Nouvel Age

Risques et dangers





Le mouvement New-Age : Les origines


Filiation "astrologique"

Nous avons vu que ce mouvement s'apparente donc au commencement de l'ère du Verseau. Ceci implique bien évidemment la fin de l'ère précédente, celle des Poissons, marquant ainsi le terme des deux mille ans de christianisme que le monde a connus…
Ere du Verseau, ère des Poissons, qu'est-ce que cela signifie ?

Un petit tour dans l'astronomie tout d'abord, et que l'on me pardonne ces considérations scientifiques. Il nous faut remonter au II° siècle avant Jésus-Christ, époque à laquelle l'astronome grec Hipparque - fondateur de l'astronomie de position - découvre la précession des équinoxes. Qu'est-ce donc que cela ? Du fait d'une imperceptible rotation polaire de la planète, le soleil recule "virtuellement" tous les 72 ans, au point vernal (c'est-à-dire à l'équinoxe du printemps) d'un degré sur le cadran virtuel des douze signes du zodiaque, qui sont répartis sur les 360° de la voûte céleste. Chacun de ces signes comprenant donc 30 degrés (12 x 30 = 360), le soleil entre tous les 72 x 30 = 2.160 ans, à reculons, dans un nouveau signe astrologique. Cette "marche à reculons" du soleil est ce que les astronomes appellent la précession des équinoxes, qui s'étire donc au total sur 12 x 2.160 = 25.920 années.

Les astrologues se sont emparés de cette réalité astronomique pour définir des "ères" de 2160 ans, correspondant donc chacune à un signe du zodiaque, marquant tour à tour une phase particulière de l'évolution de l'humanité. Cette lecture de l'histoire des civilisations, réinterprétée selon les cycles astrologiques, rencontre un succès grandissant au sein des mouvements New Age.
Ils définissent ainsi l'ère du Taureau (d'environ -4300 av. JC à -2150 av. JC), période durant laquelle cet animal servit d'emblème à nombre de civilisations aujourd'hui disparues (Egypte, Chaldée, Assyrie, Crète...), et correspondant à la naissance et à la fin de la civilisation babylonienne.. Puis l'ère du Bélier (de -2150 av. JC à l'an 1), marquée par les rituels d'offrande reçus par le peuple hébreu, concernant le sacrifice des béliers (cf. Ex 29, 10-37), et correspondant donc à la naissance et à la disparition de la civilisation juive. L'ère des Poissons commence à la venue du Christ, et les astrologues notent avec délice que le poisson est justement un symbole chrétien [ce dernier point est d'ailleurs exact : le terme grec ICHTUS, qui signifie poisson, est formé des premières lettres de la phrase "Iesous Christos Theos Uios Soter", qui signifie "Jésus-Christ, Fils de Dieu Sauveur"].
Les adeptes du New-Age s'accordant donc à dire que Jésus a inauguré l'ère des Poissons il y a 2.000 ans, l'ère nouvelle du Verseau ne devrait commencer en toute logique qu'en l'an 2160… Mais laissons de côté cette absence de rigueur "scientifique"… d'autant que certains, sans doute plus audacieux que les autres, démontrent avec force calculs que cette ère du Verseau aurait déjà commencé en 1750, et que pour d'autres (les adeptes de l'anthroposophie de Rudolf Steiner), elle ne débutera qu'en 3560 ! Passons… L'ère des Poissons achevée signerait donc la mort du christianisme.

Paul Le Cour (1861-1954), dans son livre "L’Ere du Verseau. Le Secret du zodiaque, le proche avenir de l’humanité" publié en 1937, déclarait le premier à ce sujet : "Je compris que l’ère du Verseau verrait le retour du Christ que le signe du Verseau annonce depuis des siècles, comme le signe des Poissons zodiacaux avait annoncé sa première venue. Le zodiaque m’apparaissait ainsi brusquement comme un livre prophétique renfermant l’histoire passée, présente et future de la vie sur la terre…"


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Filiation "spirituelle"

Les grands axes de la pensée New Age s'inspirent directement des écrits de la Société de Théosophie, dont les membres fondateurs sont aujourd'hui encore honorés comme des précurseurs méritants de ce mouvement. Qu'est-ce donc que la Théosophie ?

