Voeux 2018 |
Le 1er janvier revient chaque année avec une régularité absolument désarmante... Vous l'avez remarqué, vous aussi ? Exactement une fois par an, dès le 31 décembre au douze coups de minuit achevé, revoilà ce 1er janvier, toujours aussi fringant, qui réveille en chacun le désir irrépressible de formuler des voeux alentour, et de souhaiter unanimement trois cent soixante-cinq jours de soleil et de réussites en tout genre. Difficile de résister à cet impérieux besoin de partage si généreux, où transparaît toujours une vraie bienveillance, car si les mots manquent souvent pour détailler ce que sont ces meilleurs voeux ainsi offerts, la sincérité de celui qui les formule ne peut que rarement être mise en doute. Je commence donc par remercier de tout coeur pour tous ces bons voeux qui m'ont été adressés. Soyez-en bénis, proches ou lointains, sachez qu'ils m'ont réellement touché. Une courte remarque ensuite, sur une constante qui m'a frappé, sans doute parce qu'elle revient semblablement chaque année, sans que rien ne semble pouvoir ébranler son évidente nécessité. Sûrement vous l'avez observée vous aussi. La majorité de ces voeux de début d'année s'achève immanquablement par ces mots, appuyés de façon pressante comme pour conjurer un mauvais sort : "et surtout la santé !". Ah, la santé ! Cette santé physique - car je n'imagine pas qu'il puisse être question de santé psychique ou spirituelle... - cette santé si précieuse aux yeux de tous, qui la souhaitent la meilleure possible à ceux qui les entourent... Dites-moi, honnêtement, ce voeu insistant ne serait-il pas ainsi exprimé parce qu'il serait in fine celui que nous formons d'abord pour nous-mêmes ? "Pourvu que cette année je reste en bonne santé, et que je ne souffre pas d'atteinte douloureuse ou handicapante, de quelque sorte que ce soit...". Cela ne diminue en rien la valeur de ce cadeau, mais explique la régularité de son retour en ces voeux de début d'année, tant il vrai que nous souhaitons souvent aux autres ce que nous aimerions qu'il nous advienne à nous-mêmes... Enfin, me revoilà donc au point de départ, partagé entre la nécessité de ne pas trop tarder (le 31 janvier il sera trop tard, ainsi le veut la coutume), et la volonté d'offrir ce qui est à mes yeux le plus fondamental, sachant que tout le reste vous sera donné par surcroît (Mt 6,33). En 2004, j'avais tenté d'offrir des "non-voeux". J'osais ainsi : Je ne vous souhaite pas une bonne santé... Je ne vous souhaite pas beaucoup d'argent... Je ne vous souhaite pas la paix... Enfin, je ne vous souhaite pas le bonheur.... Celles et ceux qui m'ont lu ou écouté ont fait preuve d'indulgence, et ils m'ont remercié. Je leur en sais gré. L'année suivante, j'avais opté pour l'humour, ou du moins pour une formulation qui s'en voulait empreinte : Je fais le vœu que nous apprenions à ne plus dire "je veux". De nouveau, lecteurs et auditeurs ont montré patience et compréhension, réitérant leurs remerciements. Je me confonds en reconnaissance, mon amour-propre ayant été comblé au-delà de toute espérance. Mais au nouvel an des années qui ont suivi, je suis resté silencieux. Rien. Pas une ligne. Ou peut-être un "je vous souhaite le meilleur" sincère mais très évasif, lentement effacé de ma mémoire... Etais-je en manque d'inspiration (mais en ai-je véritablement jamais eu ?), ai-je manqué de courage, ou ai-je plus objectivement fait preuve de cette paresse qui n'est pas le moindre de mes défauts ? Sans doute un navrant mélange de tout cela, mâtiné de ce quelque chose d'indéfinissable qui se loge au fond de chaque personnalité, et qui ne se montre, Dieu merci, que rarement au grand jour... Voilà donc 2018 déjà bien entamé. Je reviens près de vous. Les années ont passé, ainsi qu'en témoigne une chevelure qui a pris les teintes de l'hiver. Est-ce ce constat qui me presse à viser plus fréquemment l'essentiel, et à revenir à ce qui aurait du demeurer toujours primordial en toute chose ? Sans doute. Vous le savez, depuis bientôt vingt ans, l'Evangile est mon unique boussole, et si je m'égare trop souvent, ce n'est que faute de relire suffisamment les paroles essentielles qui y ont été déposées, aussi vivantes aujourd'hui qu'elles l'étaient lorsqu'elles ont été prononcées il y a deux mille ans. Le voeu que je forme en ce début d'année (oui, nous y voilà enfin !), y a puisé ses racines. "Demeurez en mon amour" a dit le Christ Jésus (Jn 15,9). Cette ardente invitation, Il la murmure encore au coeur de chacun de nous. L'entendons-nous ? Est-ce bien de Son Amour que nous vivons ? "Aime et fais ce que tu veux" avait écrit saint Augustin, le sage évêque d'Hippone. Car de la racine de l'amour, il ne peut rien sortir de mauvais. Mais si nous ne puisons pas cet amour à la Source, il restera petit, étriqué, frileux, craintif et en fin de compte stérile. Le Christ Jésus nous ouvre grand les bras. Il a laissé transpercer son Coeur pour chacun de nous, et c'est à profusion qu'Il répand Son Amour dans les coeurs qui s'ouvrent à Lui. Nous sommes encombrés de tant de babioles inutiles... Un grand ménage s'impose en ce début d'année. Plus nous Lui ferons place nette, et plus Il déversera en nous les flots de cet immense, éternel et insondable Amour. Alors nous serons en mesure de répondre à Son invitation. Oui, c'est le voeu que je forme pour chacun de nous, pour chacun des jours qu'il nous sera donné de vivre en cette année 2018 : |
Demeurons en Son Amour ! |
« Je fléchis les genoux devant le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, de qui toute paternité dans le ciel et sur la terre tire son nom, afin qu’Il vous donne, selon les richesses de Sa gloire, d’être fortifiés dans l’homme intérieur par Son Esprit, et qu’Il fasse habiter le Christ par la foi dans vos cœurs ; de sorte que, enracinés et fondés dans l’amour, vous puissiez comprendre avec tous les saints quelle est la Largeur, la Longueur, la Hauteur et la Profondeur, et aussi connaître l’amour du Christ, qui surpasse toute connaissance, afin que vous soyez remplis de toute la plénitude de Dieu. » Jean-Claude Prieto |