XVII° siècle
Saint François de Sales (1567-1622)
Prière à Marie toute bonne et toute puissante
Ayez mémoire et souvenance, très douce Vierge, que vous êtes ma Mère et que je suis votre fils ; que vous êtes puissante et que je suis un pauvre homme, vil et faible.
Je vous supplie, très douce Mère, que vous me gouverniez dans toutes mes voies et actions.
Ne dites pas, gracieuse Vierge, que vous ne pouvez ! car votre bien-aimé Fils vous a donné tout pouvoir, tant au ciel comme en terre ;
Ne dites pas que vous ne devez ; car vous êtes la commune Mère de tous les pauvres humains et particulièrement la mienne.
Si vous ne pouviez, je vous excuserais, disant : il est vrai qu'elle est ma Mère et qu'elle me chérit comme son fils, mais la pauvrette manque d'avoir et de pouvoir.
Si vous n'étiez ma Mère, avec raison je patienterais, disant : elle est bien assez riche pour m'assister ; mais, hélas ! n'étant pas ma Mère, elle ne m'aime pas.
Puis donc, très douce Vierge, que vous êtes ma Mère, et que vous êtes puissante, comment vous excuserais-je si vous ne me soulagez et ne me prêtez votre secours et assistance ?
Vous voyez, ma Mère, que vous êtes contrainte d'acquiescer à toutes mes demandes.
Pour l'honneur et la gloire de votre Fils, acceptez-moi comme votre enfant, sans avoir égard à mes misères et à mes péchés. Délivrez mon âme et mon corps de tout mal et me donnez toutes vos vertus, surtout l'humilité. Enfin, faites-moi présent de tous les dons, biens et grâces qui plaisent à la Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit.
Ainsi soit-il.
Citée par Renée Zeller, Florilège de Notre-Dame, Flammarion.
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Le Cardinal de Bérulle (1575-1629)
Que Dieu fait naître en la terre une Vierge, laquelle il rend digne et capable de recevoir et porter le Fils de Dieu au monde
Pour rendre la terre digne de porter et recevoir son Dieu, Dieu fait naître en la terre une personne rare et éminente qui n'a point de part au péché du monde, et est douée de tant d'ornements et privilèges, que le monde n'a jamais vu et ne verra jamais, ni en la terre, ni au ciel, une personne semblable. Elle est conçue sans péché, elle est sanctifiée dès le premier moment de son être. Elle est douée dès lors de l'usage de raison et de grâce, elle est confirmée en état d'innocence et impuissance à offenser, elle est constituée en une grâce, non seulement suffisante, mais abondante ; non seulement abondante mais éminente, et d'un tel degré d'éminence, que l'ordre de la grâce n'a vu encore rien de pareil, et sa conduite est si accomplie, que chaque moment de sa vie porte un nouvel élèvement dans l'ordre de cette grâce rare et singulière. Bien qu'elle entre comme les autres en cette vallée de misères et non en un paradis terrestre, et que cette terre d'exil soit son habitation, elle ne porte aucune marque de bannissement, mais elle porte en son âme une grâce plus grande que celle qui était au paradis et avait été donnée à Adam, comme chef de la nature humaine, pour lui et pour sa postérité. C'est trop peu dire, de chose si grande. Sa grâce est plus noble et divine que toutes les grâces qui sortiront jamais des vives sources du Sauveur mourant et du mérite de sa croix, et excède en puissance et en dignité celle-là même qui est dans les cieux; car elle tend à chose bien plus haute, elle tend non à faire des saints, mais à produire le Saint des saints, à former l'Homme-Dieu, et à établir une Mère de Dieu en l'Univers, choses toutes nouvelles et miraculeuses, même dans l'ordre miraculeux de la grâce.
Vie de Jésus, ch. IV à VI, éd. du Cerf.