Cette Société fut fondée aux USA en 1875, par Helena Petrovna Blavatsky (1831-1891) et le colonel Henry Steel Olcott (1832-1907). La "Théosophie" existait déjà, doctrine ésotérique occidentale transmise par des penseurs mystiques tels Jacob Böhme (1575-1624). Mais la doctrine propagée par la Société nouvelle n'a rien à voir avec celle des siècles passés. Dans un premier ouvrage ("Isis dévoilée"), H.P. Blavatsky fustige la Science et le matérialisme, parce qu'ils ne reconnaissent pas le spiritisme – que l'auteur affirme avoir été pratiqué et reconnu depuis l'Antiquité – et dans la foulée s'en prend aux religions établies, parce qu'elles auraient failli à leur mission, et qu'elles ne seraient plus qu'une représentation dépassée et nuisible au Christianisme. La solution de rechange proposée par Blavatsky lui est transmise par des êtres mystérieux, gardiens des vérités oubliées, les "Supérieurs Inconnus" dont nous reparlerons. Un expert en matière de spiritisme (W.E. Coleman) accusant de plagiat, preuves à l'appui, l'auteur d'Isis dévoilé (de nombreux passages ont été simplement recopiées dans la littérature ésotérique disponible à l'époque), celle-ci quitte les USA pour se réfugier en Inde.
C'est là qu'elle publie son deuxième ouvrage, "La Doctrine Secrète", emprunté cette fois aux littératures hindouistes et bouddhiques. Karma, mantra, yoga et réincarnation font leur apparition dans ses écrits. Les "Supérieurs Inconnus" sont remplacés par les "Maîtres Invisibles" vivant dans un sanctuaire sacré de l'Himalaya : le royaume de Shamballa (voir ce chapitre). Ces Maîtres Invisibles communiquent par l'intermédiaire de lettres qui apparaissent comme par enchantement sur son bureau… Mais une société de "recherche psychique" regroupant des passionnés de spiritisme, la Society for Physical Research (SPR), dénonce l'imposture en 1885, avec là encore de nombreuses preuves à l'appui. Trucages, manipulations… L'information sera reprise par René Guénon (cité plus loin) dans un livre intitulé "Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion"… Ou comment asseoir sa propre autorité en dénigrant ceux qui nous précèdent ! Ce scandale n'empêchera pas la Société de Théosophie de prospérer après la mort de sa fondatrice, dont nous retiendrons cette affirmation : "Le surnaturel n'existe pas, Dieu est un rêve, la prière un vain mot, le rite une jonglerie, le prêtre un menteur, le temple du terrain perdu, la révélation une chimère"

Annie Besant (1847-1933) succède à Henry Steel Olcott à la tête de la Société de Théosophie en 1907. Conseillée par un ex-ecclésiastique anglican du nom de Leadbeater (1854-1934), elle présentera bientôt un jeune adolescent Hindou, Krishnamurti (1895-1986) comme le nouveau Messie. Tout comme le faisait H.P. Blavatsky, elle assoie ses "révélations" sur des communications reçues de la part des "Maîtres Invisibles", qui resteront le fil conducteur de toutes ces pseudo-révélations reçues par le Nouvel Age jusqu'à nos jours. Annie Besant écrivait à ce sujet (dans "Les lois fondamentales de la Théosophie", 1929) : "Devant la limitation mentale des modernes, les Grands Gardiens de l'Humanité, en leur sagesse, délibérèrent que les antiques vérités fussent nouvellement proclamées sous une forme adaptée à l'homme des nouveaux temps." Ce sont ces mêmes êtres mystérieux, les Mahâtmâ, qui auraient transmis la doctrine aux fondateurs de la Société. De "Grands Gardiens" bien décidés à combattre l'Eglise catholique, voilà qui donnerait à réfléchir, quand bien même on accorderait quelque crédit à leur existence !

Alice Bailey (née La Trobe-Bateman, 1880-1949) rejoint bientôt Annie Besant. Mais leurs relations conflictuelles amènent Alice Bailey à se séparer de la Société en 1920, pour fonder en 1922 Lucis Trust (appelé à l'origine Lucifer Trust !), puis l'Ecole Arcane en 1923, la Bonne Volonté Mondiale en 1932, et les Triangles en 1937.
Sur un plan strictement littéraire, c'est sous sa plume qu'apparaît pour la première fois l'expression "Nouvel Age". Elle écrit dans "Le Retour du Christ" en 1948 : "L'important c'est le fait de la transition dans un new-age (nouvel age)." Notons également deux autres titres évocateurs de cet auteur : "L'Etat de disciple dans le Nouvel Age", et "L'Education dans le Nouvel Age".


