La Très Sainte Eucharistie

Sanctification du Dimanche





Sanctification du Dimanche

Le dimanche est le jour par excellence de l’Assemblée liturgique, où les fidèles se rassemblent " pour que, entendant la Parole de Dieu et participant à l’Eucharistie, ils fassent mémoire de la Passion, de la Résurrection et de la Gloire du Seigneur Jésus, en rendant grâces à Dieu qui les a régénérés pour une vivante espérance par la Résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts " (SC 106) :
Quand nous méditons, ô Christ, les merveilles qui furent accomplis en ce jour du dimanche de ta sainte Résurrection, nous disons : Béni est le jour du dimanche, car c’est en lui que fut le commencement de la création... le salut du monde... le renouvellement du genre humain... C’est en lui que le ciel et la terre se sont réjouis et que l’univers entier fut rempli de lumière. Béni est le jour du dimanche, car c’est en lui que furent ouvertes les portes du paradis pour qu’Adam et tous les bannis y entrent sans crainte (Fanqîth, Office syriaque d’Antioche, Vol. 6, La partie de l’été, p. 193 b).
Catéchisme de l'Eglise Catholique, Paris, Mame-Plon, 1992 (1167).

« Tu te souviendras du jour du sabbat pour le sanctifier. »
Ex 20, 8

La vie du corps, quelque précieuse et désirable qu'elle soit, n'est pas le but dernier de notre existence. Elle est une voie et un moyen pour arriver, par la connaissance du vrai et l'amour du bien, à la perfection de la vie de l'âme.
C'est l'âme qui porte gravée en elle-même l'image et la ressemblance de Dieu. C'est en elle que réside cette souveraineté dont l'homme fut investi quand il reçut l'ordre de s'assujettir la nature inférieure et de mettre à son service les terres et les mers. "Remplissez la terre et l'assujettissez ; dominez sur les poissons de la mer et sur les oiseaux du ciel et sur les animaux qui se meuvent sur la terre" (Gn 1,28)
A ce point de vue, tous les hommes sont égaux ; point de différence entre riches et pauvres, maîtres et serviteurs, princes et sujets : "Ils n'ont tous qu'un même Seigneur" (Rm 10,12). Il n'est permis à personne de violer impunément cette dignité de l'homme que Dieu lui-même traite avec un grand respect, ni d'entraver la marche de l'homme vers cette perfection qui correspond à la vie éternelle et céleste. Bien plus, il n'est même pas loisible à l'homme, sous ce rapport, de déroger spontanément à la dignité de sa nature, ou de vouloir l'asservissement de son âme. Il ne s'agit pas en effet de droit dont il ait la libre disposition, mais de devoirs envers Dieu qu'il doit religieusement remplir.
C'est de là que découle la nécessité du repos et de la cessation du travail aux jours du Seigneur. Le repos, d'ailleurs, ne doit pas être entendu comme une plus large part faite à une oisiveté stérile, ou encore moins comme un désoeuvrement qui provoque des vices et dissipe les salaires, mais bien comme un repos sanctifié par la religion. Ainsi allié avec la religion, le repos retire l'homme des labeurs et des soucis de la vie quotidienne. Il l'élève aux grandes pensées du ciel et l'invite à rendre à son Dieu le tribut d'adoration qu'il lui doit. Tel est surtout le caractère et la raison de ce repos du septième jour dont Dieu avait fait déjà un des principaux articles de la loi : "Souviens-toi de sanctifier le jour du sabbat" (Ex 20,8), et dont il avait lui-même donné l'exemple par ce mystérieux repos pris aussitôt après la création de l'homme : "Il se reposa le septième jour de tout le travail qu'il avait fait" (Gn 2,2).
Léon XIII (1810-1903), Encyclique Rerum novarum, 15 mai 1891 (32).
