La Très Sainte Eucharistie

L'adoration eucharistique





L'adoration eucharistique

Notre temps a perdu le sens de Dieu. C'est-à-dire qu'un monde naît, il est né déjà, où ne s'affirme aucune présence spirituelle. La mobilisation s'impose donc de toutes les puissances d'adoration dont l'Eglise du Christ est riche. La perte trop sensible du goût de l'adoration eucharistique, loin de marquer une purification du sens religieux, révèle au contraire un abandon mal avisé et inconscient au courant des choses.
Mgr Garrone (1901-1994), L'eucharistie, règle de foi, source de vie, Ed. Apostolat de la prière, Toulouse, 1963.

Evangéliser sans adorer devient du prosélytisme ; adorer sans évangéliser, de l'évasion.
Thomas Roberts, in Daniel-Ange, Jeunesse-Lumière, Le livre de Vie, p.106.

« J'ai soif, mais d'une soif si ardente d'être aimé des hommes au Saint Sacrement, que cette soif me consume ; et je ne trouve personne qui s'efforce de me désaltérer. »
Jésus à Sainte Marguerite-Marie (1647-1690), "Grande Apparition" de 1675.

« Tu considéreras mon Amour dans le Saint Sacrement. Ici je suis tout entier à ta disposition, Ame, Corps et Divinité, comme ton Epoux. Tu sais ce qu'exige l'amour : une seule chose, la réciprocité. »
Jésus à Sainte Faustine (1905-1938), Petit Journal n°1769, Parole et Dialogue, Paris, 2002.

Puisque le Christ Lui-même est présent dans le Sacrement de l'Autel, il faut L'honorer d'un culte d'adoration. La visite au très saint Sacrement est une preuve de gratitude, un signe d'amour et un devoir d'adoration envers le Christ, Notre Seigneur.
Catéchisme de l'Eglise Catholique, 1418.
Texte intégral

Il est au milieu de nous au Saint Sacrement. Quelle consolation d’être dans la maison où Jésus-Christ habite ! Mais ne dirait-on point que nous ignorons notre bonheur ? Allons-nous à lui dans nos besoins ? Le consultons-nous dans nos desseins ? Lui portons-nous nos petits chagrins, au lieu de prendre conseil de nos amis, de nous plaindre, de murmurer ? …
Saint Claude La Colombière, Journal Spirituel, 107.

Ne manquons pas d'adorer le très saint Sacrement qui est la principale et la plus grande dévotion, celle que tous les chrétiens doivent avoir. Acquittez-vous-en donc avec plus de soin et de fidélité que jamais, avec une nouvelle ferveur, ardeur et amour pour Jésus-Christ dans ce précieux mystère.
Soyez fidèles à demeurer en la présence de Dieu sans vous mettre en peine de ne pouvoir rien faire… N'ayez point de répugnance d'être en la présence de Dieu sans rien faire, puisqu'Il ne veut rien de vous que le silence et l'anéantissement, vous ferez toujours beaucoup lorsque vous vous laisserez et abandonnerez sans réserve à sa toute-puissance. Soyez fidèles en ce point, ne vous affligez pas de vos distractions, laissez-les passer et demeurez humblement aux pieds de Jésus.
Catherine de Bar (1614-1698), Adorer et adhérer, Ed. du Cerf, 1994, pp. 61 & 97.
(fondatrice des Bénédictines du Saint-Sacrement)

L'Eucharistie, ce n'est pas seulement la communion, le baiser de Jésus, le mariage de Jésus : c'est aussi le Tabernacle et l'Ostensoir, Jésus présent sur nos autels « tous les jours jusqu'à la consommation des siècles », vrai Emmanuel, « vrai Dieu avec nous », s'exposant à toute heure, sur toutes les parties de la terre, à nos regards, à notre adoration et à notre amour et changeant, par cette présence perpétuelle, la nuit de notre vie en une illumination délicieuse…
Bienheureux Charles de Foucauld (1858-1916), L’Evangile présenté aux pauvres.

Nous ne craignons pas de l'affirmer : le culte de l'exposition du très saint Sacrement est le besoin de notre temps ; il faut cette proclamation publique de la foi des peuples en la divinité de Jésus-Christ et en la vérité de sa présence sacramentelle. […] Ce culte est nécessaire pour sauver la société. La société se meurt, parce qu'elle n'a plus de centre de vérité et de charité, mais elle renaîtra pleine de vigueur quand tous ses membres viendront se réunir autour de la vie, à Jésus dans l'Eucharistie. Il faut le faire sortir de sa retraite pour qu'Il se mette à nouveau à la tête des sociétés chrétiennes qu'Il dirigera et sauvera. Il faut Lui construire un palais, un trône royal, une cour de fidèles serviteurs, une famille d'amis, un peuple d'adorateurs.
Saint Pierre-Julien Eymard (1811-1868), in P.E.C. Nuñez, s.s.s., La spiritualité du P. Pierre-Julien Eymard, Rome, Maison généralice des prêtres du T.S. Sacrement, 1956.
(fondateur de la Congrégation des Prêtres du Saint-Sacrement)

Ne regardez pas comme perdus pour le bien les moments que vous passez au pied de l'autel ; c'est quand le grain est enseveli dans le sillon, que sa fécondité se déclare ; l'entretien eucharistique, voilà la semence des vertus.
Saint Pierre-Julien Eymard (1811-1868).

