Le New-Age propose à l'adepte "d'élargir sa conscience". Il trouvera en même temps mieux-être personnel et accès à la Connaissance. Quelques techniques de base lui sont proposées pour cela : méditation, relaxation, yoga, sophrologie… Le danger de la contemplation narcissique y est évident. Est-il besoin de préciser que la sérénité naturelle induite par ces techniques (yoga, zen, etc.) - qui provoquent la dissolution de la conscience personnelle - n'a rien à voir avec la Paix surnaturelle de l'Esprit ? Celle-ci ne nécessite pas un recours à des "techniques" humaines pour être accueillie. Et il n'y a pas plus de yoga chrétien qu'il n'y a d'oraison hindoue ou bouddhiste. Par ailleurs, les sensations du corps éprouvées lors de ces séances de "relaxation" sont volontairement ou non confondues par les pratiquants avec de soi-disant phénomènes spirituels… Le New-Age ayant largement puisé dans les philosophies bouddhiste et hindouiste les éléments constitutifs de ces techniques de méditation, il semble important d'étudier succinctement mais précisément ce qu'il en est véritablement en Orient. Le Bouddhisme tout d'abord. Pour le bouddhiste, la vie en ce monde est douleur. La seule quête spirituelle possible consiste donc à s'en échapper. Dans son premier sermon à Bénarès, Siddharta Gautama devenu Buddha (= éveillé) dira qu'il faut arracher les hommes à la souffrance, le seul moyen efficace pour parvenir à ce but étant l'extinction du désir : "L'extinction du désir, l'extinction de la haine, l'extinction de l'illusion (causes ou fruits du désir), cela, ô moines, est appelé l'absolu. [...] Ne te laisse pas abuser, Ananda, la vie est une longue agonie. [...] N'attendez rien des dieux impitoyables... Attendez tout de vous-mêmes, en n'oubliant pas que chaque homme crée sa prison, et que chacun peut acquérir un pouvoir supérieur à celui d'Indra lui-même." (Indra est le Roi des dieux dans le védisme-hindouisme). L'homme étant défini comme son propre maître, c'est donc par son effort personnel qu'il supprimera la souffrance, en passant par l'extinction du désir. Ashvaghosa, l'un des maîtres actuels du bouddhisme tibétain en France, explicite ainsi l'idée de l'impermanence des choses, et de l'illusion de la vie : "Toute existence est comme une réflexion dans un miroir, sans substance, un simple fantôme de l'esprit. [...] Les idées cessant, le monde se termine aussi [...]. Tous les phénomènes ont leur origine dans l'esprit et n'ont réellement aucune forme extérieure : c'est une erreur de croire que quelque chose est là." Rien n'existerait donc en dehors de l'esprit. Nagarjuna, autre maître du bouddhisme en France, va encore plus loin : "L'océan du sans formes est à la base de toutes les formes... Il n'y a ni naissance ni mort, ni unité ni pluralité. Tout est illusion, tout est Vide. Cette vacuité n'est ni l'être ni le non-être, ni le néant..." Il y a là identification du Vide et de l'esprit pur, dans l'unique Réalité. On retrouve cette approche de la Réalité bouddhique dans le Livre des Morts tibétains (Bardo-Thödol) : "Tu vas connaître la Réalité, dans l'état de Bardo où toutes choses sont comme le ciel vide sans nuages (la Sagesse du Miroir), et où l'intelligence nue et sans tache est comme une vacuité transparente sans circonférence ni centre (la Sagesse du Vide)..." Dans ce monde d'illusion, les dieux mêmes ne sont que création de l'esprit de l'homme : "Puisses-tu reconnaître que toute apparition (toute déité) est une réflexion de ta propre conscience. [...] Puisses-tu ne pas craindre les troupes des divinités paisibles et irritées qui sont tes propres formes-pensées." Une dernière citation permettra de situer parfaitement la pensée bouddhique relative à la nature de l'esprit. Nous l'emprunterons au Lama Denis Teundroup, disciple européen de Kalou Rinpoche, et "père-abbé" du monastère de Karma-ling (cité in "Les Racines du Monde", de Jean Denis, 1993) : "L'enseignement bouddhique propose la compréhension de ce qui est intérieur à nous-mêmes : l'esprit. Le bouddhisme est donc ce qu'on peut appeler une voie d'intériorité. [...] Cette pratique est fondée sur la méditation, c'est-à-dire l'expérience d'une relation juste à notre vécu intérieur et extérieur, à toutes nos expériences. [...] Nous portons en nous la racine de nos conditionnements et de nos souffrances, tout comme nous portons en nous l'éveil, la nature du Buddha, l'état fondamental de l'esprit au-delà du jeu des projections de l'ego. [...] Dans la méditation bouddhique, il n'y a plus ni sujet ni objet, mais l'expérience immédiate d'une réalité non dualiste. Car ne n'est plus l'intellect qui perçoit, mais une qualité énergétique particulière, permettant l'unification de l'esprit par la libération des projections conditionnées de l'ego. La connaissance transcendante est la découverte de l'expérience non dualiste en laquelle l'esprit est auto-connaissant, il est le sujet et l'objet de sa propre connaissance. [...] Cette connaissance est au-delà des concepts et au-delà de toutes les formulations. Le pur esprit irradiant en lui-même est le corps de la divinité, une luminosité vide, l'absence de toute fixation, tout comme l'expérience de la lune dans l'eau. Son mode d'être essentiel est vacuité, liberté vis-à-vis de toutes les catégories du mental. [...] Sans origine, sans fin et sans localisation spatiale, elle est immortelle, c'est l'intelligence fondamentale, la merveille des merveilles." Ne perdons jamais de vue la différence entre ces deux termes : fusion et union, celui-ci supposant deux objets à unir, principe de la dualité. On voit donc ici affirmée le principe de la non dualité, associé à l'état de vacuité qui caractérise la pureté acquise de l'esprit. Nous sommes bien aux antipodes du christianisme. Mais retenons ces formulations : elles seront reprises (et déformées) par tous les gourous new-age... L'Hindouisme ensuite. Nous retrouvons la notion de non-dualité, mais cette fois dans l'intime identification entre le Soi (le moi profond de l'être humain, l'âtman selon le terme hindou sanskrit) et l'Esprit immortel, le Principe Unique, l'Absolu : le Brahman. L'Upanishad, écrit du VIII° siècle avant Jésus-Christ, définissait ainsi cette double "qualité" du Brahman : "Il y a en vérité deux aspects du Brahman : le corporel et l'incorporel, le mortel et l'immortel, le fixe et le mobile, le sensible et le transcendant." (2, 3, 1). Pour parvenir à saisir cette unicité au plus profond de lui-même, l'hindou est appelé à pratiquer le yoga, discipline qui lui ouvre le chemin de l'intériorité. Shankara écrit ainsi au VIII° siècle de notre ère : "Le Soi est Brahman [...] le Soi est tout cet univers. Rien d'autre n'existe que le Soi... Je suis Brahman !" ("Shankara et le Vedanta" de Paul Martin-Dubost, Paris, Le Seuil, 1973). Et cette identification à l'Absolu atteint son sommet dans les lignes qui suivent, extraites d'un poème de Shankara : "Je ne connais ni la mort, ni le doute, ni les distinctions de castes. Point de père, point de mère. Je n'ai jamais pris naissance. Je n'ai aucun ami, aucun parent, point de maître, point de disciple. Je suis Intelligence et Félicité pures..." (op. cit.) Etre, Intelligence et Félicité (Sac-Cid-Ananda), triple qualité du Brahman, unifié ici au Soi de Shankara. Un autre élément de la croyance hindoue est à prendre en compte : le samsara, principe de la réincarnation. Dans la Bhagavad-Gita, Vishnu - créateur et destructeur des cycles du monde - s'exprime ainsi : "Les mondes sont assujettis aux retours [..]