SAINT FRANÇOIS DE SALES (1567-1622)
Saint Joseph, intercède pour nous
Glorieux Saint Joseph, époux de Marie, accorde-nous ta protection paternelle, nous t'en supplions par le Cœur de Jésus et le Cœur Immaculé de Marie. O toi dont la puissance s'étend à toutes nos nécessités et sait rendre possibles les choses les plus impossibles, ouvre tes yeux de père sur les intérêts de tes enfants. Dans l'embarras et la peine qui nous pressent, nous recourons à toi avec confiance. Daigne prendre sous ta charitable conduite cet intérêt important et difficile, cause de notre inquiétude. Fais que son heureuse issue tourne à la Gloire de Dieu et au bien de ses dévoués serviteurs.
O toi que l'on n'a jamais invoqué en vain, aimable Saint Joseph, toi dont le crédit est si puissant auprès de Dieu que l'on a pu dire « au Ciel Saint Joseph commande plutôt qu'il ne supplie », tendre père, prie pour nous Jésus, prie pour nous Marie. Sois notre avocat auprès de ce Divin Fils dont tu as été ici-bas le père nourricier si attentif, si aimant, et le protecteur fidèle. Sois notre avocat auprès de Marie, dont tu as été l'époux si aimant et si tendrement aimé. Ajoute à toutes tes gloires celle de gagner la cause difficile que nous te confions.
Nous croyons, oui, nous croyons que tu peux exaucer nos vœux en nous délivrant des peines qui nous accablent et des amertumes dont notre âme est abreuvée. Nous avons de plus la ferme confiance que tu ne négligeras rien en faveur des affligés qui t'implorent.
Humblement prosternés à tes pieds, bon Saint Joseph, nous t'en conjurons, aie pitié de nos gémissements et de nos larmes. Couvre-nous du manteau de tes miséricordes et bénis-nous.
Amen.
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PIE IX (1792-1878)
Au début de son Pontificat, le 10 décembre 1847, Pie IX établit la fête et l'office du Patronage de saint Joseph, qu'il fixe au III° dimanche après Pâques. Au cours d'une allocution en 1854, il parle de saint Joseph comme de la plus sûre espérance de l'Eglise après la Sainte Vierge. Enfin, Le 8 décembre 1870, Pie IX déclare officiellement saint Joseph Patron de l'Eglise universelle ; et il élève la fête du 19 mars au rite double de première classe par un décret « Urbi et orbi ».
Pie IX Pape pour perpétuelle mémoire
Décret « Urbi et orbi »
De même que Dieu établit le Patriarche Joseph, fils de Jacob, gouverneur de toute l'Egypte, pour assurer au peuple le froment nécessaire à la vie, ainsi, lorsque furent accomplis les temps où l'Eternel allait envoyer sur la terre son Fils unique, pour racheter le monde, il choisit un autre Joseph dont le premier était la figure ; il l'établit seigneur et prince de sa maison et de ses biens ; il commit à sa garde ses plus riches trésors. En effet, Joseph épousa l'Immaculée Vierge Marie, de laquelle, par la vertu du Saint-Esprit, est né Jésus-Christ, qui voulut aux yeux de tous passer pour le fils de Joseph et daigna lui être soumis. Celui que tant de prophètes et de rois avaient souhaité de voir, non seulement Joseph le vit, mais il conversa avec lui, il le pressa dans les bras d'une paternelle tendresse, il le couvrit de baisers ; avec un soin jaloux et une sollicitude sans égale, il nourrit Celui que les fidèles devaient manger comme le pain de l'éternelle vie.
En raison de cette dignité sublime, à laquelle Dieu éleva son très fidèle serviteur, toujours l'Eglise a exalté et honoré saint Joseph d'un culte exceptionnel, quoique inférieur à celui qu'elle rend à la Mère de Dieu ; toujours, dans les heures critiques, elle a imploré son assistance. Or, dans les temps si tristes que nous traversons, quand l'Eglise elle-même, poursuivie de tous côtés par ses ennemis, est accablée de si grandes calamités que les impies se persuadent déjà qu'il est enfin venu le temps où les portes de l'enfer prévaudront contre elle, les vénérables Pasteurs de l'Univers catholique, en leur nom et au nom des fidèles confiés à leur sollicitude, ont humblement prié le Souverain Pontife qu'il daignât déclarer saint Joseph Patron de l'Eglise universelle. Ces prières ayant été renouvelées plus vives et plus instantes durant le saint Concile du Vatican, Notre Saint-Père Pie IX, profondément ému par l'état si lamentable des choses présentes et voulant se mettre, lui et tous les fidèles, sous le très puissant patronage du saint patriarche Joseph, a daigné se rendre aux vœux de tant de vénérables Pontifes. C'est pourquoi il déclare solennellement saint Joseph Patron de l'Eglise catholique. Sa Sainteté ordonne en même temps que la fête du saint, fixée au 19 mars, soit désormais célébrée sous le rite double de première classe, sans octave toutefois, à cause du saint Carême. Elle a voulu en outre que la présente déclaration fût faite par décret de la Sacrée Congrégation des Rites, en ce jour consacré à la Vierge Immaculée, Mère de Dieu, épouse du très chaste Joseph, et que ce décret ait force de loi, nonobstant toute opposition ou disposition contraire.
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LÉON XIII (1810-1903)
En 1889, Léon XIII estime que l'Eglise traverse, selon son expression, des « temps calamiteux ». Le 15 août, en la fête de l'Assomption, il signe une nouvelle Encyclique en faveur de la dévotion au chapelet, dont il s'est fait l'ardent propagateur ; elle porte le nom de Quanquam pluries
. De longs développements sur la puissance de saint Joseph remplissent la majeure partie du document pontifical. Léon XIII montre surtout comment Joseph est le modèle des pères de famille et des travailleurs ; il décide que pendant le mois d'octobre, aux exercices du Rosaire sera ajoutée une prière à saint Joseph, que promulgue l'Encyclique. Voici quelques extraits de ce document :
Afin que Dieu se montre plus favorable à Nos prières et que, les intercesseurs étant nombreux, il vienne plus promptement et plus largement au secours de son Eglise, Nous jugeons très utile que le peuple chrétien s'habitue à invoquer avec une grande piété et une grande confiance, en même temps que la Vierge, Mère de Dieu, son très chaste Epoux, le bienheureux Joseph : ce que Nous estimons de science certaine être, pour la Vierge elle-même, désiré et agréable.
