Dix-neuvième Jour Sauvée de l’incendie par l’Ave Maria Le feu venait d’éclater depuis quelques minutes, à l’Opéra de Paris, et déjà il était facile d’apprécier que le mal était sans remède. Mme N*, ouvreuse de loges, comprenant qu’il fallait s’enfuir au plus tôt, se disposait à sortir de la salle, quand elle s’aperçut qu’un grand nombre de personnes s’engageaient dans un couloir sans issue. Désireuse de les sauver, elle crie à ces personnes qu’elles s’égarent et les invite à la suivre. On s’empresse de faire volte-face. Mais en un instant la pauvre femme est enveloppée par cette foule affolée, et ne peut plus diriger la retraite. Par surcroît de malheur, elle voit tout à coup les lumières s’éteindre. L’effroi, l’affolement augmentent de moment en moment ; on se bouscule, on s’écrase ; c’est à qui passera sur son voisin : bientôt le passage est obstrué par les corps de ceux qui ont été renversés par les premiers. Croyant l’heure de sa mort arrivée, Mme N* pousse, au fond de son cœur, ce cri de suprême recours à Marie : « J’envoie mon dernier soupir à Notre-Dame-des-Victoires ! » Elle tombe bousculée en disant : « Je vous salue Marie », et perd toute connaissance. Que se passa-t-il alors ? Elle ne saurait le dire. Mais six ou sept heures après, elle revenait à elle-même, et se trouvait avec satisfaction, dans un lit d’hôpital à La Charité. Combien grande fut sa reconnaissance pour Notre-Dame-des-Victoires ! Elle la traduisit immédiatement en chargeant plusieurs personnes qui vinrent la visiter de demander des actions de grâce à l’autel de marie, et, le 1er juin, elle faisait réclamer la faveur d’inscrire son nom au registre des associés. (Abbé Ezerville, Trésors de l’Ave Maria, René Haton, p. 36). Résolution. – Accepter en silence, de la main de Dieu, et avec confiance quand même, toutes les peines de la vie. Pratique du jour « Attachons-nous donc avec Marie aux immuables promesses de Dieu (1), qui nous a donné Jésus-Christ. Disons avec Elisabeth : Nous sommes heureux d’avoir cru ; ce qui nous a été promis s’accomplira. Si la promesse du Christ s’est accomplie tant de siècles après, doutons-nous qu’à la fin des siècles tout le reste ne s’accomplisse ? Si nos pères avant le Messie ont cru en lui, combien maintenant devons-nous croire que nous avons Jésus-Christ pour garant de ces promesses ? Abandons-nous à ces promesses de grâce, à ces bienheureuses espérances, et voyons dedans toutes les trompeuses espérances dont le monde nous amuse. Chantons aussi la béatitude de Marie avec la nôtre ; publions qu’elle est bienheureuse, et agrégeons-nous à ceux qui la regardent comme leur mère. Prions cette nouvelle Eve, qui a guéri la plaie de la première, au lieu du fruit défendu dont nous sommes morts, de nous montrer le fruit béni de ses entrailles. Unissons-nous au saint cantique, où Marie a chanté notre délivrance future. Disons avec saint Ambroise : « Que l’âme de Marie soit en nous pour glorifier le Seigneur ; que l’esprit de Marie soit en nous pour être ravis de joie en Dieu notre Sauveur ». » (1) : Elévations, XIVe sem., VIIIe élévat. Prière Reine du ciel et de la terre, donnez-nous un cœur semblable au vôtre, un cœur grand, noble, généreux, vraiment royal. Ce souhait n’est pas téméraire de notre part, puisque la bonté infinie nous appelle tous à régner un jour, non pas dans ce monde où tout passe, mais au ciel où tout demeure éternellement. Une couronne nous attend : la foi nous l’enseigne, et nous le croyons fermement. Aidez-nous donc à nous faire un cœur dont les sentiments soient à la hauteur d’une destinée si sublime, que rien de bas, de vil ou de vulgaire ne s’y rencontre ; que tout y soit noble, pur, magnanime. Que nos pensées, nos désirs, nos aspirations ne nous inclinent pas vers la terre où, au milieu de la poussière et des fanges, on ne s’attache que trop souvent à des débris, mais qu’ils s’élèvent vers le ciel où, quand il est calme, notre cœur pressent la patrie et la salue de loin avec amour. Rendez-nous dignes aussi d’entrer un jour dans le royaume où votre divin Fils règne, et de prendre rang parmi les princes de sa cour céleste. Ainsi soit-il. |