. Quand on sait que la durée complète d'un "jour de Brahman" est de mille éons, et de mille éons sa nuit, on connaît vraiment ce qu'est un cycle cosmique. [...] Cette multitude des êtres, lorsqu'elle est venue encore et encore à l'existence, se résorbe malgré soi, quand vient "la nuit" ; elle surgit à nouveau quand revient "le jour"." (VIII, 16-19). Cycle des mondes, cycle de la vie des êtres. Toujours dans la Bhagavad-Gita, est explicité ce retour incessant à l'existence : "En vérité, jamais ne fut le temps où je n'étais point, et plus tard ne viendra pas celui où je ne serai pas. Comme l'âme passe physiquement à travers enfance et jeunesse et vieillesse, ainsi passe-t-elle à travers les changements de corps. Le sage ne s'y trompe pas. [...] Les corps ont une fin ; l'esprit qui s'y incarne est éternel, indestructible, incommensurable. [...] A la façon d'un homme qui a rejeté ses vêtements usagés et en prend d'autres, neufs, l'âme incarnée, rejetant son corps usé, voyage dans d'autres qui sont neufs. [...] En vérité, pour qui est né, la mort est certaine et certaine la renaissance pour qui est mort..." (II, 12-13, 18, 22, 27) Notons au passage que pour ce qui concerne la connaissance de ces vies antérieures, très en vogue dans tous les mouvements New-Age, hindouistes et bouddhistes restent extrêmement réservés. Tel le Lama Denis Teundroup déjà cité, qui rappelle que "en ce qui concerne les souvenirs des vies antérieures que prétendent avoir les êtres ordinaires, le bouddhisme demeure très réservé. Il n'est pas possible de distinguer ce qui peut être authentique de la pure affabulation ou hallucination. Dans le doute, mieux vaut traiter ce genre de phénomènes comme des projections illusoires, ce qui évite de délirer." (cité in "Les Racines du Monde", de Jean Denis, 1993). Les Maîtres du New-Age n'étant pas des "êtres ordinaires", il est bien évident qu'ils peuvent ne pas se sentir concernés par cette prudente mise en garde... On l'aura compris, cette perspective de réincarnations infinies n'a rien de réjouissant. Les philosophies orientales ont donc axé la quête de l'être humain sur la Délivrance de cet enchaînement (au sens strict du terme) des réincarnations. Cette délivrance est appelée moksha. Reprenons la Bhagavad-Gita : "Les sages adonnés à la vigilance, détachés du fruit des actes, sont libérés du lien des renaissances [...]. L'homme qui, abandonnant tout ses désirs, va et vient, libre d'attachement, ne dit plus : C'est à moi, ni Je ; celui-là accède à la paix [...], ne s'égare plus [...] ; à l'heure ultime il atteint le Brahman." (II, 51, 71-72) "Ceux pour qui la connaissance détruit l'inconnaissance, pour eux la connaissance tel un soleil, illumine la réalité suprême. Tendus vers elle d'un esprit vigilant, s'identifiant à elle, ayant en elle leur fin ultime, ils arrivent à l'état où il n'y a plus de retour [...]. Le Sage, tendu vers la Délivrance, sa fin ultime, est dépris du désir, de la crainte, de la colère ; il est libéré à jamais." (V, 16-17, 27-28). La quête spirituelle de l'oriental consiste donc à échapper à la roue des réincarnations. Au bout du voyage : le Vide pour le bouddhisme, et la fusion avec le Brahman pour l'hindouisme. Il peut évidemment sembler étrange qu'une telle perspective ait pu trouver écho en Occident, mais comme nous avons commencé à le voir, pour masquer la lourdeur de cette loi implacable, les porte-parole du mouvement New-Age n'ont pas manqué d'arguments... tous aussi fallacieux que trompeurs. Revenons donc à leur écoute. Méditations Nouvel Age L'individualisme spirituel qui caractérise ces pratiques de méditation présentées par les groupements New-Age, est toujours masqué par un vocabulaire chatoyant, qui enveloppe d'un papier cadeau rutilant ces méditations "unifiantes", censées agir pour le mieux-être de la planète tout entière. Un succédané de charité, passive, édulcorée, et de surcroît pratiquée à distance ! En voici un exemple, avec la "Méditation du Pissenlit" proposée par Daniel Meurois sur son site internet (http://pro.wanadoo.fr/bdvrevue/Pissenlit.html). On y retrouve les incontournables références au passé lointain et inconnu (les "peuples du soleil"), les termes empruntés à l'Orient ("prâna", mot qui désigne dans le monde hindouiste l'ensemble des énergies qui circulent en l'homme), et les formulations habituelles du New-Age ("ouvrez votre âme", "l'écran de votre conscience", "visualisation", "harmonie", etc.) : "Voici une vieille façon d'agir utilisée autrefois