Les plus belles pages sur Marie


Les Pères de l'Eglise - XII° au XVI° siècle - XVII° siècle - XVIII° et XIX° siècles - XX° siècle


XII° au XVI° siècle

Saint Anselme (1033-1109)
Saint Bernard (1090-1153)
Sainte Mechtilde de Hackeborn (1241-1248)
Sainte Gertrude (1256-1301)
Saint Thomas d'Aquin (1225-1274)


Saint Anselme (1033-1109)

Prières et Contemplations

O vous, tendrement puissante, puissamment tendre, ô Marie, de qui est sortie la source des miséricordes, n'arrêtez pas, je vous en prie, cette miséricorde si vraie, là où vous reconnaissez une véritable misère. Car si moi de mon côté je suis confondu dans la turpitude de mes iniquités en face de votre sainteté éblouissante, vous, du moins, ô ma Dame, vous n'avez pas à rougir de vos sentiments miséricordieux, si naturels à l'égard d'un malheureux ! Si je confesse mon iniquité, me refuserez-vous votre bienveillance ? Si ma misère est plus grande qu'elle n'aurait dû être, votre miséricorde sera-t-elle plus faible qu'il ne vous convient ? O ma Dame, plus mes fautes paraissent impures à la face de Dieu et devant vous, plus aussi elles ont besoin d'être guéries, grâce à votre intervention. Guérissez donc, ô très clémente, ma faiblesse ; effacez cette laideur qui vous offense ; ôtez-moi, ô très bénigne, cette maladie, et vous ne sentirez plus cette infection qui vous répugne tant ; faites, ô très douce, qu'il n'y ait plus de remords, et rien ne subsistera plus qui puisse déplaire à votre pureté. Faites ainsi, ô ma Dame, exaucez-moi. Guérissez l'âme du pécheur, votre serviteur, par la vertu du fruit béni de votre sein, de Celui qui siège à la droite de son Père le Tout-Puissant, " digne de louange et de gloire au-dessus de tout et pour les siècles " (Dan., III, 53).

O Marie, Marie la grande, la plus grande des Bienheureuses Maries, plus grande que toutes les femmes. O grande Dame, si grande, mon cœur veut vous aimer, ma bouche souhaite vous louer, mon esprit désire vous vénérer, mon âme aspire à vous prier : tout mon être se recommande à votre protection. O cœur de mon âme, faites effort, et vous, profondeurs intimes de moi-même, autant que vous le pouvez, si vous le pouvez, efforcez-vous de louer ses mérites, d'aimer sa béatitude, d'admirer sa hauteur, d'implorer sa bienveillance, car vous avez besoin chaque jour de son patronage ; en ayant besoin vous le désirez ; votre désir supplie ; vos supplications obtiendront, sinon selon vos désirs, certainement au delà de nos mérites. O Reine des anges, Souveraine du monde, Mère de Celui qui purifie le monde, je confesse que mon cœur est trop souillé pour que je n'aie pas à rougir de me tourner vers vous, la Pureté même, et me tournant vers elle, que je puisse être digne de la toucher. O Vous donc, Mère de Celui qui sauva mon âme, tout mon cœur, autant qu'il le peut, vous supplie. Exaucez, ô ma Dame, soyez propice, aidez-moi de votre toute-puissance, afin que soient purifiées les souillures de mon âme, que mes ténèbres reçoivent la lumière, que ma tiédeur s'embrase, que je me réveille de ma torpeur, en attendant ce jour où votre bienheureuse sainteté (qui l'emporte sur toute autre à l'exception de votre Fils, dominateur de toute chose) sera exaltée, à cause de votre Fils tout-puissant et glorieux, par la bénédiction de vos fils de la terre. Au-dessus de tout (à l'exception de mon Maître et de mon Dieu, Dieu de toute chose, votre Fils), que mon cœur vous connaisse et vous admire, vous aime et vous implore, non avec l'ardeur d'un être imparfait qui n'a que des désirs, mais autant que le doit quelqu'un qui a été fait et sauvé, racheté et ressuscité par votre Fils .

