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Notre Dame de Bonheur Que, sous le titre si délicieusement expressif de Notre Dame de Bonheur, la Mère de Dieu et des hommes soit donc votre gage de bon succès ! Vous l'avez vu, ce titre vous est suggéré par la liturgie comme par les grandes dévotions qui nous unissent au culte rendu par l'Eglise à la Bienheureuse Vierge Marie... Prière à Notre Dame de Bonheur Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Jésus, fille Immaculée du Père, Mère bienheureuse du Fils, Epouse toute sainte du Saint-Esprit, Auguste sanctuaire de la divine Trinité, notre Reine, notre Mère, notre Vie, notre Douceur, notre Espérance, Cause de notre joie, Notre Dame de Liesse, NOTRE DAME DE BONHEUR
dont la langue qui prononça le Fiat du salut est « comme la plume de l'écrivain rapide », dont les entrailles sont bienheureuses, dont le Cœur est traversé du glaive, dont la tête est couronnée de douze étoiles, écartez de nous tous les maux, demandez pour nous tous les biens, montrez-vous notre Mère, et que par Vous reçoive nos prières, Jésus, le fruit béni de votre sein, qui, étant Dieu, vit et règne avec le Père, en l'unité du Saint-Esprit, dans les siècles des siècles. Amen. Alleluia (1).Edmond Joly (1861-1932). Extrait de Notre-Dame de Bonheur, Casterman éd., Paris, pp. 24 à 30 et 204. Préface du Cardinal Baudrillart. (1) Le 19 mars 1938, le nom de Notre-Dame de Bonheur, titre du dernier livre posthume d'Edmond Joly, fut donné, sur la demande de la veuve de l'écrivain, à une magnifique statue de la Vierge, appartenant à l'art du XVII° siècle et qui se trouve dans l'église d'Ollioules (Var). Cette statue, ignorée jusqu'alors, est devenue depuis l'objet d'un culte et un centre de pèlerinages. La prière a été indulgenciée par S. Em. le cardinal Baudrillart. |
Prières à Saint Joseph O vous qui avez peuplé l'exil d'Egypte avec les seuls Jésus et Marie ; qui faisiez de leur présence votre joie silencieuse, car ils vous tenaient lieu du monde entier, Joseph, rapprochez-vous de tous les solitaires dont le cœur est près de défaillir. Adoptez-les. Recevez-les dans votre Sainte-Famille. Il est si dur d'être dans l'abandon, sans mère, sans femme et sans enfant. Il est si humiliant de comprendre que l'on ennuie les autres avec sa souffrance. Ranimez ceux qui sont dans le désert que l'égoïsme fait autour d'eux. Et, quand le lourd après-midi oppresse leur poitrine ; quand leur tempe brûlante bat trop fort ; quand les obsèdent ainsi qu'un cauchemar, mais comme une délivrance possible, la corde ou le revolver, ah ! dans cette sécheresse, envoyez-leur cette brise qui fait neiger les voiles de votre Epouse sacrée. Francis Jammes (1868-1938). Extrait de Le Livre de saint Joseph, Plon, 1921, p. 33-34. O leur gardien ! Vous savez que toutes vos vierges n'ont point la grâce d'épouser votre divin Fils ; que beaucoup demeurent pleines de larmes parce qu'aucun fiancé de la terre ne vient les prendre par la main. Peu à peu les rossignols se taisent, les fruits au grenier vont se ternir. Considérez celles qui, pauvres et modestes, ne demandent qu'une part à l'humble amour, qui aspirent à la lourde tâche des servantes chrétiennes, désireuses de faire naître dans le renoncement des êtres qui leur ressemblent. Accueillez l'humiliation du père dont le cœur fait silence devant son enfant dont personne ne veut. Francis Jammes (1868-1938). Extrait de Le Livre de saint Joseph, Plon, 1921, p. 234. |
Prière O mon Maître aimé, par vos mains attachées à la Croix, je vous supplie d'effacer tous les péchés commis par mes mains criminelles. Mon doux Jésus, par la douloureuse fatigue qu'ont endurée sur la terre vos pieds bénis, par la divine blessure qu'ils ont soufferte lorsqu'ils furent percés, effacez toutes les immondices de mes pieds coupables. Enfin, ô mon Maître, ô mon Créateur, ô mon Sauveur, ô Jésus, par la dignité et l'innocence de votre vie, par la sainteté et la pureté qui en est le caractère, lavez toutes les souillures de ma vie impure, « de mon fumier ». Qu'elle ne soit plus en moi cette abominable vie, que l'ardeur de Votre amour l'attire tout entière, car Vous êtes, ô mon Roi, l'unique refuge de mon âme ; ô donnez-moi de me consumer sans fin dans les ardeurs de votre charité. Donnez-moi, ô mon Rédempteur, surtout la sainte humilité. Eve Lavallière (Sœur Eve-Marie du Cœur de Jésus, 1866-1929) |