Saint François de Sales avait fait de l'exposition du Saint Sacrement une occasion pour ramener les personnes à la foi de l'Eglise des Pères. Quand il arriva à Thonon, il n'y avait qu'une quinzaine de catholiques. En quatre ans, il y avait bien eu quelques personnes qui étaient revenues dans la barque de Pierre, mais fort peu. En octobre 1598, il décida d'organiser les Quarante Heures (*). Avec une audace folle, il passa tout l'été à préparer cette acclamation de l'unique Roi dans la Sainte Hostie. Le temps arriva enfin où Jésus fut exposé solennellement dans l'église de Saint Augustin : des draps d'or, des cierges, l'évêque, les prélats, un cardinal délégué du pape, tous devant le Seigneur de l'univers dans l'ostensoir. Des personnes vinrent de tout le Chablais. Des centaines de calvinistes venaient s'agenouiller devant le Saint Sacrement. En onze jours, les archives retiennent qu'il y a eu 2.300 personnes qui revinrent à l'Eglise de toujours, comme mûries au soleil du Saint Sacrement.
Maurice Henry-Coüannier, Saint François de Sales et ses amitiés, Monastère de la Visitation, Paris, 1993.
(*) : Quarante heures de prière devant le Saint Sacrement : cette pratique fut instaurée en 1534 à Milan par le P. Joseph de Ferno (1485-1556), capucin, en mémoire des quarante heures que le Christ passa au tombeau. L'adoration se faisait alors au pied de l'autel. A partir de 1556, ces prières se firent devant Jésus exposé au Saint Sacrement. En 1765, Clément XIII étendra les Quarante Heures à l'Eglise universelle.
Le fond de la chapelle est assez vivement éclairé. Au-dessus du maître-autel, vêtu de blanc, un vaste appareil de plantes, de candélabres et d'ornements est dominé par une grande croix de métal ouvragé qui porte en son centre un disque blanc mat. Trois autres disques de même dimension, mais d'une nuance imperceptiblement différente, sont fixés aux extrémités de la croix. Je suis déjà entré dans des églises, pour l'amour de l'art, mais je n'avais jamais vu d'ostensoir habité ni même, je crois, d'Hostie, et j'ignore que je suis en face du Saint-Sacrement, vers lequel montent deux files de cierges allumés. La présence des disques supplémentaires et les complications dorées du décor me rendent plus difficile encore l'identification de ce soleil lointain.
La signification de tout cela m'échappe, d'autant plus aisément que je ne la poursuis guère. Debout près de la porte, je cherche des yeux mon ami et je ne parviens pas à le reconnaître parmi les formes agenouillées qui me précèdent. Mon regard passe de l'ombre à la lumière, revient sur l'assistance sans ramener aucune pensée, va des fidèles aux religieuses immobiles, des religieuses à l'autel, puis, je ne sais pourquoi, se fixe sur le deuxième cierge qui brûle à gauche de la croix. Non pas le premier, ni le troisième, le deuxième. Et c'est alors que se déclenche, brusquement, la série de prodiges dont l'inexorable violence va démanteler en un instant l'être absurde que je suis et faire venir au jour l'enfant que je n'ai jamais été.
Tout d'abord, ces mots me sont suggérés : vie spirituelle.
Ils ne me sont pas dits, je ne les forme pas moi-même, je les entends comme s'ils étaient prononcés près de moi à voix basse par une personne que je ne vois pas encore.
La dernière syllabe de ce prélude murmuré atteint à peine en moi la rive du conscient que commence l'avalanche à rebours. Je ne dis pas que le Ciel s'ouvre : il ne s'ouvre pas, il s'élance, il s'élève soudain, fulguration silencieuse, de cette insoupçonnable chapelle dans laquelle il se trouve mystérieusement inclus. Comment le décrire avec ces mots démissionnaires qui me refusent leurs services et menacent d'intercepter nos pensées pour les consigner au magasin des chimères ? Le peintre à qui il serait donné d'entrevoir des couleurs inconnues, avec quoi les peindrait-il ? C'est un cristal indestructible, d'une transparence infinie, d'une luminosité presque insoutenable (un degré de plus m'anéantirait) et plutôt bleue, un monde, un autre monde d'un éclat et d'une densité qui renvoient le nôtre aux ombres fragiles des rêves inachevés. Il est la réalité, il est la vérité, je la vois du rivage obscur où je suis encore retenu. Il y a un ordre dans l'univers et à son sommet, par delà ce voile de brume resplendissante, l'Evidence de Dieu, l'évidence faite présence et l'évidence faite personne de celui-là même que j'aurais nié un instant auparavant, que les chrétiens appellent notre père, et de qui j'apprends qu'il est doux, d'une douceur à nulle autre pareille, qui n'est pas la qualité passive que l'on désigne parfois sous ce nom, mais une douceur active, brisante, surpassant toute violence capable de faire éclater la pierre la plus dure et, plus dur que la pierre, le coeur humain.
Son irruption déferlante, plénière, s'accompagne d'une joie qui n'est autre de l'exultation du sauvé, la joie du naufragé recueilli à temps, avec cette différence toutefois que c'est au moment où je suis hissé vers le salut que je prends conscience de la boue dans laquelle j'étais sans le savoir englouti, et je me demande, me voyant par elle encore saisi à mi-corps, comment j'ai pu y vivre, et y respirer.
En même temps, une nouvelle famille m'est donné qui est l'Eglise, à charge pour elle de me conduire où il faut que j'aille, étant entendu qu'en dépit des apparences une certaine distance me reste à franchir, qui ne saurait être abolie que par le détour de la gravitation.
Toutes ces sensations que je peine à traduire dans le langage inadéquat des idées et des images sont simultanées, comprises les unes dans les autres, et après des années je n'en aurait pas épuisé le contenu. Tout est dominé par la présence, au delà et à travers une immense assemblée, de Celui dont je ne pourrais plus jamais écrire le nom sans que me vienne la crainte de blesser sa tendresse, devant qui j'ai le bonheur d'être un enfant pardonné, qui s'éveille pour apprendre que tout est don.
André Frossard (1915-1995), Dieu existe, je l'ai rencontré, Paris, 1969, pp. 163-167.

