Exposition
sur l'histoire et l'actualité de
la dévotion au Sacré-Coeur de Jésus



Panorama des thèmes présentés dans cette exposition

Jusqu’au XVIIe siècle - XVIIe siècle - XVIIIe siècle - XIXe siècle - XXe siècle - Thèmes généraux


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Saint Claude la Colombière (1641-1682)

Portraits - Vie - Médailles - Reliques et reliquaires

2 février 1641

Naissance de Claude la Colombière à Saint-Symphorien d’Ozon (département du Rhône). Il est le 3ème enfant d'une fratrie de sept, dont cinq survécurent. Il a une sœur, Marguerite-Elisabeth, qui sera religieuse à la Viitation de Condrieu, et trois frères : Humbert, l'aîné né en 1635, marié et père de 13 enfants (on dit de lui : « C'est un moine resté dans le monde »), Floris, qui sera curé-archidiacre de la cathédrale Saint-Maurice de Vienne, et Joseph, qui rejoindra la Société des prêtres de Saint-Sulpice et sera envoyé en mission au Canada.



Saint-Symphorien d’Ozon


1650

La famille quitte Saint-Symphorien pour s'établir à Vienne en Dauphiné, dépendant de la paroisse de Saint-André-le-Bas.



Saint-André-le-Bas


Octobre 1650 : Lyon

Il entre au collège des Jésuites de Notre-Dame de Bon-Secours de Lyon.

Octobre 1653

Il passe au « grand collège » de la Trinité, rue Neuve à Lyon, jusqu'en 1658.
(A la fin du XIXe, la Trinité déménagera rue de Sèze. Le bâtiment de la rue Neuve est aujourd'hui le lycée Ampère)


25 octobre 1658 : Avignon

Il entre au Noviciat Saint-Louis de la Compagnie de Jésus à Avignon. Il y retrouve le P. Jean Papon, ici maître des novices, qu'il a connu au collège de la Trinité comme préfet des classes de littérature. Le P. Papon dira de lui en 1660 : « Il a des dons très grands, un rare bon sens ; une prudence remarquable, une expérience déjà développée ; il a pris un bon départ dans les études. Son tempérament est plein de suavité. » (Cité in « Ecrits spirituels », Desclée de Brouwer/Bellarmin, Paris, 1962, p.10)

1660

Il passe du Noviciat au Collège pour terminer ses études de philosophie.

26 octobre 1660

Il prononce ses premiers vœux au Collège d'Avignon, vœux déjà définitifs selon les Constitutions de la Cie de Jésus.


1661 : Claude la Colombière a alors 20 ans


Octobre 1661

il devient régent d'une classe du Collège d'Avignon, qu'il suit de la sixième jusqu'à la classe d'Humanités.

1666

Il est appelé à faire le panégyrique de saint François de Sales, dans l'église du monastère de la Visitation d'Avignon, où l'on célèbre les fêtes de sa canonisation. (canonisé le 19 avril 1665 par Alexandre VII)


Automne 1666 : Paris

il est envoyé à Paris par le Père Général de la Compagnie, le P. Paul Oliva, pour étudier la théologie au collège de Clermont (qui prendra en 1682, par le patronage accordé par Louis XIV, le nom de Louis-le-Grand). Le Jansénisme y est encore très présent, et cotoie les oraisons de Bossuet et de Bourdaloue.
Il est choisi comme précepteur des fils de Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), Ministre des Finances de Louis XIV : l'aîné, Jean-Baptiste (1651-1690), futur secrétaire d’État de la Marine, et Jacques-Nicolas (1655-1707), qui mourut archevêque de Rouen.

6 avril 1669

En la veille du dimanche de la Passion, il est ordonné prêtre à l'église Notre-Dame, à Paris.


Fin d'été 1670 : Lyon

Retour à Lyon, où il restera jusqu'en février 1675.

1670

Il est nommé professeur de Rhétorique au Collège de la Trinité de Lyon, où il enseigne jusqu'en juillet 1673.


1671 : Claude la Colombière a alors 30 ans


1673

Il est nommé au poste de prédicateur de l'église du Collège de la Trinité à Lyon.

