Vingt-deuxième Jour Les eaux de Lourdes Un officier supérieur allant à une de nos stations thermales, causait avec un compagnon de voyage : « Si nous nous arrêtions à Lourdes », lui dit ce dernier – « Pourquoi donc ? » - « Nous y trouverions le pèlerinage national ! » - « Voilà cinquante ans que je n’ai pas mis les pieds dans une église ! » - « Qu’à cela ne tienne, tout se passe en plein air » - « Alors, c’est différent. » Ils s’arrêtèrent à Lourdes et se trouvèrent bientôt au milieu des fidèles qui priaient devant les piscines. Ces ardentes supplications étonnèrent d’abord, mais ne tardèrent pas à subjuguer l’âme droite et loyale de l’officier. Il pria avec les autres, aussi longtemps que les autres et écouta les sermons avec attention. « Il fait chaud, lui dit son compagnon, si nous buvions un verre d’eau de la Grotte ? » « Volontiers. Le prédicateur m’a rendu tout rêveur. » Il rêva, il pria, il monta jusqu’à la crypte où l’on confesse, et lorsqu’il en descendit son âme débordait de joie. – « Si vous voulez aller aux eaux, dit-il à son compagnon, allez-y ; moi j’ai trouvé les miennes. » (Du Mois de Marie en histoires, Paillart, p. 25). Résolution. – Vivre surnaturellement, victorieux du péché. Pratique du jour « Ne cherchons aucun prétexte de nous dispenser des saintes observances de l’Eglise (1), de ses jeûnes, de ses abstinences, de ses ordonnances. Le plus dangereux prétexte de se dispenser de ce que Dieu demande de nous est la gloire des hommes. Un fidèle vous dira : Si je m’humilie, si je me relâche, si je pardonne, on dira que j’aurai tort. Un ecclésiastique à qui vous conseillerez de se retirer durant quelque temps dans un séminaire, pour se recueillir et se redresser, vous dira : On croira qu’on me l’a ordonné par pénitence, et on me croira coupable. Mais ni Jésus ni Marie n’ont eu ces vues ; Jésus ne dit pas : On me croira pécheur comme les autres si je subis la loi de la circoncision. Marie ne dit pas : On me croira mère comme les autres, et le péché comme la concupiscence mêlé dans la conception de mon Fils comme dans celle des autres, ce qui fera tort non tant à moi qu’à la dignité et à la sainteté de ce cher Fils ; elle subit la loi et donne un exemple admirable à tout l’univers de mettre sa gloire dans celle de Dieu et dans l’honneur de lui obéir et d’édifier son Eglise. » (1) : Elévations, XVIIIe sem., IIIe élévat. Prière Fidèle copie de votre Fils, ô Mère des âmes, vous avez accompli la loi jusque dans ses prescriptions les plus minimes et vous y avez obéi avec amour. Si le joug divin nous paraît si pesant parfois, n’est-ce point parce que cet amour s’attiédit dans nos âmes ? Et s’il y tombe, n’est-ce point parce que les avines préoccupations du monde nous envahissent et parce que d’invisibles attaches nous retiennent prisonniers sur la terre ? Ah ! rompez ces entraves funestes, quoi qu’il nous en doive coûter ! Brisez ces liens qui empêchent nos âmes d’ouvrir largement leurs ailes pour monter vers Dieu. Venus captifs dans ce monde, l’infinie Miséricorde nous a affranchis par la grâce. Libres nous sommes, libres nous voulons toujours rester. Plus d’esclavage dès lors, ni de servitude ! Plus de fers ni de chaînes, sinon celles que notre amour forgera librement lui-même dans sa reconnaissance pour s’attacher à jamais à Jésus-Christ. Ainsi soit-il. |