... Vous êtes la cour de la propitiation universelle, la cause de la réconciliation générale, le vase et le temple de la vie et du salut pour l'univers ; mais je resserre trop vos mérites lorsque je restreins vos bienfaits à ce que vous avez accompli pour moi seul, homme vil, alors que le monde qui vous aime se réjouit de vos bienfaits, et dans sa joie proclame ce que vous fîtes pour lui. Car vous êtes, ô Dame, par votre fécondité en œuvres de salut, digne de vénération pour votre inappréciable sainteté ; vous avez montré au monde son Seigneur et son Dieu qu'il ne connaissait pas : vous avez montré au monde visible son Créateur qu'il n'avait pas encore vu ; vous avez enfanté pour le monde le restaurateur dont, perdu, il avait besoin, le réconciliateur que, coupable, il n'avait pas encore. Par votre fécondité, ô Dame, le monde pécheur a été justifié ; damné, a été sauvé ; exilé, fut rapatrié. Votre enfantement, ô Dame, a racheté le monde captif ; malade, il l'a guéri, et, mort, ressuscité.

Le ciel et les étoiles, la terre et les fleuves, le jour et la nuit, et toutes choses soumises à la puissance ou au projet des hommes, se félicitent d'avoir perdu la gloire, parce que, ô Dame, une nouvelle grâce ineffable, ressuscitée en quelque sorte par vous, leur a été conférée. En effet, toutes choses étaient comme mortes quand elles perdirent leur propriété naturelle de service à la domination et aux usages de ceux qui louent Dieu : car c'est pour cela qu'elles avaient été faites ; elles étaient accablées sous l'oppression et souillées par l'abus que faisaient d'elles les serviteurs des idoles, pour qui elles n'avaient pas été faites. Mais voici que, ressuscitées, elles félicitent leur Souveraine de ce qu'elles sont maintenant régies par la puissance de ceux qui confessent Dieu, et honorées par l'usage qu'ils en font. Une grâce nouvelle, inestimable, les a fait bondir de joie, en quelque manière, quand elles sentirent non seulement que Dieu lui-même, leur Créateur, régnait sur elles désormais invinciblement, mais encore qu'en se servant d'elles visiblement, il les sanctifiait au dedans. Ces biens si grands, c'est par le fruit béni de la bénie Marie qu'ils leur sont parvenus.

... O merveille, je contemple Marie : dans quelle hauteur sublime la vois-je ! Rien n'est égal à Marie, rien, si ce n'est Dieu, n'est plus grand qu'elle. Dieu a donné à Marie son Fils lui-même que, seul, égal à lui, il engendre de son cœur, comme s'aimant lui-même ; de Marie il s'est fait un fils, non un autre, mais le même ; de telle sorte que, par nature, il fût unique et le même, Fils commun de Dieu et de Marie. Toute la nature a été créée par Dieu, et Dieu est né de Marie. Dieu a tout créé, et Marie a enfanté Dieu. Dieu qui a fait toutes choses s'est fait lui-même de Marie ; et ainsi il a refait tout ce qu'il avait fait. Celui qui a pu faire toutes choses de rien n'a pas voulu refaire sans Marie ce qui avait été souillé. Dieu est donc le Père des choses créées, et Marie la Mère des choses " recréées ". Dieu est le Père qui a construit toute chose, et Marie la Mère qui a tout reconstruit. Dieu a engendré Celui par qui tout a été fait ; et Marie a enfanté Celui par qui tout a été sauvé. Dieu a engendré Celui sans qui rien n'existerait d'aucune façon, et Marie a enfanté Celui sans qui rien ne serait " bien ". Vraiment, le Seigneur est avec vous, car il fait que toute créature vous devrait tant, et d'accord avec lui !