Septembre 1674

Il accomplit son Troisième an de probation à la Maison Saint-Joseph de Lyon.
Il écrit au cours de sa Retraite : « Mon Dieu, je veux me faire saint entre vous et moi. » (R. n°59), et encore : « C'est quelque chose de si grand et de si précieux que la sainteté, qu'on ne saurait l'acheter trop chèrement. » (R. n°39)



2 février 1675 : Profession solennelle et départ pour Paray-le-Monial

il fait sa profession solennelle à la Maison Saint-Joseph à Lyon.
Il est alors envoyé par son provincial, le P. François d'Aix de La Chaize (1624-1709), comme supérieur de la Résidence de la Compagnie de Jésus et recteur du collège à Paray-le-Monial, où il restera 18 mois.



Collège et Résidence des Jésuites



Ancien hôpital de Paray



Résidence des Jésuites


Mars 1675

Il prend contact avec la Communauté de la Visitation, à l'occasion d'une conférence et des confessions des Quatre-Temps. Marguerite-Marie le voit pour la première fois.

« Lorsque ce saint homme vint ici, comme il parlait à la Communauté, j'entendis intérieurement ces paroles : « Voilà celui que je t'envoie. » Ce que je reconnus bientôt dans la première confession des quatre-temps ; car sans que nous nous fussions jamais vus ni parlé, il me retint fort longtemps, et me parlait comme s'il eût compris ce qui se passait en moi. »
(Vie de Sainte Marguerite-Marie Alacoque écrite par elle-même. Texte authentique, Au Monastère de la Visitation Sainte-Marie, Paray-le-Monial, 1924, pp. 121-122)
Temps pascal : Vision des trois cœurs reçue par Marguerite-Marie

« Une fois qu'il vint dire la sainte messe à notre église, Notre-Seigneur lui fit de très grandes grâces et à moi aussi. Car lorsque je m'approchai pour le recevoir par la sainte communion, il me montra son sacré Cœur comme une ardente fournaise, et deux autres qui s'y allaient unir et abîmer, me disant : « C'est ainsi que mon pur amour unit ces trois cœurs pour toujours. » Et après, il me fit entendre que cette union était toute pour la gloire de son sacré Cœur, dont il voulait que je lui découvrisse les trésors, afin qu'il en fit connaître et en publiât le prix et l'utilité ; et que pour cela il voulait que nous fussions comme frère et sœur, également partagés de biens spirituels. »
(Texte authentique, pp. 124-125)



« la vision des trois cœurs »

Le tableau est aujourd'hui placé au-dessus de la châsse de Saint Claude, dans la chapelle la Colombière