De l'excellence de la Vierge
Cette âme sainte et divine est en l'église ce que l'aurore est au firmament, et elle précède immédiatement le soleil. Mais elle est plus que l'aurore, car elle ne le précède pas seulement, elle le doit porter et enfanter au monde, et donner le salut, la lumière, à l'univers, et y produire un soleil Orient, duquel celui-ci qui nous éclaire n'est que l'ombre et la figure. La terre, qui méconnaît Dieu, méconnaît aussi cet ouvrage de Dieu sur la terre. Elle naît à petit bruit, sans que le monde en parle, et sans qu'Israël même y pense, bien qu'elle soit la fleur d'Israël et la plus éminente de la terre ; mais, si la terre n'y pense pas, le ciel la regarde et la révère comme celle que Dieu a fait naître pour un si grand sujet, et pour rendre un si grand service à sa propre personne, c'est-à-dire pour le revêtir un jour d'une nouvelle nature. Et ce Dieu même qui veut naître d'elle, l'aime et la regarde en cette qualité. Son regard n'est pas lors sur les grands, sur les monarques que la terre adore, mais le premier et le plus doux regard de Dieu en la terre est vers cette humble Vierge, que le monde ne connaît pas : c'est lors la plus haute pensée que le Très-Haut ait sur tout ce qui est créé. Il la regarde, la chérit, la conduit, comme celle à qui il veut se donner soi-même et se donner à elle en qualité de Fils et la rendre sa Mère. Il la comble de grâces et de bénédictions, dès sa conception ; il la sanctifie dès son enfance ; il la séquestre du monde et la consacre à son temple, pour marque et figure qu'elle sera bientôt consacrée au service d'un temple plus auguste et sacré que celui-ci. Là, en sa solitude, il la garde, il l'environne de sa puissance, il l'anime de son esprit, il l'entretient de sa parole, il l'élève de sa grâce, il l'éclaire de ses lumières, il l'embrase de ses ardeurs, il la visite par ses anges, en attendant que lui-même la visite par sa propre personne ; et il rend sa solitude si occupée, sa contemplation si élevée, sa conversation si céleste, que les anges l'admirent et la révèrent comme une personne plus divine qu'humaine. Aussi Dieu est, et agit en elle plus qu'elle-même. Elle n'a aucune pensée que par sa grâce, aucun mouvement que par son Esprit, aucune action que par son amour. Le cours de sa vie est un mouvement perpétuel qui, sans intermission, sans relaxation, tend à celui qui est la vie du Père et sera bientôt sa vie, et s'appelle absolument la vie dans les Ecritures (Joan., XIV, 6) : Ce terme approche et le Seigneur est avec elle, la remplit de soi-même et l'établit en une grâce si rare, qu'elle ne convient qu'à elle ; car cette Vierge, cachée en un coin de la Judée, inconnue à l'univers, fiancée à Joseph, fait un chœur à part dans l'ordre de la grâce, tant elle est singulière.
Les années coulent, les grâces augmentent et, dans cet ordre de grâce qui n'appartient qu'à elle, elle entre de jour en jour en un élèvement admirable, et elle y entre par infusion spéciale et par coopération parfaite. C'est le concert sacré qui est entre l'esprit de Dieu et l'esprit de Marie. Dieu répand de moment en moment nouvelle grâce en cette âme, et cette âme y répond incessamment et de toute sa puissance ; et cette correspondance et harmonie parfaite l'élève en un comble de grâce, et ces grâces, bien que très grandes à cette âme qui toujours s'avance dans les voies de Dieu, ne sont que degrés qui la doivent élever à de nouvelles grâces. Cette âme rare, éminente et divine, vivante ainsi en la terre, ravit les cieux, et ravirait la terre, si les ténèbres ne lui ôtaient la vue d'un si rare objet ; mais elle ravira dans peu de temps celui qui a fait la terre et le ciel. Car elle est telle par la grâce et conduite de Dieu, que, si Dieu doit prendre naissance, ce doit être de Marie, tant elle a de grâces et de faveurs. Et si cette humble Vierge doit concevoir et enfanter, ce doit être un Dieu, tant elle est divine. Elle est en terre un ciel vivant, destinée aussi à porter un soleil vivant, et un soleil établi en un plus haut firmament. Elle est en la terre un sanctuaire que Dieu remplit de merveilles, et auquel il veut prendre son repos et d'une façon nouvelle. Elle est un nouveau paradis, non terrestre comme celui d'Adam qui a été détruit par son péché, ni céleste comme celui des anges qui n'est qu'au ciel, mais elle est en la terre un paradis céleste que Dieu a planté de sa main, et que son ange garde pour le second Adam, pour le roi du ciel et de la terre qui doit y habiter. Mais cela est caché à ses yeux, et son esprit, abîmé dans le profond de son humilité, ne voit pas le conseil très haut de Dieu sur elle.
