Annexes
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Le Sacré-Coeur de Jésus Deux mille ans de Miséricorde
Le recueil qui est reproduit dans les pages de ce dossier avait trouvé un éditeur, Téqui, en juin 2008.
Une version considérablement enrichie, et actualisée jusqu'en juin 2019, est disponible à la vente chez le même éditeur depuis le 4 décembre 2019, en ligne sur son site internet ICI.
Merci de faire connaître autour de vous la nouvelle version de ce travail, augmentée de plus de 200 pages par rapport à la première édition. « Les personnes qui propageront cette dévotion, auront leur nom inscrit dans mon Cœur, et il ne sera jamais effacé. » (11ème promesse du Sacré-Coeur à sainte Marguerite-Marie) |
Annexe 1
Saint Ignace de Loyola et la Compagnie de Jésus
1491 : Naissance d'Iñigo Lopez de Récalde, au château de Loyola, dans le Guipuzcoa, en Espagne (voir la vie détaillée d'Ignace de Loyola en pages biographies).
1505 : Naissance de Pierre Favre.
1506 : Naissance de François Xavier.
1512 : Naissance de Diego Laynez.
1521 : Conversion d'Ignace de Loyola.
1523 : Ignace de Loyola séjourne en Terre Sainte.
1534 : Le 15 août, Ignace de Loyola et ses six compagnons : Simon Rodrigues, Pierre le Fèvre, François de Jassu (né au château de Xavier en Navarre), Diego Laynez, Nicolas "Bobadilla" et Alonso Salmeron, réunis dans la chapelle Saint-Denis de Montmartre, font le vœu d'offrir leur vie au service du pape.
1537 : En juin, Ignace de Loyola est ordonné prêtre à Venise.
1538 : Ignace de Loyola s'installe à Rome avec ses compagnons.
1540 : Ignace de Loyola fonde la Compagnie de Jésus, approuvée le 27 septembre par Paul III, par la Bulle Regimini militanti ecclesiae.
François-Xavier (1506-1552, canonisé en 1602) ouvre l'œuvre missionnaire en se rendant en Extrême-Orient.
1541 : En avril, Ignace de Loyola est élu préposé général de l'Ordre à l'unanimité.
1542 : Lejay et Bobadilla sont envoyés par Paul III en Allemagne, au cœur du protestantisme. François-Xavier met pied à terre à Goa.
1545 et 1551 : Laynez et Salmeron sont envoyés par Paul III au Concile de Trente, en qualité de théologiens.
1546 : Mort de Pierre Favre à Rome.
1547 : Les premiers Jésuites arrivent en Afrique. Ils iront au Brésil deux ans plus tard. François-Xavier part pour les Indes. Il débarque au Japon en 1549. Il mourra en se rendant en Chine en 1552, à San-Cian. Pie X l'a proclamé "Patron de toutes les missions étrangères".
Suite à la supplique adressée par Ignace de Loyola à Paul III, les femmes sont définitivement exclues de la Compagnie par la Bulle pontificale Licet debitum.
1551 : Inauguration à Rome du collège de la Compagnie de Jésus.
1556 : Mort à Rome d'Ignace de Loyola. Diego Laynez lui succède.
Fondation du collège de Billom, premier collège Jésuite en France.
1564 : Le 22 février, les Jésuites ouvrent à Paris le collège de Clermont, qui prendra le nom de Louis-le-Grand en 1674.
1565 : François de Borgia (1510-1572) succède à Diego Laynez à la tête de la Compagnie.
L'enseignement des Jésuites est toléré par l'Université de Paris.
1572 : Mercurian devient le 4° Général de la Compagnie.
1572-1585 : Grégoire XIII développe le collège romain des Jésuites, auquel on donnera le nom d'université grégorienne.
1575 : La Compagnie de Jésus compte 316 membres et 14 collèges, répartis en deux Provinces, celle de France au nord et celle d'Aquitaine au sud.
1581 : Claudio Aquaviva (1543-1615) devient le premier Général italien.