21 juin 1675 : il se consacre au Sacré-Cœur

« Cette offrande se fait pour honorer ce divin Cœur, le siège de toutes les vertus, la source de toutes les bénédictions, et la retraite de toutes les âmes saintes.
Les principales vertus qu'on prétend honorer en lui, sont : premièrement, un amour très ardent de Dieu son Père, joint à un respect très profond, et à la plus grande humilité qui fut jamais ; secondement, une patience infinie dans les maux, une contrition et une douleur extrêmes pour les péchés dont il s'était chargé, la confiance d'un fils très tendre alliée avec la confusion d'un très grand pécheur ; troisièmement, une compassion très sensible pour nos misères, un amour immense malgré ces misères, et nonobstant tous ces mouvements, dont chacun était au plus haut point qu'il pût être, une égalité inaltérable causée par une conformité si parfaite à la volonté de Dieu, qu'elle ne pouvait être troublée par aucun événement, quelque contraire qu'il parût à son zèle, à son humilité, à son amour même, et à toutes les autres dispositions où il était.
Ce Cœur est encore, autant qu'on le peut être, dans les mêmes sentiments, et surtout toujours brûlant d'amour pour les hommes, toujours ouvert pour répandre toute sorte de grâces et de bénédictions, toujours touché de nos maux, toujours pressé du désir de nous faire part de ses trésors, et de se donner lui-même à nous, toujours disposé à nous recevoir, et à nous servir d'asile, de demeure et de paradis, dès cette vie.
Pour tout cela, il ne trouve dans le cœur des hommes que dureté, qu'oubli, que mépris, qu'ingratitude ; il aime, et il n'est point aimé, et on ne connaît pas même son amour, parce qu'on ne daigne pas recevoir les dons par où il voudrait le témoigner, ni écouter les tendres et secrètes déclarations qu'il en voudrait faire à notre cœur.
Pour réparation de tant d'outrages et de si cruelles ingratitudes, ô très adorable et très aimable Cœur de mon aimable Jésus, et pour éviter autant qu'il est en mon pouvoir de tomber dans un semblable malheur, je vous offre mon cœur avec tous les mouvements dont il est capable, je me donne tout entier à vous, et, dès cette heure, je proteste très sincèrement que je désire m'oublier moi-même, et tout ce qui peut avoir du rapport avec moi, pour lever l'obstacle qui pourrait m'empêcher l'entrée de ce divin Cœur, que vous avez la bonté de m'ouvrir, et où je souhaite entrer pour y vivre et mourir avec vos plus fidèles serviteurs, tout pénétré et embrasé de votre amour. J'offre à ce Cœur tout le mérite, toute la satisfaction de toutes les messes, de toutes les prières, de toutes les actions de mortification, de toutes les pratiques religieuses, de toutes les actions de zèle, d'humilité, d'obéissance, et de toutes les autres vertus que je pratiquerai jusqu'au dernier moment de ma vie. Non seulement tout cela sera pour honorer le Cœur de Jésus et ses admirables dispositions, mais encore je le prie très humblement d'accepter la donation entière que je lui en fais, d'en disposer en la manière qu'il lui plaira, et en faveur de qui il lui plaira, et comme j'ai déjà cédé aux saintes âmes qui sont dans le purgatoire tout ce qu'il y a dans mes actions de propre à satisfaire la justice divine, je désire que cela leur soit distribué, selon le bon plaisir du Cœur de Jésus.
Cela n'empêchera pas que je ne m'acquitte des obligations que j'ai de dire des messes, et de prier pour de certaines intentions que l'obéissance me prescrit ; que je n'accorde par charité des messes à de pauvres gens ou à mes frères et amis qui m'en pourraient demander ; mais comme alors je me servirai d'un bien qui ne m'appartiendra pas, je prétends, comme il est juste, que l'obéissance, la charité et les autres vertus que je pratiquerai en ces occasions, soient toutes au Cœur de Jésus, où j'aurai pris de quoi exercer ces vertus, lesquelles par conséquent lui appartiendront sans réserve.
Sacré Cœur de Jésus, apprenez-moi le parfait oubli de moi-même, puisque c'est la seule voie par où l'on peut entrer en vous. Puisque tout ce que je ferai à l'avenir sera à vous, faites en sorte que je ne fasse rien qui ne soit digne de vous ; enseignez-moi ce que je dois faire pour parvenir à la pureté de votre amour, duquel vous m'avez inspiré le désir. Je sens en moi une grande volonté de vous plaire, et une plus grande impuissance d'en venir à bout sans une lumière et un secours très particuliers que je ne puis attendre que de vous. Faites en moi votre volonté, Seigneur ; je m'y oppose, je le sens bien, mais je voudrais bien ne pas m'y opposer : c'est à vous à tout faire, divin Cœur de Jésus-Christ, vous seul aurez toute la gloire de ma sanctification, si je me fais saint ; cela me paraît plus clair que le jour ; mais ce sera pour vous une grande gloire, et c'est pour cela seulement que je veux désirer la perfection. Ainsi soit-il.
»
Le Père Croiset affirme que cette formule d'offrande est, sauf quelques modifications, la consécration que Claude de La Colombière fit à Paray le 21 juin 1675. (In « Le Bienheureux Claude de La Colombière de la Compagnie de Jésus, Notes spirituelles et pages choisies », Paris, Spes, 1929)

1675-1676

Il rencontre régulièrement Marguerite-Marie, soit au confessionnal de la Communauté, soit au parloir.

Dimanches de Carême 1676

Il prêche à l'église du Doyenné (Basilique actuelle).
Il prêche également à l'église Saint-Nicolas, qui servait alors de paroisse. Il fonde la « Congrégation des Messieurs », qui réunit, sous le patronage de la Sainte Vierge, toute la classe dirigeante de la ville de Paray. Il exerce également son zèle comme missionnaire aux environs, dans les terres de l'abbaye de la Bénisson-Dieu (au sud de Paray).



