La dévotion au Sacré-Coeur de Jésus

Résumé historique et théologique




4. Renouvellement de la dévotion au Sacré-Cœur : du XIV° au XVII° siècle

Les Jésuites

· Frédéric Von Spee, auteur d'un Livre d'or des vertus, où le Cœur du Sauveur est cité à maintes reprises.
· Philippe Kiesel, prédicateur allemand, dont les Sermons ont été édités en quatre volumes. 24 traitent du Cœur de Jésus.
· Guillaume Nakatenus, auteur d'un Eucologue qui contient plusieurs prières ou exercices en l'honneur du Cœur de Jésus.
· Saint François Borgia (1510-1572, canonisé en 1671), troisième général des Jésuites, dont on connaît une prière adressée à la plaie du côté de Jésus (Reliques spirituelles, livre I, chap. 5) : "Je vous adore, ô très auguste plaie, source miséricordieuse de toutes les grâces et de toutes les faveurs qui coulent sur le monde ! C'est par vous que tout honneur est rendu au ciel. Vous êtes la beauté, l'ornement de l'Eglise, et la terreur de l'enfer. C'est en vous que les pécheurs trouvent leur pardon, les martyrs leur courage, les vierges leur chasteté, les familles l'union et la concorde, et les religieux le zèle pour leur perfection. La lance vous forma, mais c'est la puissance de Dieu qui vous entretient. Vous fûtes imprimée sur un corps sans vie, mais votre délicieuse ouverture restera éternellement comme une perle de la divine majesté. O fer de la lance, en m'ouvrant par une si glorieuse blessure le sein de mon Créateur, et en me dévoilant le sanctuaire de cette beauté divine tu m'as donné entrée dans l'asile du salut ! O précieuse blessure, principe de notre félicité, en vous nous trouvons un secours puissant contre tous les dangers du monde, et un remède efficace contre nos fautes et nos imperfections. C'est pourquoi, attiré par votre douceur, je fixe en vous ma demeure, et je dépose dans votre sein comme dans un port assuré tout ce que je suis, tout ce que je possède, et tout ce que j'espère".
· Cornelius A Lapide, auteur de Commentaires sur les Saintes Ecritures (Commentaria in scripturam sacram). Sur saint Jean 19,32 il écrit : "Jésus-Christ en mourant a voulu nous donner son Cœur : car ce Cœur sacré fut percé de la lance, afin qu'en nous donnant ainsi son propre Cœur, il se donnât lui-même tout entier à nous".
· Balthasar Alvarez (1533-1580), entré à 22 ans chez les Jésuites et ordonné prêtre en 1558, qui devient dès l'année suivante ministre du collège d'Avila où il est chargé de diriger sainte Thérèse. Le Père Louis du Pont, auteur de sa Vie publiée à Madrid en 1612, le montre "entrant d'abord dans les secrets du Cœur du Dieu fait homme, montant ensuite pour s'enfoncer dans les mystères du Dieu qui est trois en personnes et un en essence", n'en sortant que "pour se mortifier et travailler à sa propre perfection par l'exercice des vertus, et ensuite pour se dévouer, avec une admirable ferveur, au service du prochain".
· Alonso Salmeron (1515-1585), le plus jeune des compagnons de saint Ignace de Loyola, qui dans ses Commentaires sur le Nouveau Testament commente ainsi le verset 19,34 de l'Evangile de Jean : le péché étant surtout l'œuvre du cœur, il fallait que le Cœur de Jésus qui devait expier nos péchés fût spécialement atteint.
· Fr. Decoster, qui publie en 1588 à Ingolstadt, en Belgique, un livre destiné aux congréganistes, Libellus sodalitatis, hoc est Christianarum institutionum libri quinque, dans lequel il insère pour le Vendredi une méditation sur "l'inestimable et très ardente charité de Notre-Seigneur Jésus-Christ". On y lit ce conseil : "Fuyez donc à l'approche de toute tentation dans l'aimable Cœur de Jésus et dans ses blessures ouvertes ; contemplez en elles sa bonté ineffable et sa charité".
· Saint Louis de Gonzague (1568-1591, canonisé en 1726), qui rejoint le noviciat des Jésuites à Rome en 1585, prononce ses vœux deux ans plus tard, et meurt à 23 ans, reconnu par tous comme un modèle de vertu. Trois ans après sa canonisation, Benoît XIII le nommera "protecteur spécial de la jeunesse". Sainte Madeleine de Pazzi (1566-1607), qui le découvre au cours d'une vision le 4 avril 1601, écrira : "Je voudrais pouvoir parcourir tout l'univers, et dire que Louis, fils d'Ignace, est un grand Saint, et je voudrais faire connaître sa gloire à tout le monde, afin que Dieu en fut glorifié… […] Lorsqu'il était encore mortel, il lançait des flèches contre le Cœur du Verbe incarné, et maintenant dans le ciel, ces flèches reviennent se fixer dans son cœur, parce qu'il le possède maintenant, et qu'il jouit dans le ciel de cette union avec Dieu qu'il méritait ici-bas par les actes de sa charité". De très nombreux miracles lui sont attribués, notamment celui concernant Nicolas Célestini, novice de la Compagnie de Jésus à Rome, qui est guéri miraculeusement le 9 février 1765 à la suite d'une apparition de Louis : "Notre-Seigneur, lui dit le saint, t'accorde à ma prière, la santé, pour travailler encore à ta perfection et propager de toutes tes forces la dévotion à son Sacré-Cœur, dévotion très chère à tous les habitants du paradis". Le nom du jeune saint sera intimement lié au mouvement de Paray-le-Monial.
