pensez, aimez en lui et par lui. »
Louise-Marguerite Claret de La Touche, Le Livre de l'Amour infini.

Publication du Précis de Vérités Premières sur le Rayonnement du Sacré-Cœur dans la Pensée humaine du Père Félix Anizan (1878-1944) O.M.I..

« Unis sous le signe du Cœur vivant, nous voulons travailler à son Epiphanie sur la pensée humaine.
Tâche commune qui exige l'effort de chacun.
Nous voulons orienter vers le Cœur du Christ la pensée des hommes. Fixons d'abord sur le Centre rayonnant nos propres yeux, pour les disposer aux visions compréhensives et harmoniques.
Nous voulons transmettre à nos frères le reflet de l'étoile. Que d'abord son rayon pénètre profondément en nous.
Nous voulons former dans l'humanité un tour d'esprit qui l'établisse dans une lumière pacifiante et féconde. Commençons par prendre nous-mêmes l'attitude que nous voulons déterminer.
Le quelque chose que nous tiendrons du Cœur qui rayonne, et qui s'unira en nous à tous les éléments de notre intellectualité, ce quelque chose qui passera dans notre œuvre et que notre œuvre portera elle-même à l'humanité, ce quelque chose-là sera le rayonnement du Cœur du Christ en nous et par nous.
Mais pareil rayonnement exige plus que l'action de l'homme. Il suppose l'action de Dieu.
Heureuses les âmes qui, donnant tout leur effort de pensée, donneront aussi tout leur effort de purification et d'ascension, pour recevoir plus abondant, du Cœur qui en est le foyer, le don de la Sagesse.
Et bénies soient celles qui, par l'immolation même de leur vie, prépareront un jaillissement plus complet de la lumière.
Le cœur qu'ouvrit la lance avide projettera ses rayons sur leur douloureux sacrifice qu'elles poursuivront dans la joie.
Chacun de ces immolés, de ces orants, de ces travailleurs, contribuera pour sa part au rayonnement du Cœur divin :
Simple vibration lumineuse et part infime, mais part agissante, de la colonne de feu qui guidera l'humanité dans le désert par où elle cherche la Terre de la Promesse. »
Félix Anizan, Précis de Vérités Premières sur le Rayonnement du Sacré-Cœur dans la Pensée humaine, XXVII, Paris, Lethielleux, 1928.

Erection du Sacré-Cœur de Balata, copie à échelle réduite du Sacré-Cœur de Montmartre, à proximité de Fort-de-France en Martinique.
Le 2 octobre, Josémaria Escriva de Balaguer (1902-1975, béatifié le 17 mai 1992) reçoit une inspiration du Seigneur au cours d'exercices spirituels qu'il suit à la maison centrale des missionnaires de saint Vincent de Paul, à Madrid : c'est le point de départ de la Prélature de la Sainte Croix et Opus Dei, dont la mission est de promouvoir parmi les fidèles chrétiens de toute condition une vie au milieu du monde pleinement cohérente avec la foi et de contribuer ainsi à l'évangélisation de tous les milieux de la société. L'Opus Dei sera approuvé le 24 février 1947 par le Saint-Siège, qui l'érigera en Institut séculier, puis définitivement par Pie XII le 16 juin 1950.

1929 : Le 29 janvier, Pie XI rend la fête du Sacré-Cœur "Fête primaire de l'Eglise universelle" - la plaçant ainsi sur le même rang que les fêtes fériées, et l'élève au rang de double de première classe, avec Octave privilégiée de 3° ordre, au même rang que l'octave de Noël et de l'Ascension. Cette décision est mentionnée au 6 février dans les Acta Apostolicae Sedis. Sur son ordre, une messe et un office nouveaux sont composés, auxquels il tient à travailler lui-même.
Le 11 février, signature des accords de Latran, qui instituent l'Etat de la cité du Vatican.
Le 16 juin, béatification du Père Claude de La Colombière.

« Il a été divinement pourvu à ce que les honneurs des autels fussent décernés au vénérable serviteur de Dieu Claude de La Colombière, qui fut un témoin et propagateur éminent du culte du Sacré-Cœur de Jésus, à cette époque où l'univers catholique se réjouit et exulte d'allégresse, parce que la célébration de ce culte a pris de merveilleux développements. […] Donné comme directeur à la sainte et virginale religieuse Marguerite-Marie Alacoque, il la conduisit d'une façon si juste et pieuse, - tout spécialement en la soutenant et justifiant dans sa dévotion au très auguste Cœur de Jésus qui, à son origine, rencontra beaucoup de contradicteurs, - qu'il a mérité d'être compté parmi les principaux hérauts et apôtres insignes de ce culte. »
Extrait du Décret de tuto du 7 juin 1929, pour la béatification de Claude de La Colombière.

Le Rayonnement Intellectuel prend le relais de Regnabit, fondé en 1921 sous les auspices du Père Félix Anizan (1878-1944) O.M.I.. Au sein de cette nouvelle association, Louis Charbonneau-Lassay (1871-1946) poursuit son active collaboration au journal qui paraîtra jusqu'en 1939.