Il y a plus de mystère dans le petit Tabernacle que dans le fond des mers et la surface des terres, et il y a plus de beauté que dans la création entière.
Bienheureux Charles de Foucauld (1858-1916).

L'adoration eucharistique, c'est d'être là comme une fleur devant son Soleil. Si vous saviez quel est Celui qui vous regarde à travers ces voiles… Ne faites rien, n'importe ! Une vertu sortira de lui… Les bons anges vous enverront le souffle de sa bouche, la chaleur de son Cœur…
C'est dans l'adoration que l'homme intérieur est reconstitué, c'est par l'Eucharistie que s'accomplit la restauration de l'univers en Jésus ; et non seulement dans celui qui adore, mais dans l'humanité tout entière.
Théodelinde Dubouché (1809-1863), Lettres.
(En religion Sœur Marie-Thérèse du Cœur de Jésus, fondatrice de l'Institut de l'Adoration Réparatrice.)

Il s'agit toujours de deux regards qui se rencontrent : notre regard et le regard de Dieu sur nous. Si des fois notre regard flanche et vient à manquer, le regard de Dieu, lui, pourtant, ne vacille jamais. La contemplation eucharistique se contente parfois d'un simple acte de présence en compagnie de Jésus, à rester sous son regard pour Lui donner à Lui aussi, la joie de nous contempler, nous qui malgré notre état de créatures vaines et pécheresses, nous sommes toutefois le fruit de sa passion, nous pour qui Il a donné sa vie.
P. Raniero Cantalamessa, L'Eucharistie, notre sanctification, Centurion, Paris, 1989.

Lorsque nous sommes devant le Saint-Sacrement, au lieu de regarder autour de nous, fermons nos yeux et ouvrons notre cœur ; le bon Dieu ouvrira le sien. Nous irons à lui, il viendra à nous, l'un pour demander, l'autre pour recevoir : ce sera comme un souffle de l'un et de l'autre. Que de douceur ne trouvons-nous pas à nous oublier pour chercher Dieu !
Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859), curé d'Ars, Catéchisme.

Conversation de Dieu miséricordieux avec l'âme pécheresse : « Pourquoi redoutes-tu, mon enfant, le Dieu de miséricorde ? Ma sainteté ne m'empêche pas d'être miséricordieux pour toi. Regarde, âme, c'est pour toi que j'ai institué le trône de la miséricorde sur la terre, ce trône c'est le tabernacle, et de ce trône de miséricorde, je désire descendre en ton cœur. Regarde, aucune suite ne m'entoure, aucun garde, tu as accès à moi à tout moment, à chaque heure du jour je veux parler avec toi et je désire t'accorder des grâces. »
Jésus à Sainte Faustine (1905-1938), Petit Journal, n°1485, Parole et Dialogue, Paris, 2002.

« Autant de fois l'homme regarde avec amour et révérence l'Hostie qui contient sacramentellement le Corps et le Sang du Christ, autant il augmente ses mérites futurs. En effet, dans l'éternelle possession de Dieu, il goûtera des délices, nouvelle et spéciale récompense de chaque regard d'amour qu'il aura dirigé vers Jésus au Saint Sacrement. La même faveur lui sera aussi accordée pour le dédommager des cas où ses yeux, retenus par quelque motif raisonnable, n'ont pu satisfaire sa piété. »
Jésus à Sainte Gertrude (1256-1302), Le Héraut de l'amour divin, liv. IV, chap. 25, 8.

Tandis qu'enfermé dans une faible Hostie, le Sauveur semble dormir du sommeil de l'impuissance, son Cœur veille. Je dors mais mon Cœur veille. Il veille quand nous pensons à Lui et quand nous n'y pensons pas. Il n'a pas de repos : Il jette vers son Père ses cris de pardon en notre faveur. Son Cœur est là comme sur la Croix, ouvert et laissant couler sur nos têtes des torrents de grâces et d'amour.
Saint Pierre-Julien Eymard (1811-1868), La Divine Eucharistie, Sujets pour l'adoration du Très-Saint-Sacrement, Poussielgue, Paris, 1881.

Très Sainte Trinité,
Père, Fils et Saint-Esprit,
je Vous adore profondément
et je Vous offre le très précieux Corps, Sang, Ame et Divinité de Jésus-Christ
présent dans tous les tabernacles du monde,
en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences
par lesquels il est Lui-même offensé.
Par les mérites infinis de Son Très Saint-Cœur
et du Cœur Immaculé de Marie,
je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs.
Prière de "l'Ange de l'Eucharistie" aux enfants de Fatima, automne 1916.

Dans le Saint Sacrement, je prétends que Dieu se montre dans la gloire et dans la force. Plus profond est l'abaissement, plus scandaleuse est la faiblesse, plus vive, plus pénétrante, plus triomphante est la démonstration de la gloire et de la force.
P. Jacques-Marie-Louis Monsabré (1827-1907), Exposition du dogme catholique, vol. XII.