5 octobre 1676 : départ pour l'Angleterre

Il est envoyé à Londres en qualité de prédicateur de Marie-Béatrice de Modène, duchesse d’York.
Il y arrive le 13 octobre. Il est logé dans le palais du roi Charles II, à Saint-James.

« Pour ce qui me regarde, je me porte bien, Dieu merci. Je suis fort occupé à diverses choses, toutes pour la gloire de Notre-Seigneur. Au milieu de l'entière corruption que l'hérésie a produite en cette grande ville, je trouve bien de la ferveur et des vertus fort parfaites, une grande moisson toute prête à être cueillie et qui tombe sans peine sous la main dont il plaît à Dieu de se servir. Je sers une princesse entièrement bonne en tout sens, d'une piété fort exemplaire et d'une grande douceur. Au reste, je ne suis pas plus troublé par le tumulte de la Cour que si j'étais dans un désert... »
(Lettre VIII, à son frère Humbert, [été] 1677, in Lettres, Desclée de Brouwer/Bellarmin, Paris, 1992, p.70)
« J'ai beaucoup de bonnes œuvres en main, qui toutes regardent, ou la conversion, ou la sanctification des âmes ; je me sens un zèle beaucoup plus grand, pour aider celles qui veulent tendre à la perfection et pour donner ce désir à celles qui ne l'ont pas. »
(Lettre XXVIII, à la Mère de Saumaise, 2 décembre 1677, in Lettres, op. cit., p.82)



Sermons prêchés à la Duchesse d'York
Publiés à Lyon en 1684

1677 : Retraite à Londres

« Touché de compassion pour ces aveugles qui ne veulent pas se soumettre à croire ce grand et ineffable mystère, je donnerais volontiers mon sang pour leur persuader cette vérité que je crois et que je professe. Dans ces pays où l’on se fait un point d’honneur de douter de votre présence réelle dans cet auguste Sacrement, je sens beaucoup de consolation à faire, plusieurs fois le jour, des actes de foi touchant la réalité de votre corps adorable sous les espèces du pain et du vin. »
(Retraite, Huitième jour, in Ecrits Spirituels, op. cit., p.164)
C'est à ce Huitième jour de la Retraite qu'il relate la vision de Marguerite-Marie, reçue lors de la troisième grande apparition de juin 1675 (« Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes... je te demande que le premier vendredi d'après l'octave du Saint Sacrement soit dédié à une fête particulière pour honorer mon Cœur »). Il la fait précéder de la note suivante :

« Dieu donc s'étant ouvert à la personne qu'on a sujet de croire être selon son cœur par les grandes grâces qu'il lui a faites, elle s'en expliqua à moi et je l'obligeai de mettre par écrit ce qu'elle m'avait dit : je l'ai bien voulu décrire moi-même dans le Journal de mes retraites, parce que le bon Dieu veut dans l'exécution de ce dessein se servir de mes faibles soins. »
(Ecrits spirituels, op. cit., p.165)
Il note aussi dans son Journal de Retraite :

« Il n'y a nulle paix que dans l'oubli parfait de soi-même ; il faut se résoudre à oublier jusqu'à nos intérêts spirituels, pour ne chercher que la pure gloire de Dieu. »
(Ecrits spirituels, op. cit., p.169)
Il conclut ce Journal par une longue « Offrande au Cœur Sacré de Jésus-Christ ». Elle s'achève ainsi :

« Sacré-Cœur de Jésus, apprenez-moi le parfait oubli de moi-même, puisque c’est la seule voie par où l’on peut entrer en vous. Puisque tout ce que je ferai à l’avenir sera à vous, faites en sorte que je ne fasse rien qui ne soit digne de vous. Enseignez-moi ce que je dois faire pour parvenir à la pureté de votre amour, duquel vous m’avez inspiré le désir. Je sens en moi une grande volonté de vous plaire et une grande impuissance d’en venir à bout sans une grande lumière et un secours très particulier que je ne puis attendre que de vous. Faites en moi votre volonté, Seigneur ; je m’y oppose, je le sens bien ; mais je voudrais bien, ce me semble, ne m’y opposer pas. C’est à vous à tout faire, divin Cœur de Jésus-Christ ; vous seul aurez toute la gloire de ma sanctification, si je me fais saint ; cela me paraît plus clair que le jour ; mais ce sera pour vous une grande gloire, et c’est pour cela seulement que je veux désirer la perfection. Ainsi soit-il. »
(Ecrits spirituels, op. cit., pp.174-175)