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Origines historiques

1. – L'Institut Esalen

L'Institut Esalen est un centre de recherches psychologiques et psychiatriques qui fut fondé par Michael MacMurphy en 1961 au-dessus de San Francisco en Californie. A l'origine simple ferme bâtie à flanc de coteaux, l'endroit devient rapidement un point de rencontre vers lequel convergent psychothérapeutes et psychologues, artistes et scientifiques. Parmi ceux qui sont passés par Esalen, notons les noms d'Allan Watts (tout à la fois docteur en théologie chrétienne de l'Université du Vermont et spécialiste du Zen, et auteur de recherches sur les pouvoirs des substances psychotropes), Paul Tillich, Abraham Maslow (fondateur de la psychologie humaniste), Carl Rogers (l'inventeur de la non-directivité dans le domaine de l'éducation), ou encore Carlos Castaneda dont nous reparlerons. "Plus personne n'encourage le développement profond de l'individu, déclare le fondateur. Autrefois, c'était le rôle des religions. Aujourd'hui, Esalen veut créer l'équivalent moderne de l'homme de la Renaissance, en mélangeant sans préjugés des techniques chinoises du V° siècle aux acquis de la cybernétique."
C'est à Esalen que naîtront les Mouvements de Développement du Potentiel Humain. Ils ont pour mission de libérer le corps et l'esprit (tout autant des habitudes socioculturelles qu'éducatives), de favoriser l'imagination et la créativité, et d'élargir les perceptions de la conscience. Tous thèmes repris par le Nouvel Age, qui a fait du développement personnel l'un de ses chevaux de bataille, témoins les nombreux stages qui fleurissent aujourd'hui, aux noms évocateurs : "Utilisez le pouvoir créateur qui est en vous", "Libérez votre imagination", "Découvrez les outils que vous avez en vous", etc.. Nous y reviendrons.

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2. – La "drug culture"

Dans cette quête d'un "élargissement de la conscience", quelques individus ont marqué le XX° siècle, parce qu'ils ont prôné pour parvenir à cette fin – il s'agissait bien d'un but à atteindre - l'usage de produits stupéfiants.
Aleister Crowley (1875-1947) tout d'abord, membre de la Golden Dawn (société initiatique strictement fermée), qui fonde sur l'inspiration d'un "Supérieur Inconnu" (voir plus loin) un ordre initiatique et magique : Astrum Argentinum (l'A… A…). Homme énigmatique à la vie sulfureuse, il a dit de lui-même : "Avant qu'Hitler fût, je suis". Pour lui, la drogue était un moyen de communiquer avec les anges.
Aldous Huxley (1894-1963) ensuite, adepte de la mescaline : il recommande l'usage des champignons hallucinogènes pour élargir sa conscience, et vivre ce que les mystiques ont relaté depuis la nuit des temps (cf. "Les Portes de la perception", publié en 1954).
Plus connu sans doute et directement rattaché au mouvement New-Age, est le cas de Timothy Leary (1920-1996). Professeur de psychologie à l'université d'Harvard aux Etats-Unis, récemment converti à l'Hindouisme, il rencontre Huxley en 1961. C'est pour lui la révélation. En pleine protestation étudiante contre la guerre du Viêt-Nam, il se pose en prophète de l'élargissement de la conscience individuelle par l'usage du LSD, et devient l'un des maîtres à penser du mouvement hippie. "Votre corps est le Temple de Dieu – les Orientaux nous l'enseignent" prêche-t-il à ceux qui le rejoignent, avant de leur distribuer des doses massives d'acide. Il ignorait de toute évidence l'exhortation de saint Paul qui, en ce domaine, ne prête à aucune confusion : "… ne savez-vous pas que votre corps est un temple du Saint Esprit, qui est en vous et que vous tenez de Dieu ? Et que vous ne vous appartenez pas ? Vous avez été bel et bien rachetés ! Glorifiez donc Dieu dans votre corps." (1 Co 6, 19-20)
Arrêté à deux reprises, il affirme devant la justice que les participants à ses "séminaires religieux" ont reconnu eux-mêmes avoir atteint sous LSD un "état mystico-religieux intense"… Les adeptes du Nouvel Age ne se vantent pas aujourd'hui d'une telle ascendance. Et pourtant ! Rappelons que ces contestataires des années 1960 - qui rejetaient le matérialisme de la société de consommation et prônaient l'épanouissement personnel – recherchaient déjà un idéal de groupe tolérant et fusionnel. Que leur trip ne les ait mené que vers des paradis artificiels, n'en change pas moins l'objet de leur quête : trouver l'harmonie en soi, avec les autres, avec la nature, avec Dieu, dans de grands élans de fleurs (pas seulement sur les chemises), de fraternité, et d'esprit communautaire… et il y a là bien des points communs avec la quête spirituelle des New-Agers modernes… substances prohibées en plus, et techniques dispendieuses en moins !
Dans cette veine du mouvement hippie, citons au passage l'opéra-rock "Hair", dont l'un des refrains disait : "Harmonie, loyauté clarté… Sympathie, lumière et vérité… Personne ne supprimera la liberté… Personne ne fera taire l'esprit… Le mysticisme nous apportera la révélation… Et l'Homme réapprendra à penser… Verseau ! Verseau !"
Citons encore pour cette même période Alan Watts, qui, en collaboration avec le docteur Keith Ditman, poursuit des recherches sur les pouvoirs "mystiques" du LSD. Alan Watts, qui louait les vertus du chanvre indien, est considéré comme l'un des pères spirituels du Nouvel Age…
Toujours aux Etats-Unis, suivra bientôt sur le même registre Carlos Castaneda, qui publie en 1968 "The Teachings of Don Juan", traduit en français en 1972 sous le titre de "L'Herbe du diable et la petite fumée" : il s'agit de sa thèse de doctorat en sciences humaines, dans laquelle il prône l'usage des champignons hallucinogènes dans une "quête mystique de l'être profond". Contrairement à T. Leary, il révisera sa copie dans ses productions littéraires postérieures, mais n'en reste pas moins une référence littéraire pour nombre de New-Agers…
Citons enfin Stanislav Grof, auteur de "Au-delà du cerveau", livre culte de la psychologie transpersonnelle. Son auteur, psychiatre de renommée internationale, a exploré le domaine des états de conscience modifiée à l'aide de substances psychopharmacologiques, telles que ce décidément fameux LSD. Il sera obligé d'abandonner ses recherches en 1976, celles-ci étant devenu illégales. On lui doit aussi l'invention de la respiration "holotropique", qui combine relaxation, hyperventilation et musique apaisante… le terme "holotropique" étant un néologisme bâti à partir du grec : "trepein" qui signifie tourné, dirigé vers, et "holos" qui indique le tout. Cette respiration est en effet censée diriger la conscience vers un vécu global, "holistique", pour reprendre un terme cher à la mouvance New-Age !