Dans cet adorable Sacrement, Jésus réside en souverain, manifestant ses adorables perfections sous les dehors du plus total anéantissement. Il est le Dieu parfait et l'homme parfait ; l'infiniment grand et le Dieu de toute majesté, et s'il se réduit dans l'hostie aux proportions de l'atome, de l'infiniment petit, étant tout entier, dans chaque parcelle visible de l'hostie, il ne perd rien de sa souveraine grandeur, il appelle tous nos respects, nos dévouements et notre amour. Grâce à cette adorable petitesse, le plus petit de nos membres lui est un chemin spacieux pour arriver jusqu'au centre de nous-mêmes.
L'hostie c'est le chef-d'œuvre entre tous les chefs-d'œuvre de l'art d'un Dieu ; osons le dire, c'est la miniature de la beauté éternelle, pour l'âme de foi qui sait percer les voiles et découvrir son éclat ! Quoi de plus simple à l'extérieur ? Quoi, ce semble, de plus ordinaire ? Un peu de pain ! Mais sous cette apparence vulgaire, résultat de l'humilité et de la simplicité du Verbe incarné, quoi de plus merveilleux, de plus transcendant, de plus sublime que l'union de deux choses si opposées, dans le plus étonnant des mystères ?
[…]
Jésus au Très Saint Sacrement est tout à la fois grand et petit, riche et pauvre, triomphant et humilié, fort et faible, puissant et dépendant, libéral et indigent, immense et renfermé, immuable et changé, jouissant et souffrant d'une manière mystique, vivant et immolé, glorieux et dans l'ombre, beau et sans éclat, assis à la droite de son Père et enseveli dans le linceul des saintes espèces.
[…]
Aussi faut-il nécessairement conclure qu'il n'y a qu'un amour infini qui ait pu former une pareille conception, et qu'une puissance infinie qui ait pu la mettre à exécution. Mais l'amour et la puissance de Dieu sont sans bornes comme tous ses attributs, et lui seul est l'auteur de cette merveille si justement appelée par le prophète : « le résumé de toutes ses autres merveilles (Ps CX, 4). »
Sœur Marie-Aimée de Jésus (1839-1874), N.-S. Jésus-Christ étudié dans le Saint Evangile – Sa vie dans l'âme fidèle, t. VI, chap. 32, Carmel de Créteil, 1924 (3ème édition).

D'étranges petites inclinations se sont substituées à la prostration biblique de nos frères d'Orient ou à la génuflexion médiévale comme si, chez nous, l'amour du Christ était un peu atteint par les rhumatismes. Quelle chance pourtant : il y a Quelqu'un devant qui on peut s'agenouiller.
Bernard Bro, Peut-on éviter Jésus-Christ ?, Ed. de Fallois/ Ed. Saint-Augustin, Paris, 1995.

Au cours des temps, l'Eglise a introduit diverses formes de ce culte, chaque jour assurément plus belles et plus salutaires, comme par exemple les visites quotidiennes de dévotion au Saint Sacrement, la bénédiction du Saint Sacrement, les processions solennelles dans les villes et les villages, spécialement durant les Congrès eucharistiques, et les adorations publiques du Saint Sacrement. Ces adorations publiques sont parfois brèves, parfois aussi elles se prolongent jusque durant 40 heures ; en certaines régions, elles continuent toute l'année dans diverses églises à tour de rôle ; ou bien même elles sont assurées par des congrégations religieuses ; il n'est pas rare que des laïcs y participent. Ces exercices de piété ont contribué de manière étonnante à la foi et à la vie surnaturelle de l'Eglise militante ; par cette manière de faire, elle répond en quelque sorte à l'Eglise triomphante qui élève continuellement son hymne de louange à Dieu et à l'Agneau qui fut immolé (Ap 5, 12). C'est pourquoi, non seulement l'Eglise a approuvé ces exercices de piété propagés par toute la terre dans le cours des siècles, mais elle les a faits siens en quelque sorte et les a confirmés de son autorité. Ils sortent de l'inspiration de la sainte liturgie ; aussi, exécutés avec la dignité, la foi et la piété convenables requises par les prescriptions rituelles de l'Eglise, contribuent-ils sans aucun doute d'une manière importante à la vie liturgique.
Pie XII (1876-1958), Encyclique Mediator Dei, 20 novembre 1947, 2° partie, chap. 4.
Texte intégral (en italien)

Pour me garder du péché et ne pas me laisser m'éloigner de lui, Dieu utilise la dévotion du Sacré Cœur de Jésus au Saint Sacrement. Ma vie est destinée à être passée dans la lumière émanant du tabernacle, et c'est au Cœur de Jésus que j'ose aller pour trouver la solution à tous mes problèmes.
Jean XXIII (1881-1963).

L'Eglise Catholique fait profession de rendre ce culte d'adoration au Sacrement de l'Eucharistie non seulement durant la Messe mais aussi en dehors de sa célébration ; elle conserve avec le plus grand soin les hosties consacrées et les présente aux fidèles pour qu'ils les vénèrent avec solennité.
Que les fidèles ne négligent point, au cours de la journée, de rendre visite au Saint Sacrement qui doit être conservé dans les églises avec le plus d'honneur possible ; car la visite est, envers le Christ Notre Seigneur présent dans ce sacrement, une marque de gratitude, un gage d'amour et un hommage d'adoration qui Lui sont dus.
Paul VI (1897-1978), Encyclique Mysterium Fidei, 3 septembre 1965 (62 & 66).
Texte intégral

Les fidèles, lorsqu'ils adorent le Christ présent dans le Saint-Sacrement, doivent se rappeler que cette présence dérive du Sacrifice et tend à la communion tout à la foi sacramentelle et spirituelle.
En conséquence, la dévotion qui amène les fidèles à rendre visite au Saint Sacrement les rapproche toujours plus de la participation du Mystère Pascal.
Sacrée Congrégation des Rites, Eucharisticum mysterium, Instruction sur le culte de l’Eucharistie, 25 mai 1967, n.50.