chez les peuples du Soleil. Ce n'est pas une technique mais un moyen d'ouvrir la nouvelle ère du Don. Nous la nommons la Méditation du pissenlit. Elle voyagera à nouveau de poitrine en poitrine. Voici : asseyez-vous à même le sol et les pieds déchaussés. Lorsque vous serez calme et relaxé, ouvrez votre âme, écoutez le silence et sentez la lumière du prana tourner autour de vous. Ensuite, commencez à projeter sur l'écran de votre conscience la sphère duveteuse d'un pissenlit prêt à essaimer. Visualisez bien les milles graines dans toute leur perfection et chargez chacune d'elles de toutes les qualité dont la Terre a soif. Ainsi rayonneront la graine de l'harmonie, celle de la tolérance, de l'amour inconditionnel, de la Paix et de tous les trésors qu'un cœur peut contenir et générer. Lorsque la sphère duveteuse sera ainsi chargée de ces messages, avec votre "souffle intérieur", éparpillez-les et voyez-les se disséminer à travers les cieux des cent contrées de la Terre et y déverser leur suc..." Cette émission à distance de "bonnes vibrations", "d'ondes harmonieuses", "d'énergie positive"… remplace ainsi avantageusement pour l'adepte du New-Age l'épuisante charité du christianisme, qui a fait se dévouer depuis des siècles auprès des plus pauvres des St Vincent de Paul, Mère Teresa, curé d'Ars et tant d'autres encore… "Moi d'abord" : si je vais bien, le monde ira mieux, donc je ne m'occupe que de moi. Voilà ce dont on a convaincu l'adepte, qui ne doit avoir pour seule préoccupation que son bien-être, son évolution spirituelle, son destin. Et plongé dans cet égocentrisme spirituel, le "new-ager" est bien persuadé d'aimer l'humanité entière… Par ailleurs, notez qu'au cours de cette méditation, c'est le cœur qui génère de lui-même les trésors d'amour qu'il va diffuser autour de lui… L'homme est considéré comme un petit dieu, capable de toutes les merveilles, de toutes les réalisations, de tous les "possibles". Cette auto-déification est une constante nous l'avons dit de la philosophie New-Age. Elle rejoint ici la philosophie hindouiste, qui recherche la fusion du Moi et du Soi, refusant toute idée de dualité (d'altérité), et donc d'un rapport Créateur – créature. C'est la raison pour laquelle il n'est jamais question de Dieu dans les doctrines New-Age, mais tout au plus de la "Divinité", vaste concept indéfinissable, que les différents "gourous" se gardent d'ailleurs bien de préciser davantage… Egalement empruntée à l'Orient, une affirmation telle que "Ce que vous vivez sur terre, n'est qu'illusion", trouvée sur le site de L'éveil à la conscience (http://net.addr.com/eveil/index.htm) (dont le logo est un magnifique arc-en-ciel…). Sur ce même site, on trouve d'autres citations telles que : "Au sujet de vos croyances : Vous croyez à certaines choses mais des quantités de gens croient complètement autre chose et même le contraire. Les croyances ne sont pas la réalité. Tous ceux qui deviennent conscients découvrent la réalité." Autrement dit, votre foi ne vaut rien, puisque d'autres personnes ont une foi différente de la vôtre… "Jésus leur dit : « Je suis le pain de vie. Qui vient à moi n'aura jamais faim ; qui croit en moi n'aura jamais soif »." (Jean 6, 35) "« En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit a la vie éternelle »." (Jean 6, 47) "Jésus l'a dit, il l'a clamé : « Qui croit en moi, ce n'est pas en moi qu'il croit, mais en celui qui m'a envoyé. […] Moi, lumière, je suis venu dans le monde pour que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres »." (Jean 12, 44-46) On y lit aussi : "La connaissance est pratique, concrète et vécue. La connaissance est l'expérience d'une certaine réalité. La connaissance vécue par l'expérience directe procure la conscience." … Comment ne pas avoir pitié de cet auteur, qui ignore que "l'amour du Christ surpasse toute connaissance" (Ep 3, 18) ! Ce même site propose tout un panel de méditations ("méditation sur l'opulence", "méditation sur la lumière dorée", "méditation avec le symbole de la pyramide"), et de nombreuses méditations suggérées par les "Etres de Lumière"… Particulièrement remarquable est la "Méditation Merkabah", qui permet, après une longue séance de "toucher de doigt" et de respirations cadencées en 7 secondes, de pénétrer dans les "vibrations de la 5° dimension" (la quatrième dimension est complètement dépassée !). mais parvenu à ce degré, "L'Energie est multipliée par mille, mais attention aux pensées, elles sont très puissantes."