· Francisco Toledo, dit Tolet (1532-1596), prédicateur attribué des papes Grégoire XIII et XIV, Innocent IX et Clément VIII, nommé cardinal en 1593, qui travaille activement à l'abjuration d'Henri IV. Il est l'auteur de traités de théologie et de casuistique, telle la Summa conscientiae, seu instructio sacerdotum, ac de septem pecatis mortalibus. Il commente abondamment les versets de l'Evangile de Jean sur la plaie du Christ dans In sacrosanctum Joannis Evangelium.
· Saint Pierre Canisius (1521-1597)
· Ainsi qu'un Office du Cœur de Jésus, publié en 1550 à Valence en Espagne par J.-B. Anyès, où se trouve l'oraison suivante : "Dispensateur de tous les biens, ô Dieu, qui avez caché tous vos trésors dans l'arche sainte du Cœur de votre Fils, Notre-Seigneur Jésus-Christ, pour les répandre libéralement sur nous, pauvres misérables, la lance du soldat ayant ouvert sur la croix ce Cœur sacré, nous vous conjurons de les enfoncer si avant dans nos cœurs que, gardant toujours le souvenir de la vie et de la mort de votre Fils, nous devenions dignes d'avoir part à la gloire de sa résurrection".

Citons encore pour le XVII° siècle :

· Antoine de Padilla (1534-1612), qui dit en mourant à Notre-Seigneur : "Mon adorable Maître, qu'ai-je à craindre puisque vous m'avez dit que vous me gardez dans votre Cœur ? Puisque vous me gardez en votre Cœur, allons où vous voudrez, il n'y a rien à craindre".
· Hieronymite Daniel Mallonius (Danielis Mallonii, †v.1616), auteur d'un ouvrage publié à Douai en 1607 sur les Plaies du Christ : Lucidationes in historiam admirandam de J.C. stigmatibus. A la question "Pourquoi Jésus-Christ a voulu que son Cœur fût percé ?", il répond : "Premièrement, parce que rien ne prouvait mieux sa mort. Secondement, parce que rien ne pouvait mieux marquer l'ardeur de son amour que cette blessure de son propre Cœur. Troisièmement, parce que Jésus-Christ ne pouvait nous préparer une demeure plus aimable et plus chère que dans son Cœur. Quatrièmement, parce que, s'étant donné tout entier à nous pendant sa vie, il voulut le faire encore après sa mort. Or, comme il ne paraissait pas qu'il nous eût donné son Cœur, c'est pour cela qu'il voulut qu'il fût percé, afin qu'il constât qu'il ne s'était rien retenu".
· Saint Alphonse Rodriguez (1531-1617, canonisé en 1888), accepté à la Compagnie de Jésus en tant que coadjuteur après la mort de sa femme et de ses deux enfants (1575), il est ensuite envoyé à Palma de Majorque. Il décrit l'union du cœur de l'homme au Cœur du Christ dans Union et transformation de l'âme en Jésus-Christ (De la union y transformacion del alma en Cristo, traduction française du P. de Bénazé en 1899) : "… Alors le Christ la conduit lui-même jusqu'au dedans même de son Cœur ; et elle, une fois dans ce Cœur, dans cet océan de tribulations et d'angoisses… lui tient compagnie. […] Et comme ce saint Cœur est un feu d'amour, elle reste là s'embrasant toute entière en feu d'amour, et les ardeurs que Jésus lui communique sont si vives qu'il la transforme en lui-même, à peu près comme fait au fer le feu matériel, quand il est grand : il l'embrase au point que le fer paraît du feu. Ainsi plongée tout entière dans cette retraite du Cœur de Jésus, elle y jouit de ce que ce doux Sauveur, qui l'aime tant lui communique de lui-même, en la revêtant des pieds à la tête de ses grandes douleurs et souffrances".
NB : il existe un autre Alphonse Rodriguez qui vécut à la même époque (1526-1616), auteur d'une Pratique de la perfection chrétienne (Exercicio de perfección y virtudes christianas, 1609), manuel classique de spiritualité qui connut un grand succès durant plusieurs siècles.
· Francisco Suárez (1548-1617), théologien espagnol qui s'attacha à instituer un droit des peuples pour les colonies d'Amérique du Sud. Il est l'auteur d'un Traité sur l'Incarnation, qui l'amène également à contempler le côté blessé du Sauveur : "Jésus-Christ a voulu être blessé dans cette partie du corps, où son cœur pouvait se rendre visible aux hommes, et afin de leur faire comprendre que la porte leur était ouverte, pour entrer dans le Cœur du Christ. Aussi Augustin, dans son Manuel (chap. 2), dit-il : Longin, par sa lance, m'a ouvert le côté du Christ ; j'y suis entré, et je m'y repose avec sécurité".
