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En 1687, Sœur Jeanne-Madeleine Joly (1643-1708), Visitandine de Dijon (qui a précédemment dessiné une image du divin Cœur) compose - avec l'aide de M. Charolais, aumônier et confesseur du monastère, qui le traduit en latin - un livret traitant de la dévotion au Sacré-Cœur. On y trouve des Litanies, et surtout une Messe du Sacré-Cœur. Imprimé d'abord secrètement, le livret est envoyé à la Supérieure de la Visitation de Rome pour qu'elle fasse les démarches nécessaires en vue d'obtenir l'approbation de la Messe. Le livret est soumis à l'Evêché de Langres, mais Mgr Louis-Marie-Armand de Simiane de Gordes, malade, ne peut s'en occuper, et c'est M. Amat, le vicaire général, qui approuve l'ouvrage et en permet l'impression, en 1689. Edité chez la veuve d'Antoine Michard à Dijon, il est aussitôt envoyé dans presque tous les Monastères de l'Ordre. Dans cette version, qui porte pour titre La Dévotion au Sacré-Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, il contient une notice et un avertissement en introduction – qui précisent la nature de la dévotion - , un Office du Sacré-Cœur composé par le Père Gette S.J., une Messe du Sacré-Cœur (avec plusieurs emprunts à l'Office du Cœur de Marie de Jean Eudes), des Litanies (différentes de celles du livret de Moulins), une amende honorable (également différente), la petite consécration, et deux oraisons de Gertrude la Grande. En 1691, le Père Jean Croiset (1656-1738) fait imprimer à Lyon, chez le libraire Horace Molin, un ouvrage portant le même titre que celui de Dijon : La Dévotion au Sacré Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, sans mention d'auteur (Par un Père de la Compagnie de Jésus), avec l'approbation de Mr. De Cohade, Docteur en Théologie de la Maison & Société de Sorbonne, Custode de Ste-Croix à Lyon. « Après le culte que l'Eglise rend tous les jours à l'Auguste Trinité, il n'y a point de Dévotion qui, à mon goût, soit plus effective que celle qui a pour objet Jésus-Christ : car comme l'Homme-Dieu l'emporte par la plénitude de sa vérité et de sa grâce sur toutes les pures créatures, il est juste que nous lui consacrions par préférence les mouvements de notre piété et de notre Religion. Et quoique parmi les Fidèles il s'en trouve qui se cachent dans ses Plaies ; d'autres qui s'attachent à sa Croix ; quelques-unes qui ont un attrait particulier pour les paroles qu'il prononça lors de sa mort : Ceux-là me paraissent aller à la source, qui vont à droiture au Cœur de Jésus, soit qu'il vive de la vie de la gloire, soit qu'il vive d'une vie secrète sous les voiles de l'Eucharistie, après avoir vécu d'une vie mortelle et périssable. Entrant dans ce Cœur, à la faveur de cet ouvrage, le nôtre n'aura plus de tiédeur pour lui, d'ingratitude pour Jésus-Christ, d'incrédulité pour son Sacrement, de mépris pour ses dons, d'aversion pour les ennemis, d'indifférence pour le Ciel. »L'ouvrage du P. Croiset contient en appendice l'Abrégé de la vie d'une religieuse de la Visitation (Sœur Marguerite-Marie, dont le nom n'est pas mentionné), auquel sont joints des documents fournis par le monastère et de larges extraits des lettres que le Père a reçu d'elle. La première impression est achevée le 20 juin. « La fin qu'on se propose dans cette dévotion, c'est premièrement de reconnaître et d'honorer autant qu'il est en nous, par nos fréquentes adorations, par un retour d'amour, par nos remerciements et par toutes sortes d'hommages, tous les sentiments d'amour et de tendresse que Jésus-Christ a pour nous dans l'adorable Eucharistie, où cependant il est si peu connu des hommes, ou du moins si peu aimé de ceux mêmes dont il est connu. Secondement, de réparer, par toutes les voies possibles, les indignités et les outrages auxquels l'amour l'a exposé durant le cours de sa vie mortelle, et auxquels le même amour l'expose encore tous les jours dans le saint Sacrement de l'autel. De sorte que toute cette dévotion ne consiste, à proprement parler, qu'à aimer ardemment Jésus-Christ, que nous