… Ah, la puissance de la pensée, voilà décidemment un appât bien classique, sous couvert de charabia ésotérico-magique ! Sur le site Shakti (http://perso.wanadoo.fr/revue.shakti/pres.htm), "Revue encyclopédique de spiritualité, élaborée dans le respect de toutes les religions et à la lumière des enseignements ésotériques" (mais typiquement New-Age !), il nous est proposé cette citation de Saï Baba : "Si l'homme désire transformer sa vie intérieure comme extérieure en une vie de splendeur, la méditation est la meilleure discipline spirituelle qu'il puisse adopter." Notez bien : la méditation, pas la prière. Sur ce même site, l'on nous rappelle que méditer, c'est "simplement être, sans activité, sans pensée, sans émotion." (Osho Rajneesh, in "Techniques de méditation"). Et la citation suivante de Benjamin Creme (né en 1922, l'une des références incontournables aujourd'hui du Nouvel Age), précise ce qu'il en est (in "La Transmission, une méditation pour le Nouvel Age") : "La prière dans sa forme ordinaire est l'expression d'une supplication habituellement manifestée par l'intermédiaire du plexus solaire. Dans sa forme la plus élevée, la prière est aspiration ; plus l'aspiration est élevée, plus elle fait appel à l'activité du cœur. La méditation est une méthode visant à faire passer la personnalité sous le contrôle de l'âme. Par la méditation, un pont est édifié entre le cerveau physique et l'âme". La prière, acte d'amour. La méditation, oubli du cœur. Au-delà du jargon ésotérico-new-age de l'auteur, on ne pouvait mieux résumer l'antinomie de la pratique chrétienne et de celle du Nouvel Age ! On retrouve également sur cette page internet de nombreuses allusions au "Traité sur la Magie Blanche" d'Alice Bailey, qui fait également référence dans ce milieu. Plus instructive sur ce site est la présentation des différentes formes de méditations : "méditation Zen", "Kriya Yoga", "méditation transcendantale", "méditation de transmission", "méditation sur la Lumière", etc.. Notons au passage que le Yoga semble avoir été introduit en France dès les années 1930 par un certain Félix Guyot (1880-1960), qui venait de publier à Londres sous le pseudonyme de C. Kerneiz un ouvrage intitulé "Yoga for the West" (Rieder, London). Il publie à Paris des articles dans la revue "Le Lotus bleu" (organe de liaison de la Société Théosophique), et tient la rubrique astrologique du "Journal de la Femme". C'est à la même époque que Jean Herbert (1897-1980) fait connaître en France les "Maîtres" de l'Hindouisme. Les cours dispensés par Kerneiz rencontrent un grand succès, cours destinés comme il le déclare lui-même dans la préface de son livre "à celui qui, en désaccord fondamental avec son milieu, douloureusement insatisfait de la vie tant dans ce qu’elle lui donne de bon que dans ce qu’elle lui donne de mauvais, a ressenti l’appel de l’Absolu"… L'expression "douloureusement insatisfait de la vie" sera reprise par les marchands de stages, ateliers, conférences et initiations de tout poils, nous le verrons au chapitre "maladie-guérison". L'on apprend donc sur ce site internet cité plus haut que dans la "Méditation transcendantale", "l'énergie provient d'un Maître de la Hiérarchie, comme Guru Dev par exemple", qu'elle a été introduite en occident par Maharishi Mahesh Yogi, et qu'elle aurait 4 millions d'adeptes dans le monde entier, dont 50.000 en France… On devient pratiquant à la suite d'une cérémonie d'initiation, au cours de laquelle est attribuée "les yeux dans les yeux" un "mantra", qui sera aussi personnel que secret… "Initiation", "secret", voilà les mots choisis pour attirer l'adepte potentiel. Mais pour compléter l'attirail, l'accès aux pouvoirs surnaturels est indispensable : "La méditation peut, selon le niveau du méditant, engendrer des phénomènes "surnaturels" décrits par Patanjali (puissance, omniscience, invisibilité, lévitation...)