« Les convictions qui nous animent :
C'est : 1) que la conquête de la pensée humaine est - soit pour, soit contre Jésus-Christ - d'importance essentielle ;
Et 2) que pour conquérir au Christ la pensée humaine, la manifestation du Sacré-Cœur a une valeur intellectuelle très importante qu'il faut utiliser.
Ce que nous voulons :
Le mal essentiel, c'est que la pensée se déchristianise. Ce que nous voulons, c'est conquérir au Christ la pensée humaine, en présentant aux intelligences tout l'ordre surnaturel, tout l'ordre humain dans la lumière de l'amour évangélique.
Pourquoi nous le voulons :
1° Parce que telle est la volonté du Christ qui, en montrant son Cœur, veut fixer sur son Amour toute la pensée des hommes, pour leur apprendre à s'entr'aider.
2° Parce que cet effort est éminemment humain. A notre époque de discordes, rien de plus pacifiant que de rappeler aux hommes cet Amour qui est pour beaucoup la consolation unique, qui est pour tous la leçon nécessaire.
Comment nous atteindrons notre but :
Par des publications, des conférences, des séances théâtrales, des auditions musicales, des expositions d'art, des émissions de radio, etc., qui, s'inspirant de nos directives, seront aptes à atteindre notre but. »

Marc Sangnier (1873-1950) fonde la Ligue française des auberges de la jeunesse.

1930 : Pie XI charge le cardinal Verdier et Mgr Courbe de mettre en place l'ACF, l'Action catholique française, dont les statuts seront approuvés l'année suivante par l'épiscopat français.
Le pasteur D.-R. Scott fonde au Havre la première communauté pentecôtiste française.
* Marie-Octavie Mastis, dite Filiola, alors qu'elle admire en l'église Saint-Saturnin de Nogent-sur-Marne un tableau représentant l'apparition du Christ à Marguerite-Marie, entend Notre-Seigneur lui parler, et se retrouve à genoux. C'est le début de sa conversion, et de plus de quarante années de dialogue avec Celui qui lui demande de s'offrir "comme victime de réparation pour l'Eglise souffrante et ses membres".

« - Mon Jésus, la prière est donc si grande puissance ?
- Oui, ma fille.
- Et, mon Jésus, comment prier ?
- Par le Cœur de Jésus et par le Cœur immaculé de Marie. C'est l'arme la plus puissante pour repousser le Mal. On ne prie pas assez… C'est loin d'être assez ! »
Filiola, extrait du Journal spirituel, 5.2.1974, in Chemin de Lumière, Paris, Téqui, 1975

« - O Jésus, dis-moi ce qui console le plus ton Cœur ?
- Ma petite fille, M'aimer. Seulement m'aimer !…
- Et, mon Jésus, qu'est-ce qu'il faut faire pour T'aimer, seulement T'aimer ?…
- Ma petite fille, ne pas Me quitter. Ne vouloir voir que Moi, et tout par Moi, qui ne suis que Amour… Mon Cœur n'est pas aimé, on n'y pense pas. On oublie mon Cœur, qui n'est que Amour, et qui désire tant être aimé, se donner. On passe sans Me regarder. Mon Cœur saigne de douleur… Je ne suis pas aimé. »
Filiola, extrait du Journal spirituel, 29.4.1972, in Chemin de Lumière, Paris, Téqui, 1975.


Le 22 mai, à l'occasion du centenaire de l'Archiconfrérie, une Heure Sainte est présidée par Pie XI à Saint-Pierre de Rome, en présence de nombreux représentants du corps diplomatique, et d'une foule évaluée à 50.000 personnes. Le pape a demandé expressément que cet anniversaire soit célébré solennellement dans le monde entier.
Le 21 juillet, érection canonique de la Congrégation des Serviteurs de Jésus et Marie fondée à la demande de la Vierge par le Père Jean-Edouard Lamy (1853-1931, prêtre de la Courneuve de 1900 à 1923 et favorisé de visions depuis 1909), vouée à l'évangélisation de la jeunesse et des pauvres. La Congrégation est à l'origine des Points-Cœurs fondés en 1990 par le P. Thierry de Roucy, Supérieur des S.J.M., foyers de prière et d'accueil des enfants et des jeunes en difficulté.

1931 : Le 22 février, au monastère de Plock en Pologne, Sœur Faustine, née Hélène Kowalska (1905-1938), reçoit du Christ la mission de faire connaître davantage au monde la Miséricorde divine, en particulier par le moyen d'une icône qu'elle fera peindre et qui le représente tel qu'Il lui est apparu, la main droite levée, montrant son Cœur d'où coulent en faisceaux de rayons rouges et bleus, du sang et de l'eau, vie et justification des âmes. Le 5 octobre 1954, l'épiscopat polonais autorisera une seule représentation du "Christ miséricordieux", celle du peintre Ludomir Slendzinski, conforme au prototype peint à Wilno par Eugène Kazmierowski en 1934, et sous réserve "de ne pas la mettre en relation avec les révélations de sœur Faustine jusqu'au jour de leur approbation par le Saint-Siège". Sœur Faustine, béatifiée le 18 avril 1993, a été canonisée le 30 avril 2000 par Jean-Paul II. Une mère de famille italienne, "Maman Carmela" (1910-1978), poursuivra la diffusion du message miséricordieux du Christ à partir de 1968.

