" C'est comme un homme qui, partant en voyage, appela ses serviteurs et leur remis sa fortune. A l'un il donna cinq talents, deux à un autre, un seul à un troisième, à chacun selon ses capacités, et puis il partit. Aussitôt celui qui avait reçu les cinq talents alla les faire produire et en gagna cinq autres. De même celui qui en avait reçu deux en gagna deux autres. Mais celui qui n'en avait reçu qu'un s'en alla faire un trou en terre et enfouit l'argent de son maître. Après un long temps, le maître de ces serviteurs arrive et il règle ses comptes avec eux. Celui qui avait reçu les cinq talents s'avança et présenta cinq autres talents : "Seigneur, dit-il, tu m'as remis cinq talents : voici cinq autres talents que j'ai gagné." - "C'est bien, serviteur bon et fidèle, lui dit son maître, en peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t'établirai; entre dans la joie de ton seigneur". Vint ensuite celui qui avait reçu deux talents : "Seigneur, dit-il, tu m'as remis deux talents : voici deux autres talents que j'ai gagné." - "C'est bien, serviteur bon et fidèle, lui dit son maître, en peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t'établirai; entre dans la joie de ton seigneur". Vint ensuite celui qui détenait un seul talent : "Seigneur, dit-il, j'ai appris à te connaître pour un homme âpre au gain : tu moissonnes où tu n'as point semé, et tu ramasses où tu n'as rien répandu. Aussi, pris de peur, je suis allé enfouir ton talent dans la terre : le voici, tu as ton bien." Mais son maître lui répondit : "Serviteur mauvais et paresseux ! tu savais que je moissonne où je n'ai pas semé, et que je ramasse où je n'ai rien répandu ? Eh bien ! tu aurais du placer mon argent chez les banquiers, et à mon retour j'aurais recouvré mon bien avec un intérpêt. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui a les dix talents. Car à tout homme qui a, l'on donnera et il aura du surplus; mais a celui qui n'a pas, on enlèvera ce qu'il a."
Matthieu 25.14-29 et Luc 19.12-27
Votre devoir et votre désir essentiels sont d'être unis à Dieu. Mais, pour vous unir, il faut d'abord que vous soyez, -et que vous soyez vous-mêmes, le plus complètement possible. Eh bien, développez-vous donc, prenez possession du Monde pour être. Et puis, ceci fait, renoncez-vous, acceptez de diminuer pour être à l'autre. Voilà le double et unique précepte de l'ascétique chrétienne complète.
Pierre Teilhard de Chardin, Le Milieu Divin
C'est un devoir proprement chrétien que de grandir, même devant les hommes, et de faire fructifier ses talents, même naturels... Il reste que l'usage et le dosage du développement dans la vie spirituelle sont choses particulièrement délicates, rien n'étant plus aisé que de se chercher soi-même, sous prétexte de grandir et d'aimer en Dieu. La seule vraie protection contre ce danger d'illusion est un soin constant de garder très vive (Dieu aidant) la vision passionnée du plus Grand que tout. En présence de cet intérêt suprême, la seule idée de croître ou de jouir égoïstement, pour soi-même, devient insipide, et insupportable... Ainsi, dans le rythme général de la vie chrétienne, développement et renoncement, attachement et détachement, ne s'excluent pas. Ils s'harmonisent au contraire, comme, dans le jeu de nos poumons, l'aspiration de l'air et son expiration. Ce sont les deux temps de la respiration de l'âme, -ou, si l'on préfère, les deux composantes de l'élan par lequel elle prend continuellement pied sur les choses pour les dépasser.
Pierre Teilhard de Chardin, Le Milieu Divin
Quel est donc le chemin le plus court qui conduit à la vraie lumière ? Voici ce chemin : se renoncer vraiment soi-même, aimer et n'avoir en vue que Dieu seul, en toute pureté et bien à fond, et ne vouloir en aucune chose son intérêt propre, mais désirer et rechercher seulement l'honneur et la gloire de Dieu, attendre tout immédiatement de Dieu et, sans aucun détour ni intermédiaire, lui rapporter toutes choses, d'où qu'elles viennent, afin qu'entre Dieu et nous il y ait un flux et un reflux tout à fait immédiats. Voilà le vrai, le droit chemin.