." "Vous serez comme des dieux…" (Gn 3,5) ! Dans la "Méditation de transmission" signalée plus haut – "méditation de service tournée vers l'humanité dans son ensemble", "L'énergie est contrôlée par les Maîtres de la Hiérarchie. Elle est disponible dès la récitation de la Grande Invocation... L'essentiel du travail est accompli par les Maîtres." Nous expliciterons cette référence à la "Hiérarchie" un peu plus loin. Qu'est-ce que cette "Grande Invocation" ? Un ersatz de prière, divisé en strophes, où l'on lit des phrases telles que "Du point de Lumière dans la Pensée de Dieu, que la lumière afflue dans la pensée des hommes", "Que le dessein guide le faible vouloir des hommes, le Dessein que les Maîtres connaissent et servent", "Que Lumière, Amour et Puissance restaurent le Plan sur la Terre."… Et Benjamin Creme de conseiller, en récitant la Grande Invocation, "de visualiser le Bouddha pour la 1ère strophe, le Christ pour la seconde et une boule de lumière blanche pour la troisième"… On voit apparaître pour la première fois cette "Invocation" dans "L'état de disciple dans le Nouvel Age" d'Alice Bailey, livre qu'elle a rédigé comme tous les autres sous la dictée d'un "Guide spirituel invisible", Djawhal Kuhl, "grand esprit de la Fraternité Blanche Universelle". Cette invocation y est présentée comme étant appelée à remplacer le "Notre Père"… Le dernier ouvrage qu'Alice Bailey écrit sous la dictée de D.K. se termine par cet appel : "Puissent la lumière, l'amour et le pouvoir briller sur votre chemin, et puissiez-vous, en temps voulu et le plus tôt possible, vous tenir devant l'Initiateur…" "Initiation", "pouvoir" : nous sommes toujours dans ce même schéma d'une ascension forcée, où sous couvert d'amour universel, on amène l'adepte sur ce terrible chemin de l'orgueil spirituel… Peut-être plus grave encore – mais il semble n'y avoir pas de limite dans ce domaine que nous avons abordé… - est la "Méditation sur la lumière", proposée par Saï Baba. Inutile de détailler le long déroulement de cette méditation. Signalons seulement que le méditant la conclut par cette affirmation, énoncée lentement : "Le Père et Moi sommes un, Je suis un avec Jésus et avec le Père, Je suis Divin, Je suis Celui qui Suis : SO-HAM SO-HAM SO-HAM, JE-SUS JE-SUS JE-SUS." Est-il nécessaire de rappeler que "Je suis celui qui suis" est la traduction (si tant est que cette traduction soit possible…) des quatre lettres hébraïques du Tétragramme sacré, du Nom imprononçable de Dieu, qu'entendit Moïse sur le Mont Sinaï ? Nous reparlerons de Saï Baba un peu plus loin. "Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas la charité, je ne suis qu'airain qui sonne et cymbale qui retentit. Quand j'aurais le don de prophétie et que je connaîtrais tous les mystères et toute la science, quand j'aurais la plénitude de la foi, une foi à transporter des montagnes, si je n'ai pas la charité, je ne suis rien…" (1 Cor 13, 1-3) Signalons encore le "site de Jésus-Christ" (http://www.lechrist.net/siteFRF/sitechristFR.htm), site "purement divin", qui "vous propose de vivre un moment énergétique privilégié avec celui qui 2000 ans après fait encore parler de lui tellement son passage a marqué les humains". Sur ce site est proposée une méditation mensuelle, "face à l'est, séance vibratoire de 20 mn maximum. Ne manquez pas de rendre Grâces à la Divinité pour ce moment Divin". Le texte de la méditation est court, tel celui-ci : "Merci Christ de m'avoir libéré de toutes mes illusions", texte sous lequel est précisé que "L'année 2002 correspond à l'année chinoise, Cheval Eau, l'année la plus prospère de l'astrologie chinoise. Cette année Cheval