Pie XI (1857-1939)
Notre souhait le plus vif et Notre espoir le plus ferme, c'est que la Justice de Dieu, qui eût, dans sa miséricorde, pardonné à Sodome pour dix justes, pardonne plus volontiers encore au genre humain, parce que la communauté chrétienne tout entière, de tout lieu et de toute race, aura offert ses instantes supplications et ses réparations efficaces, en union avec le Christ, son Médiateur et Chef.
Miserentissimus Redemptor, n°35, 8 mai 1928.
Jean-Paul II (1920-2005)
L'amour de Dieu est capable de se faire proche de chaque enfant prodigue, de chaque misère humaine. Et celui qui est ainsi objet de sa miséricorde ne se sent pas humilié, mais comme retrouvé et "revalorisé".
…
La conversion à Dieu consiste toujours dans une découverte de sa miséricorde, c'est-à-dire de cet amour patient et doux comme l'est Dieu Créateur et Père.
Dives in misericordiae, n°6 & 13, 1980
Amour Miséricordieux, ne viens pas à nous manquer, nous t'en prions !
Amour Miséricordieux, ne te lasse jamais !
Sois constamment plus grand que tout mal qui se trouve en l'homme et dans le monde !
Sois plus grand que ce mal qui a grandi dans notre siècle et dans notre génération !
Sois plus puissant par la force du Roi-Crucifié !
« Béni soit son Royaume qui vient ! »
Collevalenza (Perugia), 22 novembre 1981.
A travers le Coeur du Christ crucifié, la miséricorde divine atteint les hommes : "Ma Fille, dis que je suis l'Amour et la Miséricorde en personne", demandera Jésus à Soeur Faustyna (Journal, 374). Cette miséricorde, le Christ la diffuse sur l'humanité à travers l'envoi de l'Esprit qui, dans la Trinité, est la Personne-Amour. Et la miséricorde n'est-elle pas le "second nom" de l'amour (cf. Dives in misericordia, n. 7), saisi dans son aspect le plus profond et le plus tendre, dans son aptitude à se charger de chaque besoin, en particulier dans son immense capacité de pardon ?
Aujourd'hui, ma joie est véritablement grande de proposer à toute l'Eglise, qui est presque un don de Dieu pour notre temps, la vie et le témoignage de Soeur Faustyna Kowalska. La Divine Providence a voulu que la vie de cette humble fille de la Pologne soit totalement liée à l'histoire du vingtième siècle, le siècle que nous venons de quitter. C'est, en effet, entre la Première et la Seconde Guerre mondiale que le Christ lui a confié son message de miséricorde. Ceux qui se souviennent, qui furent témoins et qui prirent part aux événements de ces années et des atroces souffrances qui en découlèrent pour des millions d'hommes, savent bien combien le message de la miséricorde était nécessaire.
Jésus dit à Soeur Faustyna : "L'humanité n'aura de paix que lorsqu'elle s'asdressera avec confiance à la Divine Miséricorde" (Journal, p. 132). A travers l'oeuvre de la religieuse polonaise, ce message s'est lié à jamais au vingtième siècle, dernier du second millénaire et pont vers le troisième millénaire. Il ne s'agit pas d'un message nouveau, mais on peut le considérer comme un don d'illumination particulière, qui nous aide à revivre plus intensément l'Evangile de Pâques, pour l'offrir comme un rayon de lumière aux hommes et aux femmes de notre temps.
Que nous apporteront les années qui s'ouvrent à nous ? Quel sera l'avenir de l'homme sur la terre ? Nous ne pouvons pas le savoir. Il est toutefois certain qu'à côté de nouveaux progrès ne manqueront pas, malheureusement, les expériences douloureuses. Mais la lumière de la miséricorde divine, que le Seigneur a presque voulu remettre au monde à travers le charisme de Soeur Faustyna, illuminera le chemin des hommes du troisième millénaire.
Extrait de l'homélie pour la canonisation de la Bse Maria Faustyna Kowalska, 30 avril 2000.