avons sans cesse dans l'adorable Eucharistie, et à lui témoigner cet ardent amour par le regret qu'on a de le voir si peu aimé et si peu honoré des hommes, et par les moyens que l'on prend pour réparer ce mépris et ce peu d'amour. »Notons que le 11 mars 1704, alors qu'il a été approuvé par le Père Billet, provincial de Lyon, et déjà plusieurs fois réédité, le livre du Père Croiset est mis à l'index. Les Pères de la Compagnie consultés à Rome, tout en louant sa valeur intrinsèque, l'avaient déclaré inopportun. Le Père de Galliffet parlera de quelques manquements de formalités. Ce décret ne sera annulé que le 24 août 1887. |
En 1729, publication de La Vie de la Vénérable Mère Marguerite-Marie Religieuse de la Visitation Sainte-Marie de Mgr Jean-Joseph Languet de Gergy (1677-1753), archevêque de Sens. Celui-ci dédie l'ouvrage à Marie Leczinska, qui l'a encouragé dans son travail, et dont il espère un appui en vue de la reconnaissance du message de Paray-le-Monial. « Cette dévotion ne tend qu'à inspirer l'amour de Jésus-Christ, et, par l'amour, l'imitation de ses vertus, de ses sentiments et de ses dispositions. Précieuse dévotion qui conduit à l'amour le plus parfait et à la pratique des plus sublimes vertus du christianisme, qui n'a d'autre but que celui-là, qui même ne se conçoit pas bien sans cet objet, le plus sanctifiant que l'homme puisse se proposer. » |
En 1726,le Père Joseph-François de Gallifet (1663-1749) publie, en langue latine, De cultu Sacrosancti Cordis Dei ac Domini nostri Jesu Christi. Il en envoie un exemplaire à la mère de Marie Leczinska. La traduction française de cet ouvrage paraît en France en 1733 : L'Excellence de la dévotion au Cœur adorable de Jésus-Christ. |
La chapelle du Sacré-Cœur de Jésus, au collège des Jésuites de Grenoble, fut érigée en 1706 par le R.P. de Gallifet, alors recteur de l'établissement. |
En 1751, sur les conseils de l'archevêque de Paris Christophe de Beaumont (1703-1781), le dauphin Louis, qui souhaite faire une "bonne œuvre" en l'honneur du Cœur de Jésus, rétablit et consolide la Maison des religieuses de Sainte-Aure fondée en 1707 par M. Nicolas Le Fèvre (1641-1708) rue Neuve-Sainte-Geneviève à Paris. Il en constitue, avec l'approbation de Mgr Beaumont, un établissement de piété en l'honneur du Sacré-Cœur de Jésus. Le 1er juillet 1779, l'adoration perpétuelle du Sacré-Cœur est établie au sein de la communauté, avec l'approbation de Mgr de Beaumont, et en présence de M. Joseph Grisel, Supérieur, et du R.P. Nicolas-Marie Verron, aumônier et confesseur de la Maison. En ce premier jour d'adoration, le R.P. Verron lit l'acte de consécration suivant, qui sera récité chaque année jusqu'à la Révolution, où le couvent sera pillé, la communauté dispersée, et où le P. Verron, enfermé au séminaire Saint-Firmin, y mourra égorgé. « Acte de Consécration au Sacré Cœur de Jésus. |
1814-1815 : Publication d'une petite brochure intitulée Le Salut de la France du Père Lambert, ouvrage politique et religieux en lequel l'auteur invite les âmes à se consacrer au Cœur de Jésus, « qui est tout amour et toute puissance », « dévotion sublime et tendre qui, pendant les temps les plus orageux, a rallié les fidèles serviteurs du roi ». Le Père Lambert y demande la consécration de la France au Sacré-Cœur comme fête religieuse, mais aussi un service de réparation et d'action de grâce pour le retour d'un roi catholique, la récitation de l'Amende honorable chaque vendredi, etc.. Les démarches de Marie Leczinska, du dauphin Louis et le vœu de Louis XVI y sont mentionnés. La brochure est lue en chaire et remporte un vif succès. Elle est sans doute pour beaucoup dans la multiplication des consécrations de diocèses au Sacré-Cœur qui ont lieu entre 1814 et 1869 (les 2/3 des diocèses français). On attribue également au Père Lambert une prière qui circule partout en France à cette même époque, intitulée Consécration de la France au Sacré-Cœur. Cette prière, prenant référence sur la peste de Marseille en 1720, offre la patrie et les cœurs de tous les sujets au