« Un soir, alors que j'étais dans ma cellule, je vis Jésus vêtu d'une tunique blanche, une main levée pour bénir, la seconde touchait son vêtement sur la poitrine. De la tunique entrouverte sur la poitrine sortaient deux grands rayons, l'un rouge, l'autre pâle. En silence, je fixais mon regard sur le Seigneur, mon âme était saisie de crainte, mais aussi d'une grande joie. Après un moment Jésus me dit : "Peins un tableau selon l'image que tu vois, avec l'inscription : "Jésus, j'ai confiance en Toi !" Je désire qu'on honore cette image, d'abord dans votre chapelle, puis dans le monde entier. Je promets que l'âme qui honorera cette image ne sera pas perdue. Je lui promets aussi la victoire sur ses ennemis dès ici-bas, et spécialement à l'heure de la mort. Moi-même, je la défendrai, comme ma propre gloire."
"Je désire qu'il y ait une fête de la Miséricorde. Je veux que cette image que tu peindras avec un pinceau, soit solennellement bénie, le premier dimanche après Pâques : ce dimanche doit être la fête de la Miséricorde". »
Journal de Sœur Faustine, messages du 22 février 1931, in Petit Journal (47-49), Paris, Parole et Dialogue, 2002.

« Je veux que les prêtres proclament ma très grande Miséricorde. Je veux que les pécheurs m'approchent sans crainte d'aucune sorte ! L'âme fût-elle comme un cadavre en pleine putréfaction, n'y eût-il plus, humainement, aucun remède, il n'en est pas ainsi devant Dieu ! Les flammes de ma Miséricorde me consument. Je suis pressé de les déverser sur les âmes.
Je suis tout Amour et toute Miséricorde. Une âme qui se fit à moi est bienheureuse, car moi-même je prends soin d'elle.
Aucun péché, fût-il un abîme d'abjection, n'épuisera ma Miséricorde, car plus on y puise et plus elle augmente. […]
Ma fille, ne cesse pas de le proclamer ! Console mon Cœur qui se consume de pitié pour les pécheurs. Dis aux prêtres que les pécheurs les plus endurcis seront broyés par leurs paroles, s'ils prêchent ma Miséricorde inépuisable. Dis aux prêtres qui se feront apôtres de ma Miséricorde que je donnerai à leurs paroles une vertu et une onction irrésistibles… »
Journal de Sœur Faustine, extraits des messages, in Maria Winowska, L'Icône du Christ miséricordieux, Paris - Fribourg, Ed. Saint-Paul, 1973.

Inauguration de la statue du Christ Roi du sculpteur français Paul Landowski (1875-1961), érigée au sommet du pic du Corcovado, à Rio de Janeiro au Brésil.
Le 14 avril, première émission publique mondiale de télévision réalisée par René Barthélémy dans l'amphithéâtre de l'Ecole Supérieure d'électricité de Malakoff.
Le 15 mai, publication de l'Encyclique Quadragesimo anno de Pie XI, sur la restauration de l'ordre social.
Le 28 août, à Paray-le-Monial, consécration solennelle des prêtres de France au Sacré-Cœur.

1932 : Le 3 mai, publication de l'Encyclique Caritate Christi compulsi de Pie XI, sur la prière et la réparation à offrir au Sacré-Cœur dans les épreuves actuelles de l'humanité.

« … Que les fidèles répandent dans ce Cœur miséricordieux, qui a connu toutes les peines du cœur humain, l'abondance de leurs douleurs, la fermeté de leur foi, la confiance de leur espérance, l'ardeur de leur charité. Qu'ils le prient, en recourant à la puissante intercession de Marie, médiatrice de toutes les grâces, pour eux et pour leurs familles, pour leur patrie, pour l'Eglise ; qu'ils le prient pour le Vicaire du Christ et pour les autres pasteurs, qui partagent avec lui le poids redoutable du gouvernement des âmes ; qu'ils le prient pour leurs frères dans la foi, pour leurs frères qui sont encore dans l'erreur, pour les incrédules, pour les infidèles, pour les ennemis mêmes de Dieu et de l'Eglise, afin qu'ils se convertissent. (31) […]
Le divin Cœur de Jésus écoutera certainement avec faveur les supplications de son Eglise, et dira à son Epouse, qui gémit dans sa tristesse à cause de tant de douleurs et de soucis : "Votre foi est grande ; qu'il vous soit fait selon votre désir !" (Mt, XV, 28). 34) »
Pie XI, extraits de l'Encyclique Caritate Christi du 3 mai 1932.

Le 6 août, Pie XI publie les lettres apostoliques Apostolatus Orationis, qui deviennent la charte eucharistique de l'Apostolat de la Prière.