Jean Tauler, Sermon 10 (sur Jean 8.12)
" Dieu vit ce qu'il avait fait, et cela était très bon. "
Genèse 1.31
Dieu nous a donné toutes choses pour qu'elles nous soient un chemin pour aller à Lui. Il veut que Lui seul soit le terme, et rien d'autre, ni ceci, ni cela.
Jean Tauler, Sermon, 55
Il n'est pas nécessaire toujours de quitter effectivement ses emplois, ses affaires, son étude, le soin de sa famille, et autres choses semblables; mais il suffit de prendre ces mêmes choses comme ordonnées de Dieu, et comme faisant partie de son service. De là viendra que telles choses ne seront point des empêchements; car ce qui empêche l'homme est le dessein, et non pas les choses.
Jean-Joseph Surin, Catéchisme spirituel, Tome 2, 1° partie, chap. II
Nous ne nous occupons pas ici de la privation des biens; cette privation n'en détache pas l'âme qui continue à les désirer; nous parlons du détachement de l'âme par rapport à ses tendances vers ces biens et les plaisirs qu'elle y trouve. C'est ce détachement qui fait l'âme libre et vide de tous les biens qu'elle pourrait posséder.
Saint Jean de la Croix, La montée du Carmel, Livre I, 3
Les commandements du Seigneur nous enseignent à user raisonnablement des choses qui sont au milieu de nous. L'usage raisonnable de ces choses purifie l'état de l'âme. Et l'état de pureté enfante l'impassibilité, d'où naît l'amour parfait.
Saint Maxime le Confesseur, Centuries IV
Qu'elles soient possédées, les choses terrestres, qu'elles ne vous possèdent pas... Usez des choses temporelles durant votre pélerinage, mais désirez les biens éternels pour le terme.
Saint Grégoire le Grand, Homélies sur l'Evangile, 36
" Je sais me priver comme je sais être à l'aise. En tout temps et de toutes manières, je me suis initié à la satiété comme à la faim, à l'abondance comme au dénuement. "
Philippiens 4.12
" Car nous n'avons rien apporté dans le monde et de même nous n'en pouvons rien emporter. Lors donc que nous avons nourriture et vêtement, sachons être satisfaits. "
1 Timothée 6.7-8
Le boire, le manger, le vêtement et les autres choses nécessaires pour soutenir le corps, sont à charge à une âme fervente. Faites que j'use de ces soulagements avec modération, et que je ne les recherche point avec trop de désir. Les rejeter tous, cela n'est pas permis, parce qu'il faut soutenir la nature; mais votre loi sainte défend de rechercher tout ce qui est au-delà du besoin et ne sert qu'à flatter les sens; autrement la chair se révolterait contre l'esprit. Que votre main, Seigneur, me conduise entre ces deux extrêmes, afin qu'instruit par vous je me préserve de tout excès.
Imitation de Jésus-Christ, L. III, chap. XXVI
Si vous avez de l'esprit, ne vous mettez point en tête d'acquérir cette sorte de biens, dont l'acquisition ne peut que vous rendre misérable; qui étant possédés chargent, étant aimés souillent, et étant perdus tourmentent; ne vaut-il pas mieux les mépriser avec honneur que de les perdre avec douleur ? Ne ferez-vous pas plus sagement de les donner de bon coeur et par amour à Jésus-Christ, que d'attendre que la mort vous les arrache par force ?
Saint Bernard, Epitre 103
L'homme est créé pour louer, révérer et servir Dieu notre Seigneur et par là sauver son âme, et les autres choses sur la face de la terre sont créées pour l'homme, et pour l'aider dans la poursuite de la fin pour laquelle il est créé. D'où il suit que l'homme doit user de ces choses dans la mesure où elles l'aident pour sa fin et qu'il doit s'en dégager dans la mesure où elles sont, pour lui, un obstacle à cette fin.