1582 : Matteo Ricci (1552-1610) arrive en Chine, accompagné de Pompilio Michele Ruggieri. Ils étudient les us et coutumes du pays, revêtent l'habit chinois, et Matteo Ricci prend le nom de Li Matou. Il accomplit un important travail de traduction en chinois d'ouvrages chrétiens, puis des livres de sciences, de géographie et d'astronomie. Il écrit également dans la langue du pays des livres de théologie et de philosophie. On lui reprochera un syncrétisme qui sera à l'origine de la Querelle des Rites (1742).
1584 : De nombreux Jésuites entrent en politique. Claude Aquaviva, cinquième Père Général de la Compagnie, les enjoint non seulement "de ne pas s'ingérer dans les affaires politiques, mais encore de n'en parler entre eux et au-dehors qu'avec une prudente sobriété, de ne rien dire, ni dans leurs entretiens particuliers ni dans leurs sermons, qui fût de nature à les compromettre".
1594 : Le 24 décembre, Jean Châtel, ancien étudiant en philosophie du collège de Clermont, blesse Henri IV d’un coup de couteau. Les 37 pères Jésuites de l’établissement sont arrêtés, le Père Guéret, professeur de philosophie au collège, soumis à la question, le Père Guignard, bibliothécaire, condamné à mort et exécuté en place de Grève, et Jean Châtel écartelé en place publique. Le 29 décembre les Jésuites sont expulsés de France sur décision du Parlement de Paris. Henri IV n’ose s’y opposer, mais le bannissement ne sera pas appliqué partout.
1598 : Publication du Ratio Studiorum de Claudio Aquaviva.
1604 : En janvier, le Parlement enregistre un édit de Henri IV (l'édit dit de Rouen) qui rétablit la Compagnie de Jésus en France.
1606 : Roberto de Nobili arrive en Inde.
Fondation du collège de Rennes.
1609 : Les pères de la Compagnie de Jésus bâtissent avec les indiens Guarani du Paraguay des villages autonomes, appelés "réductions". Ces communautés sont placés sous l'autorité spirituelle et temporelle des Jésuites. On comptera jusqu'à 38 villages, ce qui représente environ 160.000 personnes. Ces communautés du Paraguay sont reconnues comme un modèle du genre, et reçoivent les éloges même de Montesqieu, Voltaire et d'Alembert.
1610 : Le 14 mai, assassinat de Henri IV par Ravaillac. Les Jésuites recueillent le cœur du roi dans leur collège de La Flèche.
Mort de Matteo Ricci.
Pierre Claver (1581-1654, canonisé en 1888) arrive dans l'actuelle Colombie. Il consacre par vœu sa vie aux esclaves noirs, dont Cartagena est le marché central des Indes occidentales. Il en aurait baptisé plus de trois cent mille en quarante ans. Il sera proclamé "Patron de toutes les missions catholiques parmi les Noirs" en 1896.
La Compagnie compte alors 1379 Jésuites répartis dans 45 maisons (36 collèges, 7 noviciats et 2 résidences), et en cinq Provinces : Aquitaine, France, Lyon, Toulouse et Champagne.
1614 : Publication de la première Histoire des Jésuites, du Père Sacchini.
1622 : Grégoire XV inscrit au canon des saints Ignace de Loyola, François-Xavier, Louis de Gonzague et Stanislas Kotska, hommage éclatant rendu aux Jésuites, ainsi que Philippe de Néri (fondateur de l'Oratoire romain) et Thérèse d'Avila.
1623 : Le nombre des maisons de la Compagnie s'est élevé à 72, dont 58 collèges.
1624 : Alexandre de Rhodes parvient en Cochinchine. Il sera au Tonkin en 1627.
1629 : Jean-Joseph Surin (1600-1665) accomplit son troisième an sous la direction de Louis Lallemant à Rouen. Envoyé auprès des possédées de Loudun en 1634, il connaîtra alors durant vingt ans une épreuve douloureuse de nuit spirituelle, d'où sortiront ses plus grands œuvres écrites. Guéri vers 1660, il se consacrera aux missions jusqu'à sa mort en 1665.