Septembre 1678 : Le complot d'Oates

Titus Oates, ecclésiastique anglican, annonce avoir éventé un « complot papiste » visant à assassiner le roi Charles II pour le remplacer par son frère le duc d'York Jacques Stuart, catholique. L'affaire dresse la population du royaume contre les catholiques, et dix-neuf d'entre eux sont massacrés à Londres. Nombre de laïcs et de prêtres sont arrêtés dans les semaines qui suivent, et condamnés à mort. 23 Jésuites mourront ainsi martyrs (ils seront béatifiés par Pie XI le 15 décembre 1929, parmi les 136 martyrs d'Angleterre exécutés entre 1535 et 1679).

Claude la Colombière est à cette époque déjà bien malade, comme il en témoigne à la Mère de Saumaaise, et s'abandonne de nouveau à la volonté divine :

« Depuis que je ne vous ai écrit [lettre du 19 septembre], j'ai failli mourir d'un nouveau crachement de sang. J'ai été sur le point de partir pour retourner en France, parce que mes supérieurs d'ici avaient laissé cela à mon choix et que la plupart des gens me le conseillaient. Les médecins m'ont arrêté, disant que je n'étais pas en état de faire voyage et que je pouvais guérir ici. Maintenant je ne sais ce que Notre-Seigneur me prépare, si je dois vivre ou mourir, rester ici ou m'en retourner, prêcher ou demeurer sans rien faire. Je ne puis, ni écrire, ni parler, ni presque prier. Je vois une grande moisson ; je n'ai jamais eu tant de désir de travailler et je ne puis rien faire. La volonté de Dieu soit accomplie ; je ne mérite pas de le servir. Je me suis mis par ma faute, dans l'état où je suis. Je prie Notre-Seigneur qu'il me punisse et qu'il me pardonne. »
(Lettre XLI, à la Mère de Saumaise, [octobre] 1678, in Lettres, op. cit., pp.117-118)

Novembre 1678 : Incarcération et banissement de l'Angleterre

Dénoncé par un jeune homme qu'il croyait avoir converti, Claude la Colombière est calomnieusement accusé à son tour, arrêté le 14 novembre et incarcéré le 17 dans la sinistre prison de King's Bench où il va rester trois semaines. Il est finalement expulsé, et quitte Londres le 28 décembre. Il revient en France phtisique et presque mourant.



En prison à Londres



Janvier 1679 : De retour en France

Il reste quelques jours à Paris, puis prend la route de Lyon. Il fait une première halte à Dijon, où il rencontre à la Visitaion la Mère de Saumaise. Il s'arrête ensuite à Paray-le-Monial, où il reste dix jours, et où il peut s'entretenir avec Sainte Marguerite-Marie et avec la Mère Greyfié.

11 mars 1679 : A Lyon

A peine arrivé à Lyon que, compte tenu de son état de santé, il est envoyé dans sa famille à Saint-Symphorien d’Ozon, où il reste six à sept semaines (avril-mai). Il revient quelque temps à Lyon, au Collège de la Trinité, mais à la fin de l'été il est renvoyé à Saint-Symphorien, où il reste de nouveau un mois. Sa santé s'améliorant, il repart à Lyon où il est nommé en qualité de « praefectus juniorum » de 15 ou 16 jeunes étudiants de la Compagnie de Jésus au Collège de la Trinité. Il a parmi ses élèves Joseph de Gallifet (1663-1749), futur rédacteur de « De Cultu Sacrosancti Cordis Dei ac Domini Nostri Jesu Christi », publié à Lyon en 1726, et traduit en 1733 sous le titre « De l’excellence de la dévotion au cœur adorable de Jésus-Christ ». Celui-ci écrira :

« L'an 1680, au sortir de mon noviciat, j'eus le bonheur de tomber sous la conduite du R.P. CLaude La Colombière... C'est de ce serviteur de Dieu que je reçus les premières instructions touchant la dévotion au Sacré Cœur de Jésus-Christ ; je commençai dès lors à l'estimer et à m'y affectionner. »
(Cité par Georges Guitton s.j., Le Bienheureux Claude La Colombière. Son milieu et son temps, Vitte, Lyon-Paris, 1943, p.627)
Le P. la Colombière écrit à Marguerite-Marie à la fin de l'été 1680 :