Au sujet de cette dévotion, dont Nous parlons publiquement pour la première fois aujourd'hui, Nous savons sans doute que, non seulement le peuple y est incliné, mais qu'elle est déjà établie et en progrès. Nous avons vu en effet, le culte de saint Joseph que, dans les siècles passés, les Pontifes romains s'étaient appliqués à développer peu à peu et à propager, croître et se répandre à notre époque, surtout après que Pie IX, d'heureuse mémoire, Notre prédécesseur, eut proclamé, sur la demande d'un grand nombre d'évêques, le très saint patriarche patron de l'Eglise catholique. Toutefois, comme il est d'une si haute importance que la vénération envers saint Joseph s'enracine dans les mœurs et dans les institutions catholiques, Nous voulons que le peuple chrétien y soit incité avant tout par Notre parole et par Notre autorité.
Les raisons et les motifs spéciaux pour lesquels saint Joseph est nommément le patron de l'Eglise et qui font que l'Eglise espère beaucoup, en retour, de sa protection et de son patronage, sont que Joseph fut l'époux de Marie et qu'il fut réputé le père de Jésus-Christ. De là ont découlé sa dignité, sa faveur, sa sainteté, sa gloire. Certes, la dignité de la Mère de Dieu est si haute qu'il ne peut être créé rien au-dessus. Mais, toutefois, comme Joseph a été uni à la Bienheureuse Vierge par le lien conjugal, il n'est pas douteux qu'il n'ait approché plus que personne de cette dignité suréminente par laquelle la Mère de Dieu surpasse de si haut toutes les natures créées. Le mariage est, en effet, la société et l'union de toutes la plus intime, qui entraîne de sa nature la communauté des biens entre l'un et l'autre conjoints. Aussi, en donnant Joseph pour époux à la Vierge, Dieu lui donna non seulement un compagnon de sa vie, un témoin de sa virginité, un gardien de son honneur, mais encore, en vertu même du pacte conjugal, un participant de sa sublime dignité.
Semblablement, Joseph brille entre tous par la plus auguste dignité, parce qu'il a été, de par la volonté divine, le gardien du Fils de Dieu, regardé par les hommes comme son père. D'où il résultait que le Verbe de Dieu était humblement soumis à Joseph ; qu'il lui obéissait et qu'il lui rendait tous les devoirs que les enfants sont obligés de rendre à leurs parents.
De cette double dignité découlaient d'elles-mêmes les charges que la nature impose aux pères de famille, de telle sorte que Joseph était le gardien, l'administrateur et le défenseur légitime et naturel de la maison divine dont il était le chef. Il exerça de fait ces charges et ces fonctions pendant tout le cours de sa vie mortelle. Il s'appliqua à protéger avec un souverain amour et une sollicitude quotidienne son Epouse et le divin Enfant; il gagna régulièrement par son travail ce qui était nécessaire à l'un et à l'autre pour la nourriture et le vêtement ; il préserva de la mort l'Enfant menacé par la jalousie d'un roi, en lui procurant un refuge ; dans les incommodités des voyages et les amertumes de l'exil, il fut constamment le compagnon, l'aide et le soutien de la Vierge et de Jésus.
Or, la divine maison que Joseph gouverna comme avec l'autorité du père contenait les prémices de l'Eglise naissante. De même que la Très Sainte Vierge est la Mère de Jésus-Christ, elle est la Mère de tous les chrétiens qu'elle a enfantés sur le mont du Calvaire, au milieu des souffrances suprêmes du Rédempteur; Jésus-Christ aussi est comme le premier-né des chrétiens, qui, par l'adoption et la rédemption, sont ses frères.
Telles sont les raisons pour lesquelles le bienheureux Patriarche regarde comme lui étant particulièrement confiée la multitude des chrétiens qui compose l'Église, c'est-à-dire cette immense famille répandue par toute la terre sur laquelle, parce qu'il est l'époux de Marie et le père de Jésus-Christ, il possède comme une autorité paternelle. Il est donc naturel et très digne du bienheureux Joseph que, de même qu'il subvenait autrefois à tous les besoins de la famille de Nazareth et l'entourait saintement de sa protection, il couvre maintenant de son céleste patronage et défende l'Eglise de Jésus-Christ.
Il existe des raisons pour que les hommes de toute condition et de tout pays se recommandent et se confient à la foi et à la garde du bienheureux Joseph.
Les pères de famille trouvent en Joseph la plus belle personnification de la vigilance et de la sollicitude paternelle ; les époux, un parfait exemple d'amour, d'accord et de fidélité conjugale, les vierges ont en lui, en même temps que le modèle, le protecteur de l'intégrité virginale. Que les nobles de naissance apprennent de Joseph à garder, même dans l'infortune, leur dignité ; que les riches comprennent par ses leçons, quels sont les biens qu'il faut désirer et acquérir au prix de tous ses efforts.
Quant aux prolétaires, aux ouvriers, aux personnes de condition médiocre, ils ont comme un droit spécial à recourir à Joseph et à se proposer son imitation. Joseph, en effet, de race royale, uni par le mariage à la plus grande et à la plus sainte des femmes, regardé comme le père du Fils de Dieu, passe néanmoins sa vie à travailler et demande à son labeur d'artisan tout ce qui est nécessaire à l'entretien de sa famille.
Il est donc vrai que la condition des humbles n'a rien d'abject, et non seulement le travail de l'ouvrier n'est pas déshonorant, mais il peut, si la vertu vient s'y joindre, être grandement ennobli. Joseph, content du peu qu'il possédait, supporta les difficultés inhérentes à cette médiocrité de fortune avec grandeur d'âme, à l'imitation de son Fils qui, après avoir accepté la forme d'esclave, lui, le Seigneur de toutes choses, s'assujettit volontairement à l'indigence et au manque de tout.