Saint Ignace de Loyola, Exercices spirituels, 1° semaine
Les biens présents, non seulement sont fort petits et ne nous contentent pas, mais encore méritent mieux d'être appelés maux que biens. Car si ce sont des biens, pourquoi ne rendent-ils pas bons les hommes ?
J.-B. Saint-Jure, De la connaissance et de l'amour du Fils de Dieu, L. I, chap. XVII
"C'est le grand mal de l'homme", dit saint Augustin, "de vouloir jouir des choses desquelles il doit seulement user, et de vouloir user de celles desquelles il doit seulement jouir". Nous devons jouir des choses spirituelles, et seulement user des corporelles, desquelles quand l'usage est converti en jouissance, notre âme raisonnable est aussi convertie en âme brutale et bestiale.
Saint François de Sales, Introduction à la vie dévote, III-39
Allez de monde en monde, de royaume en royaume, de richesse en richesse, de plaisir en plaisir, vous ne trouverez pas votre bonheur. La terre entière ne peut pas plus contenter une âme immortelle qu'une pincée de farine, dans la bouche d'un affamé, ne peut le rassasier.
Saint Curé d'Ars, Homélie (Dernier dimanche de l'année)
" Je vous le dis, frères : le temps se fait court. Que désormais ceux qui ont femme vivent comme s'ils n'en avaient pas; ceux qui pleurent, comme s'ils ne pleuraient pas; ceux qui sont dans la joie, comme s'ils n'étaient pas dans la joie; ceux qui achètent, comme s'ils ne possédaient pas; ceux qui usent de ce monde comme s'ils n'en usaient pas vraiment. Car elle passe, la figure de ce monde. "
1 Corinthiens 7.29-31
Qu'importe que l'oiseau soit retenu par un fil léger ou une corde ? Le fil qui le retient à beau être léger, l'oiseau y reste attaché comme à la corde, et tant qu'il ne l'aura pas rompu, il ne pourra voler. Sans doute ce fil léger est plus facile à rompre; mais si facile à rompre que soit ce fil, l'oiseau ne peut, tant qu'il ne l'a pas rompu, prendre son essor. Ainsi en est-il de l'âme qui est attachée à un objet quelconque. Quelque soit sa vertu, elle n'arrivera pas à la liberté de l'union divine.
Saint Jean de la Croix, La montée du Carmel, Livre I, 11
Vivons en ce monde comme détachés. Si nous y sommes comme n'ayant rien, nous y serons en effet comme possesseurs de tout; si nous nous détachons des créatures, nous y gagnerons le Créateur.
J.-B. Bossuet, Sermon (II° Panégyrique de Saint Joseph)
Commence par te délivrer de tout lien extérieur, et tu pourras lier ton coeur à Dieu.
Saint Isaac le Syrien, Oeuvres spirituelles
Jésus aime d'autant plus à remplir les âmes qu'il les trouve plus vides de l'amour du monde.
J.-B. Bossuet, Sermon (Sur la virginité)
" Quiconque parmi vous ne renonce pas à tous ses biens ne peut être mon disciple. "
Luc 14.33
" Ne te laisse pas entraîner par tes passions et réfrène tes désirs. Si tu t'accordes la satisfaction de tes appétits, tu fais la risée de tes ennemis. "
Ecclésiastique 18.30-31
Le déclin des sens est aurore de la vérité.
Henri Suso, Livre de la Vie, IL
La garde des sens s'appelle aussi la garde du coeur, parce que par eux entre dans le coeur ce qui peut nuire à la vertu.
