Exposition
sur l'histoire et l'actualité de
la dévotion au Sacré-Coeur de Jésus



Panorama des thèmes présentés dans cette exposition

Jusqu’au XVIIe siècle - XVIIe siècle - XVIIIe siècle - XIXe siècle - XXe siècle - Thèmes généraux

  • Les apôtres du Sacré-Cœur : St L.-M. Grignion de Montfort, Anne-Madeleine Remuzat, Bx Bernardo Francisco Hoyos...
  • Bibliophilie : P. Croiset, P. Froment, P. Gallifet, P. Languet... frontispices et gravures
  • Confréries : Associations et Confréries du Sacré-Coeur
  • La peste de Marseille (1720) : Anne-Madeleine Rémuzat et Mgr de Belsunce
  • Les guerres de Vendée (1793) : insignes d’époque, décrets, gravures, …
  • Les sauvegardes : Anne-M. Rémusat à Marseille, Marie-Anne Galipaud à Nantes, …

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1720 : La peste à Marseille - Consécration de la ville au Sacré-Coeur


Le navire Grand-Saint-Antoine, qui était parti en juillet 1719 pour le Levant (la région de la Syrie) constituer une cargaison de tissus, est de retour à Marseille le 25 mai 1720. La maladie s'est déclarée sur le bateau lors du voyage, et il y a déjà plusieurs morts à bord. Malgré cela, le 3 juin, la cargaison est débarquée et on lave au port le linge de l'équipage. Le 20 juin, on compte à terre le premier malade, et le 31 juillet, les autorités annoncent que la peste sévit à Marseille. L'épidémie va ravager la ville et une partie de la Provence. En septembre, au plus fort de la contagion, 1000 personnes décèdent tous les jours à Marseille.

A lire : La peste à Marseille en 1720, sur le Blog de Gallica, et la relation détaillée au Musée d'histoire de Marseille : Chroniques de la peste : 1720.



Affiche du 3 septembre 1720
(reproduction)



Chromo publicitaire de "L'Urbaine Capitalisation"
Série d'images sur l'Histoire de France (1937)

verso



Affiche du 14 septembre 1720 (original)
"Extrait des Registres du Conseil d'Etat"




"Vue du port de Marseille prise de l'Hôtel de Ville
dessinée du temps de la peste en 1720"



"La peste de Marseille
Vue du côté du Cours. Dessinée sur le Lieu en 1720"."
A Paris chez Basset (Vue d'optique, vers 1790)



"Vue de l'Hôtel de Ville de Marseille
dessinée sur le lieu pendant la peste arrivée en 1720"


Anne-Madeleine Remuzat (1696-1730)

Anne-Madeleine Remuzat est une religieuse visitandine, qui a prononcé ses vœux définitifs au premier monastère de la Visitation de Marseille le 23 janvier 1713. Le 17 octobre suivant – au jour anniversaire de la mort de sainte Marguerite-Marie – le Christ lui donne mission de travailler à la gloire de son Cœur divin. Commence pour elle une période de souffrances et de prières. Trois ans plus tard, elle est favorisée d'une vision de la Sainte Trinité, au cours de laquelle le Christ lui confirme sa mission relative à son Sacré Cœur. La foule vient la consulter au monastère, et Mgr de Belsunce est du nombre. En 1716, il lui est donné de voir au cours d'une extase la Sainte Trinité, dont elle reçoit la bénédiction.
L'année suivante, encouragée par Mgr de Belsunce, elle rédige les statuts de l'Association de l'Adoration perpétuelle du Sacré Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ qu'elle projette de fonder. Clément XI lui adresse son approbation dans un Bref en date du 30 août 1717. Le 30 mars 1718, avec l'approbation de l'évêque, les règlements et exercices sont imprimés, et l'Association voit le jour au mois d'avril. Les inscriptions se comptent rapidement par milliers, et un grand nombre de monastères de la Visitation la font ériger dans leur église.