1632 : Jean-François Régis (1597-1640) inaugure sa vie de missionnaire dans sa région natale, le Languedoc. Il parcourra les Cévennes, puis le Velay (à partir de 1636), réclamé partout, surnommé au Puy "le père des pauvres", assumant sans relâche son ministère de catéchiste et de confesseur. Il sera canonisé en 1737.
La même année, après deux essais malheureux (1611 et 1625), les premiers missionnaires débarquent avec Champlain sur les rives du Saint-Laurent au Canada. Paul Le Jeune (1591-1664) auprès des Algonquins, et Jean de Brébeuf auprès des Hurons, s'emploient à l'étude des langues indiennes, à la construction et l'évangélisation. Mais la situation se dégrade avec les invasions Iroquoises en 1642, et sur la cinquantaine de Jésuites résidant au Canada en 1645, huit seront canonisés comme martyrs. Les Hurons sont massacrés, et la mission interrompue.
1640 : Les Jésuites gèrent désormais plus de 500 collèges en Europe. Un siècle plus tard, ce nombre atteindra 650.
1641 : Le jour de l'Ascension, Richelieu célèbre la première Messe dans l'église Saint-Louis des Jésuites, en présence de la Cour.
1643 : Evangélisation du Maryland et de la Pennsylvanie, malgré les persécutions anglaises.
1645 : Innocent X met en garde les Jésuites missionnés en Chine contre le culte de Confucius. Ceux-ci considèrent l'hommage rendu au sage chinois comme un acte civil, de même que le culte rendu aux ancêtres, au contraire de Rome qui les considère comme deux pratiques strictement religieuses, et les condamne toutes deux.
1653 : Alexandre de Rhodes, missionnaire du Tonkin, revient à Paris. Il informe les jeunes prêtres étudiants du manque de clergé dans les jeunes communautés extrême-orientales, ce qui entraîne plusieurs d'entre eux à se mettre à disposition du pape pour aller former sur place un clergé indigène, prélude à la fondation du Séminaire des Missions étrangères (1663).
1664 : Vincent Huby (1608-1693) fonde à Vannes la première maison de retraites spirituelles, où les retraitants passent 7 ou 8 jours et suivent les Exercices d'Ignace de Loyola.
1665 : Mort de Jean-Joseph Surin.
1673 : Jacques Marquette (1637-1675) découvre le Mississippi, puis la Louisiane. L'évangélisation de ces régions conduira à la fondation de la Nouvelle-Orléans en 1717.
1673-1675 : Révélations reçues par Marguerite-Marie Alacoque, au monastère de la Visitation de Paray-le-Monial. Les Pères Claude de La Colombière (1641-1682), Jean Croiset (1656-1738), et Joseph de Gallifet (1663-1749) seront à la suite de la visitandine les premiers Pères de la Compagnie de Jésus à répandre la dévotion au Sacré-Cœur (cf. 1689 ci-dessous).
1674 : Le collège de Clermont fondé en 1564 à Paris reçoit la visite de Louis XIV et prend le nom de collège Louis-le-Grand. Il est élevé à la dignité d'établissement royal, et autorisé à porter les armes du roi.
1683 : Publication du florilège du P. Dominique Bouhours (1628-1702) : Maximes de saint Ignace.
1685 : Six membres de la Compagnie "habiles dans les mathématiques" quittent Brest pour la Chine, qu'ils atteignent en 1688.
1689 : Le 10 août, Marguerite-Marie explique dans une lettre adressée au Père Croiset (1656-1738) l'importance du rôle que doit tenir la Compagnie de Jésus dans la diffusion de la dévotion au Sacré-Cœur :
« … Il est réservé aux révérends Pères de la Compagnie de Jésus de faire connaître la valeur et l'utilité de ce précieux trésor, où plus l'on prend, plus il y a à prendre. Il ne tiendra donc qu'à eux de s'en enrichir avec abondance de toutes sortes de biens et de grâces, car c'est par cet efficace moyen qu'il leur présente, qu'ils pourront s'acquitter parfaitement, selon son désir, du saint ministère de charité auquel ils sont destinés. Car ce divin Cœur répandra tellement la suave onction de sa charité sur leurs paroles, qu'elles pénétreront comme un glaive à deux tranchants les cœurs les plus endurcis, pour les rendre susceptibles à l'amour de ce divin Cœur, et les âmes les plus criminelles seront conduites, par ce moyen, à une salutaire pénitence.
