La dévotion au Sacré-Coeur de Jésus

Chronologie détaillée et textes essentiels




5. Essor de la dévotion : 1690 à 1789

1690-1721       1722-1789

1722 : Publication de la première Vie de Marguerite-Marie par les "Contemporaines", reconnues pour être Sœur Péronne-Rosalie de Farges (†1733) et Sœur Françoise-Rosalie Verchère (†1719).
Publication à Paris de l'Instruction et pratique pour la dévotion au Sacré Cœur de Jésus - Le cœur chrétien formé sur le Cœur de Jésus-Christ du chanoine Simon Gourdan (1646-1729).
En mai, la peste reparaît à Marseille. Le fléau cesse définitivement après le vœu que forment les Echevins de la ville de célébrer tous les ans la fête du Sacré-Cœur, et la célébration solennelle du 12 juin.
La Mère Marie-Agnès de Gréard, religieuse du premier monastère de la Visitation de Rouen, fait ériger une chapelle en l'honneur du Sacré-Cœur dans la cathédrale de la ville.

1723 : Réédition à Rouen du livret d'Anne-Madeleine Remuzat : Association à l'adoration perpétuelle du Sacré-Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec addition de prières et réflexions.

1725 : Mgr de Belsunce adresse à Benoît XIII une supplique signée des principaux membres de son clergé, en vue d'obtenir l'approbation d'un Office et d'une Messe propre pour la fête du Sacré Cœur. Dès le 2 mars 1723, il écrivait au vice-Légat du Saint-Siège :

« Les uns demandent au Pape des richesses et des emplois, les autres la pourpre, et moi l'établissement de la fête du Cœur de Jésus dans l'Eglise ; je le fais par reconnaissance ; je suis persuadé que cet établissement est selon le cœur de Dieu : les prodiges opérés sous mes yeux ne permettent pas d'en douter. Je crois que ce saint établissement procurerait bien des grâces à l'Eglise de Jésus-Christ et en particulier l'humiliation des hérétiques de nos jours ; je crois que cela attirerait sur le Saint-Père les bénédictions du ciel et une heureuse santé. […]
La fête du Sacré-Cœur, établie dans presque tous les diocèses de Provence et dans celui de Lyon, s'étend partout ; dans peu, il y aura peu de diocèses en France où elle ne soit pas célébrée en quelqu'endroit, excepté dans les diocèses appelants, car le jansénisme s'oppose ouvertement à cette dévotion, ce qui prouve sa solidité. […]
Je ne me rebuterai pas aisément, et à moins que le Pape ne me le défende expressément, je demanderai jusqu'à ce que j'aie obtenu. »
Lettre de Mgr de Belsunce à l'Abbé de Gay, 2 mars 1723, in Abbé Levesque, L'Origine du Culte du Sacré-Cœur de Jésus, Avignon, Maison Aubanel, 1930.

Gabriel-Ben-Farhat, moine du Liban plus connu sous le nom de Germanos, devient l'évêque maronite d'Alep. Il a composé peu de temps auparavant en langue arabe un long et très bel hymne au Sacré-Cœur :

« Jésus est Dieu : son Cœur adorable fait ma joie ; ô Cœur de mon Maître, vous êtes le terme où j'aspire, en vous est l'abîme de ma bonté. Notre salut est un épanchement de votre libéralité sans bornes. C'est vous qui versez les torrents de la grâce, et l'amour tressaille en nos cœurs à l'aspect de vos tabernacles.
Vous êtes, ô Cœur divin, le foyer où s'illuminent les intelligences, et le vaste objet de leur étude. Malheur à qui s'écarte de vos doctrines ; vous êtes l'astre du jour et nous sommes ces petites créatures qui se raniment à vos rayons.
Gloire à vous, Cœur sacré, océan de délices ! L'enfer lui-même, s'il recevait en ses abîmes une goutte de vos parfums, se changerait en paradis. Hélas ! quand donc vous aimerai-je sans mesure ? […]
O Cœur de mon cœur, ravissez-vous toute mon âme, Cœur de mon Maître, prenez mon amour ! Je viens à vous tiède et chargé de misères, et pour appuyer ma prière, j'invoque la Reine puissante, celle qui chérit les pauvres. J'implore la Vierge Marie votre Mère très pure, le refuge et le salut des malheureux. Le Cœur de Jésus et le Cœur de sa Mère sont deux astres resplendissants ; ils brillent ensemble au milieu du ciel ; et mon cœur déplorant l'exil qui l'en éloigne, se consume de désir. Il n'y a qu'un remède à sa peine, le bonheur de leur être enfin réuni. Ce bonheur, espère-le, mon âme, jamais celui qui les implore ne sera confondu ; jamais ses prières ne seront vaines, les plus douces faveurs viendront l'enrichir. »
Gabriel-Ben-Farhat, Hymne au Sacré-Cœur, in R.P. E. Letierce, Le Sacré-Cœur - Ses Apôtres et ses Sanctuaires, Nancy, Le Chevallier Frères, 1886.

Le 5 septembre, Marie Leczinska (1703-1768) épouse Louis XV.

1726 : Le 6 mai, l'évêque polonais de Cracovie Mgr Constantin Zaniawsky écrit à Benoît XIII pour obtenir la concession de la fête du Sacré-Cœur à l'Eglise universelle.
Le 15 mai, le roi Auguste 1° de Pologne écrit à son tour à Benoît XIII, pour qu'il appuie de sa faveur la dévotion, non seulement pour la consolation de la Pologne, mais aussi celle des autres contrées.
Le Père Joseph-François de Gallifet publie, en langue latine, De cultu Sacrosancti Cordis Dei ac Domini nostri Jesu Christi. Il en envoie un exemplaire à la mère de Marie Leczinska. La traduction française de cet ouvrage paraîtra en France en 1733.

1727 : Le 17 mars, le roi Philippe V d'Espagne, petit-fils de Louis XIV, écrit à son tour à Benoît XIII, demandant au souverain pontife d'approuver l'Office et la Messe du Sacré Cœur pour les royaumes et les Etats de sa couronne.
Le 12 juillet, la Sacrée Congrégation des Rites répond une première fois par la négative (Non proposita) à la demande qui lui est formulée par le Père Gallifet en vue d'obtenir une fête en l'honneur du Cœur de Jésus.

1728 : Les chanoines de Rouen font une neuvaine au Sacré-Cœur, pour demander la naissance d'un dauphin au foyer royal. Sa naissance est fêtée l'année suivante à Versailles. Un tableau placé en la chapelle représente la reine offrant au Sacré-Cœur le nouveau-né.
La reine de France, le roi et la reine de Pologne et toute leur maison s'inscrivent à la Confrérie du Sacré-Cœur érigée à Blois, en l'église des Jésuites.
Les abbés Louis Truilhard et Boniface Dandrade (†1762) se réunissent avec quelques amis dans la chapelle du Bon Pasteur à Marseille, et se placent sous le patronage du Sacré-Cœur. Les
Prêtres du Sacré-Cœur s'appliquent sous la direction de leur évêque Mgr de Belsunce à l'éducation des clercs et des artisans, soignent les malades dans les hôpitaux, donnent des retraites et des missions. Le 23 octobre 1738, Mgr de Belsunce consacrera solennellement l'église qu'ils auront construite, dédiée au Cœur de Jésus. Leur devise est Pati et contemni pro te, Sacrum Cor Jesu.