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L'Église célèbre le mystère pascal, en vertu d'une tradition apostolique qui remonte au jour même de la résurrection du Christ, chaque huitième jour, qui est nommé à bon droit le jour du Seigneur, ou dimanche. Ce jour-là, en effet, les fidèles doivent se rassembler pour que, entendant la parole de Dieu et participant à l'Eucharistie, ils se souviennent de la passion, de la résurrection et de la gloire du Seigneur Jésus, et rendent grâces à Dieu qui les "a régénérés pour une vivante espérance par la résurrection de Jésus-Christ d'entre les morts" (1 Pierre, 1, 3). Aussi, le jour dominical est-il le jour de fête primordial qu'il faut proposer et inculquer à la piété des fidèles, de sorte qu'il devienne aussi jour de joie et de cessation du travail. Les autres célébrations, à moins qu'elles ne soient véritablement de la plus haute importance, ne doivent pas l'emporter sur lui, car il est le fondement et le noyau de toute l'année liturgique.
Constitution Conciliaire Sacrosanctum Concilium, sur la Sainte Liturgie, 4 décembre 1963 (106).
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Aucune communauté chrétienne ne peut se construire sans trouver sa racine et son centre dans la célébration de l'Eucharistie (Cf. Didascalia, II,59,1-3 : [Dans ton enseignement, invite et exhorte le peuple à venir à l'assemblée, à ne pas la déserter, mais à se rassembler toujours ; s'abstenir, c'est diminuer l'Eglise et enlever un membre au Corps du Christ ... Vous êtes membres du Christ, ne vous dispersez donc pas loin de l'Eglise, en refusant de vous réunir ; le Christ est votre Tête, selon sa promesse toujours présente, qui vous rassemble. Ne vous négligez pas vous-mêmes, ne rendez pas le Sauveur étranger à ses propres membres, ne divisez pas son Corps, ne le dispersez pas ...]) : c'est donc par celle-ci que doit commencer toute éducation de l'esprit communautaire ; mais une célébration sincère, pleinement vécue, doit déboucher aussi bien dans les activités diverses de la charité et de l'entraide que dans l'action missionnaire et les diverses formes du témoignage.
Vatican II, Décret Presbytorum Ordinis, sur le ministère et la vie des prêtres, 7 décembre 1965 (6).
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Le "jour du Seigneur", en tant que "jour de fête primordial" et "fondement et noyau de toute l’Année liturgique", ne doit pas être subordonné aux manifestations de la piété populaire. Il est évident que les pieux exercices sont célébrés en prenant le dimanche comme point de référence chronologique.
Pour le bien pastoral des fidèles, il est licite de reporter au dimanche "per annum" les célébrations du Seigneur, ou en l’honneur de la bienheureuse Vierge Marie ou des Saints dont la date coïncide avec un jour de semaine, dans la mesure où les fidèles font preuve d’une piété particulière à leur égard et à condition qu’elles aient la primauté sur le dimanche lui-même.
Puisque les traditions populaires et culturelles risquent de prendre le pas sur la célébration du dimanche, ce qui aurait pour effet de nuire à l’esprit chrétien qui caractérise cette dernière, "dans ces cas, il faut parler clairement, dans la catéchèse et des interventions pastorales opportunes, en écartant ce qui est inconciliable avec l’Évangile du Christ. Mais il ne faut pas oublier que de telles traditions - et cela vaut analogiquement pour de nouvelles propositions culturelles de la société civile - ne sont souvent pas dépourvues de valeurs qui s’harmonisent sans difficulté avec les exigences de la foi. Il appartient aux Pasteurs d’opérer un discernement qui sauvegarde les valeurs présentes dans la culture d’un contexte social déterminé, et surtout dans la religiosité populaire, faisant en sorte que la célébration liturgique, notamment celle des dimanches et des fêtes, n’en souffre pas mais en tire plutôt avantage".
Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, Directoire sur la piété populaire et la liturgie, décembre 2001 (95).
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Ceux qui ont reçu la grâce de croire au Seigneur ressuscité ne peuvent que percevoir la signification de ce jour hebdomadaire avec l'émotion vibrante qui faisait dire à saint Jérôme : « Le dimanche est le jour de la résurrection, le jour des chrétiens, c'est notre jour ». Il est en effet pour les chrétiens le « jour de fête primordial » (Sacrosanctum concilium, n. 106), destiné non seulement à marquer le déroulement du temps, mais à en révéler le sens profond.