Enfin, c'est par ce moyen qu'il veut répandre sur l'Ordre de la Visitation et sur celui de la Compagnie de Jésus l'abondance de ces divins trésors de grâce et de salut, pourvu qu'ils lui rendent ce qu'il en attend, qui est un hommage d'amour, d'honneur et de louange, et de travailler de tout leur pouvoir à l'établissement de son règne dans les cœurs. Il attend beaucoup de votre sainte Compagnie pour ce sujet ; il y a de grands desseins. C'est pourquoi il s'est servi du bon Père de La Colombière pour donner commencement à la dévotion de cet adorable Cœur, comme j'espère que vous serez l'un de ceux dont il se servira pour l'introduire dans votre Ordre. Oh ! quelle grâce pour vous si cela est et si vous secondez ses desseins ! Mais le tout, doucement et suavement, suivant les moyens qu'il vous en fournira, en lui laissant le succès de tout, sans plus désirer ni vouloir faire que ce qu'il vous fera connaître, dans chaque occasion, qu'il veut que vous fassiez. Voilà ce moyen, ce me semble, destiné à votre sanctification ; car à mesure que vous travaillerez, ce divin Cœur vous sanctifiera de sa sainteté même. »
Lettre au Père Croiset (10 août 1689).
1692 : L'empereur K'ang-Hi (1667-1722) signe un édit de tolérance en faveur des chrétiens, et les Jésuites français sont introduits à la cour de Pékin.
1694 : Publication par le Père Champion de La vie et la doctrine du Père Lallemant de la Compagnie de Jésus, d'après les notes prises par ses disciples Jean Rigoleuc (1596-1658) et Jean-Joseph Surin au cours de ses conférences.
1701 : Expédition par les Jésuites installés à Pékin des premières Lettres édifiantes et curieuses, qui contribuent à la naissance de la sinologie, et auxquelles se référeront philosophes et savants du XVIII° siècle (Montesqieu, Voltaire, Diderot, …).
La mission est alors à son apogée : 117 missionnaires (dont 59 Jésuites), 250 églises et 300.000 chrétiens.
1705 : Charles de Tournon, légat français envoyé par le pape en Chine, y porte la décision de l'interdiction du culte des ancêtres aux chrétiens.
1715 : Les Jésuites basés en Chine sont sommés par Rome de rompre avec le confucianisme.
1724 : Après la mort de K'ang-Hi, commence la persécution des chrétiens. Un édit impérial du nouvel empereur Yong-Tching proscrit le christianisme.
1730 : La Compagnie compte 3.300 novices (soit près du tiers de son effectif global), et dirige 111 collèges en France.
1742 : Le 11 juillet, poussé par les Franciscains et les Dominicains et concluant ainsi la Querelle des Rites, Benoît XIV, par la Bulle Ex quo singulari, condamne sans exception tous les rites chinois et par là même l'action missionnaire des Jésuites en Chine, qui avaient choisi dans leurs prédications de faire une part à la tradition religieuse et intellectuelle de leurs hôtes. Ce n'est qu'en 1938 que Pie XII reconnaîtra l'erreur de jugement de l'Eglise de Rome de l'époque.
1746 : L'Eglise de Chine connaît ses premiers martyrs.
1751 : En avril, publication du premier volume de l'Encyclopédie, de Diderot et d'Alembert.
Mort de Jean-Pierre Caussade (1675-1751), Jésuite toulousain dont les lettres de direction spirituelle adressées à la Supérieure du monastère de la Visitation de Nancy seront rééditées en 1867 par les soins du Père Henri Ramière S.J., directeur de l'Apostolat de la Prière, sous le titre de L'Abandon à la Providence divine.
1752 : Publication du deuxième volume de l'Encyclopédie, condamnée une première fois par le Parlement de Paris. Une seconde condamnation interviendra en 1759.