Eau ne revient que chaque 59 ans." A noter que l'on retrouve ces même phrases sur le site internet (http://www.eileen-caddy.net/francais/) d'Eileen Caddy (voir plus loin), dont celui-ci dépend directement… Avec une adresse internet qui mentionne explicitement le Christ (lechrist.net), le piège est plus grand encore… Quelques sites s'annonçant comme "catholiques" n'échappent pas à cette tentation du syncrétisme, et aux pièges tendus par la vague du Nouvel Age. Témoin ce site (http://perso.wanadoo.fr/famille.delaye/Textes/fenetre_ouverte.htm) où l'on trouve après des pages d'Evangile, des Psaumes et des citations de saint Jean de la Croix, d'autres textes bien loin du catholicisme, parmi lesquels "Bouddha vivant, Christ vivant" de Thich Nhat Hanh ("le bouddhisme n'est fait que d'éléments non-bouddhiques, dont les éléments chrétiens, et le christianisme est fait d'éléments non-chrétiens, dont des éléments bouddhistes" … "Quand nous sommes calmes, quand nous regardons profondément en touchant la source de notre vraie sagesse, nous touchons le Bouddha vivant et le Christ vivant en nous-mêmes et en chaque personne que nous rencontrons"…), quelques "logions" de l'Evangile apocryphe de Thomas, ou encore ce texte de Krishnamurti (1895-1986) dont nous reparlerons plus loin, concernant précisément la méditation : "Ecoutez le mouvement de vos pensées ; ne les contrôlez pas, ne les façonnez pas, ne dites pas : "Celle-ci est bonne, celle-là est mauvaise." Mais accompagnez-en le mouvement. C'est cela, la conscience dénuée de tout choix, de toute condamnation, comparaison ou interprétation, et qui n'est qu'observation. Voilà qui rend l'esprit hautement sensitif." Nous sommes là dans une autre constante du New-Age : si le Bien et le Mal sont reconnus dans l'Absolu, ils n'ont aucune existence sur le plan relatif. Voilà qui explicite un peu mieux encore le succès rencontré par cette philosophie du Nouvel Age… Mais à qui peut profiter cette suppression de la distinction entre le bien et le mal, sinon au maître du Mal lui-même…? "Les exercices corporels, eux, ne servent pas à grand-chose : la piété au contraire est utile à tout, car elle a la promesse de la vie, de la vie présente comme de la vie future." (1 Tim 4, 8) Il y a, c'est exact, bien des étapes, des degrés, sur le chemin de l'amour. Mais nul besoin d'initiation pour les parcourir : ce cheminement – qui est aussi un "dépouillement" - s'accomplit au fur et à mesure de notre abandon confiant entre les mains du Père, sur les pas de Jésus-Christ sur le chemin de la Croix. Ce n'est pas la connaissance qui fait grandir, c'est l'Amour ! "Si tu es unifié, tu seras unifiant ; si tu es pacifié, tu seras pacifiant. Aime-toi humblement et fièrement de l'amour dont Dieu t'aime, et à partir de là, aime ton prochain comme toi-même. Aime-toi jusqu'à l'oubli de toi. Il y a l'amour qui reçoit, l'amour qui partage, l'amour qui donne, l'amour qui se donne, et enfin l'amour qui s'immole. Dieu t'attend jusque là." (Frère Pierre Marie, Supérieur des Fraternités monastiques de Jérusalem, in "Le Livre de Vie"). "Qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera" (Mat 10, 39 & 16, 25 – Marc 8, 35 – Luc 9, 24 & 17, 33). "Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis" (Jean 15, 13). Il est également important de bien noter la différence entre l'extase et l'enstase, telle que les définissait très bien Mircea Eliade : dans l'extase, le mystique est "ravi" hors de lui-même vers le Bien-Aimé. Dans l'enstase, l'adepte rentre complètement en lui-même, pour atteindre l'expérience impersonnelle du pur acte d'exister. L'extase appartient à la mystique chrétienne, l'enstase est spécifiquement "new-age". "Apprends à rechercher toutes les réponses en toi" lit-on dans "La petite voix" d'Eileen Caddy (titre original : "Opening Doors Within"). "Eileen Caddy est une référence pour tous ceux qui veulent accéder à une nouvelle conscience" lit-on sur la page d'accueil de son site internet. On y trouve surtout une véritable