On a vu largement s'affirmer la pratique du « week-end », au sens de temps de détente hebdomadaire, passé parfois loin de la demeure habituelle et souvent caractérisé par la participation à des activités culturelles, politiques, sportives, dont le déroulement coïncide en général précisément avec les jours fériés. […] Malheureusement, lorsque le dimanche perd son sens originel et se réduit à n'être que la « fin de la semaine », il peut arriver que l'homme, même en habits de fête, devienne incapable de faire une fête, parce qu'il reste enfermé dans un horizon si réduit qu'il ne peut plus voir le ciel.
Aux disciples du Christ, en tout cas, il est demandé de ne pas confondre la célébration du dimanche, qui doit être une vraie sanctification du jour du Seigneur, avec la « fin de semaine », comprise essentiellement comme un temps de simple repos ou d'évasion.
La célébration du dimanche chrétien, pour les significations qu'il évoque et les dimensions qu'il implique par rapport aux fondements mêmes de la foi, demeure un élément déterminant de l'identité chrétienne.
L'assemblée dominicale est un lieu privilégié d'unité : on y célèbre en effet le sacramentum unitatis qui caractérise profondément l'Église, peuple rassemblé « par » et « dans » l'unité du Père, du Fils et de l'Esprit Saint. En elle, les familles chrétiennes vivent une des expressions les meilleures de leur identité et de leur « ministère » d'« églises domestiques », lorsque les parents participent avec leurs enfants à l'unique table de la Parole et du Pain de vie (Familiaris consortio, nn. 57,61). Il convient de rappeler à ce sujet qu'il revient d'abord aux parents d'apprendre à leurs enfants à participer à la Messe dominicale, aidés en cela par les catéchistes qui doivent se préoccuper d'intégrer l'initiation à la Messe dans le parcours de la formation des enfants qui leur sont confiés, leur montrant le motif profond du caractère obligatoire du précepte.
La participation à la Cène du Seigneur est toujours de fait la communion au Christ s'offrant au Père pour nous en sacrifice » (Eucharisticum mysterium, n. 3b). C'est pourquoi l'Église recommande aux fidèles de communier lorsqu'ils participent à l'Eucharistie, pourvu qu'ils soient dans les dispositions voulues et, s'ils ont conscience de péchés graves, qu'ils aient reçu le pardon de Dieu dans le sacrement de la Réconciliation (cf. Catéchisme de l'Église catholique, n. 1385), dans l'esprit de ce que saint Paul rappelait à la communauté de Corinthe (cf. 1 Co 11,27-32). Évidemment, l'invitation à la communion eucharistique se fait particulièrement pressante à l'occasion de la Messe du dimanche et des autres jours de fête.
Après la dispersion de l'assemblée, le disciple du Christ retourne dans son milieu habituel avec le devoir de faire de toute sa vie un don, un sacrifice spirituel agréable à Dieu (cf. Rm 12,1). Il se sent débiteur envers ses frères de ce qu'il a reçu dans la célébration, tout comme les disciples d'Emmaüs qui, après avoir reconnu « à la fraction du pain » le Christ ressuscité (cf. Lc 24,30-32), éprouvèrent aussitôt le besoin d'aller partager avec leurs frères la joie de leur rencontre avec le Seigneur (cf. Lc 24,33-35).
Jean-Paul II (1920-2005), Lettre Apostolique Dies Domini, sur la Sanctification du Dimanche, 31 mai 1998 (2, 4, 30, 36, 44 & 45).
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La plus grande attention doit donc être portée à la liturgie, « le sommet vers lequel tend l'action de l'Église et en même temps la source d'où découle toute sa force » (Sacrosanctum Concilium, n. 10). Au vingtième siècle, spécialement à partir du Concile, la communauté chrétienne a beaucoup grandi dans sa façon de célébrer les sacrements, surtout l'Eucharistie. Il faut persévérer dans cette direction, en donnant une importance particulière à l'Eucharistie dominicale et au dimanche lui-même, entendu comme un jour particulier de la foi, jour du Seigneur ressuscité et du don de l'Esprit, vraie Pâque hebdomadaire (Dies Domini, n. 19).