Sur Anne-Madeleine Remuzat, voir également les apôtres du Sacré-Cœur au XVIIIe siècle

En octobre 1720, lors de la peste qui sévit à Marseille, alors qu'elle est en prière, le Christ lui fait entendre que c'est à la faveur de ce fléau qu'elle verra se réaliser l'institution d'une fête en l'honneur de son Cœur Sacré, et il lui en précise les conditions quelques jours plus tard. Ce message est aussitôt transmis à Mgr de Belsunce, qui publie le 22 une ordonnance par laquelle il établit la fête du Sacré-Cœur dans son diocèse.
C'est sous l'impulsion d'Anne-Madeleine Remuzat que des sauvegardes sont répandues par milliers : il s'agit de petites pièces de drap rouge, sur lesquelles le divin Cœur est imprimé en noir sur une pièce d'étoffe blanche cousue sur la première. Il y est parfois écrit : "O Cœur de Jésus, abîme d'amour et de miséricorde, je mets en vous toute ma confiance et j'espère tout de votre bonté".
Priant et souffrant pour les pécheurs, elle sera toujours favorisée d'extases et de faveurs spirituelles. Tombée gravement malade fin janvier 1730, elle mourra en odeur de sainteté le 15 février de la même année.

Le 2 avril 1899, la Sacré Congrégation des Rites autorisera l'usage public des 33 Litanies du Sacré-Cœur composées en 1718 par Anne-Madeleine Remuzat.


Henri-François-Xavier de Belsunce de Castelmoron (1671-1755

Vicaire général du diocèse d'Agen, Mgr de Belsunce est nommé à l'évêché de Marseille par le roi le 5 avril 1709, décision ratifiée par le pape le 19 février 1710.

En 1716, il approuve pour son diocèse la Messe en l'honneur du Sacré Cœur de Jésus, qui est célébrée pour la première fois au mois de juin.


Lors de la peste de 1720, il se dévoue auprès des malades, et ces gestes de charité spectaculaires seont maintes fois représentés par les peintres et illustrateurs.



Nicolas-André Monsiau (1754-1837)
Le Dévouement de Monseigneur de Belzunce
Musée des Beaux-Arts de Marseille

(Musée du Louvre)



François Gérard (1770-1837)
Mgr de Belsunce pendant la peste
Musée des Beaux-Arts de Marseille

(Crédit photo)



Michel Serre (1658–1733)
Vue de l'hôtel de ville de Marseille
Musée des Beaux-Arts de Marseille

(Crédit photo)




Chromo publicitaire
Casiez-Bourgeois, Paris



Chromo Vieillemard
Collection "Héros français"



Mgr de Belzunce, évêque de Marseille
fac-similé d'après Rigaud


Le 22 octobre 1720, alors que la peste sévit toujours, il publie une ordonnance instituant dans son diocèse la fête du Cœur de Jésus.