Jean-Joseph Surin, Catéchisme spirituel, Tome 2, 5° partie, chap. II
" N'aimez ni le monde ni ce qui est dans le monde. Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est pas en lui. Car tout ce qui est dans le monde -la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l'orgueil de la richesse- vient non pas du Père mais du monde. Or le monde passe avec ses convoitises; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement. "
1 Jean 2.15-17
L'âme qui n'aime rien, est capable de tout aimer.
Jean-Joseph Surin, Catéchisme spirituel, Tome 2, 6° partie, chap. I
Quel est dans la pratique le Dieu que chacun de nous adore ? C'est ce que son esprit estime, et que son coeur aime par-dessus toutes choses. Le Dieu de l'avare, c'est son or et son argent. Le Dieu du voluptueux, c'est l'impureté. Le Dieu du furieux, c'est la colère. Longtemps auparavant St Paul n'avait-il pas dit de ces hommes qui se livrent au plaisir de la table, que leur ventre est leur Dieu ? Hommes de plaisirs, hommes de richesses, rougissez si vous en êtes capables. Les passions auxquelles vous vous abandonnez, sont vos Dieux. Le flambeau de la raison n'est pas moins éteint dans vous, que celui de la religion.
J.-B. Saint-Jure, Le livre des Elus, chap. III
" D'où viennent les guerres, d'où viennent les batailles parmi vous ? N'est-ca pas précisemment de vos passions, qui combattent dans vos membres ? Vous convoitez et ne possédez pas ? Alors vous tuez. Vous êtes jaloux et ne pouvez obtenir ? Alors vous bataillez et vous faites la guerre. Vous ne possédez pas parce que vous ne demandez pas. Vous demandez et ne recevez pas parce que vous demandez mal, afin de dépenser pour vos passions... Soumettez-vous donc à Dieu; résistez au diable et il fuira loin de vous. Approchez-vous de Dieu et il s'approchera de vous. "
Jacques 4.1-3 et 7-8
Ce n'est pas l'absence du désir, mais la victoire sur le désir qui est une marque de vertu. "
Erasme, Le Poignard du soldat chrétien
L'Ecriture ne proscrit rien de ce que Dieu nous a donné pour notre usage. Mais elle réprime la démesure et elle corrige la déraison. Ainsi elle ne défend pas de manger, ni de faire des enfants, ni d'avoir des biens et de les gérer comme il faut. Mais elle interdit d'être gourmand, de se prostituer, etc... Elle n'interdit pas non plus de penser à ces choses, car elles ont été faites pour cela. Mais elle défend d'y penser avec passion.
Saint Maxime le Confesseur, Centuries IV
Non seulement nos passions sont vaines, mais, quoique vaines, elles sont insatiables et sans bornes; car quel ambitieux entêté de sa fortune et des honneurs du monde s'est jamais contenté de ce qu'il était ? Quel avare dans la poursuite et dans la recherche des biens de la terre a jamais dit : c'est assez ? Quel voluptueux esclave de ses sens a jamais mis de fin à ses plaisirs ? La nature, dit ingénieusement Salvien, s'arrête au nécessaire, la raison veut l'utile et l'honnête, l'amour-propre l'agréable et le délicieux, mais la passion le superflu et l'excessif : or ce superflu est infini; mais cet infini, tout infini qu'il est, trouve, si nous voulons, ses limites et ses bornes dans le souvenir de la mort, comme il les trouvera malgré nous dans la mort même.