Élévation à la sainte Trinité (*) O mon Dieu, Trinité que j'adore, aidez-moi à m'oublier entièrement pour m'établir en vous, immobile et paisible comme si déjà mon âme était dans l'éternité ; que rien ne puisse troubler ma paix ni me faire sortir de vous, ô mon Immuable, mais que chaque minute m'emporte plus loin dans la profondeur de votre Mystère ! Pacifiez mon âme; faites-en votre ciel, votre demeure aimée et le lieu de votre repos ; que je ne vous y laisse jamais seul ; mais que je sois là tout entière, tout éveillée en ma foi, tout adorante, toute livrée à votre action créatrice. O mon Christ aimé, crucifié par amour, je voudrais être une épouse pour votre cœur ; je voudrais vous couvrir de gloire, je voudrais mous aimer..., jusqu'à en mourir. Mais je sens mon impuissance, et je vous demande de me revêtir de vous-même, d'identifier mon âme à tous les mouvements de votre âme, de me submerger, de m'envahir, de vous substituer à moi, afin que ma vie ne soit qu'un rayonnement de votre Vie. Venez en moi comme Adorateur, comme Réparateur et comme Sauveur. O Verbe éternel, Parole de mon Dieu, je veux passer ma vie à vous écouter, je veux me faire tout enseignable afin d'apprendre tout de vous ; puis à travers toutes les nuits, tous les vides, toutes les impuissances, je veux vous fixer toujours et demeurer sous votre grande lumière ; ô mon Astre aimé, fascinez-moi pour que je ne puisse plus sortir de votre rayonnement. 0 Feu consumant, Esprit d'amour, survenez en moi afin qu'il se fasse en mon âme comme une incarnation du Verbe ; que je lui sois une humanité de surcroît, en laquelle il renouvelle son mystère ; et vous, ô Père, penchez-vous vers votre pauvre petite créature, ne voyez en elle que le Bien-Aimé en lequel vous avez mis toutes vos complaisances. O mes « Trois », mon Tout, ma Béatitude, Solitude infinie, Immensité où je me perds, je me livre à vous comme une proie, ensevelissez-vous en moi pour que je m'ensevelisse en vous, en attendant d'aller contempler en votre lumière l'abîme de vos grandeurs. 21 novembre 1904. Bse Elisabeth de la Trinité (née Elisabeth Catez, 1880-1906). Extrait de La Servante de Dieu, Elisabeth de la Trinité, ouvrage édité par le Carmel de Dijon. (*) Cette prière de la Bienheureuse Elisabeth de la Trinité a été trouvée sans titre dans ses notes. |
Prière pour savoir prier Mon Seigneur Jésus... prier, c'est Vous regarder, et puisque Vous êtes toujours là, puis-je, si je vous aime vraiment, ne pas Vous regarder sans cesse ? Celui qui aime et qui est en face du Bien-Aimé peut-il faire autrement que d'avoir les regards attachés sur Lui ?... « Apprenez-nous à prier », comme disaient les Apôtres !... Oh ! mon Dieu, le lieu et le temps sont bien choisis : je suis dans ma petite chambre, il fait nuit, tout dort, on n'entend que la pluie et le vent, et quelques coqs lointains qui rappellent, hélas ! la nuit de votre Passion... Enseignez-moi à prier, mon Dieu, dans cette solitude, dans ce recueillement... - Oui, mon enfant, il faut prier sans cesse, prie en faisant tout ce que tu fais : lisant, travaillant, marchant, mangeant, parlant, il faut toujours m'avoir devant les yeux, me regarder sans cesse, et me parler plus ou moins, suivant que tu le peux, mais me regardant toujours. L'oraison est l'entretien familier de l'âme avec Dieu ; l'oraison ne contient que cela ; l'oraison ne renferme ni méditation proprement dite, ni prières vocales, mais elle accompagne, dans un degré plus grand ou moindre, l'une et l'autre. - La méditation, c'est la réflexion attentive sur quelque vérité ou quelque devoir que l'esprit cherche à approfondir aux pieds de Dieu. La méditation est toujours plus ou moins mélangée d'oraison, car il faut nécessairement appeler Dieu à son aide de temps en temps pour connaître ce