Au moyen de ces considérations, les pauvres et tous ceux qui vivent du travail de leurs mains doivent relever leur courage et penser juste. S'ils ont le droit de sortir de la pauvreté et d'acquérir une meilleure situation par des moyens légitimes, la raison et la justice leur défendent de renverser l'ordre établi par la Providence de Dieu. Bien plus, le recours à la force et les tentatives par voie de sédition et de violence sont des moyens insensés, qui aggravent la plupart du temps les maux pour la suppression desquels on les entreprend. Que les pauvres, donc, s'ils veulent être sages, ne se fient pas aux promesses des hommes de désordre, mais à l'exemple et au patronage du bienheureux Joseph, et aussi à la maternelle charité de l'Eglise, qui prend chaque jour de plus en plus souci de leur sort...
Texte de la prière promulguée par l'Encyclique de Léon XIII :
Prière à saint Joseph
Nous recourons à vous dans notre tribulation, bienheureux Joseph, et après avoir imploré le secours de votre très sainte Epouse, nous sollicitons aussi avec confiance votre patronage. Par l'affection qui vous a uni avec la Vierge Immaculée, Mère de Dieu ; par l'amour paternel dont vous avez entouré l'Enfant Jésus, nous vous supplions de regarder avec bonté l'héritage que Jésus-Christ a acquis de son sang et de nous assister de votre puissance, de votre secours dans nos besoins.
Protégez, ô très sage Gardien de la divine famille, la race élue de Jésus-Christ ; préservez-nous, ô père très aimant, de toute souillure d'erreur et de corruption ; soyez-nous propice et assistez-nous, du haut du ciel, ô notre très puissant Libérateur, dans le combat que nous livrons à la puissance des ténèbres, et de même que vous avez arraché autrefois l'Enfant Jésus au péril de la mort, défendez aujourd'hui la sainte Eglise de Dieu des embûches de l'ennemi et de toute adversité. Accordez-nous votre perpétuelle protection, afin que, soutenus par votre exemple et votre secours, nous puissions vivre saintement, pieusement mourir et obtenir la béatitude éternelle du ciel. Ainsi soit-il.
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SAINT PIERRE-JULIEN EYMARD (1811-1868)
Saint Pierre-Julien Eymard fut l'un des grands promoteurs du culte eucharistique au XIX° siècle. Fondateur des deux congrégations des Prêtres du Très-Saint-Sacrement et des Servantes du Très-Saint-Sacrement, son rayonnement s'est encore accru par la publication, après sa mort, d'écrits consacrés à La divine Eucharistie
. Ses disciples ont aussi réuni quelques notes sur saint Joseph et les ont groupées de manière à constituer un Mois de Saint Joseph
, le premier et le plus parfait des adorateurs. En voici quelques passages :
Vertus de l'adoration de saint Joseph
Saint Joseph, après la Très Sainte Vierge, a été le premier et le plus parfait adorateur de Notre-Seigneur.
Il l'adorait avec une vertu de foi plus grande que celle de tous les saints ;
Il l'adorait avec une humilité plus profonde que celle de tous les élus ;
II l'adorait avec une pureté plus pure que celle des anges ;
Il l'adorait avec un amour qu'aucune autre créature, angélique ou humaine, n'eut et ne put avoir pour Jésus ;
Il l'adorait avec un dévouement aussi grand que son amour.
Comme le Verbe incarné devrait être glorifié par les adorations de Marie et de Joseph, qui le dédommageaient de l'indifférence et de l'ingratitude de ses créatures !
Saint Joseph adorait le Verbe incarné en union avec sa divine Mère, en union avec toutes les pensées, les actes d'adoration, d'amour, de louanges de Jésus pour son Père et de charité envers les hommes pour lesquels il s'était incarné.
L'adoration de saint Joseph suivait le mystère présent et actuel, la grâce, l'esprit, la vertu de ce mystère. Dans l'Incarnation, il adorait l'anéantissement du Fils de Dieu; à Bethléem, sa pauvreté ; à Nazareth, son silence, sa faiblesse, son obéissance, ses vertus, dont il avait une connaissance très grande, dont il voyait l'intention, le sacrifice à l'amour et à la gloire du Père céleste.
Saint Joseph adorait, intérieurement du moins, tout ce que Jésus disait et pensait. Le Saint-Esprit le lui manifestait, afin qu'il pût s'y unir, et glorifier le Père céleste en union avec son divin Fils notre Sauveur.
De sorte que la vie de saint Joseph fut une vie d'adoration de Jésus, mais d'adoration parfaite.
Je m'unirai donc bien à ce saint adorateur, afin qu'il m'apprenne à adorer Notre-Seigneur et à me faire entrer en société avec lui, afin que je sois le Joseph de l'Eucharistie comme il a été le Joseph de Nazareth.
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ERNEST HELLO (1828-1885)
Les lignes qui suivent sont extraites de Physionomies des saints
, au chapitre consacré à saint Joseph.
Saint Joseph, l'ombre du Père ! celui sur qui l'ombre du Père tombait épaisse et profonde, saint Joseph, l'homme du silence, celui de qui la parole approche à peine ! l'Evangile ne dit de lui que quelques mots : « C'était un homme juste ! » l'Evangile, si sobre de paroles, devient encore plus sobre quand il s'agit de saint Joseph. On dirait que cet homme, enveloppé de silence, inspire le silence. Le silence de saint Joseph fait le silence autour de saint Joseph. Le silence est sa louange, son génie, son atmosphère. Là où il est, le silence règne. Quand l'aigle plane, disent certains voyageurs, le pèlerin altéré devine une source à l'endroit où tombe son ombre dans le désert. Le pèlerin creuse, l'eau jaillit. L'aigle avait parlé son langage, il avait plané. Mais la chose belle avait été une chose utile ; et celui qui avait soif, comprenant le langage de l'aigle, avait fouillé le sable et trouvé l'eau.
Quoi qu'il en soit de cette magnifique légende et de sa vérité naturelle que je n'ose garantir, elle est féconde en symboles superbes. Quand l'ombre de saint Joseph tombe quelque part, le silence n'est pas loin. Il faut creuser le sable, qui dans sa signification symbolique représente la nature humaine ; il faut creuser le sable, et vous verrez jaillir l'eau. L'eau, ce sera, si vous voulez, ce silence profond, où toutes les paroles sont contenues, ce silence vivifiant, rafraîchissant, apaisant, désaltérant, le silence substantiel ; là où est tombée l'ombre de saint Joseph, la substance du silence jaillit, profonde et pure, de la nature humaine creusée.