Louis Bourdaloue, Sermon sur la pensée de la mort
" Mortifiez donc vos membres terrestres : fornication, impureté, passion coupable, mauvais désirs, et la cupidité, qui est une idolâtrie; à présent, rejetez tout cela : colère, emportement, malice, outrages, vilains propos doivent quitter vos lèvres; ne vous mentez plus les uns aux autres. "
Colossiens 3.5 et 8-9
D. - N'auriez-vous point quelques bons avis convenables à réprimer toutes ces émotions qui mettent tant d'obstacles à la vertu et à la grâce ? R. - Oui, j'en ai appris quelques-uns d'un Père spirituel, qui me semblent fort utiles. - Lorsqu'un autre sera d'opinion contraire à la mienne, s'il n'y a point de péché, et que ce soit en chose petite, je prendrai la sienne, me persuadant que je me puis tromper. - Lorsque j'aurai quelque pensée de présomption, j'aurai aussitôt recours à d'autres pensées qui m'humilient. - Etant prié par quelqu'un, il ne faut l'éconduire que dans une grande impossibilité, alors satisfaire par paroles. - Lorsque je sentirai une grande inclination à faire quelque chose, je laisserai, s'il y a moyen, passer cette chaleur avant que de commencer. - Lorsque je sentirai mon coeur ému de colère, je ne dirai mot, quoiqu'il me semble avoir raison. - Avant que de répondre aux demandes qu'on me pourrait faire, je laisserai passer le premier mouvement, qui souvent me fait commettre force impertinences. - J'aurai à coeur la douceur, la bénignité et affabilité avec tous. - Je ne me fâcherai jamais pour quoi que ce soit. - Je ne parlerai jamais de moi, qu'en grande nécessité, et alors avec humilité. - Lorsque je voudrai dire quelque chose, j'y penserai bien auparavant, pour ne pas commettre quelque imprudence; et je me tairai plutôt que de parler impertinemment. - Lorsque je me sentirai porté à juger mal des actions d'autrui, j'en chasserai par douceur la pensée. - Aux occasions d'endurer quelque chose, j'élèverai le coeur à Dieu avec grande confiance, et je me garderai bien de donner quelque témoignage d'impatience.
Jean-Joseph Surin, Catéchisme spirituel, 1° Partie, chap. IV
" En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd; et qui hait sa vie en ce monde la conservera en vie éternelle. "
Jean 12.24
" Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera. Que sert donc à l'homme de gagner le monde entier, s'il se perd ou se ruine lui-même ? "
Matthieu 10.39 et Luc 9.24-25
" Que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se fasse ! "
Luc 22.42
Il faut, mon fils, que vous vous donniez tout entier pour posséder tout, et que rien en vous ne soit à vous-même. Sachez que l'amour de vous-même vous nuit plus qu'aucune chose du monde.
Imitation de Jésus-Christ, L. III, chap. XXVII
Si la volonté doit être unie à Lui, il faut qu'elle se vide, qu'elle rejette toute affection désordonnée du désir, toute satisfaction qu'elle peut avoir de façon distincte, élevée et basse, temporelle et spirituelle; de sorte que, purifiée et nettoyée de toutes satisfactions, de toutes joies, de tous désirs rebelles, elle puisse être complètement occupée, avec toutes ses affections, à aimer Dieu.
Saint Jean de la Croix, cit. Philosophia perennis, A. Huxley, Chap. 5
Quel est le plus petit obstacle ? Une pensée. Quel est le plus grand ? L'âme qui reste en possession de sa volonté propre.
Henri Suso, Livre de la Vie, Chap. IL
Retournez la question sous toutes ses faces, toujours il faudra que le fond de l'homme soit dépouillé, détaché, libre, pauvre et dégagé de toute propriété, si Dieu doit réellement y accomplir son oeuvre.
Jean Tauler, Sermon, 71
C'est seulement en contemplant et en aimant Dieu que nous pouvons apprendre l'oubli du moi, dûment mesurer le néant qui nous a éblouis, et nous habituer avec reconnaissance à décroître sous cette grande Majesté qui absorbe toutes choses. Aimez Dieu, et vous serez humbles; aimez Dieu, et vous rejetterez l'amour du moi; aimez Dieu, et vous aimerez tout ce qu'il vous donne à aimer, par amour pour Lui.
Fénelon, cit. Philosophia perennis, A. Huxley, Chap. 5
On ne voudra ni ne cherchera rien d'autre, en tout et pour tout, qu'une plus grande louange et gloire de Dieu notre Seigneur; car chacun doit penser qu'il progressera d'autant plus en toutes choses spirituelles qu'il sortira de son amour, de son vouloir et de ses intérêts propres.