... O bonne Mère, je vous en supplie par cet amour dont vous chérissez votre Fils, de même que vraiment vous l'aimez et que vous voulez qu'il soit aimé, accordez que moi aussi vraiment je l'aime. Ainsi, je vous le demande : que s'accomplisse réellement ce qui est de votre volonté. Pourquoi donc ne se ferait pas, à cause de mes péchés, ce qui est cependant en votre pouvoir ? Ami des hommes, et qui avez pitié d'eux, vous avez pu aimer, et jusqu'à la mort, vos coupables, et vous pourriez, à qui vous le demande, refuser l'amour pour vous et pour votre Mère ? O Mère de Celui qui nous aime, qui avez mérité de le porter dans votre sein et de l'allaiter à vos mamelles, ne pourrez-vous pas, ou ne voudrez-vous point, accorder à qui vous le demande l'amour pour lui et pour vous ? Que mon esprit, comme vous en êtes digne, vous vénère ; que mon cœur, comme il est juste, vous aime ; que mon âme, comme il lui est avantageux, vous chérisse ; que ma chair, comme elle le doit, vous serve ; qu'à cela se consume ma vie, afin que tout mon être vous chante pendant l'éternité. Béni soit le Seigneur éternellement. Ainsi soit-il ! Ainsi soit-il !

Méditations et prières, trad. Dom. Castel, Desclée de Brouwer.

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Saint Bernard (1090-1153)

La Mère de Miséricorde

Il n'est rien qui, tout à la fois, me charme et m'effraie davantage que de parler des gloires de la Vierge Mère. Car, pour passer sous silence l'impossibilité où l'on se trouve d'exprimer le privilège de ses mérites et sa prérogative unique, tous, comme il convient, ont pour Marie une dévotion si ardente, un tel culte, une telle estime, qu'en dépit des efforts de tous, il n'est rien qu'on dise de son indicible gloire qui, par le fait même qu'on a pu le dire, satisfasse pleinement les auditeurs et réponde à leur attente...

Qu'on ne parle plus de votre miséricorde, ô bienheureuse Vierge, s'il est un seul homme qui se rappelle vous avoir invoqué en vain dans ses besoins. Nous, vos petits serviteurs, nous vous félicitons de vos autres vertus, mais nous nous félicitons nous-mêmes de votre miséricorde. Nous louons votre virginité, nous admirons votre humilité, mais, pour les malheureux que nous sommes, votre miséricorde a plus douce saveur, plus précieuse valeur, elle revient plus souvent à notre mémoire, plus fréquemment dans nos invocations. C'est elle qui obtint la régénération du monde, le salut de tous. II est, en effet, évident que la sollicitude de Marie s'étendait au genre humain tout entier, lorsque l'ange lui dit : " Ne craignez pas, Marie, vous avez trouvé grâce (Luc, 1, 30), la grâce que vous attendiez. " Qui donc, ô Vierge bénie, pourra mesurer la longueur et la largeur, la hauteur et la profondeur de votre miséricorde ? Car, par sa longueur, votre miséricorde atteint jusqu'au dernier jour tous ceux qui l'invoquent ; par sa largeur, elle recouvre toute la surface du globe et remplit la terre ; par sa hauteur, elle contribue à la restauration de la cité céleste ; par sa profondeur, elle obtient la rédemption de ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort (Luc, I, 79). Par vous, en effet, le ciel est peuplé, l'enfer vidé, la céleste Jérusalem relevée de ses ruines, la vie rendue aux malheureux qui l'avaient perdus.

C'est ainsi que votre toute-puissante et très miséricordieuse charité se montre aussi magnifique dans sa compassion que dans son pouvoir secourable.

Que notre âme altérée coure donc à cette source, que notre misère puise avec ardeur à ce trésor de miséricorde. Voici, Vierge bénie, que nous vous avons accompagnée de nos vœux et suivie, au moins de loin, tandis que vous montiez vers votre Fils. Que désormais votre miséricorde fasse connaître au monde la grâce que vous avez trouvée auprès de Dieu, en obtenant, par vos saintes prières, le pardon aux pécheurs, la santé aux malades, le courage aux pusillanimes, la consolation aux affligés, secours et délivrance à ceux qui sont en danger. Et pour nous, vos petits serviteurs, qui, en ce jour de fête et de liesse, invoquons et louons le nom très doux de Marie, obtenez, Reine de clémence, les grâces de votre Fils, Notre-Seigneur, qui est, au-dessus de toutes choses, Dieu, béni éternellement (Rom., IX, 5). Ainsi soit-il.

Sermon pour l'Assomption, in R.P. Aubron, L'Oeuvre mariale de saint Bernard, Cahiers de la Vierge, n° 13-14, éd. du Cerf.