Pas une parole de lui dans l'Ecriture ! Mardochée, qui fit fleurir Esther à son ombre, est un de ses précurseurs. Abraham, père d'Isaac, représenta aussi le père putatif de Jésus. Joseph, fils de Jacob, fut son image la plus expressive. Le premier Joseph garda en Egypte le pain naturel. Le second Joseph garda en Egypte le pain surnaturel. Tous deux furent les hommes du mystère ; et le rêve leur dit ses secrets. Tous deux furent instruits en rêve, tous deux devinèrent les choses cachées. Penchés sur l'abîme, leurs yeux voyaient à travers les ténèbres. Voyageurs nocturnes, ils découvraient leurs routes à travers les mystères de l'ombre. Le premier Joseph vit le soleil et la lune prosternés devant lui. Le second Joseph commanda à Marie et à Jésus ; Marie et Jésus obéissaient.
Dans quel abîme intérieur devait résider l'homme qui sentait Jésus et Marie lui obéir, l'homme à qui de tels mystères étaient familiers et à qui le silence révélait la profondeur du secret dont il était gardien. Quand il taillait ses morceaux de bois, quand il voyait l'Enfant travailler sous ses ordres, ses sentiments, creusés par cette situation inouïe, se livraient au silence qui les creusait encore ; et du fond de la profondeur où il vivait avec son travail, il avait la force de ne pas dire aux hommes : le Fils de Dieu est ici.
Son silence ressemble à un hommage rendu à l'inexprimable. C'était l'abdication de la Parole devant l'Insondable et devant l'Immense. Cependant l'Evangile, qui dit si peu de mots, a les siècles pour commentateurs ; je pourrais dire qu'il a les siècles pour commentaires. Les siècles creusent ses paroles et font jaillir du caillou l'étincelle vivante. Les siècles sont chargés d'amener à la lumière les choses du secret. Saint Joseph a été longtemps ignoré. Mais voici quelque chose d'étrange : chaque siècle a deux faces, la face chrétienne et la face antichrétienne ; la face chrétienne s'oppose en général à la face antichrétienne par un contraste direct et frappant. Le XVIII° siècle, le siècle du rire, de la frivolité, de la légèreté, du luxe, posséda Benoît-Joseph Labre... Le XIX° siècle est par-dessus tout, dans tous les sens du mot, le siècle de la Parole. Bonne ou mauvaise, la Parole remplit notre air. Une des choses qui nous caractérisent, c'est le tapage. Rien n'est bruyant comme l'homme moderne : il aime le bruit, il veut en faire autour des autres, il veut surtout que les autres en fassent autour de lui. Le bruit est sa passion, sa vie, son atmosphère ; la publicité remplace pour lui mille autres passions qui meurent étouffées sous cette passion dominante, à moins qu'elles ne vivent d'elle et ne s'alimentent de sa lumière pour éclater plus violemment. Le XIX° siècle parle, pleure, crie, se vante et se désespère.
Il fait étalage de tout. Lui qui déteste la confession secrète, il éclate à chaque instant en confessions publiques. II vocifère, il exagère, il rugit. Eh bien ! ce sera ce siècle, ce siècle du vacarme, qui verra s'élever et grandir dans le ciel de l'Eglise la gloire de saint Joseph. Saint Joseph vient d'être choisi officiellement pour patron de l'Eglise pendant le bruit de l'orage. II est plus connu, plus prié, plus honoré qu'autrefois.
Au milieu du tonnerre et des éclairs, la révélation de son silence se produit insensiblement.
(
Ernest Hello,
Physionomie des saints, Paris, Victor Palmé, 1875, ch.X, pp.139 sq. : « Saint Joseph. »)
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FRANCIS JAMMES (1868-1938)
Auteur des Géorgiques chrétiennes
, du Rosaire au soleil
, du Curé d'Ozeron
, Francis Jammes l'est aussi d'un ouvrage moins connu : Le livre de saint Joseph
, dans lequel le « patriarche d'Orthez » traduit sa dévotion d'enfant à l'égard du dernier des Patriarches. Il s'agit d'une oeuvre de pure imagination, dont voici quelques extraits de l'introduction, en laquelle le poète demande à saint Joseph de venir à son secours, afin qu'il puisse bien parler de lui.
L'appel
Pour que vous me parliez, je me suis mis en prière, mais je n'entendais rien que le vent qui faisait battre mon volet, que la pluie et cette sourde plainte de mon cœur.
Ne tardez plus, car, dans mon âge mûr, je sens que j'ai besoin de votre conseil. Ah ! pourquoi vous cachez-vous ainsi ? Pourquoi mettre entre vous et moi des siècles d'ombre et de silence ?
Je suis prêt à sentir votre main dans la mienne, mais j'étreins le vide tout à coup, je n'aurais jamais cru qu'il fût aussi difficile de la saisir. Vous êtes fixe dans ma pensée. Il faut que j'aille à la conquête de votre pauvreté comme à la conquête d'un lis dans les difficultés d'une croisade.
Ayez pitié de moi, patriarche !
Si loin, et si proche : car vous veillez singulièrement sur ma vie ! Vous ne m'avez rien refusé que de vous laisser entendre et voir. Mon cœur s'emplit de piété quand je pense qu'à toutes mes heures d'amertume vous êtes là ! J'aime, de vous, jusqu'aux images les plus banales, jusqu'aux statues bariolées qui se dressent sur l'autel villageois, qui vous représentent avec une équerre, un bâton ou une règle à la main.
Vous, le bafoué, dont le nom seul est une gêne sur les lèvres du chrétien tiède, et un blasphème sur celles de l'impie, recevez ici mon hommage. Votre humilité me remue comme le vent la profondeur de l'eau. Mais parlez-moi autrement que par ce mystérieux silence ! Montrez-vous à moi dans cette oeuvre autrement que par des figures de plâtre ou de papier ! Il faut que vous viviez en vérité dans mon cœur, sous ma plume : sinon, je désespérerai. Accordez-moi cette faveur que je vous rencontre face à face, moi qui suis le dernier désigné. Il n'y a rien en moi qui soit vous. Et c'est pourquoi je vous aime. Et c'est pourquoi je vous supplie de m'envoyer votre ange.
Si épaisse est mon obscurité, si compacte est mon argile, que si cet ange ne souffle pas sur elles, je ne vous verrai pas, je ne vous entendrai pas !