Je voudrais donc insister, à la suite de la lettre Dies Domini, pour que la participation à l'Eucharistie soit vraiment, pour tout baptisé, le cœur du dimanche. Il y a là un engagement auquel on ne peut renoncer et qu'il faut vivre, non seulement pour obéir à un précepte, mais parce que c'est une nécessité pour une vie chrétienne vraiment consciente et cohérente. Nous entrons dans un millénaire qui s'annonce comme caractérisé par un profond mélange de cultures et de religions, même dans les pays de christianisation ancienne. Dans beaucoup de régions, les chrétiens sont, ou sont en train de devenir, un « petit troupeau » (Lc 12,32). Cela les met face au défi de témoigner plus fortement des aspects spécifiques de leur identité, et bien souvent dans des conditions de solitude et de difficultés. Le devoir de la participation eucharistique chaque dimanche est l'un de ces aspects. En réunissant chaque semaine les chrétiens comme famille de Dieu autour de la table de la Parole et du Pain de vie, l'Eucharistie dominicale est aussi l'antidote le plus naturel à la dispersion. Elle est le lieu privilégié où la communion est constamment annoncée et entretenue. Précisément par la participation à l'Eucharistie, le jour du Seigneur devient aussi le jour de l'Église (Dies Domini, n. 35), qui peut exercer ainsi de manière efficace son rôle de sacrement d'unité.
Jean-Paul II (1920-2005), Lettre Apostolique Novo Millennio Ineunte, 6 janvier 2001 (35 & 36).
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En regardant Marie et Joseph qui présentent l'Enfant au Temple ou allant en pèlerinage à Jérusalem, puissent les parents chrétiens se reconnaître participant avec leurs enfants à l'eucharistie dominicale, ou se recueillant en prière dans leurs maisons. A ce propos, j'aime à rappeler le programme qu'il y a quelques années vos évêques ont lancé depuis Nin : "Que la famille catholique croate prie chaque jour et célèbre l'eucharistie le dimanche". Pour que cela puisse se faire, il est d'une importance fondamentale de respecter le caractère sacré du jour de fête qui permet aux membres de la famille de se retrouver et de rendre à Dieu ensemble le culte qui lui est dû.
Jean-Paul II, Homélie du Dimanche de Pentecôte, 8 juin 2003, Rijeka, Croatie.
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Le dimanche, jour du Seigneur, où l'on rappelle de façon particulière la résurrection du Christ, se trouve au centre de la vie liturgique, comme "le fondement et le noyau de l'année liturgique" (Sacrosanctum Concilium, n. 106). Des efforts importants ont sans aucun doute été accomplis dans la pastorale afin que la valeur du dimanche soit redécouverte. Mais il faut insister sur ce point, car "la richesse spirituelle et pastorale du dimanche, telle que la tradition nous l'a transmise, est vraiment grande. Prise dans toute sa signification et avec toutes ses implications, elle est en quelque sorte une synthèse de la vie chrétienne et une condition pour bien la vivre" (Dies Domini, n. 81).
Jean-Paul II (1920-2005), Lettre Apostolique Spiritus et Sponsa (pour le 40e anniversaire de la Constitution Sacrosanctum Concilium), 4 décembre 2003 (9).
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Dans les communautés, on se rend compte que, même pour des chrétiens engagés, la Messe dominicale n’a pas la place qui lui revient. Les pasteurs auront donc soin de rappeler avec force et clarté aux fidèles, en particulier à ceux qui exercent des responsabilités dans la catéchèse, dans la pastorale des jeunes ou dans les aumôneries, le sens de l’obligation dominicale et de la participation à l’Eucharistie du dimanche, qui ne peut être une simple option au milieu des nombreuses activités. En effet, pour suivre véritablement le Christ, pour évangéliser, pour être serviteur du Seigneur, il convient de vivre soi-même de manière cohérente et responsable, en conformité avec les prescriptions de l’Église, et d’être convaincu de l’importance décisive pour sa vie de foi d’une participation, avec la communauté entière, au banquet eucharistique (cf. Dies Domini, nn. 46-49).
Jean-Paul II (1920-2005), Discours aux évêques de la Conférence épiscopale de France, 30 janvier 2004.
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Dans le récit de la création, le sabbat est décrit comme le jour où, en la liberté de l'adoration, l'homme participe à la liberté, au repos et à la paix de Dieu. Célébrer le sabbat, c'est célébrer l'Alliance. Cela signifie le retour aux origines, l'élimination des souillures que nos activités multiples ont entraînées avec elles. Cela veut dire se mettre en marche vers le monde nouveau où il n'y aura plus esclaves ni maîtres, mais seulement des enfants de Dieu libres, vers un monde dans lequel l'homme, les animaux et la terre auront part ensemble et fraternellement à la paix de Dieu et à sa liberté...
