Cinquième Jour La Messe en l’honneur de Marie Dans un pensionnat des « Frères de Marie » appelés aussi « Marianistes », un enfant allait mourir d’une fièvre typhoïde. Appelée en toute hâte, sa pauvre mère ne quittait point son chevet. On administra sur le soir de son arrivée les derniers sacrements au malade, lequel tomba, aussitôt après, dans un état d’immobilité complète et d’apparente insensibilité. – « C’est la fin », murmura le docteur. On comprend aisément le déchirement de cette pauvre mère, quelle nuit elle passe, épiant, anxieuse, un dernier soupir que sa tendresse maternelle, aidée de sa foi, supplie Dieu d’éloigner. Il y avait dans cette infirmerie deux agonisants, et certes, le plus douloureux n’était point le mourant. L’aumônier était là aussi priant, disant son rosaire. A l’aube du lendemain rien n’était changé mais les angoisses augmentaient. Soudain l’aumônier se lève : « Madame, aimez-vous la Sainte Vierge. – Oh ! Monsieur l’aumônier, si je l’aime !... Je lui ai consacré mon Joseph à son berceau et depuis hier, c’est à elle que je demande la guérison ! – Moi aussi, dit l’aumônier, eh bien, puisque vous aimez la Sainte Vierge, n’ayez pas un instant de doute. Joseph sera guéri ; je vais tout de suite célébrer la messe en l’honneur de cette bonne Mère du ciel ; je vous le dis, Joseph sera guéri ! » il sortit, la chapelle était à côté, depuis le lit du mourant la pauvre mère entendait la petite clochette de l’enfant de chœur. A la consécration, elle tombe à genoux, mais vite, elle se relève. Joseph a ouvert les yeux, il demande à boire… il parle, il s’agite doucement. Il était guéri et trois jours après partait convalescent avec son heureuse mère qui aimait bien la sainte Vierge. Résolution. – Prier Jésus au nom des souffrances de sa Mère. Pratique du jour « Je ne m’étonne pas si Dieu paraît si fort éloigné des hommes (1), et s’il retire de nous ses miséricordes. Ah ! c’est que l’humilité est bannie du monde. Car si nous étions humbles, aimerions-nous tant les honneurs du siècle, que Jésus a tellement méprisés ? Si nous étions vraiment humbles, ne souffririons-nous pas les injures avec patience ? et nous y sommes si délicats ! Et si nous étions vraiment humbles, voudrions-nous rabaisser les autres pour bâtir sur leur ruine notre propre estime ? et pourquoi donc tant de médisances ? Et si nous étions vraiment humbles, ne craindrions-nous pas les rencontres dans lesquelles nous savons assez, par une expérience funeste, que notre intégrité fait toujours naufrage ? et nous allons aux occasions de péché, nous nous jetons au milieu des périls comme si nous étions impeccables. Combien notre orgueil est grand ! Il a fallu pour le guérir l’humilité d’un Dieu, et encore l’humilité d’un Dieu ne peut nous apprendre l’humilité ! » Qu’à partir de ce jour, du moins, cette divine leçon nous serve. Evitons tout ce que pourrait nous dicter l’orgueil, l’amour-propre, la vanité, et, par amour de notre Maître, comme la sainte Vierge, pratiquons l’humilité. (1) : Bossuet, Œuvres orat., t. II, p. 14. Prière Seigneur, ayez pitié de notre orgueil. Profondément enraciné dans nos âmes, cet orgueil est si grand et si fort, qu’il y résiste au spectacle même du Verbe s’incarnant pour nous sauver. « Néant superbe, que faudra-t-il donc pour me rabaisser, si un Dieu anéanti n’y suffit pas ? Ce Dieu n’a rien au-dessus de lui, et il se donne un Maître, en se faisant homme ; et moi, resserré de toutes parts dans les chaînes de ma dépendance, » je ne puis ni m’humilier, ni obéir ! Dans cet état, que ferai-je ? Je recourrai à vous, ô ma Mère. Réformez donc ce cœur orgueilleux, mille fois plus léger que le chaume. Rappelez-lui pour son salut le pauvre limon d’où il sort, apprenez-lui à savourer ses faiblesses. Enseignez-lui l’art de s’abaisser devant Celui qui exalte les humbles. Faites de lui en un mot un cœur humble comme le vôtre, afin qu’il devienne, par cette humilité même, un cœur cher au divin Maître. Ainsi soit-il. |