invitation à rejoindre le Nouvel Age : "Un nouveau concept est comme une graine plantée dans la chaleur de ta maison. La graine ne peut être retirée directement de cette atmosphère tant qu'elle n'est pas assez forte pour être plantée là où elle doit résister aux éléments extérieurs. Il en est de même avec un nouveau concept: il ne peut être sorti comme un lapin d'un chapeau par un prestidigitateur. Lui donner substance et forme prend du temps. Il doit être testé sur un petit nombre avant de pouvoir être donné à tous. Cela demande un grand amour et une grande patience; cela demande de la consécration et du dévouement. Ce processus est ce qui se passe en ce moment avec le Nouvel Age. C'est tout neuf. Beaucoup de nouvelles idées et de nouveaux concepts sont en train de naître, et chacun doit être testé, compris, aimé et chéri. Si tu es un pionnier du Nouvel Age, tu dois être prêt à aller de l'avant sans peur et être prêt à essayer le plus neuf du neuf." Tout tenter, et ne rien craindre dans le domaine de l'expérimentation… Voilà la porte ouverte à tous les dangers, sous couvert de "dévouement" à la cause de l'ère nouvelle. A qui profite le crime ? De même Paolo Coelho invite-t-il son lecteur à suivre sa "légende personnelle" dans "L'Alchimiste" (1994), livre vendu à près de 10 millions d'exemplaires et traduit en trente-quatre langues... Vous noterez au passage que la première scène de ce livre se déroule devant une petite église en ruine, image bien révélatrice de la pensée de l'auteur : "Le toit s'était écroulé depuis longtemps et un énorme sycomore avait grandi à l'emplacement où se trouvait autrefois la sacristie…" Et un peu plus loin il ajoute : "Il avait étudié la théologie, mais connaître le monde, c'était là quelque chose de bien plus important que de connaître Dieu ou les péchés des hommes." Voilà l'intention clairement posée ! Revenons à la "Légende personnelle" : "Le jeune homme ne savait pas ce que voulait dire "Légende Personnelle". "C'est ce que tu as toujours souhaité faire. Chacun de nous, en sa prime jeunesse, sait quelle est sa Légende Personnelle. A cette époque de la vie, tout est clair, tout est possible, et l'on n'a pas peur de rêver et de souhaiter tout ce qu'on aimerait faire de sa vie. Cependant, à mesure que le temps s'écoule, une force mystérieuse commence à essayer de prouver qu'il est impossible de réaliser sa Légende Personnelle. […] Il y a une grande vérité en ce monde : qui que tu sois et quoi que tu fasses, lorsque tu veux vraiment quelque chose, c'est que ce désir est né dans l'âme de l'Univers. C'est ta mission sur la Terre.[…]. Accomplir sa Légende Personnelle est la seule et unique obligation des hommes. Tout n'est qu'une seule chose. Et quand tu veux quelque chose, tout l'Univers conspire à te permettre de réaliser ton désir..." Voilà le seul chemin offert à l'homme : assouvir ses désirs… Tel est le condensé de ce message qui a fait le tour du monde… terrifiant ! "Relâche-toi et laisse-Moi prendre les rênes. Pourquoi ne pas jouir de la vie ?" insiste la "Petite Voix" d'Eileen Caddy. Comment résister à une philosophie aussi permissive, qui prône la jouissance passive et l'autosatisfaction ? L'hédonisme reste sous-jacent dans bien des aspects de la philosophie Nouvel-Age : priorité accordée au plaisir et à la liberté sans frein, au mépris de toute morale, naturelle ou chrétienne. Et tandis que les médias se pâment d'admiration devant ces livres, l'on s'étonne de voir la jeunesse braver toute forme d'autorité et réclamer toujours plus de liberté et moins de contraintes… On pourra lire avec intérêt sur ce sujet "Hédonisme ou Christianisme ?" de Maurice Caillet, médecin, chirurgien, et ancien franc-maçon, qui a vécu à 50 ans un retournement "inattendu" de sa vie en découvrant le message libérateur de l'Evangile… Sainte Thérèse de Lisieux disait de la prière qu'elle est un "dialogue d'amour avec Dieu", et le Padre Pio "un cœur à cœur avec Dieu". Est-il besoin de techniques pour apprendre à aimer ? |