Saint Ignace de Loyola, Exercices spirituels, 2° semaine
Oubliez-vous tant que vous pourrez, c'est le secret de la paix et du bonheur. Saint François-Xavier s'écriait : "Ce qui me touche ne me touche pas, mais ce qui Le touche me touche puissamment." Heureuse l'âme qui est arrivée à ce dégagement total, elle aime en vérité !
Elisabeth de la Trinité, Lettre, 264
" En Dieu seul le repos pour mon âme, de lui mon salut; lui seul mon rocher, mon salut, ma citadelle, je ne chancelle pas. "
Psaume 62.2-3
" Alors j'ai dit : Voici, je viens. Au rouleau du livre il m'est prescrit de faire tes volontés; mon Dieu, j'ai voulu ta loi au profond de mes entrailles. "
Psaume 40.8-9
" Car tu ne prends aucun plaisir au sacrifice; un holocauste, tu n'en veux pas. Le sacrifice à Dieu, c'est un esprit brisé; d'un coeur brisé, broyé, Dieu, tu n'as point de mépris. "
Psaume 51.18-19
" Ton témoignage est à jamais mon héritage, il est la joie de mon coeur. J'infléchis mon coeur à faire tes volontés, récompense pour toujours. "
Psaume 119.111-112
" YHWH, tu es notre Père, nous sommes l'argile, tu es notre potier, nous sommes tous l'oeuvre de tes mains. "
Isaïe 64.7
La pratique de la divine volonté consiste en trois points. Le premier est de faire ce que Dieu veut; le second de le faire comme il le veut; le troisième de le faire parce qu'il le veut. D. - Que faut-il faire pour connaître cette divine volonté ? R.- Il y a quatre choses qui nous peuvent servir de règle pour savoir en quoi elle consiste, qui sont : la foi, l'obéissance, l'inspiration et la raison. Cet agrément du bon plaisir divin donne une si grande paix et un tel courage aux âmes qui y sont exercées, que rien ne les peut étonner ni ébranler en ce monde. Tout est reçu par elles avec allégresse et contentement, quelque rude et difficile qu'il puisse être; toutes choses étant embaumées, enrichies et relevées par ce bien préférable à tous les autres.
Jean-Joseph Surin, Catéchisme spirituel, 3° Partie, chap. II et VIII et 4° Partie, chap. VIII
Je me laisse, ô mon Dieu, dans vos mains : tournez, retournez cette boue, donnez-lui une forme; brisez-la ensuite; elle est à vous, elle n'a rien à dire. Il me suffit qu'elle serve à tous vos desseins, et que rien ne résiste à votre bon plaisir, pour lequel je suis fait. Demandez, ordonnez, défendez : que voulez-vous que je fasse ? Que voulez-vous que je ne fasse pas ? Elevé, abaissé, consolé, souffrant, appliqué à vos oeuvres, inutile à tout, je vous adorerai toujours également, en sacrifiant toute volonté propre à la vôtre : il ne me reste à dire en tout comme Marie : Qu'il me soit fait selon votre parole ! Fénelon, Instructions et Avis, VI, 100
Ce n'est pas toi qui fait Dieu, mais Dieu qui te fait. Si donc tu es l'ouvrage de Dieu, attends patiemment la Main de ton Artiste, qui fait toutes choses en temps opportun. Présente-lui un coeur souple et docile et garde la forme que t'a donné cet Artiste, ayant en toi l'Eau qui vient de lui et, faute de laquelle, en t'endurcissant, tu rejetterais l'empreinte de ses doigts.