164. L’adoration du Saint-Sacrement est une expression du culte chrétien envers l’Eucharistie, qui est particulièrement répandue, et que l’Église recommande vivement aux Pasteurs et aux fidèles.
Sa forme primitive peut être reliée à l’adoration qui suit la célébration de la Messe in Cena Domini du Jeudi Saint, devant les saintes Espèces déposées au reposoir. Cette adoration constitue une expression très élevée de la relation qui existe entre la célébration du mémorial du sacrifice du Seigneur et sa présence permanente dans les Espèces consacrées. La conservation des saintes Espèces, qui est motivée avant tout par la nécessité de pouvoir en disposer dans le but d’administrer le Viatique aux malades, a fait naître chez les fidèles l’habitude tout à fait louable de se recueillir devant le tabernacle pour adorer le Christ présent dans le Saint-Sacrement.
En effet, "la foi en la présence réelle conduit connaturellement à la manifestation extérieure et publique de cette même foi. (...) Aussi, la piété qui pousse les fidèles à se rendre près de la sainte Eucharistie les entraîne-t-elle à participer plus profondément au mystère pascal et à répondre avec reconnaissance au don de Celui qui, par son humanité, ne cesse de répandre la vie divine dans les membres de son Corps. Demeurant près du Christ Seigneur, ils jouissent de l’intimité de sa familiarité et, près de lui, ils lui ouvrent leur cœur pour eux-mêmes et pour tous les leurs, prient pour la paix et le salut du monde. Offrant leur vie entière au Père avec le Christ dans l’Esprit Saint, ils puisent à cet admirable échange une augmentation de leur foi, de leur espérance et de leur charité. Ils nourrissent donc ainsi les vraies dispositions leur permettant, avec la dévotion convenable, de célébrer le Mémorial du Seigneur et de recevoir fréquemment ce Pain qui nous est donné par le Père".
165. L’adoration du Saint-Sacrement, vers laquelle convergent des formes liturgiques et des expressions de la piété populaire, dont il est difficile de déterminer les limites, peut revêtir diverses modalités:
- la simple visite du Saint-Sacrement présent dans le tabernacle est une rencontre de courte durée avec le Christ, inspirée par la foi dans sa présence, et caractérisée par la prière silencieuse.
- l’adoration du Saint-Sacrement exposé, selon les normes liturgiques, dans l’ostensoir ou la pyxide, pour une durée brève ou prolongée;
- l’adoration désignée sous le nom d’Adoration perpétuelle, ainsi que celle dite des Quarante Heures, qui mobilisent une communauté religieuse tout entière, ou une association eucharistique, ou encore une communauté paroissiale, et qui sont des occasions de mettre en valeur de nombreuses expressions de la piété eucharistique.
Pendant ces moments d’adoration, il conviendra d’aider les fidèles à recourir à la Sainte Écriture, qui est un livre de prières incomparable, à employer des chants et des prières adaptés, à se familiariser avec quelques éléments simples de la Liturgie des Heures, à suivre le rythme de l’Année liturgique, et à demeurer dans la prière silencieuse. Ils comprendront ainsi progressivement qu’ils ne doivent pas insérer des pratiques de dévotion en l’honneur de la Vierge Marie et des Saints durant l’adoration du Saint-Sacrement. Toutefois, à cause du lien étroit qui unit Marie au Christ, la méditation des mystères de l’Incarnation et de la Rédemption du Rosaire peut contribuer à donner à la prière une orientation profondément christologique.
Congrégation pour le Culte divin et la discipline des Sacrements, Directoire sur la Piété populaire et la Liturgie, Décembre 2001.
Texte intégral

L'adoration du Christ dans ce sacrement d'amour doit trouver ensuite son expression en diverses formes de dévotion eucharistique : prières personnelles devant le Saint Sacrement, heures d'adoration, expositions brèves, prolongées, annuelles (quarante heures), bénédictions eucharistiques, processions eucharistiques, congrès eucharistiques.
L'animation et l'approfondissement du culte eucharistique sont une preuve du renouveau authentique que le Concile s'est fixé comme but, et ils en sont le point central. Et cela, vénérés et chers Frères, mérite que nous y réfléchissions spécialement. L'Eglise et le monde ont grand besoin du culte eucharistique. Jésus nous attend dans ce sacrement de l'amour. Ne mesurons pas notre temps pour aller le rencontrer dans l'adoration, dans la contemplation pleine de foi et prête à réparer les grandes fautes et les grands délits du monde. Que notre adoration ne cesse jamais !
Jean-Paul II (1920-2005), Lettre apostolique Dominicae Cenae sur le mystère et le culte de la Sainte Eucharistie, 24 février 1980 (3).
Texte intégral

Tout est possible si une nouvelle ère eucharistique devient ce qui anime la vie de l'Eglise. Que l'amour et l'adoration de Jésus dans le Saint Sacrement soient donc le signe le plus lumineux de notre foi !
Jean-Paul II (1920-2005), Discours au Congrès Eucharistique de Fortaleza, 9 juillet 1980, in Le Corps et le Sang du Christ, textes choisis par les moines de Solesmes, coll. "Ce que dit le pape", Le Sarment-Fayard, 1992.