« L'Apostolat de la Prière est une ligue dirigée par les Pères de la très méritante Compagnie de Jésus, qui a son centre principal dans cette bien aimée ville de Rome, auprès du Préposé Général de la même Compagnie lequel est aussi Directeur Général du même Apostolat. Depuis ses origines, cette œuvre féconde n'a cessé de produire abondamment des fruits spirituels parmi les fidèles de toute condition qui sont ses Associés ; la fonction apostolique que Nous remplissons sur la terre, Nous faisant un devoir pressant de Nous intéresser sans cesse à ces organisations qui font progresser le christianisme, Nous avons à très bon droit entouré de Notre particulière bienveillance l'Apostolat de la Prière.
Pour le moment, Notre regard se porte particulièrement sur la Croisade Eucharistique, comme on l'appelle, laquelle, née de l'Apostolat de la Prière, toute pénétrée de son esprit et enflammée du même zèle pour la foi, en est la parfaite expression. Formée des associés de l'Apostolat qui en sont comme les soldats d'élite, la Croisade Eucharistique travaille allègrement à l'extension du règne de Jésus-Christ ; ses soldats pour être forts se nourrissent du pain eucharistique qu'avec une foi entière ils adorent et qu'ils mangent avec un ardent amour. Aussi avons-nous appris avec joie que le nombre des membres de cette Croisade Eucharistique s'accroissait de jour en jour merveilleusement au point qu'il y a déjà maintenant, dans l'univers entier, 2.500.000 croisés.
Il n'est donc pas étonnant que Nous voulions aux faveurs passées dont Nous avons honoré cette Association, ajouter aujourd'hui une preuve nouvelle et signalée de Notre bienveillance en confirmant de nouveau la dite Croisade Eucharistique comme la Section Eucharistique de l'Apostolat de la Prière, de telle sorte que la Croisade puisse user et jouir de tous les privilèges et dons spirituels concédés à l'œuvre pie ou Ligue de l'Apostolat de la Prière, en même temps que des autres faveurs particulières qui lui ont été accordées.
Nous donc, agréant le vœu du Préposé Général de la Compagnie de Jésus, qui Nous demandait récemment que la Croisade Eucharistique de l'Apostolat de la Prière fût élevée au degré de
Primaria honoris causa, Nous, conseil pris de Notre Cher Fils le Cardinal de la Sainte Eglise Romaine, Préfet de la Sacrée Congrégation du Concile, l'importance de la question ayant été attentivement et soigneusement examinée, par ces Lettres Apostoliques et par Notre autorité, dans Notre bienveillance Nous honorons, à partir de ce jour, du titre d'Association Primaria ad honorem la Croisade Eucharistique de l'Apostolat de la Prière canoniquement constituée en cette bien aimée ville de Rome dans la résidence du Préposé Général de la Compagnie de Jésus.
Donné à Rome, auprès de Saint-Pierre, sous l'anneau du Pêcheur, le 6 août 1932, la onzième année de Notre Pontificat. »
Lettres Apostoliques - Apostolatus Orationis du 6 août 1932, in Charles Parra S.J., Manuel de l'Apostolat de la Prière, Toulouse, 1933, 28° édition.

Mgr Béguin, évêque de Belley, érige canoniquement une Confrérie de Notre-Dame du Sacré-Cœur au Mas-Rillier, par Miribel dans l'Ain, qui est bénie par Pie XI et Mgr Izart, archevêque de Bourges et affiliée à celle d'Issoudun. Le Père Pierre Thomas (1874-1952), curé de la paroisse depuis deux ans, avait dès sa nomination consacré l'église à Notre-Dame du Sacré-Cœur. "C'est votre Maman du Ciel ; une Maman ne refuse rien à ses enfants, demandez tout ce dont vous avez besoin" répète-t-il à ceux qui viennent à l'église. Dès le 16 juillet, l'abondance des grâces reçues par la Vierge attire les foules en pèlerinage au Mas.
En décembre, parution du premier numéro de la revue Esprit fondée par Emmanuel Mounier (1905-1950).

1933 : Le 2 mars, Pie XI écrit au Vicaire général de Rome, le Cardinal Marchetti-Selvaggiani, en vue de préparer la célébration de l'Heure Sainte, à l'occasion de l'Année sainte célébrée en mémoire du dix-neuvième centenaire de la Rédemption.

« Parmi les saints mystères de la Rédemption des hommes, dont, sur Notre ordre, on célébrera prochainement le dix-neuvième centenaire, un des plus touchants pour chaque chrétien, qui n'est pas insensible aux souffrances de Notre-Seigneur, c'est le mystère de l'agonie du Christ au Jardin des Oliviers, lorsque le divin Cœur, au spectacle terrifiant des iniquités humaines plus encore qu'à la pensée de la manière sanglante dont il devait les expier, daigna endurer l'affreuse angoisse d'une très amère agonie, dont la sueur sanglante n'était que la manifestation extérieure, - manifestation éloquente, il est vrai, mais qui était peu de chose en comparaison des souffrances intérieures : "Mon âme est triste à en mourir."
Il nous semble équitable et convenable qu'au seuil de l'Année Sainte une des premières commémorations solennelles soit consacrée à ce premier pas sanglant du Sauveur sur la voie douloureuse. Et comme les âmes pieuses, afin de célébrer cette sainte agonie et de réparer les fautes qui en sont les causes, ont coutume de faire le pieux exercice de l'Heure Sainte, le jeudi qui précède le premier vendredi du mois, Nous croyons que le premier jeudi d'avril, qui par un heureux hasard coïncide avec le premier jeudi de l'Année Sainte, est le jour tout indiqué pour cette commémoration. »
Lettre de Pie XI au Cardinal Marchetti-Selvaggiani, 2 mars 1933, extrait.

Mgr Chassagnon, évêque d'Autun, prend à cette même occasion l'initiative d'une Heure Sainte générale : il demande que le jeudi 6 avril soit célébrée dans toutes les églises de Rome une Heure Sainte solennelle, et engage l'ensemble des évêques à promouvoir cet exercice auprès des fidèles.
En août, fondation à Montpellier des
Petites Sœurs du Sacré-Cœur, et en septembre de la même année, des Petits Frères de Jésus. La cérémonie de la prise d'habit des cinq premier Petits Frères a lieu à la basilique du Sacré-Cœur, à Montmartre.
Le 7 décembre, inauguration à Paris de la cité refuge de l'Armée du Salut.