· Jacques Alvarez de Paz (1560-1620), entré à la Compagnie de Jésus en 1578, qui passa la plus grande partie de sa vie au Pérou, recteur de plusieurs collèges et enseignant en philosophie et théologie. Il est l'auteur de plusieurs traités dont De inquisitione pacis, sive studio orationis, imprimé pour la première fois à Lyon en 1608, et plusieurs fois réédité. Il écrit dans la seconde partie du livre IV: "Vous vous efforcerez d'entrer dans le Cœur du Seigneur Jésus et de l'étudier pour former votre cœur sur ce modèle. Ce Cœur très saint est la voie qui nous mène à l'éternelle demeure, qui est la divinité du Christ… Il est la porte par où nous entrons dans la contemplation de la divinité… Pour donc que vous puissiez monter jusqu'à la contemplation et l'amour de la divinité, vous aurez soin de pénétrer, par une considération attentive, dans le Cœur du Maître, le plus saint et le plus pur de tous les cœurs, pour tâcher, par vos aspirations dans la prière, par vos efforts dans l'action, d'avoir vous aussi un cœur semblable. En fixant ainsi les yeux de votre âme sur le Cœur même du Maître, vous le verrez tout pur de douze sortes de puretés. Il a été pur : 1° de tout amour des biens temporels ; 2° de toute obliquité d'intention ; 3° de tout attrait mondain ; 4° de tout désir de plaire aux hommes ; 5° de toute pensée inutile ; 6° de tout soin superflu ; 7° de toute amertume malfaisante ; 8° de toute vaine complaisance ; 9° de toute recherche de consolation humaine ; 10° de tout scrupule ou crainte inquiète ; 11° de toute agitation d'impatience ; 12° de toute tache de volonté propre. De cette multiple pureté de son Cœur vous louerez votre Seigneur Jésus ; vous la désirerez pour vous-même, vous la demanderez par des aspirations enflammées, vous travaillerez avec entrain à l'atteindre, et ainsi vous réformerez votre cœur". On lui doit également une prière que nous avons mentionnée au chapitre correspondant.
· Antoine Le Gaudier (1572-1622), l'un des prédécesseurs de Louis Lallemant dans la charge de maître des novices et d'instructeur du troisième an, qui est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont La perfection de la vie spirituelle (De perfectione vitae spiritualis, œuvre posthume) dans lequel il traite quelque peu du Cœur de Jésus. Par exemple : "Son Cœur (et sa volonté), plein du trésor de mérites formé de tant d'actes… à la gloire de Dieu…, brûlant comme une fournaise du plus ardent amour pour Dieu et pour nous, s'applique à notre cœur (et à notre volonté), soit afin de consumer nos péchés, soit afin de lui donner la mesure de sa plénitude, pour aimer Dieu et le prochain en rejetant tout amour-propre, de façon que notre cœur vive de son Cœur et participe à ses divines qualités, à ses joies et à ses délices, et que notre volonté passe en sa volonté, et qu'ainsi nous devenions avec lui et en lui un seul cœur et une seule âme, et que nous puissions dire : Je vis, non plus moi, mais c'est le Christ qui vit en moi".
· Luis del Puente (Louis du Pont, 1554-1624), entré à la Compagnie de Jésus en 1575, auteur de la Vie de Marine d'Escobar (1554-1633) dont il fut trente ans durant le confesseur, et de celle de Balthasar Alvarez (1533-1580), qui se distingue surtout par ses écrits ascétiques. Il cite dans nombre de ses ouvrages les Pères de l'Eglise (saint Augustin, saint Bernard, saint Bonaventure) et de nombreux textes anciens au sujet du Cœur de Jésus, et plus particulièrement dans ses Méditations sur les mystères de notre sainte foi (1605), ouvrage réédité à de nombreuses reprises.
· Jérôme Dias (1575-1624), qui aime à s'enfermer dans chacune des plaies du Sauveur. Il demandait surtout alors au Cœur de Notre-Seigneur "d'être toujours loyal avec lui".
· Arnold Cath (1586-1630), aumônier des troupes, qui recoure souvent à Marie par le Cœur de son Fils.
· Louis Lallemant (1587-1635), Maître des novices et instructeur du troisième an de probation, qui eut pour élèves les Pères Huby, Surin et Rigoleuc. Il n'a rien publié de son vivant, mais sa Doctrine spirituelle a été recueillie par ses disciples, et rassemblée par le P. Champion (1694). On y trouve quelques mentions du Sacré-Cœur, par exemple : "Nous devons consulter Notre-Seigneur sur toutes les choses qui se présentent à notre choix, et considérer quel prix elles ont dans son Cœur ; car il faut bannir de notre cœur tout ce que nous trouverons qui n'a point de lieu dans le Cœur de Jésus", ou encore : "Pour avoir amour et désir du mépris, il faut l'aller puiser dans le Cœur de Jésus-Christ, y entrant souvent pour y considérer le Verbe anéanti et la très sainte humanité anéantie en l'Eucharistie".
· Corneille de La Pierre (1566-1637), qui relève dans l'Ancien Testament plusieurs passages relatifs au Cœur de Jésus : la formation d'Eve (Genèse 2, 21), la pierre du désert (Exode 17, 6), le creux de la muraille (Cantique 2, 14), l'eau sortie du sanctuaire (Ezéchiel 48, 1-12), la fontaine de David (Zacharie 13, 1), etc..
· Jeremias (Jérôme) Drexelius (1581-1638) écrit dans son ouvrage intitulé "Jésus-Christ mourant" (chap. 8) : "Voilà que la Mère de Jésus répand de l'eau par les yeux, et le Fils en répand tout à la fois et par les yeux et par le Cœur".
