Dix-septième Jour Tout à Marie Il y a environ trente ans, un matelot montait à Notre-Dame-de-la-Garde. Il était nu-pieds, sans chapeau, et portait une malle sur ses épaules. Arrivé à la chapelle, il déposa son fardeau à l’entrée du chœur et après une fervente prière, s’efforça de pousser la malle près de l’autel. Un sacristain ne tarda pas à inviter notre marin à retirer son colis, fort déplacé en cet endroit. – Impossible, répond le matelot : il ne m’appartient pas. – Alors ce sera moi qui l’enlèverai, dit le sacristain. – Vous ne le ferez pas, car cette malle ne vous appartient pas non plus. Le sacristain crut devoir exposer le cas à l’un des pères. Celui-ci apprit de ce brave homme que, dans un moment de péril, il avait fait vœu de donner à la Sainte Vierge tout ce qu’il possédait. Sauvé par elle, il avait mis dans une malle tout ce qui était en sa possession, y compris ses souliers et son chameau ; et cette malle, il venait de la livrer à sa bienfaitrice. On dit que Monseigneur de Marseille dut intervenir pour persuader à ce loyal marin de reprendre sa malle. – ce que j’ai donné est donné, disait-il. Il fallut que Monseigneur se portât caution pour lui auprès de la Sainte Vierge. Donnez à Marie, et vous n’y perdrez rien. Faites à ses pauvres l’aumône d’un peu de pain, aux âmes du purgatoire, aux pécheurs l’aumône d’une prière : tous sont ses enfants. (Du Mois de Marie en histoires, Paillart, p. 28). Résolution. – Faire connaître Jésus par une vie sainte. Pratique du jour « C’est dans la sainte volonté de Dieu que se trouve l’égalité et le repos (1). Dans la vie des passions et de la volonté propre, on pense aujourd’hui une chose et demain une autre ; une chose durant la nuit, et une autre durant le jour ; une chose quand on est triste, autre chose quand on est en bonne humeur ; une chose quand l’espérance rit à nos désirs, autre chose quand elle se retire de nous. Le seul remède à ces altérations journalières et à ces inégalités de notre vie, c’est la soumission à la sainte volonté de Dieu. Comme Dieu est toujours le même dans tous les changements qu’il opère au dehors, l’homme soumis à sa volonté est toujours le même. On n’a pas besoin de chercher des raisons particulières pour se calmer : c’est l’amour propre ordinairement qui les fournit. La souveraine raison, c’est ce que Dieu veut. La volonté de Dieu sainte en elle-même est elle seule sa raison. Prenons garde néanmoins que ce ne soit pas par paresse ou par une espèce de désespoir, et pour nous donner un faux repos, que nous ayons recours à la volonté de Dieu. Elle nous fait reposer non dans notre propre contentement, mais en celui de Dieu : le priant de se contenter et de faire toujours de nous ce qu’il lui plaira. Qu’importe de ce que nous devenions sur la terre, « il n’y a qu’une chose à vouloir : c’est, Seigneur, d’habiter dans votre maison pour y voir la volupté du Seigneur » (a), et le louer aux siècles des siècles. Commençons dès cette vie et chantons avec David, ou plutôt avec Jésus-Christ, l’hymne de la sainte volonté : « Me voici, Seigneur, et je viens pour accomplir votre volonté. » (b) » (1) : Elévations, XIIIe sem., VIIe élévat. (a) : Psalm. XXVI, 4. (b) : Ibid., XXIX, 8, 9. Prière « O Jésus, vivant en Marie, vivez en nous, qui sommes vos serviteurs ; vivez-y dans l’esprit de votre sainteté, dans la plénitude de votre force, dans la vérité de vos vertus, dans la communion de vos mystères. Triomphez-y de toutes les puissances ennemies en votre esprit et pour la gloire de votre Père. » Ainsi soit-il. (300 jours d’indulgence une fois par jour). |