Retrouvons maintenant sainte Madeleine.
Sainte Madeleine, qui fut la première, rappelons-le, à voir Jésus ressuscité, passait la plus grande partie de son temps dans la contemplation, et lorsqu'elle parlait, "elle montrait à tous en sa personne – dit le manuscrit d'Oxford – le modèle qu'ils devaient suivre : aux pécheurs, elle se proposait comme modèle de conversion, aux pénitents, comme une preuve de la certitude du pardon, aux fidèles, comme un modèle de charité pour le prochain, et à tout le peuple chrétien, comme une preuve de la miséricorde divine." Mille neuf cents ans avant que sainte Faustine ne soit chargée par Jésus de parler au monde de sa miséricorde, sainte Madeleine en jetait les premiers germes sur le sol de notre pays ! Mais c'est dans la solitude qu'elle passa les trente dernières années de sa vie, retirée à la Sainte Baume ("baumo", en provençal, désigne une grotte). La légende dit que sept fois le jour, de cette grotte devenue son asile, les anges l'enlèvent et la transportent jusqu'au sommet du rocher qui la surplombe, et que l'a appelé le "Saint Pilon". Je dis "la légende" pour ne choquer personne, mais de même que pour Marthe combattant la Tarasque, ne doit-on pas dire comme saint Augustin : "J'aime mieux avouer mon insuffisance à saisir des merveilles si relevées, que de prononcer présomptueusement qu'elles sont le fruit de l'ignorance et de la crédulité" ?
Saint Maximin lui apporte régulièrement l'Eucharistie, et c'est lui qui, après la mort de la sainte, fera construire une première église au-dessus de son tombeau, dans l'actuelle ville de Saint-Maximin. Sa fête est célébrée le 22 juillet.
Au 5° siècle, saint Jean Cassien, le fondateur de plusieurs couvents et de l'abbaye à Marseille dont nous parlions tout à l'heure, découvrit les restes de sainte Madeleine et confia les reliques à la communauté des Cassianites qu'il avait fondée à Saint-Maximin. Lorsque les Sarrasins attaquèrent la ville en 716, on cacha les reliques de la sainte dans le sarcophage de saint Sidoine, et l'on mura la crypte. Les pieuses reliques ne furent redécouvertes qu'en 1279, par Charles II d'Anjou, comte de Provence, neveu du roi saint Louis et futur roi de Sicile. Le pape Boniface VIII et Charles II décidèrent alors la construction d'une basilique digne de les abriter. La construction commença en 1295 ainsi que celle du couvent qui jouxte la basilique ; la garde de ces reliques fut confiée aux frères Prêcheurs, les Dominicains, qui s'installèrent dans le couvent jusqu'en 1957. Les pèlerinages, de même qu'à Tarascon, se multiplièrent. A la Sainte Baume, on construisit un couvent et un hospice, pour accueillir les visiteurs, de plus en plus nombreux. De nombreux rois de France viendront prier en ces lieux saints. Eve Lavalière, l'étoile des Variétés, viendra même y expier ses fautes en 1919… On voit aujourd'hui dans la basilique de Saint-Maximin, aux côtés des sarcophages de sainte Marie Madeleine et de Saint Maximin, ceux de sainte Marcelle, sainte Suzanne et saint Sidoine.