J'ai ce tourment de vous louer, ce tourment et cette impuissance. J'ai plus d'une fois déchiré mes feuilles comme un enfant dépité mord un bouquet. Il est évident que ce n'est pas moi qui devais prétendre à ceci ! Mais d'en être incapable, la honte m'envahissait. Et alors j'allais, de droite et de gauche, comme un pèlerin qui a faim et soif, mendier, pour obtenir ce génie qu'il me faut, les prières des curés de campagne, des religieuses illettrées et des Princes de l'Eglise. Tellement qu'à de certains jours j'en avais honte !
Et j'attendais le souffle de l'ange. Et il ne venait point. Et je vous cherchais en vain, ô Patriarche, dans cette contrée d'Orient où il y a tant de parfum et de verdure, là même où vous avez vécu ! Mais il ne me semblait pas que vous convinssent tant de tableaux que j'ébauchais. Sitôt que j'essayais de les peindre, les fleurs et les pelouses se fanaient au soleil du sobre Evangile.
Ah ! il me fallait redescendre dans mon cœur.
*
* *
O vous qui avez peuplé l'exil d'Egypte avec les seuls Jésus et Marie ; qui faisiez de leur présence votre joie silencieuse, car ils vous tenaient lieu du monde entier, Joseph ! Rapprochez-vous de tous les solitaires dont le cœur est près de défaillir. Adoptez-les ! Recevez-les dans votre Sainte Famille. Il est si dur d'être dans l'abandon, sans mère, sans femme et sans enfants ! Il est si humiliant de comprendre que l'on ennuie les autres avec sa souffrance ! Ranimez ceux qui sont dans le désert que l'égoïsme fait autour d'eux !
Et, quand le lourd après-midi oppresse leur poitrine; quand leur tempe brûlante bat trop fort; quand les obsèdent ainsi qu'un cauchemar, mais comme une délivrance possible, la corde ou le revolver, ah ! dans cette sécheresse, envoyez-leur cette brise qui fait neiger les voiles de votre Epouse sacrée !
*
* *
O saint Joseph, combien de païens mêmes ont béni l'existence, qui ne possédaient qu'une écuelle pour manger leur pitance et qui se servaient du creux de la main pour puiser l'eau !
Et moi, tel qu'un philosophe antique écrivant l'éloge de la pauvreté sur une table d'or, je louerais ce que je n'aime point, je glorifierais ce que je n'accepte que par contrainte !
Des fils et des filles de princes sont descendus jusque dans les catacombes, s'y sont nourris de pain dur pour l'amour de votre divin Fils qui prit part à votre frugalité de Nazareth.
Ah ! Je ne vous ai pas accueilli dans mon âme avec une assez grande charité, Père des nécessiteux ! Je ne saurais m'asseoir qu'en murmurant à la table de l'artisan qui se prive, me coucher dans le lit défait du pèlerin.
Heureux vos vrais disciples qui, dans l'humble auberge, se privent d'une part de leur nourriture pour la donner en souriant à leurs petits !
A ceux-là qui ne demandent pas autre chose appartiendra le Royaume.
*
* *
Si la poésie est la recherche du Ciel, et si la mort le découvre, que l'arrivée doit être bonne au poète !
Dès que l'un de ses fils lui a fermé les yeux, il voit tout ce qu'il ne voyait pas de cette splendeur dont il ne connaissait que des éclats et de pauvres rythmes.
O Joseph ! Souvenez-vous de votre sortie d'Egypte, quand la persécution eut pris fin, quel arc-en-ciel se leva sur les vergers sonores !
Mais ces merveilles ne furent rien, en comparaison de celles que vous avez contemplées au moment où, comme un lis, la main de votre divin Fils s'est posée sur votre paupière pour la clore.
L'ombre peut régner dans ma chambre.
Il y a de la lumière au-dehors.
*
* *
Vous m'êtes témoin, ô saint Joseph ! que les seules vraies joies que j'ai goûtées, c'est dans l'ombre quand je me sens avec vous.
Lorsque l'on est privé d'honneurs, combien il est doux d'aimer son métier, de se dire que l'on travaille sur votre établi et que notre famille contemple notre oeuvre du moins avec l'œil bienveillant de la foi !
Qu'ils en ont vu, Jésus et Marie, d'hommes qui vous tenaient pour peu de chose, qui dressaient en face de votre boutique aux meubles simples et honnêtes leur art décoratif ! Ce n'est pas chez vous qu'un Pilate eût commandé son lavabo, Hérode son lit, César sa chaise.
Ils s'adressaient aux fournisseurs officiels qui en recevaient de la gloire.
Mais vous, Patron bien-aimé, vous avez déposé dans le cœur des ouvriers de bonne volonté, à qui ne vont point les faveurs des puissants de ce monde, cette graine cachée qui s'appelle l'amour et qui ne se vend ni ne s'achète. Cette graine, vous la faites tant fructifier en moi, et embaumer, que ma bouche ne sait vous dire mon allégresse.
Donnez-moi l'ombre, sinon mon amour est mort.
(
Francis Jammes,
Le Livre de Saint-Joseph, Paris, Plon, 1921, pp. 3-5, 33-34, I78-179, 241-242. Tous droits réservés.)
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SAINTE THÉRÈSE DE L'ENFANT-JÉSUS (1873-1897)
Dans l'Histoire d'une âme
, sainte Thérèse écrit : « Je priai aussi saint Joseph de veiller sur moi ; depuis mon enfance, ma dévotion pour lui se confondait avec mon amour pour la Très Sainte Vierge. Chaque jour, je récitais la prière : O saint Joseph, père et protecteur des vierges... II me semblait donc être bien protégée et tout à fait à l'abri du danger. » Le Cantique ci-dessous a été composé en 1896, à la demande de Sœur Marie de l'Incarnation.
Cantique à saint Joseph
Sur l'air du cantique :
Nous voulons Dieu.
Joseph, votre admirable vie
Se passa dans l'humilité ;
Mais, de Jésus et de Marie,
Vous contempliez la beauté !
Joseph, ô tendre Père,
Protégez le Carmel !
Que vos enfants, sur cette terre,
Goûtent déjà la paix du ciel.
Le Fils de Dieu, dans son enfance,
Plus d'une fois, avec bonheur,
Soumis à votre obéissance,
S'est reposé sur votre cœur !