Le Coeur du Christ ! Son "Sacré Coeur" a tout donné aux hommes : la rédemption, le salut, la sanctification. De ce coeur surabondant de tendresse sainte Faustyna Kowalska vit se libérer deux rayons de lumière qui illuminaient le monde. "Les deux rayons - selon ce que Jésus lui-même lui confia - représentent le sang et l'eau (Petit journal, p. 132). Le sang rappelle le sacrifice du Golgotha et le mystère de l'Eucharistie ; l'eau, selon le riche symbolisme de l'évangliste Jean, fait penser au baptême et au don de l'Esprit Saint (cf. Jn 3, 5; 4, 14).
A travers le mystère de ce coeur blessé, le flux restaurateur de l'amour miséricordieux de Dieu ne cesse de se répandre également sur les hommes et sur les femmes de notre temps. Ce n'est que là que celui qui aspire au bonheur authentique et durable peut en trouver le secret.
"Jésus, j'ai confiance en Toi". Cette prière, chère à tant de fidèles, exprime bien l'attitude avec laquelle nous voulons nous aussi nous abandonner avec confiance entre tes mains, ô Seigneur, notre unique Sauveur.
Tu brûles du désir d'être aimé, et celui qui se met en harmonie avec les sentiments de ton coeur apprend à être le constructeur de la nouvelle civilisation de l'amour. Un simple acte de confiance suffit à briser la barrière de l'obscurité et de la tristesse, du doute et du désespoir. Les rayons de ta miséricorde divine redonnent l'espérance de façon particulière à celui qui se sent écrasé par le poids du péché.
Marie, Mère de la Miséricorde, fais en sorte que nous conservions toujours vivante cette confiance dans ton Fils, notre Rédempteur. Assiste-nous, toi aussi, sainte Faustyna, que nous rappelons aujourd'hui avec une affection particulière. Avec toi nous voulons répéter, en fixant notre humble regard sur le visage du divin Sauveur : "Jésus, j'ai confiance en Toi". Aujourd'hui et à jamais. Amen.
Extrait de l'homélie du dimanche de la Divine Miséricorde, 22 avril 2001.
"Père éternel, je t'offre le Corps et le Sang, l'Ame et la Divinité de ton Fils bien-aimé, Notre Seigneur Jésus-Christ, pour nos péchés et ceux du monde entier ; pour sa Passion douloureuse, accorde-nous ta miséricorde, ainsi qu'au monde entier" (Journal, 476 - éd. it. p. 193). A nous et au monde entier... Comme le monde d'aujourd'hui a besoin de la miséricorde de Dieu ! Sur tous les continents, du plus profond de la souffrance humaine, semble s'élever l'invocation de la miséricorde. Là où dominent la haine et la soif de vengeance, là où la guerre sème la douleur et la mort des innocents, la grâce de la miséricorde est nécessaire pour apaiser les esprits et les coeurs, et faire jaillir la paix. Là où manque le respect pour la vie et pour la dignité de l'homme, l'amour miséricordieux de Dieu est nécessaire, car à sa lumière se manifeste la valeur inestimable de chaque être humain. La miséricorde est nécessaire pour faire en sorte que chaque injustice du monde trouve son terme dans la splendeur de la vérité.
C'est pourquoi, aujourd'hui, dans ce sanctuaire, je veux confier solennellement le monde à la Divine Miséricorde. Je le fais avec le désir que le message de l'amour miséricordieux de Dieu, proclamé ici à travers sainte Faustyna, atteigne tous les habitants de la terre et remplisse leur coeur d'espérance. Que ce message se diffuse de ce lieu dans toute notre Patrie bien-aimée et dans le monde. Que s'accomplisse la promesse solide du Seigneur Jésus ; c'est d'ici que doit jaillir "l'étincelle qui préparera le monde à sa venue ultime" (cf. Journal, 1732 - éd. it. p. 568). Il faut allumer cette étincelle de la grâce de Dieu. Il faut transmettre au monde ce feu de la miséricorde.