Quoi ! notre bonheur approche et l'accomplissement de votre grandeur suprême, ô Vierge sainte, et vous l'ignorez. Vous approchez et vous appartenez de si près à la divinité, et vous traitez si assidûment, si saintement, si familièrement avec elle, et le dessein de la divinité sur vous vous est caché ! Les ténèbres qui ont ce privilège d'être le premier séjour du monde, et même le premier état de toutes les âmes qui entrent au monde, n'ont jamais eu de part avec vous, et vous êtes en lumière dès le premier instant de votre être, toujours croissant en grâce et en lumière. Et au plus fort du jour en un plein midi, dans l'excès de vos lumières, ô âme divine, vous ne connaissez pas la part que vous allez avoir, avec celui qui est la vraie lumière, la splendeur du Père et le soleil vivant de l'univers ! Vous portez en l'Ecriture le nom d' " Alma ", c'est-à-dire cachée, et vous le portez à bon droit. C'est un de vos titres particuliers, et comme un chiffre qui, en peu, dit beaucoup. Entre autres choses rares et grandes, ce mot nous exprime la secrète conduite de Dieu sur vous, qui mérite bien d'être considérée comme un des principaux linéaments de votre vie, et un des traits plus rares de sapience éternelle.
idem.
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Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704)
Le silence et l'admiration de Marie
Je ne sais s'il ne vaudrait pas peut-être mieux s'unir au silence de Marie, que d'en expliquer le mérite par nos paroles. Car qu'y a-t-il de plus admirable, après ce qui lui a été annoncé par l'ange, après ce qui s'est passé en elle-même, que d'écouter parler tout le monde et demeurer cependant la bouche fermée ? Elle a porté dans son sein le Fils du Très-Haut : elle l'en a vu sortir comme un rayon de soleil, d'une nuée, pour ainsi parler, pure et lumineuse. Que n'a-t-elle pas senti par sa présence ? Et si pour en avoir approché, Jean dans le sein de sa mère a ressenti un tressaillement si miraculeux, quelle paix, quelle joie divine n'aura pas senties la Sainte Vierge à la conception du Verbe que le Saint-Esprit formait en elle ! Que ne pourrait-elle donc pas dire elle-même de son cher fils ? Cependant elle le laisse louer par tout le monde : elle entend les bergers ; elle ne dit mot aux mages qui viennent adorer son Fils : elle écoute Siméon et Anne la prophétesse, elle ne s'épanche qu'avec sainte Elisabeth, dont sa visite avait fait une prophétesse ; et sans ouvrir seulement la bouche avec tous les autres, elle fait l'étonnée et l'ignorante : " Errant mirantes. " Joseph entre en part de son silence comme de son secret, lui à qui l'ange avait dit de si grandes choses, et qui avait vu le miracle de l'enfantement virginal. Ni l'un ni l'autre ne parlent de ce qu'ils voient tous les jours dans leur maison, et ne tirent aucun avantage de tant de merveilles. Aussi humble que sage, Marie se laisse considérer comme une mère vulgaire, et son Fils comme le fruit d'un mariage ordinaire.