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3. – La Fondation Findhorn

C'est en 1962 que s'installent dans une simple caravane Peter Caddy et sa femme Eileen, à Findhorn en Ecosse. Une amie d'Eileen, Dorothy Maclean, les accompagne. Toutes deux pratiquent la méditation, et c'est une voix céleste qui leur indique un beau jour qu'ils doivent créer là un jardin potager. "Vous serez aidés par les dévas" précise cette "voix". L'appellation "déva" est d'origine sanskrite, mais comme nous l'avons vu, les portes vers l'Orient sont grandes ouvertes. Ces dévas d'un nouveau genre désignent donc ici de petits êtres invisibles qui résident dans la terre, et qui aideront ces pionniers dans leur tâche. Les résultats ne se font pas attendre, et les récoltes sont abondantes. Plusieurs dizaines de personnes ne tardent pas à rejoindre les trois fondateurs, et ainsi naît la Fondation nouvelle, qui devient un lieu de séminaire et un foyer de propagande très actif. Parmi les noms à retenir, passés par Findhorn, citons Sir George Trevelan, expert en agronomie, qui apporta sa caution scientifique : "Ce jardin offre l'image de cette sorte d'action créative que le Nouvel Age émergeant est en train de réaliser. Findhorn commence à établir une nouvelle façon de vivre. Nous sommes appelés à former une nouvelle société qui se consacre vraiment à Dieu et à la survie grâce à la coopération consciente de l'être humain avec des êtres de mondes plus élevés." Citons également David Spangler, directeur de l'"Initiative Planétaire" (organisation associée à l'O.N.U.), qui fut pendant trois ans co-directeur de la Fondation. Il affirme y avoir reçu de nombreux messages en provenance d'une entité divine qu'il appelle "Amour infini et liberté". Nettement moins poétiques que le nom de cette entité, sont certaines affirmations qu'on lui attribue aujourd'hui, telle "Personne ne pourra entrer dans le Nouvel Age sans avoir subi une initiation luciférienne."… Nous en reparlerons.
La Fondation Findhorn, dont la philosophie est profondément ancrée dans l'animisme et le panthéisme, fait aujourd'hui référence dans le mouvement New-Age pour tout ce qui touche à l'écologie de la terre. Notre planète - assimilée à l'antique déesse Gaïa – est sacralisée. L'homme en est bien le maître, mais loin de devoir se soumettre au bon vouloir divin, il lui appartient de construire son propre bonheur, ici et maintenant, par une exploitation pacifique de la nature, suivant en cela les conseils prodigués par de mystérieux esprits célestes chargés de le guider dans cette tâche…
La Fondation (http://www.findhorn.org/) affirme toujours travailler sur "la rencontre et la coopération entre des êtres humains et les esprits de la nature", et est connue comme "Centre d'éducation holistique" (= "unifiée", "globalisante").
Notons encore que Dorothy Maclean est l'auteur de "La voix des anges", ouvrage dans lequel elle affirme être en contact télépathique "avec les Dévas, ces grands êtres qui imprègnent toute la nature", et qu'Eileen Caddy est l'auteur d'un petit livre mondialement connu, intitulé "La petite voix". Nous en donnerons des extraits au chapitre des "constantes New-Age".

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