1729 : Le 10 janvier, Léonard de Port-Maurice établit, sur décision de Benoît XIII, une Confrérie du Sacré-Cœur en l'église Saint-Théodore de Rome. Elle sera élevée en 1732 au rang d'Archiconfrérie. Il s'agit de la première Archiconfrérie en l'honneur du Sacré-Cœur de Jésus. Carlo Rezzonico, membre de cette Confrérie, deviendra en 1758 le pape Clément XIII (qui autorisera en 1765 la Messe et l'Office du Cœur de Jésus).
Publication de La Vie de la vénérable Marguerite-Marie Alacoque de Mgr Jean-Joseph Languet de Gergy, archevêque de Sens. Celui-ci dédie l'ouvrage à Marie Leczinska, qui l'a encouragé dans son travail, et dont il espère un appui en vue de la reconnaissance du message de Paray-le-Monial.

« Cette dévotion ne tend qu'à inspirer l'amour de Jésus-Christ, et, par l'amour, l'imitation de ses vertus, de ses sentiments et de ses dispositions. Précieuse dévotion qui conduit à l'amour le plus parfait et à la pratique des plus sublimes vertus du christianisme, qui n'a d'autre but que celui-là, qui même ne se conçoit pas bien sans cet objet, le plus sanctifiant que l'homme puisse se proposer. »
« C'est en effet l'amour infini de Jésus-Christ pour Dieu son Père, et la tendresse aussi infinie pour nous de ce Dieu incarné pour notre salut qui fait l'objet de la dévotion dont je parle, et la fin de cette dévotion c'est d'exciter en nous les retours d'amour et de tendresse que notre cœur doit sentir, à la vue des miséricordes incompréhensibles dont le Cœur de Jésus nous a prévenus. Y a-t-il rien en cela qui puisse paraître ou nouveau, ou dangereux, ou trop sublime pour être conçu ? Il nous a aimés, dit l'Ecriture, et comment ? jusqu'à l'excès. Cet excès d'amour ne mérite-t-il pas notre admiration, et, si j'ose le dire, un pareil excès de reconnaissance et de tendresse. Si tout est adorable en Jésus-Christ, y a-t-il rien qui doive plus attacher notre attention et fixer notre culte que son amour. »
Jean-Joseph Languet, Vie de Marguerite-Marie.

Le 30 juillet, du fait des inexactitudes contenues dans son ouvrage (où il présente le cœur humain comme étant l'organe central et le siège de la vie affective), le Père de Gallifet, Postulateur de la cause à Rome en vue de la reconnaissance d'une fête du Sacré-Cœur, reçoit de la Sacrée Congrégation une nouvelle réponse négative (Negative).
Le 11 septembre, Augustin de Cardavéras S.J. (1703-1770), profondément touché par la lecture de l'ouvrage du P. Joseph de Gallifet, reçoit la faveur d'une vision du Sauveur qui lui dévoile son Cœur. Ordonné prêtre l'année suivante, il propagera en Espagne la dévotion au Sacré-Cœur, prenant la succession du P. Francisco Hoyos décédé en 1735, dans ses difficiles missions à travers le pays (Guipúzcoa, Biscaye, Navarre).

« C'est la première fois que tu entres dans mon Cœur ; désormais tu auras entrée libre pour venir te reposer en moi. Ici tu auras les joies et les délices du ciel ; ici tu dois avoir ton habitation et ta demeure. Laisse aux mondains leurs plaisirs ; je suis ton Dieu, ton bien-aimé, je suis et désire être tout à toi. En moi tu trouveras ce que le monde ne peut donner, c'est ainsi que je paye ceux qui m'aiment. »
Paroles de Jésus à Augustin de Cardavéras, in R.P. E. Letierce, Le Sacré-Cœur - Ses Apôtres et ses Sanctuaires, Nancy, Le Chevallier Frères, 1886.

1730 : Le 15 février, mort d'Anne-Madeleine Remuzat, au premier monastère de la Visitation de Marseille.

1732 : La Confrérie du Sacré Cœur est élevée au rang d'Archiconfrérie, et affiliée à celle de Rome.
Publication à Nancy de La dévotion au Sacré-Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ - établie dans les communautés des religieuses de la Visitation, volume plusieurs fois réédité.
Alphonse-Marie de Liguori (1696-1787) fonde les Rédemptoristes, prédicateurs et missionnaires, dont le premier représentant français sera le Père Joseph Passerat (1772-1858). Ils sont plus de 5.000 aujourd'hui, répartis dans 736 maisons. Alphonse-Marie de Liguori a été canonisé en 1839, et reconnu Docteur de l'Eglise en 1871.

1733-1738 : Guerre de la Succession de Pologne, qui amènera l'abdication du père de la reine Marie Leczinska, Stanislas Leczinski (1677-1766), qui recevra le Barrois et la Lorraine.

1733 : Les Frères Moraves, disciples de Philippe Spener regroupés depuis 1721 à Berthelsdorf par le Comte Nicolas de Zinzendorf (1700-1760), fondent leur première Société missionnaire.
Publication de De l'excellence de la dévotion au Cœur adorable de Jésus-Christ du Père Joseph-François de Gallifet, traduction française augmentée de celui qu'il a fait paraître en langue latine en 1726. Il dédie ce livre à Philippe V, roi d'Espagne et petit-fils de Louis XIV, qu'il considère comme choisi par Dieu pour faire admettre par l'Eglise la dévotion au Sacré-Cœur. Notons que dans cet ouvrage, il dénombre en France plus de 400 confréries dédiées au Sacré Cœur. Dans l'édition de 1745, le nombre de ces confréries est porté à 702 (comptabilisées de 1693 à 1743).

« La dévotion au Sacré-Cœur de Jésus-Christ a pour auteur Jésus-Christ même. C'est lui qui l'a révélée, qui en a commandé l'institution, qui en a expliqué la nature, qui en a enseigné la pratique, qui en a prescrit la forme et la méthode, enfin, qui a promis de répandre ses grâces sur ceux qui s'y dévoueraient. C'est là aujourd'hui une chose si avérée, que les personnes instruites ne peuvent sagement en douter. »
« On peut définir la dévotion au Sacré-Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ : un exercice de religion qui a pour objet le Cœur adorable de Jésus-Christ embrasé d'amour pour les hommes et outragé par l'ingratitude de ces mêmes hommes ; qui a pour fin d'honorer ce divin Cœur par tous les hommages que l'amour et la reconnaissance peuvent inspirer ; et en particulier de lui faire réparation des injures qu'il reçoit dans le Sacrement de son amour. »
Et en effet, que pouvait-on proposer aux chrétiens de plus digne de leur dévotion, et de plus propre à l'enflammer, que le Cœur de leur Rédempteur ? Quel autre objet sensible trouvera-t-on dans l'univers, aussi saint, aussi aimable, et dont la simple vue rappelle avec autant de force et de douceur le souvenir de l'amour de Jésus pour nous, de ses bienfaits, de ses vertus et de ses souffrances ? Car tout cela se trouve renfermé dans ce Cœur sacré, tout cela y est comme imprimé et gravé avec des caractères ineffaçables ; en sorte que si, au premier coup d'œil qu'on jette sur ce Cœur adorable, on ne se sent pas frappé de tous ces objets si tendres, il faut qu'on manque, ou de foi sur ce que Jésus a fait pour nous, ou de sentiment sur ce qu'on Lui doit. »
J. de Gallifet, De l'excellence de la dévotion au Cœur adorable de Jésus-Christ, Livre I, chap. I & IV, et Livre II, chap. I.