Je vous dis donc : Soyez des adorateurs convaincus de l'Eucharistie, dans le plein respect des règles liturgiques, avec un sérieux, une piété et une intelligence qui n'ôtent rien à la familiarité et à la tendresse. […] Soyez donc toujours des âmes eucharistiques pour pouvoir être d'authentiques chrétiens.
Jean-Paul II (1920-2005), Homélie du 19 août 1979, in Le Corps et le Sang du Christ, textes choisis par les moines de Solesmes, coll. "Ce que dit le pape", Le Sarment-Fayard, 1992.

Lorsqu'on a découvert dans l'adoration eucharistique le Cœur de Jésus "toujours brûlant d'amour pour les hommes", comment pourrait-on se laisser séduire par des formes de méditation qui replient sur soi sans accueillir la Présence du Seigneur ? Comment pourrait-on être attiré par la prolifération de conceptions du sacré qui ne font que masquer un tragique vide spirituel ?
Jean-Paul II (1920-2005), Homélie pour la canonisation de Claude La Colombière, 31 mai 1992.
Texte intégral (en italien)

Puisse cette forme d'adoration se poursuivre aussi à l'avenir, afin que, dans toutes les paroisses et communautés chrétiennes, s'instaure de manière régulière une forme d'adoration de la Très Sainte Eucharistie.
Jean-Paul II (1920-2005), Homélie à Séville (2), 45ème Congrès Eucharistique international, juin 1993.
Texte intégral

Quand nous le contemplons, présent au Saint Sacrement de l'autel, le Christ se fait proche de nous et plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes. Il nous donne part à sa vie divine par une union transformante et, par l'Esprit, Il nous ouvre l'accès au Père, comme Il disait Lui-même à Philippe : Qui m'a vu a vu le Père (Jn 14, 9). (3)
La proximité avec le Christ, dans le silence de la contemplation, n’éloigne pas de nos contemporains mais, au contraire, elle nous rend attentifs et ouverts aux joies et aux détresses des hommes, et elle élargit le cœur aux dimensions du monde. Elle nous rend solidaires de nos frères en humanité, particulièrement des plus petits, qui sont les bien-aimés du Seigneur. Par l’adoration, le chrétien contribue mystérieusement à la transformation radicale du monde et à la germination de l’Évangile. Toute personne qui prie le Sauveur entraîne à sa suite le monde entier et l’élève à Dieu. Ceux qui se tiennent devant le Seigneur remplissent donc un service éminent ; ils présentent au Christ tous ceux qui ne le connaissent pas ou ceux qui sont loin de lui ; ils veillent devant lui, en leur nom (5).
J'encourage donc les chrétiens à rendre visite régulièrement au Christ présent dans le Saint Sacrement de l'autel, car nous sommes tous appelés à demeurer de manière permanente en présence de Dieu, grâce à Celui qui reste avec nous jusqu'à la fin des temps. (7)
Jean-Paul II (1920-2005), Lettre à Mgr Albert Houssiau, évêque de Liège, à l’occasion du 750ème anniversaire de la Fête-Dieu, 28 mai 1996.
Texte intégral (en italien)