· Etienne Binet (1569-1639), entré à la Compagnie de Jésus en 1590, qui publie à Mons en 1623 La Pratique solide du saint Amour de Dieu, livre où l'on trouve mentionnés "le Cœur de Notre-Dame" et le Cœur de Jésus : "Permettez vous-même que nous dérobions votre Cœur, ô mon Seigneur, ou que nous l'empruntions ; nous n'en abuserons point et nous le mettrons en bon lieu. Et de tous ces cœurs (des saints, de Notre-Dame et de Jésus), faisant un incendie admirable et un embrasement quasi infini, l'amour y mettra le feu et nous en ferons un holocauste au Père éternel ; et là-dessus, vous qui êtes notre bouche et notre avocat, vous direz tout ce que vous saurez bien dire".
· Mathias Hajnal (1578-1644), qui réédite à Presbourg en 1642 un ouvrage écrit en hongrois, paru pour la première fois à Vienne en 1629 (Le livre des amants du Sacré-Cœur de Jésus), sous le titre Petit livre pour la dévotion des cœurs qui aiment le Cœur de Jésus. On trouve dans ce livre, illustré de nombreuses images représentant le Cœur divin environné de flammes, et centré sur la dévotion du cœur du fidèle envers le Sauveur, plusieurs méditations sur le Cœur de Jésus. On lit par exemple dans la première méditation : "1° Point. - Monte, ô mon âme, monte au ciel, auprès de ton Sauveur, dans la maison de son Père ; et souviens-toi de l'ardent amour qu'il a pour son Père et pour toi… Les siècles passent sans le refroidir, il brûle toujours des plus vives flammes. 2° Point. - Réfléchis, ô mon âme, sur la nature du feu dont brûle ce divin Cœur : il tend au ciel, et il y élève les cœurs qu'il consume. Aussi le Cœur de Jésus, toujours embrasé de ce feu, se tient toujours en présence de son Père céleste. 3° Point. - N'oublie pas, ô mon âme, que notre cœur brûlerait aussi du même feu, s'il ne s'était pas éteint dans le cœur de nos premiers parents. N'oublie pas que, rallumé par le nouvel Adam aux flammes de son propre Cœur, il te consumerait encore, si ton propre péché n'avait pas étouffé ses ardeurs. O mon âme, ne t'éloigne plus de ce foyer d'amour ; plonge-toi dans ce divin Cœur, et, avec lui, envole-toi au ciel. Prière. - Seigneur Jésus, l'image de votre Cœur embrasé d'amour est bien faite pour réchauffer nos cœurs indifférents et coupables. Elle nous dit en quel abîme de misères le péché nous a précipités et en quel Paradis de délices la Rédemption nous a fait rentrer. Je vous en supplie, ô bon Jésus, daignez rallumer dans mon triste cœur la flamme de votre pur amour ; daignez me mettre au nombre de ceux que je vois, dans cette image, embrasser avec tant d'ardeur la cause de votre divin Cœur, daignez avec eux m'introduire au ciel…".
· Jean Suffren (1565-1641), qui fut le confesseur de Marie de Médicis et de Louis XIII, et contribua à la création de la Compagnie du Saint-Sacrement. Il avait coutume de dire après chacune de ses messes quotidiennes : "Bon Jésus, soyez miséricordieux pour moi, pauvre pécheur. Je recommande à votre très doux Cœur le sacrifice que je viens d'offrir avec tant de tiédeur et de distractions : daignez le corriger et le perfectionner ; je vous le demande, en m'unissant à cette intention si parfaite avec laquelle vous avez offert vos prières, vos louanges et le sacrifice de vous-même à votre Père céleste…".
· Pierre Marie (1589-1645), auteur d'un ouvrage publié en 1642 intitulé La science du Crucifix, dédié à la reine, mère du roi, ouvrage où il est souvent question du Sacré-Cœur. La neuvième Considération de la première partie a pour titre : Le Crucifix nous apprend de quel amour le Cœur de Jésus-Christ brûlait pour nous, et à quelle revanche d'amour nous sommes obligés. Des extraits de ce livre ont été donnés in extenso dans l'ouvrage paru en 1694 à Rouen : La dévotion au Sacré-Cœur de Jésus-Christ, attribué à la Mère J.M. de Bauquemare de Bourdeny, Supérieure du premier monastère de la Visitation de cette ville. Voici un extrait de cette 9° Considération : "Il est à remarquer qu'en Notre Sauveur Homme-Dieu, comme il y avait deux Natures, la Divine et l'Humaine, il y avait deux Volontés et deux Cœurs, pour ainsi dire, le Cœur de la Volonté de Dieu et le Cœur de la Volonté de l'Homme et de l'Humanité. Or en l'union étroite de ces deux Natures, ces deux Volontés, ces deux Cœurs, étaient en une parfaite intelligence ; et le Cœur du Verbe, le Cœur de Dieu, allait déclarant, insinuant, et imprimant dans le Cœur et la Volonté de l'Homme, l'amour admirable qu'il avait pour les hommes, afin que le Cœur de l'Homme et de l'Humanité en prit les impressions. Mettons donc un cachet et un sceau d'une grandeur et d'une masse prodigieuse, et appliquons-les sur un morceau de cire, ce sceau en imprimant la figure, ira étendant et comme fondant la cire par une si excessive pesanteur ; de même le Cœur du Verbe, le Cœur de la Divinité, Cœur infini, s'appliquant sur le Cœur de l'Humanité sainte, pour lui imprimer le caractère de son amour envers les hommes et pour obliger l'âme de Jésus-Christ à nous aimer, comme ce grand Dieu nous a aimés de toute éternité : Ah ! ce pauvre Cœur était comme accablé du poids de ce Cœur et de cet Amour, et l'âme de Jésus-Christ pliait, ou succombait en quelque sorte, sous l'effort de l'incomparable charité que le Verbe, ce cher et éternel Amateur de nos âmes lui allait communiquant…".