qu'on cherche ; et aussi pour jouir de sa présence et ne pas rester longtemps si près de Lui sans Lui dire aucune parole de tendresse... - Tes prières vocales, office canonial, rosaire, chemin de croix me plaisent, m'honorent, j'approuve que tu les dises, elles sont un petit bouquet que tu m'offres, un très beau et très divin cadeau quoique tu sois très petit... « Tu es un tout petit enfant, mais dans ma bonté, je te permets de cueillir, dans mon merveilleux jardin, les plus belles roses pour me les offrir, de sorte que, tout petit que tu es, en une demi-heure ou trois-quarts d'heure, et surtout en un peu plus, tu me fais un merveilleux bouquet... tu me comprends ?... Et ce bouquet me plaît de tes mains, mon chéri, mon bon chéri, parce que, bien que tu sois tout petit et plein de défauts, tu es mon enfant et, par conséquent, je t'aime ; je t'ai créé pour le ciel ; mon Fils unique t'a racheté de Son sang, t'a fait encore plus mon enfant, t'a adopté pour frère ; je t'aime, et puis, enfin, tu as écouté Sa voix et tu peux te dire que j'ai dit moi-même : « Si je t'ai tant aimé quand tu ne me connaissais pas, à plus forte raison, maintenant que, tout pauvre et pécheur que tu es, tu désires me plaire. » Tu le vois, bien que je sois bien grand, et toi bien petit ; bien beau et toi bien laid ; bien riche et toi bien pauvre ; bien sage et toi bien ignorant, cependant je tiens à ton bouquet quotidien, à tes roses du matin et du soir ; j'y tiens parce que ces roses que je te permets de cueillir dans mon jardin sont belles et j'y tiens parce que je t'aime, tout petit et tout mauvais que tu es, mon petit enfant. - Merci, merci, mon Dieu ! Que Vos paroles sont douces et qu'elles sont claires, et comme je vois bien ce que je n'avais pas vu du tout !... Merci, merci, mon Dieu ! comme vous êtes bon !... » Charles de Foucauld (1858-1916). Extrait des Écrits spirituels, Paris, de Gigord, 1923, pp. 98 à 101. |
Prières Seigneur, vous avez mis votre Croix sur mon âme, sur mon cœur, sur mon corps. Vous me donnez la souffrance, et de toutes les souffrances celles que Vous savez devoir transpercer mon cœur de 1a façon la plus aiguë. Aidez-moi à porter cette Croix sans amertume, sans abattement, sans retour égoïste sur moi-même. A travers bien des défaillances et d'humiliantes faiblesses, il me semble que Vous me faites peu à peu avancer dans la voie du renoncement, de l'entier abandon. Mon Dieu, laissez-moi Vous renouveler ma prière : qu'il n'y ait pour ceux que j'aime ni fautes ni douleurs, que votre lumière brille en eux, que leur âme soit sanctifiée par Vous. Je Vous les confie, et moi je m'abandonne à Vous, déposant mon fardeau en votre Cœur et lui abandonnant tout souffrances, désirs, prières. C'est à Vous que je veux réserver les larmes du cœur, ne donnant aux autres que le sourire des yeux ; c'est avec Vous seul que je veux porter la Croix, ne laissant voir de mes misères intimes que le rayonnement du Thabor, de cette lumière qui m'a d'abord réchauffée et qui s'est éteinte pour laisser place aux ténèbres de la Croix. Jésus a fait son oeuvre de salut sur le Calvaire ; c'est par la douleur que les âmes choisies par Lui accomplissent le leur, dans le dépouillement et l'humiliation. 16 juillet 1913. Seigneur, soyez béni de toutes mes souffrances actuelles (1), puisque j'ose espérer qu'elles sont la douce réponse de votre Cœur. Je Vous les offre toutes, toutes ; celles du corps, celles du cœur, celles de l'âme, et toutes mes privations, et mon intime dépouillement, et ma grande solitude spirituelle. Servez-Vous de ces humbles offrandes pour les intentions et substitutions que Vous savez, pour les âmes et pour l'Eglise. Acceptez-en la dîme pour l'expiation de mes péchés et pour cette oeuvre de réparation que Vous confiez à vos plus chères âmes. Ce n'est pas de l'orgueil, n'est-ce pas, Seigneur ? de me dire ainsi votre amie, votre appelée, votre âme choisie, puisque dans ma vie je vois partout la trace de votre amour, partout l'appel divin, partout la vocation surnaturelle. Vous vous êtes servi de l'épreuve, des souffrances, de la