Vingtième Jour Le vieux soldat Un vieux soldat, accablé de fatigues et de blessures, se trouvait à l’hôpital des incurables à Anvers. Il avait vieilli dans les camps, mais il avait conservé son âme jeune et toute disposée à s’ouvrir aux inspirations de la piété. Un prêtre qui vint le voir lui parla de la dévotion à la Salutation angélique, et lui apprit à réciter son chapelet. Le vieux militaire trouva tant de charme et de consolation dans cette prière, qu’il pleurait de l’avoir connue si tard : « Si je l’avais connue plus tôt, disait-il, je l’aurais récitée tous les jours. » Dans l’ardeur de ses regrets, il s’efforçait de suppléer au temps perdu, et, selon le lot du chroniqueur, il disait son chapelet avec le pas accéléré du voyageur qui chemine au soleil brûlant et cherche à gagner l’ombre. N’espérant plus guérir, il disait incessamment : « Si la très sainte Vierge voulait bien m’accorder trois ans de vie, je réciterais autant de rosaires qu’il y a eu de jours dans mon existence. » Il demanda combien soixante ans faisaient de jours ; on lui répondit « 21.900 ». il demanda ensuite combien il lui faudrait dire de rosaires pour compléter ce nombre en trois années. On lui dit qu’il fallait en réciter vingt par jour. Et le vieux soldat s’imposa cette tâche avec bonheur, et il ne passa pas un jour sans réciter ses trois mille Ave Maria ! il arriva ainsi, transfiguré et illuminé par sa piété, à son vingt et un mille neuf centième rosaire. La mort l’attendait là ; il ne vécut ni un jour ni une heure de plus. Il expira en récitant son dernier rosaire. (Abbé Ezerville, Trésors de l’Ave Maria, René Haton, p. 14). Résolution. – Mettre dans notre vie l’esprit de la Sainte Enfance fait de simplicité et de surnaturel. Pratique du jour Acceptons d’un cœur ferme les contretemps, les déconvenues, les épreuves dont la Providence sèmera peut-être aujourd’hui notre chemin. Rien n’arrive que par son ordre ou sa permission, et tout doit tourner au profit de notre âme, si nous acceptons tout avec vaillance. La Sagesse infinie a, en effet, des moyens tout-puissants pour faire son œuvre dans nos cœurs et pour en mettre la céleste beauté en pleine lumière. Mais ses vois sont souvent si mystérieuses, si impénétrables, qu’elles nous déconcertent. Elles paraissent s’écarter plutôt du but qu’y tendre et y conduire. N’importe, misérable créature, humilie ta raison infirme devant cette Sagesse. Confie-toi en ses desseins éternels. Etsi, en passant, les moyens dont elle use pour les accomplir t’apportent quelque douloureuse épreuve, s’ils jettent le trouble dans ton intelligence et l’angoisse dans ton cœur, si ceux mêmes qui ont pour toi le plus d’affection croient y voir un fondement à leurs soupçons injurieux, adore et reste calme. Garde ta paix tout entière, comme marie, ta divine Mère. Car, à l’heure marquée, Dieu prendra ta défense, et, s’il le faut, il enverra un de ses anges pour témoigner de la pureté de tes intentions et pour la faire éclater d’une manière indubitable aux yeux de tous ceux qui te connaissent ! Prière O Marie, vous que Jésus a choisie pour la compagne de ses souffrances, de sa gloire et de sa puissance, et qui, infiniment au-dessous de lui, mais pourtant à une hauteur incommensurable encore au-dessus de tous les saints, resplendissez comme un soleil dans l’immensité des profondeurs éternelles, votre pouvoir est immense. L’opulente charité de Dieu a versé en vous les flots éblouissants de la plénitude de la grâce. Elle vous a fait participer aux prérogatives glorieuses qui sont l’exclusif apanage de l’Homme-Dieu, et le Très-Haut vous a donné par grâce tous les droits et privilèges qui lui appartiennent par nature (1). Au-dessous de votre divin Fils et après lui, vous possédez par conséquent la prééminence dans l’Eglise. Exercez votre suzeraineté sur elle, en nous prenant sous votre garde. Etoile du matin, paraissez dans ce ciel si sombre. Laissez filtrer jusqu’à nous, au milieu de ces ténèbres, votre doux rayon d’espérance. Maintenez-nous la vaillance au cœur et une paix ferme dans l’âme aussi longtemps que la Providence voudra que la tempête se prolonge. Et faites que, bien loin de défaillir dans la foi comme les disciples sur la barque de Génésareth, inébranlablement confiants en notre Maître, nous restions toujours calmes et sans peur au sein même des plus terribles orages. Ainsi soit-il. (1) : « Quidquid Deo convenit per naturam Mariae convenit per gratiam. » |