Les grandes choses que Dieu fait au dedans de ses créatures opèrent naturellement le silence, le saisissement, je ne sais quoi de divin qui supprime toute expression. Car que dirait-on, et que pourrait dire Marie, qui pût égaler ce qu'elle sentait ? Ainsi on tient sous le sceau le secret de Dieu, si ce n'est que lui-même anime la langue et la pousse à parler. Les avantages humains ne sont pour rien, s'ils ne sont connus et que le monde ne les prise. Ce que Dieu fait a par soi-même son prix inestimable, que l'on ne veut goûter qu'entre Dieu et soi.
Ed. Urbain et Levesque, t. III.
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Marie de Sainte-Thérèse (Maria Petyt, 1623-1677)
Le maternel amour et les faveurs de cette douce Mère pour nous se manifestent maintenant avec tant d'éclat et d'évidence qu'il ne peut y avoir à ce sujet la moindre arrière-pensée ni le moindre soupçon d'illusion ou d'un mélange quelconque de sentiments d'ordre naturel. Elle m'a prise sous sa maternelle conduite et direction, pareille à la maîtresse d'école qui conduit la main de l'enfant pour lui apprendre à écrire. Tandis qu'il écrit, cet enfant ne bouge pas la main que son professeur ne la dirige et guide ; et l'enfant se laisse mouvoir et guider par la main du maître.
Je me trouve de même entièrement placée sous l'autorité de cette très douce Mère, qui me conduit et me dirige ; et mon regard demeure sans cesse fixé sur Elle afin de faire en toutes choses ce qui lui plaît le plus et ce qu'Elle veut. Et Elle daigne aussi me montrer clairement, me faire comprendre et connaître ce qu'Elle désire en telle ou telle circonstance, qu'il s'agisse de faire une chose ou de ne pas la faire. Il me serait pour ainsi dire impossible d'agir autrement, du fait qu'Elle demeure presque sans interruption en face de mon âme, m'attirant de si aimable et maternelle façon, me souriant, me stimulant, me conduisant et m'instruisant dans le chemin de l'esprit et dans la pratique de la perfection des vertus. De la sorte, je ne perds plus un seul instant le goût de sa présence à côté de celle de Dieu.
Cette vue et représentation intellectuelle, n'entraînant aucun élément grossier, n'introduit dans l'âme ni multiplicité aucune, ni moyens médiats ; mais cela se passe au contraire dans une très tranquille simplicité.
Trad. Louis van den Bossche, Cahiers de la Vierge, éd. du Cerf.
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Saint Louis-Marie Grignion de Montfort (1673-1716)
Nécessité d'une vraie dévotion à la Sainte Vierge
Marie est le grand moule de Dieu, fait par le Saint-Esprit pour former au naturel un Homme-Dieu par l'union hypostatique, et pour former un Homme-Dieu par la grâce. Il ne manque à ce moule aucun trait de la divinité ; quiconque y est jeté et se laisse manier aussi, y revoit tous les traits de Jésus-Christ, vrai Dieu, d'une manière douce et proportionnée à la faiblesse humaine, sans beaucoup d'agonies et de travaux ; d'une manière sûre, sans crainte d'illusion, car le démon n'a point et n'aura jamais d'accès en Marie, sainte et immaculée, sans ombre de la moindre tache de péché.
Oh ! chère âme, qu'il y a de différence entre une âme formée en Jésus-Christ par les voies ordinaires de ceux qui, comme les sculpteurs, se fient en leur savoir-faire et s'appuient sur leur industrie, et une âme bien maniable, bien déliée, bien fondue, et qui, sans aucun appui sur elle-même, se jette en Marie et s'y laisse manier à l'opération du Saint-Esprit ! Qu'il y a de taches, qu'il y a de défauts, qu'il y a de ténèbres, qu'il y a d'illusions, qu'il y a de naturel, qu'il y a d'humain dans la première âme ! et que la seconde est pure, divine et semblable à Jésus-Christ !