1934 : Sous l'impulsion de Mgr Chassagnon, début des travaux de l'Abri des Pèlerins à Paray-le-Monial, qui sera terminé dès l'année suivante. L'évêque d'Autun fonde également l'Association Sacerdotale de Paray-le-Monial, association de prêtres qui s'unissent dans un double but :

« 1° Puiser avec ferveur dans le Sacré-Cœur de Jésus, "Source de vie et de sainteté", le principe de leur sanctification personnelle et de la fécondité de leur apostolat.
2° Travailler, par un effort commun, à faire connaître le Sacré-Cœur, son amour, ses demandes, ses plaintes, ses promesses, et réaliser ainsi les désirs du Souverain Pontife, puisque, selon la parole de S.S. Pie XI, "les plaintes que le très doux Jésus fit à Marguerite-Marie Alacoque, quand Il daigna lui apparaître, les désirs et les demandes qu'Il lui exposa à l'égard des hommes et pour leur bien, une partie des fidèles les ignorent peut-être encore et les autres ne s'en soucient point". »
Extrait des Statuts de l'Association Sacerdotale de Paray-le-Monial, in Mgr Chassagnon, Le Sacré-Cœur et le Prêtre, Paray-le-Monial, Secrétariat des Œuvres du Sacré-Cœur, 1938.

* Publication à Arras du Livre de l'Amour Miséricordieux, sans mention d'auteur, par les soins du Chanoine F. Caron, Vicaire général de cette ville (Imprimatur en date du 29 mars). Le livre, présenté sous forme d'album, est un recueil des paroles de Jésus transcrites par Marie Ange Merlier (1891-1978), qui avait reçu durant trois années à partir de la Pentecôte 1930 de nombreux messages concernant la Miséricorde divine et le Cœur Eucharistique, messages qu'elle transmit ensuite à l'Ordre des Ursulines. Après la seconde guerre mondiale, sept autres recueils de nouveaux "messages" furent publiés, tous munis de l'Imprimatur. Ces messages forment un ensemble appelé La Messe Vécue - cf : http://lemessagedarras.free.fr/contextehistorique.htm.

« Vas, dis-leur que je suis l'infinie Miséricorde… Dis leur que mon Amour Miséricordieux réclame des misères à secourir. Les plus misérables seront les plus secourues… Qu'elles viennent enfin… Mon Cœur Eucharistique ne peut plus contenir les flots de son amour miséricordieux… Je ferai des folies pour les pauvres misères qui se laisseront seulement remplir.
Je suis l'Amour Miséricordieux… Vous recevrez tous de ma plénitude… Demandez et vous recevrez… Demandez à mon Cœur et rien ne vous sera refusé.
Lorsque, par la foi sincère, vous regardez mon Cœur Eucharistique, Il dit :
"Je suis la Vérité". Ainsi vous connaissez votre Dieu et votre faim grandit de Le posséder et d'être possédé par Lui : votre foi devient voyante. Alors, tendant vers Moi tout votre être, vous me prenez et vous me mangez comme je le désire, et mon Cœur Eucharistique vous dit : "Je suis la Vie" : ma Vérité devient votre Vie au-dedans de vous-mêmes, ainsi vous aimez votre Dieu de tout votre cœur et de toute votre âme ; votre cœur devient eucharistique à son tour et votre âme tout évangélique se transforme en ma Charité même. Votre foi devient vivante… Tout en vous est charité comme Dieu est charité, car je deviens alors "la Voie" au dedans de vous-mêmes, laquelle Voie vivante vous fait marcher, non par la lumière venue du dehors, mais par une lumière de force qui est une impulsion, par une impulsion qui est mon Esprit-Saint. C'est ainsi que vous devenez saints de la sainteté de Dieu, parfaits comme votre Père céleste est parfait, car tout s'est fait par Jésus-Christ, Verbe du Père, avec Lui, en Lui… C'est la doctrine de l'Eglise, apprenez-la.
Je reçois beaucoup d'hommages et de louanges, mais peu d'amour… On m'honore des lèvres ; le cœur est loin de moi… J'ai soif d'amour ! Donnez-moi à boire, vous du moins qui êtes mes amis… Mon Cœur vient à vous pour être aimé comme le feu pour brûler. Qu'aimerez-vous si vous n'aimez l'Amour !
Haïssez le péché, mais chérissez le pécheur… Je veux voir s'exercer la pitié miséricordieuse entre frères du même Père des cieux… Les pécheurs, je les confonds avec mon Corps couvert de plaies. Vous qui m'aimez, ayez pitié de mes Plaies vivantes. Faites pour les pécheurs ce que vous faites pour mon Sacré Corps couvert de blessures. Ce que vous ferez aux pécheurs, c'est à votre divin Crucifié que vous le ferez… Les pécheurs sont mes Plaies ; ayez pitié des pécheurs. J'ai soif du salut des pécheurs. Allez aux pécheurs pour les aimer. L'amour fraternel, c'est la clef du salut des pécheurs. Aimez les pécheurs, vous qui êtes mes amis, afin que les pécheurs sachent que je les aime. Dites en vérité avec Moi : je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu'il vive et se convertisse. Ce sera l'Œuvre de ma Miséricorde. »
Le Livre de l'Amour Miséricordieux, Arras, 1934.

