Mois de Marie

d'après Bossuet



Vingt-quatrième Jour

Le Saint Cœur de Marie

Le vénérable Jean Eudes semble avoir été envoyé à la France pour y répandre et y faire aimer la dévotion au Saint Cœur de Marie.
En 1648, les Eudistes, ayant à leur tête leur saint et zélé supérieur, prêchèrent une grande mission dans la ville d’Autun. La fête du Saint Cœur de Marie y trouva sa place et fut célébrée solennellement dans la cathédrale. Un beau miracle affermit la piété des fidèles et leur montra combien elle était agréable à la Sainte Vierge.
Une religieuse bénédictine de l’abbaye de Saint-Jean-le-Grand, nommée Françoise Durez, était malade de la rougeole. Une fluxion violente qui s’était portée sur les yeux, lui avait ôté l’usage de la vue et lui faisait souffrir de violentes douleurs de tête. Inspirée de Dieu, la religieuse appela son infirmière, la pria de se mettre à genoux au pied du lit et de lui faire dire par cœur la « Salutation » au très Saint Cœur de Marie : Ave Cor Sanctissimum, imprimée dans un petit livre. Après récitation de la prière, la malade demanda le livre et l’appliqua sur ses yeux, environ le temps d’un Miserere en suppliant la Très Sainte Vierge de lui rendre la vue et la santé, par les mérites de son très Saint Cœur. Un instant après, elle retirait le livre et constatait avec bonheur que les souffrances avaient disparu et que la vue était aussi parfaite qu’autrefois.
(Tiré de la Vie du P. Eudes).
NB : La Vie de St Jean Eudes et ces événements de 1648 sont relatés dans notre dossier sur la dévotion au Sacré-Cœur.
Résolution. – Dans les épreuves, la solitude, la tristesse, nous soutenir par le souvenir de la présence de Jésus et de Marie.


Pratique du jour

« Apprenons que ce n’est pas dans la science, mais dans la soumission que consiste la perfection (1). Pour nous empêcher d’en douter, Marie même nous est représentée comme ignorant le mystère dont lui parlait ce cher Fils. Elle ne fut point curieuse : elle demeura soumise ; c’est ce qui vaut mieux que la science. Laissons Jésus-Christ agir en Dieu, faire et dire des choses hautes et impénétrables ; regardons-les comme fit Marie avec un saint étonnement, et conservons-les dans notre cœur pour les méditer et les tourner de tous côtés en nous-mêmes, et les entendre, quand Dieu le voudra, autant qu’il voudra. »

       (1) : Elévations, XXe sem., VIIe élévat.


Prière

Je suis faible, vous le savez, Vierge bénie. Ma misère est profonde, et, quoi que mon orgueil prétende, bien grande aussi ma lâcheté. D’autre part, la tâche que j’ai à accomplir est ardue, et les ennemis qui me pressent sont aussi perfides que nombreux. En face de difficultés si redoutables, comment ne sentirais-je pas à certaines heures le courage faiblir dans mon cœur, les brumes aveuglantes l’envahir, et l’espérance s’y évanouir dans les poignantes étreintes de l’angoisse ? Et pourtant cette espérance m’est indispensable, je ne puis pas m’en passer ! Car le soldat est vaincu d’avance qui, à son entrée sur le champ de bataille, désespère de la victoire ;
Que l’espérance soit donc toujours mon soutien ; qu’elle reste ma consolatrice fidèle, ô ma Mère, dans toutes les peines de cette vie. Que rien ne la voile jamais dans mon cœur. Mais qu’elle y demeure douce, sereine, réconfortante, et qu’elle me rappelle que celui qui la porte ici-bas dans son âme peut bien y subir de passagères défaites ; mais qu’arrêté plutôt que vaincu, il se relève bientôt pour reprendre d’un pas plus sûr et d’un cœur plus ferme sa marche en avant vers son maître Jésus-Christ. Amen.


Premier Jour       Jour précédent       Jour suivant