· Vincent Caraffa (1585-1649), général de la Compagnie, auteur de plusieurs ouvrages écrits en italien, dont Le chemin du ciel, et Le bouquet de myrrhe ou Considérations diverses sur les plaies du Christ, que le P. Jacques Nouet traduit en français en 1653. On y trouve de belles pages sur le Sacré-Cœur, par exemple au 3° livre, XXIV° Considération : "Ce domicile du Cœur de Jésus-Christ ne demande que votre cœur pour le loger : Mon fils, donnez-moi votre cœur, pour le mettre dans le mien. Heureuse union, agréable possession, très heureuse demeure dans le Cœur de Jésus-Christ ! Certainement, notre cœur toujours famélique et travaillé d'inquiétude, ne peut contenter sa faim, ni trouver son repos que dans le Cœur de Jésus-Christ, qui est comme son centre. Il faut donc qu'il y ait de la proportion entre ces deux cœurs, comme entre le lieu et le corps qui l'occupe. Or, le Cœur de Jésus-Christ, comme dit saint Bernard, fut blessé deux fois. Premièrement par l'amour, et puis par la douleur ; la première fois spirituellement ; la seconde corporellement… En la même façon, afin que votre cœur soit digne du Cœur de Jésus-Christ, il le faut ouvrir de deux plaies, d'amour et de douleur".
· Jérôme Ansaldi (1598-1652), qui fut vu alors qu'il célébrait la Messe, entouré d'une nuée lumineuse, et Jésus mettant son Cœur en celui de son serviteur.
· Sidronius Hosschius (1596-1653), auteur de nombreuses poésies en langue latine, qu'il rédige pour la plupart alors qu'il enseigne dans les collèges de la Compagnie de Jésus. La dévotion envers la Vierge (qui l'a guéri miraculeusement) et la Passion du Sauveur sont les deux sujets qu'il aborde le plus souvent, comme dans cette Elégie (Œuvres, livre IV, 15) : "Oh ! quand vous arrêtez vos regards sur la touchante image de Jésus crucifié, non, vous ne voyez point tout ce qu'il a souffert, ni les blessures innombrables qui ont déchiré son corps divin. L'art ne peut les reproduire. Et cependant votre âme est remplie de compassion, vos yeux mouillés de larmes s'arrêtent avec amour sur ces plaies adorables. Oh ! qu'elles sont belles et glorieuses ces plaies de mon Sauveur : ce Cœur ouvert, ces mains et ces pieds percés, marques ineffaçables de son amour pour moi et qui vivront autant que cet amour même ! Il les conservera précieusement comme les trophées immortels de sa victoire et le plus doux gage de ma délivrance. Ah ! ce qui imprima sur votre chair sacrée ces cruelles blessures, ce ne sont pas tant les clous acérés, le fer aigu de la lance, un peuple et des bourreaux en fureur, que votre immense amour pour les hommes…".
· Jean-Baptiste Saint-Jure (1588-1657), auteur en 1634 de la somme qu'est De la Connaissance et de l'Amour du Fils de Dieu Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui définit dans L'Homme spirituel (1646) le lieu de l'union de l'homme et de Jésus-Christ (II° partie, chap. IV, sect. II : Le Sacré-Cœur et les trois Etapes de la Vie chrétienne) : "C'est dans le Cœur de Notre-Seigneur que nous devons très particulièrement nous unir à lui. Déjà nous y sommes tous, puisque nous savons d'une manière certaine et infaillible qu'il nous aime et que l'amour loge toujours avec lui-même les personnes aimées dans le cœur, comme dans son propre domicile. De plus, nous pouvons nous y placer et y demeurer par nos pensées, comme nous pouvons nous mettre en esprit auprès de quelqu'un et entrer dans son cœur. C'est là où il faut établir notre demeure… Notre-Seigneur nous loge dans son Cœur ; c'est donc là notre demeure, et nous ne pouvons pas en avoir une plus riche, plus magnifique, plus agréable, plus sainte ni plus divine. Allons donc avec joie nous loger dans ce Cœur pour n'en sortir jamais. […] Considérez, examinez, pleurez-y vos péché et demandez-en le pardon à Dieu, dans ce Cœur qui autrefois en a conçu un inexplicable regret et en a été percé de douleur. Haïssez et fuyez les plus petites offenses et les défauts légers dans ce Cœur infiniment saint, souverainement pur, et qui a en aversion et en horreur extrême le moindre péché véniel. […] Exercez les vertus et les bonnes œuvres dans le Cœur de Notre-Seigneur. Pratiquez la foi dans ce Cœur infiniment sage, et où est l'école de toute la sagesse. Espérez dans ce Cœur qui vous aime parfaitement et qui est libéral et miséricordieux au-delà de toutes nos pensées. […] Dans ce Cœur doué de toutes les vertus, produisez vos actes d'humilité, de patience, de mansuétude, d'obéissance, de chasteté et de toutes vertus…". Dans un autre ouvrage intitulé Le livre des élus, au chapitre 14, il cite abondamment les auteurs qui se sont approchés des plaies sacrées de Notre-Seigneur, et conclue ainsi : "Pour tout dire, comme nous sommes dans le Cœur de Jésus-Christ, attendu que l'amour extrême qu'il nous porte nous y met et nous y tient inséparablement, nous devons aussi y faire toutes nos opérations, qui sera un moyen très excellent pour les bien faire".