« Je vieillis et je suis infiniment éloigné de la perfection de mon état ; je ne puis parvenir à cet oubli de moi-même, ce qui me doit donner entrée dans le Cœur de Jésus-Christ, d'où je suis par conséquent bien éloigné. Je vois bien que, si Dieu n'a pitié de moi, je mourrai fort imparfait. Ce serait pour moi une grande douceur, si je pouvais enfin, après tant de temps passé dans la religion, découvrir par quel moyen je pourrai acquérir un entier oubli de moi-même. Demandez pour moi à notre bon Maître que je ne fasse rien contre sa volonté et qu'en tout le reste il dispose de moi selon son bon plaisr. Remerciez-le, s'il vous plaît, de l'état où il m'a mis. La maladie était pour moi une chose absolument nécessaire ; sans cela je ne sais ce que je serais devenu ; je suis persuadé que c'est une des plus grandes mmiséricordes que Dieu ait exercées sur moi. »
(Lettre L, à Sainte Marguerite-Marie, in Lettres, op. cit., pp.150-151)

Août 1681 : A Paray-le-Monial

Sa charge au Collège devenant trop lourde, il est envoyé en résidence à Paray-le-Monial.

En janvier 1682, il écrit une dernière lettre à la Mère de Saumaise :

« Depuis que je suis malade, je n'ai appris autre chose si ce n'est que nous tenons à nous-même par bien des petits liens imperceptibles ; que, si Dieu n'y met la main, nous ne les rompons jamais ; nous ne les connaissons même pas ; qu'il n'appartient qu'à lui de nous sanctifier ; que ce n'est pas une petite affaire de désirer sincèrement que Dieu fasse tout ce qu'il faut faire pour cela ; car, pour nous, nous n'avons, ni assez de lumière, ni assez de force pour cela. »
(Lettre XLIX, à la Mère de Saumaise, in Lettres, op. cit., p.188)
15 février 1682

Décès à Paray-le-Monial



Tombeau du Vénérable, à l'ancienne Maison la Colombière



1684 : Publication de ses Sermons et du journal de ses Retraites spirituelles

Le 26 mars, est achevée d'imprimer par Anisson, libraire à Lyon, l'œuvre posthume du Père Claude de La Colombière : quatre volumes de Sermons, un de Réflexions chrétiennes, et un volume de la Retraite spirituelle à laquelle est joint un Acte d'offrande qui est sans doute celui prononcé par le Père le 21 juin 1675. Dans le volume de la Retraite, il révèle les grâces reçues par Marguerite-Marie, sans citer le nom de la sœur (voir plus haut).

2 juillet 1688 : Il apparaît dans une vision à Marguerite-Marie

« Il me fut, ce me semble, représenté un lieu fort éminent, spacieux et admirable en sa beauté, au centre duquel il y avait un trône de flammes dans lequel était l’aimable Cœur de Jésus avec sa plaie, laquelle jetait des rayons si ardents et lumineux, que tout ce lieu en était éclairé et échauffé. La très-sainte Vierge était d’un côté, notre Père saint François de Sales de l’autre, avec le saint père de La Colombière, et les filles de la Visitation paraissaient dans ce lieu, leurs bons anges à leurs côtés, qui tenaient chacun un cœur en main. La sainte Vierge nous invitait par ces paroles maternelles : « Venez, mes filles bien-aimées ; approchez-vous, car je vous veux rendre dépositaires de ce précieux trésor que le divin soleil de Justice a formé dans la terre vierge de mon cœur […]. » Cette Reine de bonté continuant de parler aux filles de la Visitation, leur dit en leur montrant ce divin Cœur : « Voici ce divin Trésor qui vous est particulièrement manifesté par le tendre amour que mon Fils a pour votre Institut, qu’il regarde et aime comme son cher Benjamin ; et pour cela le veut avantager de cette possession par-dessus les autres. Et il faut que non seulement celles qui le composent s’enrichissent de ce Trésor inépuisable, mais encore qu’elles distribuent cette précieuse monnaie de tout leur pouvoir, avec abondance, en tâchant d’en enrichir tout le monde, sans craindre qu’il défaille ; car plus elles y prendront, plus il y aura à prendre. » Et puis se tournant vers le bon père de La Colombière, cette Mère de bonté lui dit : « Et vous, fidèle serviteur de mon divin Fils, vous avez grande part à ce précieux Trésor ; car, s’il est donné aux filles de la Visitation de le faire connaître, aimer et le distribuer aux autres, il est réservé aux Pères de la Compagnie d’en faire voir et connaître l’utilité et la valeur, afin qu’on en profite en le recevant avec le respect et la reconnaissance dus à un si grand bienfait. »
(Vie et Œuvres, Paris, Poussielgue, 1867, t.I, pp.279-280)
Elle écrira à ce sujet à la Mère de Saumaise, le 23 février 1689 :