Le 10 mai, Bernardo Francisco Hoyos, deux ans avant son ordination, est favorisé de la vision de l'Archange saint Michel, qui lui indique "comment étendre le culte du Cœur de Jésus à travers toute l'Espagne, et plus universellement dans toute l'Eglise". Gratifié de faveurs célestes depuis 1726, il vit dans la proximité du Cœur du Christ, qui lui apparaît de nouveau le 14 mai, jour de l'Ascension, et lui transmet la grande promesse pour l'Espagne.

« Après la communion, j'eus la même vision du Cœur, mais cette fois entouré de la couronne d'épines et surmonté d'une croix, exactement tel que le représente le P. de Gallifet. Je vis aussi la blessure, d'où émanaient les effluves les plus purs de ce sang qui a racheté le monde. Jésus, mon divin amour, invitait mon cœur à pénétrer dans le sien par cette blessure, assurant que son Cœur serait ma demeure, ma forteresse et mon rempart dans tous les combats. Et comme mon cœur acceptait, le Seigneur dit : "Ne vois-tu donc pas qu'il est entouré d'épines et qu'elles te blesseront ?" ce qui ne fit qu'attiser plus encore mon amour ; et comme cet amour pénétrait au plus intime de moi-même, je m'aperçus que les épines étaient des roses.
Je remarquai qu'en plus de la grande blessure, il y avait dans le Cœur de Jésus trois autres blessures plus petites. Je Lui demandai s'Il savait qui les Lui avait faites. Il me remit alors en mémoire cette faveur où Il s'était montré blessé de trois flèches par notre amour.
Tandis que mon âme était toute recueillie en cette demeure céleste, Jésus disait : "Voici le lieu de mon repos pour toujours ; Je demeurerai en lui, car Je l'ai choisi."
Il me fit comprendre qu'Il ne me faisait pas goûter les richesses de son Cœur pour moi seul, mais pour que d'autres les goûtent à travers moi. Je demandai aux trois Personnes de la Sainte Trinité la réalisation de nos désirs. Et, comme je demandai en particulier pour l'Espagne cette fête qui ne semble être présente dans aucune mémoire, Jésus me dit : "Je régnerai en Espagne, et même J'y serai plus vénéré qu'en d'autres lieux". »
Máximo Pérez S.J., El poder de los debiles, Madrid, Epador, p.144-145 (14 mai 1735), traduit par Francisco Cerro Chaves, in Le Cœur du Christ pour un monde nouveau, Actes du Congrès de Paray-le-Monial - 13 au 15 octobre 1995, Paris, Ed. de l'Emmanuel, 1998.


1737 : Paul de la Croix (1694-1775) fonde le monastère d'Orbitello, où il réunit quelques disciples dans le but de propager la dévotion à la Passion de Jésus-Christ. Ainsi se forme la Congrégation des Clercs déchaussés de la Très Sainte Croix et Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ce nouvel institut est approuvé par Benoît XIV (1741 et 1746), par Clément XIV (1769) et enfin par Pie VI (1775). En 1748, il fonde la Congrégation des femmes à Cornetto, en Italie centrale. Les membres de ces deux congrégations sont aussi appelés Passionistes. Paul de la Croix a été béatifié en 1852, et canonisé par Pie IX en 1867.

1738 : Le 13 mai, la Mère Marie-Cécile Baij (Cécile Félicité Baij, 1694-1766), Bénédictine de l'abbaye Saint-Pierre de Montefiascone en Italie, prophétise l'institution prochaine de la fête du Sacré-Cœur par l'autorité compétente.

« Ce matin après la communion, j'ai vu le Cœur de Jésus s'avancer en triomphe à travers les célestes parvis, et tous les chœurs angéliques le suivaient avec des transports de joie. Mais le Cœur était seul, très élevé, beaucoup plus que les esprits angéliques. Et pendant ce temps l'Epoux m'a dit : "Regarde, Marie, de qui tu es l'épouse et quelle magnifique demeure est la tienne." Puis il m'a donné l'intelligence de ce qu'il me faisait voir, c'est-à-dire que viendra un jour où le Cœur de Jésus marchera aussi en triomphe dans l'Eglise militante, grâce à la fête qu'on y fera avec célébration de l'office du Cœur de Jésus. »
Marie-Cécile Baij, Vie intérieure de Jésus-Christ, in Dom Ursmer Berlière, La Dévotion au Sacré-Cœur dans l'Ordre de Saint Benoît, Paris, Lethielleux et Desclée, De Brouwer, Abbaye de Maredsous, 1923.

1740 : Mgr Jean-Joseph Languet de Gergy adresse une Instruction pastorale sur le Sacré-Cœur à son diocèse de Sens.
Le 3 octobre, Marie Leczinska envoie une supplique à Benoît XIV - qui vient de succéder à Clément XII - en vue de l'institution du culte officiel du Sacré-Cœur.

« Très Saint Père,
Nous sollicitons depuis près de trois ans l'institution de la fête solennelle du Sacré Cœur de Jésus et nous étions sur le point de l'obtenir, lorsque le décès du Pape Clément XII est arrivé.
Comme nous désirions toujours avec ardeur de voir mettre la dernière main à cette œuvre pieuse, Nous faisons nos instances à Votre Sainteté, et la supplions très humblement de vouloir bien, en aplanissant toutes les difficultés qui pourraient se rencontrer, Nous accorder personnellement cette grâce qui concourt à la plus grande gloire de Dieu et Nous donnera une entière satisfaction…
Votre dévote fille,
La Reine de France et de Navarre. »
Lettre de Marie Leczinska à Benoît XIV, in Auguste Hamon, Le Message du Sacré-Cœur à Louis XIV, à la France, Paris, Beauchesne, 1918.

1741-1748 : Guerre de Succession d'Autriche. La France s'allie à la Prusse.

1742 : A la demande de Marie Leczinska, instauration au sein de la paroisse Notre-Dame de Versailles d'une Confrérie de la dévotion au Sacré-Cœur.

1743 : Benoît XIV fait parvenir à Marie Leczinska, en réponse à son courrier, plusieurs cœurs de taffetas rouge, brodés en or, mais ne se montre pas favorable à la fête nouvelle.

1744 : Le 17 mai, la Mère Hélène Coing, Supérieure du monastère de la Visitation de Paray-le-Monial, écrit à Mgr Languet, archevêque de Sens, pour qu'il fasse connaître à Louis XV les données des révélations reçues par Marguerite-Marie relatives au drapeau du Sacré-Cœur. S'il est possible que le cardinal Fleury favorisa cette communication, elle ne fut pas suivie d'effets.