[Mais] l'homme a refusé le repos, le délassement qui venaient de Dieu, l'adoration avec sa paix et sa liberté, et il a ainsi fini par se soumettre à l'action. Il a rendu le monde esclave de son activité et s'est ainsi lui-même rendu esclave. Pour cette raison, Dieu devait donner à l'homme le sabbat dont celui-ci ne voulait plus. Par son refus du cycle de la liberté et du délassement qui vient de Dieu, l'homme s'était éloigné de sa condition d'image de Dieu et a ainsi foulé le monde aux pieds. Voilà pourquoi il fallait l'arracher à son esclavage à son propre travail. Pour cela, Dieu devait lui faire retrouver son authenticité, le libérer de la domination de l'action. « Rien ne doit être préféré au service de Dieu » [écrit St Benoît] - en premier lieu l'adoration, la liberté et le repos qui vient de Dieu. Ainsi, et ainsi seulement, l'homme peut vivre vraiment.
Cardinal Joseph Ratzinger [Pape Benoît XVI], Sermons de Carême 1981 (trad. Au commencement, Fayard 1986, p. 40s).

L'Eucharistie doit devenir le centre de notre vie. Ce n'est ni positivisme ni soif de pouvoir, si l'Eglise nous dit que l'Eucharistie fait partie du dimanche. Au matin de Pâques, les femmes en premier, puis les disciples, eurent la grâce de voir le Seigneur. Depuis lors, ils surent que désormais le premier jour de la semaine, le dimanche, serait son jour à Lui, le jour du Christ. Le jour du commencement de la création devenait le jour du renouvellement de la création. Création et rédemption vont ensemble. C'est pour cela que le dimanche est aussi important. Il est beau qu'aujourd'hui, dans de nombreuses cultures, le dimanche soit un jour libre ou, qu'avec le samedi, il constitue même ce qu'on appelle le "week-end" libre. Ce temps libre, toutefois, demeure vide si Dieu n'y est pas présent. Chers amis ! Quelquefois, dans un premier temps, il peut s'avérer plutôt mal commode de devoir prévoir aussi la Messe dans le programme du dimanche. Mais si vous en prenez l'engagement, vous constaterez aussi que c'est précisément ce qui donne le juste centre au temps libre. Ne vous laissez pas dissuader de participer à l'Eucharistie dominicale et aidez aussi les autres à la découvrir. Parce que la joie dont nous avons besoin se dégage d'elle, nous devons assurément apprendre à en comprendre toujours plus la profondeur, nous devons apprendre à l'aimer. Engageons-nous en ce sens - cela en vaut la peine ! Découvrons la profonde richesse de la liturgie de l'Eglise et sa vraie grandeur : nous ne faisons pas la fête pour nous, mais c'est au contraire le Dieu vivant lui-même qui prépare une fête pour nous.
Benoît XVI, Homélie de la célébration eucharistique de la XX Journée Mondiale de la Jeunesse, Cologne - Marienfeld, 21 août 2005.
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Conscients de ce nouveau principe de vie que l'Eucharistie apporte au chrétien, les Pères synodaux ont rappelé l'importance pour tous les fidèles du précepte dominical comme source de liberté authentique, pour pouvoir vivre tous les autres jours selon ce qu'ils ont célébré le « Jour du Seigneur ». En effet, la vie de foi est en danger quand on ne ressent plus le désir de participer à la célébration eucharistique où l'on fait mémoire de la victoire pascale. Participer à l'assemblée liturgique dominicale, avec tous nos frères et sœurs qui forment un unique corps dans le Christ Jésus, est requis par la conscience chrétienne et, en même temps, forme la conscience chrétienne. Perdre le sens du dimanche comme Jour du Seigneur à sanctifier est le symptôme d'une perte du sens authentique de la liberté chrétienne, la liberté des fils de Dieu. À ce sujet, les observations concernant les différentes dimensions du dimanche pour les chrétiens faites par mon prédécesseur Jean-Paul II, dans la Lettre apostolique Dies Domini, restent précieuses : le dimanche est Dies Domini, en référence à l'œuvre de la création ; il est Dies Christi en tant que jour de la nouvelle création et du don que le Seigneur Ressuscité fait de l'Esprit Saint ; il est Dies Ecclesiae comme jour où la communauté chrétienne se retrouve pour la célébration ; il est Dies hominis comme jour de joie, de repos et de charité fraternelle.
