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Madame, Monsieur, L'attitude du Parlement et du gouvernement sur les questions de fond est plus que déconcertante. Comme vous le savez, là où l'on doit attendre d'eux des décisions fondées sur des valeurs fortes, leurs choix les conduisent à : - refuser de protéger les femmes enceintes contre les fautes des tiers causant la mort de l'enfant à naître ; - créer une procédure de "divorce forcé", refusant toute protection du conjoint le plus faible, même handicapé ; - faire de l'embryon humain un matériau de recherche. Autant de décisions contraires à la protection des plus faibles. Quelles conclusions en tirer ? Nous pouvons objectivement nous interroger sur le contenu des "valeurs" de nos gouvernants. Il n'est pas risqué de considérer qu'elles apparaissent avec clarté à la lecture des derniers choix de société imposés : - En refusant de protéger les femmes enceintes, le gouvernement a prouvé sa soumission, si ce n'est son adhésion aux thèses des groupes de pressions opposés au droit à la vie ; - En refusant toute protection du conjoint le plus faible, le gouvernement, au nom d'une conception erronée de la liberté, fondée sur l'égoïsme, a introduit en France une procédure de "répudiation" républicaine ; - En faisant de l'embryon humain un matériau de recherche, le gouvernement nie toute valeur et dignité à l'homme. De plus, le Président de la République, s'obstine à combattre la reconnaissance de l'héritage chrétien de l'Europe. Il est d'ailleurs instructif de noter qu'il a donné la garantie formelle aux chefs de la Franc-Maçonnerie française (1) qu'il ne changera pas de position. Nous constatons malheureusement que cette attitude porte atteinte directement à la vie, à la famille, à la dignité naturelle de la personne et plus généralement aux fondements même de notre société. Il est urgent de se demander quelle humanité peut être construite sur une telle absence de valeurs ! Si le rêve prométhéen de l'idéologie humaniste moderne répond : "un homme libéré, émancipé de toute contrainte", chaque nouvelle "libération" (à l'égard de la famille, de la religion, de la sexualité, de la maternité, de l'autorité, de l'identité, de la culture classique, etc.), - toutes questions considérées comme des "contraintes" - ne fait que dénuder l'homme de son humanité et l'abandonner à ses égoïsmes et à sa solitude, plus vulnérable que jamais, quand il n’est pas tout simplement détruit. Les exemples en sont nombreux : Comment ne pas voir dans l’individualisme, poussé jusqu’au mépris des autres, l’aboutissement de cette fausse liberté composée d'égoïsme et de solitude ? Comment ne pas voir dans l'insécurité et la violence la traduction d’une autre violence, ratifiée par la société et non combattue (quand elle n'est pas encouragée) par l'Etat (avortement, films violents, relativisme, etc.) ? Comment ne pas voir dans l'abstentionnisme et le vote aux extrêmes, mais aussi dans la montée de l'islamisme et les manifestations de certaines jeunes femmes musulmanes le rejet profond de cette société et la volonté de s'en distinguer ? A chaque fois qu'une nouvelle question de société est créée, un nouveau pas est franchi dans la déstabilisation de l’homme. Par effet de cliquet, on pousse un peu plus loin. Et demain ? Demain : - Le droit de la famille va-t-il achever sa mutation en un droit de la "tribu", se bornant à reconnaître des situations de fait et retirant toute valeur à l'engagement et à la stabilité ? - Le droit à la vie, déjà malheureusement devenu relatif pour les embryons, va-t-il également devenir relatif pour ceux dont on voudrait se débarrasser (vieillards, handicapés...) ? - L'expression de la religion va-t-elle être interdite dans toute la sphère sociale au nom de la tolérance et du modèle républicain ? - Les lois bioéthiques vont-elles autoriser que soient encore plus gravement franchies les lois de la nature (clonage, etc.) ? Cette idéologie dite de "progrès" ressemble bien plus à une régression vers l'époque pré-chrétienne, mais avec les moyens de la science actuelle. Cela peut paraître impossible, mais il y a peu, par exemple, la légalisation de l'euthanasie paraissait impossible. Elle semble aujourd'hui d'actualité. Face au rejet de cette idéologie par une partie croissante de la population, les réponses apportées par nos élus apparaissent bien dérisoires. Outre le discours superficiel consistant à déplorer les effets de la perte des repères, les mesures adoptées tentent d'endiguer des mouvements de fond en les camouflant, en limitant leur visibilité. Comment interpréter autrement les créations permanentes de Commissions, les révisions des modes de scrutin et les interdictions absurdes telle celle du port de la barbe ? L'affirmation renouvelée des « valeurs républicaines » répond-elle aux véritables causes de la crise ? Nous pouvons en douter, et "affirmer" ne suffit pas. L’homme a besoin de ses « valeurs naturelles », celles inscrites de tout temps au cœur de l'homme. En revanche, il y a à craindre, avec le retour en force actuel du militantisme laïciste, républicain et sécuritaire, une radicalisation du pouvoir, preuve de l'effritement de ses fondements. Les évolutions de la société ou des sciences nécessitent des adaptations de la loi, mais ces dernières ne peuvent se faire en contradiction avec la nature humaine et ses besoins fondamentaux. Le pape Jean-Paul II le rappelait avec force, lors de sa venue à Strasbourg, en 1988 : "Il n'y a pas de progrès véritable sans progrès pour l'homme". Loin d'être opposés au progrès, nous attendons simplement de nos gouvernants que les valeurs républicaines professées puissent être suivies d'un véritable "progrès pour l'homme". Même si nous en sommes encore bien loin, même si notre société continue inexorablement à tendre vers cette culture de mort, ne craignons pas de professer nos convictions et l'Espérance ! Une fois encore, nous allons devoir interpeller nos élus, spécialement à l’approche des élections régionales et européennes, pour les rappeler à leurs responsabilités, à leur dignité d’élus, et pour obtenir qu’ils tendent enfin leurs efforts vers une culture de vie. A ce titre, dès cette semaine, un appel à mobilisation vous sera adressé. En attendant, plus que jamais, la lecture de l'encyclique "Evangelium Vitae" est éclairante. Merci, Le CFJD 26 janvier 2004. (1) Interrogé par Nicolas Weill dans Le Monde du 16 janvier 2004, Bernard Brandmeyer, grand maître du Grand Orient de France dit : "Il convient également d'être ferme sur le refus de la référence à Dieu et à l'héritage spirituel de l'Europe dans la future Constitution européenne. Sur ce point, le président de la République, lors des consultations que nous avons eues avec lui, a été très net et nous a assuré que la position de la France ne changerait pas d'un iota ! " |
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