« Nous voudrions que sa Majesté put être informée, combien nous ressentons ses royals bienfaits, et les prières ardentes que nous offrons continuellement au Seigneur et surtout dans nos communions pour la conservation de son auguste personne, de toute la famille royale et pour la prospérité de ses armées.
Il me souviens à ce sujet, Monseigneur, d'une prédiction de N. V. Sœur Alacoque, qui assurait que celles [les armées] de France seraient victorieuses, si Sa Majesté ordonnait de mettre dans ses drapeaux la représentation du divin Cœur de Jésus, blessé, couronné d'épines, environné de flammes et une croix au-dessus, tel que Notre-Seigneur le lui fit voir et qu'on le dépeint communément. Nous ne risquons rien d'indiquer cette prédiction à Votre Grandeur, puisqu'elle sait comment toutes les autres ont été accomplies, qui regardent cet adorable Cœur, dans la Provence et jusqu'au bout du monde, où son culte est établi par plus de sept cents associations, sous l'autorité du Saint-Siège, ce qui paraissait impossible lorsqu'elle l'assurait, et tant d'autres que je ne rappelle point à Votre Grandeur.
Je sais qu'elle en fera l'usage qu'il convient dans ces conjonctures délicates. Les secours du ciel paraissant plus nécessaires ou utiles, sont quelquefois bien reçus, pour faire réussir les justes desseins de Sa Majesté, que nous serions ravies qu'il vainquît en ce signe, comme un autre Constantin. Peut-être que Mgr le cardinal de Tencin, protecteur de notre Ordre, et Mgr l'évêque de Chartres, évêque de la Cour, pourraient appuyer cette prédiction que nous donnons plus en bonnes françaises et en zélées et fidèles sujettes que pour faire paraître à la Cour l'efficace des vertus et de l'intercession de notre sainte amante du Cœur de Jésus. »
Lettre de Mère Hélène Coing à Mgr Languet, 17 mai 1744, in Ch. Marcault, Le Sacré-Cœur a parlé, Paris, Desclée - De Brouwer, 1934. Cette lettre est datée du 27 mars dans Le Message du Sacré-Cœur à Louis XIV, à la France, par Auguste Hamon, Paris, Beauchesne, 1918.

1746 : Christophe de Beaumont est nommé archevêque de Paris. Il introduit dans le bréviaire de la capitale l'Office du Sacré-Cœur.
Publication à Strasbourg de La dévotion au Cœur de Jésus, recueil d'instructions et de prières pour l'association du Cœur de Jésus chez les Religieuses de la Visitation de Strasbourg.
Publication à Paris d'
Instructions, pratiques et prières pour la dévotion au Sacré-Cœur divin, l'office, vêpres et messe de cette dévotion, manuel à l'usage de la Confrérie établie en l'église Saint-Laurent.

1748 : Le 1° septembre, Mgr Durini, nonce du pape Benoît XIV et archevêque de Rhodes, consacre solennellement un autel dédié aux Sacrés Cœurs de Jésus et Marie dans l'église Saint-Sulpice (Paris). L'autel est terminée par un médaillon doré sur fond bleu sur lequel on peut lire : "Adorons le Cœur de Jésus. Imitons le Cœur de Marie. Consacrons ici le nôtre". Il s'agit de la première chapelle érigée à Paris en l'honneur du Sacré-Cœur.

1750 : Publication à Caen d'Instructions sur la dévotion aux Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie.

1751 : Sur les conseils de l'archevêque de Paris Christophe de Beaumont, le dauphin Louis, qui souhaite faire une "bonne œuvre" en l'honneur du Cœur de Jésus, rétablit et consolide la Maison des religieuses de Sainte-Aure, adoratrices perpétuelles du Sacré-Cœur rue Neuve-Sainte-Geneviève à Paris. Une Bulle de Clément XIII le reconnaîtra comme restaurateur de cette Maison, ainsi que sa mère la reine Marie Leczinska.

1753 : Publication à Paris d'un manuel de vie chrétienne et de prières intitulé Le parfait adorateur du Sacré-Cœur de Jésus, ou exercices très nécessaires pour les associés à la dévotion du Sacré-Cœur de Jésus, de Gabriel-Fr. Nicollet, "très humble Adorateur du Sacré-Cœur de Jésus". Le volume (571 pages) est réédité dès 1761 chez Gabriel Valleyre.

« Le Verbe du sein de son Père,
De cet océan de bonheur,
Vient, touché de notre misère,
Revêtir un corps de douleur.
Caché dans le sein de Marie,
Comprendrons-nous ce qu'il souffrait !
Dans cet état qui l'humilie,
Que faisait son Cœur ? Il aimait.

Bientôt mon Jésus va paraître.
Ah ! quel bonheur, homme mortel,
Sous un tel Roi, sous un tel Maître,
Tu cesses d'être criminel.
Jésus naissant dans une étable,
Nu, délaissé, transi de froid,
En faveur de l'homme coupable,
Que faisait son Cœur ? Il aimait. »
G.-F. Nicollet, Le parfait adorateur, Paris, La Veuve Lamesle, 1753.

1756-1763 : Guerre de Sept Ans, en Europe, aux Indes et en Amérique. La France perd ses colonies au profit de l'Angleterre.

1758 : Publication à Naples des Neuvaines du Cœur de Jésus (Novena del Cuore di Gesù), d'Alphonse-Marie de Liguori (1696-1787). Cet opuscule, où saint Alphonse considère que dans le Cœur de Jésus on doit vénérer la vie et l'amour du Sauveur qui s'est donné à nous dans la Passion et l'Eucharistie, ainsi que la Notizia della divozione verso il Cuore adorabile di Gesù publiée ensuite, ont sans aucun doute pesé dans les réflexions de la Congrégation des Rites, qui approuvera la fête du Sacré-Cœur en 1765. Dès sa parution, la Novena connaît un immense succès, et est traduite en plusieurs langues.

« Mon aimable Rédempteur, quel objet plus digne que vous de tout amour votre Père éternel pouvait-il me commander d'aimer ? Vous êtes la beauté du paradis, vous êtes les délices de votre Père, votre Cœur est le siège de toutes les vertus. O Cœur aimable de mon Jésus, l'amour de tous les cœurs vous est dû de bon droit. Pauvre et malheureux le cœur qui ne vous aime pas !
Malheureux, mon cœur l'a été, durant tout le temps où il s'est refusé à vous. Mais je ne veux pas prolonger mon infortune : je vous aime et je veux vous aimer toujours, ô mon Jésus. Seigneur, j'ai vécu dans l'oubli de vous ; et maintenant, qu'est-ce que j'attends ? peut-être que mon ingratitude vous contraigne vous-même à m'oublier totalement et à m'abandonner ? Non, mon bon Sauveur, ne le permettez pas.
Vous êtes l'amour d'un Dieu : et vous pourriez ne pas être l'amour d'une créature chétive et pécheresse, comblée de vos bienfaits, entourée de votre tendresse ?
O belles flammes, qui avez pour foyer le Cœur plein d'amour de mon Jésus, allumez aussi dans mon misérable cœur ce feu saint et béni dont Jésus est venu embraser la terre. Réduisez en cendres, anéantissez, dans les affections de mon cœur, tout germe malfaisant, qui m'empêcherait d'être entièrement à mon Dieu. Ce cœur, ô Tout-Puissant, réduisez-le à ne vivre que pour vous, pour vous aimer, ô mon doux Sauveur.
Le temps où je vous méprisais n'est plus : maintenant je vous proclame roi de mon cœur. Je vous aime, je vous aime, et je ne veux rien souffrir en moi qui gêne votre amour. Mon Seigneur bien-aimé, ne dédaignez pas d'accueillir pour ami fidèle l'infortuné qui fut votre désolation. Un cœur qui n'avait pour vous qu'éloignement et mépris, donnez-vous la gloire de le montrer à vos anges, dévoré des ardeurs de votre amour.
Sainte Vierge Marie, mon espérance, aidez-moi : priez Jésus de me rendre, par sa grâce, tel qu'il me désire. »
Alphonse-Marie de Liguori, Neuvaine du Cœur de Jésus, Premier jour, St.-Etienne, Apôtre du Foyer, 1965.