Comme vous, dans la solitude,
Nous servons Marie et Jésus ;
Leur plaire est notre seule étude ;
Nous ne désirons rien de plus.
Sainte Thérèse, notre Mère,
En vous se confiait toujours ;
Elle assure que sa prière,
Vous l'exauciez d'un prompt secours.
Quand l'épreuve sera finie,
Nous en avons le doux espoir
Près de la divine Marie,
Saint Joseph, nous irons vous voir.
Bénissez, tendre Père,
Notre petit Carmel ;
Après l'exil de cette terre
Réunissez-nous dans le ciel.
1896.
(
Sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte-Face,
Histoire d'une Ame, Lettres, Poésies, Bar-le-Duc, 1898, p. 377. - Cf.
Manuscrits autobiographiques de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, t. I, Introduction, n° 39, p. 14. Carmel de Lisieux, 1955.)
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PIE XII (1876-1958)
Pie XII institue en 1955 la fête de saint Joseph artisan, destinée à être célébrée le 1er mai de chaque année.
Prière à saint Joseph artisan composée et indulgenciée par Pie XII
O glorieux Patriarche saint Joseph, humble et juste artisan de Nazareth, qui avez donné à tous les chrétiens, mais spécialement à nous, l'exemple d'une vie parfaite dans le travail constant et dans l'admirable union à Marie et à Jésus, assistez-nous dans notre tâche quotidienne, afin que, nous aussi, artisans catholiques, nous puissions trouver en elle le moyen efficace de glorifier le Seigneur, de nous sanctifier et d'être utiles à la société dans laquelle nous vivons, idéals suprêmes de toutes nos actions.
Obtenez-nous du Seigneur, ô notre très aimé protecteur, humilité et simplicité de cœur, goût du travail et bienveillance envers ceux qui sont nos compagnons de labeur, conformité aux divines volontés dans les peines inévitables de cette vie et joie dans leur support, conscience de notre mission sociale particulière, et sentiment de notre responsabilité, esprit de discipline et de prière, docilité et respect à l'égard de nos supérieurs, fraternité envers les égaux, charité et indulgence pour nos subordonnés. Soyez avec nous dans nos moments de prospérité, quand tout nous invite à goûter honnêtement les fruits de nos fatigues ; mais soutenez-nous dans les heures de tristesse, alors que le ciel semble se fermer pour nous et que les instruments du travail eux-mêmes paraissent se rebeller dans nos mains.
Faites que, à votre exemple, nous tenions les yeux fixés sur notre Mère Marie, votre très douce épouse, qui, dans un coin de votre modeste atelier, filait silencieusement, laissant errer sur ses lèvres le plus gracieux sourire ; faites aussi que nous n'éloignions pas notre regard de Jésus, qui peinait à votre établi de menuisier, afin que nous puissions ainsi mener sur terre une vie pacifique et sainte, prélude de celle éternellement heureuse qui nous attend dans le ciel, durant les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Indulgence de trois années, en faveur des artisans qui, avec contrition et dévotion, réciteront la prière.
(Documentation Catholique, 13 avril 1958.)
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DEUX HYMNES LITURGIQUES (XX° siècle)
A la suite de l'institution de la fête de saint Joseph artisan, la liturgie fut dotée d'une nouvelle messe et d'un nouvel office. Celui-ci comporte deux hymnes propres pour matines et laudes. En voici leur traduction rythmée, d'après le texte latin dû à un hymnographe romain dont le nom n'a pas été révélé.
Hymne de Matines : « Te Pater Joseph »
C'est vous, patriarche Joseph,
Ouvrier digne des autels,
Ravi de vous cacher dans l'ombre à Nazareth,
Qu'à hautes voix comme à pleins cœurs
Cette nuit nous allons chanter.
Une descendance de rois
Et la condition des pauvres,
Vous portez tout cela calme et silencieux,
En nourrissant l'Enfant sacré
Grâce au dur labeur de vos mains.
Saint Ouvrier, des ouvriers
Le pur miroir, combien aux humbles
Votre existence apporte un modèle splendide,
Pour que les sueurs du travail
Et l'atelier soient choses saintes !
Les miséreux qui sont sans pain,
Accueillez-les avec amour ;
Calmez toute révolte, apaisez tout conflit ;
Qu'en nous croisse le Christ mystique
Sous votre garde paternelle.
O Dieu trine et un à la fois,
Père de tous, auteur du monde,
Donnez-nous d'imiter par toute notre vie
Le saint patriarche Joseph,
De l'imiter en notre mort !
Hymne de Laudes : « Aurora, Solis Nuntia »
L'aurore, annonce du soleil,
Ouverture du mois des fleurs,
Salue le toit de Nazareth
Vibrant des coups du charpentier.
Salut à vous, Chef de famille
Sous lequel l'Ouvrier suprême
Baigné d'une amère sueur
Travaille au métier paternel !
Habitant les hauteurs célestes
Auprès d'une Epouse sublime,
A cette heure aidez vos clients,
Ceux que le dénuement accable.
Au loin violence et conflits,
Toute fraude dans les salaires !
Que seule la frugalité
Mesure biens et nourriture !
Unité de la Trinité,
A la prière de Joseph
Guidez au chemin de la paix
Les pas de tous et leur voyage !
(Traduction de
Mgr Francis Trochu)
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Mgr JOSEPH MARTIN (né en 1891)
Mgr Martin, archevêque de Rouen, a consacré sa Lettre pastorale de Carême de 1954 à saint Joseph. Trois parties la composent : Histoire de saint Joseph et de la dévotion envers ce saint - Leçons qui découlent de sa vie - Puissance de saint Joseph dans le ciel. Les lignes qui suivent sont extraites de la seconde partie.
Leçons d'obéissance et de respect de l'autorité
Saint Joseph obéit aux anges ; il obéit aux hommes, du moins à ceux qui sont accrédités pour parler de la part de Dieu et il nous donne ainsi un grand exemple de respect de l'Autorité.
Son obéissance est rapide. Il part en pleine nuit, aussitôt qu'il le faut. Il ne se fait pas répéter l'ordre deux fois. Puisque Dieu veut qu'il en soit ainsi, cela suffit.
Il met de la docilité à obéir, ce qui rend l'ordre plus aisé et plus agréable pour celui qui commande et l'exécution plus douce pour celui qui obéit. Il aurait pu faire valoir, au moment du recensement, les difficultés du voyage pour Marie et arguer de la situation de son épouse pour essayer de s'en dispenser, mais il nous donne au contraire l'exemple de la bonne volonté.
