Les Promesses du Sacré-Coeur
Difficile de parler du Sacré-Cœur sans faire mention des Promesses… Bien-sûr, elles ne figurent pas telles quelles dans les révélations reçues par Marguerite-Marie, et l'on ignore encore quand et par qui ces faveurs furent fixées en cette forme qui nous est connue aujourd'hui. Ce qui est certain, c'est que ces promesses ne furent répandues que bien après la mort de la sainte de Paray, et ce n'est qu'à la fin du XIX° siècle qu'elles connurent une diffusion mondiale : en 1882, M. Kemper, modeste commerçant de Dayton aux U.S.A., entreprit de les diffuser partout ; il les fit traduire en plus de deux cents langues et imprimer sur des images du Sacré-Cœur, qu'il répandit par millions à travers le monde.
Les voici dans la forme qu'on leur connaît aujourd'hui, qui n'a guère varié depuis un siècle.
1. Je leur donnerai toutes les grâces nécessaires dans leur état.
2.Je mettrai la paix dans leurs familles.
3. Je les consolerai dans toutes leurs peines.
4. Je serai leur refuge assuré pendant la vie et surtout à la mort.
5. Je répandrai d'abondantes bénédictions sur toutes leurs entreprises.
6. Les pêcheurs trouveront dans mon Cœur la source et l'océan infini de la miséricorde.
7. Les âmes tièdes deviendront ferventes.
8. Les âmes ferventes s'élèveront rapidement à une grande perfection.
9. Je bénirai les maisons où l'image de mon Sacré-Cœur sera exposée et honorée.
10. Je donnerai aux prêtres le talent de toucher les cœurs les plus endurcis.
11. Les personnes qui propageront cette dévotion, auront leur nom inscrit dans mon Cœur, et il ne sera jamais effacé.
12. Je te promets dans l'excès de la miséricorde de mon Cœur que son amour tout-puissant accordera à tous ceux qui communieront les premiers vendredis neuf fois de suite la grâce de la pénitence finale ; qu'ils ne mourront point dans ma disgrâce ni sans recevoir leurs sacrements et que mon Cœur se rendra leur asile assuré à cette dernière heure.
Cette dernière promesse est appelée la "Grande Promesse", et concerne donc la Communion des neuf premiers vendredis de mois consécutifs.
Il est relativement aisé de retrouver l'origine de ces douze Promesses dans les Lettres de la sainte de Paray. Les références en sont données ci-dessous, et sont consultables dans la chronologie, aux années placées en tête.
Les phrases relatives au promesses y ont été soulignées.
1674 : Promesses 5, 9 : cf. Lettre au Père Croiset du 3 novembre 1689.
1685 : Promesses 10, 7 : cf. Lettre au Père Croiset du 10 août 1689
1685 : Promesses 9, 2, 1, 3, 6 : cf. Lettre XXXV à la Mère de Saumaise du 24 août 1685
1685 : Promesses 9, 2, 1, 6 : cf. Lettre XXXVI à la Mère Greyfié
1685 : Promesse 11 : cf. Lettre XXXIX à la Mère Greyfié de janvier 1686
1685 : Promesses 4, 8, 9, 2, 1, 6 : cf. Lettre au Père Croiset du 10 août 1689
1688 : Promesse 12 : cf. Lettre LXXXVI à la Mère de Saumaise de mai 1688
Il est toutefois aisé de constater à la lecture de ces originaux que les formules retenues dans le texte des Promesses tel qu'il est propagé depuis plus d'un siècle finit "par s'écarter trop sensiblement des paroles, sinon du sens même des expressions" citées par Marguerite-Marie, ainsi que le faisait déjà remarquer en 1890 le Cardinal Perraud, archevêque d'Autun. Il semble donc essentiel de rappeler ci-dessous le texte complet et authentique de ces Promesses, tel qu'il apparaît dans les Lettres.
1° - Pour ceux qui travaillent au salut des âmes.
"Mon divin Sauveur m'a fait entendre que ceux qui travaillent au salut des âmes auront l'art de toucher les cœurs les plus endurcis et travailleront avec un succès merveilleux, s'ils sont pénétrés eux-mêmes d'une tendre dévotion au divin Cœur." (T.I, p.275 - T.II, p.627). (*)
2° - Pour les Communautés.
"Il m'a promis… qu'Il répandra la suave onction de son ardente charité sur toutes les Communautés qui l'honoreront et se mettront sous sa spéciale protection ; qu'Il en détournera tous les coups de la divine justice pour les remettre en grâce lorsqu'elles seront déchues." (T.II, p.300).
3° - Pour les personnes séculières.