Le P. Antoine Jeanjean (1727-1790), Supérieur du Grand Séminaire de Strasbourg, est nommé Supérieur des Sœurs de la Charité de la Toussaint. La même année, il prêche pour la première fois à la cathédrale Saint-Etienne de cette ville pour la fête patronale du Sacré-Cœur, et y prêchera à plusieurs reprises pour cette occasion jusqu'en 1780. Le P. Jeanjean est l'un des plus grands apôtres du Sacré-Cœur en Alsace.

« Prêtres du Seigneur, mettez votre cœur dans le Cœur de Jésus : là vous trouverez l'esprit des Apôtres, le zèle infatigable, la pureté d'intention, le joyeux élan pour le travail et le succès auprès des âmes. »
In Die Herz-Jesu-Verehrung im Elsass de Médard Barth, Herder, 1928, trad. P. Victor Beck SS.CC., in Neuf siècles d'histoire du culte du Sacré-Cœur, Strasbourg, Alsatia Sélestat, 1963.

1760 : Publication à Marseille de La Vie de la très honorée sœur Anne-Madeleine de Remuzat, sans mention du nom de l'auteur, qui est le P. Jacques, S.J..

« Dieu forme les saints pour sa gloire, ils sont la lumière du monde ; tenir cette lumière dans l'obscurité, c'est aller contre les desseins de Dieu… La sainteté est un présent que le Ciel fait à la terre, et que la terre doit renvoyer au Ciel par les hommages qu'elle rend à l'Auteur de la sainteté. »
P. Jacques, Lettre à la Mère Marie-Charlotte Billon, supérieure du premier monastère de la Visitation de Marseille.

1762 : Auguste III (1696-1763), roi de Pologne depuis 1733 et père de la seconde femme du dauphin Louis, écrit à Clément XIII pour obtenir que son pays puisse célébrer tous les ans, le vendredi après l'Octave de la Fête-Dieu, la fête du Sacré-Cœur.
Jean Martin Moyë (1730-1793, béatifié en 1954) fonde la Congrégation des Sœurs de la Providence, qui compte aujourd'hui environ 3.000 membres.

1763 : Le 6 février, le roi Stanislas (1677-1766), père de la reine Marie Leczinska, écrit à son tour à Clément XIII pour demander la même faveur pour la Pologne et ses Etats de Lorraine. Le duc de Bavière agit de même quelques jours plus tard. En 1763 et 1764, cent cinquante évêques d'Espagne, de Pologne, d'Italie, du Portugal, des Etats pontificaux, des deux Siciles, du Canada, du Mexique, du Paraguay, d'Orient, exprimeront à Clément XIII ce même désir.
Le 10 février, signature du Traité de Paris, qui met fin à la guerre de Sept Ans. La France abandonne à l'Angleterre la plus grande partie de ses colonies. Elle perd le Canada et cède la Louisiane à l'Espagne.

1764 : Le 1° septembre, Anne-Marie Redi (1747-1770) devient Carmélite au couvent de Sainte-Thérèse à Florence, en Italie, où elle prend le nom de Thérèse-Marguerite du Sacré-Cœur-de-Jésus. En 1767 le couvent adopte la fête du Sacré-Cœur, et Sœur Thérèse-Marguerite se livre avec passion au nouveau culte. Elle meurt à 23 ans, après cinq années de prière et de pénitences. Elle a été béatifiée en 1929, et canonisée en 1934.

« Oui, mon Dieu, je ne veux tendre à rien d'autre que de devenir une parfaite image de vous ; et puisque votre vie fut toute cachée dans l'humiliation, l'amour et le sacrifice, telle aussi doit être ma vie à l'avenir ; car vous savez bien que mon seul désir est d'être une victime de votre Sacré Cœur. »
Sœur Thérèse-Marguerite, in Abbé Levesque, L'Origine du Culte du Sacré-Cœur de Jésus, Avignon, Maison Aubanel, 1930.

Le 18 novembre, le roi Louis XV dissout par décret l'Ordre des Jésuites. Le 7 janvier 1765, Clément XIII, par la Bulle Apostolicum, proteste de cette décision.

1765 : Le 26 janvier, après examen du Memoriale déposé par les évêques polonais - le cardinal Albain, évêque de Sabine, en est le ponent et J.-B. Alegiani l'avocat - le décret Instantibus de la Sacrée Congrégation des Rites paru sous l'approbation de Clément XIII le 6 février, fait ampliation du culte déjà existant en accordant la Messe et l'Office aux évêques de Pologne et à l'Archiconfrérie du Sacré-Cœur établie à Rome en 1729. Le 11 mai, la Sacrée Congrégation approuve l'Office et la Messe composés par Mgr Bruni et le P. Calvi S.J.. Le 10 juillet, c'est l'ensemble de l'Ordre de la Visitation qui obtiendra à son tour la permission de célébrer, avec Messe et Office propre, la fête du Sacré-Cœur.

« Instance faite pour la concession d'un Office et d'une Messe du très sacré Cœur de Jésus, par le plus grand nombre des très révérends évêques de Pologne et l'Archiconfrérie romain, érigée sous ce titre, la Sacrée Congrégation des Rites, dans sa séance du 26 janvier 1765, reconnaissant que le culte du Cœur de Jésus est déjà répandu dans presque toutes les parties du monde catholique, favorisé par les évêques, enrichi par le Siège Apostolique de milliers de brefs d'indulgences, donnés à des Confréries presque innombrables érigées canoniquement en l'honneur du Cœur de Jésus, comprenant en outre que la concession de cette messe et de cet office n'a pas d'autre but que de développer un culte déjà établi (non aliud agi quam ampliari cultum jam institutum), et de renouveler symboliquement la mémoire de ce divin amour, par lequel le Fils unique de Dieu a pris la nature humaine (et symbolice renovari memoriam illius divini amoris, quo Unigenitus Dei Filius humanam suscepit naturam), et, obéissant jusqu'à la mort, a voulu montrer aux hommes, par son exemple, qu'il était doux et humble comme il l'avait dit ; pour ces raisons, sur le rapport de l'Eminentissime et Révérendissime Seigneur Cardinal Evêque de Sabine, après avoir entendu le R.P.D. Cajetan Fortis, promoteur de la Foi, s'écartant des décisions du 30 juillet 1729, ladite Sacrée Congrégation a pensé qu'il fallait consentir à la demande des évêques du royaume de Pologne, et de ladite Archiconfrérie romaine. Elle prendra plus tard une décision sur la Messe et l'Office qu'il convient d'approuver.
Ce vœu de la Sacrée Congrégation a été soumis à Notre Saint-Père le Pape, Clément XIII ; Sa Sainteté en ayant pris connaissance, l'a pleinement approuvé. »
Extrait du décret d'approbation, in A. Hamon, Histoire de la Dévotion au Sacré-Cœur, tome II, Paris, Beauchesne, 1925.