Saint Irénée de Lyon, Contre les hérésies, IV
Je vous prie de bien remarquer que la pratique des pratiques, le secret des secrets, la dévotion des dévotions, c'est de n'avoir point d'attache à aucune pratique ou exercice particulier de dévotion; mais avoir un grand soin, dans tous vos exercices et actions, de vous donner au saint Esprit de Jésus, et de vous y donner avec humilité, confiance et détachement de toutes choses, afin que, vous trouvant sans attache à votre propre esprit et à vos propres dévotions et dispositions, il ait plein pouvoir et liberté d'agir en vous selon ses désirs, de mettre en vous telles dispositions et tels sentiments de dévotion qu'il voudra, et de vous conduire par les voies qu'il lui plaira.
Saint Jean Eudes, Le Royaume de Jésus
L'amour de Dieu, la soumission à son action divine, voilà l'essentiel qui sanctifie l'âme, c'est tout ce qui dépend d'elle, c'est ce qui fait la grâce en elle par sa fidélité à y répondre... Il faut donc en tout aimer Dieu et son ordre; il faut l'aimer tel qu'il se présente, sans rien désirer de plus. Que tels ou tels objets soient offerts, ce n'est point l'affaire de l'âme, mais de Dieu, et ce qu'il donne est le meilleur à l'âme. Le grand abrégé de spiritualité que cette maxime, que cet abandon pur et entier à l'ordre de Dieu !
Jean-Pierre de Caussade, L'abandon à la Providence divine, IV
Dans l'abandon, l'unique règle est le moment présent; l'âme y est légère comme une plume, fluide comme l'eau, simple comme l'enfant; elle y est mobile comme une boule pour recevoir et suivre toutes les impressions de la grâce. Ces âmes n'ont pas plus de consistance et de raideur qu'un métal fondu; comme celui-ci prend tous les traits du moule où on le fait couler, ces âmes se plient et s'ajustent aussi facilement à toutes les formes que Dieu veut leur donner; en un mot, leur disposition ressemble à celle de l'air qui se prête à tout souffle et qui se configure à tout.
Jean-Pierre de Caussade, L'abandon à la Providence divine, IV
Le moment présent est toujours plein de trésors infinis, il contient plus que vous n'avez de capacité. La foi est la mesure, vous y trouverez autant que vous croyez; l'amour est aussi la mesure, plus votre coeur aime, plus il désire, et plus il croit trouver, plus il trouve. La volonté de Dieu se présente à chaque instant comme une mer immense, que votre coeur ne peut épuiser; il n'en reçoit qu'autant qu'il s'étend par la foi, par la confiance et par l'amour.
Jean-Pierre de Caussade, L'abandon à la Providence divine, IX
Un homme abandonné, aucune de ses heures ne doit lui passer inaperçue. Un homme abandonné ne doit pas être sans cesse à regarder de quoi il a besoin. Il doit regarder de quoi il peut se passer. Un homme abandonné demeure insoucieux de lui-même comme s'il ne savait rien de lui-même. Car par cela même que Dieu l'habite, toutes choses sont en lui magnifiquement ordonnées.
Henri Suso, Livre de la Vie, Chap. IL
Voici un indice : si la privation de quelque chose t'afflige, c'est que tu ne t'es pas entièrement abandonné à la volonté de Dieu, tout en ayant, peut-être, l'impression de vivre selon sa volonté.
Silouane, Ecrits
Accordez-moi, ô bon Jésus ! votre grâce; qu'elle soit en moi, qu'elle agisse avec moi, et qu'elle demeure avec moi jusqu'à la fin. Faites que je désire et veuille toujours ce qui vous est le plus agréable, et ce que vous aimez le plus. Que votre volonté soit la mienne; et que ma volonté suive toujours la vôtre, et jamais ne s'en écarte en rien. Qu'uni à vous, je ne veuille ni ne puisse vouloir que ce que vous voulez; et qu'il en soit ainsi de ce que vous ne voulez pas. Donnez-moi de mourir à tout ce qui est du monde, et d'aimer à être oublié et méprisé du siècle à cause de vous. Faites que je me repose en vous par-dessus tout ce qu'on peut désirer, et que mon coeur ne recherche sa paix qu'en vous.
Imitation de Jésus-Christ, L. III, chap. XV