Sacré-Cœur. « C'est de ce divin Cœur attendri sur nous que jaillira le torrent de bonté et de grâce qui doit arrêter le torrent de malice et d'iniquité. Le temps approche où ce Cœur Sacré recevra le culte public et solennel que lui doivent les hommes, où il sera connu, chéri, révéré, invoqué, et versera des trésors de miséricorde sur la terre. Les villes, les provinces dresseront des autels en son honneur ; c'est là qu'on viendra porter le tribut des expiations, des vœux, des regrets, des hommages de la France. C'est de cette source adorable que découleront les grâces de conversion qui doivent la renouveler, comme le printemps rajeunit la nature. C'est dans cet asile que les grands pécheurs viendront chercher le pardon de leurs crimes, les justes se consoler de leurs longues afflictions, les pasteurs et les hommes apostoliques puiser le feu sacré qui doit embraser les peuples.(*) : La B.N.F. attibue ce fascicule à Jean-Nicolas Loriquet s.j. (1767-1845), auteur d'une Histoire ancienne des Egyptiens, des Assyriens, des Mèdes et des Perses, des Grecs, des Carthaginois (1800), d'une Histoire de France à l'usage de la jeunesse (A. M. D. G***, 1820)), d'un Mois du Sacré-Cœur de Jésus (A.M.D.G., 1837), d'un Coup-d'œil sur la Réforme au XVIe siècle (par l'auteur de Mes doutes, 1852)... Une seconde édition de ce fascicule conservée à la B.N.F., chez le même éditeur et datée de 1816, porte toutefois une mention manuscrite sur la page de titre : par m. Lambert, missionnaire. On notera que l'auteur écrit à son propre sujet dans son opuscule : « Il n'appartient pas à un simple particulier d'assigner l'époque et les moyens de succès d'une œuvre si désirée ; mais il est permis à un ami de la religion de proposer à ceux qui s'intéressent au bien public, quelques vues spéciales sur cet objet. » Il semble douteux qu'un père jésuite ait pu se présenter comme simple particulier, ami de la religion. L'hypothèse rattachant cet écrit à « M. Lambert, missionnaire » apparaît plus crédible. Dans le volume Vie du Révérend Père Loriquet, de la Compagnie de Jésus, écrite d'après sa correspondance et ses ouvrages inédits, Paris, Poussielgue-Rusand / Lyon, J.-B. Pélagaud et Cie, 1845, on trouve la possible attribution au jésuite ainsi rédigée : « ... l'opuscule intitulé : "Salut de la France", qui, d'après un témoignage du 14 décembre 1815 (il s’agit de la Supplique des magistrats de Poitiers), circulait depuis quelque temps parmi les personnes pieuses de Poitiers. Ainsi sa publication coïncida avec l'arrivée du P. Loriquet dans le Poitou, au mois d'octobre 1815. Sans affirmer que ce religieux en soit l'auteur, nous pouvons dire qu'il mit le plus vif intérêt à sa propagation, et qu'il le fit plusieurs fois réimprimer, même avec des changements, ainsi que l'atteste une lettre du 29 août 1817. La circonstance de ces modifications introduites dans l'ouvrage est une forte présomption en faveur de l'hypothèse, d'ailleurs très probable, qui en attribue la composition au P. Loriquet. Quoi qu'il en soit, le but de cet opuscule, qui, dans l'édition de 1818, ne comporte pas plus de quarante-sept pages, était d'exciter les fidèles à la dévotion au Sacré Cœur de Jésus, par la considération des fléaux dont la France se trouvait menacée. Cette dévotion lui a, du reste, inspiré le cantique : "Perçant les voiles de l'Aurore", inséré dans le Recueil d'Avignon. » |
Le Sacré-Coeur de Jésus Deux mille ans de Miséricorde Le recueil qui est reproduit dans les pages du dossier ci-dessous avait trouvé un éditeur, Téqui, en juin 2008. Une version considérablement enrichie, et actualisée jusqu'en juin 2019, est désormais disponible à la vente chez le même éditeur depuis le 4 décembre 2019, en ligne sur son site internet ICI. Merci de faire connaître autour de vous la nouvelle version de ce travail, augmentée de plus de 200 pages par rapport à la première édition. « Les personnes qui propageront cette dévotion, auront leur nom inscrit dans mon Cœur, et il ne sera jamais effacé. » (11ème promesse du Sacré-Coeur à sainte Marguerite-Marie) |