Le Mémoire des évêques polonais, véritable traité de la dévotion au Sacré-Cœur qui a décidé la Sacrée Congrégation des Rites à l'ampliation du culte, dénombre à cette date 1090 Confréries érigées en l'honneur du Sacré-Cœur, réparties dans le monde. Le Postulateur de la cause, dans ses réponses aux difficultés du Promoteur de la foi, a défini avec clarté la manière dont il fallait considérer le Cœur de Jésus :

« Il existe une confusion chez plus d'un. Ils regardent l'objet propre de la fête, le Cœur de Jésus, d'une façon toute matérielle, comme serait une relique d'un corps saint, religieusement conservée dans une châsse. C'est une grosse erreur. Ce n'est pas du tout ainsi qu'il faut entendre la fête du Sacré-Cœur.
Il faut voir le Cœur de Jésus :
- Primo, comme ne faisant qu'un seul objet avec l'âme de Jésus et sa divine personne ;
- Secundo, comme le symbole ou le siège naturel de toutes les vertus et de tous les sentiments du Christ Seigneur, surtout de l'immense amour dont il chérit son Père et les hommes ;
- Tertio, en outre comme le centre de toutes les douleurs du très aimant Rédempteur, douleurs souffertes pendant toute sa vie, surtout pendant sa Passion, pour le salut des hommes ;
- Quarto, il ne faut pas oublier la blessure reçue sur la croix, blessure faite non pas tant par la lance du soldat, que par l'amour de Jésus qui dirigeait la lance vers le Cœur.
Tout cela appartient au Cœur de Jésus ; uni à lui, tout cela constitue avec lui, l'objet propre de cette fête. Il en résulte, la remarque est d'importance, que cet objet ainsi conçu embrasse vraiment et réellement tout l'intérieur de Jésus. A quel point tout cela est divin et renferme de profonds mystères, chacun le voit d'abord ; inutile d'insister.
[…]
Si l'on considère la chose attentivement, on devra reconnaître qu'il n'existe aucun objet corporel et sensible qui puisse être proposé plus convenablement, plus justement et plus utilement à la vénération des fidèles, que ce Cœur si aimant et en même temps si affligé. Et en effet, il n'y en a aucun, qui contienne et représente des mystères plus sublimes ; aucun, dont la vue et la considération puisse produire dans le cœur des fidèles des sentiments plus saints ; aucun, qui peigne mieux aux yeux du corps et en même temps à ceux de l'âme l'amour immense de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; aucun, qui soit plus propre à renouveler dans l'esprit des fidèles le souvenir de tous les bienfaits de notre Sauveur tout aimant, qui exprime d'une manière plus sensible les tourments intérieurs qu'il a endurés pour nous. Toutes ces merveilles, et bien d'autres encore, on les voit non seulement contenues et représentées dans ce sacré Cœur, tel que d'habitude on le représente et l'adore, mais comme écrites et gravées et mises sous les yeux. Tout cela fait qu'aucun objet n'aurait pu être proposé aux fidèles qui soit plus saint, plus propre à exciter fortement la reconnaissance et l'amour envers notre Sauveur tout aimant, à enflammer de saints désirs, à stimuler efficacement nos cœurs à toutes les saintes affections. »
In Nilles, De rationibus festorum Sacratissimi Cordis Jesu…, Liber I, Pars I, Cap. III, 1873, trad. A. Hamon, in Histoire de la Dévotion au Sacré-Cœur, t.II, Paris, Beauchesne, 1925 et L. Verheylezoon, La dévotion au Sacré-Cœur, Paris-Tournai, Salvator-Mulhouse, 1954.

Le 9 février, le Frère Nicolas Célestini (1747-1768), novice de la Compagnie de Jésus à Rome, est guéri miraculeusement au cours d'une apparition de saint Louis de Gonzague (1568-1591, canonisé en 1622).

« Notre-Seigneur, lui dit le saint, t'accorde à ma prière, la santé, pour travailler encore à ta perfection et propager de toutes tes forces la dévotion à son Sacré-Cœur, dévotion très chère à tous les habitants du paradis. »
Cité in J.-V. Bainvel, La Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, Paris, Beauchesne, 1917.

Le 10 juillet, le P. Laurent Ricci, général des Jésuites, obtient pour la Compagnie l'office et la messe du Sacré-Cœur, alors que l'ordre a été dissous par décret le 18 novembre de l'année précédente. Craignant le découragement des Pères, il leur adresse une lettre encyclique le 3 juin 1767, riche de confiance en Dieu, les invitant à rejoindre le Cœur de Jésus par l'entremise de la Bienheureuse Vierge Marie, "afin qu'elle nous prépare à tous la voie vers le Cœur de son Fils, et que la Société trouve par elle, dans ce Cœur, un secours et un asile : nulle part en effet elle n'en trouvera un plus assuré".
Le 14 août, suite à la demande de Marie Leczinska épouse de Louis XV, l’Assemblée générale du clergé de France, présidée par Charles-Antoine de La Rochefoucauld, archevêque de Reims, exprime le désir que la fête du Sacré-Cœur soit établie dans tous les diocèses du Royaume. La lettre circulaire destinée aux évêques est signée de l'Abbé de la Luzerne et de l'Abbé de Cicé.

« Tous les évêques qui composent l'assemblée, également pénétrés du profond respect et de la vénération qui ne sont pas moins dus aux vertus éminentes de Sa Majesté qu'à son rang auguste, et voulant, autant qu'il est en eux, seconder un zèle aussi édifiant, ont unanimement délibéré d'établir dans leurs diocèses respectifs la dévotion et l'office du Sacré Cœur de Jésus, et d'inviter par une lettre circulaire les autres évêques du royaume d'en faire de même dans les diocèses où cette dévotion et cet office ne sont pas encore établis. »
Extrait des Actes du procès-verbal de l'Assemblée du clergé.

Sur ordre du dauphin Louis (père de Louis XVI) qui n'a plus que six mois à vivre, une chapelle et un autel sont érigés dans l'église du château de Versailles, en l'honneur du Sacré-Cœur. La construction est confiée à l'architecte du roi Jacques (IV) Gabriel (†1782), Dessouches se chargeant de la réalisation du Cœur en bronze doré du sanctuaire. Un grand crucifix d'ivoire, don d'Auguste III à son gendre, complétera la décoration du tabernacle. Cette chapelle située dans le chevet de l'église royale, et achevée en 1773, existe encore de nos jours.
Suite à ces décisions de Rome en faveur de la dévotion au Sacré-Cœur, les manifestations des jansénistes contre ceux qu'ils nomment "cordicoles" se multiplient. Ils les tournent en dérision dans les
Nouvelles ecclésiastiques, leur journal clandestin, où les Jésuites sont particulièrement visés.

1766 : Le 23 février, mort de Stanislas Leczinski, qui amène le rattachement de la Lorraine à la France.
La messe Miserebitur, œuvre de Mgr Bussi des Ecoles Pies et du P. Calvi S.J., est approuvée par Rome, pour l'Archiconfrérie romaine du Sacré-Cœur et le royaume de Pologne.

1767 : L’archevêque de Paris Christophe de Beaumont, voulant répondre aux désirs de la reine Marie Leczinska, adopte la fête et l’Office du Sacré-Cœur pour son diocèse.

1768 : Le 15 mai, achat de la Corse à la République de Gênes.

1769 : Naissance de Napoléon Bonaparte.
Joseph Cugnot (1725-1804) invente le chariot à vapeur, premier véhicule automobile.

1770 : Publication à Paris de La dévotion au Sacré-Cœur de Jésus établie et réduite en pratique de Collet.
Le 16 mai, mariage du Dauphin Louis avec l'archiduchesse Marie-Antoinette d'Autriche.

1771 : Le 11 juin, le Parlement de Paris rend un arrêt par lequel il proscrit le culte du Sacré-Cœur.
En décembre, suite à un édit de Discipline enregistré par Louis XV, démission et exil du Parlement de Paris.

1772 : Publication de la Dissertation apologétique sur le culte du Sacré Cœur du Père Benoît Tetamo S.J..