1754 : Les Jésuites sont expulsés du Brésil.
1759 : Les Jésuites obtiennent que les articles de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert soient soumis à la censure préalable d'un collège de théologiens. D'Alembert abandonne l'entreprise peu après. Dix sept volumes seront publiés, ainsi que onze autres de planches, jusqu'en 1772.
Premières suppressions des "réductions" du Paraguay. Elles se poursuivent jusqu'en 1767, avec expulsion des Jésuites.
Les Jésuites sont expulsés du Portugal.
1761 : En mai, à la suite du procès intenté au Père Antoine de La Valette S.J., supérieur de la Mission en Martinique, et de sa condamnation, le Parlement de Paris se retourne contre la Compagnie de Jésus : les Congrégations dont la Compagnie a la charge sont supprimées, puis, en octobre, interdiction lui est donnée de recevoir des novices et d'enseigner dans les collèges.
1762 : Le 6 août, un arrêt du Parlement de Paris décide la suppression de la Compagnie de Jésus. Les Jésuites y sont reconnus coupables d'avoir enseigné "la simonie, le blasphème, le sacrilège, la magie et le maléfice, l'astrologie, l'irréligion de tous les genres, l'idolâtrie et la superstition, l'impudicité, le parjure, le faux témoignage, les prévarications des juges, le vol, le parricide, l'homicide, le suicide, le régicide" et l'arrêt "fait défense aux soi-disant jésuites et à tous les autres de porter l'habit de ladite Société, de vivre sous l'obéissance au Général et aux Constitutions de ladite Société et d'entretenir aucune correspondance directe ou indirecte avec le Général et les Supérieurs de cette Société ou autres par eux préposés, enjoint aux soi-disant jésuites de vider les maisons de ladite Société ; leur fait défense de vivre en commun, réservant d'accorder à chacun d'eux, sur leur requête, les pensions alimentaires nécessaires"…
1764 : Le 18 novembre, le roi Louis XV dissout par décret l'Ordre des Jésuites dans le Royaume. Ses anciens membres ne peuvent plus y résider que s'ils vivent en particuliers, à titre séculier, et soumis aux évêques.
1765 : Le 7 janvier, Clément XIII, par la Bulle Apostolicum, proteste de cette décision.
« Nous repoussons l'injure grave faite en même temps à l'Eglise et au Saint-Siège. Nous déclarons, de notre propre mouvement et science certaine, que l'Institut de la Compagnie de Jésus respire au plus haut degré la piété et la sainteté, bien qu'il se rencontre des hommes qui, après l'avoir défigurée par de méchantes interprétations, n'aient pas craint de la qualifier d'irréligieuse et d'impie, insultant ainsi de la manière la plus outrageante l'Eglise de Dieu, qu'ils accusent équivalemment de s'être trompée jusqu'à juger et déclarer solennellement pieux et agréable au ciel ce qui en soi était irréligieux et impie. »
Extrait de la Bulle Apostolicum, in Crétineau-Joly, Histoire de la Compagnie de Jésus.
1767 : En mai, expulsion des Jésuites de France.
Le 3 juin, le Père Laurent Ricci, Général de la Compagnie, écrit à tous les Pères de supplier "la très Sainte Vierge Mère de Dieu, notre Mère, de nous préparer à tous un accès facile au Cœur de son divin Fils, pour qu'assistée par elle, la Compagnie y trouve un secours et un refuge assurés. Où trouverait-elle ailleurs un asile plus inviolable ? De plus tous s'approcheront de la sainte Table (le jour de la fête du Sacré-Cœur), ce que je veux et ordonne qu'on fasse tous les ans, désormais… pour reconnaître le don que Dieu nous a fait de ce Cœur adorable, source unique de toutes les richesses que son immense amour ne cesse de nous prodiguer".
La même année, ils sont expulsés d'Espagne et des missions américaines.
Fin des "réductions" du Paraguay.