Dans la miséricorde de Dieu, le monde trouvera la paix, et l'homme trouvera le bonheur ! Je confie ce devoir, très chers frères et soeurs, à l'Eglise qui est à Cracovie et en Pologne, et à tous les fidèles de la Divine Miséricorde, qui viendront ici de Pologne et du monde entier. Soyez des témoins de la Miséricorde !
Dieu, Père miséricordieux,
qui as révélé Ton amour
dans ton Fils Jésus-Christ,
et l'as répandu sur nous
dans l'Esprit Saint Consolateur,
nous Te confions aujourd'hui
le destin du monde
et de chaque homme.
Penche-toi sur nos péchés,
guéris notre faiblesse,
vaincs tout mal, fais
que tous les habitants de la terre
fassent l'expérience
de ta miséricorde,
afin qu'en Toi, Dieu Un et Trine,
ils trouvent toujours
la source de l'espérance.
Père éternel,
pour la douloureuse Passion
et la Résurrection de ton Fils,
accorde-nous ta miséricorde,
ainsi qu'au monde entier !
Amen.
Extrait de l'homélie de la cérémonie de dédicace du Sanctuaire de Lagiewniki, 17 août 2002.
Dans la faiblesse des malades j'ai vu toujours plus clairement apparaître la force, la force de la miséricorde.
En un sens, les malades “provoquent” la miséricorde.
Par leur prière et leur offrande, non seulement ils obtiennent miséricorde, mais ils constituent “l'espace de la miséricorde” ou mieux ils “ouvrent des espaces” à la miséricorde.
Par la maladie et par leur souffrance, en effet, ils provoquent des actes de miséricorde et ils ouvrent à leur possible accomplissement.
Levez-vous ! Allons, 2004.
A l’humanité qui parfois semble perdue et dominée par le pouvoir du mal, de l’égoïsme et de la peur, le Seigneur ressuscité offre le don de son amour qui pardonne, réconcilie, et rouvre l’âme à l’espérance. C’est un amour qui convertit les cœurs et donne la paix. Combien le monde a besoin de comprendre et d’accueillir la miséricorde divine !
Message posthume, lu place Saint Pierre le dimanche 3 avril 2005.
Benoît XVI (et Cardinal Ratzinger)
Jésus-Christ est la miséricorde divine en personne : rencontrer le Christ signifie rencontrer la miséricorde de Dieu. Le mandat du Christ est devenu le nôtre à travers l'onction sacerdotale ; nous sommes appelés à proclamer, pas seulement par des paroles mais par notre vie, et avec les signes efficaces des sacrements, "l'année de miséricorde du Seigneur".
La miséricorde de Dieu n'est pas une grâce à bon marché, elle ne suppose pas la banalisation du mal. Christ porte dans son corps et dans son âme tout le poids du mal, toute sa force destructrice. Il brûle et transforme le mal dans la souffrance, dans le feu de son amour souffrant. Le jour de la vengeance et l'année de la miséricorde coïncident dans le mystère pascal, dans le Christ mort et ressuscité. Telle est la vengeance de Dieu : lui-même, dans la personne du Fils, souffre pour nous. Plus nous sommes touchés par la miséricorde du Seigneur, plus nous entrons en solidarité avec sa souffrance et devenons prêts à accomplir dans notre chair "ce qui manque aux épreuves du Christ" (col 1, 24).
Basilique Saint-Pierre, homélie de la veille du Conclave, 18 avril 2005.