« … Notre bon Père de La Colombière a obtenu que la très sainte Compagnie de Jésus sera gratifiée, après notre cher Institut, de toutes les grâces et privilèges particuliers de la dévotion au sacré Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, leur promettant qu’il répandra abondamment et avec profusion ses saintes bénédictions sur les travaux du saint exercice de charité sur les âmes desquelles elles s’occupent. Et ce divin Cœur me semble avoir un si ardent désir d’être connu, aimé et adoré particulièrement de ces bons Pères, qu’il leur promet, si je ne me trompe, de répandre tellement l’onction de son ardente charité sur leurs paroles, avec des grâces si fortes et si puissantes, qu’ils seront comme des glaives à deux tranchants qui pénètreront les cœurs les plus endurcis des plus obstinés pécheurs pour en faire sortir la source de pénitence qui purifie et sanctifie les âmes. Mais il faut pour cela qu’ils tâchent de puiser toutes leurs lumières dans la source inépuisable de toute la science et charité des saints. »
(Vie et Œuvres, op. cit., pp.288-289)

Voir la vie de Sainte Marguerite-Marie



La vision du 2 juillet 1688
Alcan Editeur, Paris


Encore quelques dates...

  • 8 janvier 1880 : La commission d’introduction de sa cause est signée par Léon XIII

  • 11 août 1901 : Décret sur les vertus héroïques : Claude la Colombière devient "Vénérable"

  • 11 mai 1927 : Décret de dispense du quatrième miracle

  • 8 mai 1929 : Décret d'approbation sur les miracles

  • 7 juin 1929 : Décret de « Tuto »

  • 16 juin 1929 : Lettre Apostolique de béatification signée par le pape Pie XI



Acta Sanctae Sedis
16 juin 1929


5 octobre 1986 : Visite de Jean-Paul II à Paray-le-Monial

Il vient prier à la chapelle La Colombière.

« Au cours de mon pèlerinage à Paray-le-Monial, je désire venir prier dans la chapelle où est vénéré le tombeau du bienheureux Claude La Colombière. Il fut « le serviteur fidèle » que, dans son amour providentiel, le Seigneur a donné comme directeur spirituel à sainte Marguerite-Marie Alacoque. C’est ainsi qu’il fut amené, le premier, à diffuser son message. En peu d’années de vie religieuse et de ministère intense, il se révéla un « fils exemplaire » de la Compagnie de Jésus à laquelle, au témoignage de sainte Marguerite-Marie elle-même, le Christ avait confié la charge de répandre le culte de son Cœur divin. »
Jean-Paul II, Extrait de la Lettre au Préposé général de la Compagnie de Jésus, 5 octobre 1986.



Souvenir philatélique de la visite de Jean-Paul II à Paray-le-Monial, 5 octobre 1986

Voir les pages philatelie et erinophilie


31 mai 1992 : canonisation par le pape Jean-Paul II

« Puisse la canonisation de Claude La Colombière être pour toute l’Eglise un appel à vivre la consécration au Cœur du Christ, consécration qui est don de soi pour laisser la charité du Christ nous animer, nous pardonner et nous entraîner dans son ardent désir d’ouvrir à tous nos frères les voies de la vérité et de la vie ! »
Jean-Paul II, Extrait de l'homélie de la Messe de canonisation, 31 mai 1992.


Suite : les apôtres du Sacré-Cœur au XVIIIe siècle




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(11ème promesse du Sacré-Coeur à sainte Marguerite-Marie)


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