1773 : Le 8 juin, Clément XIV, sous la pression de tous les Bourbons d'Europe, par le bref Dominus ac Redemptor noster (publié le 16 août), dissout la Compagnie de Jésus, annule et abroge "tous ses offices, ministères et administrations", et lui ôte "ses maisons, écoles, collèges, offices, fermes et tous autres lieux, en quelque province, royaume et état qu'ils soient".
Frédéric II (roi de Prusse) et Catherine II (impératrice de Russie) refusent d'appliquer la décision du pape, et l'Ordre peut survivre en ces pays, sous la forme d'organisations locales.
La veille de la publication du Bref de Clément XIV, le 15 août, Pierre-Joseph Picot de Clorivière (1735-1820), jeune Jésuite français exilé à Liège, prononce ses vœux solennels. Il fondera en pleine Révolution française les Sociétés du Cœur de Marie et du Cœur de Jésus, et deviendra le premier Supérieur de la Compagnie de France lorsqu'elle sera universellement rétablie par Pie VII en 1814.
…………………….
1814 : Le 7 août, par la Bulle Sollicitudo omnium Ecclesiarum, Pie VII rétablit l'Ordre des Jésuites.
En deux mois, près de 70 novices sont admis, la plupart déjà prêtres et anciens Pères de la Foi. Dès cette reprise d'activité, l'Ordre est à nouveau attaqué, en France et en d'autres pays, à l'exception des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, du Danemark et de la Suède.
1822 : Xavier de Ravignan (1795-1858) entre à 27 ans au noviciat de Montrouge.
1826 : En février, publication du Mémoire à consulter sur un système politique et religieux tendant à renverser la religion, la société et le trône, du Comte de Montlosier, ouvrage dans lequel les Jésuites sont violemment attaqués.
1828 : Le 16 juin, sous le ministère Martignac, publication de deux ordonnances gouvernementales réglementant les séminaires et interdisant l'enseignement aux congrégations non autorisées. Les sept petits séminaires dirigés par la Compagnie sont désormais soumis au régime de l'Université, et les Jésuites privés de leur direction et enseignement.
1830 : A l'occasion des "Trois Glorieuses", la maison de Montrouge est détruite, la plupart des résidences sont saccagées et pillées. Les Jésuites sont proscrits, et prennent une nouvelle fois le chemin de l’exil. Sur 450 membres, une cinquantaine seulement demeure clandestinement en France. Ils reviendront peu à peu en France dans les années qui suivent.
1831 : Départ en mission de trois premiers Jésuites pour le Proche-Orient. Ils y seront 19 en 1850. D'autres partent à cette époque inaugurer les Missions des Etats-Unis, du Canada et de la Chine (où ils seront une quarantaine en 1850), puis en 1837 à l'île Bourbon (La Réunion).
1834 : Prônant un retour aux sources, le Père Jean Roothan (1785-1853), nouveau Général de la Compagnie, adresse une lettre à tous les Jésuites intitulée L'étude et la pratique des Exercices spirituels. Une nouvelle édition des Exercices est publiée l'année suivante, établie d'après un manuscrit retrouvé dans les archives de la Compagnie et annoté de la main d'Ignace lui-même.
1835 : Conséquence d'un nouveau développement de la Compagnie, création des deux "Provinces" : celle du nord, dite "Province de France", et celle du sud, dite "Province de Lyon". En 1843, on compte à nouveau 72 novices, répartis dans les trois noviciats que compte chaque Province. C'est à cette époque que sont organisés les grands scolasticats de Vals et de Laval.
1837 : Xavier de Ravignan (1795-1858) est appelé par Mgr de Quélen (1778-1839) à la chaire de Notre-Dame de Paris, où il prêche alternativement avec le Dominicain Henri Lacordaire (1802-1861) les conférences jusqu'en 1847.
1843 : Publication du volume Des Jésuites de Jules Michelet et Edgar Quinet, violente attaque de la Compagnie et des Exercices d'Ignace de Loyola. Le Père de Ravignan y répond par la publication d'un opuscule intitulé De l'existence et de l'Institut des Jésuites.