Le culte rendu à l'Eucharistie en dehors de la Messe est d'une valeur inestimable dans la vie de l'Église. Ce culte est étroitement uni à la célébration du Sacrifice eucharistique. La présence du Christ sous les saintes espèces conservées après la Messe – présence qui dure tant que subsistent les espèces du pain et du vin – découle de la célébration du Sacrifice et tend à la communion sacramentelle et spirituelle. Il revient aux pasteurs d'encourager, y compris par leur témoignage personnel, le culte eucharistique, particulièrement les expositions du Saint-Sacrement, de même que l'adoration devant le Christ présent sous les espèces eucharistiques.
Il est bon de s'entretenir avec Lui et, penchés sur sa poitrine comme le disciple bien-aimé (cf. Jn 13, 25), d'être touchés par l'amour infini de son Cœur. Si, à notre époque, le christianisme doit se distinguer surtout par « l'art de la prière », comment ne pas ressentir le besoin renouvelé de demeurer longuement, en conversation spirituelle, en adoration silencieuse, en attitude d'amour, devant le Christ présent dans le Saint-Sacrement ? Bien des fois, chers Frères et Sœurs, j'ai fait cette expérience et j'en ai reçu force, consolation et soutien !
De nombreux saints nous ont donné l'exemple de cette pratique maintes fois louée et recommandée par le Magistère. Saint Alphonse Marie de Liguori se distingua en particulier dans ce domaine, lui qui écrivait : « Parmi toutes les dévotions, l'adoration de Jésus dans le Saint-Sacrement est la première après les sacrements, la plus chère à Dieu et la plus utile pour nous ». L'Eucharistie est un trésor inestimable : la célébrer, mais aussi rester en adoration devant elle en dehors de la Messe permet de puiser à la source même de la grâce. Une communauté chrétienne qui veut être davantage capable de contempler le visage du Christ, selon ce que j'ai suggéré dans les lettres apostoliques Novo millennio ineunte et Rosarium Virginis Mariæ, ne peut pas ne pas développer également cet aspect du culte eucharistique, dans lequel se prolongent et se multiplient les fruits de la communion au corps et au sang du Seigneur.
Jean-Paul II (1920-2005), Encyclique Ecclesia de Eucharistia, 25, 17 avril 2003.
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Pour vivre de l’Eucharistie, il faut, en outre, demeurer longuement en adoration devant le Très Saint-Sacrement, expérience que je fais moi-même chaque jour, y retirant force, consolation et soutien (cf. Ecclesia de Eucharistia, 25). L’Eucharistie, souligne le Concile Vatican II, "est la source et le sommet de toute la vie chrétienne" (Lumen gentium, 11), "la source et le sommet de toute l’évangélisation" (Presbyterorum Ordinis, 5).
Le pain et le vin, fruit du travail de l’homme, transformés par la puissance de l’Esprit Saint en corps et en sang du Christ, deviennent le gage d’un "ciel nouveau et une terre nouvelle" (Ap 21, 1), que l’Eglise annonce dans sa mission quotidienne. Dans le Christ, dont nous adorons la présence dans le mystère eucharistique, le Père a prononcé la parole définitive sur l’homme et sur son histoire.
L’Eglise pourrait-elle réaliser sa propre vocation sans cultiver une relation constante avec l’Eucharistie, sans se nourrir de cet aliment qui sanctifie, sans s’appuyer sur ce soutien indispensable à son action missionnaire ? Pour évangéliser le monde, il faut des apôtres "experts" en célébration, en adoration et en contemplation de l’Eucharistie.
Jean-Paul II (1920-2005), Message pour la Journée mondiale des Missions 2004, 19 avril 2004.
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La présence de Jésus dans le tabernacle doit constituer comme un pôle d’attraction pour un nombre toujours plus grand d’âmes pleines d’amour pour lui et capables de rester longuement à écouter sa voix et à entendre presque les battements de son cœur. « Goûtez et voyez : le Seigneur est bon ! » (Ps 33 [34], 9). En cette année, puisse l’adoration eucharistique en dehors de la Messe, constituer un souci tout spécial des communautés paroissiales et religieuses ! Restons longuement prosternés devant Jésus présent dans l’Eucharistie, réparant ainsi par notre foi et notre amour les négligences, les oublis et même les outrages que notre Sauveur doit subir dans de nombreuses parties du monde. Dans l’adoration, puissions-nous approfondir notre contemplation personnelle et communautaire, en nous servant aussi de textes de prière toujours imprégnés par la Parole de Dieu et par l’expérience de nombreux mystiques anciens ou plus récents ! Le Rosaire lui-même, entendu dans son sens le plus profond, biblique et christocentrique, que j’ai recommandé dans la Lettre apostolique Rosarium Virginis Mariæ, pourra être une voie particulièrement adaptée à la contemplation eucharistique, réalisée en compagnie de Marie et à son école.
Jean-Paul II (1920-2005), Lettre Apostolique Mane nobiscum Domine (18), pour l'année de l'Eucharistie, 7 octobre 2004.
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Il est émouvant pour moi de voir comment, partout dans l’Eglise, la joie de l’adoration eucharistique est en train de se réveiller, et que ses fruits se manifestent. Au cours de la période de la réforme liturgique, la Messe et l’adoration en dehors de la Messe étaient souvent considérées comme en opposition : le Pain eucharistique ne nous aurait pas été donné pour être contemplé, mais pour être mangé, selon une objection alors courante. Dans l’expérience de prière de l’Eglise s’est désormais manifestée le manque de sens d’une telle opposition. Augustin avait déjà dit : "...nemo autem illam carnem manducat, nisi prius adoraverit ;... peccemus non adorando - Que personne ne mange cette chair sans auparavant l’adorer ;... nous pécherions si nous ne l’adorions pas" (cf. Enarr ; in Ps 98, 9 CCL XXXOX 1385). De fait, dans l’Eucharistie nous ne recevons pas simplement quelque chose. Celle-ci est la rencontre et l’unification de personnes ; cependant, la personne qui vient à notre rencontre et qui désire s’unir à nous est le Fils de Dieu. Une telle unification ne peut se réaliser que selon la modalité de l’adoration. Recevoir l’Eucharistie signifie adorer Celui que nous recevons. Ce n’est qu’ainsi, et seulement ainsi, que nous devenons une seule chose avec Lui. C’est pourquoi le développement de l’adoration eucharistique, telle qu’elle a pris forme au cours du Moyen-âge, était la conséquence la plus cohérente du mystère eucharistique lui-même : un accueil profond et véritable ne peut mûrir que dans l’adoration. C’est précisément dans cet acte personnel de rencontre avec le Seigneur que mûrit ensuite également la mission sociale qui est contenue dans l’Eucharistie et qui veut briser les barrières non seulement entre le Seigneur et nous, mais également et surtout les barrières qui nous séparent les uns des autres.
