« Un jour que sainte Gertrude cherchait, parmi les différentes faveurs qu'elle avait reçues, celle qu'il serait le plus utile de manifester aux hommes pour leur avancement spirituel, Notre-Seigneur lui indiqua précisément cette disposition miséricordieuse de son Coeur à réparer toutes nos fautes : « Fais connaître aux hommes, lui dit-Il, l'avantage qu'ils trouveront à se rappeler sans cesse que moi, le Fils de la Vierge, je me tiens debout pour leur salut devant Dieu le Père et que, s'ils viennent à commettre quelque faute, j'offre pour eux mon Coeur sans tache à la justice divine. » La seule chose qu'Il demande pour cela, c'est que nous venions lui apporter nos misères avec un coeur contrit et confiant, avec une bonne volonté qui se relève courageusement après chaque chute, lui demandant de suppléer à notre indigence et d'acquitter entièrement toutes nos dettes.

Vous voyez combien cette doctrine est encourageante et enrichissante et comme la dévotion au Sacré-Coeur, ainsi pratiquée, peut nous élever rapidement à une haute perfection, puisque si nous savons lui apporter, chaque jour, nos oeuvres, nos manquements, nos dettes, Il réparera tout, compensera tout et revêtira nos moindres bonnes actions d'une valeur infinie. Et pour lui exposer ainsi notre misère et lui demander d'y suppléer, disons-lui simplement comme sainte Gertrude : « Ô mon frère, puisque vous vous êtes fait homme pour payer les dettes des hommes, daignez maintenant, je vous en prie, suppléer à mon indigence et acquitter entièrement toutes mes dettes. »

Coeur Sacré de Jésus, j'ai confiance en vous ! Ce sera donc là désormais une de nos invocations favorites. Nous la redirons au moment des difficultés, des tentations, des ennuis. Nous la redirons pour la redire par plaisir et pour être agréables au Coeur de Jésus. Nous la redirons chaque fois que nous aurons une grâce à demander, un secours à solliciter.

Coeur Sacré de Jésus, j'ai confiance en vous ! Oui, nous la redirons sans cesse, cette belle prière, et quand Dieu devra nous juger, elle sera encore une dernière fois sur nos lèvres, et l'entier pardon qu'elle nous obtiendra alors, sera la meilleure réponse de Jésus à tous ces cris de foi et d'amoureuse confiance qui seront sortis si souvent de notre coeur, au cours de notre vie. »

Abbé A. Comerson, Entretiens spirituels sur le Sacré Coeur & La Garde d'Honneur (Deuxième année, Juin, III), Librairie Catholique, Chambéry, 1922.