II n'attend pas d'avoir compris les raisons de ce qu'on lui commande pour obéir. S'il avait été raisonneur, que d'explications il aurait pu demander à l'Ange qui lui portait l'ordre du départ en Egypte à la veille du massacre des Innocents !
Mais l'ordre venu d'En-Haut lui suffit, car le fondement de l'obéissance est dans l'autorité de celui qui commande, et non pas dans l'approbation, par le subordonné, des raisons qui motivent les ordres.
Sa profonde conviction que l' « Autorité vient de Dieu » lui donne à lui-même l'assurance dont il avait besoin comme chef de la Sainte Famille. Il était bien inférieur à Jésus et à Marie, et pourtant c'est à lui que l'Ange s'adresse : c'est par lui que Dieu fait passer ses ordres. Sachant que son autorité ne vient pas de lui-même mais de Dieu, Joseph commande et leur confiance n'est jamais trompée.
Cette leçon du respect de l'Autorité, toujours bonne, n'est-elle pas spécialement actuelle de nos jours ? Ah ! si nous savions entendre la voix de Dieu dans la voix de ceux qui commandent, que de désordres évités et que de malheurs épargnés ! Nous demandons à saint Joseph pour nos contemporains et pour nous la grâce d'une vue claire de la notion d'Autorité et celle de la docilité.
Leçon de confiance et de foi
Nous trouvons aussi dans la vie de saint Joseph une leçon de confiance et de foi.
Qui donc n'a remarqué dans l'Evangile que l'Ange avait trouvé saint Joseph endormi toutes les fois qu'il était venu à lui ?
Tant de gens s'inquiètent dans la vie ! Le bon saint Joseph, lui, dormait tranquillement, du sommeil du juste, comme l'on dit ! Saint Paul devait recommander plus tard aux chrétiens de ne se préoccuper outre mesure de rien :
Nihil solliciti sitis (Phil., IV, 6). Sous l'inspiration du Saint-Esprit, Joseph avait, avant l'heure, compris et pratiqué ce conseil.
Son sommeil n'était pas celui du lâche ou de l'indifférent qui s'endort égoïstement dans l'insouciance de tout, mais il était celui de l'homme de Foi qui sait qu'à chaque jour suffisent sa grâce et sa peine, que rien n'arrive que Dieu n'ait voulu ou permis et que Dieu ne veut ou ne permet rien, en fin de compte, que pour notre plus grand bien.
Oh ! mes frères, dans notre monde bouleversé où les hommes s'inquiètent et s'agitent comme si tout dépendait d'eux, que la leçon de calme et d'abandon de saint Joseph est bonne, bienfaisante et, somme toute, reposante à méditer !
Si les hommes avaient plus de foi, il y aurait sur terre moins de trouble, plus de paix et de sérénité. Nous prierons pour que la Paix de Dieu gagne sur terre - et tout d'abord en nous - et, par nous, autour de nous - par l'augmentation de la foi.
Leçon de silence
Il sera bon de relever encore et de méditer la leçon de silence que nous donne saint Joseph.
Aucun mot n'est rapporté de lui dans l'Evangile ! Ce n'est pas à dire qu'il ne parlât point. Il aurait été un triste compagnon pour la Sainte Vierge s'il n'avait jamais rien dit ! Mais « juste » en toute chose, il n'était pas « bavard », il disait « juste » ce qu'il fallait dire, ni plus, ni moins, quand il le fallait et comme il le fallait. Bref, il parlait peu, mais il parlait bien.
Là encore, quel exemple pour notre siècle où l'on parle tant !
Un éminent prélat ne donnait-il pas, il y a quelque temps, à ses diocésains, la consigne de « savoir se taire » ?
Si l'on ne disait que ce que l'on sait, si l'on ne prophétisait pas à tort et à travers, si l'on ne jugeait que ce qu'on est capable de juger et quand on a autorité pour le faire, le règne de l'erreur et du mensonge, qui relève du prince des ténèbres, serait moins étendu sur terre !
Le silence de saint Joseph n'était pas seulement un silence de réserve et de prudence ; c'était aussi un silence de recueillement et d'union à Dieu. Ayant constamment sous les yeux l'exemple de la sainteté la plus éminente, des vertus les plus sublimes, saint Joseph, comme Marie, conservait dans son cœur le souvenir de toutes ces merveilles : «
Conservabat omnia verba haec in corde suo » (Luc, II, 51). En les admirant et en les méditant, il concevait un amour toujours plus grand pour Jésus et Marie. « C'est le silence qui commence les saints, a écrit un pieux auteur ; c'est lui qui les continue ; c'est lui qui les achève. »
Je souhaite à mes diocésains de mettre du silence dans leur vie, un silence qui ressemble à celui de saint Joseph, le silence de la prière, celui des lectures saintes, de la méditation, de la messe et de l'Eucharistie - ces bienfaisants silences pendant lesquels l'âme découvre Dieu, parce que Dieu, qui n'aime pas le bruit, révèle ses splendeurs aux âmes qui le cherchent, loin des affaires du monde, dans le recueillement de l'esprit.
Je vous livre cette pensée d'un auteur contemporain : « Bienheureux ceux dont le silence est la patrie, et la parole un voyage de charité qu'ils font au pays de ceux qui les entourent.»
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GABRIEL CHRISMENT (né en 1883)
Prêtre du diocèse de Saint-Dié, Gabriel Chrisment est un "prêtre-poète", comme le furent aussi Louis Le Cardonnel, Maxime Rousseau, Camille Melloy, ... Le poème qui suit est extrait du recueil intitulé En feuilletant le calendrier
, à la date du 19 mars.
La mort de saint Joseph
Ce soir-là, Joseph a dû s'appuyer
Sur son établi, pour ne pas tomber.
Il est las, si las, depuis des semaines,
Un rien le fatigue, il marche à grand-peine.
Il voit, il sent bien qu'il ne pourra plus
Travailler longtemps auprès de Jésus.
Quand il a voulu lever cette planche,
Il a comme eu peur de ses mains trop blanches,
Et son vieux rabot lui paraît si lourd !