Il n'y a point et il n'y aura jamais créature où Dieu soit plus grand, hors de lui-même et en lui-même, que dans la divine Marie, sans exception ni des Bienheureux, ni des Chérubins, ni des plus hauts Séraphins, dans le paradis même. Marie est le paradis de Dieu et son monde ineffable, où le Fils de Dieu est entré pour y opérer des merveilles, pour le garder et s'y complaire. Il a fait un monde pour l'homme voyageur, c'est celui-ci ; il a fait un monde pour l'homme bienheureux, et c'est le paradis ; mais il en a fait un autre pour lui, auquel il a donné le nom de Marie ; monde inconnu presque à tous les mortels, ici-bas, et incompréhensible à tous les Anges et Bienheureux, là-haut dans le ciel, [et] qui, dans l'admiration de voir Dieu si relevé et si reculé d'eux tous, si séparé et si caché dans son monde, la divine Marie, s'écrient jour et nuit : " Saint, Saint, Saint. "
Qu'on ne s'imagine donc pas, avec quelques faux illuminés, que Marie, étant créature, soit un empêchement à l'union au Créateur ; ce n'est plus Marie qui vit, c'est Jésus-Christ seul, c'est Dieu seul qui vit en Elle. Sa transformation en Dieu surpasse plus celle de saint Paul et des autres saints, que le ciel ne surpasse la terre en élévation. Marie n'est faite que pour Dieu, et tant s'en faut qu'Elle arrête une âme à elle-même, qu'au contraire Elle la jette en Dieu et l'unit à lui avec d'autant plus de perfection que l'âme s'unit davantage à Elle. Marie est l'écho admirable de Dieu, qui ne répond que : Dieu, lorsqu'on lui crie : Marie ; qui ne glorifie que Dieu, lorsque, avec sainte Elisabeth, on l'appelle bienheureuse. Si les faux illuminés, qui ont été misérablement abusés par le démon jusque dans l'oraison, avaient su trouver Marie, et par Marie Jésus, et par Jésus Dieu, ils n'auraient pas fait de si terribles chutes. Quand on a une fois trouvé Marie, et par Marie Jésus, et par Jésus Dieu le Père, on a trouvé tout bien, disent les saintes âmes : Inventa, etc. Qui dit tout n'excepte rien : toute grâce et toute amitié auprès de Dieu ; toute sûreté contre les ennemis de Dieu ; toute vérité contre le mensonge ; toute facilité et toute victoire contre les difficultés du salut ; toute douceur et toute joie dans les amertumes de la vie.
Ce n'est pas que celui qui a trouvé Marie par une vraie dévotion soit exempt de croix et de souffrances, tant s'en faut ; il en est plus assailli qu'aucun autre, parce que Marie, étant la Mère des vivants, donne à tous ses enfants des morceaux de l'Arbre de vie, qui est la croix de Jésus ; mais c'est qu'en leur taillant de bonnes croix, Elle leur donne la grâce de les porter patiemment et même joyeusement ; en sorte que les croix qu'Elle donne à ceux qui lui appartiennent sont plutôt des confitures ou des croix confites que des croix amères ; ou, s'ils en sentent pour un temps l'amertume du calice qu'il faut boire nécessairement pour être ami de Dieu, la consolation et la joie, que cette bonne Mère fait succéder à la tristesse, les animent infiniment à porter des croix encore plus lourdes et plus amères.
La difficulté est donc de savoir trouver véritablement la divine Marie, pour trouver toute grâce abondante. Dieu, étant maître absolu, peut communiquer par lui-même ce qu'il ne communique ordinairement que par Marie ; on ne peut nier, sans témérité, qu'il ne le fasse même quelquefois ; cependant, selon l'ordre que la divine Sagesse a établi, il ne se communique ordinairement aux hommes que par Marie dans l'ordre de la grâce, comme dit saint Thomas. Il faut, pour monter et s'unir à lui, se servir du même moyen dont il s'est servi pour descendre à nous, pour se faire homme et pour nous communiquer ses grâces ; et ce moyen est une vraie dévotion à la Sainte Vierge.
Le Secret de Marie, 1° partie.
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