1935 : Première émission officielle de télévision à partir du ministère des PTT rue de Grenelle à Paris.
Le 2 juin, inauguration et bénédiction par Mgr Chassagnon, évêque d'Autun, du Diorama de Paray-le-Monial retraçant l'histoire de la ville et de sainte Marguerite-Marie. Restauré en 1999, il est de nouveau ouvert au public depuis juin 2000.
Les 22, 23 et 24 novembre est célébré en la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre le cinquantenaire de l'adoration perpétuelle, initiée le 1° août 1885 et jamais interrompue depuis. La commémoration est l'occasion d'une fête somptueuse, en présence du cardinal Verdier, archevêque de Paris, du cardinal Maglione, nonce apostolique, ainsi que de nombreux archevêques et évêques français et étrangers. Après en avoir rappelé l'histoire, le cardinal Verdier redit toute l'actualité de ce lieu d'adoration et de consécration au Sacré-Cœur de Jésus :

« On dirait que toutes les œuvres de sauvegarde ou de restauration qui se multiplient, comme à l'infini, dans notre pays, et plus particulièrement nos œuvres de jeunesse, veulent recevoir, de Montmartre, leur définitive consécration. Sur la colline merveilleuse qui évoque les plus lointains souvenirs de nos origines chrétiennes, et d'où le regard peut contempler le spectacle de la ville incomparable, dans cette atmosphère de charité et de confiant optimisme dont le Sacré-Cœur de Jésus, par son image et par ses bénédictions, remplit le sanctuaire, les pèlerins se sentent à la fois plus chrétiens, plus français et plus amis de leurs frères. Quelle espérance et quelle joie de penser que la source de charité et de la charité aimante jusqu'au sacrifice suprême, où nos œuvres contemporaines viennent puiser le dévouement et l'amour qui seuls peuvent nous aider à résoudre les plus graves problèmes de l'heure présente, est située au centre même de notre immense cité ! »

1936 : Le 3 mai, victoire du Front Populaire aux élections législatives.
Fondation des Foyers de Charité inspirés par Marthe Robin (1902-1981).
L'Abbé Gaston Courtois (1897-1970) crée avec le Père Pihan les Cœurs Vaillants - Ames Vaillantes, mouvement catholique d'éducation pour les 5-15 ans, qui deviendra en 1956 l'ACE, l'Action Catholique des Enfants.

1937 : Le Père André-Marie Talvas (1907-1992) fonde le Mouvement du Nid, qui agit dans le milieu de la prostitution sur les causes et les conséquences de celle-ci.
Le P. Yves-Marie Congar (1904-1995) lance aux éditions du Cerf la collection Unam Sanctam, dont il rédige le premier volume intitulé Chrétiens désunis, principes d'un œcuménisme catholique, qui appelle au dialogue entre les différentes traditions chrétiennes.

1938 : * Le 15 septembre, première apparition de la Vierge à Jeanne-Louise Ramonet (née en 1910) au hameau de Kérizinen (commune de Plounévez-Lochrist en Bretagne). Elle lui déclare : « Je suis la Mère du Christ, ce Christ si aimé dans ta paroisse. Je désire être honorée et invoquée en ce lieu sous le nom de Notre Dame du Très Saint Rosaire. » De nouvelles apparitions auront lieu jusqu'en 1965, 71 au total, le Sacré-Cœur accompagnant à plusieurs reprises la Vierge, et appelant le monde à l'union à leurs deux Saints Cœurs :

« Blottissez-vous donc sur le Cœur Douloureux et Immaculé de ma Mère, il est l'arc-de-voûte aboutissant à mon Cœur Miséricordieux. Mon Cœur ne peut régner ni triompher sans celui de ma Mère car elle est Reine comme je suis Roi. Comme elle et avec insistance, je demande que le monde soit consacré à nos deux Cœurs, unis dans le Saint-Esprit. Ainsi consacré, il échapperait à la ruine et jouirait des bénédictions divines, car cette Consécration serait le grand souffle de notre amour miséricordieux qui passerait pour tout recréer, pour tout apaiser. Car le monde doit être sauvé, non par la violence, mais par l'Esprit et nos deux Cœurs.  »
Apparition du 1° juin 1956, in Kérizinen - Messages du Sacré-Cœur et de la Sainte-Vierge 1938-1965, Brest, Les Amis de Kérizinen, s.d..

Le 9 octobre, Mgr Chamoton, vicaire général de Belley, bénit la première pierre de la statue monumentale de Notre-Dame du Sacré-Cœur bâtie sur les hauteurs du Mas-Rillier, devant 12.000 fidèles rassemblés. La statue, haute de 33 mètres, a été sculptée par Georges Serraz, l'auteur du Christ-Roi des Houches en Haute-Savoie. En 1947, un carillon de 50 cloches sera installé dans le campanile bâti à proximité de la statue.

« Sur le sommet de la colline,
Géante stèle de blancheur,
Dans sa robe aux longs plis, domine
Notre-Dame du Sacré-Cœur.

Haut lis droit surgi des ruines,
Au-dessus du monde pécheur,
Elle érige sa fleur divine,
Son Fils Jésus, le doux Sauveur.