Le Carême est le temps privilégié du pèlerinage intérieur vers Celui qui est la source de la miséricorde. C’est un pèlerinage au cours duquel Lui-même nous accompagne à travers le désert de notre pauvreté, nous soutenant sur le chemin vers la joie profonde de Pâques. Même dans les «ravins de la mort» dont parle le Psalmiste (Ps 22 [23], 4), tandis que le tentateur nous pousse à désespérer ou à mettre une espérance illusoire dans l’œuvre de nos mains, Dieu nous garde et nous soutient. Oui, aujourd’hui encore le Seigneur écoute le cri des multitudes affamées de joie, de paix, d’amour. Comme à chaque époque, elles se sentent abandonnées. Cependant, même dans la désolation de la misère, de la solitude, de la violence et de la faim, qui frappent sans distinction personnes âgées, adultes et enfants, Dieu ne permet pas que l’obscurité de l’horreur l’emporte. Comme l’a en effet écrit mon bien-aimé Prédécesseur Jean-Paul II, il y a une «limite divine imposée au mal», c’est la miséricorde (Mémoire et identité, 4, Paris, 2005, pp. 35 ss.). C’est dans cette perspective que j’ai voulu placer au début de ce Message l’annotation évangélique selon laquelle, «voyant les foules, Jésus eut pitié d’elles» (Mt 9, 36).
Extrait du premier Message pour le Carême 2006, en date du 29 septembre 2005.
Très chers frères et soeurs,
Je suis heureux de pouvoir vous rencontrer à l'occasion de ma visite dans ce Sanctuaire de la Divine Miséricorde. Je vous salue tous de tout coeur: les malades, les aides-soignants, les prêtres qui se consacrent dans ce sanctuaire à la pastorale, les soeurs de la Bienheureuse Vierge Marie de la Miséricorde, les membres du "Faustinum" et tous les autres.
En cette circonstance, nous nous trouvons face à deux mystères: le mystère de la souffrance humaine et le mystère de la Miséricorde divine. A première vue, ces deux mystères semblent s'opposer. Mais lorsque nous tentons de les approfondir à la lumière de la foi, nous voyons qu'ils s'inscrivent dans une harmonie réciproque. Et ce, grâce au mystère de la croix du Christ. Comme l'a dit ici Jean-Paul II, "la Croix est le moyen le plus profond pour la divinité de se pencher sur l'homme. La croix est comme un toucher de l'amour éternel sur les blessures les plus douloureuses de l'existence terrestre de l'homme". Vous, chers malades, marqués par la souffrance du corps et de l'esprit, vous êtes les plus étroitement unis à la croix du Christ mais, dans le même temps, les plus éloquents témoins de la miséricorde de Dieu. Par votre intermédiaire et à travers votre souffrance, il se penche sur l'humanité avec amour. C'est vous qui, en disant dans le silence de votre coeur: "Jésus, j'ai confiance en toi", nous enseignez qu'il n'y a pas de foi plus profonde, d'espérance plus vivante et d'amour plus ardent que la foi, l'espérance et l'amour de celui qui, dans les difficultés, se remet entre les mains sûres de Dieu. Et que les mains de ceux qui vous aident au nom de la miséricorde soient un prolongement de ces grandes mains de Dieu.
Je voudrais tellement embrasser chacun et chacune d'entre vous. Même si cela n'est pas possible concrètement, je vous serre en esprit contre mon coeur, et je vous donne ma Bénédiction, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Sanctuaire de la Divine Miséricorde de Lagiewniki, 27 mai 2006.
Vendredi dernier, nous avons célébré le Sacré Cœur de Jésus, fête qui unit heureusement la dévotion populaire et la profondeur théologique. Il était traditionnel – et c'est encore le cas dans certains pays – de consacrer les familles au Sacré Cœur et d'en conserver une image dans les maisons. Les racines de cette dévotion plongent dans le mystère de l’Incarnation. C'est justement par le Cœur de Jésus que, de façon sublime, s'est manifesté l'Amour de Dieu envers l’humanité. C'est pourquoi l'authentique culte du Sacré Cœur conserve toute sa validité et attire spécialement les âmes assoiffées de la miséricorde de Dieu qui y trouvent la source inépuisable où puiser l'eau de la Vie, capable d’irriguer les déserts de l'âme et de faire refleurir l'espérance.
Rome, avant la prière de l'Angélus, 25 juin 2006.