· Eusèbe Nieremberg (1590-1658), qui offre dans son traité de l'Adoration en esprit et en vérité (De oratione in spiritu et veritate) de belles considérations sur le Cœur de Notre-Seigneur.
· Jean Rigoleuc (1595-1658), missionnaire, directeur spirituel des Ursulines, et avec le Père Huby d'Armelle Nicolas (1606-1671) dite "la Bonne Armelle", qui montre un grand attachement envers les saints qui ont reçu la grâce de l'échange des cœurs. Il en a fait une litanie qu'il récite tous les jours. Lui-même demande au Seigneur de lui donner un cœur nouveau, un cœur large, libre et magnanime. Les notes qu'il prit au cours des conférences du P. Louis Lallemant, conservées par le P. Huby, furent mises en ordre et publiées par le P. Champion en 1694.
· Paul de Barry (1585-1661), auteur d'un livre intitulé Le Paradis ouvert à Philagie par cent dévotions à la Mère de Dieu, où l'on trouve à la date du 25 novembre une prière d'offrande du Cœur de Jésus à la Sainte Vierge, que nous donnons au chapitre correspondant. On lui doit également La sainte faveur auprès de Jésus par cent dévotions aux sacrés mystères de sa sainte vie, ouvrage dans lequel il recommande une "affection à la sacrée plaie du côté de Jésus-Christ crucifié" ainsi qu'une "singulière affection au Cœur de Jésus-Christ".
· Adrien Lyrée (1588-1661), auteur d'une Imitation du Christ (De Imitatione Jesu Patientis), en laquelle il parle des souffrances du Christ en croix, et de la plaie du côté : "Jésus voulut que sa poitrine fût ainsi ouverte pour nous nourrir du sang de son propre Cœur, comme le pélican nourrit ses poussins".
· Gaspar Druzbicki (1590-1662), qui fut deux fois provincial de Pologne. Il est l'auteur d'un manuel de dévotion au Sacré-Cœur intitulé Meta cordium cor Jesu et sanctissima Trinitas (le Cœur de Jésus modèle de nos cœurs), imprimé en 1683 mais écrit entre 1640 et 1650, qui contient outre la préface, un petit Office (Officium Cordis Domini nostri Jesu Christi) et des exercices de dévotion, des prières, des litanies, un psaume, des contemplations ainsi qu'un petit chapelet aux plaies du Christ. C'est, avec les Solitudini du P. Ignace del Nente (voir plus haut) le premier manuel de ce genre jamais paru. On y lit dans la préface : "Les exercices envers le Cœur du Seigneur Jésus que vous avez entre les mains et sous les yeux, s'adressent particulièrement au Cœur corporel de Jésus, à son Cœur de chair, mais uniquement en tant qu'il est informé par sa très sainte âme, et qu'il est en unité d'être et de vie avec le Cœur spirituel et intérieur ; en tant aussi qu'il subsiste hypostatiquement dans la personne du Verbe. C'est dans ces conditions, en effet, que dépend, ou plutôt c'est de ces sources que découle toute la valeur, l'activité, la richesse du Cœur matériel. Envers ce Cœur ainsi entendu faire acte d'attention, d'amour, de culte, d'invocation, et autres pratiques de piété et de dévotion, c'est chose très salutaire et tout à fait selon le Cœur de Jésus". On trouve dans l'Office de très beaux versets, tel : "Venez, adorons le Cœur de notre Jésus, grand Dieu ; de tout notre cœur exaltons le doux Cœur de notre amour" ou encore "Que le très doux Cœur de Jésus éclaire nos esprits et enflamme nos cœurs !".
· Paul Lejeune (1592-1664), revenu en France après avoir été supérieur de la Mission du Canada, qui fait souvent mention du Cœur du Sauveur dans ses Lettres de direction spirituelle, par exemple en la lettre 98 : "Ce Cœur adorable doit être la règle des nôtres. C'est pour cela qu'il nous sépare du monde, nous voulant donner des moyens plus particuliers de former nos cœurs sur le sien, qui est un Cœur de sacrifice, et qui jamais n'aime et ne retient rien pour soi, mais reporte tout à son Père et à ses frères ; jamais n'eut un mouvement d'estime de soi-même… Jamais il ne prit aucun plaisir pour soi… Jamais cet aimable Cœur ne se porta et ne se détermina de lui-même à quoi que ce soit…".