Un tel jour se manifeste donc comme la fête primordiale, où tout fidèle peut se faire, dans le milieu où il vit, annonciateur et gardien du sens du temps. De ce jour, en effet, naît le sens chrétien de l'existence et une nouvelle manière de vivre le temps, les relations, le travail, la vie et la mort. Il est donc bon que, le Jour du Seigneur, les réalités ecclésiales organisent, autour de la célébration eucharistique dominicale, des manifestations propres à la communauté chrétienne : rencontres amicales, initiatives pour la formation chrétienne des enfants, des jeunes et des adultes, pèlerinages, œuvres de charité et différentes rencontres de prière. En raison de ces valeurs si importantes – bien que le samedi soir, à partir des premières Vêpres, appartienne déjà au dimanche et qu'il soit donc permis d'y accomplir le précepte dominical –, il est nécessaire de rappeler que c'est le dimanche en lui-même qui mérite d'être sanctifié, afin qu'il ne finisse pas par devenir un jour « vide de Dieu ».
Enfin, il est particulièrement urgent, à notre époque, de rappeler que le Jour du Seigneur est aussi le jour du repos par rapport au travail. Nous souhaitons vivement que cela soit aussi reconnu comme tel par la société civile, de sorte qu'il soit possible d'être libre des activités du travail sans être pour autant pénalisé. En effet, les chrétiens, en relation avec la signification du sabbat dans la tradition juive, ont toujours vu également dans le Jour du Seigneur le jour du repos du labeur quotidien. Cela a un sens précis, constituant une relativisation du travail, qui est ordonné à l'homme : le travail est pour l'homme et non l'homme pour le travail. Il est facile de saisir la protection qui en découle pour l'homme lui- même, qui est ainsi émancipé d'une possible forme d'esclavage. Comme j'ai eu l'occasion de l'affirmer, « le travail est de première importance pour la réalisation de l'homme et pour le développement de la société, et c'est pourquoi il convient qu'il soit toujours organisé et accompli dans le plein respect de la dignité humaine et au service du bien commun. En même temps, il est indispensable que l'homme ne se laisse pas asservir par le travail, qu'il n'en fasse pas une idole, prétendant trouver en lui le sens ultime et définitif de la vie ». C'est dans le jour consacré à Dieu que l'homme comprend le sens de son existence ainsi que de son travail.
Benoît XVI, Exhortation Apostolique post-synodale Sacramentum Caritatis (73 & 74), 22 février 2007.
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"Sine dominico non possumus !" Sans le don du Seigneur, sans le Jour du Seigneur, nous ne pouvons pas vivre : c'est ainsi que répondirent, en l'an 304, plusieurs chrétiens d'Abitène, dans l'actuelle Tunisie, lorsque, surpris au cours de la célébration eucharistique dominicale qui était interdite, ils furent conduits devant le juge et on leur demanda pourquoi ils avaient célébré le Dimanche la fonction religieuse chrétienne, alors qu'ils savaient bien que cela était puni par la mort. "Sine dominico non possumus". Dans le mot dominicum/dominico sont liées de façon indissoluble deux significations, dont nous devons à nouveau apprendre à percevoir l'unité. Il y a tout d'abord le don du Seigneur – ce don est Lui-même : le Ressuscité, au contact et à la proximité duquel les chrétiens doivent se trouver pour être eux-mêmes. Cela n'est cependant pas seulement un contact spirituel, intérieur, subjectif : la rencontre avec le Seigneur s'inscrit dans le temps à travers un jour précis. Et, de cette façon, elle s'inscrit dans notre existence concrète, corporelle et communautaire, qui est temporalité. Elle donne à notre temps, et donc à notre vie dans son ensemble, un centre, un ordre intérieur. Pour ces chrétiens, la célébration eucharistique dominicale n'était pas un précepte, mais une nécessité intérieure. Sans Celui qui soutient notre vie, la vie elle-même est vide. Abandonner ou trahir ce centre ôterait à la vie elle-même son fondement, sa dignité intérieure et sa beauté.