« Prosternés à ses pieds, avec le sac et la cendre, implorons sa miséricorde, et tâchons, par notre sincère et prompt repentir, de toucher de compassion pour nous son Cœur adorable, qui a aimé les hommes, même ingrats et pécheurs, jusqu'à s'épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour. Si nous nous adressons à lui avec des cœurs véritablement contrits et humiliés, attendons avec confiance que nous n'en serons pas rejetés, et que dans ce Dieu fait homme, source inépuisable de toutes les grâces, nous trouverons un remède prompt et assuré à tous nos maux et la fin de nos malheurs. […]
En vue d'apaiser la colère de Dieu et de faire cesser le redoutable fléau qui désole un troupeau qui nous fut toujours si cher, pour faire honorer Jésus-Christ dans le très saint Sacrement, pour réparer les outrages qui lui ont été faits par les indignes et sacrilèges communions, et les irrévérences qu'il souffre dans ce mystère de son amour pour les hommes, pour le faire aimer de tous les fidèles commis à nos soins, enfin, en réparation de tous les crimes qui ont attiré sur nous la vengeance du Ciel, nous avons établi et établissons dans tout notre diocèse, la fête du Sacré Cœur de Jésus, qui sera désormais célébrée tous les ans, le vendredi qui suit immédiatement l'octave du très saint Sacrement, jour auquel elle est déjà fixée dans plusieurs diocèses de ce royaume, et nous en faisons une fête d'obligation, que nous voulons être fêtée dans tout notre diocèse, permettant que ce jour-là le très saint Sacrement soit exposé tous les ans dans toutes les églises des paroisses de cette ville et du reste de notre diocèse, dans toutes celles des quartiers du terroir de Marseille, comme aussi dans toutes celles des communautés séculières et régulières de notre diocèse. […]
Nous enjoignons à tous les curés et vicaires de notre diocèse de faire connaître à leurs paroissiens de quelle utilité est pour eux une dévotion aussi solide et aussi agréable à Dieu que l'est celle du Sacré Cœur et du saint Nom de Jésus ; c'est honorer la personne elle-même de l'adorable Sauveur de nos âmes, auquel nous consacrons en ce jour notre diocèse d'une manière particulière, exhortant chaque fidèle en particulier de consacrer incessamment son cœur et de le dévouer entièrement à celui de Jésus. […]
Heureux et mille fois heureux les peuples qui, par leur éloignement pour les nouveautés profanes, par leur attachement inviolable à l'ancienne et sainte doctrine, par leur humble et parfaite soumission à toutes les décisions de l'Eglise, épouse de Jésus-Christ, par la régularité et la sainteté de leur vie, seront trouvés selon le Cœur de Jésus et dont les noms seront écrits dans ce Cœur adorable. Il sera leur guide dans les routes dangereuses de ce monde, leur consolation dans leur misère, leur asile dans les persécutions, leur défenseur contre les portes de l'enfer, et leurs noms ne seront jamais effacés du livre de vie. »
Mgr de Belsunce, Extraits de l'ordonnance du 22 octobre 1720.



Gravure de Léopold Flameng (1831-1911)
d'après le tableau de Jean-François de Troy (1679-1752)
Gazette des Beaux-Arts, 1860

Le 1er novembre, il préside une procession dans la ville, et après avoir lu un acte d'amende honorable, consacre Marseille et l'ensemble du diocèse au Sacré-Cœur. Il s'agit de la première consécration d'un diocèse au Sacré Cœur de Jésus. Les Echevins de la ville refusent de s'associer à la célébration.

« O Cœur adorable du Sauveur de tous les hommes, je Vous consacre de nouveau, dans cette solennité, cette ville et ce diocèse, mon cœur et celui de tous mes diocésains. Nous dévouons, tous ensemble, entièrement, sans réserve et sans retour, nos cœurs à votre divin service. Venez, ô Dieu de bonté, venez en prendre possession ; venez y régner Vous seul ; venez en bannir l'amour profane et criminel des créatures et des biens périssables. Chassez-en tout ce qui Vous déplaît ; purifiez-en les intentions, ornez-les de toutes les vertus qui peuvent les rendre des cœurs selon le vôtre, doux, humbles et patients ; embrasez-les du feu sacré de votre amour ; qu'ils n'oublient jamais les saintes résolutions qu'ils ont formées dans ces jours de deuil et de larmes ; fortifiez leur faiblesse ; soyez leur guide, leur consolateur, leur défenseur. Que rien ne soit jamais capable de les séparer de Vous pendant la vie et surtout au moment redoutable de la mort. Qu'ils ne respirent plus que pour Vous, afin que, nos noms restant inscrits dans votre Cœur comme au livre de vie, nous Vous adorions tous, nous Vous louions, nous Vous bénissions, nous Vous aimions pendant toute l'éternité. Ainsi soit-il. »
En mai 1722, la peste reparaît à Marseille. Le fléau cesse définitivement après le vœu que forment les Echevins de la ville de célébrer tous les ans la fête du Sacré-Cœur, et la célébration solennelle du 12 juin.




Deuxième centenaire de la peste à Marseille
Dessin d'Eugène Damblanc, dit Damblans (1865-1945)
Le Pèlerin n°2275, dimanche 31 octobre 1920




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« Les personnes qui propageront cette dévotion, auront leur nom inscrit dans mon Cœur, et il ne sera jamais effacé. »
(11ème promesse du Sacré-Coeur à sainte Marguerite-Marie)


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