Mon Dieu, qu'a-t-il donc ? Est-ce que le jour
Est déjà fini ? Son vieux cœur s'affole,
Il a froid, il tremble. Des copeaux s'envolent
Comme autour de lui de grands papillons.
Et la nuit l'a pris dans un grand frisson.
Et la nuit s'écoule et déjà s'achève.
Le vieux patriarche est là, dans son rêve.
L'ange d'autrefois, l'ange lui a dit
Qu'il lui faut encor partir cette nuit.
Ah ! partir encor ! Vers l'exil sans doute ?
Ses pieds sont si las, si longue est la route !
Il veut se lever, puisque l'ange attend,
Marie et Jésus sont là. Doucement
Ils ont joint ses mains. Et calme, il repose.
Au bout de la nuit l'aube est déjà rose.
Jésus a levé la main pour bénir...
Joseph, pour toujours, vient de s'endormir.
(
Gabriel Chrisment,
En effeuillant le calendrier, poèmes, 1° série, Aubanel, Avignon, 1953, pp. 24-25.)
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LITANIES DE SAINT JOSEPH
Seigneur, aie pitié de nous. Jésus-Christ, aie pitié de nous. Seigneur, aie pitié de nous. Jésus-Christ, écoute-nous. Jésus-Christ, exauce-nous.
Père du Ciel, qui es Dieu, Fils, Rédempteur du monde, qui es Dieu, Esprit Saint, qui es Dieu, Trinité Sainte, qui es un seul Dieu,
Sainte Marie, Saint Joseph, Honneur de la famille de David, Gloire des Patriarches, Epoux de la Mère de Dieu, Chaste gardien de la Vierge, Nourricier du Fils de Dieu, Vigilant défenseur du Christ, Chef de la Sainte Famille, Joseph très juste, Joseph très chaste, Joseph très prudent, Joseph très courageux, Joseph très obéissant, Joseph très fidèle, Merveille de patience, Ami de la pauvreté, Modèle des travailleurs, Honneur de la vie de foyer, Gardien des vierges, Soutien de familles, Consolation des malheureux, Espérance des malades, Patron des mourants, Terreur des démons, Protecteur de la Sainte Eglise,
Agneau de Dieu, qui efface les péchés du monde, Agneau de Dieu, qui efface les péchés du monde, Agneau de Dieu, qui efface les péchés du monde,
Il l'a établi maître de sa maison, |
Seigneur, aie pitié de nous. Jésus-Christ, aie pitié de nous. Seigneur, aie pitié de nous. Jésus-Christ, écoute-nous. Jésus-Christ, exauce-nous.
aie pitié de nous. aie pitié de nous. aie pitié de nous. aie pitié de nous.
prie pour nous prie pour nous prie pour nous prie pour nous prie pour nous prie pour nous prie pour nous prie pour nous prie pour nous prie pour nous prie pour nous prie pour nous prie pour nous prie pour nous prie pour nous prie pour nous prie pour nous prie pour nous prie pour nous prie pour nous prie pour nous prie pour nous prie pour nous prie pour nous prie pour nous prie pour nous
pardonne-nous, Seigneur exauce-nous, Seigneur prends pitié de nous
il lui a confié son domaine. |
Prions :
Seigneur, ta divine Providence a choisi Saint Joseph pour être l'époux de ta sainte Mère. Fais qu'en nous mettant ici-bas sous sa protection, nous méritions de l'avoir pour intercesseur dans le ciel. Toi qui vis et règnes avec le Père et le Saint-Esprit, Dieu pour les siècles des siècles.
Amen.
Comme deux époux savent le faire.
Vers Jésus, le Fils de Dieu, devenu enfant.
Au milieu des joies et des peines de la vie.
Protégez aujourd'hui notre famille.
Qui savait regarder les cœurs au-delà des visages.
A l'affection que nous nous portons.
Rendez-nous toujours plus fidèles à nos engagements.
Veillez sur nos enfants.
Vous faisiez confiance à Dieu.
Soutenez notre Espérance.
De notre Père du Ciel.
nous vous en supplions par le Cœur de Jésus-Christ.
ouvrez vos yeux de père sur les intérêts de vos enfants.
cause de notre inquiétude.
et au bien de ses dévoués serviteurs.
moi, je veux t'appeler "mon ami".
tu as ta place dans ma vie.
à ta main secourable.
lorsque l'ombre et la nuit rendent mes pas incertains.
Toi qui as cherché le Seigneur, toi qui l'as trouvé, dis-moi où il est.
Dis-moi où il est, quand l'épreuve et la souffrance sont le pain quotidien.
Dis-moi où il est, quand l'espérance relève mon courage et m'invite à avancer avec plus d'entrain.
Dis-moi où il est, quand on vient près de moi, chercher réconfort, amitié et joie.
apprends-moi à rencontrer le Seigneur dans le quotidien de ma vie.
aide-moi à reconnaître ses merveilles et à lui être soumis.
Garde bien ouverts mon cœur et ma main.
Amen.
Aurais-tu pensé, Joseph le Juste, de quelle mission te chargerait le Dieu de tes pères ?
Aurais-tu pensé, toi l'humble serviteur, que tu prendrais pour épouse la Femme bénie entre toutes les femmes dont toutes les générations parleraient ?
Aurais-tu pensé, toi le modèle des pères, tenir entre tes bras le Verbe fait chair ?
Petit à petit, tu as découvert ton chemin, difficile oui, mais baigné dans la Lumière divine.
Donne-nous un peu de ta douceur afin que ceux qui nous approchent soient pacifiés.
Donne-nous un peu de ta clarté afin que nos actions et nos paroles soient pleines de la Lumière divine.
Donne-nous un peu de ton courage pour poursuivre notre tâche sans compter sur nous-mêmes mais sur la divine Providence.
Tu brilles dans le Ciel plus intensément qu'on ne l'imagine.
Marie et toi vous êtes les deux étoiles de feu embrasant la terre appauvrie du Feu de l'Amour divin.
Tu écoutes toutes nos demandes, toutes nos détresses car tu as souffert, peiné sans aucune plainte ni révolte.
Tu as veillé sur Marie ton épouse bien-aimée.
Veille sur l'Epouse de Ton Fils, cette Eglise dont Il est la pierre angulaire et dont tu es, toi, une pierre de choix.
Apprends-nous à être doux et humbles de Cœur.
Amen.