Cette attitude des chrétiens de l'époque a-t-elle également de l'importance pour nous, chrétiens d'aujourd'hui ? Oui, elle vaut également pour nous, qui avons besoin d'une relation qui nous soutienne et donne une orientation et un contenu à notre vie. Nous aussi avons besoin du contact avec le Ressuscité, qui nous soutient jusqu'au-delà de la mort. Nous avons besoin de cette rencontre qui nous réunit, qui nous donne un espace de liberté, qui nous fait regarder au-delà de l'activisme de la vie quotidienne vers l'amour créateur de Dieu, dont nous provenons et vers lequel nous sommes en marche. [...]
"Sine dominico non possumus !". Sans le Seigneur et le jour qui Lui appartient, on ne réalise pas une vie réussie. Le dimanche, dans nos sociétés occidentales, s'est mué en "week-end", en temps libre. Le temps libre, en particulier dans la frénésie du monde moderne, est une chose belle et nécessaire; chacun de nous le sait. Mais si le temps libre n'a pas un centre intérieur, d'où provient une orientation pour l'ensemble, il finit par être un temps vide qui ne nous renforce pas et ne nous détend pas. Le temps libre a besoin d'un centre - la rencontre avec Celui qui est notre origine et notre but. Mon grand prédécesseur sur la chaire épiscopale de Munich et Freising, le Cardinal Faulhaber, l'a exprimé un jour ainsi : "Donne à l'âme son Dimanche, donne au Dimanche son âme".
Benoît XVI, Homélie de la célébration eucharistique en la cathédrale Saint-Etienne, à Vienne (Autriche), dimanche 9 septembre 2007.
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« Il serait très peu rationnel, affirme saint Jean Chrysostome, que nous réservions aux affaires de ce monde cinq ou six jours et que nous consacrions ensuite aux choses spirituelles moins d'une journée ou même une toute petite partie de cette journée. »
Malheureusement, beaucoup de chrétiens ne comprennent pas que le dimanche, fête hebdomadaire de notre délivrance, ne peut pas être une vraie fête s'il n'y a pas participation à la célébration de l'Eucharistie. Pour eux, le dimanche est un jour consacré à ne rien faire, à dormir, à la distraction ou à d'autres formes d'esclavage : travaux à expédier, voyages fatigants, et stress en tous genres…
Que devons-nous faire pour sanctifier le jour du Seigneur ? Avant tout, ce commandement ne peut être vécu comme une obligation. Il s'agit, plutôt, d'une invitation à découvrir et à accueillir un grand geste d'amour de la part de Dieu. L'Eucharistie est un don si grand que le chrétien ne doit pas renoncer à prendre part à ce geste d'amour gratuit, libre et total que Dieu fait de Lui-même à l'homme par le sacrifice de Jésus sur la Croix. Si la messe est au cœur du dimanche, la sanctification du jour du Seigneur revêt une signification beaucoup plus large : elle comprend la prière personnelle, la méditation, la lecture biblique, comme également un rapport plus profond à l'intérieur de la famille et avec les autres. Le dimanche est un jour de fête caractérisé par une rencontre joyeuse avec la communauté, et bien sûr aussi par une rencontre personnelle avec Jésus dans la communion eucharistique.
Ce temps de repos nous est nécessaire pour réfléchir et pour redécouvrir l'espace que Dieu désire occuper dans notre vie. Ce jour de fête n'est pas consacré à l'oisiveté et à l'inaction : il permet, au contraire, à notre corps de se reposer et de trouver dans les activités de temps libre la détente nécessaire pour un bon équilibre psychologique.
Père Gilles Jeanguenin, Les Dix Commandements, Pierre Téqui, Paris, 2002.

Fais-nous reposer, ô Dieu.
Toi qui as pris le septième jour pour admirer l'œuvre de ta création et faire cesser ta fatigue.
Fais que notre repos ne nous effraie pas, nous qui ne savons pas faire un bon usage du temps.
Fais-nous reposer, toi qui as disposé les rythmes du monde, le jour et la nuit, l'hiver et l'été, la parole et le silence, l'animation et le repos final.
Nous te demandons le repos pendant notre vie, à toi qui es le Dieu de la Parole vivante, mais aussi de la paix accomplie.
Adaptation d'une prière d'André Dumas.