1774-1792 : Règne de Louis XVI (1754-1793), I° fils du Dauphin Louis (1729-1765 - fils de Louis XV et de Marie Leszcynska) et de Marie-Josèphe de Saxe, petit-fils de Louis XV.

1774 : Le 10 juillet, l'évêque de Lodève Mgr Jean-Félix-Henri de Fumel (†1790), exhorte les religieuses de l'abbaye de Clermont-Lodève qui viennent de prendre, avec sa permission, le nom de Filles Bénédictine du Sacré-Cœur de Jésus, à s'approcher au plus près de ce foyer de Vie et d'Amour :

« Etudiez ce livre admirable de toute sainteté, puisez à cette source d'eau vive les grâces dont vous avez besoin ; suivez les leçons de ce Maître par excellence de toutes les vertus, ambitionnez la gloire d'être ses imitatrices, demeurez dans cette fournaise de charité ; c'est le Cœur de votre Epoux et de votre Dieu : vivez dans lui et pour lui ; puisse-t-il, après avoir été votre soutien sur la terre, être votre joie et votre couronne dans le ciel. Ainsi soit-il. »
Mgr de Fumel, in A. Hamon, Histoire de la Dévotion au Sacré Cœur, T. V, Paris, Beauchesne, 1940.

L'évêque d'Amiens Mgr de la Motte fonde avec Mlle de Louvencourt (1747-1778) les Religieuses des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie. Elles créeront à Amiens le premier hospice d'incurables.
Le 12 novembre, Louis XVI rappelle les Parlements.
Publication du premier volume de Le culte de l'amour divin, ou La dévotion au Sacré Cœur de Jésus, avec des réponses aux objections de Mgr de Fumel, qui répond aux attaques des Jansénistes. Le second volume paraît en 1776.

1775 : Guerre des farines : la pénurie de pain entraîne des émeutes à Paris et en province.
Le 21 novembre à Amiens, Marie-Elisabeth de Louvencourt (1747-1778) entre en religion sous le nom de Sœur Marie-Louise du Sacré-Cœur, et fonde l'Institut des Religieuses des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie, d'abord dévoué aux pauvres et aux malades de la ville, puis - après la Révolution de 1789 - à l'éducation des jeunes filles. L'Adoration Perpétuelle qu'elle avait fondée en 1773 avec Mgr de La Motte et Mgr de Manchault au monastère des Clarisses d'Amiens, mise en péril pendant la Révolution, sera restaurée en 1827 par Mgr de Chabons.

« Tout mon attrait semble se borner au Cœur de Jésus. Je croirais volontiers que tout le bonheur de mon pauvre cœur serait de me vouer, de me consacrer, de m'immoler entièrement et universellement au divin Cœur en cet heureux jour qui commencera mon paradis. Pour mieux vous faire comprendre ma pensée, tout mon désir serait de vouer, de consacrer, d'immoler, de déifier, en cet heureux instant, toutes les affections de mon cœur, toutes les pensées de mon esprit, toutes les considérations de mon entendement, tous les souvenirs de ma mémoire, tous les actes de ma volonté, enfin, mon corps, mes sens, tout ce que je suis selon l'ordre de la grâce et de la nature, et tout ce que je ferai pendant le temps et l'éternité, à ce divin Cœur, m'y abîmant et le suppliant de me rendre participante de ses trésors divins, pour offrir par Lui à la Très Sainte-Trinité toute la gloire, la louange, l'honneur, l'amour, l'adoration, les actions de grâces et les réparations qui Lui sont dus. Mon intention, dans tout ce que je ferai, est d'accomplir aussi parfaitement et universellement qu'il me sera possible son bon plaisir et celui de l'auguste Trinité en tout et par tout ; et je n'ai pas de désir plus à cœur que d'être la victime de son divin amour et de devenir ainsi chaque jour, par ma conformité à ce qu'a été le divin Cœur de Jésus pendant sa vie mortelle, une hostie toujours vivante et mourante, m'abandonnant pleinement à Lui pour tous mes besoins, et, ayant une ferme confiance que plus je m'oublierai pour le chercher, plus il aura pitié de moi, et m'accordera la plénitude des grâces, des vertus, des mérites, des bénédictions et des miséricordes, et particulièrement ce qu'il sait m'être nécessaire pour devenir une épouse aussi conforme à son Cœur que peut l'être une aussi misérable créature. »
Sœur Marie-Louise du Sacré-Cœur, in Abbé Gustave Monteuuis, Une Ame Religieuse - Marie-Elisabeth de Louvencourt, sa vie, ses œuvres, Paris, Victor Retaux, 1899.

1779 : Le 1° juillet, l'adoration perpétuelle du Sacré-Cœur est établie au sein de la communauté dite de Sainte-Aure, rue Neuve-Sainte-Geneviève à Paris, avec l'approbation de l'archevêque Mgr Christophe de Beaumont, et en présence de M. Joseph Grisel, Supérieur, et du R.P. Nicolas-Marie Verron, aumônier et confesseur de la Maison. La communauté de Sainte-Aure, fondée en 1707 par M. Nicolas Le Fèvre (1641-1708), avait été restaurée grâce au concours de Marie Leczinska et de son fils le Dauphin Louis dès 1751, qui en constitua avec l'approbation de Mgr Beaumont un établissement de piété en l'honneur du Sacré-Cœur de Jésus. En ce premier jour d'adoration, le R.P. Verron lit l'acte de consécration suivant, qui sera récité chaque année jusqu'à la Révolution, où le couvent sera pillé, la communauté dispersée, et où le P. Verron, enfermé au séminaire Saint-Firmin, y mourra égorgé :

« Acte de Consécration au Sacré Cœur de Jésus.
Sacré Cœur de Jésus ! Cœur adorable de mon Dieu ! Cœur aimable de mon Sauveur ! Cœur divin, réellement présent sur cet Autel et dans ce Tabernacle : Agréez, nous vous en conjurons, l'Acte sincère de notre Consécration nouvelle. - Ouvrez-vous, Cœur sacré, pour nous recevoir pour toujours, pour tous les jours, pour tous les instants du jour et de la nuit. - C'est vous-même qui, par votre grâce, nous avez inspiré ce pieux désir. Nous l'avons senti et reconnu ; vous avez daigné l'approuver : nous vous en remercions, nous vous en bénissons. Soutenez donc vous-même votre ouvrage, ô Cœur sacré de Jésus ! Pour nous, Victimes, s'il le faut de votre amour ; ah ! que nous mourrions à vos pieds plutôt que de jamais vous abandonner. Tant qu'il subsistera, ce Sanctuaire ne sera point désert ! - mais c'est dans notre âme que nous vous conjurons, ô mon Dieu, de perfectionner et d'achever ce même Ouvrage de votre Grâce. Non, ce n'est pas un hommage purement extérieur que nous venons vous jurer. Ah ! que ce Jour que nous aimons tant, devienne sans cesse une nouvelle époque d'une fidélité nouvelle. - Adoratrices perpétuelles du Cœur de Jésus, que nous ne contredisions jamais, par des outrages, la perpétuité de nos hommages. Nous vous adorerons à tous les instants : ah ! qu'à tous les instants, nous vous aimions ! Nous ne pouvons vous adorer perpétuellement qu'en nous succédant les unes aux autres ; que ce concert d'adorations forme donc aussi un même esprit et un seul cœur.
O Cœur de Marie ! Cœur de notre Divine Mère, nous ne vous séparons pas de nos hommages. Ah ! c'est par vous, c'est sous vos auspices et à l'ombre de votre protection, que nous nous présentons à votre divin Fils, comme ses Adoratrices perpétuelles. Obtenez-nous les grâces que nous demandons par vous. Formez vous-même nos cœurs sur le vôtre : ils deviendrons dignes du Cœur de Jésus. Nous vous les confions, nous vous les dévouons, comme à la plus tendre de toutes les Mères.
Heureux jour ! ô Nuit trois fois heureuse, qui nous a consacrées spécialement aux Cœurs de Jésus et de Marie ! C'est dans ce Jour, c'est dans cette Nuit, c'est à cette Heure que nous vous promettons de tout notre cœur, ô mon Dieu, de vous adorer perpétuellement ; que nous vous répétons avec amour : Oui, toujours, sans cesse, sans interruption, sera béni dans ce Sanctuaire, loué et adoré le Sacré Cœur de Jésus.
Ainsi soit-il. »
Acte de Consécration au Sacré-Cœur, in Regnabit n°10, mars 1928.