"Pour les personnes séculières, elles trouveront, par le moyen de cette aimable dévotion, tous les secours nécessaires à leur état ; c'est-à-dire la paix dans leurs familles, le soulagement dans leurs travaux, les bénédictions du ciel dans toutes leurs entreprises, la consolation dans leurs misères, et c'est proprement dans ce Sacré Cœur qu'elles trouveront un lieu de refuge pendant toute leur vie, et principalement à l'heure de la mort." (T.II, pp.627, 275).
4° - Pour les maisons où l'image du Sacré Cœur sera exposée et honorée.
"M'assurant qu'Il prenait un plaisir singulier d'être honoré sous la figure de ce Cœur de chair, dont Il voulait que l'image fut exposée en public, afin, ajouta-t-Il, de toucher par cet objet le cœur insensible des hommes ; me promettant qu'Il répandrait avec abondance dans le cœur de tous ceux qui l'honoreraient tous les dons dont Il est plein ; et que, partout où cette image serait exposée pour y être singulièrement honorée, elle y attirerait toutes sortes de bénédictions." (T.II, pp.572, 296).
5° - Promesses de grâces en faveur de ceux qui se dévoueront pour Lui.
"Je me sens comme toute abîmée dans ce divin Cœur ; si je ne me trompe, j'y suis comme dans un abîme sans fond où Il me découvre des trésors d'amour et de grâces pour les personnes qui se consacreront et sacrifieront à lui rendre et procurer tout l'honneur et l'amour et la gloire qui sera à leur pouvoir." (T.II, p.396).
6° - Promesse de salut pour tous ceux qui lui auront été dévoués et consacrés.
"Il m'a confirmé que le plaisir qu'Il prend d'être aimé, connu et honoré des créatures est si grand que, si je ne me trompe, Il m'a promis que tous ceux qui lui seront dévoués et consacrés ne périront jamais." (T.II, pp.300, 296, 328, 344).
7° - Promesse de bonne mort pour tous ceux qui communieront neuf premiers vendredis du mois de suite.
"Un jour de vendredi, pendant la sainte communion, Il dit ces paroles à son indigne esclave, si elle ne se trompe : «Je te promets, dans l'excessive miséricorde de mon Cœur, que son amour tout-puissant accordera à tous ceux qui communieront neuf premiers vendredis des mois, de suite, la grâce de la pénitence finale, ne mourant point dans ma disgrâce et sans recevoir leurs sacrements, [mon divin Cœur] se rendant leur asile assuré au dernier moment.»" (T.II, p.397 - T.I, p.261).
8° - Promesse du règne du Sacré Cœur
"Ne crains rien, je règnerai malgré mes ennemis et tous ceux qui voudront s'y opposer." (T.II, p.105).
"Il règnera, cet aimable Cœur, malgré Satan. Ce mot me transporte de joie."
"Enfin, Il règnera ce divin Cœur, malgré ceux qui voudront s'y opposer. Satan demeurera confus avec tous ses adhérents." (T.II, pp.436, 489).
(*) : Textes extraits de Vie et Œuvres de sainte Marguerite-Marie , Mgr Gauthey, Paris, G. de Gigord, 1920.
Marguerite-Marie parlait-elle en son propre nom, ou au nom du Seigneur ? Il est délicat de trancher cette question, qui déborde le cadre de notre présent travail. Il est vrai que la sainte de Paray a souvent employé des termes tels que "si je ne me trompe". Mais elle agissait ainsi d'une part par obéissance, la Mère Greyfié lui ayant ordonné d'employer cette expression lorsqu'elle parlait de ses révélations et des grâces qu'elle recevait du Seigneur, et d'autre part par humilité et prudence ; cela n'ôte évidemment rien à la véracité du message transmis, dont Benoît XV a reconnu l'authenticité dans la Bulle de canonisation Ecclesiae consuetudo du 13 mai 1920 - Bulle en laquelle il cite d'ailleurs textuellement la Grande Promesse : "Les témoignages de la bonté et de la miséricorde de Dieu manifestés avec tant d'éclat dans la vie de la Servante de Dieu sont, d'ailleurs, bien capables de porter tous les régénérés par le sang du Christ à vouer leur amour au Sacré-Cœur, afin d'en obtenir, dans les difficultés de la vie présente, ces grâces promises par lui à ceux qui l'honoreraient d'un culte spécial." (Vie et Œuvres, t. III, p. 700).
Il n'y a bien sûr aucun effet "magique" dans l'accomplissement de ces Promesses du Seigneur. Si elles peuvent stimuler le croyant sur la route qui mène à Dieu, celui-ci ne doit pas oublier que c'est à un appel d'Amour qu'il doit répondre, et que, libéré de toute contrainte comme de toute idée de "récompense", c'est dans cet échange amoureux qu'il pourra puiser dans les trésors du Cœur Sacré de Jésus.