Sans courber la hanche, elle dresse
Sur son bras senestre l'Enfant
Qui se blottit avec tendresse
Contre le cœur de sa Maman.

Et la droite sur sa poitrine
Elle écoute d'un doigt pieux
Dans la molle chair enfantine
Battre à grands coups l'amour de Dieu.

Et les deux cœurs bénis s'accordent
Pour épancher sur nos malheurs
Des grands flots de miséricorde
Où se noient toutes les douleurs.

Sous son pied puissant qui l'écrase
Le vieux serpent de male mort
Que la flamme d'enfer embrase
En replis monstrueux se tord.

Mais ni l'un ni l'autre n'y prend garde.
Ce que cherchent leurs yeux profonds,
Ce qu'en ce val sombre ils regardent,
Ce sont les maux que nous souffrons.

Ce qu'ils veulent, ce qu'ils réclament
Avec un indicible amour,
C'est nos âmes, nos faibles âmes
Que le péché tente toujours.

O Cœur Sacré de Dieu fait homme,
Par tant de crimes déchiré,
Pardonne-nous ! Et toi qu'on nomme
Espoir des cœurs désespérés,

Rallume la sainte espérance
Chez les pécheurs humiliés,
Relève-nous, sauve la France,
Haute Vierge du Mas-Rillier !
Pierre Hervelin, Notre-Dame du Mas-Rillier, in R.P. Ponsard, Le Révérend Père Thomas - Prêtre de l'Oratoire, curé du Mas-Rillier, Apôtre de Notre-Dame du Sacré-Cœur, Paris, Spes, 1953.

1939 : Le 10 février, mort de Pie XI. Le 2 mars, le Cardinal Pacelli, secrétaire d'Etat du Saint-Siège, est élu pour lui succéder, et prend le nom de Pie XII.
Début de l'émission "Sacred Heart Program" ("Programme du Sacré-Cœur") fondée par le Père Eugène Murphy S.J. (1892-1973) sur la station de radio WEW de Saint-Louis, aux Etats-Unis. Le succès est immédiat. Le 17 juin 1955, le programme fait son entrée à la télévision. A la mort du Père Murphy, le programme radiophonique est relayé par 985 stations à travers le monde entier, et près de 2.000 aujourd'hui.

« Nous avons suivi avec un intérêt paternel la croissance du Programme du Sacré-Cœur, voix de l'Apostolat de la Prière. Grâce à lui, le Sacré-Cœur est entré dans les maisons, dans les hôpitaux, dans les prisons, dans les usines, dans les magasins et dans les bureaux. C'est le Christ qui, de nouveau pèlerin, va de tous côtés faire du bien à ses préférés, les pauvres, les abandonnés, les affligés, les vieillards, les plus humbles de son troupeau. »
Lettre de Pie XII à Eugène Murphy, in Gérald de Becker, Lexique du Sacré-Cœur, Paris, Téqui, 1975.

Le 1° septembre, la mobilisation générale est décrétée. La guerre est déclarée conjointement par la France et l'Angleterre à l'Allemagne le 3.
Le 8 septembre, Madeleine Hutin (1898-1989), en religion Sœur Magdeleine de Jésus, fonde à Touggourt, au Sahara, la Congrégation des Petites Sœurs de Jésus du frère Charles de Jésus, contemplatives au milieu du monde, parmi les défavorisés en milieu islamique. Petite Sœur Magdeleine de Jésus étendra la Congrégation en 1946 au monde entier. Il existe aujourd'hui 280 de ces fraternités (celle de Paray a été fondée en 1956), regroupant 1.400 membres.
Le 20 octobre, publication de l'Encyclique
Summi Pontificatus de Pie XII.

« La diffusion et l'approfondissement du culte rendu au divin Cœur du Rédempteur, culte qui trouva son splendide couronnement non seulement dans la consécration de l'humanité, au déclin du siècle dernier, mais aussi dans l'introduction de la fête de la Royauté du Christ par Notre immédiat prédécesseur, ont été une source d'indicibles bienfaits pour des âmes sans nombre, un "fleuve qui réjouit de ses courants la Cité de Dieu" (Ps., XLV, 5). Quelle époque eut jamais plus grand besoin que la nôtre de ces bienfaits ? Quelle époque fut plus que la nôtre tourmentée de vide spirituel et de profonde indigence intérieure, en dépit de tous les progrès d'ordre technique et purement civil ? Ne peut-on pas lui appliquer la parole révélatrice de l'Apocalypse : "Tu dis : je suis riche et dans l'abondance et je n'ai besoin de rien ; et tu ne sais pas que tu es un malheureux, un misérable, pauvre, aveugle et nu" (Apoc., III, 17) ?
Vénérables Frères, peut-il y avoir un devoir plus grand et plus urgent que "d'annoncer les insondables richesses du Christ" (Eph., III, 8) aux hommes de notre temps ? Et peut-il y avoir chose plus noble que de déployer les Etendards du Roi - Vexilla Regis - devant ceux qui ont suivi et suivent des emblèmes trompeurs, et de regagner au drapeau victorieux de la Croix ceux qui l'ont abandonné ? Quel cœur ne devrait pas brûler de prêter son aide, à la vue de tant de frères et de sœurs qui, à la suite d'erreurs, de passions, d'excitations et de préjugés, se sont éloignés de la foi au vrai Dieu et se sont détachés du joyeux message sauveur de Jésus-Christ ? […]
Et vous, candides légions d'enfants, vous, les bien-aimés et les privilégiés de Jésus, quand vous communiez au Pain de vie, élevez vers Dieu vos naïves et innocentes prières et unissez-les à celles de toute l'Eglise. Le Cœur de Jésus, qui vous aime, ne résiste pas à l'innocence suppliante : priez tous, priez sans relâche : sine intermissione orate (I Thess., V, 17).
De cette façon vous mettrez en pratique le sublime précepte du Divin Maître, le testament le plus sacré de son Cœur : qu'ils ne soient tous qu'un (Jean, XVII, 21) : qu'ils vivent tous dans cette unité de foi et d'amour à laquelle le monde reconnaisse la puissance et l'efficacité de la mission du Christ et de l'œuvre de son Eglise. »
Pie XII, extraits de l'Encyclique Summi Pontificatus du 20 octobre 1939.