1780 : A Nantes, Marie-Anne Galipaud, dans de nouvelles révélations, reprend l'enseignement de ses deux aînées visitandines sur la dévotion au Sacré-Cœur.

1781 : Publication du Defensio cultus Sacratissimi Cordis Jesu du Père Emanuel Marquès S.J., membre de la Compagnie supprimée.
Publication de la Lettre aux cordicoles sur l’origine et les inconvénients de la fête du Sacré-Cœur de Jésus et Marie, anonyme janséniste écrit par Marc-Antoine Reynaud (†1796), curé du diocèse d'Auxerre. Il y accuse les fidèles du Cœur de Jésus de rendre un culte illicite et contraire à la foi et à la vérité. La réédition de la Lettre en 1782, corrigée et augmentée, sera précédée d'une préface particulièrement virulente, reprise dans une Seconde lettre aux Alacoquistes, dits Cordicoles, ou la raillerie est poussée jusqu'au ridicule, voire au blasphème : la dévotion y est qualifiée de "théologie musculaire", l'auteur y propose le culte du cerveau de Notre Seigneur, etc..

« C'est le P. Eudes qui a introduit la dévotion au Sacré-Cœur de Marie, et ensuite au Sacré-Cœur de Jésus… Qu'on en croie du moins Mgr Languet, qui était le P. Eudes de ce siècle-ci, comme le P. Eudes était le Languet de l'autre… C'est donc le nom d'Alacoquistes qui convient proprement aux Cordicoles, à moins qu'à cause de l'origine qu'ils tirent également des deux Maries, on aime mieux les appeler des Marions, des Mariettes, ou des marionnettes… Ces deux dévotions ont eu pour institutrices deux filles fanatiques de la plus haute extravagance… Marie des Vallées et… Marie Alacoque. […] D'après Descartes, la glande pinéale est l'organe des passions ; d'après d'autres savants, le cerveau est le siège de la sensibilité affective… Ne serait-il pas convenable d'établir des fêtes de la Sacré Glande et du Sacré Cerveau, dont les partisans seraient Cervelistes et Pinéalistes ?  »
Lettre aux cordicoles, extraits, in R.P. Lebrun, Le bienheureux Jean Eudes et le culte public du Cœur de Jésus, Paris, Lethielleux, 1917 et Gustave Téry, Les cordicoles, Paris, Edouard Cornély, 1902 .

Le 29 juin, Pie VI publie un bref à l'adresse de l'évêque janséniste de Pistoie, Scipion de Ricci (1741-1810), dans lequel il défend la cause de la dévotion au Sacré-Cœur.

« Le Saint-Siège a fait mettre fin aux discussions et aux troubles, et a suffisamment montré quelle est la nature de cette dévotion, exempte de toute superstition et de tout matérialisme. […] La substance de la dévotion au Sacré Cœur de Jésus consiste à méditer et à vénérer, dans l'image symbolique du Cœur, l'immense charité, l'amoureuse prodigalité de notre divin Rédempteur : ut in symbolica cordis imagine caritas Salvatoris recolatur. »

1783 : Le 16 avril, Benoît-Joseph Labre (1748-1783) meurt à Rome, après avoir parcouru une grande partie de l'Europe, de sanctuaire en sanctuaire, en pèlerin mendiant. Favorisé de grâces mystiques, il a été déclaré patron des pèlerins, et canonisé le 8 décembre 1881.
Le 3 septembre, la signature du Traité de Versailles met fin à la guerre d'Indépendance américaine.

1784-1785 : Affaire du "collier de la reine", qui fera grand tord à la monarchie.

1786 : Du 18 au 28 septembre, synode de Pistoie, en Toscane, animé par l'évêque Scipion de Ricci. Trois des propositions du synode remettent particulièrement en cause le bien-fondé du culte rendu au Sacré-Cœur : la proposition LXI déclare qu'adorer directement l'humanité du Christ ou une partie de cette Humanité revient à rendre les honneurs divins à une créature, la proposition LXII déclare le culte "nouveauté erronée ou au moins dangereuse", et la proposition LXIII affirme "qu'on ne peut adorer ni le corps sacré de Notre-Seigneur ou une partie de son corps, ni son humanité tout entière séparée de la Divinité". Les Actes du synode seront publiées en 1788.
Madame Elisabeth (1764-1794) supplie Louis XVI, son frère, de consacrer son royaume au Sacré-Cœur. Elle prépare le texte de la consécration, mais Louis XVI se dérobe à l'invite.

« O Jésus-Christ, tous les cœurs de ce royaume, depuis celui de notre auguste monarque jusqu'à celui du plus pauvre de ses sujets, nous les réunissons par l'ardeur de la charité pour Vous les offrir tous ensemble. Oui, Cœur de Jésus, nous vous offrons notre patrie toute entière et les cœurs de tous vos enfants. O Vierge Sainte, ils sont maintenant entre vos mains : nous vous les avons remis en nous consacrant à vous comme à notre protectrice et notre mère. Aujourd'hui, nous vous en supplions, offrez-les au Cœur de Jésus. Présentés par Vous, il les recevra, il leur pardonnera, il les bénira, il les sanctifiera ; il sauvera la France toute entière et y fera revivre la sainte religion. »
Acte de consécration de la France au Sacré Cœur de Jésus, document retrouvé au Temple, signé de Marie-Antoinette et d'Elisabeth-Marie, cité in V. Alet, La France et le Sacré-Cœur, Paris, Lethielleux, 1889.

1787 : En novembre, un édit est rendu qui accorde un état civil aux protestants.

1788 : Publication des Actes du synode de Pistoie, dont les erreurs seront condamnés par Pie VI en 1794.


Suite...


Le Sacré-Coeur de Jésus - Deux mille ans de Miséricorde
Le Sacré-Coeur de Jésus
Deux mille ans de Miséricorde


Le recueil qui est reproduit dans les pages de ce dossier avait trouvé un éditeur, Téqui, en juin 2008.

Une version considérablement enrichie, et actualisée jusqu'en juin 2019, est disponible à la vente chez le même éditeur depuis le 4 décembre 2019, en ligne sur son site internet ICI.

Merci de faire connaître autour de vous la nouvelle version de ce travail, augmentée de plus de 200 pages par rapport à la première édition.

« Les personnes qui propageront cette dévotion, auront leur nom inscrit dans mon Cœur, et il ne sera jamais effacé. »
(11ème promesse du Sacré-Coeur à sainte Marguerite-Marie)