Mois de Marie

d'après Bossuet



Seizième Jour

Un Ave Maria à Notre-Dame des Victoires

Une dame avait demandé à un jeune homme partant pour Paris de vouloir bien aller dire pour elle un Ave Maria à Notre-Dame des Victoires. Le voyageur, malgré sa promesse, n’en avait rien fait. Prêt à quitter la capitale, il eut un remords. « J’y vais, dit-il, mais ce sera bientôt fait. » Le voilà donc dans l’église privilégiée de la Sainte Vierge. Il s’agenouille et cherche dans sa mémoire la prière à marie, délaissée, hélas ! depuis longtemps. Il la retrouve, il la dit. Soudain, cette douce invocation touche l’âme du pauvre pécheur ! C’est un réveil, c’est une vision. Il se sent ému, il pleure. Le vénérable M. Desgenettes passait en ce moment : il voit cette émotion, il devine un prodige et s’approche. « Ne résistez pas à l’appel de votre Mère du ciel, dit le prêtre ; votre mère de la terre qui vous attend là-bas en sera si heureuse ! » La grâce avait triomphé, et à l’instant même le jeune homme faisait une excellente confession. Il retarda son départ jusqu’au lendemain afin de pouvoir communier. Jugez de sa joie lorsqu’il vint rendre compte à la bonne dame de la manière dont il s’était acquitté de sa commission !
(Du Mois de Marie en histoires, Paillart, p. 4).

Résolution. – S’appliquer au renoncement intérieur par la mortification de l’amour propre.


Pratique du jour

« Dressez aujourd’hui en l’honneur de Marie une image sainte, soyez vous-même son image. « Chacun, dit saint Grégoire de Nysse (a), est le peintre et le sculpteur de sa vie. » Formez la vôtre sur la sainte Vierge, et soyez de fidèles copies d’un si parfait original. Soyez humbles, soyez pudiques, soyez modestes, méprisez les vanités du monde et toutes les modes ennemies de l’honnêteté… Marie avouera que vous l’honorez, quand vous imiterez ses vertus ; elle priera pour vous, quand vous serez soigneux de plaire à son Fils ; et vous plairez à son Fils, quand il vous verra semblable à la Mère qu’il a choisie. »

       (a) : De Perf. cristian. forma.


Prière

Miroir de toute justice, ô Marie, vous avez fidèlement reflété les rayons divins. Dans son absolu détachement des biens éphémères de ce monde, votre cœur savait trop la valeur éternelle des biens du ciel pour en laisser perdre la moindre parcelle. Aussi, saintement avide, avez-vous toujours profité de toutes les grâces que la divine miséricorde vous fit. Elles s’accumulèrent dans votre âme, sans que le monde y prît garde, comme les eaux souterraines s’accumulent loin des regards des hommes dans les réservoirs mystérieux creusés aux flancs de certains monts. Et cette fidélité inviolable vous rendit chaque jour de plus en plus semblable à Dieu.
Faites qu’à son tour notre cœur se détache des biens périssables de la terre, pour mieux comprendre la beauté et le prix de ceux du ciel. Qu’il accueille enfin la grâce avec un empressement qui ne se démente jamais plus ! Qu’il laisse cette fidèle ouvrière du Dieu du Calvaire retracer en nous l’image divine, jadis effacée par le péché ! Et que, loin d’entraver son action bienfaisante, soutenu par vous, ô ma Mère, il la seconde avec bonheur, afin qu’ébauchée dans la peine, cette image apparaisse resplendissante un jour dans la gloire. Ainsi soit-il.


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