1844 : Le 3 décembre, à Vals, près Le Puy, au scolasticat de la Compagnie de Jésus, le Père François-Xavier Gautrelet (1807-1886) fonde l'Apostolat de la Prière, qui propose aux jeunes religieux de devenir des apôtres en offrant tous ensemble leurs prières, œuvres et souffrances de chaque jour en union avec le Cœur de Jésus. En 1846, il écrit le premier opuscule sur l'Apostolat de la prière, aussitôt approuvé par le Père Jean Roothan (1785-1853), Général de la Compagnie.
1845 : Thiers demande au gouvernement d'expulser les Jésuites. De nombreuses maisons sont fermées.
1848 : Le 8 juin, soit près de deux ans après que Pie IX ait décrété l'héroïcité des vertus de Marguerite-Marie (23 août 1846), le P. Roothan publie une encyclique, véritable louange au Cœur de Jésus, source de toutes les vertus, en laquelle il rappelle le rôle que sont appelés à tenir les Pères de la Compagnie :
« Si nous cherchons à connaître pourquoi le culte du Sacré Cœur doit être pour nous une dévotion propre et principale, il s'en présente plusieurs raisons. La première et la plus forte, qui devrait seule nous suffire, c'est que Notre-Seigneur lui-même, à l'époque où il résolut que le culte de son Cœur serait établi et propagé dans toute l'Eglise, déclara plus d'une fois et en termes non obscurs qu'il voulait que ce fût par le moyen de notre Compagnie… Ces vœux (de Notre Seigneur) ne sauraient être attribués à l'imagination de la vénérable vierge Marguerite-Marie, comme nous le savons par tout ce qui se passa dans le temps ; puisque, pour tout catholique, l'approbation solennelle de l'Eglise met la chose hors de doute. »
1850 : Le 15 mars, vote de la loi Falloux, qui accorde la liberté de l'enseignement secondaire. Les Jésuites ouvrent seize collèges, Avignon (1850), Amiens, Vannes, Dole, Saint-Etienne, Moulins, Montauban, Sarlat, Bordeaux, Toulouse, puis Villefranche-sur-Saône, Saint-Affrique, Vaugirard à Paris (1852), et Metz, Poitiers et la "rue des Postes" à Paris (1854).
1852 : Pour faire face à cette nouvelle prospérité, la Province de Lyon est scindée en deux, avec la création de la Province de Toulouse.
1856 : Création de la revue Etudes, fondée par les Pères Charles Daniel et Jean Gagarine, destinée à rapprocher les Eglises catholique et orthodoxe.
1863 : La Province de France au nord est à son tour scindée en deux, avec la création des Province de Paris et de Champagne.
1880 : L'ensemble des quatre Provinces compte 2.927 Jésuites répartis dans 28 collèges, et une quarantaine de résidences en métropole et outre-mer.
Les 29 et 30 mars, premières mesures anticléricales : promulgation des deux décrets contre les congrégations religieuses non autorisées, accompagnée d'opérations de police contre de nombreuses maisons religieuses. Le premier décret impose aux jésuites de se disperser et d'évacuer leurs établissements scolaires dans les trois mois. Jules Ferry entend ainsi "enlever aux Jésuites le droit d’enseigner la jeunesse française" (article 7 du projet de loi). Les 920 novices et étudiants en formation sont contraints d'émigrer à l'étranger. Le second décret invite les congrégations non autorisées à régulariser leur situation dans le même délai. 261 établissements seront ainsi supprimés, et près de 6000 religieux dispersés. Suppression de l'enseignement religieux dans les écoles publiques.
Le 30 juin, les Jésuites sont expulsés par les forces de police de leurs résidences, puis des collèges le 31 août.
1901 : Avec la loi du I° juillet, la proscription recommence. Les maisons sont de nouveau abandonnées, les étudiants qui étaient revenus sur le territoire français sont de nouveau contraints à l'expatriation, et les collèges sont confiés à des sociétés civiles. Les Jésuites ne sont plus reconnus en France, et pour vivre religieusement selon les règles de la Compagnie, ils doivent partir à l'étranger. La guerre de 1914-1918 permettra des retours en grâce, mais il faudra attendre la fin de la seconde guerre mondiale pour que l'on puisse véritablement parler de réhabilitation complète.
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