En décembre, parution de la Supplique du Sacré Cœur, adressée par Notre Seigneur le 29 mars 1936 à une religieuse qui restera cachée sous l'humble voile de l'anonymat. Deux ans après, plus de trente mille feuillets auront été édités et lus partout en France. Une édition enrichie des commentaires dictés à cette âme privilégiée paraîtra en 1943, préfacée par le P. J. Lebreton S.J., avec une introduction du P. H. Monier-Vinard S.J.. Cette religieuse, "petite proie" du Seigneur, vécut les six dernières années de sa vie en union intime avec le Sauveur, en proie à des souffrances tant physiques que d'ordre surnaturel, et à des assauts diaboliques répétés, ne se confiant qu'à sa Supérieure et à deux ou trois prêtres, et Dieu disposant tout dans sa communauté de telle sorte que ces grâces extraordinaires passent inaperçues. Elle relate par exemple à son directeur en septembre 1935 :

« Il y a quinze jours, à la fin de ma retraite, le Cœur de Notre-Seigneur, à la sainte Communion, a tellement pénétré et compénétré le mien qu'Il a, en une seconde d'inexprimable bonheur, substitué Sa propre douleur à la mienne, ne voulant plus en quelque sorte que ce soit moi qui souffre du poids de Son Amour crucifié ; mais que ce soit Lui seul qui souffre en moi, étant devenu Lui-même ce moi, ou du moins aspirant à le devenir totalement.
C'est ainsi qu'après plusieurs années de douleur purifiante, je sens qu'Il veut maintenant purifier cette douleur elle-même.
Ce n'est pas qu'elle soit moins vive, au contraire, mais elle se sent plus pure… Ce n'est plus la mienne, c'est la Sienne en moi, celle de Son Cœur transpercé, crucifié, de Son Amour blessé par tant d'indélicatesses des âmes qui pourtant Lui sont consacrées !
Ce n'est plus la douleur provenant d'un Amour repoussant, écrasant, étreignant, mais d'un Amour compénétrant, voulant continuer dans d'autres Lui-mêmes, dans mon âme si indigne, Son Œuvre Rédemptrice.
Aussi depuis cette communion, est-ce une vibration perpétuelle de souffrances pour tout ce que les âmes font souffrir à Son Cœur, une blessure à vif que rien, je le sens bien, ne pourra jamais refermer ! »

« Ma Supplique d'Amour instante et pressante aux Ames Consacrées.
Pour sauver le monde, il me faut des âmes consacrées qui me soient de vraies épouses corédemptrices. Je n'en ai pas assez, il m'en manque. Donnez-moi de ces âmes. Mon Cœur vous attend. Mon Cœur vous supplie.
Mais sachez bien ceci : Epoux crucifié, j'épouse en crucifiant. Un vrai cœur d'épouse est la proie de l'époux ; il bat à l'unisson du Cœur de l'époux, aimant tout ce qu'il aime.
Ainsi mes âmes consacrées doivent se perdre en Moi, se laisser prendre et consumer par Moi et pour Moi. Elles doivent, comme Moi, avoir une soif ardente du salut des âmes et de la gloire de mon Père ; Aimer comme Moi la Croix et les souffrances rédemptrices.
Ne voulez-vous pas être toutes de ce nombre ? Puis-je vous témoigner plus d'amour qu'en vous le demandant ?
Pour vous, je me suis fait Hostie, soyez-moi des hosties pleinement consacrées. »
Supplique de Notre Seigneur, in Cum Clamore Valido - Appel du Rédempteur aux Ames Consacrées, Paris, Office Français du Livre, 1943.


Suite...


Le Sacré-Coeur de Jésus - Deux mille ans de Miséricorde
Le Sacré-Coeur de Jésus
Deux mille ans de Miséricorde


Le recueil qui est reproduit dans les pages de ce dossier avait trouvé un éditeur, Téqui, en juin 2008.

Une version considérablement enrichie, et actualisée jusqu'en juin 2019, est disponible à la vente chez le même éditeur depuis le 4 décembre 2019, en ligne sur son site internet ICI.

Merci de faire connaître autour de vous la nouvelle version de ce travail, augmentée de plus de 200 pages par rapport à la première édition.

« Les personnes qui propageront cette dévotion, auront leur nom inscrit dans mon Cœur, et il ne sera jamais effacé. »
(11ème promesse du Sacré-Coeur à sainte Marguerite-Marie)