· Jean-Joseph Surin (1600-1665), historien des possédées de Loudun, et auteur notamment d'un Catéchisme spirituel, mis à l'Index en 1695. Il fut élève du P. Louis Lallemant, et est avec le P. Rigoleuc coauteur de la Doctrine spirituelle, recueil des enseignements du Maître des novices. Sa Vie a été écrite par Henri Boudon (1624-1702), puis par le R.P. Bouix. On lit dans cette dernière que le P. Surin disait "que le sacré Côté ouvert de Jésus était le lieu où le divin amour s'était fait une retraite pour y loger les fidèles, qui, poursuivis par leurs ennemis, s'y réfugient comme dans une forteresse ; que le divin amour y régnant comme dans son palais, il y admet les âmes qui, étant les vraies délaissées du monde, le quittent aussi de bon cœur et y brûlent comme dans une fournaise des douces flammes de cet amour ; ne trouvant ni plaisir ni joie dans ce qui est créé, elles trouvent tout leur contentement dans ce refuge, où elles mettent toute leur résidence jusqu'à la mort".
· Rosenthal (†1665), auteur allemand des lignes suivantes sur l'agonie du Christ à Gethsémani : "Dans son agonie mortelle au mont des Oliviers, Jésus priait, et là il sembla qu'il pleurait non seulement des yeux, mais de tous ses membres. C'est avec raison que les gouttes de sa sueur de sang ont été appelées larmes, car elles viennent toutes de son Cœur, toutes viennent de son très cordial amour pour nous, et miséricordieux au suprême degré, et ainsi elles furent vrai sang du Cœur".
· Jean Paulinus (1604-1671), auteur d'un recueil de Colloques avec le Sauveur en Croix (Pia cum Jesu vulnerato colloquia) publié à Munich en 1668, dont le 21° concerne le Cœur aimable de Jésus blessé. On y lit : "Votre Cœur est le sanctuaire de la Trinité adorable, il est très saint ; mon cœur est la demeure du péché, il est mauvais et impénétrable. Votre Cœur est le séjour de la sagesse, le mien est un abîme de folie. Votre Cœur est la source de toute grâce et de toute vertu, le mien est une sentine de souillures et de vices. La charité règne dans votre Cœur, la méchanceté dans le mien. Votre Cœur est embrasé de divines flammes, le mien est froid et glacé. La paix habite dans le vôtre, dans le mien s'agite le trouble continuel et l'angoisse. Le vôtre est toujours ouvert du côté du ciel, fermé du côté de la terre ; le mien s'ouvre pour la terre, il se ferme pour le ciel. Le vôtre retentit des louanges divines ; le mien ne résonne que des bruits importuns des soucis. Le vôtre est toujours fixé en Dieu ; le mien m'abandonne sans cesse, il fuit et s'égare… Que faire, Seigneur ? Le chercher ? Mais souvent, je le cherche en vain. Il est caché dans la boue terrestre… Je me suis donc dit que je dois chercher un autre cœur, et, gloire vous en soit rendue, ô mon Jésus, je l'ai trouvé. Je vois votre très sacrée poitrine ouverte par la lance, et j'y vois votre Cœur, ou, pour mieux dire, le mien. Car vous m'avez été donné… Tout ce que vous êtes est à moi : don de votre Père, don de vous-même. Donc votre Cœur même est mien, lui aussi. Et cela me suffit ; je ne cherche plus un autre cœur".
· Jacques Nouet (1608-1680), qui est sans doute avec le Père Saint-Jure mentionné plus haut l'auteur Jésuite qui a le mieux parlé du Sacré-Cœur. Dans un ouvrage publié en 1679 (permis d'imprimer en date du 13 avril 1674, donc toujours avant les grandes révélations de Paray-le-Monial), L'Homme d'oraison, on trouve dans la troisième partie comme un abrégé de tout ce qui peut se dire à la gloire du Sacré-Cœur. A noter que le Père Nouet était contemporain de Jean Eudes, et qu'il a pu s'inspirer du saint pour l'écriture de certaines de ses pages sur ce sujet. On y lit par exemple : "C'est le plus noble et le plus excellent des cœurs ; c'en est le plus riche et le plus souffrant ; tous les saints ont pris, dans ce Cœur adorable, leurs délices. C'est le Cœur d'un Dieu, subsistant dans la personne du Verbe ; il est animé de la plus belle âme que Dieu ait appelé à l'existence. Saint de la sainteté incréée, ses moindres actes ont une valeur et un prix infinis. Il est le domicile du Verbe et le chef-d'œuvre du Saint-Esprit, le cœur de l'Eglise, l'organe le plus magnifique de la toute-puissance divine, l'autel où s'est immolée notre victime ; enfin, le Roi des cœurs par son pouvoir, par sa grandeur et par son mérite. Il sait tous les ressorts, tous les secrets des cœurs. Nul n'est souverain comme lui"… "C'est dans cet adorable Cœur que nous trouvons toutes les armes propres pour notre défense, tous les remèdes nécessaires pour la guérison de nos maladies, tous les secours les plus puissants contre les assauts de nos ennemis, toutes les consolations les plus douces pour soulager nos souffrances, toutes les plus pures délices pour combler notre âme de joie. En un mot, toute la grâce, toute la justice, toute la lumière, toute la gloire, toute la félicité du Paradis est dans ce Cœur, qui est la vie de notre mort". Et un peu plus loin : "Regardez bien ce beau modèle, et tâchez dans les méditations que vous en ferez durant ce temps d'en tirer une excellente copie… Quand vous irez à l'oraison, persuadez-vous que vous allez à la conquête du ciel, que Jésus-Christ vous a ouvert ; mais qu'avant que de se joindre à vous, il vous demande si votre cœur est droit comme le sien, et qu'il n'y a rien qui lui soit plus agréable que la correspondance et la sympathie de vos affections avec les siennes. Il vous appelle à lui pour vous faire reposer sur le sein de son amoureuse providence : ne troublez pas son repos par vos inquiétudes et vos passions déréglées. Il vous présente son côté pour guérir les plaies de votre âme, pour animer votre foi et pour échauffer votre amour : ne résistez pas à ses attraits. Enfin, il est prêt de vous donner son Cœur, qui est le trésor de tous les biens du ciel, pourvu que vous lui donniez le vôtre : ne refusez pas cet échange qui vous est si avantageux ; donnez-le-lui sans partage et sans réserve ; priez-le qu'il le purifie, qu'il l'éclaire, qu'il le transforme et qu'il le rende parfaitement semblable au sien, en sorte qu'il le possède absolument et qu'il en soit toujours le maître". On trouve également dans les Entretiens sur La dévotion envers Notre-Seigneur J.C. (1681) d'autres belles pages sur le Cœur de Jésus.