Benoît XVI, Discours adressé à la curie romaine à l’occasion de la présentation des vœux de Noël, 22 décembre 2005.
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Une façon essentielle d'être avec le Seigneur est l'Adoration eucharistique. […] Le Seigneur, dans l'une de ses paraboles, nous parle du trésor caché dans le champ. Celui qui l'a trouvé, nous raconte-t-il, vend tous ses biens pour pouvoir acheter le champ car le trésor caché dépasse tout autre valeur. Le trésor caché, le bien au-dessus de tous les autres biens, est le Royaume de Dieu - c'est Jésus lui-même, le Royaume en personne. Dans l'Hostie sacrée, il est présent, le véritable trésor, que nous pouvons toujours atteindre. Ce n'est que dans l'adoration de cette présence que nous apprenons à le recevoir de façon juste - nous apprenons à dialoguer, nous apprenons de l'intérieur la célébration de l'Eucharistie. Je voudrais citer à ce propos une belle parole d'Edith Stein, la sainte co-patronne de l'Europe, qui écrit dans l'une de ses lettres : "Le Seigneur est présent dans le tabernacle avec divinité et humanité. Il est là, non pas pour lui-même, mais pour nous: car sa joie est d'être avec les hommes. Et parce qu'il sait que nous, tel que nous sommes, avons besoin de sa proximité personnelle. La conséquence pour tous ceux qui ont des pensées et des sentiments normaux est de se sentir attirés et de s'arrêter là à chaque fois et aussi longtemps que cela leur est permis" (Gesammelte Werke, VII, 136f). Nous aimons être avec le Seigneur ! Là, nous pouvons parler avec Lui de tout. Nous pouvons lui soumettre nos questions, nos préoccupations, nos angoisses. Nos joies. Notre gratitude, nos déceptions, nos requêtes et nos espérances. Là, nous pouvons également lui répéter toujours à nouveau : "Seigneur, envoie des ouvriers à ta moisson ! Aide-moi à être un bon ouvrier dans ta vigne !".
Benoît XVI, Homélie à la Basilique Sainte-Anne, Altötting, 11 septembre 2006.
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Déjà saint Augustin avait dit : « nemo autem illam carnem manducat, nisi prius adoraverit ;... peccemus non adorando – Que personne ne mange cette chair sans d'abord l'adorer ;... nous pécherions si nous ne l'adorions pas ». Dans l'Eucharistie, en effet, le Fils de Dieu vient à notre rencontre et désire s'unir à nous; l'adoration eucharistique n'est rien d'autre que le développement explicite de la célébration eucharistique, qui est en elle-même le plus grand acte d'adoration de l'Église. Recevoir l'Eucharistie signifie se mettre en attitude d'adoration envers Celui que nous recevons. C'est ainsi, et seulement ainsi, que nous devenons un seul être avec Lui et que nous goûtons par avance, d'une certaine façon, la beauté de la liturgie céleste. L'acte d'adoration en dehors de la Messe prolonge et intensifie ce qui est réalisé durant la Célébration liturgique elle-même. En fait, « ce n'est que dans l'adoration que peut mûrir un accueil profond et vrai. Et c'est bien par cet acte personnel de rencontre avec le Seigneur que mûrit ensuite la mission sociale qui est renfermée dans l'Eucharistie et qui veut briser les barrières non seulement entre le Seigneur et nous, mais aussi et surtout les barrières qui nous séparent les uns des autres ».
Avec l'assemblée synodale, je recommande donc vivement aux Pasteurs de l'Église et au peuple de Dieu la pratique de l'adoration eucharistique, qu'elle soit personnelle ou communautaire. A ce propos, une catéchèse adaptée, dans laquelle on explique aux fidèles l'importance de cet acte du culte qui permet de vivre plus profondément et avec davantage de fruit la célébration liturgique elle-même, sera d'une grande utilité. Dans les limites du possible, surtout dans les zones les plus peuplées, il conviendra de réserver tout spécialement à l'adoration perpétuelle des églises et des chapelles. En outre, je recommande que dans la formation catéchétique, en particulier dans les parcours de préparation à la Première Communion, les enfants soient initiés au sens et à la beauté du fait de se tenir en compagnie de Jésus, en cultivant l'admiration pour sa présence dans l'Eucharistie.
Benoît XVI, Exhortation Apostolique Post-Synodale Sacramentum Caritatis (67), 22 février 2007.
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Je voudrais saisir l’occasion qui m’est offerte par la solennité d’aujourd’hui [la Fête-Dieu] pour recommander vivement la pratique de l’adoration eucharistique aux pasteurs et à tous les fidèles. J’encourage les Instituts de Vie consacrée ainsi que les associations et les confraternités qui s’y consacrent de manière spéciale : ils rappellent à tous le caractère central du Christ dans notre vie personnelle et ecclésiale. Je me réjouis par ailleurs de constater que de nombreux jeunes découvrent la beauté de l’adoration aussi bien personnelle que communautaire. J’invite les prêtres à encourager les groupes de jeunes dans ce sens, mais également à les suivre afin que les formes d’adoration communautaire soient toujours appropriées et dignes, avec des temps adaptés de silence et d’écoute de la Parole de Dieu. Dans la vie d’aujourd’hui, souvent bruyante et chaotique, il est plus important que jamais de retrouver la capacité de silence intérieur et de recueillement : l’adoration eucharistique permet de le faire non seulement autour du « moi » mais en compagnie de ce « Tu » plein d’amour qui est Jésus Christ, « le Dieu qui nous est proche ».
Benoît XVI, Angélus, dimanche 10 juin 2007.
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Adorer le Dieu de Jésus Christ, qui, par amour s'est fait pain rompu, est le remède le plus valide et radical contre les idolâtries d'hier et d'aujourd'hui. S'agenouiller devant l'Eucharistie est une profession de liberté : qui s'incline devant Jésus ne peut et ne doit pas se prosterner devant aucun autre pouvoir terrestre, si fort fût-il. Nous, chrétiens, nous ne nous agenouillons que devant le Saint-Sacrement, parce que nous savons et nous croyons qu'en lui l'unique vrai Dieu est présent, lui qui a créé le monde et l'a tant aimé qu'il lui a donné son Fils unique.
Nous nous prosternons devant un Dieu qui le premier s'est incliné vers l'homme comme un bon Samaritain, pour le secourir et lui redonner la vie.
Adorer le Corps du Christ veut dire croire qu'en lui, dans ce morceau de pain, il y a réellement le Christ, qui donne un vrai sens à la vie, à l'immense univers et à la créature la plus petite, à toute l'histoire humaine comme à la plus brève existence. L'adoration est prière qui prolonge la célébration et la communion eucharistique et dans laquelle l'âme continue à se nourrir : à se nourrir d'amour, de vérité, de paix ; se nourrit d'espérance, parce que Celui devant lequel nous nous prosternons ne nous juge pas, ne nous écrase pas, mais nous libère et nous transforme.
Benoît XVI, Solennité du « Corpus Domini » (Fête Dieu), jeudi 22 mai 2008.