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Sainte Mechtilde de Hackeborn (1241-1248)

Les trois "Ave"

Pendant qu'elle priait la glorieuse Vierge Marie de daigner l'assister de sa présence à sa dernière heure, la Sainte Vierge répondit : " Je te le promets, mais toi, récite chaque jour trois Ave Maria. Par le premier, tu t'adresseras à Dieu le Père, qui, dans sa souveraine puissance, a exalté mon âme au point de me donner rang après lui seul, au ciel et sur la terre, et tu lui demanderas que je sois présente à l'heure de ta mort pour te réconforter et chasser loin de toi toute puissance adverse.

Par le second, tu t'adresseras au Fils de Dieu, qui, dans son insondable sagesse, m'a douée d'une telle plénitude de science et d'intelligence que je jouis de la très Sainte Trinité, dans une connaissance supérieure à celle de tous les autres saints. Tu lui demanderas aussi que, par cette clarté qui de moi fait un soleil assez radieux pour illuminer le ciel entier, je remplisse ton âme, à l'heure de ta mort, des lumières de la foi et de la science, et que tu sois abritée contre toute ignorance et toute erreur.

Par le troisième, tu t'adresseras au Saint-Esprit, qui m'a inondée de son amour, pour me donner une telle abondance de douceur et tendresse que Dieu seul en possède plus que moi ; et tu demanderas que je sois présente à l'heure de ta mort, pour répandre en ton âme la suavité du divin amour. Ainsi tu pourras triompher des douleurs et de l'amertume de la mort, au point de les voir se changer en douceurs et allégresses. "

Le Livre de la Grâce spéciale, 1° partie, ch. XLVII, Tours, Mame, 1921.

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Sainte Gertrude (1256-1301)

Jésus et la dévotion à Marie

Elle avait la coutume (qui existe du reste entre ceux qui s'aiment) de reporter tout ce qui lui paraissait beau et agréable vers son Bien-Aimé. Aussi, lorsqu'elle entendait lire ou chanter en l'honneur de la bienheureuse Vierge et des autres saints des paroles qui excitaient son affection, c'était vers le Roi des rois, son Seigneur choisi entre tous et uniquement aimé, plutôt que vers les saints dont on faisait mémoire, qu'elle dirigeait les élans de son cœur. Il arriva, en la solennité de l'Annonciation, que le prédicateur se plut à exalter la Reine du ciel et ne fit pas mention de l'incarnation du Verbe, œuvre de notre salut. Celle-ci en éprouva de la peine et, passant après le sermon devant l'autel de la Mère de Dieu, elle ne ressentit pas, en la saluant, la même tendresse douce et profonde, mais son amour se porta par contre avec plus de force vers Jésus, le fruit béni du sein de la Vierge. Comme elle craignait d'avoir encouru la disgrâce d'une si puissante Reine, le consolateur plein de bonté dissipa doucement son inquiétude : " Ne crains rien, ô ma bien-aimée, dit-il, car il est très agréable à la Mère, qu'en chantant ses louanges et sa gloire, tu diriges vers moi ton attention. Cependant, puisque ta conscience te la reproche, aie soin, lorsque tu passeras devant l'autel, de saluer dévotement l'image de ma Mère immaculée et de ne pas saluer mon image. - O mon Seigneur et unique Bien, s'écria-t-elle, jamais mon âme ne pourra consentir à délaisser celui qui est mon salut et sa vie pour diriger ailleurs ses affections et son respect. " Le Seigneur lui dit avec tendresse : " O ma bien-aimée, suis mon conseil ; et chaque fois que tu auras paru me délaisser pour saluer ma Mère, je te récompenserai comme si tu avais accompli un acte de cette haute perfection par laquelle un cœur fidèle n'hésite pas à m'abandonner, moi qui suis le centuple des centuples, afin de me glorifier davantage. "

Le Héraut de l'Amour divin, t. I, Tours, Mame, 1921.