· Vincent Huby (1608-1693), missionnaire breton, qui fut avec le Père Rigoleuc directeur spirituel d'Armelle Nicolas, dite "la Bonne Armelle" (1606-1671). Il fonda à Vannes en 1664 la première maison de retraites spirituelles, Centre Spirituel ignatien. Parmi ses écrits, le P. Champion - auteur de La vie des fondateurs des Maisons de retraite (1698), cf. ci-dessous - mentionne une Retraite sur l'amour de Dieu et de N.-S. Jésus-Christ, et la Pratique de l'amour de Dieu et de Notre-Seigneur Jésus-Christ (publié à Vannes en 1672). On lit par exemple au 7° jour de cette Retraite : "Cœur amoureux de mon Jésus, Cœur tout feu et tout flamme, comment est-il possible que vous ne fondiez pas la glace de nos cœurs ? Un amour infini a une force infinie sur le cœur de la personne qui est aimée. Sommes-nous donc capables d'une résistance et d'une dureté infinie ? Non. Mais hélas ! qu'il y a peu de personnes qui étudient sérieusement Jésus, et qui entrent dans son intérieur, pour connaître ce qu'il est en lui-même, ce qu'il est par rapport à nous !". Nous donnons au chapitre des Prières et Litanies deux autres textes extraits de ces deux ouvrages. Le P. Champion rapporte également que le P. Huby aimait à distribuer des médaillons représentant les Cœurs de Jésus et de Marie, y joignant des exercices de piété qu'il appelait le chapelet du Sacré Cœur, véritable initiation à l'oraison mentale.
· Le P. Champion (1632-1701), qui mit en ordre et publia en 1694 les notes prises à Rouen par le P. Rigoleuc (1595-1638) aux conférences du P. Louis Lallemant (1587-1635). Outre cette Doctrine spirituelle du P. Lallemant et la Vie du P. Rigoleuc, le P. Champion est également auteur de La Vie des fondateurs des Maisons de retraite (1698) et de litanies du Sacré-Cœur.
· Philippe Jeningen (1642-1704), véritable apôtre de la dévotion au Sacré-Cœur au duché de la Souabe en Allemagne, qui écrit par exemple : "Oh ! comme il est impossible de faire parfaitement comprendre à quel point le Cœur de Jésus est précieux et sublime. C'est pour l'âme un fait évident et, pour ainsi dire, immédiatement tangible, que nous possédons le Cœur de Jésus au sacrifice de la Sainte Messe ; et tout est enfermé dans ce Cœur très saint. En Lui, nous, pauvres enfants d'Eve, nous possédons notre père et notre maison paternelle ; en ce Cœur très saint, Dieu prend plaisir à se trouver parmi les enfants des hommes. Qu'il soit béni et glorifié, ce Cœur très saint, qui non seulement surpasse tous les biens, mais qui nous les accorde, et nous les communique. Quand nous sommes dans ce divin Cœur, nous sommes dans un endroit qui égale presque en délices le Paradis ; sans ce divin Cœur, le ciel lui même ne serait pas ce qu'il est".

Les Jésuites adoptent dès le XVI° siècle la représentation du Cœur de Jésus, joint au monogramme IHS des armes de la Compagnie. On trouve cette représentation aussi bien dans leurs ouvrages, que sur les édifices, églises ou oratoires. Le Cœur y est parfois isolé, parfois joint au Cœur de Marie, et souvent percé d'une lance, avec les trois clous.

Suite...


Le Sacré-Coeur de Jésus - Deux mille ans de Miséricorde
Le Sacré-Coeur de Jésus
Deux mille ans de Miséricorde


Le recueil qui est reproduit dans les pages de ce dossier avait trouvé un éditeur, Téqui, en juin 2008.

Une version considérablement enrichie, et actualisée jusqu'en juin 2019, est disponible à la vente chez le même éditeur depuis le 4 décembre 2019, en ligne sur son site internet ICI.

Merci de faire connaître autour de vous la nouvelle version de ce travail, augmentée de plus de 200 pages par rapport à la première édition.

« Les personnes qui propageront cette dévotion, auront leur nom inscrit dans mon Cœur, et il ne sera jamais effacé. »
(11ème promesse du Sacré-Coeur à sainte Marguerite-Marie)