maladie, pour me prendre toute à Vous et me sanctifier, après m'avoir d'abord attirée par votre seule action intérieure, Vous avez tout fait. Et maintenant, achevez votre œuvre ; faites-moi sainte, dans la mesure où Vous le voulez ; servez-Vous de moi en faveur des âmes, pour mes bien-aimés, pour tous vos intérêts ; disposez de moi pour votre plus grande gloire : que tout cela se fasse dans le silence, dans un intime Cœur à cœur, dans le Seul à seule de mon âme avec Vous. Du plus profond de mon être et de l'abîme de ma misère je vous dis : « Seigneur, que voulez-Vous que je fasse ? Parlez, votre servante écoute ; voici la servante du Seigneur ; je viens, ô Père, pour faire votre volonté. » Patience, douceur, humilité, silence, amabilité. Laisser ignorer « tout ce que je peux » de mes souffrances physiques, « tout » de mes souffrances morales, de mes privations spirituelles. Envelopper de sérénité et de sourires mes dégoûts, tristesses ou renoncements. Chercher à concilier les goûts, les désirs, les besoins de chacun, et moi me compter pour rien, ne pas penser à ce que je pourrais vouloir ; sacrifier même mes aspirations les plus hautes lorsque, n'étant pas comprises, elles pourraient gêner autrui ou simplement déplaire. J'aurai toute l'éternité pour contempler Celui que mon âme adore, m'unir à Lui et prier. Ici-bas je dois penser au prochain, aux âmes, me sacrifier, et pratiquer la contemplation dans l'action. Il y a matière à bien des renoncements, à d'intimes, constantes mortifications, dans cet abandon incessant de tout ce qui est l'ardent désir, la profonde aspiration de mon âme. Elisabeth Leseur (1866-1914). Extrait de Journal et Pensées de chaque jour, J. de Gigord, éditeur. 1) L'auteur avait pris le lit le 6 juillet 1913, atteinte définitivement par le mal qui l'a terrassée. Quand elle écrivit ces lignes, au crayon, couchée, elle avait déjà traversé des crises de souffrances extrêmement aiguës. Son état s'aggrava au point de donner les pires inquiétudes à la fin du mois d'août et au commencement du mois de septembre. Au mois d'octobre, elle eut une amélioration telle, qu'on la crut guérie. Le 12 novembre, le mal reparaissait et la clouait de nouveau au lit. (Note de l'Éditeur.) |
Oraison du silence Aie pitié de moi, Seigneur, aie pitié de moi selon ta patience et ton inlassable bonté. Efface de mon âme jusqu'au moindre vestige des doctrines venimeuses que le diable y inscrivit jadis. Qu'elle soit une page blanche, où tu traceras, en lettres de lumière, ta volonté et les secrets de ta Sagesse. Qu'elle se purifie toujours davantage et qu'elle resplendisse enfin comme la neige des hauts sommets sous le soleil de ton Amour. Que le rythme des heures qu'il me reste à vivre ici-bas se règle exclusivement sur la sainte doxologie : Gloire au Père, et au Fils et au Saint-Esprit, comme il était au commencement, et maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles, ainsi soit-il... Invocation fortifiante qui fait que je me réjouis d'avoir souffert et de souffrir encore pour ton service. Chaque fois que je la prononcerai d'un cœur contrit et d'un esprit droit, je sais que ta grâce affluera dans mon âme et que le Paraclet me donnera la force de surmonter joyeusement la nature. Je t'offre mon âme. C'est une masure indigente. Mais si tu daignes y habiter, elle deviendra plus splendide qu'un palais en fête. Et je t'offre mon cœur d'où je me suis efforcé de chasser tout penchant aux choses de ce monde. Si tu daignes y habiter, il sera comme un parterre de fleurs que cultivent tes Anges. Or Jésus me répond : En croix sur le Calvaire, je souffre et je saigne pour le rachat de tous ces hommes qui m'ignorent et de tous ces hommes qui me haïssent et me méprisent. Si tu m'aimes, viens m'y retrouver. Je veux bien, Seigneur. Permets que je sois crucifié à ta droite comme le bon Larron. Et, de même que tu te souvins de lui, souviens-toi de moi dans ton royaume du Ciel... Adolphe Retté (1863-1930). Extrait des Oraisons du Silence, Paris, Messein,1930, pp. 199-200. |
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