Le Lis blanc de la Trinité

... Le lendemain, à l'heure de la prière, la Vierge Marie lui apparut sous la forme d'un lis magnifique éclatant de blancheur. Ce lis était composé de trois feuilles, dont l'une, droite, s'élevait au milieu et les deux autres étaient recourbées de chaque côté. Elle comprit par cette vision que la bienheureuse Mère de Dieu est appelée à bon droit " Lis blanc de la Trinité ", car elle a participé plus que toute créature aux vertus divines et ne les a jamais souillées par la moindre poussière du péché. La feuille droite représentait la toute-puissance du Père, et les deux feuilles inclinées figuraient la sagesse du Fils et la bonté du Saint-Esprit, vertus que la bienheureuse Vierge possédait à un degré éminent.

La Mère de miséricorde dit encore que celui qui la proclamerait " Lis blanc de la Trinité, Rose éclatante qui embellit le ciel ", expérimenterait le pouvoir que la toute-puissance du Père lui a communiqué comme Mère de Dieu : il admirerait les ingénieuses miséricordes que la sagesse du Fils lui a inspirées pour le salut des hommes ; il contemplerait enfin l'ardente charité allumée dans son cœur par l'Esprit-Saint. " A l'heure de sa mort, ajouta la bienheureuse Vierge, je me montrerai à lui dans l'éclat d'une si grande beauté que ma vue le consolera et lui communiquera les joies célestes. "

Depuis ce jour, celle-ci résolut de saluer la Vierge Marie ou les images qui la représentent par ces mots : " Salut, ô blanc Lis de la Trinité resplendissante et toujours tranquille. Salut, ô Rose de beauté céleste ! C'est de vous que le Roi des cieux a voulu naître ; c'est de votre lait qu'il a voulu être nourri ; daignez aussi nourrir nos âmes des divines influences. "

Le Héraut de l'Amour divin, t. I, Tours, Mame, 1921.

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Saint Thomas d'Aquin (1225-1274)

L'humanité du Christ, du fait qu'elle est unie à Dieu, et la béatitude créée, du fait qu'elle est la jouissance de Dieu, et la bienheureuse Vierge, du fait qu'elle est la Mère de Dieu, ont d'une certaine façon une dignité infinie qu'elles tiennent du Bien infini qu'est Dieu. Et, à cet égard, on ne peut rien faire de meilleur qu'elles, comme il n'y a rien de meilleur que Dieu.

Somme Théologique, Ia Pars, q. 25, art. 6, ad 4.


A chacun Dieu donne la grâce selon l'élection qu'il fait de lui. Et parce que le Christ, en tant qu'il est homme, avait été prédestiné et élu pour être le Fils de Dieu, doué de la vertu sanctifiante, il eut en propre une plénitude de grâce assez grande pour enrichir tous les hommes, selon ce qui est dit en saint Jean : " De sa plénitude, nous avons tous reçu. " Mais la bienheureuse Vierge Marie a reçu la plénitude de grâce qu'il lui fallait pour être la créature la plus proche de l'auteur de la grâce : devant recevoir en elle celui qui est plein de toute grâce ; et, par son enfantement, elle fit d'une certaine manière couler la grâce sur tous les hommes.

Somme Théologique, IIIa Pars, q. 27, art. 5, ad 1.


C'est déjà une merveille pour les saints de recevoir une grâce qui sanctifie leur âme ; mais la grâce que reçut l'âme de la Vierge fut en telle abondance qu'elle rejaillit jusque sur sa chair, afin que dans cette chair Marie conçût le Fils de Dieu...

La grâce de Marie fut tellement abondante qu'elle a rejailli sur l'humanité tout entière. Qu'un saint possède assez de grâce pour suffire au salut d'un grand nombre, n'est-ce pas une grande chose ? Mais en posséder assez pour satisfaire au salut de tous les hommes de ce monde, voilà qui est la plus étonnante des merveilles. C'est le cas du Christ, et c'est aussi celui de la bienheureuse Vierge ; car dans n'importe quel danger, on peut obtenir le salut de la Vierge glorieuse.

Super salut. angelic., trad. Synave, Vie de Jésus, t. I, trad. de la Somme Théologique, éd. de la Revue des Jeunes, 1927.


Rien n'empêche que l'on donne en un certain sens le nom de médiateur entre Dieu et les hommes à quelques autres [que le Christ, " unique Médiateur "], pour autant qu'ils collaborent à réunir l'homme avec Dieu, par des préparations et en prêtant leur ministère.

Somme Théologique, IIIa Pars, q. 26, art. I.

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